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'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore)

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Message par Invité Mer 10 Juil - 4:05

9 juillet 10:57, repris et complété, on va refaire un peu de la vraie théorie Rolling Eyes
avec un PS sur la distinction avec le néo-conservatisme américain dit neocons


LE NÉO-CONSERVATISME
comme concept théorique
DE CONSERVE AVEC LE PROGRESSISME

1. introduction


'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore) Diapositive2
schéma à titre d'illustration sensiblement différente de mon propos
dans la mesure où ces concepts mêmes sont idéologiques,
non radicalement critiques du capitalisme et de l'État :
critique de la surface, surface de la critique

introduction
Patlotch a écrit:je ressors le concept de Structure of Feeling forgé par Raymond Williams dans les années 1970 pour
faciliter une compréhension historique des « éléments affectifs de la conscience et des relations ». Depuis lors, la nécessité de comprendre les émotions, les humeurs et les atmosphères en tant que phénomènes historiques et sociaux n'a fait que s'aggraver à l'ère des réseaux sociaux, des médias omniprésents et d'une sphère publique imprégnée de produits de base et de culture publicitaire. [...] source

mon objectif est de valider l'hypothèse de ce courant d'idées comme imprégnant l'idéologie dominante actuelle et traversant tous les courants de pensée et clivages politiques, jusque dans les formes et contenus des luttes. Ainsi, comme je l'ai esquissé hier dans le génie réactionnaire de Macron, jeune vieux, le "progressisme" de Macron critiqué par la droite se revendiquant conservatrice ne serait lui-même pas exempt de valeurs conservatrices, et pas seulement dans la sphère de l'économie politique antisociale. C'est perceptible dans le ton paternaliste pas très cool qu'il adopte, en décalage avec l'image du gestionnaire de la "Startup Nation" et qui tranche avec la décontraction "Californian Ideology" de la Silicon Valley

"c'était mieux avant"

le discours proprement politique du conservatisme est en phase avec celui de journalistes, intellectuels, écrivains, dans une tonalité moraliste, perceptible tous azimuts sur le thème nostalgique "c'était mieux avant", et dont le web-zine Causeur réunirait le gratin culturel, avec ses Finkielkraut, Thomas Morales, Roland Jacquart, Jérôme Leroy (écrivain dans la mouvance communiste ex-PCF)... et sa WebTélé REACnROLL avec « la jeune garde conservatrice : Eugénie Bastié, Mathieu Bock-Côté…» mais aussi « leurs aînés "mécontemporains" » Éric Zemmour et Philippe Val... Le style des auteur.e.s la revue est généralement soigné et le ton souvent ironique et caustique, mais parfois aussi larmoyant, ce qui a l'avantage de toucher en usant d'arguments de pacotille qui ne s'embarrassent pas de démonstrations économiques et sociales, ou seulement pour faire de l'anti-macronisme primaire, ce qui ne mange pas de pain et peut rapporter gros en ratissant large, où l'on reconnaît ce qui fut aussi commun aux Gilets Jaunes, également de grands nostalgiques...

une idée qui s'empare de toutes classes sociales sans être à proprement parler "interclassiste" au sens utilisé par les marxistes prolétaristes (communisateurs...)

il s'agirait donc de vérifier que les "valeurs" de ce néo-conservatisme, autrement dit son contenu idéologique, ne sont pas partagées de façon univoque par les "classes" sociales traditionnellement attirées par les partis de droite, et d'en dénicher aussi l'idéologie sous le progressisme de la gauche comme dans la nature de certaines luttes sociales, tel le Mouvement des Gilets jaunes avec leur nostalgie d'un âge perdu quelque part entre la Révolution française et les Trente Glorieuses d'arrières pépés et mémés

vu comme ça, ce néo-conservatisme engloberait sans s'y réduire le repli sur l'identité nationale, le néo-fascisme cible des gauchistes de tous poils, comme les élans réellement populistes, gaulliens et robespierristes de Mélenchon (l'Idéologie française de gauche). Et ce n'est pas parce qu'il se nomme conservatisme qu'il n'est pas nouveau, actuel, et non resurgissement d'idées anciennes. Il est fort important de relever, comme dans l'article de Valeurs Actuelles, qu'il est très prisé par une certaine jeunesse, autant qu'il peut séduire de vrais vieux y retrouvant leurs repépères ou simplement leur jeunesse à eux, quand c'était peut-être pas mieux avant mais qu'ils avaient vingt ans. Il se trouve que ces vieux sont démographiquement en pleine forme et que près de la moitié sont favorables... à Macron, qui sait en retour les flatter (Johnny, Verdun, Débarquement, "nos" enfants, "nos" filles...) tout en s'attaquant de plein fouet aux futurs retraités et aux jeunes qui ne veulent pas traverser la rue pour trouver l'emploi qui les attend

une tendance mondiale

alors que mon concept d'Idéologie française cherchait depuis 2015 à articuler spécificités françaises et idéologie mondiale du capitalisme contemporain autour de la question nationale, le néo-conservatisme serait une caractéristique importante de l'idéologie dominante commune à divers systèmes politiques (Trump, Bolsonaro, partis nationaux regroupés au parlement européen dans le groupe des Conservateurs et réformistes européens..), comme en témoigne une forte littérature sur le sujet. Rien d'étonnant qu'il (re)naisse dans une période où s'accumulent partout les peurs de l'avenir

un concept dans le troisième champ du marxisme, les idées, le sociétal et la culture

le néo-conservatisme à cerner est un concept de la "structure of feeling" portant sur la culture, le sociétal, les modes de vies et relations, les idées et la conscience... comme troisième champ du marxisme vu par Raymond Williams, avec l'économie et la politique. On peut estimer en effet que, sous cette forme sociétale et culturelle de la "structure of feeling", monte des profondeurs une idéologie qui rencontre le champ politique et médiatique, ou si l'on préfère le dire à l'ancienne, la "superstructure idéologique". En d'autres termes, il serait faux de l'analyser comme le seul produit d'une propagande descendante de ce secteur du pouvoir de l'idéologie étatico-capitaliste. C'est ce qui fait l'intérêt et l'enjeu de se pencher sur le néo-conservatisme comme concept

ainsi le conservatisme ne serait-il pas à confondre avec le nationalisme, ni avec le populisme, qui sont d'emblée des concepts politiques. Au demeurant le discours populiste ne se caractérise pas vraiment par sa haute teneur culturelle, alors que le conservatisme peut être au ras des pâquerettes populaires comme de haute tenue intellectuelle, deux raisons pour lesquelles nous pouvons ici ou là* partager quelques-uns de ses coups de gueule, à condition de ne pas nous prendre au jeu. On retrouve encore les Gilets Jaunes d'en-bas comme attracteurs étranges d'une intellitgensia radicale à mon avis quelque peu déboussolée, et le concept proposé pourrait sans doute permettre d'y voir plus clair en synthétisant ce que j'ai avancé tout au long du mouvement, contre une analyse classiste qui a fini par s'y perdre, ne rien dire de clair ou ressasser son credo prolétarien (Alain Corne, Tristan Leoni...)
* exemple, Causeur titre en juillet sur L'horreur touristique, et s'il y a bien une race que je déteste autant que ses promoteurs, c'est des touristes eux-mêmes, mais après, il faut regarder le contenu de l'article de Daoud Boughezala, un modèle... de conservatisme

contre le réductionnisme optimiste ou pessimiste des marxistes et antimarxistes

sans vouloir faire du conservatisme un gros concept explicatif de tout, il me semble préférable de regarder les choses sous un angle conceptuel qui permette de les cerner plus concrètement que les grilles de lectures intello-manichéennes tant du marxisme prolétarien à l'ancienne que des pseudo-lumières lundimatinales

contrairement à des concepts forgés par la critique radicale prolétariste et insurrectionnaliste, tels les communisateurs attaquant le "démocratisme radical" (il est tombé tout seul...) ou le citoyennisme et l'extrême-gauche, nous préférons concentrer notre attaque contre l'idéologie dominante telle qu'elle règne parce qu'elle est au pouvoir ou dans une opposition qui a quelque chance d'y parvenir, et ce n'est pas là sombrer dans l'antifascisme. Nous ne tirons pas sur nos "futurs ennemis contre-révolutionnaires" tels des Don Quichotte sur des moulins sans vent : nous parlons au présent de ce qui est au présent

pour engager la réflexion


jugeant préférable, en l'absence de Dieu du conservatisme, de m'adresser à ses Saints, j'ai choisi cet article de Valeurs Actuelles pour introduire cette réflexion. Relativement à mon propos, il peut pécher en étant centré sur la sphère politique et militante prêchant le conservatisme, commun à François-Xavier Bellamy et Marion Maréchal dont on a vu les œillades pendant la campagne des européennes et depuis* dans la perspective d'un rassemblement des droites au-delà de l'objectif du pouvoir par le seul RN de Marine Le Pen. Mais il l'abonde en donnant des exemples d'aspirations montantes quasi apolitiques qui rejoignent leur expression politique parce qu'elles s'y reconnaissent. N'est-ce pas ainsi qu'une idée, quand elle est mûre, s'empare des masses ?

Marion Maréchal a écrit:Le conservatisme tel que je l'entends et tel que l'entend François-Xavier Bellamy, et dans lequel peuvent se retrouver beaucoup de Français, est une sorte de disposition d'esprit qui consiste à vouloir conserver des héritages séculaires.
Marion Maréchal veut réunir les droites pour défendre « le conservatisme », Le Point, 3 juin 2019

PS : je m'aperçois d'un risque de confusion avec le néo-conservatisme comme doctrine de ceux que recouvre le diminutif « neocons »
courant de pensée politique d'origine américaine apparu à la fin du xxe siècle.

Il s'agit d'une conception qui a émergé aux États-Unis par opposition au relativisme culturel et à la contre-culture de la Nouvelle gauche (« New Left ») des années 1960. Cette philosophie a influencé les politiques menées par George W. Bush, signifiant un réalignement de la politique américaine, et le passage de quelques libéraux sociaux à la droite du spectre politique, d'où le terme qui fait référence aux « nouveaux » conservateur.
source
je ne pouvais adopter néo-néo-conservatisme puisque celui dont je parle ne procède pas du premier, ni de conservatisme tout court pour les raisons exposées, un contenu largement nouveau et actuel qui est loin de n'être tourné que vers la passé

Conservatisme : une réponse politique qui a le vent en poupe au sein de la jeunesse de droite
Kevin Bossuet, Valeurs Actuelles, 11 juin 2019

Portée par la candidature de François-Xavier Bellamy, la ligne conservatrice a trouvé au cours de la campagne des élections européennes un important écho chez les jeunes électeurs de droite, se félicite le professeur d'histoire Kevin Bossuet.

'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore) 000_1GS7N6
François-Xavier Bellamy a rassemblé la jeunesse conservatrice pendant les élections européennes.
© SYLVAIN THOMAS / AFP
Il s’est assurément passé quelque chose dans une partie de la jeunesse de droite au cours des dernières élections européennes. En choisissant François-Xavier Bellamy comme tête de liste LR, Laurent Wauquiez a incontestablement offert à la jeunesse conservatrice le leader qu’elle n’attendait plus. Catholique convaincu, le jeune professeur de philosophie a en effet développé tout au long de la campagne une vision conservatrice de la société en insistant notamment sur l’importance qu’il y avait à défendre coûte que coûte les traditions et la culture françaises tout en érigeant les structures traditionnelles comme la famille, la nation ou encore l’école au-dessus du culte de l’argent roi et de l’individualisme forcené. Même si le résultat dans les urnes ne fut pas à la hauteur de ses espérances, François-Xavier Bellamy, qui a surtout été handicapé par un parti qui n’a aux yeux de l’opinion plus beaucoup de crédit, aura incontestablement contribué à faire revenir sur le devant de la scène médiatico-politique les aspirations de cette droite légitimiste qui était jusque-là en mal d’incarnation.

La jeunesse en première ligne
Il y a une dizaine de jours, c’était au tour de Marion Maréchal de réinvestir le champ médiatique. Pendant près d’une heure, au cours d’une interview diffusée sur LCI, elle a en effet exposé avec pertinence et brio son analyse de la situation politique actuelle et de l’état de la société française. Prônant « une union des droites » qui est, selon elle, la seule stratégie viable afin de battre « le camp progressiste » qui est aujourd’hui incarné par Emmanuel Macron, elle a d’emblée insisté sur l’importance qu’il y avait à défendre, au sein d’un grand mouvement conservateur et populaire, le socle traditionnel de notre société, et plus largement les fondements de notre civilisation. Très proche de François-Xavier Bellamy qu’elle n’a pas hésité à encenser, Marion Maréchal a en quelque sorte poursuivi la campagne de ce dernier tout en incitant la jeunesse de droite à continuer et à intensifier le combat politique, idéologique et culturel qui apparaît aujourd’hui comme capital pour la survie de notre pays et de notre continent.

Loin des caricatures grotesques véhiculées par la gauche bien-pensante et la droite pseudo-progressiste qui assimilent le plus souvent bêtement le courant conservateur à un combat d’arrière-garde qui n’existerait plus que dans les bastions vieillissants du catholicisme militant, le conservatisme est bien de plus en plus vogue chez les plus jeunes de nos concitoyens qui voient en ce dernier un moyen salvateur de protéger notre identité des affres du progressisme sans foi ni loi. On ne compte effectivement plus le nombre grandissant de jeunes entre 15 et 35 ans qui, à travers les partis politiques traditionnels, les associations ou encore les réseaux sociaux, n’hésitent pas à défendre une vision traditionnelle de la société et à contribuer à moderniser un courant politique et philosophique qui n’a jamais été, selon eux, aussi propice à répondre aux défis et aux problématiques du temps présent. C’est bien à un retour en force des idées conservatrices, portées par de très jeunes espoirs de la vie politique française (Marion Maréchal a 29 ans et François-Xavier Bellamy en a 33) auquel on a assisté en France au cours de ces dernières semaines.

Avec François-Xavier Bellamy, nous avons vu arriver beaucoup de jeunes qui ne militaient nulle part et qui ont été séduits par son discours.

Il suffit d’aller sur le terrain pour se rendre compte à quel point la campagne menée par François Xavier Bellamy a séduit une partie de la jeunesse, bien au-delà de la base militante des Républicains. Matthieu Louves, 24 ans, responsable des Jeunes Républicains de Gironde qui a pleinement participé à la campagne du jeune professeur de philosophie l’affirme très clairement: « Avec François-Xavier Bellamy, nous avons vu arriver beaucoup de jeunes qui ne militaient nulle part et qui ont été séduits par son discours. » Il ajoute : « Aujourd’hui les jeunes ne s’engagent plus comme dans le passé, surtout quand ils sont conservateurs. C’est un engagement citoyen profond qui se fait dans la durée. Quand un discours leur plaît, ils viennent, et quand il ne leur plaît plus, ils s’en vont. Bellamy a su faire venir à nous des jeunes extérieurs au parti. Il y a eu un véritable engouement autour de sa personne et de ses idées. C’était très beau à voir et c’est pour cela que nous devons continuer à proposer des débats pour mobiliser ces jeunes. »

D’ailleurs, comme le rappelle très bien Francisque Pays, 22 ans, ancien responsable des jeunes de Sens Commun (mouvement politique de droite associé aux Républicains qui est né en 2013 dans le sillage de la Manif pour Tous), ce sont les jeunes qui ont réussi à imposer le concept de conservatisme au sein de l’organisation. Il l’explique très bien : « Si Sens Commun se définit comme conservateur, c’est principalement grâce au mouvement jeune. On a beaucoup insisté au sein de Sens Commun sur ce besoin de conservatisme. Nos aînés étaient plutôt méfiants. Il y avait chez eux une inquiétude face à un terme qui a longtemps été oublié dans la culture politique française et que la gauche a brocardé comme étant de l’immobilisme, du passéisme et de la réaction. » Il ajoute : « Aujourd’hui, ce sont les jeunes qui se réapproprient ce terme, qui militent pour qu’il soit repris dans les mouvements politiques. Ce sont surtout eux qui le font vivre, ce sont surtout eux qui l’incarnent. En France, le conservatisme plaît surtout à la jeunesse qui cherche une voie possible entre la gauche progressiste et le Rassemblement national.»

Plus qu'une orientation politique, le conservatisme est une philosophie de vie
Baptiste Laroche, 22 ans, responsable des jeunes du Parti chrétien-démocrate (PCD) fait exactement le même constat : « Dans un monde où tout se vaut, l’homme sent bien au plus profond de lui-même qu’il est habité par un vide, et c’est surtout vrai chez les jeunes. Les jeunes se sentent de plus en plus démunis, de plus en plus déracinés. Ce besoin de conservatisme qui les enracine vient surtout d’eux. Ils sentent bien qu’on ne peut pas vivre sans assises, sans attaches. Au soir de l’incendie de Notre Dame, nous nous sommes tous rendus compte qu’il y avait une forme de vestige intérieur collectif qui s’en allait. L’âme de la France qui disparaissait en quelque sorte. Ce soir-là, beaucoup de jeunes ont vraiment eu l’impression d’appartenir à un même peuple, à une même culture, à une même civilisation. Ce sont eux qui veulent le plus que l’on redonne un sens à tout cela, un cap pour protéger ce côté transcendant que représente la nation. »

Plus qu’une simple orientation politique, le conservatisme est en effet une véritable philosophie de vie qui doit guider chacune de nos actions. Gaspard Loubaton, ancien responsable des jeunes de Sens Commun qui a prôné en interne et maintenant en externe l’adoption du concept de conservatisme l’explicite très bien : « Le conservatisme, ce n’est pas une idéologie, c’est une façon de penser, une philosophie, une certaine prudence face au progrès.» En effet, pour ce dernier, « le conservateur insiste beaucoup sur l’idée de transmission, sur la responsabilité que l’on a vis-à-vis de ceux qui nous suivent, sur l’enracinement, sur l’idée de justice sociale, sur le lien entre les communautés. » Francisque Pays, quant à lui, qui définit le conservatisme comme « une troisième voie entre le libéralisme et le socialisme » abonde dans le même sens et n’hésite pas à citer le philosophe et l’historien britannique Michaël Oakeshott qui résume, selon lui, à merveille ce qu’est le conservatisme : « Être conservateur , c'est préférer le familier à l'inconnu, l'éprouvé à l'inédit, le fait au mystère, le réel au possible, le limité à l'illimité, le proche au distant, le suffisant au surabondant, le convenable au parfait, la joie présente à un utopique bonheur. »

Il manquait une charpente solide à droite. Or, le conservatisme peut, du bonapartisme au légitimisme, rassembler tous les courants historiques de la droite.

Ce sont donc bien les idées de transmission, d’héritage, d’enracinement ou encore de respect des traditions que les jeunes conservateurs tentent de transférer dans le champ politique et d’adapter aux enjeux contemporains. Sabrina Arnal, 20 ans, étudiante à Sciences-po Saint-Germain-en-Laye et présidente de l’Union des Jeunes pour le Progrès (UJP), mouvement de jeunes gaullistes très proche des Républicains, milite, par exemple, pour que les principes portés par le conservatisme aient un débouché politique solide et viable. Elle explique ainsi sa démarche : « Nous, à l’UJP, on défend un conservatisme adapté aux problématiques modernes. Il ne s’agit pas de revenir en arrière, nous ne sommes pas des réactionnaires. Il s’agit juste de se battre pour conserver ce qui est bon, pour que les excès du progrès ne détruisent pas notre société et notre civilisation. Cela peut être très concret comme par exemple quand on lutte contre la GPA qui n’est qu’une forme de marchandisation du corps des femmes, ou quand on milite pour la préservation de notre identité, notamment à travers la promotion de la langue française ou encore le développement et la préservation de nos territoires via le produire et le consommer local. » Elle ajoute : « Le but est de faire appel aux valeurs traditionnelles pour mieux se tourner vers le présent et être dans une démarche constructive pour l’avenir. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi la droite ne se saisit pas de l’écologie. C’est très clairement une idée conservatrice que de préserver la nature et de développer le lien social en rapport avec elle. »

Pour Gaspard Loubaton, le conservatisme doit être défendue et promue à droite car il a le mérite d’apporter un vrai cadre à cette famille politique qui est de plus en plus dépourvue de repères. Il le dit très bien : « Le conservatisme fixe un cadre qui évite un certain nombre d’excès, notamment sur les questions sociétales et culturelles, et qui empêche la dérive du politiquement correct. Pendant longtemps, nous nous sommes couchés devant la gauche, et la droite s’y est plié. Il manquait une charpente solide à droite. Or, le conservatisme peut, du bonapartisme au légitimisme, rassembler tous les courants historiques de la droite. » D’où l’importance, comme le rappelle Sabrina Arnal que « le conservatisme ne soit pas représenté par une force particulière, mais qu’il rentre dans les consciences pour se diffuser dans l’ensemble des mouvements et des partis politiques, même de gauche. »

En finir avec la caricature du conservatisme
Il est par conséquent essentiel, comme le rappelle Gaspard Loubaton, que le conservatisme se répande dans tous les pans de la société, notamment à l’école, à l’université ou encore dans les médias. Il l’affirme sans ambages : « Il est fondamental que les idées conservatrices se diffusent partout, aussi bien dans les amphithéâtres que dans les rédactions des grands journaux. Pour cela, il faut absolument faire émerger des ressources au sein desquelles nous pourrions piocher pour défendre ces idées. C’est pour cela que je travaille avec Francisque Pays sur un site internet qui devrait sortir au mois de septembre et dont le but sera de déterrer les grandes figures du conservatisme afin de donner aux gens de la matière pour promouvoir ce courant de pensée. »

Alors oui, à l’heure où la société française traverse une crise sans précédent, il apparaît comme essentiel que le conservatisme, largement porté par une partie de la jeunesse, soit envisagé comme une voie susceptible de soulager les maux d’un peuple en mal de repères. Comme l’affirme très bien Baptiste Laroche : « Le conservatisme est une chance extraordinaire puisqu’il permet de réaffirmer le primat de l’homme en politique et dans la société et de transformer le citoyen en un acteur responsable de son passé mais également de son destin. » Par conséquent, il est plus que jamais fondamental d’en finir avec les caricatures qui touchent ce courant de pensée et de tout faire pour tenter de lui offrir une traduction dans le champ politique afin de proposer aux Français des solutions efficaces pour résoudre leurs problèmes. François-Xavier Bellamy et Marion Maréchal ont commencé à le faire ; à nous, désormais, de poursuivre cet élan salvateur pour notre avenir. Nous ne pouvons en effet pas laisser les Français démunis face à un bloc pseudo-progressiste qui est en train de briser les structures traditionnelles de la société française sur l’autel d’une idéologie profondément perverse et irrespectueuse de ce que nous sommes. C’est pour cela qu’il est aujourd’hui fondamental de travailler à une alternative moderne et crédible autour des valeurs et des principes du conservatisme afin d’élaborer un vrai projet au service de ce que nous avons de plus précieux, c’est-à-dire l’homme aussi bien dans sa dimension historique, politique, sociale, culturelle que spirituelle.


Dernière édition par Florage le Mer 17 Juil - 7:03, édité 4 fois

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'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore) Empty Re: 'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore)

Message par Invité Jeu 11 Juil - 6:06

2. ENTRE LA DROITE CONSERVATRICE ET LE PROGRESSISME DE MACRON
un socle commun de valeurs françaises et catholiques traditionnelles
Patlotch a écrit:quelques articles pour cerner le néo-conformisme, qui n'est pas toujours ou seulement "néo" on le verra et recoupe les valeurs traditionnelles catholiques. Dans l'esprit du sujet (Structure of Feeling) il aurait fallu en rester au niveau le moins politique de son expression, ce qui n'est pas facile puisque, relayée par les médias, il s'agit le plus souvent de formulation collective par des associations et groupes intervenant dans le champ politique et plus ou moins liés à des partis. L'idéal serait des enquêtes d'opinion à partir des individus indépendamment d'engagements militants d'une part, et d'autre part de distinguer le portage religieux des "valeurs" du conservatisme de son attirance chez des personnes non croyantes ou pratiquantes

Sens commun est par excellence une organisation politique de la droite conservatrice, affiliée au Républicains. On peut considérer a priori qu'elle retient tout ce qui s'oppose au socle "progressiste" du programme de Macron dans le domaine sociétal et des mœurs, emprunté à la gauche, alors que leurs programmes économique et social sont eux fondamentalement fort proches. C'est la droite filloniste mais jusque-là pas prête à s'allier au RN

Sens Commun s'est opposé à la loi de 2013 autorisant le mariage aux couples du même sexe, déclare promouvoir la « famille traditionnelle » sans se réclamer explicitement d’un courant religieux, bien qu'il réunisse, de fait, une partie de la droite catholique attachée aux valeurs sociales chrétiennes. Sens commun souhaite la fin du délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse, « réserver l'adoption aux couples homme-femme », et s’oppose à la procréation médicalement assistée (PMA) et à la gestation pour autrui (GPA). Il veut également « faire de la réduction du nombre d'avortements une grande cause nationale ».

Dans le domaine de l'enseignement, Sens commun plaide pour « garantir la liberté pédagogique des établissements hors-contrat » ainsi que la suppression de l'apprentissage des « langues d'origine »pour ne pas prendre le risque de favoriser le développement du communautarisme, dans le souci de l'unité du pays.

En ce qui concerne l'immigration, Sens commun est favorable à un durcissement des conditions d'accès à la nationalité française et à la suppression du droit du sol.

Wikipédia Sens commun
Le manifeste du conservatisme : la droite sera conservatrice ou elle disparaîtra
Laurence Trochu Valeurs actuelles 1 juin 2019

'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore) 000_1DO4SC
Laurent Trochu. Photo :copyright: AFP
Laurence Trochu est philosophe, présidente du mouvement conservateur Sens Commun et conseillère départementale des Yvelines.
Depuis le soir des élections européennes, nous assistons au spectacle affligeant du concours Lépine des idées baroques, trahisons éclairs et reniements en cascade chez les Républicains. La droite s’est effondrée, et avec elle, le vernis superficiel qui tenait encore ceux qui aspiraient à se partager un gâteau devenu trop petit pour satisfaire tous les appétits.

Lorsque nous avons créé Sens Commun, en 2013, nous avons alerté sur la décomposition doctrinale d’une Droite contrainte au grand écart par son obsession du consensus. Nous avons été critiqués, caricaturés et nous avons parfois suscité la défiance d’élus qui ne comprenaient pas que de simples militants décident de s’organiser à leurs côtés, libres, pour rappeler ce qu’est « La Droite Que Nous Voulons ».

Comme l’immense majorité des électeurs de droite, nous ne « roulons » ni pour Valérie Pécresse, ni pour Laurent Wauquiez, ni pour Nicolas Sarkozy, ni pour Xavier Bertrand, ni pour Gérard Larcher, ni même pour Geoffroy Didier ou Guillaume Peltier. Nos 250 élus servent la France, avec la conscience de la responsabilité historique portée par la droite pour défendre notre avenir commun, notre héritage et notre liberté.

Nous appelons la droite à renouer avec la pensée, avant même les catalogues d’idées. Le débat politique ne peut être condamné à des interpellations médiatiques dont la médiocrité le dispute à la bassesse, pour terminer dans le reniement et l’ignominie.  

Face à ce spectacle déshonorant, nous avons décidé de lancer cet appel à tous les Français réellement et sincèrement amoureux de la France.
Pour l’amour de la France et de notre civilisation, conserver ce qui vaut et réformer ce qu’il faut, voilà notre ligne de pensée et d’action.

Nous appelons à assumer un regard conservateur sur l’écologie. Nous sommes responsables du monde que nous laisserons à nos enfants. L’écologie est un sujet trop sérieux pour être confié aux idéologues aveuglés par la folie absurde des éoliennes. C’est un sujet trop grave pour l’abandonner aux effets d’annonce de ceux qui organisent des sommets, des Grenelle ou des états généraux sans jamais agir pour infléchir cette mondialisation devenue folle, qui achemine des cargos ultra polluants de l’autre bout du monde pour importer des marchandises qu’on interdit à nos chômeurs de produire. Nous défendons le bioconservatisme qui protège et unit, au lieu de les opposer, l’homme et la nature dans le respect de leurs besoins et de leurs interactions.

Nous appelons à assumer un regard conservateur sur l’économie pour dénoncer la dérive d’un capitalisme financier qui détruit peu à peu l’économie réelle, et pour réhabiliter l’économie de marché et le travail comme création réelle de richesse. Il n’y a pas d’efficacité économique et sociale sans confiance, sans éthique collective pour sous tendre les relations entre les acteurs économiques, sans sentiment d’appartenance à la communauté nationale. Préserver la liberté d’entreprendre est la condition première pour appréhender l’avenir avec audace et faire rayonner le génie français dans le monde. Nous devons relever le défi de la libération des forces vives de notre pays en allégeant drastiquement les charges qui pèsent sur le travail et en recentrant l’Etat sur ses missions régaliennes aujourd’hui sacrifiées.

Nous appelons à assumer un regard conservateur sur notre démocratie pour que l’aspiration à l’égalité ne devienne jamais ce renoncement à la liberté qu’annonçait Tocqueville et qui conduit au désengagement des citoyens. C’est l’échelon municipal, celui des libertés locales, au plus près des préoccupations de chacun, qui doit être soutenu pour que les maires retrouvent leur pouvoir de décision et que s’exerce une véritable subsidiarité. La droite doit redevenir ce parti de la liberté de conscience, de la défense de la laïcité et du refus du communautarisme partout sur le territoire. Pour que nous puissions dire « nous » en parlant de la France et que la restauration de l’autorité de l’Etat ne se fasse pas au détriment des libertés locales.

Nous appelons à assumer un regard conservateur sur l’éducation. Au-delà du renforcement du socle fondamental, il devient urgent de réhabiliter la pensée contre le piège du matérialisme et de réaffirmer notre héritage culturel contre la dictature du relativisme. Mettre fin à la dérive inégalitaire du système éducatif français créé par l’idéologie égalitariste et le nivellement par le bas, préparer les générations à venir à relever les défis immenses qui se présenteront à elle, notamment en termes de dignité de la personne et de responsabilité individuelle et collective, c’est le grand défi à relever!

Nous appelons à assumer un regard conservateur sur la famille, cellule fondatrice de la société, premier et ultime espace de solidarité. parce qu’une politique familiale soucieuse de la solidarité inter générationnelle ne peut pas être réduite à une politique sociale. De la naissance au dernier souffle, le conservateur s’honore de refuser l’élargissement sans fin de la société de consommation, faisant de l’être humain un objet de commercialisation.

Nous appelons à assumer un regard conservateur sur notre patrie. Parce qu’il n’y a plus de communauté nationale sans nation, parce qu’il n’y a plus de pacte social hors des limites de nos frontières, nous refusons la dilution de la France dans la mondialisation et sa transformation en start-up nation sans racines ni vocation au-delà du simple critère de PIB. Si la France doit être à l’avant garde des transformations qui s’annoncent, de la nouvelle économie à l’intelligence artificielle, elle se doit de toujours questionner le sens du « progrès ». De même, si elle doit elle jouer un rôle dans la solidarité internationale, c’est celui de l’aide au développement pour éviter les drames qui provoquent les flux migratoires et leurs terribles conséquences sans fin.

Nous appelons à retrouver ce regard conservateur pour que, loin des querelles intestines, la droite redevienne une famille politique qui se met au service du bien commun, de l’amour de la France et des Français.

Être conservateur en France aujourd’hui, c’est allier l’audace et la protection, la recherche de la réussite et le souci de tous et de chacun, la volonté de croissance et le respect de la nature. C’est la volonté de construire une société durable basée sur l’amour de la France, de l’Europe et de notre civilisation. Ce sont les trésors qui nous garderont des menaces totalitaires qui grandissent au delà de nos frontières comme au cœur de notre société

Recevoir, enrichir, transmettre : Nous appelons tous ceux qui veulent poser un regard conservateur sur la France à participer à ce Mouvement Conservateur, initié par Sens Commun en 2018 et qui désormais réunit tous ceux qui travaillent à la reconstruction d’une droite affranchie des critères de respectabilité édictés par le progressisme. « Il suffit, nous dit Mauriac, d’un petit nombre d’esprits fidèles pour que le lien soit maintenu » Soyons déterminés aujourd’hui et de plus en plus nombreux des demain.
Patlotch a écrit:François Mauriac, c'est une des références littéraires d'Emmanuel Macron, qu'il a lu sur les conseils de sa grand-mère, comme Molière, Racine, La Fontaine, Giraudoux, Camus... On voit par conséquent que la personnalité du chef de l'État, dans le domaine de la culture, tranche complètement avec les références laïques, athées et républicaines préférées de la gauche, ce qui participe du fait qu'il ait pu être l'homme de la situation pour entériner politiquement la fin du clivage droite-gauche autour de deux grands partis et leurs alliés. Cela confirme ce que j'écrivais en introduction : le "progressisme" de Macron critiqué par la droite se revendiquant conservatrice ne serait lui-même pas exempt de valeurs conservatrices. On est même à cent lieues des Chrétiens de gauche tels que ceux proches du PCF davantage que d'un PS bouffe-curés. En même temps, c'était un fort atout pour se rallier, comme on l'a vu accentué aux élections européennes, la grande bourgeoisie française. Aujourd'hui, Macron remonte selon les enquêtes dans l'électorat filloniste. Tout est pardonné...
Macron, un président qui murmure à l’oreille des catholiques
Benoît Collombat France Inter 19 mai 2018

'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore) 640_000_13v0mo
9 avril 2018, au collège cistercien des Bernardins à Paris
© AFP, Ludovic Marin, POOL
Aux Bernardins, Emmanuel Macron émaille son discours de de nombreuses références à des auteurs et penseurs de toutes les sensibilités catholiques, de tous bords. Une vingtaine de références, de François Mauriac, Maurice Clavel en passant par la philosophe Simone Weil. "Cela a fait sourire certains, parce qu’à ce stade on peut parler de "name dropping" [procédé consistant à citer des noms connu]. Cela donne le sentiment qu'il a voulu donner des gages et prouver la qualité et l'ampleur de ses références intellectuelles chrétiennes en citant un maximum de noms, analyse le journaliste de La Croix, Gauthier Vaillant. Il a essayé de s'adresser à toutes les sensibilités, de droite comme de gauche."

Le président de la République fait également allusion à son propre parcours dans ce discours. "Je me fais une haute idée des catholiques, pour des raisons biographiques, personnelles et intellectuelles." En effet, Emmanuel Macron, dont on dit qu’il est agnostique, a baigné dans un environnement catholique. Baptisé à 12 ans à sa demande, il effectue la majeure partie de ses études secondaire une école jésuite. Bien plus tard, entre 2010 et 2017, il intègre le comité de rédaction de la revue Esprit, "qui évoque souvent les religions, et considère cela comme 'un sujet important', selon Jean-Louis Schlegel, qui dirige la rédaction.
Patlotch a écrit:il n'est pas anodin de constater que ce discours présidentiel a été prononcé à quelques semaines de l'anniversaire de Mai 68, et que la teneur en est inimaginable dans la bouche de Chirac ou même de Sarkozy. Je pense que c'est lié à un renversement de l'idéologie dominante sur le versant des convictions culturelles et relatives aux mœurs, dans le même temps où, real politique et pragmatisme dans la crise, l'écart se réduit entre les programmes économiques, politiques et policiers des "conservateurs" et des "progressistes"

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Message par Invité Jeu 11 Juil - 19:01

7:27, complété

1. LE NÉO-CONSERVATISME comme concept théorique DE CONSERVE AVEC LE PROGRESSISME
Introduction
2. ENTRE LA DROITE CONSERVATRICE ET LE PROGRESSISME DE MACRON
un socle commun de valeurs françaises et catholiques traditionnelles
3. LES GILETS JAUNES ET LE CONSERVATISME
4. "NOUVEAUX CONSERVATEURS" ? DES NOMS !


3. LES GILETS JAUNES ET LE CONSERVATISME

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Patlotch a écrit:j'ai écrit en introduction que mon objectif est de valider l'hypothèse de ce courant d'idées comme imprégnant l'idéologie dominante actuelle et traversant tous les courants de pensée et clivages politiques, jusque dans les formes et contenus des luttes, et relevé que le "c'était mieux avant" n'avait pas manqué d'imprégner le mouvement des Gilets Jaunes dans la nostalgie d'un passé perdu quelque part entre la Révolution française et les Trente Glorieuses d'arrières pépés et mémés

dans mon fil d'analyse LES LUTTES EN FRANCE vers la restructuration politique (Gilets jaunes), j'ai vu, du point de vue politique, une dynamique essentiellement nationale populaire qui recoupe bien davantage que le progressisme macronien ou l'internationalisme de l'extrême-gauche les tendances protectionnistes et anti-européennes de droite ou de gauche (Mélenchon) avec les inflexions que laissait espérer une majorité de ce type en Europe. C'est très sensible face à la question migratoire

je ne me suis pas penché sur les dimensions moins politiques du mouvement, parce qu'au fond nonobstant son apolitisme proclamé et son rejet des partis, il fut fondamentalement revendicatif et politique en creux (voir la première partie avec ou sans GILETS JAUNES, couleurs d'une colère sociale) y compris par le refuge dans l'abstention qui ne peut être analysée comme un rejet de la démocratie politique, preuve par l'exigence largement partagée du référendum d'initiative citoyenne, le RIC. Le reste est littérature gauchiste prenant ses fantasmes pour la réalité

il faudrait là refaire une enquête sur l'expression à la base des Gilets Jaunes pour y repérer cette troisième dimension sociétale et culturelle, par exemple en analysant les mots d'ordre et inscriptions sur les gilets et en relisant les interviews "de terrain"

en attendant, voici quelques repères tirés de divers articles trouvés en cherchant à gilets jaunes conservatisme

là encore, risque d'un biais, puisque cet article provient d'« un « think tank » ayant pour objet de produire, de développer et de diffuser des idées conservatrices afin de nourrir la réflexion de tous ceux qui se réclament de cette orientation, et de participer ainsi à la reconstruction d’une doctrine de la droite. » et sa conclusion, les propositions de la Fondation du Pont-Neuf, c'est 2 - La nécessité de réponses conservatrices. selon « trois axes, le premier social, redonner confiance dans le travail et dans le fruit du travail, le deuxième politique, redonner confiance dans la politique, le troisième identitaire, redonner confiance dans la nation. » Dit comme ça, on ne voit pas ce qui pourrait gêner Macron qui en a fait ses chevaux de bataille, et d'une certaine façon put retourner le mouvement à son profit, ce qui est peu visible dans la dernière période, de mars à juillet, puisque le gros des manifestants s'était retiré et ne s'exprimaient plus que des militants projetant sur sa signification leurs mots d'ordre politiques, avec une relative discrétion plutôt habile de l'extrême-droite comparée aux gros sabots de La France Insoumise et des gauchistes en tous genres y compris les plus radicaux prenant leur agitation pour le sens de l'histoire

extraits
III – Un populisme conservateur ?

1 – Un mouvement populiste.

Poser la question de savoir si les « Gilets jaunes » sont un populisme conduit à se demander ce l’on met derrière un terme de peuple qui a une triple dimension : il peut avoir une dimension sociale, assimilé alors à la notion de plèbe, la plebs latine, une dimension politique ensuite, autour de la notion de citoyenneté, le peuple étant alors ce demos indispensable en démocratie, une dimension enfin d’ensemble culturellement homogène qui renvoie cette fois à l’ethnos. Or ce phénomène des « Gilets jaunes » relève bien de ces trois conceptions, ce qui en fait sans doute le mouvement « populiste » par excellence dans la France de 2018.

Relève ainsi de la dimension plébéienne, par exemple, la volonté de lutter contre des différences sociales qui conduiraient à un écart économique trop important entre la base de la société et son sommet. En relèveraient tout autant les éléments qui traduisent en creux le discrédit de la classe politique et, de manière plus large, nous l’avons dit, de tous les corps intermédiaires, dans ces revendications où l’on ne fait jamais mention ni des partis politiques, ni des syndicats, ni des collectivités territoriales.

Ce qui conduit à la dimension démocratique : référendums populaires organisés de manière régulière, place de la proportionnelle dans les élections, on voit bien que la « sécession sur l’Aventin » des « Gilets jaunes » ne vise pas à la nomination de nouveaux « tribuns de la plèbe » qui échapperaient rapidement à leurs commettants, mais à l’institutionnalisation d’éléments de démocratie directe.

On pourrait placer aussi ici la prise en compte d’objectifs ou de cadres de l’action étatique, avec, on l’a vu, le renforcement des fonctions régaliennes et des services y afférant, mais encore, dans une approche typiquement française, celui des services publics dans les secteurs clefs de l’énergie ou des transports, ou les points eux aussi importants qui concernent l’organisation du territoire ou la protection de l’environnement

On ne saurait enfin faire l’impasse sur la dimension identitaire qui fait partie des revendications des « Gilets jaunes ». La défense des valeurs communautaires passe pour eux par la solidarité transgénérationnelle du régime des retraites, ou le maintien d’une protection sociale qui permette au plus démunis de vivre dignement, mais il est clairement entendu que cette solidarité se pense au sein d’un groupe auquel on ne peut appartenir par sa seule présence, même légale, sur un territoire.

2 – Un conservatisme.

Populisme donc, mais populisme conservateur, car ces revendications, portées par des éléments politiquement très dissemblables au sein d’un mouvement où le militant du Rassemblement National côtoie celui de La France Insoumise, au milieu de milliers d’autres pas ou peu politisés, ne peuvent trouver satisfaction que dans un certain conservatisme, ce qui fait de ces « Gilets jaunes » le mouvement spontané les plus opposé au « progressisme » qu’entend incarner Emmanuel Macron.

On pourrait, pour caractériser ce conservatisme, prendre des exemples tirés de l’histoire. C’est ainsi, par exemple, que les revendications en termes de revenu minimum ne sont pas sans rappeler ce « juste salaire » que l’on trouve dans la doctrine sociale de l’Église et qui s’exprima dans les lois proposées sous la Troisième République par des députés monarchistes et corporatistes. Un « juste salaire » qui permet à l’individu qui travaille de vivre et de faire vivre le siens dans des conditions dignes, de pouvoir économiser assez pour devenir, dans un délai normal, propriétaire de son logement, et de mettre de côté tout autant pour faire face aux accidents de la vie que pour préparer sa retraite. Autant d’éléments qui n’existent pas quand un seul salaire ne suffit plus pour faire vivre une famille, quand nombre de Français, quand bien même s’endetteraient-ils toute leur vie, ne peuvent devenir propriétaires de leur logement, et quand des enfants seront peut-être obligatoirement mis à contribution pour permettre à leurs parents de terminer leurs jours dans un minimum de dignité.

Conservatrice aussi leur approche de la communauté justifiant leur consentement à l’impôt. Examinant leurs revendications, nombre de commentateurs croient voir une contradiction entre deux axes : les « Gilets jaunes », d’une part, souhaitent voir maintenus des avantages sociaux (la retraite à 60 ans, un régime de Sécurité sociale unifié, des aides dans les domaines du logement et de l’éducation…), tout en voulant, d’autre part, payer moins d’impôts et/ou de taxes. Ce n’est pourtant pas de payer des impôts qui les dérange, car ils ont bien conscience que, demandant une protection, ils doivent payer cette dernière. Mais encore faut-il que l’impôt ainsi prélevé serve, sinon exclusivement, au moins de manière prioritaire, le groupe social national envers lequel doit s’exprimer cette solidarité financière.

Ce qu’ils refusent c’est de payer des impôts de manière inéquitable, et l’on trouve dans leurs revendications tous les éléments qui permettraient, selon eux de rétablir l’équité souhaitée : la lutte contre « l’optimisation fiscale » des grosses multinationales ou la pure et simple fraude fiscale d’autres contribuables ; une meilleure progressivité de l’impôt ; le refus des délocalisations ou celui du travail détaché ; et la lutte contre l’immigration illégale. Bref, les « Gilets jaunes »  souhaitent que la richesse qu’ils produisent – car, on l’a dit, il s’agit d’un mouvement de gens qui ont un emploi – ne finisse ni en dividendes pour les spéculateurs de fonds de pension étrangers et quelques milliardaires, ni en aides à des populations illégalement présentes sur le territoire. Et c’est tout le problème du « consentement à l’impôt », qui n’est vraiment supportable que s’il existe une « fraternité » entre celui qui contribue et celui qui en bénéficie.

Plus globalement enfin, dans un état d’esprit conservateur qui a toujours détesté la notion de « table rase » comme les constructions idéologiques détachées de la réalité, il est clair que les « Gilets jaunes » s’opposent à la révolution imposée par les « sachants », à cette disparition programmée de structures comme la famille ou de concepts comme l’autorité, et à ce monde orwellien où il devient interdit de simplement décrire ce que l’on voit.

Au fond, ce que voudraient ces Français que l’on force à vivre dans un monde dont ils ne veulent pas, et à juste titre, et qui ne comprennent pas pourquoi ils ne méritent plus qu’insultes et mépris, c’est tout simplement perdurer dans leur être et conserver les cadres dont ils ont hérité. Car les « Gilets jaunes » veulent avant tout être reconnus pour ce qu’ils sont : des héritiers, héritiers de droits mais aussi de devoirs envers le monde qui leur a permis de devenir ce qu’ils sont. Les héritiers de ceux qui ont construit ce pays et fait sa richesse, et qui, comme tels, y ont effectivement un droit. Les héritiers d’un monde, avec sa culture et ses traditions, qui n’a pas mérité d’être décrié, moqué, raillé et insulté dans les médias, ni de devoir en permanence faire repentance pour tout et n’importe quoi. Et les héritiers des fondateurs d’une démocratie captée selon eux de nos jours par une oligarchie qui les trahirait sans vergogne depuis quarante ans.

4. "NOUVEAUX CONSERVATEURS" ? DES NOMS !

'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore) 9782234083547-001-T
mars 2018
Patlotch a écrit:sans nier qu'ils puissent avoir une influence, dans l'optique du sujet il ne nous intéresse pas de repérer les plus politiques ou médiatiques des nouveaux conservateurs, les chefs de la propa. D'autres le font et ça n'enraye pas le mouvement des idées qui montent, descendent et se rencontrent comme produit d'une situation générale qui a trouvé là son idéologie de combat à tous les niveaux de la société. À titre d'exemple l'article des Inrockuptibles ci-dessous

cette dénonciation de la "droitisation des intellectuels" sur le terrain intellectuel prolonge celle en 2002 de Daniel Lindenberg dans "Le Rappel à l'ordre : enquête sur les nouveaux réactionnaires". La presse relaie ceux des "deux camps" qui s'affrontent aussi sur les chaînes de télé, et les réseaux sociaux y font échos dans des joutes la plupart du temps entre ras-des-pâquerettes et petit gratin des intellos de seconde ligne, vedettes de leurs émules qui les "follow", les "RT" et les "like" à qui mieux mieux. Ça ne nous dit pas grand chose de l'impact réel et de sa répartition sociaux-culturelle, le discours se diversifie et s'adapte

on constate des résultats au niveau électoral, mais tout le monde ne vote pas et c'est plutôt les idées des abstentionnistes qui nous intéressent en la matière ; on sent bien l'air du temps mais on mesure plutôt mal l'impact sur les mots d'ordre et le contenu des luttes, à part évidemment celles qui en relèvent explicitement, puisqu'il existe des luttes nationalistes et racistes aussi bien que le contraire, et les deux se mélangent sur le terrain des communautarismes identitaires de part et d'autre

concernant les Gilets Jaunes, j'ai lu des centaines d'inscriptions sur les gilets sans pouvoir en tirer un rapprochement catégorique, à part, côté politique, « Macron dégage » et la référence à la nation française des Gaulois-Sans-culottes, et côté revendications, celles qu'on connaît bien, les impôts, le RIC... Mais l'on s'exprime à titre individuel plus difficilement de façon publique sur les valeurs en question, la famille, les mœurs, le genre, etc. C'est réservé aux plus militants, qui n'hésitent pas devant un micro ou dans une "Manif pour tous" sous couvert de la foule, ou d'anonymat sur les réseaux sociaux, où ils se déchaînent dans leur langage fleuri... bientôt passible de poursuites ? (loi Avia sur "la haine en ligne")


Dans “Le Vieux Monde est de retour. Enquête sur les nouveaux conservateurs”, la journaliste Pascale Tournier dissèque la nouvelle génération de jeunes conservateurs.

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Rassemblement à l'appel de Civitas devant la statue de Jeanne d'Arc à Paris le 8 mai 2016
François Guillot / AFP
En 2012, ils sont descendus dans la rue pour la première fois avec la Manif pour tous. Cinq ans plus tard, ils ont grossi les rangs au meeting de la dernière chance de François Fillon, place du Trocadéro. Entre-temps, les "néo-réacs" ont réussi à former un écosystème foisonnant, décidés à imposer leur vision conservatrice du monde. Pascale Tournier, rédactrice en chef adjointe de La Vie, s’est plongée dans l’univers de ces nouveaux antimodernes, et décortique avec acuité leurs combats culturels et politiques, leurs références idéologiques mouvantes et leurs stratégies de conquête de l’opinion - à défaut, pour l'instant, de pouvoir prendre les urnes.

"Pays réel" contre "start-up nation"


Sortis de l’ombre à l’occasion du débat sur le mariage pour tous, "ces conservateurs à la française s’accordent à peu près tous sur un projet qui tourne autour de l’idée de limite. Ils demandent des repères dans le temps et dans l’espace", écrit Pascale Tournier. À la "start-up nation" d’Emmanuel Macron, ils répondent "enracinement" et "pays réel". Leurs figures de proue médiatiques s’appellent Alexandre Devecchio, Charlotte d’Ornella et Eugénie Bastié, à qui l’on doit la formule "le vieux monde est de retour", prononcée face à Jacques Attali sur le plateau de Ce soir ou jamais en 2015. On retrouve aussi le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté, le maire adjoint de Versailles François-Xavier Bellamy ou l'essayiste Natacha Polony.



Ils s’opposent au progressisme, au libéralisme et au multiculturalisme ; dénoncent "l’individualisme contemporain", la "théorie du genre" et n’hésitent pas à brouiller les lignes entre droite traditionnelle et extrême-droite. Orphelins politiquement après la défaite de leur poulain François Fillon, ils ont mènent la bataille culturelle théorisée par le philosophe Antonio Gramsci.

“La dynamique du conservatisme actuel repose sur toute une jeunesse décomplexée, qui a grandi après la chute du mur de Berlin”, analyse Pascale Tournier.

Comment les reconnaître ? Tout d’abord par leur verbe. Ceux qui refusent l’appellation de "réactionnaires" déploient une rhétorique inspirée de la philosophie chrétienne. Ils font appel à l’anthropologie pour justifier leur opposition au mariage pour tous, à la PMA ouverte à toutes les femmes et au transhumanisme. Dans leurs bouches, les courants de pensée modernes (écologie, féminisme) sont accompagnés de l’adjectif "intégral". À la défense de la chose publique, ils opposent celle du "bien commun", plus spirituel, et préfère le terme "personne" à celui d’individu, symbole des maux de la société moderne. Enfin, ils chérissent l’"enracinement" théorisé par la philosophe Simone Weil et repris pendant la campagne présidentielle par François Fillon, Marine Le Pen et même Emmanuel Macron.

Héritiers cathos de Finkielkraut et Zemmour

Comme le décrit la journaliste de l’hebdomadaire chrétien La Vie, l’un des points communs de cette nouvelle génération est d'être catholique. Au sein de cette mouvance, la foi se brandit ouvertement, elle est la clé de leur compréhension du monde. Mais au-delà de leur appartenance religieuse, ces trentenaires et quarantaines antimodernes sont d’autant plus difficiles à saisir qu’ils investissent chacun des champs différents, de l’écologie au féminisme, en passant par l’éducation, l’identité et la lutte contre l’islamisme.

Pascale Tournier identifie plusieurs courants de pensée qui possèdent chacun leur propre média : les "bioconservateurs" de la revue d’ "écologie intégrale" Limite, les "anarchrists" de L’Incorrect, nouveau magazine de la "droite hors les murs", les catholiques identitaires du site Le Salon beige ou encore les antipédagogistes, pourfendeurs de l’ex-ministre de l’Education Nationale Najat Vallaud-Belkacem. Les conservateurs s’attaquent à tous les thèmes, si ce n’est l’économie : l’angle mort de leur pensée.

Autre particularité des descendants d’Éric Zemmour, Alain Finkielkraut et Élisabeth Lévy : ces lecteurs assidus du FigaroVox, de Causeur ou Valeurs Actuelles n’hésitent pas à piocher du grain à moudre idéologique de part et d’autre du spectre politique. Parmi leurs auteurs de référence, on trouve Jean-Claude Michéa, Pascal Bruckner, l’incontournable Patrick Buisson, "mauvais génie" de Nicolas Sarkozy, mais aussi Michel Houellebecq, Marcel Gauchet, ou encore Antoine de Saint-Exupéry et George Orwell.

Retour en force de l’Action Française

Ce bagage idéologique leur est notamment enseigné à l’Institut de Formation Politique (IFP), dans le XVIe arrondissement de Paris, "devenu le point de passage incontournable pour toute une génération d’activistes de droite". Même Marion Maréchal-Le Pen, leur favorite, y a suivi un cursus sur la "sortie de l’euro". [c'était avant qu'elle n'ouvre l'ISSEP à Lyon] Plus inquiétant, l’auteure note un "retour en force" de l’Action française, passée de 1 000 à 3 000 membres, dont d’anciens étudiants de l’IFP venus "affiner" leur pensée chez les héritiers de Charles Maurras. "L’Action Française est une force intellectuelle qui continue d’exister depuis plus d’un siècle avec un corpus solide", pointe le politologue Jean-Yves Camus dans Le Vieux Monde est de retour. Hasard du calendrier : le 20 avril 2018 marque le 150e anniversaire de Charles Maurras, fer de lance de l’Action Française...

À l’heure des célébrations du cinquantenaire de Mai-68, ces penseurs anti-soixantehuitards féroces sont plus forts que jamais mais pâtissent de l'absence d'un leader politique. "Contre-pouvoir" en devenir, selon Pascale Tournier, on risque de voir à nouveau les néo-conservateurs battre le pavé à l'occasion de la révision des lois bioéthiques cet été.
Patlotch a écrit:tout ce discours, qui rejoint sur le mode soft de gauche antifasciste celui de l'extrême-gauche ou la manière plus rude des antifas, ne fait qu'alimenter électoralement, in fine, le rempart "progressiste" de Macron contre le RN. Il n'y a qu'à voir la panique des mêmes progressistes humanistes de gauche quand se rapprochent les dates des scrutins

avec tout ça, on n'a pas beaucoup avancé, enfoncé quelques portes ouvertes avec la conviction que le concept, marxiste chez Raymond Williams, de "Structure of Feeling" est un peu plus solide et fécond que la "biopolitique" de Foucault et même les grandes démonstrations conceptuelles entre l'hégémonie de Gramsci et les "appareils idéologiques d'État" d'Althusser, en retard d'un train tout simplement parce qu'attaché à la Dictature (d'État) du prolétariat. Pour le démontrer il faudrait un travail bien plus approfondi que les présentes réflexions

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Message par Invité Ven 12 Juil - 19:13

1. LE NÉO-CONSERVATISME comme concept théorique DE CONSERVE AVEC LE PROGRESSISME
Introduction
2. ENTRE LA DROITE CONSERVATRICE ET LE PROGRESSISME DE MACRON
un socle commun de valeurs françaises et catholiques traditionnelles
3. LES GILETS JAUNES ET LE CONSERVATISME
4. "NOUVEAUX CONSERVATEURS" ? DES NOMS !

5. LE "BON SENS POPULAIRE", CIMENT DE LA RENCONTRE
ENTRE IDÉOLOGIE POLITIQUE ET MOBILISATION DES MASSE

Patlotch a écrit:un dernier épisode avant de poser des questions plus théoriques sur l'idée de la rencontre entre des idées produites par une élite intellectuelle de penseurs et philosophes essayistes et "s'emparant de masses" à qui viennent de fait les mêmes dans un langage et des pratiques différentes, avec tous les intermédiaires de passeurs entre ce haut et ce bas, politiques et médiatiques propagandistes ou militants dans la rue ou sur Internet

ce qui se passe avec le néo-conformisme dans ce type de rencontre en rien "aléatoire" (Althusser) puisque produit de rapports sociaux et sociétaux en mouvement, questionne la vision de l'"intellectuel organique" selon Gramsci et son concept d'hégémonie, mais on le voit avec quelque chose de plus réaliste que la thèse de 'Théorie Communiste' d'une montée d'un contenu révolutionnaire depuis des "luttes théoriciennes" que le théoricien de la communisation, en retrait modeste, ne ferait que mettre en forme dans le langage conceptuel. Dans ces termes, des luttes telles que celles des Gilets Jaunes pourraient bien davantage, par leur dynamique dans le contexte actuel sans aucune perspective révolutionnaire, être vues comme les luttes théoriciennes du néo-conservatisme idéologique et politique
5. LE "BON SENS POPULAIRE", CIMENT DE LA RENCONTRE
ENTRE IDÉOLOGIE POLITIQUE ET MOBILISATION DES MASSES
Patlotch a écrit:j'ai posé en introduction le néo-conservatisme comme relevant d'une tendance mondiale mais sans entrer dans les différences et décalages entre le conservatisme américain (ou anglo-saxon) et l'européen de l'Ouest notamment, dont il faudrait encore distinguer celui de Poutine à l'Est et les formes en Europe centrale

j'importe un article du Figaro qui a quelques références historiques et philosophiques utiles, mais sur lesquelles je ne m'arrêterai pas. On pourra se reporter aussi à une interview de Jean-Pierre Le Goff par la revue Politique Autrement en 2014 : Contre la déculturation et la fuite en avant, "Comment être à la fois conservateur, moderne et social" où il développe l'idée que « Le gauchisme culturel s’oppose au conservatisme qu’il assimile à la réaction et à l’extrême droite de façon des plus caricaturales », assimilation que j'ai pointée plus haut, à tel point qu'avec les normes de sa compréhension des choses qui changent, le gauchisme ne change pas de dogme et que, pris au pied de la lettre, le plus "conservateur", c'est encore lui

cet article, écrit il y a un an, permet d'une part de mesurer combien les choses vont vite en France dans le rapprochement des perspectives politiques du néo-conservatisme, et d'autre part comporte des passages quasi prémonitoires concernant ce qu'on doit bien nommer le conservatisme nostalgique du mouvement des Gilets jaunes (voir les épisodes précédents). Ce qui est intéressant du point de vue de la "Structure of Feeling", et qui à mon avis peut faire le succès populaire du conservatisme politique, c'est justement sa capacité à récupérer le "bon sens près de chez vous"... et du rond-point

on est assez loin des rêves de Temps Critiques dans leur dernier billet Actions autour du 14 juillet où ils positivent le citoyennisme des Gilets Jaunes en référence à la Révolution française, et voient la possibilité d'une « perspective universaliste [pouvant] acquérir une portée politique générale et non pas par un recours à des groupes et identités qui devraient se coaguler dans leurs différences. » Ils avaient déjà avancé un tel délire à propos de la manifestation organisée le 11 janvier 2015 par le gouvernement Hollande au lendemain des attentats parisiens, prélude à une accentuation de ce que j'appelais l'Idéologie française. Car bien entendu, il n'est pas question, avec les drapeaux tricolores des Gilets Jaunes, d'identité nationale...


Sébastien Laye croit déceler l'apparition d'une nouvelle génération de conservateurs, qui ont abandonné l'universalisme et les valeurs traditionnelles pour mieux dénoncer les postures morales de leurs adversaires intellectuels.

Ancien élève d'HEC et de Sciences Po Paris, Sébastien Laye est entrepreneur, directeur associé de Conquest et chercheur associé à l'Institut Thomas More.

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TIMOTHY A. CLARY/AFP
Un conservatisme post-moderne: voilà bien une expression oxymorique que d'aucuns voueraient aux gémonies dans les cercles conservateurs français !

Celui qui observe le monde plutôt que de juger dans sa tour d'ivoire constructiviste, pourrait cependant en déceler les signes dans des mouvements sociaux ou politiques, que du point de vue de la science politique, certains qualifieraient de libéraux populistes ou libéraux souverainistes. Récemment aux États-Unis, Matt Mac Manus, de l'Université de Monterey, s'est essayé à tenter de circonscrire ce renouveau du courant conservateur sous une forme post-moderne. Car à dire le vrai, les deux termes - conservatisme et post modernité - ont longtemps été considérés comme antinomiques.

Le post-modernisme, en remettant en cause les grandes masses de granite de l'âge moderne de la raison, s'attaque aussi aux grands discours universalistes.

Au-delà des divagations conceptuelles, la post-modernité peut se définir (en suivant ici l'œuvre de Michel Maffesoli plutôt que d'évoquer Baudrillard) autour d'un triptyque ou d'un basculement autour de trois notions qui dominaient les temps modernes et s'effacent progressivement depuis quarante ans. La première valeur cardinale est celle du Travail classique, salarié, qui cède le pas à l'acte créatif, l'entrepreneuriat, le travail indépendant, le contractuel, voire l'activité artistique. Le salariat n'est plus la pierre angulaire du système de production. La seconde notion battue en brèche par la post-modernité est la Raison pure, au sens kantien du terme, et le positivisme de Comte qui y était associé en France: la raison cartésienne est supplantée par la raison sensible, l'imagination, le règne des émotions également. Le Corps mais aussi le Spirituel refont leur apparition, sans nier la Raison, mais en la replaçant à sa juste valeur. Enfin, dernière notion mais non des moindres, le mythe béat et naïf du Progrès et du progressisme s'écroule sous nos yeux: Péguy, l'enracinement de Weil, la dimension dionysiaque et chtonienne d'une écosophie pratique, nous ramènent à nos racines comme un besoin irrépressible que nous redécouvrons: la flèche toute droite de Teillard de Chardin vers un point Oméga est détrônée par l'archétype de la spirale ; la spirale avance bien, le progrès scientifique est toujours en marche, mais il redécouvre sans cesse la Tradition pour mieux avancer. C'est l'enracinement dynamique qui forge l'éveil citoyen. Cette évolution remet en cause la bien-pensance de notre époque au profit d'une nouvelle sagesse populaire ou démosophie. Le post-modernisme, en remettant en cause les grandes masses de granite de l'âge moderne de la raison, s'attaque aussi à ce qu'on peut appeler des méta-narrations, c'est-à-dire de grands discours universalistes, constructivistes, prétendant définir des idéaux et valeurs communs à tous.

La critique conservatrice du post-modernisme

C'est au beau milieu des guerres culturelles des années 1970 aux USA que le camp des conservateurs classiques va associer le post-modernisme à la pensée de 1968 et rejeter en bloc son relativisme et son dédain des valeurs universelles. Allan Bloom, dans The Closing of The American Mind, puis D'Souza dans son Illiberal Education, poseront les points essentiels de cette critique, assimilant le post-modernisme à une forme de marxisme culturel. Aujourd'hui encore, un Jordan Peterson aime s'en prendre à Derrida. Après l'apogée du conservatisme classique aux USA au début des années 2000, avec sur le plan politique les mandats de Georges Bush, ces penseurs conservateurs verront à tort en Barack Obama le premier président post-moderne. Or ces critiques font fi des sources mêmes de la pensée conservatrice qui, par exemple chez Burke, critiquent justement les futiles prétentions universalistes des Révolutionnaires français. De manière caricaturale, les conservateurs américains entourant Georges Bush ou même les conservateurs français de Sens Commun ont tenté d'imposer leurs propres valeurs universelles, de répondre à la social-démocratie universaliste par une pensée conservatrice universaliste, souvent peu respectueuse des identités, particularismes et libertés individuelles. Une telle position n'est que le renversement, sous le même paradigme, de la pensée soixante-huitarde. C'est toujours la même approche immodeste des valeurs qui prévaut. Bien au contraire, aux sources de la pensée conservatrice, on trouve la critique de ces méta-narrations globalisantes.

Aux sources de la pensée burkienne

Alors que d'aucuns ont prétendu que le langage de déconstruction des méta-narrations (vérités objectives et universelles qu'on ne pouvait pas décemment questionner) était une caractéristique des progressistes, il trouve en réalité ses origines dans la plus pure pensée conservatrice originelle. Ce que la droite américaine retrouve ces jours-ci sous le nom pompeux de conservatisme post-moderne n'est que l'héritage philosophique d'Edmund Burke, de Joseph de Maistre, de Lord Devlin et de Michael Oakshott. Tous ces penseurs étaient suspicieux des méta-narrations globalisantes de leur temps, et en particulier d'un rationalisme naïf qui détachait les individus de leurs identités et de leurs traditions. Pour eux, les rationalistes progressistes, avec leur vénération de l'objectivité des valeurs universelles, bâtissaient un monde dangereux. Péguy, en France, dans sa critique de Renan, revient aux mêmes fondements. Robert Bork, proche de Ronald Reagan, déplore la disparition de tout respect pour la différence et «l'irréductible complexité des individus et des sociétés». Bork et Oakshott dénoncent même ceux qui à droite, dans leur propre camp, prétendent opposer des droits naturels universels à leurs ennemis sociaux-démocrates. Ils en appellent au sens du réel et de la tradition en tournant en dérision les prétentions universalistes des intellectuels se qualifiant de progressistes. Tradition, bon sens populaire et respect des parcours personnels sont au cœur d'une pensée authentiquement conservatrice mais qui jusqu'il y a quelques années, était écrasée par des conservateurs aux prétentions universalistes et constructivistes.

L'émergence d'un conservatisme post-moderne aux États-Unis


En 2015, dans The Spectator, James Bartholomew a lancé l'émergence réelle de ce nouveau conservatisme en proposant le nouveau terme de «virtue signaling» pour dénoncer les postures morales aisées et sans conséquence de ses adversaires intellectuels. Cette signalisation de la vertu, que j'ai commentée dans les médias français, consistait à retourner le supposé humanisme de l'adversaire en pointant du doigt son hypocrisie et ses contradictions. Un Justin Trudeau, qui n'a de cesse hypocritement de se mettre en valeur tel un sauveur moral de toutes les causes (sans rien de concret derrière pour aider les plus faibles), deviendra l'égérie de ce virtue signalling.

Cet exemple montre comment le nouveau conservatisme reprend l'héritage d'un Lyotard en déconstruisant une méta-narration («nous sommes généreux car nous défendons des valeurs morales»): le discours universaliste sur l'égalité, les valeurs morales dites humanistes, la nécessité d'accueillir des migrants, etc…des slogans creux qui sont devenus l'alpha et l'oméga du discours intellectuel et politique. Déjà à son époque, Burke se définissait en réaction face à ces belles valeurs pour mieux concilier le réel et la tradition. Bien-sûr, les nouveaux conservateurs ne se concentrent pas sur les mêmes thèmes que Lyotard ou Baudrillard, mais l'approche est la même. Le conservatisme post-moderne, terme proposé récemment aux États-Unis par Matt Mac Manus (pour le critiquer par ailleurs), est l'actualisation et le perfectionnement de cette vénérable tradition intellectuelle, que beaucoup de gens de la droite française par exemple ne peuvent pas saisir. Décuplée par la puissance des réseaux informels, des tribus et des nouvelles technologies, il s'appuie sur une jacquerie contre les élites et une politique de la colère face à l'hypocrisie d'une pensée sociale libérale qui défend plus le migrant que le pauvre, la start-up mondialisée que l'industrie locale, la spéculation que l'investissement. La révolte et la réaction naissent de la dichotomie entre le discours généreux des élites (la signalisation de la vertu) et leurs attitudes anti-démocratiques et parfois autoritaires (comme on le retrouve désormais en Europe).

Les méta-narrations sur l'humanisme, l'égalité, le vivre ensemble, sont dénoncées comme des privilèges des élites leur permettant d'arbitrer les valeurs mais aussi les faits… Le débat sur les fake news émerge directement, y compris en France, de ces nouvelles polémiques. Si les faits sont triés par les élites, pourquoi les masses populaires devraient-elles prendre pour argent comptant les recommandations des supposés experts ? Le relativisme fait son grand retour face aux apories de l'universalisme des lumières. La pensée conservatrice moderne doit aller plus loin en opposant aux élites la vénération du bon sens populaire : on retrouve toute l'autorité populaire et plébéienne de ce que Lord Devlin appelait les valeurs de l'homme de l'omnibus de Clapham. Ce faisant, tant les révolutionnaires américains que les républicains romains ne faisaient pas autre chose quand ils mettaient en exergue la supériorité du bon sens populaire. Simplement, cette autorité n'est jamais forgée par une génération, elle est enracinée dans une tradition. Ce point de détail est bien évidemment ce qui sépare les conservateurs post-modernes des post-modernes de gauche, dirons-nous pour simplifier. Leur entreprise de déconstruction ne s'étend pas à la famille par exemple - même si par exemple le conservateur post-moderne Trump ne se focalise pas sur les questions biologiques comme les conservateurs classiques tels que Bush ou Sens Commun - et retisse des liens avec le passé face aux valeurs universalistes imposées d'en haut. Elle est aussi plus respectueuse des trajectoires individuelles et donc du libéralisme économique… Ce n'est pas un hasard si le trumpisme ou même le programme de la Ligue du Nord est beaucoup plus anti-fiscaliste que les programmes des autres mouvements de droite. La droite française, soit étatiste car énarchique, soit conservatrice classique (Sens Commun, etc...), est encore en retard d'une guerre sur ce renouveau du conservatisme.

Pour reprendre les termes de Baudrillard, l'hyper-réel medium qu'est Internet est la pierre angulaire du développement de ce nouveau conservatisme, qui souvent utilise les armes de ses adversaires. Mais ces post-modernes de droite, si l'on accepte ici une simplification des termes du débat, ne recouvrent pas tout le champ conservateur. S'ils ont gagné la partie aux États-Unis quand Trump a écrasé tous ses adversaires de la primaire, ils sont encore en minorité en France. En France, tant les Straussiens que les catholiques romains justifient leur conservatisme en invoquant toujours et encore des droits naturels, des méta-narrations, des faits et des valeurs pour arriver à des vérités absolues, sur le corps, la sexualité, les modes de vie en particulier. Cette situation ne devrait pas durer tant la France sera affectée par la même lame de fonds que les autres pays, mais aussi car la voie conservatrice «classique» est trop étroite en France pour se frayer un chemin vers le pouvoir : et un jour, ces conservateurs se lasseront d'être perpétuellement dans l'opposition.

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Message par Invité Sam 13 Juil - 12:42

d'hier, complété

1. LE NÉO-CONSERVATISME comme concept théorique DE CONSERVE AVEC LE PROGRESSISME
Introduction
2. ENTRE LA DROITE CONSERVATRICE ET LE PROGRESSISME DE MACRON
un socle commun de valeurs françaises et catholiques traditionnelles
3. LES GILETS JAUNES ET LE CONSERVATISME
4. "NOUVEAUX CONSERVATEURS" ? DES NOMS !

5. LE "BON SENS POPULAIRE", CIMENT DE LA RENCONTRE ENTRE IDÉOLOGIE POLITIQUE ET MOBILISATION DES MASSE
6. L'IDÉOLOGIE DES GILETS JAUNES, STRUCTURE OF FEELING NÉO-CONSERVATRICE, ET SON MOMENT D'HÉGÉMONIE
7. QUELLE AVANCÉE THÉORIQUE ?


6. L'IDÉOLOGIE DES GILETS JAUNES
STRUCTURE OF FEELING NÉO-CONSERVATRICE
ET SON MOMENT D'HÉGÉMONIE
Patlotch a écrit:passons à un niveau plus théorique : la rencontre entre des idées produites par une élite intellectuelle de penseurs et philosophes essayistes "s'emparant de masses" à qui viennent de fait les mêmes dans un langage et des pratiques différentes, avec tous les intermédiaires de passeurs entre ce haut et ce bas de la séparation socio-culturelle, politiques et médiatiques propagandistes ou militants dans la rue ou sur Internet

ce qui se passe avec le néo-conformisme dans ce type de rencontre en rien "aléatoire" (Althusser) puisque produit de rapports sociaux et sociétaux en mouvement, questionne la vision de l'"intellectuel organique" selon Gramsci et son concept d'hégémonie, mais on le voit avec quelque chose de plus réaliste que la thèse de 'Théorie Communiste' d'une montée d'un contenu révolutionnaire depuis des "luttes théoriciennes" que le théoricien de la communisation, en retrait modeste, ne ferait que mettre en forme dans le langage conceptuel. Dans ces termes, des luttes telles que celles des Gilets Jaunes pourraient bien davantage, par leur dynamique dans le contexte actuel sans aucune perspective révolutionnaire, être vues comme les luttes théoriciennes du néo-conservatisme idéologique et politique

les avant-gardes n'en sont jamais
le concept de Structure of Feeling nous permet de penser ensemble les mouvements d'idées émises par des élites intellectuelles et de celles qui viennent à ceux d'en-bas comme dans toute la société, dans des formes adéquates à ses strates catégorielles de classe, genre, etc.. Dans le droit fil des considérations de Marx sur l'origine des idées, celles-ci ne seraient pas d'abord et principalement l'effet des premières descendantes comme la lumière du ciel sur les esprits de brebis égarées, mais en haut comme en bas de la même nature de produits des rapports sociaux, ce qui relativise le génie des philosophes, puisqu'ils ne feraient qu'exprimer la même chose dans un langage différent. Le génie propre d'Éric Drouet, Priscilla Ludosky et Maxime Nicolle n'est-il pas d'avoir été "non-leaders" d'une "avant-garde" objective en ce qu'ils exprimaient la dynamique du mouvement dans le langage des masses qui le faisaient, ni plus, ni moins ?

la 'pratique' et la 'théorie'...
nous comprenons alors que la séparation intellectuelle de la théorie et de la pratique n'a aucun sens d'un point de vue matérialiste, que les "idées d'avant-garde" ne sont guère, d'une part, qu'une formulation particulière de celles qui émergent dans des circonstances historiques données, et d'autre part une formulation particulière de toute idéologie, révolutionnaire ou conservatrice, qui porte la subjectivité et la subjectivation du mouvement réel de l'histoire

la "lutte théoricienne" des Gilets Jaunes, que permet-elle de théoriser ?
concernant le mouvement des Gilets Jaunes, personne ne prétendrait qu'une telle rencontre était possible sur la base d'idées révolutionnaires d'abolition du capital et de l'État puisque ce mouvement ne visait en contenu ni l'un ni l'autre, et si elle a eu lieu, c'est assez discrètement mais en profondeur sur une base néo-conservatrice, ce qui a donné à Alain de Benoist, Marion Maréchal et quelques autres des raisons de se frotter les mains en attendant la suite qui vient sans besoin d'insurrection

les communisateurs les plus sages ont raison de penser que leurs thèses n'ont aucun intérêt pratique tant que des idées comparables n'émergent pas des luttes mêmes (en l'occurrence le prolétariat luttant contre sa nature de classe comme contrainte extérieure). Les plus délirants ont voulu « porter plus loin le désordre » produit par les Gilets Jaunes, ce qui suppose qu'ils y aient vu un écart à la manière de TC/Sic il y a dix ans, avant la désillusion

ils sont venus ils sont tous là : le moment d'hégémonie des Gilets Jaunes
on peut considérer comme l'expression d'un moment d'hégémonie de quelques mois le soutien de ~80% de la population aux Gilets Jaunes, complété de tentatives d'infiltration, récupération ou ré-orientation par tous les partis politiques* et groupes d'extrême-gauche voire d'ultra-gauche, s'attirant la sympathie d'intellectuels d'extrême-droite comme d'extrême-gauche et jusqu'aux agitateurs d'idées transcendantes de lundimatin et du Comité caché, Quadruppani, Temps Critiques, Guillon...
* jusqu'au Grand Débat de Macron qui n'est pas sans apparaître aussi comme une forme de reprise de certaines revendications

une convergence des idées divergentes, mais vers quoi ?
cela pose tout de même un problème : qu'ont-ils tous soutenu en commun, dans une véritable convergence des idées à leur insu, au point de considérer le mouvement comme globalement compatible avec les leurs, pourtant inconciliables ? Ce ne saurait être les supposés nationalisme, fascisme, racisme, homophobie, suppression de taxes, et cerise sur le gâteau le RIC... et chacun de balayer à grands coups rhétoriques ce qui le dérangeait pour ne retenir que ce qui allait dans son sens : tous les textes militants l'ont fait et ils continuent

mais si l'idéologie/Structure of Feeling du néo-conservatisme est bien caractéristique de la période et si elle a foncièrement marqué le mouvement des Gilets Jaunes, alors on peut dire que tous s'y sont pris les pieds, les plus décalés, à savoir l'extrême et l'ultra-gauche, en oubliant que la dynamique d'un mouvement se fait sur l'essentiel et non par ses marges voulant la tirer en sens contraire. Si les néo-conservateurs ont pu se faire plus discrets dans leur soutien, c'est parce que par bien des aspects il y nageaient comme poissons dans l'eau de la nostalgie du temps où c'était mieux avant (cf introduction


7. QUELLE AVANCÉE THÉORIQUE ?

c'est du présent que je parle au présent
de ma part, qui n'aime pas les raisonnements à la serpe et grandes généralités, et après 9 mois de gestation plus équilibrée, une telle chute théorique peut surprendre. Pourtant, je n'ai fait qu'élargir à l'ensemble du contexte dans la période le point de vue de la réciprocité du mouvement des Gilets Jaunes et de l'activité du pouvoir en réponse. J'ai souvent affirmé, à propos de mai 68 par exemple, qu'un mouvement devait s'apprécier par son résultat, et s'analyser à rebours (Marx/Ollman) à partir de celui-ci

si le dernier mot des Gilets Jaunes n'est pas dit, il me semble que nous avons sous les yeux suffisamment d'éléments pour imaginer la suite dans le champ politique et idéologique. Quant à le saisir par la critique de l'économie politique, mon analyse me semble compatible avec le tableau que dresse Hic Salta de la crise qui vient, épisode dans lequel n'intervient pas  la ligne générale du feuilleton, l'interclassisme dans le Ménage à trois Prolétariat-Classe moyenne salariée-Classe capitaliste

à la différence des communisateurs, je ne projette pas sur « les luttes telles qu’elles sont » des fantasmes sur « le dépassement et la rupture », car le risque est alors de les voir telles qu'elles ne sont pas.  Et « du point de vue de ce qui craque, du point de vue des tensions et des déchirements » (source), j'essaye de voir où ça va dans l'immédiat et le futur proche, sans dogme ni norme révolutionnaire

en un mot, c'est du présent que je parle au présent, et pour moi l'abstraction  théorique qui prétend annoncer ce qui viendrait dans dix ans ou un siècle mais pas ce qui est là sous nos yeux à échéance de quelques mois ou années, c'est de l'idéalisme de philosophes d'avant Marx


Arrow

est-ce soutenir les néo-conformistes que constater leur pertinence ?
est-ce que, dans cette analyse, je donnerais raison aux thuriféraires du néo-conservatisme, entendons par là ses penseurs, politiques et médiatiques, ceux d'en haut qui présentent comme interprétation ce qui se résume bien souvent à de la propagande ? Oui et non, ça dépend

je leur donne raison de le faire car après tout c'est de bonne guerre idéologique et politique. Je ne leur donne pas raison s'ils estiment qu'ils tiennent en laisse le devenir des affrontements sociaux. C'est la limite à laquelle ils se heurteront, et plus encore s'ils parviennent au pouvoir, mais là, c'est un peu trop loin de ma vue pour en prédire

s'il y a une incertitude, ce n'est pas tant concernant ce qui va se passer sur le plan politique que dans ce que bousculera le cours de la crise économique, avec la probabilité d'une guerre mondiale et les fortes chances qu'elle aboutisse à une nouvelle restructuration du capitalisme global tant du point de vue géo-politique (spatial dirait David Harvey) que structurelle en terme de nouvelle configuration de classes


Arrow

est-ce que ça fait avancer le schmilblick théorique pour sortir du capital ?
c'est un autre angle pour poser des questions déjà présentes dans CRITIQUE DU CONCEPT DE RÉVOLUTION, THÉORISATIONS POUR LE COMMUNISME : PROSPECTIVE !, etc.

l'analyse des contradictions entre classes est insuffisante d'une part pour rendre compte de ce qui se passe, d'autre part pour imaginer une évolution favorable à la perspective révolutionnaire. La Structure of Feeling de Raymond Williams, comme troisième champ du marxisme avec l'économie et la politique, nous donne des pistes pour saisir en profondeur et de façon concrète la complexité dialectique des processus de changement historique ; elle questionne des aspects invisibles par les généralités conceptuelles d'une analyse de classe ; elle met la barre beaucoup plus haut quant aux conditions de la réussite d'un processus de rupture sur le long terme, parce qu'elle pointe des objectifs de lutte qui la détermine dans l'ensemble des rapports sociaux



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Message par Invité Mer 17 Juil - 6:04

du 14 juillet, écriture en cours, complété

17 juillet, un ajout en 8. L'optimisme et les limites de lundimatin et Temps Critiques dans leur comparaison de l'intervention des Gilets Jaunes le 14 juillet 2019 aux sans-culottes de 1789. On peut aussi y voir une forme de conservatisme théorique...


8. LE NÉO-CONSERVATISME AU QUOTIDIEN
9. UN CONSERVATISME DE GAUCHE, MAIS AUSSI D'EXTRÊME-GAUCHE

9. UN CONSERVATISME DE GAUCHE, MAIS AUSSI D'EXTRÊME-GAUCHE
le mélange des genres

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A la rencontre des jeunes conservateurs sans complexe
Le Monde 10 janvier 2017, photo Antoine Moreau-Dusault
Patlotch a écrit:la question est délicate et je la résumerai dans la nécessité de ne pas confondre, comme plusieurs auteurs le soulignent, réactionnaire et (néo-)conservateur* a fortiori (néo-)fasciste, des amalgames souvent pratiqués par le campisme gauchiste
* à droite, Alain Finkielkraut se défend d'être réactionnaire, et bien qu'utilisé par antiphrase ironique et provocatrice, le nom de la chaîne RÉAC&ROLL lui déplaît

la question mérite d'être posée dans des champs comme l'écologie et quant à la nostalgie d'un passé perdu de la bonne vie

le conservatisme de gauche est théorisé par le philosophe Jean-Claude Michéa se référant à Orwell** aussi bien qu'à Debord***, et ce n'est pas étonnant que ces deux auteurs soient devenus des références pour des intellectuels de la droite conservatrice

** Jean-Claude Michéa s'interroge sur la gauche et sa religion du progrès, et se réclame de « l'anarchisme conservateur » d'Orwell
*** lire Guy Debord, réac ou révolutionnaire ?, Le Comptoir, 23 mars 2015


sans traiter directement le sujet, voici un texte de l'écrivain Jérôme Leroy, rédacteur en chef de la rubrique Culture à Causeur et qui se dit encore communiste (ex PCF...). Son intérêt est de brasser toutes les thématiques et références entraperçues : "Le Monde" et les agents de conservation

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Jean-Claude Michéa et Eugénie Bastié. Photo: Hannah Assouline.
Jérôme Leroy a écrit:Je viens de lire l’enquête du Monde sur « La nouvelle pensée conservatrice » à propos de la sortie du dernier livre de Jean-Claude Michéa, Notre ennemi, le Capital (Flammarion). À part le mot « conservatrice », d’emblée disqualifiant et connoté pour un lecteur de gauche ou même du centre, c’est très bien fait. Son auteur, Ariane Chemin, a le mérite d’attirer notre attention sur un bouillonnement intellectuel qui s’est cristallisé autour de Michéa, bouillonnement d’autant plus intrigant qu’il reste rétif à toute tentative de classement sur un arc droite-gauche et qu’il se caractérise par la jeunesse de ses participants.

Une société consumériste à bout de souffle
Il y a des noms cités que je m’honore d’avoir comme amis (notamment ceux de la revue Le Comptoir, « socialiste orwellienne ») et d’autres que je m’honore d’avoir pour adversaires ou avec lesquels je pourrais avoir de sérieuses divergences, notamment ceux de la revue Limite de notre consœur Eugénie Bastié. Mais eux se parlent tous, se rencontrent, échangent et semblent avoir renoncé à se poser la vieille question des années 70 : « D’où tu parles ? ». Qui sait si ce n’est pas cette méthode qui est la bonne ? En novlangue politique, on dirait qu’ils ont un diagnostic partagé sur la situation d’une société consumériste à bout de souffle, qui aspire à un hédonisme total pourtant manifestement réservé à une minorité de plus en plus minoritaire de l’hyperclasse.

Ils sont tous, nous précise-t-on, peu ou prou nés, au moment de la chute du Mur. Ils ont donc une autre histoire et ils ont, par exemple, toujours connu une gauche socialiste ouvertement convertie aux lois du marché. On pourra déplorer que l’enquête ne souligne pas toujours assez leurs divergences tactiques. Faire par exemple pour certains d’entre eux de la lutte contre le mariage pour tous un combat prioritaire de l’« écologie humaine » me semble tenir davantage du réflexe religieux, voire du réflexe de classe que d’une lutte pour l’émancipation globale d’une société soumise à des inégalités sans précédent sur le plan économique mais aussi culturel et environnemental.

Orwell et Pasolini restent à gauche
Ils ont des lectures qui sont les miennes depuis longtemps, Orwell ou Pasolini, mais certains d’entre eux ont quand même tendance à oublier que l’anti-stalinisme d’Orwell ou la critique de l’avortement par Pasolini, continuent malgré tout, à faire de ces deux écrivains des hommes de gauche et, horreur pour ces jeunes gens, des hommes de progrès si on entend par progrès non pas une adhésion béate aux derniers gadgets technologiques ou à l’extension indéfinie des droits individuels mais un désir conjugué d’égalité et de liberté qui ne s’opposent pas, au contraire, la liberté libérant l’égalité et ne se résumant plus à celle du renard libre dans la poulailler libre. Ainsi, ils lisent aussi Bernanos, une autre de mes grandes admirations mais je n’oublie pas pour autant que Bernanos, malgré sa condamnation des exactions franquistes pendant la Guerre d’Espagne, son opposition à la France des robots n’est pas pour autant un penseur anarchiste et qu’il serait ridicule de vouloir le « récupérer ».

Ils m’agacent cependant sur un point, ces jeunes gens qui « veulent baiser sans niquer la planète » (je les cite) : ils refusent la contraception ou la capote parce ce serait faire le jeu du marché et de sexualités calibrées. Là, pour le coup, il y a une question de génération. J’ai cinquante-deux piges et j’ai commencé ma trépidante vie amoureuse alors que le Sida, même pas encore identifié, faisait déjà des ravages. J’ai vu se refermer « la parenthèse enchantée » 68-80 avec des mots comme AZT et les colonnes nécrologiques de Libé où on mourait à trente ans jusqu’au milieu des années 90.

Changer de genre, un crime libéral ?
On m’a retiré sous le nez le gâteau économique, social, libertaire de la « Génération lyrique » pour reprendre la terminologie de François Ricard. Et je n’ai même pas eu le temps d’y goûter ! Alors, vous m’excuserez, mais de ce côté là, ça coince… Il ne s’agit pas de vouloir retrouver le mode de vie de nos pères dans ces années-là, ce qui serait une nostalgie respectable littérairement mais ridicule politiquement. Néanmoins, je ne pense pas, notamment sur le plan des mœurs, qu’ils aient eu tout faux et je n’oublie pas qu’ils ont contribué, chacun à leur niveau, à la création d’un Etat-Providence qui a été capable d’assurer à la France de ces années-là une protection sociale et des niveaux de vie qui leur donnaient au moins l’impression de vivre tous dans le même monde, de l’ouvrier au patron, du toubib à l’instit.

Je ne suis pas non plus convaincu par l’automaticité du lien que fait Jean-Claude Michéa, le maître à penser de cette génération « conservatrice », entre libéralisme économique et libertés sociétales (sexuelles notamment). Je ne vois pas pourquoi une société communiste serait contradictoire avec, par exemple, le désir de changer de genre en cours d’existence si tel était mon bon plaisir.

Mais, et ce mais est de taille, sauf la très petite minorité intégriste qui flirte avec Marion Maréchal-Le Pen en oubliant ou en faisant semblant d’oublier que l’extrême droite n’est, à la fin, que la forme terroriste du capitalisme, ils sont radicalement et sincèrement antilibéraux et opposés à la bourgeoisie telle que la définissaient Marx et Engels, qui a fait  » de la dignité personnelle une simple valeur d’échange et substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce » avec « une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale ».

À ce titre, le vieux rouge que je suis, en cours de conversion écologique, voire décroissante, comme il y a des vins en cours de conversion bio, les considère comme des alliés objectifs, ces « conservateurs », afin d’éviter qu’on finisse tous à Zanzibar, pour reprendre le titre d’un célèbre roman de John Brunner qui décrivait dans les années 70 l’effondrement apocalyptique de ce que d’autres ont appelé « la société spectaculaire-marchande. » Après, quand on aura terrassé la Bête, il sera toujours temps de s’affronter joyeusement dans le temps libéré pour régler les détails.

des références jugées conservatrices ne sont pas non plus absentes des discours et pratiques sur les ZAD, et de leur soutien idéologique et romanesque (Les Furtifs) chez Alain Damasio, par exemple. Les points de vue y sont très divers, parfois opposés, comme en témoigne l'article Dans les Zad, on apprend à penser « par-delà nature et culture » (Reporterre, 14 mai 2018)
Sur de nombreux sujets, il est de plus en plus fréquent de se sentir désorienté, de ne plus savoir quelle position adopter pour paraître progressiste, ou du moins pour ne pas être taxé de conservatisme. Les questions sociales ne sont plus séparables des questions environnementales...

un effondrement des anciens repères droite-gauche, socialisme-capitalisme...

on sent que le couple conservatisme/progressisme obsède beaucoup de monde, mais sans que l'on sache vraiment ce que recouvrent ces deux pôles, ce qui est le propre des grands mots-concepts idéologiques d'une époque, ceux-ci participant de défaire celui de gauche et droite qui recoupe encore celui de socialisme et capitalisme que Debord avait fait exploser en spectaculaires concentré et diffus. plus théoriquement, la montée de ce discours idéologique opposant conservatisme et progressisme correspond en fait à l'achèvement de la décomposition du programmatisme ouvrier, à l'effondrement du démocratisme radical et à l'échec du populisme de gauche. Le flou de leur définition permet à la fois de ranger sous leur connotation morale et manichéenne les anciens récits et d'autoriser dans l'idéologie française les passerelles entre les tenants de ces récits (le phénomène a commencé dans les années 80 avec les "rouges-bruns" et la dérive social-démocrate sans fin du PCF, et s'est transféré dans les accointances des populismes de droite et de gauche)

le mélange des genres est troublant particulièrement en France, mais il invite chacun, plutôt qu'à dénoncer, à s'interroger lui-même quant à son "conservatisme" au positif comme au négatif, c'est-à-dire au fond sur ce qu'il aimerait préserver ou retrouver y compris dans les objectifs d'un processus révolutionnaire d'abolition ou de dépérissement quel qu'il soit. Le dépérissement des idées et pratiques à éradiquer, c'est en somme ce que Théorie Communiste appelle la « défaisance » des rapports sociaux existants, avec sa part de désobjectivation/désubjectivation > (re)subjectivation révolutionnaire. Là encore le label "révolutionnaire" vient jouer une fonction de Sésame ouvre-toi, de mot-de-passe pour s'y reconnaître en commun sans risquer l'inventaire

le phénomène semble normal chez de jeunes militants se reconnaissant dans tel courant théorique. Disons-le sans complexe de supériorité de l'âge, il est lié chez eux à un manque d'expérience de la vie et au besoin de simplifier pour offrir un profil radicalement radical, sur le principe pris au pied de la lettre Du passé faisons table rase, les autres et parfois les plus proches étant soupçonnés de mettre la barre trop bas. On le constate dans tous les partis et groupes, où les derniers arrivés doivent faire leurs preuves aux yeux des autres, et c'est au moins une chose à mettre au crédit des Gilets Jaunes d'avoir, selon les témoignages, évacuer les a priori partisans et le sectarisme, mais on a vu à quel prix...

chez les plus âgés, ce syndrome est plus inquiétant parce qu'il a tendance à se scléroser au fur et à mesure des évolutions de la société et des luttes, s'éloignant de ses repères de jeunesse, qui peuvent par dogmatisme devenir conservateurs idéologiques, une autre forme de "c'était mieux avant"

(à suivre)

14 juillet complété 17 juillet
8. LE NÉO-CONSERVATISME  AU QUOTIDIEN

Patlotch a écrit:17 juillet : encore à propos des Gilets Jaunes, paru dans lundimatin#200, le 16 juillet 2019. Si cette lecture ne manque pas de pertinence, en opposant deux 14 juillet, celui des héritiers de la bourgeoisie et des sans-culottes de 1789, elle pourrait aussi bien rater son objet, en soulignant que le contenu "révolutionnaire" du mouvement des Gilets Jaunes aurait les mêmes limites que la Révolution bourgeoise de 1789. Car enfin tous les sans-culottes n'étaient pas des partisans du communisme de Babeuf. Perdure l'enracinement du concept de révolution dans ce modèle français, qui fut aussi celui sur lequel Marx fondit sa vision de la constitution en classe révolutionnaire du prolétariat sur celle de la bourgeoisie française

un bel optimisme qui rejoint la lecture de Temps Critiques, les nouveaux potes de lundimatin), dans Actions autour du 14 juillet. De l'audace, mais pas trop, et surtout beaucoup de conservatisme dans les repères révolutionnaires à la française d'avant la constitution du prolétariat en classe et ses tentatives révolutionnaires au 19e et 20e siècle

« TOUJOURS DE L’AUDACE »
Qu’est-ce au juste qu’un 14 juillet français ?
Qu’est-ce au juste qu’un 14 juillet français ? L’occasion d’une journée pompeuse à la gloire de l’armée comme cela se fait ailleurs ? Une énième opération de com’ pour le président en place, assurée d’avoir lieu chaque année ? Quelques heures d’ennui pour les enfants que l’on scotche une matinée fériée devant la télé afin de les édifier ? Rien de tout cela, même si, bien sûr, ce sont là autant de symptômes. En vérité : le 14 juillet est seulement un énorme malentendu. Un malentendu plus que bicentenaire, entretenu jusqu’à ce jour où quelques milliers de Gilets Jaunes sont enfin venus clarifier les choses.

Non, le récit que l’on raconte aux enfants comme aux adultes pour qu’ils soient de bons petits français n’est en aucun cas celui de l’événement effectivement fondateur des institutions républicaines nationales. Ce que n’importe quel historien sait, même ceux invités par les media tous les 14 juillet, c’est que l’événement militairement fêté chaque année n’est en aucun cas la prise de la Bastille de 1789, mais son exact contraire : la Fête de la Fédération de 1790, qui en célèbre à sa façon le premier anniversaire. Késako ? Une mise en scène de grande réconciliation, avec toutes les allures bouffonnes des fins de pièces de Molière, tandis que parallèlement, l’insurrection populaire perdurait. L’Assemblée Nationale, première du nom, conclue sa comédie constituante en faisant prêter serment le Roi et le chef de la Garde nationale, sur fond d’émeutes et de réappropriation anti-féodales. Car les députés du Tiers-État qui la constituent ont des intérêts radicalement divergents de la plèbe urbaine et paysanne : issus d’assemblées fiscales de l’Ancien régime, ils représentent exclusivement la bourgeoisie. La célébration de la nation à l’occasion d’une fête s’impose alors à eux, en juillet 1790, comme un besoin liturgique : il s’agit de produire l’illusion d’un ensemble par la tenue d’une cérémonie, au même titre que la messe est censée unifier les croyants. Tous ceux qui, par leurs actes, ne respectent pas l’ordre nouveau, se rendent coupables d’indignité nationale. Le gouvernement par les affects ne date pas d’hier.

C’est en quelque sorte l’acte qui formalise l’existence conjointe de deux traditions françaises, avec leurs deux 14 juillet : la bourgeoise, qui remet en dernière instance les clés au souverain, et la plébéienne, qui doit abandonner son autonomie au profit d’un contrat social qui ne lui donne rien en retour. La notion de « peuple » est là pour dénier toute part à la plèbe, y compris quand elle est maniée par des populistes se voulant révolutionnaires. Quand la plèbe veut exister, c’est l’écrasement au nom du peuple : Thiers, chef du pouvoir exécutif de la Troisième République naissante, avait ainsi toute « légitimité » pour massacrer le Paris communard. Neuf ans plus tard, une loi institue le 14 juillet comme « fête nationale », sans préciser si c’est la prise de la Bastille ou la Fête de la Fédération qui est célébrée : face aux divisions, on choisit de maintenir l’ambiguïté, pour se garantir le sentiment d’appartenance de ceux que tout concourt à exclure. Dans les formes, le défilé militaire sous les yeux du souverain républicain, et d’une partie de la population, rappelle évidemment bien davantage la comédie de l’union nationale et sa marche cérémonielle des soldats fédérés, que l’émeute de 89. Cette année, la Mairie de Paris désespérée par huit mois d’émeutes plébéiennes sur son territoire a justement organisé son feu d’artifice rituel sous le signe explicite de la Fête de la Fédération [1]
...

Elle s’attendait certainement à ce que le tableau ne soit pas complété : seulement voilà, huit mois après leur première manifestation, les Gilets Jaunes persistent irréductiblement dans leur série de gestes destituants. Ce 14 juillet, en rendant impossible l’entretien annuelle de l’illusion d’unité nationale, en portant l’attaque au cœur de la symbolique d’État, ils ont montré quelle arnaque se jouait dans l’ombre chaque année. Qu’est-ce qu’une nation ? Des politiciens, des militaires, des spectateurs, et pas nous. Ce que Renan n’a jamais vu fort de toutes ses lectures, les Gilets Jaunes, eux, l’ont ressenti à de multiples reprises en bientôt huit mois de lutte. Car eux ont fait redescendre la République sur terre, ont dévoilé son vraie visage : une force comme une autre, mais mieux armée, qui se fête comme telle tous les 14 juillet. La schizophrénie française bicentenaire y trouve enfin sa thérapie.

L’édition de cette année s’inscrivait dans la série des prestidigitations présidentielles visant à conjurer le soulèvement plébéien en cours, précisément en lui rappelant son statut de plèbe, c’est-à-dire son irrecevabilité. Le vocable « Gilets Jaunes » a d’ailleurs longtemps brillé par son absence dans le discours macronien, comme pour sceller son exclusion du peuple légitime. Le grand débat sans contradicteur, les adresses télévisées pompeuses, l’interaction jamais noble mais toujours hautaine, et pour finir ce 14 juillet comme occasion de rejouer l’exclusion originelle de 1790. Tout cela est revenu à jeter de l’eau sur de l’huile en feu. « Agir ensemble », pouvait-on lire sur la première page des programmes officiels de la journée : or chacun sait que dans la langue macronienne, cela se traduit par « avec moi ou contre moi ». Les Gilets Jaunes ont respecté le mot d’ordre à la lettre. On ne peut pas mieux en parler que ne le fait Édouard Philippe : « c’était un très beau défilé, marqué par un esprit de fête et de liberté. » Dans cet esprit donc, aucune humiliation n’aura été épargnée au président : ni les sifflets à son passage envers et contre tous les barrages ; ni les incursions sur les Champs-Élysées après quatre mois de sanctuarisation, pour cette fois inoffensives mais tapant dans le mille de l’hystérie ; ni même les pieds de nez au Fouquet’s rénové, contraint de se barricader quand il devait réouvrir. Tout cela au nom d’une évidence qui n’a plus rien de politique au sens traditionnel du terme : l’arnaque du 14 juillet ne peut plus éternellement se perpétrer.

On titrera cette semaine que les Gilets Jaunes ont gâché la fête de la nation dont ils ne supportaient plus d’être les spectateurs incrédules. C’est là tout leur mérite. Prendre « les Champs » un 14 juillet comme d’autres jadis la Bastille, c’est faire vivre le récit destituant contre la tradition constituée. C’est démonter que la fête de la nation survient toujours en réalité sur fond de défaite nationale. Et surtout en donner tous les signes visuels indéniables. Ce n’est pas l’un des moindres paradoxes du monde réellement renversé que le suivant : l’expérience est falsifiable, l’image est véridique. Ce principe qui servait jusqu’à présent aux pouvoirs en place, les Gilets Jaunes sont parvenus à le retourner en leur faveur, comme ces milliers de barrières initialement prévues pour protéger le défilé devenues entre leurs mains autant de pièces d’un jeu de lego barricadier. Rien ne peut empêcher d’entendre les retransmissions des huées et sifflets au passage du président. Même pas un premier ministre tout droit sorti de 1984 : moi, je n’ai rien entendu, donc vous non plus. Est-on allé jusqu’à gazer, plus tard dans l’après-midi, pour empêcher une barricade en feu d’être prise en photo ? La question se poserait presque, tant rien ne justifiait les grenades lacrymogènes lancées dans ses environs, alors qu’aucun affrontement n’était à signaler. Il faut dire que la barricade accuse particulièrement le coup : traditionnelle depuis au moins 1848, et symbolique au plus haut point à ce titre, elle rappelle quelles étaient la stupidité tactique et l’impuissance du gouvernement en novembre. Huit mois plus tard, les experts n’ont toujours rien compris. Ils continuent à arrêter la brochette de présumés leaders en pensant ainsi neutraliser l’ensemble. Les Gilets Jaunes sont donc aussi opaques qu’acéphales. Le gouvernement voulait les voir disparaître : il se retrouve avec des révolutionnaires capables de surgir de n’importe où.

Les avoir contraints à retirer leurs gilets constitue en effet une nouvelle étape dans la persistance méticuleuse de la Préfecture à adopter une stratégie en retour de bâton. C’est son dernier jouet qui s’est cette fois cassé : les essaims de voltigeurs à casque intégral, bastonnant selon un imaginaire tout droit sorti d’un croisement entre le fascisme historique et Star Wars, se trouvent être d’une utilité très limitée face à des révolutionnaires insaisissables : sans gilets, indiscernables des touristes pour peu qu’ils ne chantent ou n’attaquent pas, libres de choisir le bon moment où sortir de la zone d’ombre. Et les révolutionnaires d’apparaître pour ce qu’ils sont : des « gens normaux », sans aucun des attributs qui permettraient de les identifier à de présumés radicaux, flanqués d’une simple mélodie sifflée comme signe de ralliement, et d’une pure affirmation, « nous, on est là ». Du reste, les plus téméraires de ces miliciens seront allés jusqu’à taper indistinctement dans le tas : on attend les complaintes des associations de commerçants du 8e arrondissement contre ces policiers qui ont de cette façon dissuadé leurs clients venus de loin de consommer.

Le 14 juillet 1789 fut un commencement. Le commencement d’une séquence qui connut ses inerties, ses récupérations, ses traîtrises, mais aussi ses belles heures. Un peu plus de trois ans plus tard, c’est la Commune insurrectionnelle de Paris. Aucune partition n’est cependant écrite : en ce 14 juillet 2019 par exemple, c’était la fin de l’un des derniers fantasmes de fraternisation du mouvement, tout droit tiré du mythe révolutionnaire français, avec le spectacle de ces militaires, au pied de l’Arc de Triomphe, qui se replient au son de « l’armée avec nous ! » Les Gilets Jaunes sont définitivement seuls, il s’agit d’en prendre acte. Personne n’écoutera aucune de leurs assemblées, quand bien même elles seraient au carré. Il ne s’agit plus pour eux de demander, mais de prendre, et surtout de tenir. En ce jour de défilé, ils sont donc apparus comme les Sans-Culottes exclus du rang des Fédérés. Espérons qu’aucune Révolution ne viendra neutraliser leur insurrection. Quoiqu’il en soit, le Roi s’enfuira.

[1] https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/diaporama-14-juillet-un-feu-d-artifice-sur-le-theme-de-la-fete-de-la-federation-7798039848

14 juillet
pour la suite de ce feuilleton, je me contenterai d'une veille pour vérifier la validité de "thèses" somme toute discutables, mais celle du caractère conservateur de Macron ne l'est pas, et la meilleure illustration en est ce 14 juillet, où l'on a eu droit à
la totale du couple progressiste-conformiste[/u], avec "en face", la supposée opposition des Gilets Jaunes présents sur les Champs-Élysées, dont l'appréciation de l'avocat des "non-leaders" donne un aperçu, orthographe comprise

Juan Branco a écrit:@anatolium

Je serais ravi de participer à ce grand moment de fraternité, cette ôde à la liberté qu'est censé être le 14 juillet.

Malheureusement deux de mes clients sont en cellule pour avoir tenté d'exprimer leurs idées.

Maxime Nicolle et Stéphane Espic. On est venus les chercher.


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Message par Invité Mer 17 Juil - 8:49

en cours d'écriture

10. POINT D'ÉTAPE ET PREMIÈRE SYNTHÈSE
conservatisme vs progressisme, critique de la surface, surface de la critique
Patlotch a écrit:comme d'hab' à ma manière constructiviste improvisée, je disserte sans plan préalable, et le feuilleton suit les méandres de ma pensée, creusant le sujet sans a priori. La méthode complète consisterait au bout de ce travail à reconstruire le plan pour une exposition logique plus aisée à suivre. À ce stade, donc, une petite synthèse

j'utilise le concept de Structure of Feeling, forgé par Raymond Williams dans le domaine sociétal et culturel et cernant un troisième champ du marxisme avec l'économie et la politique

je suis parti du concept de conservatisme lié à son supposé contraire, le progressisme, bien que les considérant comme concepts eux-mêmes idéologiques, non radicalement critiques du capitalisme et de l'État : critique de la surface, surface de la critique, mais idéologie ô combien opérante comme idée s'emparant des masses et non essentiellement produite par la propagande descendante des élites politiques au pouvoir ou intellectuelles dans les médias et la philosophie politique

je l'ai montré concernant le progressisme incarné par Macron, dont les références culturelles et historiques sont frappantes d'un conservatisme qui ne porte pas que sur la dimension de l'économie politique. Ainsi, sa personnalité s'est-elle avérée adéquate dès sa montée vers le pouvoir en 2016-2017 pour satisfaire la grande bourgeoisie française au-delà des capacités de ses prédécesseurs de droite (Sarkozy) et de gauche (Hollande), et depuis son accession au pouvoir, s'est confirmé son efficience politique pour abattre le clivage droite-gauche, reste de l'ancien clivage "capitalisme" vs "socialisme" dans le programmatisme ouvrier, et donc promouvoir, toujours sur le terrain politique et culturel/sociétal, le couple idéologique conservatisme-progressisme et son pendant politique dans l'affrontement électoral favorisé entre le macronisme et le lepenisme : pour en garantir l'efficacité, Macron est amené à reprendre partie de ce qui fait le succès du FN-RN comme du conservatisme en version alliance des droites de Marion Maréchal, c'est-à-dire les valeurs de la nation, de l'identité nationale et de la France éternelle, et d'une société d'ordre au besoin par la police

j'ai ensuite tenté d'élargir la perspective analytique en cherchant à cerner un conservatisme de gauche, ce qui est aisé autour des idées de Jean-Claude Michea, le populisme de gauche et les références d'un Jean-Luc Mélenchon ou d'un François Ruffin, un peu plus compliqué concernant l'extrême-gauche dans la mesure de ses dogmes "révolutionnaires", plus difficile à déceler dans les supposées avant-gardes radicales notamment anti-marxistes (lundimatin, Temps Critiques, Damasio,...)

face aux amalgames de la vulgate gauchiste anti-fasciste, il m'est apparu important de souligner la différence entre conservateur et réactionnaire voire fasciste, les trois et leurs "nouveaux" facilement dénoncés depuis 20 ans par une intelligentsia elle-même progressiste

tout au long de ce cheminement, j'ai donné au mouvement des Gilets Jaunes et à ses appréciations la place importante de révélateur d'un conservatisme au sein des luttes sociales telles qu'elles sont, rencontrant les divers conservatismes repérés dans l'ensemble de la "classe" politique et militante, de l'extrême-droite à l'extrême-gauche et jusque dans les visions ultra-gauchistes  

en même temps, le flou et le manichéisme des notions de progrès et de conservation, qui hantent la dialectique des changements historiques depuis deux siècles, interroge chacun dans ce qu'il entend par changement révolutionnaire et en attend. Dans ce mélange des genres, l'inventaire à la Prévert des idées conservatrices autorise tous les transfuges au niveau politique, ce que montre assez bien le texte de Jérôme Leroy, rédacteur en chef "communiste" de la rubrique culture à Causeur

sur le plan théorique se vérifie s'il en était besoin la pertinence du concept de Structure of Feeling, cet inconscient refoulé des critiques prétendues radicales : ce qu'ils ne voient pas qu'ils ne voient pas ne risque pas de déranger leur confort conceptuel

1. LE NÉO-CONSERVATISME comme concept théorique DE CONSERVE AVEC LE PROGRESSISME
Introduction
2. ENTRE LA DROITE CONSERVATRICE ET LE PROGRESSISME DE MACRON
un socle commun de valeurs françaises et catholiques traditionnelles
3. LES GILETS JAUNES ET LE CONSERVATISME
4. "NOUVEAUX CONSERVATEURS" ? DES NOMS !

5. LE "BON SENS POPULAIRE", CIMENT DE LA RENCONTRE ENTRE IDÉOLOGIE POLITIQUE ET MOBILISATION DES MASSE
6. L'IDÉOLOGIE DES GILETS JAUNES, STRUCTURE OF FEELING NÉO-CONSERVATRICE, ET SON MOMENT D'HÉGÉMONIE
7. QUELLE AVANCÉE THÉORIQUE ?

8. LE NÉO-CONSERVATISME AU QUOTIDIEN
9. UN CONSERVATISME D'EXTRÊME- ou ULTRA-GAUCHE ?

10. POINT D'ÉTAPE ET PREMIÈRE SYNTHÈSE

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Message par Invité Ven 30 Aoû - 4:28


LA POÉSIE CONTRE LA SCIENCE POUR L'ÉCOLOGIE ?
Le plaidoyer d’Alain Finkielkraut pour une «écologie poétique»

'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore) Dq0
image ajoutée, Guillaume Duchemin
Patlotch a écrit:l'écologie et ses idéologies s'invitent au premier rang des questions qui agitent les contradictions de notre époque. Il n'est donc pas étonnant d'y retrouver l'opposition progressisme-conservatisme comme révélatrice des butoirs contre lesquels se heurte la seule perspective offrant une issue véritablement écologique à la crise ouverte par le capital destructeur du vivant. Dans ce bras de fer en surface des idées politiques et culturelles, ce n'est pas cette perspective révolutionnaire qui est visiblement tranchante, témoignant de la marginalisation des organisations et courants qui la portent

la guerre contre le scientisme au nom duquel s'exprime aujourd'hui l'idéologie écologiste majoritaire trouve ses principaux généraux dans le conservatisme de droite. En voici une expression forte sous la plume d'Alain Finkielkraut, au nom de la poésie, citant Octavio Paz, George Eliot, Francis Ponge, René Char : «  Adieu, Virgile, Ronsard, Wordsworth, Hölderlin, Ponge ou Bonnefoy ! Les poètes ne sont plus là pour nous ouvrir les yeux et façonner notre âme. Et c’est Greta Thunberg qui occupe la place laissée vacante. »  

Et, sous l’éclairage de la menace, l’écologie, qui a été longtemps une affaire d’hurluberlus, s’invite dans l’agenda politique de la gauche, de la droite et du « en même temps ». Même les progressistes se demandent comment maîtriser notre maîtrise et s’attachent à réparer les dégâts du progrès. Ils cherchent des alternatives aux énergies polluantes. D’où leur enthousiasme pour les éoliennes. C’est le moyen, disent-ils, de ralentir le réchauffement climatique, en limitant l’émission de gaz à effet de serre. Et les chiffres leur donnent raison.
pas plus que la science aux apprentis sorciers (Finkielkraut évoque Frankestein), ne laissons la poésie aux réacs, mais ne nous étonnons pas que leurs mots fassent mouche

TRIBUNE - L’Académicien critique une écologie qui, laissant carte blanche aux techniciens, aggrave la dévastation dans sa façon même d’y porter remède». Il invite à respecter l’apparence sensible de la France et l’esthétique.

On ne saurait nier la gravité du changement climatique ni l’urgence qu’il y a à préserver notre monde, reconnaît l’auteur d’«Un cœur intelligent». Le progrès, célébré par les temps modernes, est devenu incontrôlable. Mais, si les faits donnent raison à l’écologie, la science ne saurait être son seul langage, sous peine de provoquer à son tour d’autres catastrophes, juge l’écrivain. L’écologie ne doit pas perdre de vue la beauté de la nature, célébrée par les poètes. Lutter contre le réchauffement climatique ne justifie pas de défigurer le paysage par des éoliennes et de se mettre au garde à vous devant des injonctions puériles. Ce texte est le fruit d’une intervention publique d’Alain Finkielkraut le 4 août dernier à Erbalunga, en Corse, en compagnie de Régis Debray.


Alain Finkielkraut a écrit:Comme le remarque le poète et penseur Octavio Paz, chaque société repose sur un nom, véritable table de fondation. Le nom partage le monde en deux : chrétiens/païens ; musulmans/infidèles ; nous et les autres. Notre société aussi partage le monde en deux: le moderne/l’ancien. C’est la même chose et c’est très différent. Nous sommes les premiers qui, au lieu de proposer un principe atemporel, donnons comme idéal universel le temps et ses changements. Notre civilisation n’est pas statique, mais historique. Elle parle au futur. Elle regarde devant elle. Elle se conçoit non comme essence, mais comme devenir et comme projet : le projet défini au XVIIe siècle par Descartes et Bacon de se rendre maîtres et possesseurs de la nature pour vaincre les fatalités et les misères de l’humanité.

Cette entreprise a quelque chose de grandiose, et, aussi critique que l’on puisse être, on ne doit jamais oublier l’hommage qui lui est rendu dans Middlemarch, le chef-d’œuvre romanesque de George Eliot : « Caleb Garth hochait souvent la tête en méditant sur la valeur, sur l’irremplaçable puissance de ce labeur aux myriades de têtes et de mains grâce auxquels le corps social se trouve nourri, vécu et logé. Cette force s’était emparée de son imagination dès l’enfance. Les échos du gigantesque marteau fabriquant un toit de maison ou une quille de navire, les signaux que se lancent des ouvriers, le ronflement des fourneaux, le bruissement tonitruant des machines formaient à ses oreilles une musique sublime ; l’abattage et le chargement du bois de construction, l’énorme tronc vibrant comme un astre au loin sur la grand-route, la grue fonctionnant sur le quai, les marchandises entassées dans les entrepôts, la variété et la rigueur des efforts musculaires déployés chaque fois qu’une tâche précise devait être accomplie, tous ces spectacles de sa jeunesse avaient agi sur lui comme la poésie sans l’aide des poètes ; il lui avait constitué une philosophie sans l’aide des philosophes. Sa première ambition avait été de prendre une part aussi active que possible à ce labeur sublime, auquel il conférait une dignité particulière en le désignant comme “les affaires”. »

Convertie à l’écologie, la science sera d’un grand secours, mais pour que la Terre demeure habitable, il ne faut pas lui concéder le monopole du vrai
Ce qu’il y a de sublime dans ce labeur, c’est l’effort concerté pour que la Terre ne soit plus une vallée de larmes. Les bienfaits du progrès méritent notre gratitude. Mais, aujourd’hui, la terre crie grâce et le ciel fait n’importe quoi. Plus les machines sont performantes, plus l’avenir s’assombrit. De conquérant, le progrès devient incontrôlable. Tout fonctionne, et en même temps tout se dérègle, tout dépend de l’homme, même la météo, et rien ne va comme il veut.

Le 25 juillet dernier, le journal suisse Le Temps titrait : «L’homme a créé un monstre climatique». Le monde a déjà connu, dans le passé, des phénomènes de réchauffement ou de refroidissement, mais ils étaient régionaux, celui-ci est global, et aucun facteur naturel ne l’explique. Les activités humaines en sont la cause. Avec leur volonté d’approprier la Création à l’humanité, les Temps modernes s’étaient placés sous le signe de Prométhée, mais maintenant qu’ils créent des monstres, c’est la figure du docteur Frankenstein qui vient à l’esprit. Et, sous l’éclairage de la menace, l’écologie, qui a été longtemps une affaire d’hurluberlus, s’invite dans l’agenda politique de la gauche, de la droite et du « en même temps ». Même les progressistes se demandent comment maîtriser notre maîtrise et s’attachent à réparer les dégâts du progrès. Ils cherchent des alternatives aux énergies polluantes. D’où leur enthousiasme pour les éoliennes. C’est le moyen, disent-ils, de ralentir le réchauffement climatique, en limitant l’émission de gaz à effet de serre. Et les chiffres leur donnent raison.

Seulement voilà : les chiffres ne sont pas tout, il y a aussi l’inquantifiable : le visage des choses, les apparences avant leur traduction mathématique, la réalité telle qu’elle s’offre au regard. Convertie à l’écologie, la science sera d’un grand secours, mais pour que la Terre demeure habitable, il ne faut pas lui concéder le monopole du vrai. « Les éoliennes poussent partout comme des champignons, écrit Renaud Camus. Rien n’est plus désespérant pour l’homme que ces pales tueuses d’oiseaux. Elles lui disent qu’il est cerné, qu’il n’y a plus pour lui d’échappatoires, plus d’absence, plus de transcendance, plus de hauteurs où plus présents sont les dieux. Et c’est sa propre espèce qui lui impose cette incarcération. (…) Les agenceurs de cette épouvante prétendent qu’ils ne dressent ces barreaux de prison que pour le bien de l’humanité et pour sauver la planète, mais à quoi bon sauver la planète, si c’est pour en faire une geôle sinistre?* »

Quand tout disparaît, les sarcasmes contre la hantise de la chute finale témoignent d’un panglossisme stupéfiant

Tel est le terrible paradoxe de notre temps : ceux qui veulent préserver la vie sur Terre militent pour la prolifération des éoliennes, alors qu’une vie à l’ombre de ces mastodontes vrombissants ne vaut d’être vécue ni pour les hommes ni pour les vaches. Dans cette guerre contre les nouveaux moulins à vent, la lucidité est de côté de Don Quichotte, et les écologistes sont les premiers à se moquer de lui. On se trompe donc en dénonçant leur catastrophisme. À l’heure de l’artificialisation accélérée des sols, de la démographie démente, de l’extension indéfinie de la banlieue, de la violence de l’agro-industrie, de l’agonie de la forêt amazonienne, de la montée des eaux et de la sécheresse qui fait croître le désert, on ne peut pas considérer l’effroi comme une pathologie. Quand tout disparaît, les sarcasmes contre la hantise de la chute finale témoignent d’un panglossisme stupéfiant. Ce qu’on peut, en revanche, reprocher à la politique écologique, c’est d’aggraver la dévastation dans sa façon même d’y porter remède: « Nous sommes plus près du sinistre que le tocsin lui-même », disait René Char. Voici que, par surcroît, les sonneurs de tocsin contribuent à la propagation du sinistre qu’ils annoncent. Et il ne s’agit pas seulement des éoliennes.

On n’a pas de temps à perdre avec la beauté du monde quand la planète est en péril
Il y a quelques mois paraissait un manifeste écrit par Fabrice Nicolino, journaliste à Charlie Hebdo : « Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est souillée. Le tiers des oiseaux ont disparu en 15 ans ; la moitié des papillons en 20 ans, les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards ; les grenouilles et les sauterelles semblent évanouies, les fleurs sauvages deviennent rares. Ce monde qui s’efface est le nôtre, et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive. Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde ! » Ce texte magnifique est deux fois désespérant: dans ce qu’il énonce et dans sa manière de l’énoncer, car celle-ci aussi est en voie de disparition. L’écologie officielle ne connaît plus la nature, ni le nom de ses habitants, mais seulement la «biodiversité» ou les «écosystèmes», ce qui veut dire que le souci de l’être s’exprime désormais dans la langue de l’oubli de l’être. On délaisse l’amour des paysages pour les problèmes de l’environnement. Et on n’a pas de temps à perdre avec la beauté du monde quand la planète est en péril.

« L’Être est ce qui exige de nous création pour que nous en ayons l’expérience », écrivait Merleau-Ponty. On pourrait dire dans son sillage : la nature a besoin de poètes pour que nous y soyons sensibles. Mais, tragédie invisible, ceux que Francis Ponge appelle les « ambassadeurs du monde muet » ont disparu. Adieu, Virgile, Ronsard, Wordsworth, Hölderlin, Ponge ou Bonnefoy ! Les poètes ne sont plus là pour nous ouvrir les yeux et façonner notre âme. Et c’est Greta Thunberg qui occupe la place laissée vacante.

Cette adolescente suédoise a eu l’idée géniale d’une grève hebdomadaire des cours, car, dit-elle: «Nous ferons nos devoirs quand vous ferez les vôtres.» De l’Assemblée nationale française à l’assemblée générale de Nations unies, les adultes médusés lui font un triomphe. Au lieu d’assumer par l’autorité la responsabilité du monde, ils présentent leurs excuses pour avoir tout salopé. Au lieu d’œuvrer à élargir le vocabulaire des enfants afin d’affiner leur vision, ils écoutent religieusement les abstraites sommations de la parole puérile. Ils ne se préoccupent pas de donner, par la connaissance de l’art, une dimension esthétique à l’écologie. L’urgence met la culture en vacances, et remplace par le tri sélectif l’éducation de la sensibilité. L’écologie méritait mieux.

*Renaud Camus a tant et si bien brûlé ses vaisseaux qu’il est devenu un auteur proprement innommable. Le citer, sur quelque sujet que ce soit, c’est être immédiatement suspecté du pire. Je brave ici l’interdit pour deux raisons: 1. Il formule mieux que personne l’enjeu ontologique de l’installation des éoliennes. 2. Je viens d’avoir 70 ans, et une chose, une seule, compense l’approche de la vieillesse et les mille petits tracas de ses premières atteintes: l’indifférence au qu’en-dira-t-on. La liberté est le cadeau de l’âge. Quand on se sent mortel, l’essentiel prend le pas sur l’opinion.

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Message par Invité Mer 25 Sep - 10:54


« La nostalgie est une force extrêmement puissante,
pas seulement dans nos vies privées mais dans la vie publique aussi »
Patlotch a écrit:certains propos de Jonathan Coe sont tout-à-fait exemplaire de la façon dont la littérature peut rendre compte de la "Structure of Feeling", concept de Raymond Williams correspondant au sociétal et à la culture comme troisième champ du marxisme avec l'économie et la politique. Il y souligne notamment, comme je l'ai fait plus haut, le poids de la nostalgie (10:10) alimentant le conservatisme et le populisme. Jonathan Coe ne me semble pas lui-même inoculé contre l'identité nationale, ce qui est perceptible dans ce qu'il dit des jeux olympiques de Londres (31:23)

Alors que le Royaume-Uni s'enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos politique, les Matins de France Culture reçoivent le romancier du Brexit Jonathan Coe.


'NÉO-CONSERVATISME', "Structure of Feeling" dans l'idéologie dominante (et Gilets Jaunes encore) 9782072829529
Comment en est-on arrivé là? C’est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman brillant qui chronique avec une ironie mordante l’histoire politique de l’Angleterre des années 2010. Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, Le cœur de l’Angleterre explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et privées d’une nation en crise.
Dans cette période trouble où les destins individuels et collectifs basculent, les membres de la famille Trotter reprennent du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s’engage dans une improbable carrière littéraire, sa sœur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, son vieux père Colin n’aspire qu’à voter en faveur d’une sortie de l’Europe et sa nièce Sophie se demande si le Brexit est une cause valable de divorce.
Au fil de cette méditation douce-amère sur les relations humaines, la perte et le passage inexorable du temps, le chantre incontesté de
l’Angleterre questionne avec malice les grandes sources de crispation contemporaines : le nationalisme, l’austérité, le politiquement correct
et les identités.
Dans la lignée de Bienvenue au club et du Cercle fermé, Le cœur de l’Angleterre est le remède tout trouvé à notre époque tourmentée.
Après la décision de la Cour suprême britannique d'invalider la suspension du Parlement voulue par Boris Johnson, le Royaume-Uni ne cesse de faire face à une crise politique sans précédent aux multiples rebondissements.

Plus qu'un simple rapport ambivalent à l'Europe, le Brexit a mis au jour une crise de l'identité anglaise elle-même. Le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne était-il inévitable ? Que révèle le Brexit des lignes de fracture qui traversent la société anglaise ? Pour en parler, nous recevons l'écrivain britannique Jonathan Coe, auteur du "Testament à l'anglaise" et plus récemment du roman du Brexit "Le cœur de l'Angleterre".

"Le Brexit est en train de détruire notre système politique : le système à deux partis ne peut pas se mesurer à l'exigence du public de pouvoir sortir de l'Union européenne et on va voir un réalignement de tous les partis politiques."

"J'ai toujours été attiré en tant qu'écrivain et en tant que lecteur à des romans qui mélangent les narratifs et les récits publiques et privés. Je crois que la politique est inévitable, elle infiltre tous les aspects de notre vie mais c'est aussi un livre au sujet de l'amour et de la nostalgie."
« David Cameron a ouvert la boîte de Pandore* du mécontentement, des mécontentements.
Maintenant, il est très difficile de refermer cette boîte et de trouver une solution politique.
Je vois un parallèle entre le Brexit et le Mouvement des Gilets Jaunes en France...

* En 2016, afin d'apporter des garanties à la partie eurosceptique de sa majorité, David Cameron organise un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne. Après le vote des Britanniques pour le départ de l'UE alors qu'il avait fait campagne pour le maintien, il démissionne de la tête du gouvernement et du Parti conservateur. Theresa May lui succède.

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Message par Invité Jeu 26 Sep - 16:08


LE CONSERVATISME EST-IL SOLUBLE DANS LE COMMUNISME ?
Patlotch a écrit:je n'écris pas le conservatisme est-il soluble dans la révolution ? en raison de ma critique de ce concept, et j'entends ici par communisme le mouvement d'abolition du capitalisme

par conservatisme, je ne retiens pas la nostalgie qu'il comporte, le "c'était mieux avant" qu'il soit idéologique et politique chez les tenants du néo-conservatisme, plutôt à droite de la droite, ou très présent dans des mouvements tels que les Gilets Jaunes ou celui qui porte le Brexit (voir post précédent avec Jonathan Coe). En quelque sorte, diamétralement opposé au slogan "Du passé faisons table rase" ou au mot d'ordre, un temps, de Théorie Communiste, détournant Faust : « Tout ce qui existe mérite de périr »

la question que je me pose en continuité de ce que je soulignais en 2012 dans Positivité communiste, c'est la part de ce que portent de tels mouvements, qui a justifié le soutien de "radicaux révolutionnaires" de lundimatin et Comité Invisible à quelques communisateurs égarés, en passant par Temps Critiques, Serge Quadruppani  ou Claude Guillon "écrivain anarchiste", part de rejet de l'ordre politique du capital mondialisé et parti pris de l'(auto-)organisation locale

le mariage du local et du global, sous le néologisme glocal, était un classique de l'Alternative mondialiste du début de siècle et du démocratisme radical aux belles heures des Sommets alternatifs mondiaux. Ici rien de tel, et plutôt un appel à l'État national d'une proportion de démocratie directe (RIC, Référendum d'initiative citoyenne), censée, on le suppose, relayer l'esprit des ronds-points

sans avoir l'optimisme de ces fantasmes gauchistes, je me dis qu'il y a là une compatibilité avec la mienne certitude que le dépassement positif du capitalisme, autrement dit la construction de la communauté humaine et du vivant, ne pourrait se faire dans l'uniformité d'un système mondial, et c'est pourquoi je parlais il y a quelques années des communismes au pluriel, reprenant au passage le concept décolonial de pluriversel en lieu et place d'universel d'autant que celui-ci, héritant des Lumières européennes, serait fondé sur les valeurs occidentales

c'est au fond, un point qui me rapprocherait de Jacques Camatte dans la conviction que la Gemeinwesen même à l'échelle mondiale ne pourrait être réalisée que par de petites communautés en nombre, sans quoi l'on peut toujours courir derrière l'immédiateté sociale entre individu supposant l'absence de médiations institutionnelles politiques et sociales

mais posant un tel problème, on n'est pas sorti de l'auberge, espagnole pour revenir aux Gilets Jaunes, puisque chacun de près ou de loin et de l'extrême-gauche à l'extrême-droite n'a fait que projeter ses idées sur leurs désirs de tout et son contraire

et quoi qu'il en soit le terme de conservatisme serait alors mal choisi pour cerner ce dont il est question

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Message par Invité Sam 5 Oct - 7:39


DENTS DE SAGESSE

quant à la structure politique de ce qui vient, Marion Maréchal ne manque pas de feeling
Patlotch a écrit:cette réflexion débridée sur le néo-conservatisme ne doit pas nous faire oublier que sa version la plus politique est explicitement d'extrême-droite et raciste, ce qu'a confirmé la semaine dernière la convention de la droite, avec le discours islamophobe (ici le terme n'est qu'objectif) d'Éric Zemmour et celui de Marion Maréchal, « Demain, j'en suis convaincue, nous serons au pouvoir ». Sa mise au point du lendemain en est tout sauf un démenti
@MarionMarechal a écrit:Suite aux spéculations des médias après la @ConvDeLaDroite, une clarification - je me suis associée à une démarche qui me paraît nécessaire: réfléchir, dialoguer, casser les digues partisanes. Pour autant, je n’ai pas l’intention d’être candidate à la présidentielle de 2022 [je souligne].
00:22 - 1 oct. 2019

bien sûr, elle tâte le terrain, mais jusque-là dans un sans fautes concernant la cohérence de ses propos depuis son come-back en janvier à Oxford pour vanter le populisme de droite, en avril au Forum économique international de Yalta, puis abondamment dans les médias français. Ils sont à prendre au pied de la lettre. Stratégiquement, tant la création de l'ISSEP, Institut des sciences sociales, économiques et politiques, pépinière de futurs leaders économiques, politiques et médiatiques, que la stratégie électorale à court terme, visent à enraciner sa perspective du pouvoir à tous les niveaux et à les tisser de haut en bas, chemin sur lequel elle tient compte de son retard sur Tatie Marine et se préserve d'une rupture avec son électorat jusque-là fidèle

Marion Maréchal est née en décembre 1989, elle a 29 ans et 12 de moins qu'Emmanuel Macron né en décembre 1977 et devenu Président dans sa quarantième année. En 2027, elle aura 37 ans, et toutes ses dents


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Message par Invité Dim 6 Oct - 10:59


VOUS AVEZ DIT "ÉMANCIPATION" ?
Patlotch a écrit:j'ai hésité à le placer ici, mais la question peut se poser de voir dans l'émancipation un contraire du conservatisme, bien que progrès ne soit pas donné comme son synonyme, mais affranchissement, indépendance, libération,, et ses antonymes asservissement, dépendance, domestication, enchaînement, entrave, esclavage, servitude, soumission. Beau programme donc a priori que l'émancipation, dans laquelle on entend qu'elle soit auto-, puisqu'être émancipé par d'autres n'est pas l'être vraiment, ce que disait la formule de Marx pour l'AIT en 1864 : « L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. »Je la rappelais récemment dans un échange avec Adé relatif à James C. Scott, mon ami estimant que « l'émancipation présuppose une dynamique générale de progrès humain et s'inscrit par cela même dans la perspective bourgeoise/progressiste d'une domestication jamais terminée, typique de l'état bourgeois, comme socialiste.»

l'émancipation fut pourtant bel et bien l'objectif ultime du communisme, du moins dans ses intentions proclamées, et non dans son résultat jusqu'ici comme "mouvement réel" tel qu'il fut. Aujourd'hui, après la disparition du Mouvement ouvrier et l'absence de toute reconstitution du prolétariat en classe révolutionnaire ou d'un autre sujet émancipateur visant l'abolition du capitalisme, les intellectuels réactionnaires ne se donnent plus la peine de combattre l'idée du communisme, mais vont plus loin et plus profond en s'attaquant à la perspective même de l'émancipation de l'humanité

c'est ainsi que Pierre-André Taguieff publie L'émancipation promise


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message sans ambiguïté :
hommes et femmes aux poings levés,
ne cherchez surtout pas à vous débarrasser de vos chaînes
En avons-nous fini avec les illusions du progrès ? C'est au retour des grands discours prométhéens que nous assistons avec leurs cortèges d'utopies meurtrières. Dénonçant les nouvelles fabriques de la surhumanité, le philosophe de l'extrême lucidité en appelle ici au réveil de la raison.
Dans ce livre savant et moqueur, Pierre-André Taguieff passe au scalpel l'idéal moderne par excellence, celui d'émancipation, qui exalte, mobilise et aveugle depuis longtemps les Modernes. Le temps est venu de soumettre à un examen critique sans complaisance cette notion qui fait partie du prêt-à-penser dont se sont emparés les utopistes et les démagogues de toutes obédiences.
Comment expliquer que cette notion banale ait pu devenir un thème philosophique et politique majeur depuis la fin du xviiie siècle, sous la forme du projet universaliste de l'émancipation du genre humain comme sous celle de l'autonomie croissante de l'individu ? Taguieff analyse la formation philosophique de l'idée d'émancipation, explore ses usages politiques et dissèque ce qu'il appelle l'" émancipationnisme ", produit de la corruption idéologique de cette idée-force. Car l'émancipation comme projet global appelle une critique fondamentale : ce qui est rejeté subrepticement, voire diabolisé, ce sont les attachements, les fidélités, les enracinements, les mémoires particulières, donc la transmission. Il s'agit d'un programme de refonte anthropologique, visant à créer l'" homme nouveau ", chimère d'une société mondiale d'individus également émancipés.
La généalogie d'une idée floue, pour penser librement le monde de demain.

le livre est favorablement apprécié par Le Figaro, « L’émancipation totale du genre humain justifie les pires violences », Valeurs Actuelles, L'utopie émancipationniste, Causeur, Le mot «émancipation» a un charme trompeur, L'Express, L'émancipation, ce foyer d'illusions...

ainsi donc, vouloir en finir avec asservissement, dépendance, domestication, enchaînement, entrave, esclavage, servitude, soumission... serait « rejet[er] subrepticement, voire diabolis[er], les attachements, les fidélités, les enracinements, les mémoires particulières, donc la transmission... », ficelle à la grosseur d'un câble, et nous voyons trop dans quelle structure de pensée, réactionnaire plus que conservatrice de fidélités, mémoires et transmission qui sont les nôtres, s'inscrit cette pseudo nouvelle croisade idéologique

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Message par Invité Mer 24 Juin - 16:39


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2005
un livre qui n'est pas récent (2005) mais qui éclaire par le parcours de son auteur les méandres du néo-conservatisme entre droite et gauche. Ils sont légions aujourd'hui à suivre ce chemin, comme on le vérifie tant dans les médias que par les réactions sociétales, sondages d'opinions, élections, et même les troubles et troublants contenus des luttes sociales... Il y a toujours un décalage entre l'idéologie forgée par les intellectuels et celle qui s'empare des masses
jlsynave a écrit:Yves Roucaute est, avec Guy Millière, un de nos grands spécialistes du mouvement néoconservateur américain

Ce courant politique que nous avons bien du mal à cerner de ce côté de l’atlantique est né, en grande partie de la gauche américaine, et marque de manière déterminante la politique intérieure et extérieure des Etats-Unis depuis l’ère Reagan. C’est clairement un mouvement profond, dynamique et porteur de valeurs fortes outre atlantique. Le mépriser ou le ridiculiser est une erreur. Lire Guy Millière et Yves Roucaute permet, en langue française, d’en apprécier les origines, les valeurs et son influence si importante aujourd’hui. Yves Roucaute nous livre aujourd’hui, après « La puissance de la liberté » une approche très philosophique de ce mouvement.

Les racines philosophiques, religieuses, humanistes et libéralistes sont étudiées avec soin par un Yves Roucaute toujours aussi en verve.
Quatrième de couv'
Peut-on ignorer la pensée qui anime la politique de la première puissance mondiale ? Et qui peut être mieux placé qu'un néo-conservateur pour expliquer ce qu'est le néo-conservatisme ? Yves Roucaute ne dissimule pas son propre itinéraire. Comment avoir été à la direction de l'UNEF, président de l'Institut Gramsci, et devenir néo-conservateur ? Le philosophe raconte sa recherche des valeurs perdues, l'histoire de la montée d'un doute qui le rongeait lors des soirées avec Louis Althusser, l'ami de la famille, Félix Guattari, le copain des combats marginaux, au cours des discussions informelles avec Jean-François Lyotard ou Michel Foucault, des rencontres plus cérémoniales avec Gilles Deleuze ou Jacques Derrida...

Ce livre est celui des valeurs retrouvées contre le relativisme de la gauche intellectuelle et de la droite archaïque. Le néo-conservatisme est né en proclamant " plus jamais Auschwitz " : il a détruit l'URSS du goulag et ne détermine pas sans raisons la politique des États-Unis face au nouveau défi barbare et aux tyrans. Contre le relativisme, donc, et au nom de l'humanité de l'homme, le néo-conservatisme exige le respect des droits naturels inaliénables. Contre le laxisme, il affirme une philosophie des devoirs respecter les anciens, défendre la grande culture, obéir au droit, punir avec sévérité, instruire des murs policées. Ni Dieu État, ni Dieu Marché, ni maternage, ni irresponsabilité, mais " dynamique de la liberté ", sur les chemins ouverts par John Locke et les Pères fondateurs des États-Unis.

L'auteur place le néo-conservatisme sous le principe espérance : une philosophie de la recherche du bonheur, appelée " singularisme ", qui exige la construction des " Cités de la compassion ", pour répondre à la souffrance et vivre dans le respect du " Vieil Homme " ; qui exige aussi une nouvelle conception de la prudence et de la guerre juste, dont la finalité est la liberté et le traité de paix universelle.

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Message par Invité Lun 24 Mai - 14:37


"À DROITE TOUTE" ?
brèves remarques que je ne développe pas

au train où vont les choses, dans ce qu'on aurait appelé autrefois un "glissement à droite" de toute la société, le macronisme "ni droite ni gauche" chassant sur les terres de l'extrême-droite, la question du contenu de la politique à venir est masquée par celle de savoir qui va présider à sa mise en œuvre, de Macron ou Le Pen. Dans cette perspective, on pourrait presque dire que Marine Le Pen, elle, "glisse à gauche" (voir L'influenceuse Estelle RedPill)

mais ce contenu et le type de "gouvernance" auxquels on peut s'attendre ne font guère de doute, et pour l'heure, du point de vue de la politique à conduire dans le sens des intérêts économiques capitalistes, le remplacement de Macron ou d'un successeur de la même nature politique s'il fait défaut (Philippe...), ne me paraît pas s'imposer, ni la mise en place d'un "nouveau fascisme"

le moins qu'on puisse dire est que cette dérive ne manque pas d'être soutenue, ou appelée, par l'opinion publique, toutes catégories et classes sociales confondues. Macron lui-même ne semble plus que la suivre pour rester au pouvoir, et n'en devient pas largement impopulaire pour autant. On peut lui reprocher ce qu'on veut, mais il n'est pas "loin des réalités" comme on le prétend, au contraire. Ce n'est d'ailleurs pas cette dimension de sa politique qui pourrait le faire perdre, puisqu'il ne craint rien sur sa gauche

dans ce contexte, l'Appel à une journée nationale de manifestation « pour les libertés et contre les idées d’extrême droite », le 12 juin pourrait fort bien, même suivi, n'avoir aucun effet

remarques allant dans le sens du sujet, "structure of feeling", idéologie paradigmatique du moment

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