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L'ACHRONIQUE À CÔTÉ

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Message par Patlotch Lun 15 Oct - 16:47


la chronique à côté de la plaque ?
on verra...

achronique : Qui ne tient pas compte du temps, de la durée. (Larousse en ligne)

il ne me suffit plus de détruire mes livres, il arrive que je n'ai plus envie du tout d'écrire quoi que ce soit sur Internet

d'un côté, ce serait plutôt bon signe, si me venait un plus de désir de "réel", de "vraie vie" matérielle. Un fantasme de disparition des écrans. Ou alors, le sentiment de n'avoir plus rien à dire à personne : à personne en général. À quoi bon parler à des inconnus qui ne répondent pas, le comble de la non-communication ? N'ai-je pas assez incriminé "mettre de la merde dans les tuyaux" ?

d'un autre, ce serait l'envie de parler avec quelqu'un en particulier, entre individus concrets

l'écriture d'un auteur est telle qu'elle voue le lectorat à n'être qu'une abstraction. À moins qu'il ne parle tout seul. Ça doit être un peu ça. Signe des temps ?

quoi qu'il en soit : « L'émancipation des X sera l'émancipation des X eux-mêmes », soit l'on y croit et l'on se tait, soit l'on n'y croit pas et l'on ment


1987

Charlie Haden – bass
Chet Baker - trumpet
Enrico Pieranunzi - piano
Billy Higgins - drums

dans Lecture de John Cage, Octavio Paz écrit que le silence est musique, la musique n'est pas silence...

Leido
desleido:
Music without measurments,
Sound passing trough circumstances.

Dentro de mí los oigo
pasar afuera,
Fuera de mí los veo
pasar conmigo.
Yo soy la circunstancia.
Música:
oigo adentro lo que veo afuera,
veo dentro lo que oigo fuera.
(No puedo oírme oír: Duchamp)
Soy
una arquitectura de sonidos
instantáneos
sobre
un espacio que se desintegra.
(Everything
we come across is to the point)

La música
inventa al silencio,
la arquitectura
inventa al espacio.
Fabricas de aire
El silencio
es el espacio de la música:
un espacio
inextenso:
no hay silencio
salvo en la mente.
El silencio es una idea,
la idea fija de la música.
La música no es una idea:
es movimiento,
sonidos caminando sobre el silencio.
(Not one sound fears the silence
that extinguishes it)

Silencio es música,
música no es silencio
Nirvana es Samsara,
Samsara no es Nirvana.

El saber no es saber:
recobrar la ignorancia
saber del saber.

No es lo mismo
oír los pasos de esta tarde
entre los árboles y las casas
que
ver la misma tarde ahora
entre los mismos árboles y casas
después de leer
Silence:
Nirvana es Samsara
silencio es música.

(Let life obscure
the difference between art and life)

Música no es silencio:
no es decir
lo que dice el silencio,
es decir
lo que no dice.
Silencio no tiene sentido,
sentido no tiene silencio.
Sin ser oída
la música se desliza entre ambos.
(Every something is an echo of nothing)
En el silencio de mi cuarto,
el rumor de mi cuerpo:
inaudito.
Un día oiré sus pensamientos.
La tarde
se ha detenido:
no obstante-camina.
Mi cuerpo oye el cuerpo de mi mujer
(a cable of sound)
Y le responde:
esto se llama música.

La música es real,
el silencio es una idea.
John Cage es Japonés
y no es una idea:
es sol sobre nieve.
Sol y nieve no son lo mismo:
el sol es nieve y la nieve es nieve
o
el sol no es nieve ni la nieve es nieve
John Cage no es americano
(USA is determinated to keep the free World free,
USA determined)

o
John Cage es americano
(That the USA may become just another part of the World.
No more no less.)

La nieve no es sol,
la música no es silencio.
el sol es nieve,
el silencio es música.
(The situation must be yes and no,
not either-or)

Entre el silencio y la música,
el arte y la vida,
la nieve y el sol
hay un hombre.
Ese hombre es John Cage
(commited
to the nothing in between)

Dice una palabra:
no nieve no sol,
una palabra
que no es
silencio:
A year from monday you will hear it.

La tarde se ha vuelto invisible.







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L'ACHRONIQUE À CÔTÉ Empty Re: L'ACHRONIQUE À CÔTÉ

Message par Patlotch Mar 16 Oct - 20:06


L'ACHRONIQUE À CÔTÉ Evolution-population

la population mondiale a triplé depuis que je suis né, de 2,5 milliards en 1951 à 7,5 milliards cette année. Il lui avait fallu 150 ans pour tripler auparavant, avec 0,8 milliards en 1800, et 8 siècles pour tripler depuis l'an 1000 (~ 300 millions), à peine plus qu'au début de notre ère. Elle pourrait encore doubler à la fin du 21e siècle. Où vont-ils se mettre ? À la place de qui, de quoi ?

« Des arbres massacrés. Des maisons surgissent.
Des gueules, des gueules partout. L'homme s'étend.
L'homme est le cancer de la terre. »

Cioran, De l'inconvénient d'être né, 1973

quand j'étais démocrate, je considérais que chacun.e devait compter pour 1, ni plus, ni moins. Maintenant, je préférerais ne compter pour rien. L'inconvénient, c'est d'être né

je peux, égoïste ou pas, me préoccuper de ce qu'il adviendra de l'humanité, à travers mes proches, pour quelques générations. Mais après ? Qu'en ai-je à faire, franchement, que l'humanité disparaisse plus ou moins vite, ou qu'une infime minorité survive dans un monde utopique visé comme idéal ? À l'horizon lointain, pourquoi préférer l'homme au merle ou au papillon, quand aujourd'hui déjà ceux-ci m'apportent plus de bonheur de vivre que la multitude dont la survie les menacent d'extinction ? Bon, dites-vous, - c'est la faute au capital*, une manière comme une autre de me dire : - ferme ta gueule !

* ça décolle vers 1800, avec la révolution industrielle, d'où les thèses de Malthus. L'évolution depuis a de quoi relancer sa controverse avec Marx


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L'ACHRONIQUE À CÔTÉ Empty Re: L'ACHRONIQUE À CÔTÉ

Message par Patlotch Sam 27 Oct - 20:34

25 octobre 2018

aussi égoïste cela puisse-t-il être, le plus désespérant n'est pas pour moi que le monde aille si mal, ou que la perspective d'en sortir par le haut soit aussi improbable, mais que je ne puisse plus créer au niveau de mes meilleurs œuvrages, d'un temps où j'étais pourtant moins conscient des choses, ou plus dans l'illusion de solutions militantes

ce forum témoigne de ce qu'en dehors de la sphère privée je puis faire de mieux aujourd'hui. Comment m'en satisfaire ? C'est la première fois que je prends le risque de quitter une passion morte sans ressentir une nouvelle prête à vivre, et me faire vivre, moi qui ne fais bien les choses que dans la passion

« Un clou chasse l'autre », dit-on, moi j'ai bien un marteau, mais je n'ai pas de clou. Autrement dit, je suis marteau, et bon à mettre au clou


27 octobre 2018

la certitude d'un bide

si je passe tant de temps sur le forum, c'est parce que je m'emmerde. Pour le reste je ne sais plus trop si j'écris pour ne pas m'emmerder, ou si écrire est le mieux que je puisse faire, publiquement parlant

il se peut qu'il en aille de même pour ma lectorate amaigrie, mais pas aigrie, sans quoi elle ne me lirait plus : elle me lit parce qu'elle n'a rien de mieux à faire

alors d'un côté, c'est flatteur, on s'intéresse à ce que j'écris, d'un autre c'est flippant

et si on fondait, ché pas, moi, un parti, un groupe, une tendance... ? On écrirait un Manifeste : Désœuvrés de tous les pays, emmerdez-vous ensemble ! et on le mettrait en souscription (en vente, quoi)

au fait, alors que je plafonne à 100 sur tweeter en deux ans, les new communards de @commune_mag dépassent les 7500 abonné.e.s, environ 500 de plus qu'hier ! en un mois !

en marketing, je reconnais qu'ils sont balèzes. Il faut croire que le jaune se porte et se vend bien. Mais vous, vous vous voyez avec un truc comme ça, salissant, en sus ? Et question invisibilité par la police, ça vaut pas l'uniforme Black Bloc


peut-être que je devrais faire payer la lecture du forum. Quand c'est payant, ça prouve que ç'a de la valeur, un peu comme les séances lacaniennes, non ? Et puis payer pour s'emmerder, les gens ont l'habitude... On appelle ça les loisirs

PS : le ventre me presse d'aller faire les courses alimentaires. Je sais pas ce que nous allons manger. Ce doit être en raison d'un manque de concept. D'ailleurs ça ne s'invente pas : L’estomac, ce deuxième cerveau

je panse donc je pense
avec le bide, évidemment

9 novembre

ballades initiatiques

j'aurais pu faire de mes célébrations musicales quelque chose de plus poétique. C'est parfois trop pédagogique, trop démonstratif, je me laisse entraîner par une approche ancienne, des remontées d'une manière passée de parler de la musique que j'aime

mais le côté aléatoire s'impose à moi, sautant du coq à l'âne, laissant venir ce que j'entends, soudain, d'un air d'avant, ou là devant d'un autre, que je découvre et qui m'apprend que j'en n'aurai jamais fini de traîner mes oreilles par les écoutilles, et par les cales de ma mémoire d'écouter les grands fonds

et puis il y a aussi qu'écouter de la musique fait écrire autrement, quelque chose change dans le rythme et l'harmonie des mots, je l'ai senti quand est venu mon dernier poème : PERCÉ

dans Errance de l’humanité – Conscience répressive – Communisme en mai 1973, Jacques Camatte écrit au détour d'une phrase : « L'homme devenu abstrait est avide de musique ayant encore conservé la sensualité ancestrale, d'où la vogue du jazz et des musiques sud-américaines. » Il affirme dans le même texte : « C’est la totalité de la vie qui devient déterminante. »

nous y voilà, j'essaie de tout relier


Dernière édition par Patlotch le Jeu 17 Jan - 22:54, édité 1 fois

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L'ACHRONIQUE À CÔTÉ Empty Re: L'ACHRONIQUE À CÔTÉ

Message par Patlotch Lun 12 Nov - 8:19

hier après-midi, j'ai fait une expérience intéressante : poser dans un atelier de peinture pour une petite dizaine de femmes. C'était la première fois et je n'étais pas nu, mais on est toujours un peu nu quand on pose. "Modèle vivant", on doit être pour le (la) peintre comme une "nature morte" ; il ne faut pas bouger ; trois heures, trois positions entrecoupées de pauses, c'est assez difficile, et j'ai choisi de lire un livre, pour être plus "naturel"

j'étais plutôt à l'aise, sans problème d'image, la question n'étant pas d'être beau... À la fin tu te vois dans une vingtaine de miroirs, avec autant d'apparences dont fort peu te ressemblent, et ce n'était sans doute pas l'intention de toutes qu'il en soit ainsi, ou pas à la hauteur de leurs moyens. Les meilleures, comme peintures, n'étaient pas les plus ressemblantes

si, dans la peinture classique, l'art du portrait consiste à représenter l'individu - les deux, et leur fonction sociale, apparaissant en même temps dans l'histoire* -, avec la photo, cette fonction disparaît, et le portrait du modèle devient de plus en plus celui du peintre même, de sa façon de concevoir les choses
Wikipédia a écrit:En Europe, la représentation visant à la ressemblance remonte, pour l'époque moderne, à la peinture flamande et aux primitifs italiens du xve siècle. Auparavant, on trouve principalement des effigies de profil, comme celles gravées sur les monnaies. C'est à la Renaissance qu'on exige de l'artiste qui réalise un portrait qu'il reflète la singularité de la personne vivante dans son rapport avec la personne qui le regarde. Les frères de Limbourg et Jan van Eyck représentent ainsi des hommes d'affaires hollandais. Le roi de France Jean II le Bon est le premier à se faire portraiturer. [...] La Révolution française amène les bourgeois à se faire représenter en portrait.

source

en somme, j'étais là comme un prétexte, sans quoi je serais allé au photomaton, ou j'aurais pris un selphie


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L'ACHRONIQUE À CÔTÉ Empty Re: L'ACHRONIQUE À CÔTÉ

Message par Patlotch Ven 30 Nov - 14:32


« Je voudrais que la Marseillaise d’Albert Ayler
sonne l’hallali d’un carnage terrible
»

et tiens si on foutait le bololo dans l'enfoirum, de la musique dans l'extime et de la France où elle n'est pas en jaune, de la divergence de buts dans les cons doléances, alors on écouterait Ayler et on lirait du Nabe

L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 978-2-84263-170-3

Marc-Édouard Nabe a écrit:14  juillet 1989, j’écoute la Marseillaise d’Albert Ayler. La fête dehors bat son plein.
Par ma fenêtre, je vois les fusées tricolores qui zigzaguent dans la nuit. C’est ridicule. La France est lamentable. Je monte le son.

14  juillet 1989, j’écoute la Marseillaise d’Albert Ayler. La seule vraie marseillaise qui ne nous fasse pas honte, alors que l’intolérable commémoration touille un dernier fond de diarrhée dans le pot de chambre de l’Histoire.
Patrick Besson qui n'était pas encore un vieux con écrivait dans Le Figaro Littéraire « c'est une ode à la désobéissance civile », « un hymne à la désobéissance littéraire »


1965

Albert Ayler (saxophone ténor)
Donald Ayler (trumpet)
Charles Tyler (saxophone alto)
Henry Grimes (contrabass)
Gary Peacock(contrabass)
Sunny Murray (drums)
Call Cobbs (clavecin)

là tu peux être sûr, ya pas un nationaliste pour l'aimer, celle-là, bien pire c'est-à-dire bien meilleure provocation que celle de Gainsbourg qui faisait chier les paras et Michel Droit

Albert Ayler selon Saint Nabe
Ayler. Nabe. Deux génies du XXè siècle. Il fut évident qu'ils se rencontrassent. Pas physiquement bien sûr. Albert Ayler, nègre mystique, jazzman céleste, fou illuminé, est mort assassiné en 1970, à l'âge de 34 ans. Nabe avait alors onze ans, presque douze. Mais ce grand écrivain français, le seul en activité aujourd'hui, a rendu l'hommage qu'il fallait à Albert Ayler dans son opus La Marseillaise, publié aux éditions Le Dilettante en 1989, l'année du bicentenaire. Dans un chorus de 38 pages, Nabe ramène Ayler à la vie et écrit les plus belles pages consacrées à un musicien. C'est meilleur que son Billie Holliday. Aucune phrase n'est à jeter. Et je lui fait l'injure d'en jeter la plupart car vous lirez ici trois courts extraits de son poème en prose (comment le qualifier autrement ?) sur "ce geyser de larmes qui jaillissait du jazz".

Marc-Édouard Nabe a écrit:C'est vrai, au début, quand j'ai découvert Ayler, je l'adorais pour sa force fantastique de provocation. J'avais quatorze ans et le coup de knout que cette musique pouvait asséner à un bourgeois normal me réjouissait au plus profond de moi-même. Bien vite, Ayler ne m'apparut plus comme une arme contre les cons, mais une arme contre moi, le plus con de tous, celui qui allait plonger dans l'extase de cette folie. J'écoutais toute la journée Ayler, totalement transporté par cet anti-humour triste à en pleurer.

Qu'est-ce que c'est que cette musique ? Je n'en connais pas de plus subversive aujourd'hui où les jazz de Monk et de Parker sont récupérés, intégrés, "revisités" d'une façon vulgaire, en massacrant les thèmes et les tempos... Vous n'entendrez pas souvent Ghosts d'Ayler à la radio. L'aylerisme fait encore peur. Depuis que j'écoute ça, pas de progrès. Les femmes sortent immédiatement de la pièce, les vieillards ont une crise cardiaque, les jeunes gens ricanent et les chats sifflent. Ça ne passe pas. Les imbéciles sont persuadés qu'il s'agit d'un gag ou que mon pick-up est mal réglé, le disque rayé, que sais-je ?... Aucun ne peut reconnaître qu'il s'agit de la musique la plus céleste qui soit, des mannes sonores qui tombent délicatement sur nous. Des chérubins qui perdent leurs plumes ! Tant de joie grandiose dépasse ! Une musique sans notes qui s'adresse au Ciel. Une musique qui peut faire pleuvoir ! Un chaos joyeux ! La naissance de la Gaité ! Les Fleurs qui dansent ! Ça vous descend ainsi dans les membres, et ça vous les détache ! Vous êtes dans un état de purification spirituelle parfait. Vous participez au salut du monde. Vous jouissez dans une vive flamme d'amour de toutes les catastrophes que cette musique raconte.


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L'ACHRONIQUE À CÔTÉ Empty Re: L'ACHRONIQUE À CÔTÉ

Message par Invité Ven 29 Mar - 12:45

du 26 mars, puis, 27 mars en-bas sur l'absence de réaction des ex-soutiens français de Battisti : un silence de plomb ? Hier, la réaction de Fred Vargas (que je complète), qui avait signé en  2004 :

L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 41MJBHNNGWL._SX195_
Le Parisien a écrit:Contactée, l’historienne estime que les aveux livrés aux policiers italiens « ne remettent en rien en cause le résultat de mes recherches. Vous avez le droit de me prendre pour une imbécile, une naïve, mais j’étais extrêmement documentée sur le dossier. Je lui maintiens mon soutien, pour des raisons que je ne peux pas dire. »

« Je suis absolument contre toute violence. Je ne l'aurais jamais défendu si j'avais pensé qu'il avait tué quelqu'un. On me prend pour une idiote, une crédule, mas je ne me suis pas fait berner. Je n'ai pas clamé son innocence en me basant sur une conviction, mais sur des recherches scientifiques. Je suis chercheur à la base, avant d'être écrivain. Et je maintiens mes conclusions. » Interrogée sur les récentes déclarations de Battisti au procureur de Milan dans lesquelles il a reconnu sa responsabilité dans ces meurtres, Mme Vargas répond : « Je ne connais pas les raisons pour lesquelles il a fait ces déclarations. Je ne dis pas qu'il ment, mais moi je garde ma conclusion. », a-t-elle poursuivi.
mon hypothèse est que Battisti aurait assumé les quatre meurtres, bien que ne les aillant pas tous commis, et Vargas en saurait plus long. S'il a affirmé « c'est moi et moi seul qui ai tiré les coups de feu », c'est peut-être pour éviter des ennuis. Il a certes refusé de donner le nom de ses camarades, mais le sort d'un repenti n'est jamais assuré. Il a d'ailleurs été traité comme un mafieux, et c'est son régime actuel en prison

26 mars
la position du tireur couchée

Italie : les aveux du détenu Cesare Battisti

L’ancien leader des PAC, les prolétaires armés pour le communisme (sic), a reconnu avoir participé à deux assassinats et en avoir commandité deux autres.
Patlotch a écrit:ça (me) fait tout sauf rigoler, mais puisque c'est dans cette rubrique que j'en avais parlé à plusieurs reprises, dont la dernière lors de son arrestation au Brésil...

"Que ceux qui ont soutenu Cesare Battisti présentent leurs excuses !", titre l'Obs', dans la bouche du ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini. Non, je ne présenterai pas mes excuses pour l'avoir soutenu, la dernière fois c'était en 2004, devant le Palais de Justice de Paris, la Cour de cassation allant valider définitivement l’avis favorable à l’extradition vers l’Italie de l’ex-militant d’extrême gauche Cesare Battisti, alors en fuite et condamné à perpétuité dans son pays pour son implication dans quatre assassinats, mais clamant son innocence

questions :

- le croyais-je innocent ? Je crois ne pas m'être posé la question, et n'y avoir jamais répondu de façon tranchée ou même le penser responsable de ces meurtres en mon for intérieur, mais je me suis comporté comme s'il était innocent

- pourquoi ? Le harcèlement des gouvernements italiens successifs à partir des années 90 pour régler leurs comptes des "années de plomb" du "Mai rampant italien". La même raison qui m'avait fait protester contre l'emprisonnement de Toni Negri. Quoi qu'il en soit pas un soutien à la lutte armée dans les circonstances de l'Italie des années 70

- mais encore ? Battisti était devenu écrivain, de polars mettant en scène de façon plus ou moins autofictionnelle son passé de "terroriste". Solidarité sûrement coupable, mais j'avoue que j'aimais bien ses livres, et que j'y ai beaucoup appris

- et maintenant ? Un sale goût dans la bouche, mais sûrement pas l'impression de m'être fait avoir. Une tragédie personnelle s'ajoute à la tragédie historique. Pourquoi ne pas avouer aujourd'hui ma satisfaction pour les familles des victimes, et en même temps ma tristesse pour le vieux Battisti

mais il est vrai qu'après coup, c'est le cas de l'écrire, certains titres re-sonnent bizarre, parus en 2000...


L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 415Csgm4%2B7L._SX338_BO1,204,203,200_ L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 51fPZ%2BYZeaL._SX337_BO1,204,203,200_

A vingt-deux ans, Claudio a déjà un lourd passé : vols à main armée et séjours en prison. Nous sommes en 1976, dans la région de Rome. Un grand mouvement politique et culturel secouant l'ltalie va prendre la forme d'une lutte armée menée contre l'Etat. Désormais clandestin, Claudio sera entraîné dans un tourbillon qui le portera en première ligne des combats.

Comme son personnage, Cesare Battisti a un peu plus de vingt ans lorsqu'il rejoint la lutte armée. Condamné à perpétuité pour son activisme, il s'évade, s'exile au Mexique où il rencontre Paco Ignacio Taibo et fait l'apprentissage de l'écriture. "Sa page, Battisti l'organise comme un hold-up. Avec méticulosité, rapidité, hardiesse, rythme et surprise."

la position du tireur est désormais couchée

27 mars
un silence de plomb ?

Patlotch a écrit:depuis l'annonce de cet aveu, et partant du signal donné par le ministre italien de l’intérieur italien, "Que ceux qui ont soutenu Cesare Battisti présentent leurs excuses !",  les sarcasmes et injonctions se sont multipliés de la part de politiques ou journalistes de droite et droite extrême, Gilbert Collard, Eric Naulleau, Marianne, Boulevard Voltaire, etc. Battisti aurait déclaré à La Stampa : « Je n’ai jamais été victime d’une injustice, je me suis moqué de tous ceux qui m’ont aidé, je n’ai même pas eu besoin de mentir à certains d’entre eux »

dans le collimateur, la gauche et ses intellectuels en général, et des personnalités telles que Fred Vargas, Philippe Sollers, Guy Bedos, Jacques Higelin, Sapho, Pierre Vidal-Naquet, Dan Franck, Miou-Miou, Georges Moustaki et même le député de l’UMP Jacques Remiller, sans oublier Danièle Mitterrand, et... Bernard Henri Levi

on ne les a pas entendus réagir... ce que j'interprète comme un signe de plus de la déliquescence de la pensée de gauche et particulièrement du sens critique de ses "intellectuels". Les plus jeunes n'ayant pas trempé dans cette affaire s'en lavent les mains et distribuent les leçons de morale sur les plateaux comme dans l'ex-presse de gauche, Libération, l'Obs...

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L'ACHRONIQUE À CÔTÉ Empty FEU DANS LES VITRINES

Message par Invité Jeu 20 Juin - 12:32


SANS DÉCONNER NI DÉCONNECTER

L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 8ef60be_CHP10_FRANCE-VANGOGH-GUN_0614_11
Le revolver avec lequel Vincent Van Gogh se serait donné la mort le 27 juillet 1890
a été vendu 130 000 euros le 19 juin.
Charles Platiau / Reuters
Patlotch a écrit:il y a que j'ai toute ma vie été un inventeur de formes inédites, en musique, en peinture, en poésie, en critique communiste, en usage d'Internet... C'est comme ça, indiscutable et pas même source de gloriole. Cela déconcerte, déstabilise : est-ce de l'art ou du cochon ? - et sans doute est-ce pour ça que je suis si peu connu ou reconnu, d'autant que je ne l'ai jamais vraiment cherché, longtemps et souvent fui, irrémédiablement contre les figures et postures de théoricien-guide ou d'artiste, la poétique et la poésie comme relevant de la "littérature"*

* quelle connerie que cette épreuve de français sur la poésie, qui en dit plus long sur celle des professeurs de français, que sur la "difficulté" rencontrée par les candidats face à un détournement de ce qu'est et fait un poème, face à un choix douteux de poètes et poèmes, face à des questions auxquelles le poète que je suis, après décennies d'écriture et de réflexions, refuserait de répondre parce qu'elle sont une absurde insulte à la poésie véritable

j'aurai diffusé gratuitement tous mes œuvrages, mais au-delà, il demeure qu'ils sont davantage l'objet d'une consommation passive que d'échanges non-marchands, ce qui en serait un objectif minimal. Qu'on les apprécie positivement ou négativement ne change rien pour moi tant que je n'ai aucun retour critique. De ce fait, mon accumulation rejoint le commun de la geste virtuelle : mettre sa merde dans les tuyaux, en faire un tas, des archives malgré soi, puisque supprimer son passé sur Internet, Google, Facebook, Tweeter, etc. est un parcours du combattant

je suis par conséquent très insatisfait sinon de ce que je fais et de ce qu'on en fait, que j'ignore, et c'est pourquoi je cherche, encore, d'autres formes pour le faire, et qui me satisfassent avant d'en changer encore

j'ai fait le ménage sur facebook et tweeter. Je crois que certaines formes d'expression relèvent de l'éphémère, comme on dit les paroles s'envolent, les écrits restent, et que ce qui est écrit comme une parole au présent n'est pas nécessairement destiné à demeurer, être archivé comme un propos essentiel des mois, des années après. Cela ne vaut que pour la police et les fouille-merde qui, au demeurant comme les critiques d'art et les professeurs de philosophie, passent toujours à côté

on a mis aux enchères, après le revolver dont usa Verlaine pour tirer sur Rimbaud, celui avec lequel Van Gogh se serait suicidé. Je l'aurais bien volé pour tirer un coup dans toutes ces vitrines assassinant les morts comme les vivants


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Message par Invité Sam 6 Juil - 17:37


LE RÊVE DU TIREUR OUTRE-RÉALISTE

« L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings,
à descendre dans la rue et à tirer au hasard,
tant qu’on peut, dans la foule. »

André Breton, Second manifeste du surréalisme, 1930


L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 666054217

Patlotch a écrit:on connaît le grand succès de réalisme tout court qu'a obtenu ce programme aux États-Unis notamment, mais bien que l'on puisse s'en faire une idée, on ignore ce que les auteurs de ces massacres doivent à Breton

je dois dire que rien que pour avoir écrit ça, je ferais volontiers ma première cible du Pape du surréalisme, et sans attendre un "hasard objectif" mais plutôt en "construisant une situation"

et si la situation venait à m'en donner l'occasion, je ne me contenterais pas de faire feu dans les vitrines, j'assassinerais purement et simplement quelques individus selon mes choix circonstanciés. Je ne les choisirais pas dans un camp ou l'autre, car mes critères les traverseraient, comme s'en doute qui sait lire et me croit sur parole. Au fond, quand on met en œuvre sa propre théorie, sa pratique n'en est pas séparée, c'est une praxis immédiatement performatrice et perforante. La faiblesse du surréalisme de Breton est qu'il n'ait tiré sur personne

à part ça, je ne ferais pas de mal à une mouche, mais c'est à prendre au pied de la lettre, surtout depuis que je sais les insectes menacés de disparition. Je n'ai pas le même respect pour les drones


La longue marche
L'ACHRONIQUE À CÔTÉ MocheMarche
la petite bête, photos Patlotch

PS : le peu que j'ai fait de service militaire, j'étais exempté de port d'arme plus de 5 minutes, si bien qu'on m'en apportait un pour les séances de tir. J'étais plutôt bon et c'est de ça que je garde le meilleur souvenir : seul, face à une cible avec un fusil, en position du tireur couché

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Message par Invité Mer 15 Jan - 9:44


« Cela pourrait être vrai, donc cela doit être vrai, donc cela est vrai. »

L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 51NwOXhSybL
C'est dans Détectives rétro, une anthologie d'enquêtes excentriques, La Chambre d'hôtel de Jules Lermina, 1871, que j'ai trouvé ce joyau, dont voici un extrait plus complet :
Aujourd'hui, il vous faut à tout prix une solution, et c'est sur cette nécessité, que vous vous êtes forgée vous-même, que vous bâtissez un système de toutes pièces. Votre système d'aliénation mentale, à sa période d'incubation, est curieux et séduisant à première vue ; dès que cette idée a surgi en vous, vous vous êtes dit : Cela pourrait être vrai, donc cela doit être vrai, donc cela est vrai. Alors vous avez élevé votre petit monument en l'adaptant à des bases de fantaisies.
ce passage me fait irrésistiblement penser aux théoriciens de la communisation tous compris, dans les divers récits qu'ils donnent du processus révolutionnaire

le sommet est atteint quand ces récits sont écrits au présent, au futur simple sans conditionnel, je l'avais signalé concernant Bernard Lyon de Théorie Communiste, et certains textes de Bruno Astarian/Hic Salta dont particulièrement le dernier, ou encore de Gilles Dauvé, le livre De la crise à la communisation. Je laisse de côté les seconds couteaux de la théorie, chez qui le syndrome s'aggrave, et les adeptes, chez qui l'aliénation idéologique est avancée, le futur annoncé

corollaire, une tendance à négliger, déformer, censurer, ce qui pourrait montrer que cela pourrait être faux, donc que ceci doit être pris en compte, donc que cela n'est pas vrai. Leur vrai est un moment de leur faux. Laissons-les les discerner, Olé !


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Message par Invité Lun 3 Fév - 5:39

de Roland Jaccard dans Causeur (Vivre dans un monde meilleur…), pas ma tasse de thé, plus connu mais plus confronté à sa solitude que moi encore, mais pour ça, qui le retient, dit-il, du suicide : « Et surtout, en dépit de sa médiocrité, je veux connaître la suite du feuilleton que l’actualité m’offre quotidiennement, tout en étant convaincu de son caractère dérisoire et répétitif.»
7 février
7
Ah certes, je n'ai pas le monopole de la souffrance même psychologique, la mienne n'est que profonde plaie à l'âme, et j'ai tous les moyens intellectuels et artistiques de la transcender pour atteindre à la catharsis qui libère de leurs démons les chanceux de mon genre, mais... il y a toujours un mais

6
que voulez-vous, je suis davantage apprécié, en nombre, quand j'écris des conneries pour amuser la galerie, bien qu'elles me fassent rire aussi car je suis mon meilleur public, qu'en écrivant des choses sérieuses, bien que sans me prendre au sérieux. C'est l'abjection de Twitter, des réseaux sociaux et d'Internet en général. Et vous voudriez que ça me rende optimiste ?

5
des arrières-grands-parents aux petits enfants du futur, ils écouteront les Beatles, les considérant comme les plus grands poètes de leur époque, et moi Abbey Lincoln et pas Abbey Road, illustre inconnue, aux textes meilleurs à mon goût comme ses chansons à mes oreilles




4
parfois, là, je suis las des théories, et pourtant, combien j'en avalai. Je ne tiendrai plus pour valable que celle qui procède d'une pratique, qu'elle soit artistique, scientifique ou sociale

oui, parfois je suis sérieux, car las de faire le pitre là... le t'chat pitre

3
ces lieux publics ou privés, où toute ma vie je me serai dit "Si je n'étais pas là, je m'ennuierais", et tous ces cons à qui je le disais qui prenaient pour un compliment ce qui ne faisait qu'affecter le comble de l'égocentrisme et de la satisfaction narcissique. N'est-il pas, M. Twitter ?

2
quand je pense au temps où Spinoza enculait Hegel, né un siècle après la mort du dieu de l'éthique, je me dis que les rapports sexuels autorisés par les milieux intellectuels sont vraiment une question d'époque, comme disait Bernard Pivot
L'ACHRONIQUE À CÔTÉ EPqf-BYXUAAUMC6?format=png&name=small

1
le Brexit est un moment de la dislocation de l'unité occidentale dans la perte de suprématie économique et politique de l'Occident, une petite restructuration globale/mondiale. Rien ne dit que ce soit un mauvais choix du capitalisme anglais. Pour les prolos, c'est autre chose

corollaire
affirmer ou se demander si le Brexit sera profitable ou nuisible "aux Anglais" est à la fois stupide et a-classiste : quels Anglais, de quelles classes sociales, origines ethniques ?... C'est en soi de la propagande capitaliste, un appel à la collaboration de classe

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Message par Invité Jeu 20 Fév - 1:44


DE L'ART OU DU COCHON ?
en réduisant la voilure du site en décembre, et voilant ce qui ne relevait pas de l'art en général ou en particulier (voir Une page est tournée, laquelle ?) je faisais le pari que ce domaine permettait de saisir aussi bien que tout autre les contradiction du temps présent, autrement dit celles du capitalisme d'aujourd'hui, et bien que n'y soient que sous-jacentes ses structures, l'exploitation et l'économie politique, dont l'art dépend néanmoins

mais il y a plus. En étant toujours à la limite de ce qui est possible sous le capitalisme, l'art pose des questions à sa transformation et à ce qui pourrait advenir, pour le meilleur, dans la communauté du vivant du communisme. Il les pose parce qu'il est incompatible avec le capital et en même temps intouchable par lui, en tant qu'il n'est pas marchandise, ni en tant qu'œuvre marchandisable, valeur d'échange

L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 3221894103_1_5_4nSX4OML

dès que l'artiste veut faire de l'argent en plaisant au public, il ne fait plus de l'art, mais du commerce

- créer : choisir ou renoncer, 2002

(En tant que productrice, Betty CARTER offre à de jeunes talents l’occasion d’enregistrer)

Je veux ouvrir quelques portes et faire en sorte qu’un peu d’intégrité revienne dans le jeu et que le musicien - homme ou femme - puisse faire ce qu’il sent. Je ne crois pas que le jazz puisse être produit comme il l’est actuellement. En d’autres termes, vous pouvez allez dans un magasin de disques et voir le mot « jazz », avec dessous Ramsey Lewis et Herbie Hancock*. Vous comprenez, ce n’est pas du jazz, c’est l’argent... qui fait... la musique. (Elle martèle chaque mot). Chaque fois que vous faites de la musique pour les grandes ondes (AMRadio), vous avez « la musique faite par l’argent». Le jazz ce n’est pas ça, même s'il peut faire de l’argent.

* NdA : C’est l’époque où Hancock explore l’électronique, les beats de danse, ce qui met quelques puristes en colère. En 1997, Hancock affirme : « Je ne regrette rien » (Salt Lake Tribune, Martin RenzHofer)

Betty CARTER (1930), Down Beat, août 1976,
Betty carter’s Declaration of Independance, Herb Nolan, traduction Patlotch

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Message par Invité Lun 4 Jan - 13:51


AVANT LA TABLE RASE
j'ai regardé avec intérêt la vidéo consacrée en 2018 à Henri Simon, transmise par Jeanne Néton, croisée jadis à un Summer-Meeting sur la communisation

HENRI SIMON - THE STORY OF A (NON-)MILITANT
french with english subtitles |50 min | 2018

L'ACHRONIQUE À CÔTÉ Henrisrennshot
Henri Simon, 95, spent the last 50 years participating, reading and writing about workers' struggles. His family, his friendships, his dreams, have been shaped by this political activity, constituting the  everyday life of a full-time activist  who yet has always denied himself any specific role in the unfolding of class struggle, staying true to the idea that any revolutionary change would have to be brought by the workers themselves.

ce que j'ai préféré est sa propre parole, et particulièrement l'aveu du rôle du hasard dans son engagement à l'ultragauche, en raison d'affinités électives avec telle personne rencontrée, sans quoi, dit-il, il aurait tout aussi bien pu devenir "trotskiste" ou "anarchiste". Perso, j'ai eu moins de chance, c'est un anar perdu à l'UEC qui m'a fait adhérer... au PCF

autre témoignage intéressant, son expérience des organisations syndicales, notamment la CGT, avec laquelle j'ai connu des déboires similaires des décennies plus tard, par exemple pour ce qui est des bonnes personnes à défendre

m'a frappé la similitude de situations à l'époque où n'existait pas Internet, ni même les photocopies. Au début des années 70, on tirait les tracts sur une ronéo. Avec ça, le fait que dans les groupes organisés ou pas, il n'y a jamais que 10% des personnes qui font le boulot. Ça n'a pas changé

une dimension forte est la place de la poésie (une compagne poète, lui-même quelques poèmes discrets...)

pour le reste, et nonobstant des articles actuels dans lesquels Henri Simon fait preuve d'un bon sens souvent absent de "(non-)militants" plus en vogue, on peut se demander en quoi tout cela fait avancer le schmilblick révolutionnaire, si le critère était le dialogue avec d'autres courants, tel que la communisation : aucune remarque. Le plus grand intérêt est le travail basique d'informations mondiales que poursuit la revue Échanges, au demeurant reconnu par tous. C'est déjà pas mal

PS : certain témoignage d'une compagne de route, un temps, d'Henri Simon, m'a passablement agacé, dans le genre ancienne combattante dont je cherche encore en quoi elle met en avant autre chose que son ego démesuré

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Message par Invité Mar 16 Fév - 10:43


MORT À LA RHABITUDE
quand tu commences à trop te répéter, et à ne plus faire ce à quoi tu t'étais engagé devant toi-même, tu devrais aller voir du côté de la compulsion de répétition, selon Freud ou Lacan

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sans coup faillir c'est que tu y est tombé et qu'il s'agit de te ressaisir. Voilà qui est fait

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Message par Invité Jeu 11 Mar - 13:02


un Marx peut en cacher un autre

KARL MARX, COMPOSITEUR


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ce Karl Marx (1897-1985) fut aussi prolixe en musique que son illustre homonyme en littérature révolutionnaire. Il est aujourd'hui quasi inconnu, et l'on ne trouve sur Youtube que quelques Lieders sur des poèmes de Rilke, échappant à l'entrisme sur Internet de l'auteur du Capital

c'est très certainement dommage, au vu de cette sélection de ses œuvres. On y trouve même, de 1957, Six variations sur "Es taget vor dem Walde" pour quatre guitares (1957). Gage qu'elles auront été moins jouées et prisées que le nouveau disque de Pat Metheny par le Los Angeles Guitar Quartet

triste escamotage qui m'en rappelle un autre : chercher des informations sur ce Karl Marx c'est un peu comme avec le mot Jazz. On tombe immanquablement, en français sur la vedette de télé-réalité Jazz Correia, de son prénom Jazmin ; en anglais sur le groupe américain de basket Utah Jazz, si bien que pour filtrer l'originel, il faut ajouter quelque chose comme musique ou instrument

sans doute, comme le sait tout poète, devrais-je m'en tenir à


« Tu n'as pas à comprendre la vie »



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Message par Invité Dim 14 Mar - 4:58


LA FLÈCHE DU TEMPS

L'ACHRONIQUE À CÔTÉ Temps-883x544
l'histoire, ce serait, ensemble, le passé et le présent. Le futur en serait le devenir, imprévisible. Tout ce qu'on sait du temps, c'est son irréversibilité

voir la Typologie des flèches du temps

l'histoire continue, passé et présent projetés dans le futur, c'est l'avenir

on prend des résolutions, projette des révolutions, mais on n'a pas de solution

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Message par Invité Mar 6 Avr - 10:08


ANTIDOTE

« les voies du courriel sont impénétrables »
disait le pitre de Saint-Paul
j'ai reçu ça, me demandant si ce n'était pas d'un énième pseudo de Francis Cousin, philo-analyste catho-marxiste d'extrême-droite

quoi qu'il en soit, entre 01 et 04h du matin, je gratte, avec une sensation de plein, confiant et sans colère, ma conjointe dort, ma vie est changements, sans scénarios

je n'anime d'autre atelier que ce forum, 100% gratuit et 50% malveillant

PS : mes histoires d'amour sont interminables


Bonjour,

Insomnies entre 01 et 04h du matin ? histoires d’amour qui terminent toujours mal ? sensations de vide à l’intérieur de vous-même ? manque de confiance en soi ? excès de colère ? vous avez des crises d’angoisses ? vous êtes avec un conjoint manipulateur, dominateur, narcissique ? Vous souhaitez des changements dans votre vie, mais vous ressentez un blocage, une répétition des scénarios de vie ?

Eric & Arnaud animent des ateliers en visioconférence durant les 4 semaines de confinement. Autour d’échanges sympathiques, humoristiques et bienveillants venez trouver des réponses, des clefs pour vous libérer et rependre le contrôle de votre vie !

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A très vite !

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Message par Invité Lun 19 Avr - 7:57


puisque vous êtes là...

on peut s'étonner que je place cet article dans la rubrique EXTIMITÉS, ainsi que d'autres précédemment depuis que j'ai cessé d'intervenir en "théorisations communistes". Rien de personnel là-dedans en effet, encore moins d'intime en ce qu'extime l'extérioriserait. Simplement une manière de dire que c'est mon point de vue, rien de plus, sans prétention à l'universalité d'une position se donnant pour impersonnelle, càd masquant toujours ses motivations d'individu situé dans les rapports sociaux, et non dans le ciel de LA vérité objective sur l'époque censée exprimée par LA théorie, parfois même de façon anonyme, comme pour en rajouter à cette pseudo-objectivité, qui n'est que subjectivisme et objectivisme refoulés

peut-être aussi que ce qui fut la chronique à côté... de la théorie, et dans la mesure où celle-ci manquerait à l'appréciation du monde réel, doit-il se transformer pour lui laisser une place, une trace en marge de ce qui serait le super flux, la musique ou la poésie ?
« Salaire au besoin »
COMME ON FAIT SON PAIN ON SE COUCHE
Basta.mag nous dit que cette expérience salariale est « riche d'enseignements », certes, mais sans nous dire lesquels de façon plus critique que les intéressés eux-mêmes. Moi non plus, car j'estime qu'elle contient clairement ses limites, relativement à l'exigence d'abolition du salariat. Néanmoins, la réflexion autour de la notion de "besoins" - un grand classique de la réflexion sur le communisme -, considérée comme relative et subjective par l'un des boulangers, est intéressante dans la mesure où elle semble déconnectée de l'activité de travail et de sa productivité : on en rêverait.... À ceci près, avoue une salariée, que « Nous avons nettement perdu en confort de travail. Il y a plus de choses à gérer, donc plus de stress, les cadences sont plus soutenues, nos relations avec les clients ont évolué, il y a moins de complicité, et tout cela ne correspond pas vraiment à la philosophie de notre projet collectif. »


Une boulangerie en coopérative a imaginé une façon inédite de concevoir sa grille salariale, en expérimentant le « salaire au besoin » Après six mois de fonctionnement, les salariés livrent un premier bilan contrasté, étonnant et riche d’enseignements.

Que doit rémunérer le salaire ? La stricte part de l’effort productif ? Ou bien doit-il intégrer les conditions sociales d’existence du travailleur ? C’est à ces questions, pour le moins fondamentales, auxquelles des boulangers grenoblois se sont frottés. Ils ont eux-mêmes tenté une expérimentation inédite : le « salaire au besoin ».

Jusqu’alors, la boulangerie Le Pain des Cairns – une coopérative ouvrière – fonctionnait sur un principe simple : le salaire unique. Tous les salariés y travaillent à la fois comme boulanger et comme vendeur, chacun étant appelé à effectuer les mêmes tâches – en proportions égales, autant que possible – assurant ici le service au comptoir, là différentes missions administratives, quand les mains ne sont évidemment pas occupées à préparer le levain ou à surveiller la cuisson. Chacun des boulangers coopérateurs touchait donc le même salaire, 1600 euros net, auquel s’ajoutent diverses primes au cours de l’année.

Ouvert en 2014 dans le quartier populaire de Saint-Bruno, le Pain des Cairns s’est vite distingué par la qualité de son pain : ici, tout est bio et sans additif, les taux de sel sont en-dessous de la moyenne, on travaille au levain, à partir de différentes farines locales de blé, de seigle, de petit épeautre ou de khorasan (une variété ancienne de blé), réapprovisionnées toutes les semaines par des meuniers de la région (dans un rayon de 200 kilomètres maximum).

Une boulangerie en coopérative et au fonctionnement horizontal
La boulangerie est aussi connue pour son organisation ambitieuse du travail, tendance autogestion, qui lui a notamment valu de passer en Scop (Société coopérative ouvrière de production) en juin 2018. Comme les coopérateurs le rappellent volontiers lors des pauses déjeuners collectives, « faire du bon pain en exploitant le boulanger, ça n’a pas de sens ! ». On y applique donc les principes de la gouvernance partagée inspirés de la sociocratie [1], sans chef ni vote puisque toutes les décisions sont prises au consentement.

C’est dans ce contexte d’horizontalité qu’a ainsi pu s’envisager la problématique du salaire au besoin. À l’été 2020, Gilles, l’un des boulangers, exprime l’envie – ou plutôt, la nécessité – d’augmenter ses revenus. À 49 ans, ce père de 3 enfants voit sa fille aînée de 18 ans entrer en classes préparatoires à Lyon. Or les études, et l’appartement qui va avec, coûtent cher. Le sujet est mis à l’agenda d’une grande discussion collective entre les coopérateurs... qui se retrouvent confrontés à de sacrés questionnements.

« On a pris acte que notre système du salaire unique pouvait ne plus être adapté à certaines réalités. On s’est demandé sur quelles bases modifier notre grille de salaire : est-ce qu’on doit définir des critères de mérite ? Dans ce cas, qu’est-ce qu’on souhaite valoriser financièrement : est-ce que c’est le temps passé en production, le volume ou l’efficacité – et si oui, comment l’évaluer entre nous ? Ou alors est-ce qu’on privilégie les tâches considérées comme plus intellectuelles, l’expertise en termes de gestion, de communication, de projets de développement, etc., moins physiques mais qui génèrent plus de charges mentales ? Au fond, cela revenait à se demander ce qui faisait tourner la boulangerie et à le hiérarchiser » raconte Pierre, 27 ans, ancien diplômé de Sciences Po reconverti boulanger, arrivé au Pain des Cairns il y a bientôt 2 ans.

Décorréler le salaire du travail, en ne se focalisant que sur les besoins revendiqués du salarié
À sa façon, la coopérative boulangère rejoue les grands débats sur la valeur du travail, mais se refuse à les trancher. « Dès lors qu’on essayait de « factualiser » tout ça dans une grille, ça bloquait. C’était trop contradictoire avec notre approche des choses » abonde Myriam, 32 ans. C’est ainsi que surgit l’idée de renverser la perspective, en dissociant les tâches accomplies de la rémunération obtenue. Autrement dit, décorréler le salaire du travail, en ne se focalisant plus sur la production et l’activité exercée, mais plutôt sur les besoins revendiqués du salarié. Le nom en découle naturellement – le « salaire au besoin » – sans qu’il ne soit inspiré d’aucune théorie ou expérience particulière [sic]. Le collectif établit pour cela son propre mode d’emploi et ses propres règles, le temps d’une expérimentation fixée à six mois à partir d’octobre 2020.

À la fin de la réunion, chacun est invité à prendre quelques jours pour réfléchir et estimer la rémunération dont il estime avoir besoin pour vivre. Avec une condition sine qua non, « la règle de base du système » dixit Pierre : aucun jugement, aucune justification ni aucune négociation au sujet des demandes qui seront alors formulées, et qui se verront donc automatiquement acceptées, telles quelles. « On partait du principe que les montants allaient rester relativement raisonnables, dans la mesure où tout le monde était associé et investi dans la boulangerie et qu’à ce titre, personne n’allait prendre le risque de couler la boîte en faisant des demandes farfelues » poursuit Pierre. C’est ce principe même de responsabilité partagée qui rend l’expérience possible, chacun ayant conscience des contraintes budgétaires et de l’ensemble des tâches à accomplir pour faire tourner la boulangerie [2].

À l’époque, ils sont cinq à participer à cette démarche – l’une des associées partant sous peu en congés maternité. Le travail d’ « autodéfinition » de ses propres besoins financiers révèle alors son verdict : ils sont deux à vouloir garder le même salaire, l’un demande 150 euros de plus, un autre 250, et le dernier, 500. Ces compléments de revenus sont alors versés sous la forme d’une prime exceptionnelle afin de préserver une possible réversibilité du dispositif à la fin de l’expérimentation.

Le salaire au besoin a entraîné une véritable croissance de l’activité économique
Pour amortir l’augmentation de la masse salariale, la coopérative doit donc augmenter ses revenus et met en place deux principales mesures de développement. D’abord, agrandir son espace de vente, donc l’augmentation de la capacité d’accueil des clients. Puis, elle allonge sensiblement ses horaires d’ouverture : accueillant ses clients tous les jours de 15 h à 19 h 30 auparavant, la boulangerie ouvre désormais à 11 h, tous les jours – sauf le lundi, maintenu sur l’horaire historique.

En s’engageant dans ce pari, la coopérative savait qu’elle disposait d’un potentiel conséquent de clientèle supplémentaire, mais elle ne s’attendait certainement pas à un tel succès : de 600 000 euros de chiffres d’affaires en moyenne, elle table désormais sur plus d’un million sur l’exercice 2021. Soit une augmentation très largement supérieure aux besoins à couvrir, initialement. Tellement supérieure qu’il a fallu recruter plusieurs nouveaux collègues pour soutenir la charge de travail supplémentaire. Aujourd’hui, le Pain des Cairns compte dix salariés à temps-plein.

C’est l’une des conséquences, plutôt inattendue et presque paradoxale, de cette expérimentation : le salaire au besoin a entraîné une véritable croissance de l’activité économique. Paradoxale car, par le jeu des primes qu’ils se versent à partir de leur excédent net, chacun a finalement pu voir son revenu augmenter, même ceux qui ne l’avaient pas demandé à la base. Paradoxale, aussi, car cette rançon du succès est peut-être ce qui sonne en partie le glas de l’expérience. À l’heure d’en dresser le bilan, fin mars, la plupart des participants se montrent réservés sur les suites à lui donner. Pour plusieurs raisons.

Le confort de travail, c’est sacré
L’une tient à la modification du cadre de travail engendré par le développement de l’activité : « Nous avons nettement perdu en confort de travail. Il y a plus de choses à gérer, donc plus de stress, les cadences sont plus soutenues, nos relations avec les clients ont évolué, il y a moins de complicité, et tout cela ne correspond pas vraiment à la philosophie de notre projet collectif. L’expérience amène à nous interroger sur ce que l’on souhaite aujourd’hui privilégier dans notre travail : un cadre professionnel agréable, ou un meilleur salaire ? » rapporte ainsi Pierre, l’un des deux à avoir gardé son salaire fixe avec Myriam.

Or ici, le confort de travail, c’est sacré. Une véritable attention est également portée aux conditions de travail : pas de cadence infernale ni de coup de pression, on travaille 35 h, jamais de nuit et seulement un weekend sur deux, en bénéficiant de plusieurs semaines de vacances. Enfin, le fournil est mécanisé au mieux – mais une « mécanisation contrôlée, sans automatisation » insiste-t-on – afin de réduire la pénibilité physique du travail. C’est un pétrin particulier, dit « à bras plongeant », qui garantit un pétrissage lent, tandis que tous les sacs de farine sont transportés sur palette pour éviter le port de trop lourdes charges. Bref, au Pain des Cairns, le cadre de travail se veut le plus en adéquation possible avec le mantra que se sont fixés ses dirigeant-coopérateurs : « L’entreprise doit nous servir personnellement, et non l’inverse. »

Un équilibre qu’ébranle la forte croissance économique du commerce. La situation introduit également une autre déséquilibre à l’égard des nouveaux salariés, arrivés pour accompagner le développement de l’expérience sans pouvoir pour autant y prendre part. Victor, 29 ans, ancien urbaniste reconverti, fait partie de ceux-là. Il continue de beaucoup se questionner sur la démarche, qu’il juge « déstabilisante » : « Je suis en contradiction permanente, sur le sujet. D’un côté, je trouve l’idée du salaire au besoin très intéressante dans ce que cela bouscule et dans ce que cela ouvre comme nouvelle façon de penser la rémunération, le mérite, etc. – il faut par ailleurs avoir un collectif fort et soudé pour entreprendre une telle initiative. Dans le même temps, il y a quelque chose de plus juste dans le salaire unique, qui permet de préserver une vraie logique d’égalité. Le salaire au besoin peut rompre cette harmonie et être un accélérateur de tensions. »

« Le salaire est toujours une affaire de comparaison, soit on regarde la rémunération, soit l’investissement au travail »
La situation a-t-elle pu générer des sentiments de jalousie, ou d’injustice ? La plupart des interlocuteurs assurent que non. Au contraire, Myriam loue plutôt le haut-niveau de confiance dont témoigne l’expérience : « On pouvait redouter que cela suscite de l’aigreur, ou alors des différences d’investissement, mais nous ne l’avons pas vraiment constaté. Nos relations humaines n’en ont pas été particulièrement altérées. » Gilles, l’un des salaires auto-augmentés, témoigne ne pas avoir particulièrement bien vécu la période : « Cela t’expose forcément, j’ai pu entendre des remarques désagréables, considérant que ce n’était pas aux autres de payer pour mes enfants… Le salaire est toujours une affaire de comparaison – soit on regarde la rémunération, soit alors on regarde l’investissement au travail, la valeur ajoutée, etc. On a peut-être mis la barre un peu haute, en misant tout sur la confiance, sans se fixer de critères objectifs. »

Au gré des discussions et des témoignages, l’expérience dévoile, en creux, un enjeu plus profond : celui des « bonnes raisons », autrement dit des critères légitimes, sur lesquels doit reposer le principe de mutualisation qui fait le ciment de nos sociétés. Si le principe du salaire unique apparaît bel et bien séduisant pour ce qu’il incarne comme valeur d’égalité, le vécu commun de cette boulangerie raconte aussi qu’il ne permet pas certaines solidarités – en l’occurrence, à l’égard de l’âge et d’une situation familiale, mais il pourrait en être de même vis-à-vis de problématiques de santé ou de handicap. Alors, salaire unique versus salaire au besoin, et si la « vérité » était entre les deux ?

« Au fond, c’est sûrement l’une des raisons pour lesquelles j’ai accepté aussi facilement l’augmentation de salaire de mes collègues par rapport au mien : parce que je les jugeais légitime, admet Pierre. L’un était plus âgé que moi, l’autre était le plus ancien de la boîte, et le dernier avait plusieurs enfants. Dans un schéma de rémunération plus classique, il aurait été sûrement logique qu’ils gagnent plus que moi… » D’où l’idée d’objectiver un certain nombre de critères, tels que l’âge, le nombre d’enfants ou la situation parentale, pour établir une nouvelle grille de salaire, au Pain des Cairns ? C’est la piste qui semble se dégager, à l’heure actuelle.

« Estimer son travail, c’est déjà très difficile, estimer ses besoins, également. Alors les deux ensemble... »
Car au-delà de la rétribution du mérite, c’est bien la question du « besoin » qui se pose à travers cette expérience. Et qui fait cogiter Hugo, 30 ans, un autre observateur avisé de cette expérimentation, après avoir rejoint l’aventure il y a quelques mois : « Le besoin, c’est forcément quelque chose de subjectif, chacun n’a pas la même manière de le définir. Cela peut être assez volatile, ce sont aussi nos environnements sociaux qui le conditionnent. Estimer son travail, c’est déjà très difficile, estimer ses besoins, également. Alors les deux ensemble… »

Début avril comme convenu, à la fin des six mois, les boulangers-coopérateurs se sont donc à nouveau réunis pour clore l’expérience et décider des suites à lui donner. Ils ont acté la fin du salaire au besoin « complètement libre », tel qu’ils l’avaient pratiqué au cours des six derniers mois. Désormais, ils se donnent un mois pour définir, collectivement, une nouvelle grille salariale – sans se fermer de portes pour autant. « Une grille de salaire peut ressembler à tout... et à n’importe quoi. On peut ainsi tout à fait imaginer que cette grille permette d’inclure les besoins des uns et des autres, mais sous une forme plus cadrée », nous écrivaient-ils quelques jours après le reportage.

Au Pain des Cairns, les grands questionnements sur la plus juste rémunération sont donc loin d’être clos. Et c’est peut-être bien là l’essentiel, sous-entend Hugo : « On ne sait pas vraiment si le salaire au besoin est une si bonne idée, au fond. Mais le fait même qu’on se pose la question, et qu’on ose l’expérimentation, c’est déjà une très bonne chose ! »

Barnabé Binctin

Photo : Sideways

Notes
[1] Dans cet exercice, la boulangerie est accompagnée par l’Université du Nous qui l’aide à mettre en place les outils et à assurer le bon fonctionnement du processus

[2] Sur son site internet, dans un billet publié en septembre 2020, la coopérative développe utilement la réflexion dans ce sens et justifie ainsi ce qui peut apparaître comme une prise de risque, écrivant : « Dans une entreprise classique (entendons par là une entreprise possédée par un nombre restreint de personnes, qui achètent la force de travail des salarié·e·s), il y a fort à parier qu’un dispositif comme le salaire au besoin ne pourrait pas fonctionner. En effet, les salarié·e·s pourraient n’avoir tendance qu’à satisfaire exclusivement leurs propres besoins financiers, sans se préoccuper de la santé économique de l’entreprise qui les emploie. À terme, l’entreprise en question se casserait probablement la figure (d’où peut-être le fait que le salaire au besoin n’ait jamais été testé à grande échelle). Au Pain des Cairns, la situation diffère : toutes les personnes ayant accès au dispositif du salaire au besoin sont aussi associé·e·s (ou alors dans la boulangerie depuis un bout de temps). La situation financière de l’entreprise est parfaitement connue, la masse salariale aussi, tout comme les possibilités raisonnables de développement. Nous espérons ainsi que la responsabilité partagée conduira à la limitation des demandes salaires et à la naissance de joyeux projets de développement. »

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Message par Invité Ven 7 Mai - 0:12


je voulais un texte clair, facile à comprendre par ma lectorate toute-venante, informatif et intéressant même pour les initiés, mais j'ai perdu la main dans ce domaine, et il m'a fallu un peu de temps...


analyse

À PROPOS DE L'"AGRESSION" DE LA CGT LE 1er MAI À PARIS
l'"agression" du SO de la CGT intervient dans un contexte relativement clair et sans mystère. Ce n'est pas le cas de l'événement lui-même, un véritable imbroglio sur lequel tout le monde projette ses préjugés. Sont plausibles, de leurs points de vue, les explications de la CGT, de l'ultragauche, de l'extrême-droite, du Préfet Lallement, d'autres acteurs, témoins et participants ou divers analystes "spécialisés". La plupart découlent d'intérêts particuliers ou de la projection de présupposés normatifs. En l'état des enquêtes, et en l'absence d'expression des auteurs, sa voir qui ils sont et leurs motifs réels est indécidable, et ce n'est sans doute pas un hasard

j'avais répondu le 4 mai à Samuel Hayat, chercheur en sciences politiques français au CNRS,
diffusant sur Twitter « des éléments sociohistoriques pour comprendre les heurts entre autonomes et service d’ordre (SO) de la CGT le 1er mai – heurts qui révèlent une crise profonde et durable de la forme manifestation... ». On trouve d'autres textes de ce genre chez Lundimatin, entre autres

le contexte est plutôt bien expliqué, mais je ne suis pas certain que ces généralités expliquent le tout de ce qui s'est passé le 1er mai. J'ai lu plusieurs témoignages très contradictoires, tirés à hue et à dia selon le "système de coordonnées" politique ou théorique des témoins

voici des précisions de mon point de vue et ce sur quoi il va falloir porter l'attention plus largement
1
l'agression serait logique de la part de l'ultragauche, historiquement antisyndicale puisque revendiquer, et négocier, s'oppose pour elle comme pour Marx et Engels lors de la création des syndicats, aux luttes de classes révolutionnaires. Voir Karl Marx et les syndicats, David Riazanov, 1923. C'est la thèse que soutient l'expert en gauches extrêmes Christophe Bourseiller : "En s'attaquant à la CGT, les black blocs ont franchi un cap"

2
on peut dire que les syndicats font plus ou moins bien leur job, mais en sachant qu'il consiste par définition à négocier le bout de gras dans les limites du mode de production capitaliste, pour déplacer le "curseur de la plus-value" en faveur des salariés, non pour le faire sauter. Ils ne "trahissent" pas cette fonction ni même un prolétariat qui ne manifeste pas outre mesure une envie de révolution

la tradition anarcho-syndicaliste, qui fut celle-là même de la CGT à sa création, voulant prolonger les luttes syndicales par transcroissance vers des luttes révolutionnaires, et justifiant pendant 60 ans la "courroie de transmission CGT-PCF", n'existe plus que très marginalement, absorbée dans le démocratisme radical moribond, y compris de groupuscules communistes libertaires

3
la situation est cependant peu propice à la négociation, les revendications étant illégitimes pour le pouvoir et aux yeux d'une grande partie de l'opinion, "classes populaires" comprise : l'anti-cégétisme est particulièrement répandu et porté par le populisme et le néo-conservatisme montant, à contre-courant de toute argumentation révolutionnaire, si ce n'est la Révolution nationale en version Révolution conservatrice européenne

dans ce contexte, les manifestations traditionnelles de type 1er mai, ou même accompagnant des luttes sur tel ou tel enjeu défensif ou revendicatif, d'une part sont faibles en nombre et d'autre part n'ont aucune chance intrinsèque d'aboutir à un succès, ce qui pousse, en leur sein aussi, à d'autres formes plus énergiques, y compris en conservant l'objectif de négocier, avec un "rapport de forces" physique censé devenir plus convainquant

mais la castagne avec les flics ne change pas la nature du syndicalisme, et elle ne porte en elle-même aucune dynamique susceptible de la dépasser

4
nombre de cégétistes ont ainsi participé aux "cortèges de tête" plutôt que sous la bannière de leur organisation. Rien ne dit que certains syndiqués sur leur lieu de travail n'auraient pas été "BlackBlocs" eux-mêmes, et dans le cas présent hostiles à leur SO comme à leurs dirigeants

ainsi la CGT est-elle elle-même divisée, comme en témoignent diverses prises de position. Voir par exemple sur ce 1er mai "De la cégétiste gazeuse et de son usage…" signé 'Des cégétistes à qui on ne la fait plus'

5
les explications de Philippe Martinez, qui "pointe du doigt l'extrême droite dans les violences contre la CGT" et d'autres dont celles d'une "politiste" dans Le Monde affirmant que "ces violences rappellent les modes opératoires de l’extrême droite", bien qu'elles relèvent de leur agenda idéologique, ne sont toutefois pas à écarter

il faudrait en effet être naïf ou ignorant de l'histoire des luttes ouvrières pour ne pas avoir en tête les agressions réelles de l'État, des patrons et de leurs sbires, les syndicats "jaunes" fascisants, contre la CGT tout particulièrement, sans que ce soit lié à l'attitude de son SO ou à d'autres de ses errements musclés, notamment depuis 1968 contre "les gauchistes"

de plus, la CGT n'est pas le plus "négociateur" des syndicats, et le fait n'est pas anodin qu'elle soit elle ciblée, plutôt que ceux portés à s'asseoir à une table officielle pour signer des accords au rabais. La traiter dans ces conditions de "collabo" semble pour le moins décalé dans la situation présente, et c'est comme ça que j'ai interprété la grande majorité des réactions d'extrême-gauche et certaines libertaires

6
l'attitude du pouvoir d'État n'est pas très claire qui condamne par la voix de ministres, moins encore le rôle du Préfet Lallement droit dans ses bottes, et son explication quant au déroulé des événements ne tient pas, justifiant que la CGT l'attaque en justice

sa stratégie par contre, comme défenseur des intérêts économiques de la classe dominante qu'il représente, n'est pas difficile à comprendre : la lutte revendicative, c'est de la lutte des classes aussi entre le capital et ceux qu'il exploite. Il préfère à cet égard les syndicats "responsables" et qui d'eux-mêmes participent à sa gouvernance du changement vers « le retour des jours heureux », aussi anti-social qu'il pourra l'obtenir

7
le mouvement des Gilets Jaunes a montré la plus grande confusion quant aux violences imputées aux "BlackBlocs", - guillemets parce qu'ils n'ont plus la pureté conceptuelle de la période d'Action directe, au tournant du siècle en contrepoint des Forums sociaux démocrates radicaux et citoyennistes, et que s'y mêlent des casseurs opportunistes qui ne sont même pas des "totos" (Autonomes)


ajouts :- « Pour l'historien Sylvain Boulouque, spécialiste des mouvements sociaux, les assaillants du 1er-Mai pourraient appartenir "à la sphère complotiste, ces +gilets jaunes+ qu'on a vu se radicaliser et proche des tendances Dieudonné et Soral" » AFP 5 mai
- sur la Plate-Forme Jaune : « Cette attaque ne vient pas du mouvement révolutionnaire prolétarien de "gauche". Cette attaque vient clairement de la "droite". // Elle n’est clairement pas une attaque contre la politique de compromissions des directions syndicales et de l’embourgeoisement des syndicats en général. Cette attaque ne ciblait pas la politique de collaboration de classe du syndicalisme embourgeoisé, mais bien le principe de la défense collective. »

tout le monde "infiltrant" tout le monde sous la chasuble et derrière les masques de circonstance autorisés et portés par tous Covid oblige, on ne sait pas toujours qui est qui. Comme dit Le Pen père au Point « les Gilets jaunes ont permis à toute une série d'opposants de manifester en même temps sous les mêmes couleurs. Cela a été un élément d'unification, mais la contestation ne fait pas un mouvement politique »

certains mènent la barque, d'autres sont embarqués à leur insu sans savoir qu'ils se font manipuler

8
les témoignages mêmes sont très contradictoires, selon le moment de la manif ou de l'épisode auxquels ont assisté ou participé les uns et les autres, et venant de militants ou engagés, qui composent massivement ce type de manifs traditionnelles. Beaucoup semblent sincères mais ce qu'aucune vidéo, photo ou interviews ne montre, ce sont leurs présupposés idéologiques

car ce que montre les vidéos ne dit pas tout, et ne peut le faire. "Le droit à l'image" revendiqué par les photos-reporters amateurs ou professionnels n'y changera rien, il est un leurre idéologique de notre temps d'écrans, quand ce sont parfois ceux-ci qui font écran à la compréhension des choses. Macron l'a bien saisi en accordant en décembre dernier, dans le contexte des violences policières, un entretien à Brut et au photo-reporter Rémy Buisine. A-t-on traité celui-ci de "collabo", alors qu'il servait la soupe au plus machiavélien des idéologues au sommet de l'État du capital ?

9
j'ai été militant actif de la CGT pendant 22 ans, quittée en 1997 pour fonder un SUD interdit par l'État dont j'étais salarié non-titulaire ; tous les syndicats "représentatifs" se frottaient les mains, nous étions militants clandestins sans droits syndicaux (dispenses horaires, locaux, distribution de tracts au sein de la boîte...), ni celui de nous présenter aux élections nationales

retraité, j'en garde une idée de la complexité des positions et oppositions sur un lieu de travail quand, en face, on a les petits chefs et les grands, les patrons, l'État, des collègues et parfois certains de son propre syndicat. Oui nous étions syndicalistes, qui anarchiste, qui communiste, mais personne ne nous percevait comme des "collabos", parce que nous prenions des risques pour assumer une fonction syndicale essentielle : défendre des collègues en difficulté sans considération de leurs opinions, encartages éventuels, ni, souvent, de la gravité de leur "faute" réelle au regard du droit administratif du travail

si ultragauchistes il y avait, ils étaient cadres supérieurs et ne mouftaient pas, poursuivant leur carrière dans l'État "normalement", en attendant la fin dans la contemplation critique radicale en chambre. J'ai terminé la mienne par 5 ans de placard et un salaire diminué pour avoir dit son fait à une cheffayonne incompétente

10
la situation ne m'apparaît pas telle que l'argument "syndicats traitres" soit opportun, du fait qu'on n'est pas à la veille d'une (très hypothétique) insurrection communisatrice dans laquelle le syndicalisme et la démocratie politique seraient les "derniers remparts du capital", "nos ennemis" à l'heure de la dernière instance

mais par contre le danger fasciste existe bel et bien au présent
, pour autant qu'on le considère comme un danger, ce qui n'est pas le cas d'une ultragauche condamnant l'antifascisme, comme au demeurant l'antiracisme des victimes du racisme, pour "racialisme"

11
sans désapprouver une critique ultragauche du syndicalisme comme intrinsèquement réformiste, je pense que celle qui se réjouit de l'agression de la CGT est à côté de ses pompes mêmes, et se tire au vu des réactions une nouvelle "balle dans le pied". C'est aussi ce milieu radical qui est en crise, et ne manquera pas de régler encore ses comptes internes avec cet épisode confus embrouillé à loisir par tous ceux qui y ont un intérêt

j'en ai montré dans mes blogs nombre d'exemples dans la critique de L'idéologie française, il y a trop de points sur lesquels depuis des années, une post-ultragauche trouble, flottante, perméable et poreuse, qui n'a plus rien d'ouvrière, se confond par ses positions mêmes avec les fachos en se prenant les pieds dans celles traditionnelles dogmatiques et dépassées d'une ultragauche ouvrière historique, conseilliste ou bordiguiste, qui n'existe plus

les cas de transfuges de l'ultragauche à l'ultradroite ne sont donc pas rares, sur le plan idéologique et théorique comme sur le terrain dans l'action des groupes insurrectionnalistes des deux bords. Ils s'expliquent fort bien par la crise même des rapports psycho-sociaux en général, et par certains contenus idéologiques partagés

c'est tout de même dans l'ultragauche que s'est inventé et répandu le "négationnisme", au nom de la lutte contre la démocratie, et pas seulement la démocratie politique représentative ou directe, que d'aucun communisateur alors inavoué voulait mettre à mort. Gilles Dauvé, toujours éminent théoricien de la communisation, n'y fut pas pour rien

le communisateur polyglotte @Kommunisierung, grand passionné de voitures qui brûlent, s'est naturellement empressé de trancher dès le 2 mai :
« "CGT collabo" Trade union attacked by comrades:


L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 000_9962X3

le concernant, on ne peut même pas dire qu'il aurait été parfois mieux inspiré, lui qui juge mes considérations sans intérêt. On peut aussi lire dans le genre, du 2 mai, Les ballons crevés de la CGT, sous-titré "CGT collabo !" de l'ineffable graphomane compulsif du Prolétariat Universel

12
pour ne pas conclure
quelle que serait une explication clarifiant qui a fait quoi dans cet épisode qui n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein, il va falloir en attendre d'autres à l'occasion de prochaines manifestations ou luttes pour savoir s'il s'agirait :

- de la fuite en avant dans un tournant "physique" de l'attitude d'une partie de l'ultragauche vis-à-vis des syndicats (ce que soutient Bourseiller, voir 1.) ;
- d'une petite audace d'extrême-droite qui est partout de plus en plus sous ses drapeaux ou non (voir partout) ;
- d'une manipulation policière voire d'État instrumentalisant les confusions actuelles et le faible niveau des luttes en prévision de mesures anti-insurrectionnelles, comme l'indiquent ses précédentes mesures liberticides depuis les attentats de 2015 initiant ce que j'ai alors nommé L'idéologie Française
ou par ailleurs le "Texte des Généraux" et son interprétation par Marion Maréchal qui « convoque de Gaulle », comme si la famille Le Pen menait la danse de la démocratie politique en France depuis les années où Mitterrand l'utilisait... pour diviser la droite, une farce qui marchait bien

en l'état, c'est un peu tous ceux -là qui en même temps jouent la partition sous la direction du chef d'orchestre à défaut d'en être le compositeur, Emmanuel Macron, qui vient encore de réussir un bon coup avec la division électorale de LR, Les Républicains qui ne marchent plus

parfois, l'expression de Marx introduisant Le 18 Brumaire serait à lire à l'envers, la farce se répète en tragédie, et c'est l'heure du néo-bonapartisme...

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Message par Invité Mar 25 Mai - 9:01

trois tweets
NO-KNEWS
trop de nouvelles, pas de nouvelles


L'ACHRONIQUE À CÔTÉ E2K_MwCX0AgJ06-?format=jpg&name=large
1
par ces temps d'INSIGNIFIANCE, comme disait Castoriadis, une chose sont les FakeNews, mais que dirent des NO-KNEWS, bien plus massives ?

Contre le conformisme généralisé, Stopper la montée de l’insignifiance, Castoriadis 1998

il me semble que dénoncer des premières sert aussi à masquer les secondes et leur empire médiatico-idéologique : en décortiquant les fake (articles du genre "Est-il vrai que...?", colonne Fact-checking de Google Actu...), on donne à penser que les nouvelles vérifiées sont le tout sur la réalité, l'idéologie n'existe même plus, elle devient l'envers du mensonge

2
il me faudrait définir les "No-Knews". J'entends par là des "informations" qui n'en sont pas, fabriquées pour elles-mêmes à partir de tout et n'importe quoi, et qui envahissent la presse le temps de passer aux suivantes

3
on pourrait se dire qu'on va leur échapper, faire le tri, mais elles sont partie intégrante de l'actualité dans les domaines de la politique, de l'économie, et bien sûr de la "culture"

Macron est passé maître dans l'art de jouer avec l'insignifiance, tout-à-fait "de son temps". Il est faux de le considérer hors-sol, "loin des réalités", il s'empare de tout avec une maestria machiavélienne, il fabrique du faux avec du vrai en permanence

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Message par Invité Jeu 22 Juil - 12:54


CONFESSIONS D'UN JOBARD

L'ACHRONIQUE À CÔTÉ 51jJlOw1JHL
1968
« on trouve dans tous les domaines des relations sociales, écrivais-je ici, des gens qui se croient assez intelligents pour prendre les autres pour des imbéciles, à commencer par ceux qui les suivent, pour qui cela se pose effectivement. »

tous les domaines, dans ce monde, à commencer par ceux que déterminent les rapports d'argent, mais aussi de pouvoir, le besoin d'avoir raison... Parfois, ce phénomène ne doit rien en première analyse aux rapports capitalistes, on le trouve d'ailleurs entre "anti-capitalistes" incontestables

longtemps je me suis élevé de bon heurt contre qui me prenait pour un con, parce que j'ai l'air un peu trop naïf, crédule et confiant, "jobard" comme disait Pepe@dndf. Aujourd'hui, je suis davantage dans la distanciation brechtienne, tel le petit oiseau survolant la scène. Je suis plutôt curieux des moyens que l'on se donne pour donner le change, et croire que l'on puisse en être dupe. Ma réaction est plutôt de m'en amuser, que dis-je, d'en jouir, avant d'arroser les arroseurs de ma supposée candeur

au fond, je me considère, et suis généralement considéré comme quelqu'un d'assez gentil, mais, pour peu que l'on abuse de ma confiance, je deviens terriblement méchant, passionnément méchant, jusqu'à la cruauté, que j'attribue aux faits, à la vérité qui blesse plus qu'à ma tendance à en rajouter

toujours est-il qu'il est incroyable comment des personnes de toutes sortes d'intelligence ou de bêtise ont peu conscience d'être, à mes yeux et par expérience des relations humaines, parfaitement transparentes dans leurs efforts pour masquer ce qu'ils font, du moins quand elles le savent elles-mêmes, car cela ne relève pas toujours du cynisme, ni, comme je l'ai souvent reproché, de la manipulation. Le dupé est le meilleur dupeur, comme le fou vous entraîne dans sa folie

les gens "cultivés", bardés de connaissance dans un domaine donné, se pensent à l'abri d'être pris en défaut par de plus informés qu'eux, et je suis assez maniaque, quand ce n'est pas le cas au départ, pour m'informer afin de le devenir, vérifiant tout, cherchant les sources originales des affirmations dont je doute, un peu comme Flaubert selon Zola : "son « désir de perfection » était « une véritable maladie qui l'épuisait »" (source)

de l'expression « ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces », l'équivalent en langues étrangères que je préfère est l'espagnol : « más sabe el diablo por viejo que por diablo », le diable sait plus de choses parce qu'il est vieux, et non parce qu'il est le diable


Twisted Evil

au fond, il y a une recette qui marche toujours, c'est d'être absolument en quête de la réalité, de rechercher en toutes circonstances la vérité, ce qui est une obsession de poète, d'artiste, davantage que de philosophe ayant quelque chose à prouver et surtout à prouver contre d'autres, qui induit inévitablement un biais, la polémique dans la dialectique au sens de Schopenhauer, L'art d'avoir toujours raison

la vérité n'a aucun concurrent possible pour traduire le réel, elle se fout complètement qu'il aille dans un sens ou dans un autre. En tant que telle, elle n'a rien à prouver. Quand elle est exprimée, elle correspond aux choses au-delà des mots, elle devient évidence, elle est performative. Cette quête de la réalité est absolue, sans fin, sans garantie d'aboutir à une autre vérité que la seule sienne, mais c'est déjà pas mal, pour qui s'en fait un devoir éthique

je partage néanmoins cet aphorisme de Cioran : « N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi. », De l'inconvénient d'être né, 1973

ce qui ne fait pas un doute, c'est que ceux que j'ai épinglés pour m'avoir pris pour un con n'ont pas assez approfondi ce dont ils parlent pour que leurs convictions soient fondées sur la connaissance de leur sujet. On est toujours le jobard d'un autre

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Message par Troguble Dim 3 Oct - 6:54


GUITARheuREUX
Rainer Maria Rilke a écrit:"Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit : « Suis-je vraiment contraint d’écrire ? » Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple : « Je dois », alors construisez votre vie selon cette nécessité."
Lettres à un jeune poète, 1929
depuis plusieurs mois, je n'ai pas lu un livre. J'ai bien une liste d'œuvres anciennes à emprunter à la bibliothèque municipale ou de parutions à acheter, mais flemme des deux. Les quelques polars achetés à la supérette du coin me sont tombés des mains, mal écrits en dépit de leur intrigue alléchante. Seul Adler-Olsen a pu me retenir jusqu'au bout, j'aime bien ses personnages et le fond sociologique sur la vie au Danemark

je n'ai pas vu un film depuis des années, non seulement en salle, mais sur écran domestique non plus, n'ayant pas la télé et ne téléchargeant pas de Netflix ou autres vidéos. Je suis très peu "cinéma", et même si je trouve cette idée stupide, je me sens passif devant un film, ce qui n'est jamais le cas avec un livre. À tout prendre, je me drogue à l'actualité, et tout y passe en boucle sans me lasser, la vie économique, politique et sociale, les faits divers, affaires criminelles et chiens écrasés sans collier ou avec. C'est, il est vrai et littéralement, un spectacle on ne peut plus réaliste puisque réel, si jamais telle était une fonction du cinéma, des films d'auteurs

tout ça parce que je suis très investi dans mon travail de la guitare et que toute occupation jugée comme "loisir" me paraît inopportunément nuire à ma concentration et voler le temps consacré... et sacré. Et c'est vrai que je mourrais s'il m'était défendu de jouer de la guitare, parce que je dois

le moment préféré pour ce travail est le milieu de la nuit, après une première période de sommeil et avant, parfois, une sieste matinale à l'heure où les autres se lèvent pour vaquer à leurs occupations. Dans la journée, je suis moins frais, moins efficace. Ce sont quelques heures de concentration idéale, tous sens en éveil, et bien rare, après des années de travail quotidien, que je ne trouve pas quelque chose de nouveau. Les acquisitions techniques sont autant de portes ouvertes sur de nouvelles possibilités musicales, je ne m'en lasse pas, et pour le dire franchement, c'est un vrai bonheur, et gratuit qui plus est. Et c'est ainsi que je me fais mon cinéma, loin de toute utopie, ne croyant que ce que j'entends

que demande le peuple, loin du bruit des rapports souciés ?

Troguble

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