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Message par Patlotch Sam 26 Jan - 11:14

lettre intime de l'étranger, 18

Chère lectorate,
Fosobo, le 26 janvier 2019

[...]

PS : tu te, donc me, demandes si « le jeu de mots ne nuit pas gravement à ton roman. » Qu'ils soient bons ou mauvais, jeux de mots laids, ils remplissent une fonction, la même qu'on trouve chez Pierre Dac ou Raymond Devos. Eux n'étaient pas des écrivains, mais Michel Leiris procédait comme ça, de sa période surréaliste avec son Glossaire, j'y serre mes gloses en 1939, jusqu'à Langage Tangage ou Ce que les mots me disent en 1985 : « un mot suivi de ce que suggèrent, par-delà son sens admis, les éléments sonores ou parfois visuels dont il se compose et qui le relient à d'autres mots. » Il est mort en 1990 pendant que j'écrivais LIVREDEL dont V LIVRE DE L'AUTRE introduit des extraits de Langage Tangage en alternance avec L'immortalité de Kundera publié cette année-là

dans ce roman comme d'autres textes, l'intrigue est portée et relancée par ce principe autant que par l'histoire proprement dite. Si tu préfères, c'est comme dans ma poésie accouplement de la forme-contenu et du contenu-forme

et je suis bien persuadé qu'il en va de même dans la vie


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lettre intime de l'étranger, 17

Chère lectorate,
Fosobo, le 25 janvier 2019

[...]

PS : tu m'écris : « Waouh, ta liseuse ne t'a pas raté, mais tu ne l'as pas volé, tout y est à sa place. » Sauf le tableau, ma chère, elle a oublié d'ajouter un portrait de liseuse. Preuve de son remords, elle ne peut plus se voir en peinture. Voilà pour ma « lecture symptomale. » Quant au rapport avec ma réalité et surtout mes œuvrages, un imbécile de plus ou moins montrant le doigt et pas la lune, ce n'est pas une première

du coup, je devrais peut-être inverser les rôles, entre elle et toi, mais quant à la pertinence critique, laissons du temps au temps


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lettre intime de l'étranger, 16

Chère lectorate,
Fosobo, le 25 janvier 2019

[...]

PS : tu m'écris : « ton roman, LE GRAND DÉBAT, est meilleur que tes précédents, et à vrai dire ton premier véritable. LIVREDEL en 1991 relevait plutôt de la poésie en prose et vers, tes feuilletons MABOUL ISIDORE en 2012 et 2016 de l'essai romancé, et MICROCOSME de 2015 encore du roman-feuilleton, mais assommant de citations, surchargé de liens internet, et non exempt d'afféterie. Tu t'es calmé. Tu as su garder le meilleur, avec la mise en abyme de l'écriture, et trouver une forme plus classique certes mais plus lisible, bien que pas à la portée de la première liseuse venue. »

sensible à ton compliment, je te remercie, si rares étant les appréciations de mes œuvrages que je ne sais jamais de quels défauts ils sont affectés, sauf à les découvrir moi-même. Je vais donc poursuivre, plus fort de tes encouragements

et quelle bonne liseuse tu fais, petite cachottière !


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lettre intime de l'étranger, 15

Chère lectorate,
Fosobo, le 24 janvier 2019

[...]

PS : tu me demandes : « Alors, tu te prends pour Flaubert et Aragon en même temps, maintenant ? » Je vois ton allusion à mes remarques sur la prose et le vers. Je vois aussi qu'en moins d'une journée, tu es passée de la jalousie à la perfidie. Dans ces conditions dois-je te répondre ? Et si oui, quoi ? Que je parlais de mon écriture et de qui m'as appris à écrire. Point

ou sans point. Puisque cette ponctuation-là, je ne la dois qu'à moi,

virgule littéraire


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lettre intime de l'étranger, 14

Chère lectorate,
Fosobo, le 24 janvier 2019

[...]

PS : tu me demandes « C'est quoi, cette histoire qu'elle me fait, ta liseuse ? » Ah vous, lesfemmes, quand vous vous y mettez, vous y perdez votre grand style. Pour le savoir, ne crois-tu pas que mieux serait lui demander ? Parce que si tu te mets comme elle à m'écrire tous les jours, je ne te répondrai plus ! Vous me faites hésiter entre groupies et harpies. Je ne suis pas votre concierge. Créez un groupe non-mixte et foutez-moi la paix, j'ai autre chose à foutre

tu vois, moi non plus, je ne sais plus écrire


Arrow

lettre intime de l'étranger, 13

Chère lectorate,
Fosobo, le 23 janvier 2019

[...]

PS : tu me demandes, ce qui veux dire que tu te demandes, qui est cette Florage qui m'écrit. En serais-tu jalouse ? Allons donc ! J'ai eu, dans ma longue vie d'écriture, d'innombrables lectrices. Celle-ci n'est qu'une parmi d'autres, un peu plus collante, le genre sangsue de l'amante éconduite. N'en fais pas tout un plat, elle attendra, ou bien je répondrai. Après tout, elle avait bien des qualités, elle savait lire, elle, et malheureusement vous n'êtes pas toutes des liseuses. J'écris : « la lune », et l'imbécile lit : « mon doigt ». Je ne peux empêcher qu'on me lise et pour certains, lire est un espionnage, ils sont flics dans la tête. Que veux-tu, on ne se refait pas, même quand on n'aime pas la police

allez, n'en parlons plus, ce ne sont que péripéties sans intérêt


Arrow

lettre intime de l'étranger, 12

Chère lectorate,
Fosobo, le 21 janvier 2019

[...]

PS : tu me demandes si je ne suis pas « secoué, quand même », par les photos et vidéos de blessés par la police. Qui ne le serait pas ? Des blessures singulièrement graves, que font ces armes conçues pour ne pas tuer. Il me semble que les longues décennies de paix en métropole ont si j'ose dire désappris aux Français ce qu'était la violence policière, militaire durant les véritables guerres civiles. L'accumulation de ces photos a quelque chose de choquant en comparaison des mutilés de toutes guerres de notre temps dans les pays en sang depuis parfois des années et plus, dont nous ne voyons chez nous que quelques spécimens invalides, SDF et migrants

dans la parole gauchiste cela me paraît même un manque de décence à leur égard : que peuvent en penser les civils éclopés kurdes, lybiens, irakiens, syriens, palestiniens, zapatistes, ou de divers pays africains, quand on écoute seulement ce que disent des blessures des gilets jaunes les jeunes des quartiers soumis aux même violences policières depuis la Guerre d'Algérie, sans parler des cris d'orfraie contre la moindre garde-à-vue, quand elles sont quotidiennes dans nos banlieues, le plus souvent par la provocation de la bac du coin ?

ce n'est pas moi qui souffre ni même pour ma famille ou mes amis, me diras-tu, mais enfin, il faut garder la mesure dans l'appréciation, sans quoi on grossit tout, on gonfle tout du relatif à l'absolu, chaque mot est démesure, et l'on n'y comprend plus rien. Je suis loin d'être le plus insensible, mais on ne fait pas de la théorie communiste avec de la morale, et là même la morale n'y trouve pas pour moi son compte de justesse

100.000 manifestants, 100 blessés : 1 sur 1000. 1 mort : 1 sur 100.000... une guerre civile ? Que diront-ils quand en viendra une vraie ? Que faire de ces propos gauchistes les plus bêtes du monde, contre des armes faites pour tuer, utilisées pour tuer ? S'il devait être un jour question de "lutte armée", d'accord, parlons-en, mais pas ici, si tu veux bien


Arrow

lettre intime de l'étranger, 11

Chère lectorate,
Fosobo, le 19 janvier 2019

[...]

PS : tu me dis que je me disperse, « Qui trop embrase mal étreint », et que je ne devrais pas en même temps m'occuper de gilets, de roman et de Miles Davis. Mais, chère lectorate, c'est que je me préoccupe aussi de toi, multiple et diverse en l'intérêt qu'elle porte à mes tribulations. Il se trouve que c'est ainsi que je me porte mieux, oubliant mes tracas personnels, dans ces vies parallèles qui firent celles d'un Boris Vian, entre écriture, jazz, et inventions

et je sais, tel l'auteur de mon roman avec ses moyens de renseignements, qu'on me visite aussi bien pour l'un que pour l'autre, selon ses goûts, ou pour gagner du temps dans la simple information de faits saillants qui ne manqueront pas, rétrospectivement, d'avoir éclairé le futur advenu


Arrow


lettre intime de l'étranger, 10

Chère lectorate,
Fosobo, le 17 janvier 2019

[...]

PS : tu me dis que tu te dis que « les violences policières, ça pourrait faire basculer l'opinion...» Certes, mais vers quoi ? Je peine à voir le poids relatif des choses dans tout ça, chacun y va de son choix d'infos, de la dénonciation de ce dont on ne parlerait pas du tout ou pas assez (perso, mais j'y passe beaucoup de temps, je trouve tout ce que je veux dans la presse), de tout ce qui prouve que ce pouvoir, ce gouvernement et ce Président, seraient acculés. Franchement, je n'en sais rien, trop soucieux de peser ensemble quantité et qualité. Des policiers de plus en plus protestent, anonymement, ou retraités... syndicalement, c'est pour les conditions de travail, de salaires...

j'appuie sur l'indispensable nécessité de penser, théoriser ce qui se passe, et je trouve que "dans notre camp" ça vole pas haut, par exemple, sur les violences, question pratiquement tabou dès que l'on sort des brutalités des autres, sur le rapport du mouvement à l'immigration et aux migrants, sans parler de l'essentiel, son rapport à l'économie politique

la faiblesse du pouvoir ne fait pas celle de l'État comme tel, et si cette majorité ne passe pas encore un cap supplémentaire de la répression, une autre le fera, toutes sortes de relais sont possibles, et pratiquement en douceur par la voix institutionnelle électorale. À un moment, le rôle de l'armée. Je vois que Macron la choie, Noël au Mali, vœux de nouvel an privilégiés à Toulouse : aurait-il peur à ce point de manquer un jour de son soutien, disais-je, contrairement à Napoléon 1er, son Neveu le petit, et de Gaulle... et particulièrement de celui de l'État-Major ?


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lettre intime de l'étranger, 9

Chère lectorate,
Fosobo, le 15 janvier 2019

[...]

PS : tu me dis que je joue « les Cassandre pour avoir raison » et que c'est « trop facile dans le retrait ». Tu n'avais plus qu'à ajouter « Théoriciste ! Attentiste ! » pour que mon portrait fût parfait. Imagine seulement le peu de personnes que je pourrais, au pire, influencer, le peu qu'elles feraient en agissant contre nos convictions, et qu'il n'y ait personne pour affirmer que ce mouvement est une merde par tous les bouts. Mais toi, tu peux y aller, tu sais bien que je n'en voudrais pas, ou sinon j'écrirais à une autre


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lettre intime de l'étranger, 8

Chère lectorate,
Fosobo, le 14 janvier 2019

[...]

PS : tu as l'air fâchée, tu m'écris : « Le peuple est sous la mitraille et toi tu écris un roman ! » Je ne sais trop quoi te répondre. Que veux-tu que j'y fasse ? Je suis à moitié estropié déjà, et je ne peux même pas marcher jusqu'au bout de ma rue. De toutes façons je n'y serais pas allé. Soutenir qui et quoi ? Je désapprouve ceux qui « veulent en découdre avec les forces de l'ordre » dans une spirale de vengeance qui ne mène qu'à leur nuire alors que leur folklore est dérisoire. C'est quoi cette "lutte armée" dans laquelle personne ne peut tuer personne, mais tout le monde accuser l'autre d'être le plus méchant ? Je déteste cette mise en scène de violences inutiles, sauf au pouvoir qui pas à pas avance vers ses fins, ou sa fin si la blonde poursuit son avancée discrète

Marx a écrit:Pourquoi les anti-autoritaires ne se bornent-ils pas à crier contre l'autorité politique, l'État ? Tous les socialistes sont d'accord sur le fait que l'État politique et, avec lui, l'autorité politique disparaîtront à la suite de la révolution sociale future, autrement dit que les fonctions publiques perdront leur caractère politique et se transformeront en simples administrations veillant aux véritables intérêts sociaux. Mais les anti-autoritaires demandent que l'État politique autoritaire soit aboli d'un seul coup, avant même que ne soient supprimées les conditions sociales qui l'ont fait naître. Ils réclament que le premier acte de la révolution sociale soit l'abolition de l'autorité.

Ont-ils jamais vu une révolution, ces messieurs ?

Une révolution est certainement la chose la plus autoritaire qui soit, c'est l'acte par lequel une fraction de la population impose sa volonté à l'autre au moyen de fusils, de baïonnettes et de canons, moyens autoritaires s'il en est; et le parti victorieux, s'il ne veut pas avoir combattu en vain, doit continuer à dominer avec la terreur que ses armes inspirent aux réactionnaires. La Commune de Paris eût-elle pu se maintenir un seul jour si elle n'avait pas usé de l'autorité d'un peuple en armes contre la bourgeoisie ? Ne faut-il pas, au contraire, la critiquer de ce qu'elle ait fait trop peu usage de son autorité ?

Donc, de deux choses l'une : ou bien les anti-autoritaires ne savent pas ce qu'ils disent et, dans ce cas, ils ne font que semer la confusion, ou bien ils le savent et, dans ce cas, ils trahissent la cause du prolétariat. De toute façon, ils servent la réaction.

Le parti de classe. Questions d'organisation. De l'autorité.
Jean-Louis Roche a écrit:Les promenades finissent par être aussi lassantes que faire le pied de grue sur les ronds-points ; j'ai assisté à la dissolution de la manifestation sur les Champs ce samedi, vers à peine seize heures les gens repartaient en ne voyant pas l'intérêt de rester se bastonner avec la police. Même les confrontations sanglantes sont lassantes en fin de compte et stériles, mais révoltantes pour les blessés et les amputés qui vont se retrouver tôt ou tard seuls avec leurs infirmités.
Le Prolétariat universel, Et vous croyez qu'on va perdre son temps à discuter...
alors oui, j'écris un roman à effet cathartique et je le fais pour moi d'abord, tu n'es pas obligée de le lire, ni de considérer qu'il serve à autre chose qu'à continuer d'une autre manière ce que j'ai commencé avec mon journal des gilets, où tout est dit pour moi aussi bien que pour qui m'ayant lu saura quoi en tirer à l'avenir


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lettre intime de l'étranger, 7

Chère lectorate,
Fosobo, le 13 janvier 2019

[...]

PS : tu me demandes si j'ai bien mis un point final à mon journal sans débord sur les gilets français, et pourquoi, mais tu sais bien que chez moi, les phrases vont sans point à la ligne

à quoi bon écrire ce qui est, ce qui vient, si ça n'y change rien ? Et pour qui ? Certains disent "on verra". C'est tout vu, et qu'ils ne voient que ce qu'ils veulent voir depuis l'espoir de leur foi charbonnière. Tiens, à propos, il paraît que les mésanges s'en prennent aux gobe-mouches. Le désir de gober, voilà en quel état j'erre entre les choses et leurs mots

je doute d'avoir occupé mon temps au meilleur de moi-même, et crains d'avoir travaillé en vain et vainement. Au dernier des Commentaires sur "La société du spectacle", Debord écrit « Le même Sardou dit aussi :

« Vainement est relatif au sujet; en vain est relatif à l’objet; inutilement, c’est sans utilité pour personne. On a travaillé vainement lorsqu’on l’a fait sans succès, de sorte que l’on a perdu son temps et sa peine : on a travaillé en vain lorsqu’on l’a fait sans atteindre le but qu’on se proposait, à cause de la défectuosité de l’ouvrage. Si je ne puis venir à bout de faire ma besogne, je travaille vainement; je perds inutilement mon temps et ma peine. Si ma besogne faite n’a pas l’effet que j’en attendais, si je n’ai pas atteint mon but, j’ai travaillé en vain; c’est-à-dire que j’ai fait une chose inutile…

On dit aussi que quelqu’un a travaillé vainement, lorsqu’il n’est pas récompensé de son travail, ou que ce travail n’est pas agréé; car dans ce cas le travailleur a perdu son temps et sa peine, sans préjuger aucunement la valeur de son travail, qui peut d’ailleurs être fort bon ».

Arrow


lettre intime de l'étranger, 6

Chère lectorate,
Fosobo, le 9 janvier 2019

[...]

PS : tu me demandes comment je peux avoir l'air si détaché dans la tourmente, tout en annonçant le plus grave qui vient. Je suis au fond plutôt inquiet mais ne me sens nullement impliqué dans ce qui se passe, "soutenir" ou "condamner" les gilets jaunes n'aurait aucun sens pour moi, nullement porté à participer à leurs luttes malgré ma compassion pour les pauvres gens qui espèrent en tirer un mieux dans leur vie, et mon mépris pour ceux qui les y embarquent. Ce serait comme vouloir vider l'océan de son eau quand elle monte, alors, tu imagines, la mer à boire de tout ce sang, à la paille... j'en sens l'odeur mais n'en ai pas le goût. Ne pouvant y être pour quelque chose, j'ai décidé de n'y être pour rien. Toute ma responsabilité est engagée à comprendre et faire part de ce que je pense avoir compris

tu sais bien que toute ma vie, je n'ai jamais eu l'impression d'être vraiment dans les choses, et c'est sans doute pourquoi beaucoup me disent ailleurs


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lettre intime de l'étranger, 5

Chère lectorate,
Fosobo, le 6 janvier 2018

[...]

PS : tu me demandes pourquoi je suis si peu indulgent, ou bienveillant, avec le mouvement en cours dans ton pays, et que tu trouves "formidable". Hé bien oui, il l'est au sens de l'étymologie : « qui inspire la crainte ». Si vos "gilets jaunes" peuvent raisonnablement inspirer celle, très mesurée, des puissants, ils inspirent aussi la mienne qu'ils ne les atteignent pas dans leur puissance, mais finissent par la renforcer, comme disait jadis un coureur en jaune, "à l'insu de leur plein gré"



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lettre intime de l'étranger, 4

Chère lectorate,
Fosobo, le 31 décembre 2018

[...]

PS : ce sera ma dernière lettre avant l'année prochaine chez vous, Baby, it's cold outside*, ne rentre pas chaud ne prends pas tard, on se reverra ou pas aux printemps, semant devant, semelles de vent


* il s'agit bien de Ray Charles, mais pas de Nina Simone but Betty Carter


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lettre intime de l'étranger, 3

Chère lectorate,
Fosobo, le 30 décembre 2018

[...]

PS : tu me demandes si je rentre en France pour le réveillon. Je préférerais ne pas. Nous avons ici tout ce qu'il faut pour une nuit debout, sans luxe, mais calme et volupté, et ton invitation au voyage de retour ne provoque chez moi nulle irrésistible envie d’aller là-bas vivre ensemble, sous vos ces ciels brouillés, où le monde s’endort, mêlant ses humeurs aux odeurs de l’ombre

aimons-nous à loisir, plus loin, plus tard


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lettre intime de l'étranger, 2

Chère lectorate,
Fosobo, le 28 décembre 2018

[...]

PS : à ta question, savoir si depuis ma dernière lettre, je suis allé manifesté avec les gilets jaunes, non, et je le sais maintenant, je n'irais pas, je n'irais jamais. Je n'ai rien à y faire, ni rien à leur dire, ni pour parce que je suis pas d'accord, ni contre parce que ce serait vain et dangereux. Pas question d'enfiler un gilet, de "faire communauté" comme avec un ballon, une moto, ou un bonnet, car vois-tu ce genre d'uniforme, de "signifiant flottant" comme un drapeau, mais français, c'est la condition à laquelle tu es accepté comme étant des leurs, de "chez nous", quelles que soient tes idées politiques, ta couleur de peau, disent-ils, et c'est vrai, ils ne sont pas apolitiques, mais de toutes politiques, et moi, tu le sais, je suis antipolitique, et même un peu beaucoup antifrançais

quand bien même seraient-ils en majorité prolétaires, tu sais, je n'irais pas


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lettre intime de l'étranger, 1

Chère lectorate,
Fosobo, le 23 décembre 2018

[...]

PS : quant aux Français, leur "mouvement des gilets jaunes", j'eus aussi bien pu le suivre de l'étranger. J'ai pourtant mis le nez dehors chaque jour pour faire mes courses à Fontenay (sous-Bois), suis allé chaque semaine chez le dentiste à Montreuil (sous-Bois), deux ou trois fois j'ai traversé le Bois de Vincennes pour Nation ou Bastille à Paris, et cela fait quelques ronds-points

hé bien, en cinq semaines je n'ai pas vu UN seul gilet jaune, ou seulement des ouvriers et des éboueurs le porter comme d'habitude. Il y a d'ailleurs des années que je ne vais plus à Paris le samedi, on n'y peut ni rouler, ni garer, et l'encombrement des chalands m'y insupporte, alors tu penses bien que j'avais d'autant moins de raisons raisonnables de m'y rendre ces samedi-là

et puisque tu me le demandes, non, je ne suis allé à aucune manifestation, ni en protestataire ni 'en théoricien' curieux de prendre le pouls de ce surgissement populaire sans précédent depuis que je suis né. Ça ne m'a pas empêché de m'en sentir partie prenante au quotidien, et je ne vois pas qui, en France, aurait pu s'en désintéresser

tu me demandes encore si cela va changer ma vie. C'est l'évidence même qu'elle en est déjà transformée, chaque jour, dans les contacts avec pratiquement chaque personne que je croise, voisins, caissières, personnel médical, pompiste... c'est un peu comme si tout le monde avait un gilet jaune dans la tête



Dernière édition par Patlotch le Jeu 14 Mar - 19:50, édité 10 fois

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LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Empty Re: LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1

Message par Patlotch Ven 8 Fév - 12:59


lettre intime de l'étranger, 29

Chère lectorate,
Fosobo, le 8 février 2018

[...]

PS : tu me demandes  « Pourquoi moi, ta lectorate, ne suis-je pas dans le roman ? Moi, les plus fidèles de tes lecteurs et lectrices ? C'est incompréhensible et blessant...» Je comprends ta réaction, à première vue légitime. Cependant, j'attire ton attention, habituellement plus acérée, sur un fait que tu rappelles toi-même : tu es la représentante d'un collectif anonyme et tenant à le rester. Je me suis toujours interdit de dévoiler vos identités, serait-ce en les masquant de quelques pseudonymes, bien vite transparents pour ceux qui nous surveillent

il m'a semblé de plus que mes héros et héroïnes donneraient un aperçu plutôt juste de vos propres lectures et de vos très variés points de vue

tu as toutefois bien fait de me poser la question, je vais y réfléchir


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Pieter_Brueghel_the_Elder_-_proverbe-flammands-1525x1080

Les Proverbes flamands
Pieter Brueghel l’Ancien, 1559
Huile sur panneau de bois
163 x 117 cm


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lettre intime de l'étranger, 28

Chère lectorate,
Fosobo, le 5 février 2018

[...]

PS : tu me demandes si je suis « bien fier d'avoir introduit Florage dans le roman, après l'avoir consciencieusement ignorée et traitée comme une traînée demi-mondaine, et jadis bénéficié de ses faveurs des années durant... » Ce serait bonnes questions adressées au péquin quelconque que je suis dans la vie, mais le romancier en moi n'a pas à être fier ou pas

que ce soit "la vie" ou pas, c'en est une, personne ne peut faire qu'elle ne soit pas, qu'elle ne transforme pas la vôtre, à toi mes lectorants et lectorantes, celles des personnages du roman dont l'auteur, et in fine la mienne, bouleversée par-dessus tout : qui peut vivre comme si la Bovary n'existait pas ?

je pense au demeurant qu'un garçon sensible comme AliBlabla, qui avait un faible pour elle au temps où ils n'étaient que des marionnettes, serait heureux de la retrouver près de lui, et qui sait si cela ne pourrait jeter quelque trouble dans sa romance avec Niki Kleur. J'ignore tout autant que vous tous ce qui se passera demain, et ce n'est pas écrit


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Carte-de-visite-de-cartomancienne-voyance-spirite-medium-luxury-les-10-meilleures-images-du-tableau-cartomantes-sur-pinterest-of-carte-de-visite-de-cartomancienne-voyance-spirite-medium
Un couple d'amoureux
consulte une cartomancienne

gravure, auteur inconnu, fin 19e siècle


Arrow

lettre intime de l'étranger, 27

Chère lectorate,
Fosobo, le 2 février 2018

[...]

PS : « bizarres, tes tweets du roman, le texte est différent... » Oui, extraits où je condense, limite oblige des 280 caractères, dont les liens. Faut allonger, faire plus court. Parfois c'est mieux que l'original, mais généralement, je n'y reviens pas, plus tard peut-être

« et quelle idée que tweeter un roman ! » Je suis conséquent, "pas d'intermédiaire", ne veut pas dire "pas publier". Twitter, pour le roman, c'est quinze à vingt lecteurs réguliers parmi mes abonnés. Je ne les harcèle pas, ils peuvent me quitter. C'est deux choses différentes que "ne pas être connu" et "ne pas le vouloir". Quand j'écris, j'oublie les lecteurs. « Être connu n’est pas ma principale affaire, cela ne satisfait entièrement que les très médiocres vanités. D’ailleurs, sur ce chapitre même, sait-on jamais à quoi s’en tenir ? La célébrité la plus complète ne vous assouvit point et l’on meurt presque toujours dans l’incertitude de son propre nom, à moins d’être un sot. » Flaubert à Maxime Du Camp, Croisset, 1852

Steinbeck en 1962 à un ami : « Oublie le lectorat. En premier lieu parce que ce public anonyme et sans visage est terrifiant, et en second lieu parce que dans l’écriture, contrairement au théâtre, il n’existe pas. Dans l’écriture, ton public est d’un seul lecteur. J’ai découvert qu’il était parfois salvateur de choisir une personne, — une personne réelle que tu connais, ou une personne imaginaire, et d’écrire pour elle. Cela n’a l’air de rien, mais écrivez pour quelqu’un : votre style en sera irrémédiablement changé. »

Florage sait lire, mais elle a un visage et m'écrit pour mon cul. Toi, ma lectorate "sans visage", tu est "terrifiante". Mon premier lecteur, c'est moi, que je connais sous tous ses masques, autant de lectures avisées. Et le reste est littérature


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 480px-Louis-Michel_van_Loo_001

Louis-Michel Van Loo, 1767
huile sur toile, 81 x 65 cm

Diderot : « Très vivant; c’est sa douceur, avec sa vivacité, mais trop jeune, tête trop petite, joli comme une femme lorgnant, souriant, mignard, faisant le petit bec, la bouche en cœur... et puis un luxe de vêtement à ruiner le pauvre littérateur, si le receveur de la capitation vient à l’imposer sur sa robe de chambre. L’écritoire, les livres, les accessoires aussi bien qu’il est possible, quand on a voulu la couleur brillante et qu’on veut être harmonieux. Pétillant de près, vigoureux de loin, surtout les chairs. Du reste, de belles mains bien modelées, excepté la gauche qui n’est pas dessinée. On le voit de face; il a la tête nue; son toupet gris, avec sa mignardise, lui donne l’air d’une vieille coquette qui fait encore l’aimable ; la position d’un secrétaire d’État et non d’un philosophe. » Diderot, par Louis-Michel Van Loo

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lettre intime de l'étranger, 26

Chère lectorate,
Fosobo, le 1er février 2018

[...]

PS : « Ton roman, quelle imagination débordante, et quelle constante inspiration ! » Tu te la joues Florage maintenant ? Encore jalouse pour dire de ces bêtises ? Flaubert aurait pu la mettre dans son Dictionnaire, celle-là : « Imagination : toujours débordante », mais il y a pensé : « Imagination. Toujours vive. — S’en défier. — Et la dénigrer chez les autres. »

tu parles d'une "imagination", je ne fais que refourguer des souvenirs, des histoires arrivées à moi ou d'autres, des chiens écrasé comme Aragon dans le cycle du Monde réel, et souviens-toi que Brel disait : « Je n'ai pas assez d'imagination pour être quelqu'un d'autre que moi. »


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 1310953-Jean_Honor%c3%a9_Fragonard_lInspiration
Der Dicher, en français "Le poète"
dit L'inspiration
Jean Honoré Fragonard, 1769
huile sur toile 80 × 64 cm


lettre intime de l'étranger, 25

Chère lectorate,
Fosobo, le 31 janvier 2018

15:19
[...]

PS : tu me demandes : « Mettant en avant "l'ambivalence" de tes écrits, ne t'étonne pas qu'on hésite entre l'art ou cochon. » Cela vaut pour le poétique, dont c'est constitutif, la poésie, le roman, tous les arts sont ambivalents, preuve que personne n'y voit ou entend la même chose, et peut le juger entre nul et génial

mes écrits de théorie ne souffrent d'aucune autre ambiguïté, si c'en est une, que l'absence de réponses aux questions difficiles que je pose, et qui déstabilisent qui ne s'en pose pas, sur une "révolution communiste" dont quoi qu'il en dit il fait comme si elle était certaine. Autrement dit, il se refuse d' « explorer les voies » pour sortir du capital, comme disait le regretté Christian Charrier

mon réalisme matérialiste absolu, à l'opposé de leur idéalisme conceptuel, est la raison véritable de ma mauvaise réception dans le milieu de la théorie radicale, et le reste est littérature

07:20
[...]

PS : « Tu ne m'avais pas dit que Florage existait dans la vraie vie, qu'elle n'était autre que ta muse et toi son Pygmalion des trois années du Livre de l'absence. » C'est vrai, mais c'est ma vie privée, chère lectorate, mon intimité, pas mon extimité, et si cette hystérique n'étalait pas elle-même ce qu'elle me reproche de dévoiler sur internet, tu ne l'aurais pas su. En transformant Florage en statue douée de sentiments et de paroles, j'en ai fait l'inverse de Galatée, une femme réelle qui devient statue, auquel son rôle aujourd'hui la réduit : elle existe sans exister. Ce n'est pas elle qui écrit, mais moi qui imagine ce qu'elle m'écrirait. Autant dire que j'ignore si la vraie me lit, c'est fort possible, mais je ne coucherai pas avec un morceau de pierre ! C'est pourquoi je n'ai aucune raison de lui répondre

la poésie n'est pas le réel, mais sa transformation sublimée au-delà de la vie du poète, et c'est pourquoi chacun.e peut s'y reconnaître, en y projetant son propre vécu, ses affects. L'œuvre devient "sujet" (Meschonnic) par cette performativité qui fait la "poétique de la relation" (Édouard Glissant)

qui lit les poèmes en y cherchant la vie du poète n'est qu'un fouille-merde qui n'entend pas les voix, l'"ambivalence" (Aragon) des "je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles", qui permet justement ce "transfert", au sens quasi psychanalytique du cure, quand on lit pour soi un poème

c'est pourquoi, pour le poète comme pour qui le lit, le poème peut servir une auto-analyse, sans psy ni cure. Michel Leiris l'avait noté en 1939 dans L'âge d'homme, suivi en 1945 de La littérature considérée comme une tauromachie, la psychanalyse n'étant guère plus pour lui qu'un « cachet d'aspirine »


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 900_Pygmalion%20and%20Galatea
Pygmalion et Galatée
Jean-Léon Gérôme, 1890
huile sur toile 88,9 × 68,6 cm

lettre intime de l'étranger, 24

Chère lectorate,
Fosobo, le 30 janvier 2018

PS 2 14:56 : tu dis que les lettres de la liseuse sont plus lues que les miennes ici. Je n'y vois qu'une preuve supplémentaire de l'attrait de certain.e.s d'entre toi, ma lectorate, pour le cul, puisque pour eux, tout tableau ou représentation d'un nu en relève. Je reconnais cependant son talent de girouette, ces jours les vents sont forts...

maintenant, si tu insistes, je peux aussi t'envoyer des images


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Carl_Schleicher_Der_B%C3%BCcherwurm
titre et auteur inconnus
source en ceci peu respectueuse

[...]

PS 1 05:11 : tu me fais part de tes craintes que L'APPEL À LA GREFFE GÉNÉRALE INIMITÉE « n'infecte notre correspondance. » Tu sais bien que rien ni personne ne les saurait censurer, pas même nous. Participons plutôt à notre manière inactuelle et festive à cet événement intempestif aussi inattendu qu'inespéré

hic sale temps, c'est ici qu'il faut chanter


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lettre intime de l'étranger, 23

Chère lectorate,
Fosobo, le 29 janvier 2018

[...]

PS 2 : bon, désolé, je n'avais pas compris qu'il s'agissait encore de me pousser à voir un éditeur, avec son réseau de libraires, qui me feraient toucher les quinze-vingts que tu dis. Alors ce sera tant pis pour eux, car je n'ai même pas envie de les faire payer pour me lire. Ou alors qu'ils les piquent, mes écrits ! J'ai bien, moi, attendant chez l'éditeur d'Aragon qu'il me reçoive pour envisager la publications de mes Collages, j'ai bien mis dans mon sac le dernier tome des Écrits poétiques du poète, sur un présentoir, en souscription la peau des fesses... Je n'étais pas venu pour rien, et lui n'avait pas d'argent pour m'éditer !

[...]

PS 1 : tu m'écris « ton roman, il n'y a pas quinze-vingts lecteurs parmi ta lectorate capable de le comprendre et apprécier. » Si j'ai bien lu, t'es une conne ? J'escomptais pourtant sept à douze lecteurs et lectrices sachant lire jusqu'au bout de la nuit, debout ou pas, regarde la liseuse... Tu me diras elle c'est pas pareil, elle est nympho, mytho et parano, comme si me lire était me baiser en puissance, et comme si j'avais couché avec toutes mes lectrices. Mais à quoi bon, tu sais aussi bien que moi ce qu'il en est


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lettre intime de l'étranger, 22
Chère lectorate,
Fosobo, le 28 janvier 2018

[...]

PS : tu me demandes si j'avais tout ma tête en écrivant : « Qu'en savent-ils, du talent, et même du génie, ceux qui n'ont jamais mis la main à la pâte ? » Bon, d'accord, tu m'avais énervé, mais je te vois venir : si l'art n''était appréciable que par qui le fait, les musées seraient vides, les concerts désertés, les disques et romans invendus comme les livres d'art, et la poésie bonne au pilon, enfin, c'est aujourd'hui sa destinée, semble-t-il apprécier en musicien ou en mélomane, en peintre ou en esthète, en écrivain ou en lecteur, ce n'est bien sûr pas la même chose, et les premier ne sont pas toujours capables de ses défaire d'une oreille ou d'un œil de métier. À l'inverse les artistes ne créent pas pour les artistes, même s'ils apprécient les critiques, bonnes ou mauvaises, de leurs pairs. Cela les deux postures ne s'opposent pas, l'une enrichit l'autre. Je crois inutile de m'étendre sur le sujet, avec toi, du moins


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lettre intime de l'étranger, 21

Chère lectorate,
Fosobo, le 28 janvier 2018

[...]

PS : te voilà aussi diserte que Florage. Tu vois « une contradiction entre ma critique de l'immédiatisme en matière de révolution et le fait de faire comme si était déjà réalisée la prophétie de Marx : « Dans une société communiste, il n'y aura plus de peintres, mais tout au plus des gens qui, entre autres choses, feront de la peinture. »

je crois que tu confonds deux choses, d'une part l'anticipation théorique qui concerne l'ensemble de la société, tous les individus, et d'autre part la position que chacun peut adopter individuellement aujourd'hui, qui relève d'une éthique personnelle, et non d'une injonction militante valant pour les autres. Ils font bien ce qu'ils veulent, mon jugement n'est pas moral mais froid : ce qu'ils font, c'est ça, de l'art d'artiste séparé tel qu'il est seulement possible dans le capitalisme, c'est-à-dire, au-delà de son caractère d'œuvre artistique, être produit comme marchandise pour être vendu, donc acheté

dans ma pratique artistique, je distingue et sépare ces deux caractères de l'œuvre, art sans valeur qu'artistique d'un côté, objet marchand de l'autre. En refusant de vendre, et même d'exposer ou publier par quelque médiation sociale que ce soit, je ne tiens qu'une éthique pratique de l'art et de l'artiste, pas un discours tel qu'on le trouve chez Bansky selon qui « Tout ce qu'il vous faut c'est quelques idées et une connexion haut débit. Pour la première fois le monde bourgeois de l'art appartient au peuple », mais néanmoins détruisant La petite fille au ballon rouge adjugée pour 1,8 million de dollars chez Sotheby's en octobre dernier, en faisant exploser le prix bien au-dessus des 1 230 000 € de Keep it Spotless, vendu en 2008 par cette même entreprise d'art internationale cotée en bourse. L'histoire de l'art dit que Banksy est millionnaire...


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lettre intime de l'étranger, 20

Chère lectorate,
Fosobo, le 27 janvier 2018

[...]

PS : tu m'écris « N'empêche, quand Florage te balance : "Mais si vous aviez vraiment le courage et l'honnêteté de vous confronter à des lecteurs compétents, vous ne vous cacheriez pas derrière le refus d'un éditeur pour des raisons de principe contre le « livre-marchandise » ou la « posture de l'artiste en marchand de lui-même. » Vous en auriez alors le cœur net, et pourriez vous situez relativement aux écrivains qui ont l'humilité d'en passer par là pour trouver un public. Car n'est-ce pas là ce qui vous terrorise ?", elle appuie là où ça fait mal, non ? Ton refoulé sous tes arguties... » Si vous vous y mettez à deux, et toi en copiés-collés d'elle, je ne vois plus l'intérêt de deux sujets différents. Je te l'ai déjà dit, formez un groupe non-mixte, et palabrez autant qu'il vous plaira sur mon cas, mais laissez-moi travailler

tu veux que je te réponde ? J'ai essayé, mes compositions sont à la SACEM, mais libres de droits. J'ai exposé ma peinture et mes collages, repérés par tout sauf des critiques du Landerneau. Vendus bradés, parce qu'on insistait, un portrait de Soupault à son gendre, un d'Aragon, quelques toiles de femmes dévoilées sous le regard de Lénine, offert bien plus. J'ai rencontré des galeristes et c'est moi qui ai refusé leurs conditions. Je connais par une amie peintre tous les dessous des relations dans le milieu pourri de la peinture, qu'elle souffre parce que de Paris à New-York en passant par Londres ou Beyrouth, ce sont des requins. Il n'y a guère que des collectionneurs privés qui soient corrects, ceux qui se foutent de l'air du temps? De plus tout, sauf perdu, est en ligne gratuit, que demande le peuple ?

et puis, en quoi te gêne-t-elle, ma position de principe « Pas d'éditeur, pas de vente, pas de sur-exposition publique de mes œuvrages et moins encore de ma personne que je ne maîtrise de A à Z », et pas d'éditions par les amis des amis, les camarades, etc. J'aurais pu il y a 30 ans, j'ai dit « Non ! » et ça vaut pour le genre en son entier, où l'on refourgue pour "artistes" les pires médiocrités. Des noms ? Non !

tu n'imagines pas l'intérêt que j'y trouve, à cent lieues de celui que vous prétendez, poser à l'artiste maudit, génial mais inconnu, mais pouvoir travailler tranquille, sans les "suggestions" de critiques et autres "comités de lecture", correcteurs obtus incapables de juger de l'opportunité d'inventions linguistiques ou littéraires, syntaxiques, et quoi qu'il en soit inutiles en la matière, puisque je peux aussi bien me corriger moi-même, sur mes critères

autre chose, je sais parfaitement que dans ma production débridée, il y a à boire et à manger, du bon et du mauvais, mais qui pour en juger ? Ce qui plaira à l'un, l'autre le trouvera "facile" ou "trop difficile", selon ses propres goûts ou le potentiel commercial, et ça y compris chez les éditeurs libertaires, anarchistes et autres maisons près de chez eux. Leur gauchisme esthétique me sort pas les trous de nez, jaune ! Il est impossible, à moi comme à quiconque, de discerner le bon grain de l'ivresse dans ce que je fais, hors des registres différents convenant précisément à mon expression instantanée de diverses formes

et quoi qu'il en soit, tu peux prendre n'importe quelle œuvre intégrale des plus "grands", c'est en proportion variable autant de merdes que de chefs-d'œuvres. Des exemples, des noms ? Non ! Seuls y échappent ceux qui ont peu produit, et sont morts jeunes : Lautréamont, Rimbaud... pour la poésie, Charlie Christian, Parker ou Coltrane... pour le jazz, des comètes déchirant un ciel de clones. Les peintres sont plus indépendants, tout dépend d'où ils tirent leurs revenus, parce que la toile est œuvre unique, d'avant Adorno ou Benjamin critiquant la multiplication des pains, et pire avec la reproduction numérisée

qu'on juge que je « gâche un talent qui pourrait s'affiner » ou autres regrets éternels que je ne sois pas l'autre de leurs désirs, à posséder pour m'avoir « découvert », qu'en savent-ils, du talent, et même du génie, ceux qui n'ont jamais mis la main à la pâte ?

je ne me relis pas, tu m'énerves


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lettre intime de l'étranger, 19

Chère lectorate,
Fosobo, le 27 janvier 2018

[...]PS : tu m'écris « Te voilà entré dans une période de folle créativité. » Te connaissant, je ne sais trop comment l'entendre... Mais c'est vrai, ça vient tous azimuts, je ne sais d'où, ni vraiment pourquoi. De fou, il n'y a guère que mon travail, mais si encore il suffisait, car je ne sais ni quand ça arrive ni comment ça me fuit. Et avec, l'envie. Dans ce cas, dix chantiers ouverts à reprendre, et pas de force pour le faire. Alors je tourne en rond comme un rat dans sa cage, en me demandant quelle roue perpétuelle m'a rendu prisonnier de moi-même

à propos de folle, tu as lu la lettre de Florage cette nuit ? Jalouse d'un personnage de roman, comme si moi je voulais m'envoyer la Bovary ! Huit lettres en quatre jours, heureusement qu'elle précise à la première : « Maintenant les choses ont changé, le vent a tourné la girouette que, malgré moi, je suis restée encore. » C'est le minimum qu'on puisse constater à la lecture de ses deux dernières. Je te fiche mon billet qu'à la prochaine, elle me reprochera de ne pas m'être inquiété de son « état suicidaire »

mais là, pour le coup elle m'empêcherait de travailler


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Patlotch
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LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Empty Re: LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1

Message par Patlotch Lun 18 Fév - 20:17


lettre intime de l'étranger, 33
Chère lectorate,
Fosobo, le 18 février 2019

[...]

PS : tu te demandes si « arrêter la théorie communiste comme tu l'écris dans tes simples pensées... ne risque-t-il pas de me diminuer de moitié, moi ta lectorate, autrement dit de te faire perdre un.e sur deux tous tes lecteurs et lectrices ? »

alors tant mieux et si c'est un risque je le prends, car qui vient chez moi pour n'y lire que "la théorie" ou "la position de Patlotch sur...", voire ce que je pense d'elle ou de lui, ne le trouvera pas pour la raison cent fois dite que ça ne peut se comprendre seulement par l'expression théorique. Si tu préfères ce serait comme d'essayer de saisir la vie uniquement par la philosophie, et dans ce cas, autant brûler Marx

alors bons vents et bon désert de la théorie aux déserteurs de dessert triste


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 G2018077

La dispute des philosophes
Filippo Vitale (attribué à)
vers 1640
Huile sur toile
123.5 x 171 cm


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lettre intime de l'étranger, 32
Chère lectorate,
Fosobo, le 15 février 2019

[...]

PS : je vois que tu poursuis gaillardement ton travail de lanceuse alerte : « "documentation et recherches, de repérages, de repentirs, de biffures, de ratures, d'effaçure, de lectures et relectures, de corrections, de notes, d'encodage des guillemets et italiques, d'édition électronique, de copiés-collés sur la touit'aire et rebelote...", comment peux-tu prétendre encore à un "roman imprévisé en temps réel à la manière de l'improvisation de jazz", qui, dans mon esprit, ne souffre pas de revenir sur ce qui est joué... »

bien lu bien vu, je l'admets, mais... Tu sais qu'avec moi, il y a toujours deux mais plutôt qu'un. Mon premier pour dire que c'est d'Alfonce non de moi. Mon second qu'en jazz de concert, c'est vrai, mais qu'en studio d'enregistrement, il est fréquent que plusieurs prises soient faites, pas seulement de plusieurs versions entre lesquelles sera choisie la "version originale" connue par le premier disque, mais aussi des départs ratés, prises alternatives... Le meilleur exemple en est fourni par les sessions Savoy de ce maître : Orig.-Take 2, Short Version, Short-Take 1,.... On peut y vérifier que Parker ne jouait jamais deux fois la même chose, d'où l'intérêt des éditions où figurent ces différentes prises



Another Hairdo
(short-take 1,short-take 2,orig.-take 3)
Miles Davis (tp)
Charlie Parker (as)
Duke Jordan (p)
Tommy Potter (b)
Max Roach (ds)
United Sound Studios, Detroit, MI, December 21, 1947


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lettre intime de l'étranger, 31
Chère lectorate,
Fosobo, le 14 février 2019

[...]

PS : décidément, tu as la dent dure : « Pourquoi sont-ce toujours les femmes à l'initiative du sexe ? Tu veux prouver quoi ? Que tu es le plus féministe des hommes ? On verra l'avis de Florage... » D'abord, tu as oublié Gabriel, le chef de Célanie. Ensuite le roman n'est pas fini, Alfonce n'a pas dit son dernier mot les hommes peuvent se rattraper, AliBlabla apprendra vite, d'autres peuvent se pointer, si j'ose dire

quant à moi, non, je ne suis pas féministe, car je pense que ça n'a pas de sens pour un homme. Ceux qui le prétendent ont quelque chose à prouver, moi rien. Je leur ai donné la parole plus que quiconque chez les abolitionnistes mâles du genre, consacrant des sujets entiers à leurs témoignages, leurs combats et leurs théories

après, oui, c'est vrai, Célanie et Afrodite, je les aime bien, à tel point que je ne sais pas laquelle préférer. Mais j'aime aussi Levieux, Ali, Alfonce et même Lauteur, c'est un des meilleurs personnages. Et puis attends le pitchoune, Ronin, il n'est pas au bout de nous étonner « en toutes matières », comme disent les partisans du RIC !


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Emile-Henri-BERNARD-Trois-Personagges-et-l-Amour-1526534889
Trois Personnages et l'Amour
Emile Henri Bernard, 1924
Technique mixte,80 x 60 cm


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lettre intime de l'étranger, 30
Chère lectorate,
Fosobo, le 12 février 2019

[...]

PS : c'est un reproche très sévère que tu me fais dans ta dernière lettre : « Jusque-là, ça allait, mais maintenant ça glisse. Avec "le grand chabardement" du chapitre 33, tu es passé de masques de ta personne au dévoilement de ton identité pour la police. Cela pue maintenant l'autofiction, un auto-affliction ? »

n'ayant subi aucun revers, pas d'affliction du tout, mais me voilà rhabillé pour les vers, j'aurais mieux fait de ne pas en sortir en prose précoce de printemps. Cela étant, tu sais, pour me découvrir c'est facile, un flic en deux clics, et si l'on me cherche, on me trouvera

plus sérieux, je crois que rien ne m'interdisait de franchir ce pas, puisque j'avais déjà posé l'écart dans la conjoncture qui produirait ce dépassement de la séparation entre sphères publique et privée de ma vie


Printemps précoce



Ozu Yasujirō, 1956

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Dernière édition par Patlotch le Lun 11 Mar - 11:07, édité 1 fois

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LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Empty Re: LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1

Message par Patlotch Lun 18 Mar - 14:46


lettre intime de l'étranger, 39
Chère lectorate,
FoSoBo, le 18 mars 2019

[...]

PS : alors maintenant, tu soutiens Florage qui s'inquiète que je suspende le roman pour faire de la musique ? Encore la conspiration des égoïnes et leurs scies amoureuses à deux balles romantiques ! Vous n'avez qu'à reprendre la lecture depuis le début, car je suis bien certain que vous avez raté quelque marche vers la montée à l'outre-réel dans toutes ses dimensions poétiques, dont la musique est une indispensable. Aristote le dit à la première page de sa Poétique

Aristote a écrit:L'épopée et le poème tragique, comme aussi la comédie, le dithyrambe et, pour la plus grande partie, le jeu de la flûte et le jeu de la cithare, sont tous d'une manière générale des imitations ; mais ils diffèrent en te eux de trois façons : ou ils imitent par des moyens différents, ou ils imitent des choses différentes ou ils imitent d'une manière différente et non de la même manière
et vous, ne voudriez que les mêmes moyens, les mêmes choses et la même manière. C'est bien là vos manières ! Ceci encore
Aristote a écrit:Tandis que la peinture et la sculpture, s’adressant à l’organe de la vue, imitent les objets extérieurs et les personnes à l’aide des couleurs et des formes, les arts musiques, qui agissent par l’intermédiaire du sens de l’ouïe, imitent les états d’âme, les affections et les actions à l’aide du rythme, de la parole et de la succession mélodique.

Rien de pareil ne se constate dans les perceptions que les autres sens sont capables de recevoir. Le toucher et le goût ne reproduisent en rien les impressions morales. Le sens de la vue les rend dans une mesure très restreinte. Les images qui font l’objet de ce sens finissent peu à peu par agir sur ceux qui les contemplent ; mais ce n’est pas là précisément une imitation des affections morales. Ce n’est que le signe revêtu de la forme de la couleur et s’arrêtant aux modifications toutes corporelles qui décèlent la passion. Dans les compositions musicales, au contraire, il y a reproduction des états d’âme.

Les Idées musicales d’Aristote, Camille Bellaigue, Revue des Deux Mondes, 1903



lettre intime de l'étranger, 38
Chère lectorate,
FoSoBo, le 11 mars 2019

[...]

PS : tu dis que « si les femmes ont trop voix au chapitre, ce n'est pas réaliste... » Ce l'est outre haut et pas assez, et tu ne vas pas recommencez à faire ta jalouse, c'est ma Reine de là-bas qui t'as mise dans cet état ? Tu vas exigez de montrer patte blanche pour faire partie de ma lectorate ? Relis-toi, reprends-toi, repens-toi ou va te faire prendre ailleurs


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Fat8_gericault_002f
La Monomane de l’envie,
dit aussi La Hyène de la Salpêtrière
Théodore Géricault, 1819-1820
huile sur toile, 72 x 58 cm


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lettre intime de l'étranger, 37
Chère lectorate,
FoSoBo, le 4 mars 2018

[...]

PS : tu es cette fois encore très perspicace : « Tu a bien distingué "romanesque" et "romantisme", que ce soit en littérature ou en théorie communiste. Au fond, et depuis ton regard froid, ton cynisme à la Diogène mis en scène d'Alexandrie en abîme ici, tu montres mieux que dans tes textes théoriques que la "théorie communiste" de tes ex "camarades", nonobstant leur prétendu "matérialisme", relève de la philosophie idéaliste d'avant Marx, où la foi en leur révolution fantasmée se résout dans le plus vulgaire des romantisme révolutionnaire, à la différence près qu'il est un romantisme froid, cynique dans le sens mauvais de leur comportement sectaire. J'entends par là que leur froideur, ou leur supposée "rigueur" par l'absence de sentiments que revendique RS/TC, vient justement pallier leur déficit de matérialisme.

Le comble, tu l'avais d'ailleurs noté, n'est-il pas que leur "théorie de la communisation" échoue, au double sens d'échec et de naufrage, en un bovarysme révolutionnaire ?

Quant à ton roman, il est des plus "romanesques" au sens de ce qui est spécifiquement "constitué par les romans", qu'on ne trouve que dans cette forme de littérature, et non du sens détourné qui flirte avec le romantisme, exaltation des sens, bref, le bovarysme, confusion relevée par Georges Palante chez cet auteur :

L'éducation de la paysanne au couvent (...), l'influence romantique, agissant sur elle par les lectures (...), sont les causes (...) de l'avidité sentimentale (...) de la jeune fille. (...) on a pu voir en Mme Bovary le procès de l'éducation romanesque.
Jules de Gaultier, Bovarysme, 1902 »
tu as fait ma journée, je n'ai donc rien à ajouter

LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Photo

Emma Bovary
Amélie Beaury Saurel, 1894
huile sur toile, 75 x 82 cm


Arrow

lettre intime de l'étranger, 36
Chère lectorate,
FoSoBo, le 28 février 2019

[...]

PS : tu m'écris longuement, je te cite. « Avant que je ne tombe "amoureuse de ton âme" il te faudra la faire laver, ou refaire chez ta mère, alors ne t'emballes pas comme si tu étais le plus désiré des hommes. D'ailleurs voici un grand défaut de ton roman. Au début, ça allait, pas trop de notes comme l'an dernier dans ton MICROCOSME, puis une surabondance, et là, ça devient pire : tu te mets à parler à la place de tes personnages comme si tu étais maître "chez toi" dans ton roman. Ne vois-tu pas la contradiction dans les termes avec ta conception de l'outre-réel ? Non content de parler tout seul, les notes dont je parlais deviennent du texte nullement distancé, tes ennemis préférés nommés tranparément, alors que aurais pu en faire des personnages comme les autres.

Prenons ton "Savant de Marseille", figure paradigmatique de l'intellectuel communiste intellectualiste, caricature du philosophe tel que critiqué par Marx dans la 11e des "Thèses sur Feuerbach" et dans toute son œuvre, ignorant des domaines de la vie excepté celui dont il est un supposé expert. Intéresse-toi à deux pièces de Tchekhov, sa première en 1878 et sa dernière en 1904. D'abord, dans "La Cerisaie", à Trofimov [sic : trop filosophe, trop de mots...], prototype de l'intellectuel révolutionnaire idéaliste

Trofimov, ex-précepteur du petit garçon de Lioubov mort noyé. Exclu de l’université pour ses idées révolutionnaires, il est devenu ce qu\'on appelait en Russie « un éternel étudiant», toujours avide de s’instruire, toujours affublé d’un uniforme usé, mal porté, trop serré... Il disserte sur l’avenir de l’humanité et la fierté de l’homme. C’est un personnage visionnaire qui s’est laissé aller. Il parle beaucoup mais n’agit pas.
Ensuite à "Ce fou de Platonov" [resic, Platon neuf, le philosophe idéaliste par excellence toujours réinventé] :
Intellectuel hâbleur devenu instituteur à la campagne par dépit contre la société, cet homme paradoxal dont on admire l’esprit et la vitalité mais qui ne s’aime pas, semble osciller entre de nombreux rôles sans jamais pouvoir les assumer. Désabusé et lâche mais aiguisant sans cesse sa lucidité, il s’affirmera au fil de la pièce comme un miroir destructeur d’illusions renvoyant à chacun sa véritable image...

Tout Tchekhov est déjà là, débridé, monstrueux, comique, avec cette touche inimitable qui ouvre la modernité. L'art de l'éclipse, du silence, l'éloge de la banalité, le refus des idéologies - rien que l'homme seul devant son destin, privé de posture héroïque, seulement capable de prononcer à l'instant.

Tchekhov y met en scène le mouvement virevoltant mais aussi l’opacité de cette vie qui se fait et se défait sans grande cohérence, cet infini des possibles qui sans cesse échappent à ses protagonistes, cette comédie à laquelle chacun se livre. Son personnage central en est alors cette humanité qu’il décline sous toutes ses facettes, symétriques ou antagonistes, en faisant évoluer sous nos yeux, dans toute sa banalité, une micro-société n’ayant plus d’idéaux, si ce n’est cet argent ou cet amour galvaudé au cœur de toutes les préoccupations. Un monde où les jeunes perdent très vite leur capacité à s’indigner et leur espoir réel en une vie nouvelle pour s’enliser à leur tour dans le même marécage que leurs aînés.

Cette pièce « inaugurale » de Tchekhov, satire sociale, parfois violente, inscrite dans une époque décadente annonçant le chaos de la Révolution russe, semble ainsi plus largement résonner comme une pièce de l’absurde qui nous touche par sa modernité. L’ennui notamment, dépassant l’oisiveté d’une classe sociale, y prend des accents schopenhaueriens et la vacuité et la répétition semblent y nourrir la tragi-comédie de la vie. »
Platonov, Anton Tchékhov, traduction André Markowicz et Françoise Morvan, octobre 2014
Bref, tu l'auras compris, inspire-toi de Tchékhov lui-même, fondateur du théâtre moderne anticipant sur Stanislavsky pour ce qui est d'un jeu où les acteurs imprègnent les personnages de leur propre vie, tout naturellement parce que tu as le même esprit que lui, les mêmes convictions quant aux rapports de l'art au réel et à la vie contre la philosophie, cet comme tu le souhaites tant "comme Marx"... grand amateur du théâtre de Shakespeare...
Je ne suis ni un libéral, ni un conservateur, ni un progressiste, ni un moine, ni un indifférent... Je voudrais être un artiste libre et rien de plus, et je regrette que Dieu ne m'ait pas donné les forces nécessaires. Je hais le mensonge et la violence sous toutes leurs formes [...]. Il n'y a pas que chez les marchands et dans les maisons d'arrêt que le pharisaïsme, l'esprit obtus et l'arbitraire règnent en maîtres. Je les retrouve dans la science, dans la littérature, chez les jeunes. Pour la même raison, je n'éprouve pas d'attrait spécial pour les gendarmes, pas plus que pour les bouchers, les savants, les écrivains ou les jeunes. Enseignes et étiquettes sont, à mon sens, des préjugés. Mon saint des saints, c'est le corps humain, la santé, l'esprit, le talent, l'inspiration, l'amour et la liberté la plus absolue, la liberté face à la force et au mensonge, quelle que soit la façon dont ceux-ci se manifestent. Voici le programme auquel je me tiendrais si j'étais un grand artiste.
Anton Tchekhov, lettre à A. Plechtcheïev, 4 octobre 1888, par Emmanuelle Caminade, La Cause Littéraire, 20 novembre 2014
tu mille fois raisons, et dire que je n'ai pas suivi le conseil de Florage il y a 12 ans, qui me poussait à lire Tchekhov qu'elle admirait justement pour tout ce que tu en dis, et parce qu'elle disait de moi que j'étais « le plus libre des hommes que j'ai jamais rencontré. »

je vais donc suivre ton conseil : 1. m'interdire de parler et de faire de la théorie directe en notes ou dans le texte. 2. mettre ça dans la bouche d'Alfonce, il est là pour ça. 3. en créer de nouveau inspirés des figures si caricaturales de ce que je déteste comme Tchkekov


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Tchekhov
Trofimov

lettre intime de l'étranger, 35
Chère lectorate,
Fosobo, le 25 février 2019
[...]

PS : « Très franchement merci. Je n'imaginais pas que tu retiendrais ma suggestion en attaquant la deuxième partie, ce n'est pas habituel qu'un auteur retienne celle d'une lectrice. Tu t'en es fort bien tiré, "du coup", multipliant les personnages, introduisant le premier âge des amours et le troisième au féminin de la beauté du cœur.

Florage est très bonne aussi dans son genre, et son coup de la délation en fin de partie est excellent.

Ta mue est réussie, tu as changé ta vieille peau encore collée aux os des dinosaures de leur nombril théorique et de leur religion révolutionnaire pour qui a plus d'une case en moins, tous les fossiles de leurs œufs dans le même panier, et jamais pris la main dedans. Bravo ! »


eh bé, qu'est-ce qui t'arrives ? Ne vas pas toi aussi tomber « amoureuse de mon âme », comme Coriane, mon amie la Comtesse de LIVREDEL II.4, je me vois mal brûler tes lettres virtuelles dans le grand saladier de la cérémonie des thés indiens. Tu sais combien j'ai à cœur un travail collaboratif, et ce fut un plaisir de suivre ton idée, d'autant que passer d'une partie à l'autre est l'occasion d'un break et d'un vide qui laisse acceptables les incohérences. Comme tu ne les relèves pas, tant mieux

maintenant, je dois t'avouer que chaque matin, je pose un titre sans trop savoir ce que je vais bien pouvoir en tirer, comme un voyant vaniteux de sa boule de cristal...


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Pieter-claesz-nature-morte-violon-boule-cristal-reproduction-grands-maitres-peinture-sur-toile-galerie-art-artiste-peintre-copiste-professionnel-qualite-tableau-musee-france-culture

Vanité : violons et boule de cristal
copie de Pieter Claesz, 1634
huile sur toile, 60 x 100 cm


Arrow

lettre intime de l'étranger, 34
Chère lectorate,
[/font]
Fosobo, le 21 février 2019
[...]

PS : « As-tu noté que demain 22 février, ton roman fêtera ses 42 chapitres ? Rappelle-toi que MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton est en 42 épisodes « 42 moitié de 84 = 7 x 12 = 6 x 14 qui structure LiVREDEL ».

Alors je te suggère deux choses, variante de ce que tu envisageais toi-même. Faire de ces 42 chapitres la première partie de ce tome 3, et lui donner pour titre LE GRAND ÉBAT, ce qui suppose d'en trouver un autre pour le tome entier. Et, en même temps, abandonner ton projet d'un déroulement rythmé par le pouvoir de Macron, puisque son GRAND DÉBAT ne s'achèvera qu' la mi-mars. Fais preuve d'un peu d'autonomie, que diantre !

Qu'en penses-tu ? »


c'est une première ! Serais-tu toi aussi prise au jeu d'être pour quelque chose dans le futur de mon roman, et d'entrer dans une concurrence déjà pléthorique en prétendants à divers titres ? Lauteur, Alfonce, Florage et moi-même. Alors, "jamais quatre sans cinq" ? On sait où ça commence avec le chapitre 41, Quatre je dits, jamais où ça peut finir ; à l'infini, parce qu'annoncé interminable ?

mais je t'avoue que c'est là bonne idée, qui pour tout dire me redonne confiance en la qualité, certes potentielle, de ma lectorate. Tu verras que Florage manipulée manipulera, et je vais réfléchir à te confier la tâche de contrecarrer ses plans. Le moment viendra bien sûr de contractualiser notre entente


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Ob_581397_flirtationn-65-x-85-7-pc-wikimedia

Un Flirt
Frédéric Soulacroix
huile sur toile, 65 x 85,7 cm


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Patlotch
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Message par Invité Ven 11 Oct - 5:39


COMING-OUTRE
Patlotch, c'est moi
Florage a écrit:
lettre extime d'ici, 1

Chère sa lectorate,

Foin de PS. Rien n'est sacré, tout peut se dire. Patlotch n'est plus qu'un aimable bovarien, du genre qui prête à Flaubert « Madame Bovary c'est moi. » Imagine-là plutôt écrivant « Monsieur Flaubert » et contant par le menu ses frasques amoureuses de petit-bourgeois du 19e siècle*.

Patlotch c'est moi. Ce nom n'est-il point qu'un pseudonyme, derrière lequel se cache un "nègre", en l'occurrence une "négresse", moi, sa Blackfesse ?

Forte de ce coming-outre, reprends la lecture de L'OUTRE-RÉEL et tu verras s'imposer la vérité : j'en suis la véritable autrice.

* Dans Le diable et Daniel Silverman, Theodore Roszak imagine son héros romancier écrivant Moi Emma, Madame Bovary raconté du point de vue de l'héroïne.


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 81Dq-gHOlqL._SL1500_
The Letter Writer Surprised
huile sur bois, 45 x 39 cm
Gabriel Metsu, 1662
« Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs ! »

Mallarmé, Brise marine, 1893
Patlotch a écrit:
lettre intime de l'étranger, 44

Chère lectorate,
Fosobo, le 5 octobre 2019

[...]

PS : tu me demandes que penser de cette sortie de Florage

Il apparaît que ce forum n'existe plus que parce que je le veux bien, et mon petit doigt me dit, car moi aussi j'use de l'auriculaire, que c'est quelque part ce que cherche Patlotch, disparaître des écrans et baiser sa gratte au fond de sa grotte diogénique en attendant que les vers de son compost ne le rendent à la "Terre-Mère"

tu veux connaître mes intentions alors que je n'en ai aucune. Avec ou sans guitare, ma vie n'est qu'imprévisation. Mais il est une chose qu'elle fait mine d'oublier, nous nous tenons par la barbichette, car s'il est vrai que je ne peux publier sans elle, je peux la faire disparaître d'un clic, et ce serait la fin du forum, ce qui, tu en conviendras, n'a aucune espèce d'importance. Ni toi ni moi n'avons lu tous les livres, tous ne sont pas écrits. Et Florage a raison, la chair est compostable


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LE DÉBUT, UN DES BUTS
Patlotch a écrit:Chère lectorate,
Fosobo, le 19 septembre 2019

rompant avec le principe de ces lettres intimes qui sont en fait des réponses dont je ne publie que le "PS", je prends l'initiative de t'écrire et d'attirer ton attention sur un constat qui n'a pas laissé de m'étonner. À la fin de l'écriture de LE GRAND ÉBAT et de LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE, ces deux parties avoisinaient chacune 8.000 vues pour leur quarantaine d'épisodes publiés quotidiennement. Depuis six mois, ils ont reçu l'un 700 clics l'autre 1000 de plus, donc d'une bonne moitié de lecteurs ou lectrices qui n'ont pas lu la partie précédente, et sans doute pas la première MICROCOSME, roman initiatique, de l'année dernière, republié après la destruction de l'ancien forum

or, dans l'ensemble du cycle de l'OUTRE-RÉEL, ils ont en commun les personnages principaux de Levieux, Célanie, AliBlaBla et Lauteur, auquels s'ajoutèrent d'autres cette année. Une fois perdu l'intérêt d'un lecture au fur et à mesure de la publication en feuilleton, avant l'écriture des épisodes suivants, le tout se présente comme un roman normal, en trois parties publiées en trois fois. Il n'y a donc pas de raison de commencer par la troisième plus que par exemple d'attaquer Les Rougon-Macquart par L'Assommoir, 7e livre, ou Germinal, 13e livre, dans le cycle de Zola qui en comporte 20 écrits en une vingtaine d'années. De plus, à la différence de cet ensemble où chaque roman est autonome et peut se lire séparément, il me semble que les trois miens ne se comprennent que dans l'ordre d'écriture en raison de thèmes, d'événements et de lieux récurrents, qui sont en eux-mêmes des personnages centraux, ce que traduisent les termes de microcosme autant que d'étroit territoire. J'invite donc ceux d'entre toi qui n'auraient pas lu les deux premières parties à le faire, d'autant que chacune n'est pas plus longue qu'un petit livre de poche

mais après tout, chacun.e fait bien comme il l'entend...


“On peut commencer n’importe où, même par le commencement.”
Jean-Claude Carrière, Détails de ce monde


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À LA RECHERCHE DU PROCHAIN ROMAN
Patlotch a écrit:
lettre intime de l'étranger, 42

Chère lectorate,
Fosobo, le 4 septembre 2019

[...]

PS : tu me demandes quand sort mon prochain roman. J'en ai bien l'envie, mais pas le temps, et peur de me disperser, la guitare me requiert. J'aurais même un projet, un sujet, une idée de titre : L'ignorance du monde, leçon de choses. Il s'agirait d'une personnage central, disons Levieux des précédents tomes, qui voudrait "tracer" l'origine, les conditions et raisons de la production des objets qui l'entourent, c'est-à-dire connaître le monde à partir de ce qui lui est le plus familier et conditionne sa vie quotidienne : vêtements, vaisselle, appareils ménagers, nourriture, livres et objets culturels... de ses slips à son papier à cigarettes en passant par ses petites cuillères et les ampoules qui l'éclairent...

autrement dit, une immense accumulation de marchandises produites dans le monde entier par des hommes et des femmes dans des conditions dont il ignore à peu près tout, lui renvoyant la conviction que chacun vit sans connaître ce qui le fait vivre, même s'il sait bien que c'est par l'intermédiaire de l'argent

et puis, il resterait tout ce qui ne passe pas par là, ce qui est réellement gratuit, quelque fleur qu'il n'a pas plantée dans un bac de terre, quelque vue d'un ciel sans fin où les oiseaux se disputent l'espace aérien*, et ce qu'il crée par lui-même dans un conflit banal et vain, mais profond, avec ce monde tel qu'il est

ce serait, en quelque sorte, le roman d'une extimité sociale, un à partir des choses faisant écho à Francis Ponge autant qu'à Karl Marx et Georg Simmel. Tu en vois l'ambition... autant dire que ce n'est pas demain la veille que je m'y collerai. Je pourrais bien ainsi rejoindre la cohorte des velléitaires de l'art conceptuel, qui exposent l'idée d'une œuvre en lieu et place de sa réalisation


* j'ai assisté hier et avant-hier à l'attaque par un corbeau, puis par des perruches vertes à collier, d'un épervier qui tournait là-haut, et je me perds en questions sur les raisons


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 The_five_senses
Les cinq sens,
Jacques Linard, 1638

FRAÎCHEUR ROMANESQUE
Patlotch a écrit:
lettre intime de l'étranger, 42

Chère lectorate,
Fosobo, le 25 juillet 2019

[...]

PS : tu m'écris que mes personnages te manquent et me demandes quand je me mettrai au prochain tome. Mais enfin, tu vois bien qu'il ne fait pas un temps à mettre des personnages dans un livre, même sur papier glacé, et la prétendue immatérialité d'internet ne les protège pas de la canicule. Ils sont bien mieux là où ils sont, dont je n'ai fichtre aucune idée


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Paul-Gauguin-Femmes-au-bord-de-la-rivi%C3%A8re
Femmes au bord de la rivière,
Gauguin, 1892

OUTRÉ RÉEL OU TRÈS FAUX ?
Patlotch a écrit:
lettre intime de l'étranger, 41

Chère lectorate,
Fosobo, le 22 juin 2019

[...]

PS : tu ne me demandes plus rien, comme si je n'existais plus depuis que Florage la liseuse a squatté mon forum et me fait écrire n'importe quoi, alors que je suis ailleurs à œuvrager du sang sur ma guitare. Tu lis les Gilets Jaunes comme s'il n'y avait qu'eux au monde et que ma poésie ne comptait pour du beurre. Dis-toi bien que t'en auras pas plus que moi l'argent,

quant aux fesses de la crémière, je m'en réserve les girondeurs, ça ne se fait pas sur un rond-point à tous les vents du Web


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Ej59-1
La geisha et le paysan,
d'après une estampe de  Yanagawa Shigenobu,
gendre de Hokusaï, vers 1820

Patlotch a écrit:

lettre intime de l'étranger, 40
Chère lectorate,
FoSoBo, le 30 mars 2019

[...]

PS : comme tu ne m'avais pas écrit depuis 12 jours, j'ai cru que tu ne me lisais plus et que ma lectorate n'était plus ma lectorate, mais c'était compter sans ta fidélité. Tu dis que « le roman se barre en couille depuis que Florage en assure la publication. » Quel étrange rapprochement ! Car enfin elle est dans son rôle, non de "négresse" au sens racial, que Célanie et Afrodite accomplissent outre merveilles qu'elles sont, non plus dans celui de "nègre" littéraire dévolu à Alfonce, mais d'éternelle ennemie de cœur amoureuse de mon corps hors d'atteinte et d'étreinte

cela dit, tu as raison, le roman se barre en couille, et il est temps que j'en finisse. Il ne me reste que 7 jours pour que personne ne le regrette jamais. Je prévois une fin de partie digne de la largeur de vue en l'Étroit territoire, un véritable festival de la couille !


LETTRES INTIMES À MA LECTORATE - L'OUTRE-RÉEL IV //1 Le-festival-de-la-couille1
Le festival de la couille
Ivan Sigg, 2015
Acrylique sur papier 250 gr,
rehaussée d’encre de Chine et de crayon blanc

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Invité


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