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Message par Patlotch Mar 19 Mar - 19:11


« L'usine Chodorge où l'on ne fabriquait que des clous,
l'usine Hausser, une forge qui livrait plus de cent mille faux et serpes par an,
l'usine Mirande, une maison qui construisait spécialement des machines agricoles »

Zola, Travail, 1901


TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI 18227019169

je pose le titre, pour des reportages, témoignages, réflexions... Les articles trouvés ne sont pas toujours très critiques, mais je ne recrute ni exploités ni révolutionnaires


Travailler à l'usine l'été est un bon moyen de gagner de l'argent quand on est jeune et que l'on a peu d'expérience professionnelle. À condition de savoir s'adapter à des conditions de travail parfois compliquées. Recrutement, salaires, horaires, Morgane, 21 ans, témoigne de son expérience à l'usine.

TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Modern_zamanlar_filmi
En usine, les cadences de travail sont souvent soutenues.
©️ Les Temps Modernes Charlie Chaplin
Son bac en poche, Morgane, 18 ans à l’époque, souhaitait intégrer une formation dans l'équitation. Elle ne la décrochera qu’un an et demi plus tard. En attendant, elle a dû enchaîner les petits boulots. Dans la restauration rapide d’abord, puis en usine, au printemps 2015.

Une première expérience mauvaise
Une première expérience dans l’industrie qui va tourner court… « Ils m’ont viré au bout de deux semaines car je n’allais pas assez vite, se rappelle-t-elle. Je m’étais inscrit en agence d’intérim. Ils ont fait un test qui consistait à suivre des instructions à partir d’une notice et mettre des boulons sur des vis. » Elle est rapidement envoyée sur une chaîne de production de filtres à air, près de Laval. «  Je devais vérifier s'ils n’avaient pas de défauts et les ranger. C’était très répétitif. »

Derrière elle, un tableau sur lequel elle devait noter le nombre de pièces qu’elle faisait à l’heure. « On utilisait un crayon rouge lorsque l’on était en dessous de la cadence. Mon tableau était tout rouge, explique-t-elle en rigolant. Du coup ils m’ont changé de poste. Je devais enlever des bavures de peinture sur des pièces. Là aussi ça allait trop vite. À la fin de la semaine, ils ne m’ont pas renouvelé. » Une très mauvaise expérience donc pour ce travail à la chaîne, répétitif, « où même aller aux toilettes n’était pas très bien vu ».


TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Photo_morgane
©️ Morgane, 21 ans, a travaillé plus de quatre mois à l'usine à Laval.

Des horaires décalés
Pas de quoi décourager Morgane pour autant. Elle dépose son CV, directement cette fois, dans une usine de matériel de soudure. La mère d’une amie qui y travaille l’a informée qu’ils recrutent pour l’été.

Elle est embauchée et y restera quatre mois durant lesquels elle fait les « deux huit » : 5 h – 13 h une semaine, 13 h – 21 h la suivante. Un rythme courant dans le secteur et auquel Morgane trouve des avantages : « C’est un peu dur les jours où l’on commence à 5 h, on est fatigué, mais ça laisse l’après-midi pour faire des choses. Et puis une semaine sur deux, on peut sortir le soir et dormir le matin ». De quoi profiter un peu de son été. « Dans l’usine précédente, certains travaillaient aussi la nuit, pas moi. C’était plus calme, moins stressant mais plus fatiguant encore. Mais on est mieux payé encore. »

1 400 € par mois
Le salaire, c’est le grand avantage à travailler à l'usine l’été selon Morgane. Elle gagnait 1 400 € par mois en moyenne, pour 40 heures par semaine. « Une bonne paye quand on est jeune et que l’on n'a aucune expérience », juge Morgane. Même chose en intérim, où elle a gagné 700 € en deux semaines.

Conditions difficiles
En revanche, travailler dans l’industrie n’est pas de tout repos. Les conditions peuvent parfois être difficiles. « Dans la première usine, je devais travailler debout et porter des bouchons d’oreille pour le bruit. » Il faut également savoir tenir des horaires, car « nous devions pointer en arrivant ».

Des emplois à la portée de tous
Pour être recruté, « ils ne demandaient pas grand-chose », selon Morgane. « J’avais seulement le bac et une petite expérience dans la restauration rapide. »  Quelques tests simples à passer et elle était envoyée sur une chaîne de production. « En général, pour les postes offerts aux jeunes saisonniers, les gestes sont à la portée de tous et facile à acquérir », estime-t-elle.

Se renseigner avant de postuler
Toutes les usines n’offrent pas les mêmes conditions pour autant. Sa première expérience a tourné court. Dans la seconde usine en revanche, Morgane « est bien tombée », reconnaît-elle. « J’étais bien payée, les horaires m’arrangeaient et mes collègues étaient sympas. »

Il peut donc être intéressant de se renseigner sur les conditions de travail et la cadence auprès d’autres jeunes qui y ont travaillé ou des employés, avant de postuler dans une usine.



« Je ne vous paie pas pour entretenir des quarts-de-révolutionnaire
qui n'osent pas dire franchement ce qu'ils sont : la police n'est pas une usine à fournir des alibis »

Malraux, La Condition humaine, 1933



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TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Empty Re: TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI

Message par Invité Jeu 21 Mar - 19:54


travailler à l'usine, c'est parfois y mourir, en mourir



Une forte explosion est survenue ce jeudi dans une usine chimique de l'est de la Chine, selon les autorités locales.
Une très forte explosion est survenue ce jeudi dans une usine chimique de l'est de la Chine, faisant au moins 6 morts et 30 blessés graves, ont indiqué les autorités locales.

La déflagration s'est produite vers 14H50 heure locale dans l'entreprise Tianjiayi Chemical, située dans la ville de Yancheng, dans la province du Jiangsu, a affirmé la municipalité sur le réseau social Weibo.

Des vidéos publiées sur internet par plusieurs médias chinois montrent une énorme boule de feu de plusieurs dizaines de mètres de haut, ainsi qu'une épaisse colonne de fumée grise s'échappant d'un site industriel.
   
Un séisme de magnitude 2,2
"Après l'explosion, les services de sécurité publique, de lutte anti-incendie et du personnel médical ont été dépêchés sur place pour les opérations de secours, a affirmé la municipalité. Les habitants du secteur se sont par ailleurs spontanément organisés afin de conduire les blessés à l'hôpital"

Le Centre national chinois de sismologie a enregistré à 14H48 heure locale un tremblement de terre de magnitude 2,2 dans la ville. L'information, reprise par la municipalité de Yancheng sur son compte Weibo, semble être un indicateur de la puissance de la déflagration.

Des accidents fréquents
Les explosions accidentelles surviennent régulièrement en Chine, généralement dans le secteur industriel.
   
En novembre, une fuite de gaz dans une usine chimique avait provoqué une explosion qui a fait 23 morts, à Zhangjiakou (nord), une ville-hôte des JO d'hiver 2022 située à environ 200 kilomètres au nord-ouest de Pékin.
   
En juillet, une autre explosion dans une usine chimique a fait 19 morts et 12 blessés dans la province du Sichuan (sud-ouest). L'entreprise avait illégalement engagé des travaux sans passer de tests de sécurité, selon les autorités.
   
En 2016, une déflagration dans la canalisation d'une centrale électrique avait tué au moins 21 personnes dans le centre du pays.
   
Mais un des plus graves accidents industriels est celui survenu en 2015 à Tianjin (nord): une gigantesque explosion dans un entrepôt de produits chimiques avait fait au moins 165 morts dans cette grande ville portuaire, à quelque 120 kilomètres de Pékin.

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TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Empty Re: TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI

Message par Invité Sam 23 Mar - 15:50


"Dans l'usine, le travail physique se double d'une couche cognitive"
Marion et Marine Protais, photos Pascal Guitte, L'Usine Nouvelle, 22/03/2019

Pour le sociologue Antonio Casilli, auteur du livre "En attendant les robots" (Seuil), l’automatisation liée au numérique "tâcheronnise" le travail et le rend invisible.

TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI 122687777

Dans l'usine, le travail physique se double d'une couche cognitive, selon Antonio Casilli Antonio Casilli est l'auteur du livre "En attendant les robots" au Seuil.

L'Usine Nouvelle - Votre livre veut montrer la réalité du " digital labor ". Qu’entendez-vous par ce concept ?

Antonio Casilli - Le digital labor renvoie au travail " tâcheronnisé ", c’est-à-dire très fragmenté et réduit à son geste le plus simple, le clic. Ce travail est aussi " dataifié " : la donnée en est la ressource fondamentale et le produit typique. Les travailleurs du clic produisent, nettoient, taguent, annotent des données. On retrouve là des logiques bien connues dans l’industrie, comme le fordo-taylorisme, poussées à l’extrême. Ici, le geste productif est tellement rationalisé et fragmenté qu’il n’est plus reconnu comme tel. Avec la promesse de remplacer le geste humain par un geste automatique, d’où l’idée du grand remplacement technologique.

Pourquoi le discours du remplacement du travail de l’homme par celui de la machine s’est-il imposé ?

Les récentes études sur le digital labor montrent que la présence humaine est nécessaire et constante. Mais ces travailleurs sont déplacés à l’extérieur du champ de vision de l’entreprise. On choisit de les invisibiliser, comme on l’a déjà fait avec d’autres métiers techniques ou d’entretien, car ils sont la preuve que l’infrastructure ne fonctionne pas toute seule. Dans le digital labor, le manque de reconnaissance est plus flagrant encore. Amazon Mechanical Turk [la plate-forme de microtravail d’Amazon, ndlr] appelle ses travailleurs par le sobriquet "turker" [en référence au turc mécanique, cet automate joueur d’échecs piloté par un humain caché, ndlr] ou "participants". Les usagers des réseaux sociaux ne sont pas reconnus comme producteurs de contenu. Toutes ces personnes réalisent pourtant un geste fondamental : produire de la donnée pour faire marcher la plate-forme, la monétiser et l’automatiser.

L’industrie recourt-elle, comme les Gafa, à ce que vous appelez les travailleurs du clic ?


Les entreprises industrielles recourent à la sous-traitance du digital labor. Elles externalisent en achetant des solutions vendues comme automatiques, mais derrière lesquelles on trouve des microtravailleurs. Savoir qui les emploie n’est pas facile car on va de plus en plus vers du " microtravail profond " : on utilise quatre ou cinq couches de plates-formes différentes de façon à perdre la trace de l’employeur principal. Il y a une telle fragmentation que l’on ne sait plus qui fait quoi ni pour qui.

Ce travail invisible existe-t-il aussi dans l’usine ?


Comme l’information devient cruciale dans le cycle de production, le travail physique se double d’une couche cognitive. L’ouvrier produit des objets, mais aussi des informations nécessaires à l’entreprise. La transformation numérique est avant tout un changement de modèle d’affaires centré sur la monétisation des données produites en interne et par les clients. Malgré cette monétisation, ce nouvel effort productif n’est pas forcément reconnu ni rémunéré.

Cela nous renvoie à la notion d’hyper-emploi du philosophe Ian Bogost. Le 3 x 8 devient un 3 x 24. Le technicien qui supervise une machine autonome est dans un état constant d’alerte car elle communique avec lui. Cela ressemble à l’état de flux tendu vécu quand nous recevons des messages de notre plate-forme préférée. Une machine qui vous invite à vérifier l’état de son fonctionnement, c’est comme Facebook qui vous envoie une notification. Ce sont des appels à l’action.

Ces appels à l’action ne sont-ils pas rares si la machine à superviser est performante ?

Toute machine intelligente est en réalité faite pour tomber en panne puisqu’elle apprend au fur et à mesure, à partir des nouvelles situations qu’elle rencontre. Le travail humain dont je parle sert à résoudre ces pannes au quotidien en fournissant des exemples, en donnant du sens aux erreurs, avec une rapidité telle qu’on ne les voit même pas. C’est le cas des personnes qui vérifient qu’un assistant virtuel a bien interprété la commande de son utilisateur. Plus vous injectez sur le marché de nouvelles solutions intelligentes, plus vous avez de pannes à gérer.

Une machine intelligente est donc tout sauf autonome...

Ce que je dis, c’est que ce système, c’est-à-dire l’intelligence artificielle, n’existe pas en tant que tel. C’est ça la part d’artifice de l’intelligence artificielle : il y a une crédulité consensuelle sur sa capacité à travailler seule et sans se tromper. Les centaines de millions de microtravailleurs qui ajustent ces systèmes sont là pour témoigner du contraire. Ces machines ne sont pas précises, elles sont mises sur le marché dans un état d’imprécision et d’incapacité totale à agir.

L’IA ne peut-elle pas progresser et libérer de certaines tâches pénibles ?


La seule IA possible existe déjà. Luc Julia et Jean-Louis Dessalles [respectivement père de l’assistant Siri d’Apple et chercheur en IA, ndlr] vont dans le même sens. Ils disent que ces outils informatiques ne sont pas si intelligents. Moi je dis qu’ils ne sont pas si artificiels. L’intelligence artificielle mise sur le marché, comme Siri et le pilote automatique de Tesla, est une intelligence spécialisée, relativement bête et très demandeuse en données. Si vous interrompez le flux de données, rendu possible par le microtravail, ces solutions cessent de fonctionner.

Contrôler une machine peut être plus valorisant que d’exécuter certaines opérations répétitives...

Ce discours est fondé sur la polarisation entre le travail noble de l’être humain et celui routinier de la machine. Or les humains chargés d’être les 'professeurs' des machines ne font pas un travail noble. Ils font un travail de tâcheron, routinier, pénible et décrédibilisé. Les études récentes sur la pénibilité dans le microtravail montrent l’impossibilité de gérer les rythmes de travail, les risques d’accident liés au stress, ceux liés aux postures et aux écrans. Ce travail n’a rien de créatif. Il est aliénant et très faiblement rémunéré. Un clic en Russie c’est 0,005 centime d’euro, 0,0002 en Inde, 0,00006 au Pakistan. Presque zéro.

La polarisation est-elle alors entre ceux qui conçoivent la technologie, les codeurs notamment, et ceux qui l’utilisent ?


Les informaticiens, les codeurs et les hackeurs font partie d’une industrie qui s’externalise depuis vingt ans. La concurrence de travailleurs indiens et chinois crée une course à la baisse des tarifs. Un codeur engagé via une plate-forme telle Gigster peut être payé 100 dollars pour réaliser un bout de code. Sur les sites de microcoding en temps réel comme HackHands, il est payé moins de 1 dollar la minute. Chez les concepteurs aussi, la tâcheronnisation avance inexorablement.

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Message par Invité Mer 27 Mar - 11:25


"Bienvenue à l’usine" (Vide Cocagne)
Bastien Bertine dessine le cœur de l’industrie

Acta BD 27 mars 2019

Alors que les pays occidentaux sont devenus majoritairement des économies de service, que représente l'usine pour ceux qui y travaillent ? Enfer quotidien et espace de vie incontournable, l'usine est un monde à part et pourtant bien réel. Bastien Bertine nous y convie, pour une visite plus sensible que didactique.

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Dans Bienvenue à l’usine, le double de papier du dessinateur Bastien Bertine nous sert de guide dans un monde qui reste mal connu de beaucoup d’entre nous. Et pour cause : en France comme dans la plupart des pays occidentaux, l’économie est fondée non plus sur l’industrie, mais sur les services. L’usine, autrefois lieu de travail, de sociabilité et de lutte, est devenue presque un « non-lieu », un espace en marge ou du moins qui intéresse assez peu les médias et les artistes.

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Le narrateur de Bienvenue à l’usine, premier livre de Bastien Bertine, est également dans cette position. Il sait que l’usine existe, il la voit, en entend parler, connaît peut-être quelques ouvriers qui y travaillent. Mais elle reste pour lui davantage une idée, presque un fantôme, plutôt qu’un vrai lieu de vie. Jusqu’au jour où il décide de s’y faire engager temporairement et d’y dessiner, tout en travaillant comme les autres employés.

L’intégration n’est pas aisée : méfiance des ouvriers, agressivité des contremaîtres, difficile adaptation aux conditions de travail, danger physique permanent... Il faut à la fois de la patience, de l’abnégation et de la curiosité pour parvenir à se faufiler dans le quotidien de l’usine. Mais quelques belles rencontres et une grande empathie pour les travailleurs aident.


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Bastien Bertine propose une plongée au cœur de l’usine. Non seulement il en montre la dureté - chaleur extrême, bruits assourdissants, odeurs infectes, tension permanente due aux risques d’accidents - mais il lui donne vie en faisant la part belle à l’humanité qui l’agite. Il prend en effet le temps de faire connaissance avec quelques ouvriers, parvenant à nouer un rapport de confiance lui permettant de gagner en sécurité tout en continuant à dessiner. Il y a notamment L’Ogre, une sorte de cousin du Pozla de Blast dessiné par Manu Larcenet (Dargaud, 2009-2013), qui l’aide à comprendre le fonctionnement de l’usine et la psychologie des travailleurs.

Bienvenue à l’usine décevra ceux qui cherchent un ouvrage didactique sur le sujet. Nous n’avons pas ici une bande dessinée de reportage, où l’auteur souhaiterait donner un maximum d’informations, quitte à noyer son dessin derrière le discours. Bastien Bertine propose plutôt une approche sensible de son sujet. Mêlant fiction et réalité pour mieux transmettre son ressenti, il privilégie les sensations à l’exactitude.


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Ce parti-pris est réussi : son dessin et ses couleurs contribuent fort bien à faire comprendre ce qu’est le travail à l’usine, à faire imaginer ce que les ouvriers vivent, même si cela ne peut être que partiel. Le trait simple se complexifie et se densifie au fur et à mesure que nous pénétrons plus avant dans l’énorme machinerie. Les couleurs et les formes font sentir la chaleur et entendre les bruits. Les dialogues enfin, simples, sonnent juste et n’exagèrent pas le drame.

Le narrateur comme le dessinateur puis le lecteur ont bien conscience que cette immersion n’est que fugace. Au moins nous permet-elle de saisir un peu de ce qui rend si forte et si contradictoire la relation des ouvriers à leur usine.
Patlotch a écrit:n'ayant ni lu ni vu cette BD, je n'en parle que de ces quelques lignes et images. Si l'intention me paraît bonne, les images ne me convainquent pas, ni le dessin schématique des personnages à la raideur de robots et aux sourires de mauvais mangas, ni le choix des harmonies colorées, particulièrement cet orange moyen et ces aplats sans vie : dessin et coloriage à l'ordinateur ? Plus intéressantes parce que sûrement d'après photographies, les vues de machines et d'intérieurs d'usines, mais là encore manque d'homogénéité de style quand le dessinateur le fait par lui-même. Alors, « approche sensible » ? certainement la sienne à la hauteur de ses moyens, mais qu'il ne parvient pas à me communiquer

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Message par Invité Ven 29 Mar - 14:13


portes ouvertes à l'usine ?

Amazon : venez donc voir nos ouvriers préparer vos commandes !
Décrit comme une jungle, Amazon se transforme en zoo et ouvre ses entrepôts

François-Xavier Ajavon, Causeur, 29 mars 2019

Pour répondre aux accusations qui lui sont régulièrement faites, Amazon a décidé d’ouvrir certains de ses entrepôts au public. Viens voir les ouvriers, voir les transpalettes, voir…

TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Amazon-visite-centre-distribution-critiques-1200x726
©Guillaume Souvant/AFP
Peu après l’effondrement du rideau de fer, Jean Ferrat, le fameux chanteur communiste à moustaches atypiques, constatait avec amertume qu’il n’y avait pour l’homme « d’autre choix pour vivre que dans la jungle ou le zoo ».


Le géant américain de la vente par correspondance Amazon a peut-être réussi – à sa manière – à concilier les deux en créant le concept de zoo dans la jungle.

La jungle…
Si l’entreprise se développe régulièrement en France, Amazon n’est pas exempt de critiques : la librairie de Jeff Bezos, qui est devenue un tentaculaire centre commercial, changerait en profondeur nos manières de consommer et peut-être même de vivre, nous éloignant des petits commerces, livrant nos habitudes aux algorithmes.

D’après les révélations récentes d’un documentaire de M6, Amazon détruirait même par millions des invendus en état neuf, et il se dit que le Gafam aurait recours à l’optimisation fiscale… À cela, il faut bien évidemment ajouter que Jeff Bezos mange des enfants au petit déjeuner, comme tous les dirigeants d’entreprises de plus de 500 salariés.

… et le zoo d’Amazon
Dans un effort de transparence démonstratif, le groupe, souvent pointé du doigt pour les conditions de travail des salariés de ses plates-formes logistiques, a décidé d’ouvrir ces dernières au public. Souvent situés dans des zones sévèrement touchées par le chômage, dans la fameuse « France périphérique » sinistrée, ces centres ont souvent été vus comme des eldorados par les autochtones. Le programme de visites concerne trois sites : Saran (Loiret), Lauwin-Planque (Hauts-de-France) et Boves (Somme). Toute personne, sous réserve de s’inscrire en ligne, pourra suivre une visite guidée.

Ainsi, dans les grands entrepôts-cathédrales de la consommation de masse, il sera possible d’aller voir comme au zoo ce qu’il reste encore de travail humain. Dépêchons-nous d’y aller, car le projet final est certainement que toute la chaîne logistique soit robotisée, puis que le consommateur soit à son tour transformé en robot.

Il manque encore un ingrédient qui aurait donné encore plus de saveur à ce ragoût de transparence : que l’entrée fût payante.

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Message par Invité Mer 3 Avr - 4:33


TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Ict-pannes-greve_4275112
Une centaine de salariés de l'usine ICT, à Pannes, en grève illimitée depuis ce lundi  © JB Dos Ramos
Près d'une centaine de salariés de l'usine de papier toilette ICT de Pannes (Montargois) sont en grève depuis ce lundi matin 1er avril, alors que les négociations annuelles obligatoires sur les salaires n'ont pas abouti avec la direction du seul site français de la société italienne.

Ils sont quelques dizaines de salariés réunis sur les pelouses à proximité de l'entrée du site ICT, à Pannes, dans l'agglomération de Montargis. Ce lundi 1er avril au matin, ils ont cessé le travail, alors que les négociation annuelles obligatoires avec la direction sont au point mort. Les syndicats indiquent que près d'une centaine de salariés sur les 220 personnes qui travaillent là ont pour l'instant rejoint le mouvement.


TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI 31177075-ict-papier-toilette_3855156
visite du Préfet et des élus en juin 2018 pour la mise en place
d'un stock automatisé de 43 mètres de haut, et l'ouverture de deux nouvelles lignes de production.

(image ajoutée)

Plusieurs revendications animent les employés du seul site français de la société italienne ICT. D'abord, la suppression de l'annualisation du temps de travail, pour repasser au système des 35 heures avec paiement des heures supplémentaires à la fin de chaque mois, l'augmentation des salaires d'1,4 % et la mise en place d'une prime Macron de 1.000 euros.

Un mouvement illimité

Ces salariés, tous agents de production, ont lancé un mouvement de grève illimitée pour tenter de faire fléchir la direction. La dernière grève qu'a connu l'usine de papier toilette et de mouchoirs date de juin 2014. Elle avait abouti au licenciement de plusieurs salariés après le blocage du site, premier épisode d'un bras de fer judiciaire avec la direction.

Ce mouvement intervient alors que la société vient d'injecter 40 millions d'euros dans un gigantesque bâtiment de stockage automatisé à Pannes.


TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI 15-fr
le PQ de Gargantua ? (image ajoutée)

TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI 1636629


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Message par Invité Jeu 11 Avr - 19:10


travailler plus pour gagner moins...

Informatique, éducation…
voilà les secteurs où les salariés font le plus d’heures supp’ non payées

Anne Cagan Journal du Geek 11 avril 2019

Les Français exercent en moyenne près de cinq heures supplémentaires par semaine non rémunérées. Les professionnels de tous les secteurs ne sont cependant pas logés à la même enseigne.

TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Venveo-609390-unsplash-720x480
Crédit @venveo / Unsplash
Dans quel secteurs les salariés font-ils le plus d’heure supplémentaires non rémunérées? Pour répondre à cette question, ADP a interrogé plus de 10 000 salariés en Europe dont 1410 en France. Le cabinet de gestion RH livre aujourd’hui les résultats de son enquête dans The Workforce View in Europe.

Que nous apprend l’étude ? D’abord, que les Français exercent en moyenne près de cinq heures supplémentaires par semaine non rémunérées. Les professionnels de tous les secteurs ne sont cependant pas logés à la même enseigne.

TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Unnamed-3-1
Crédit ADP

Tandis que dans la santé, le commerce, la restauration et les loisirs, le pourcentage de salariés effectuant régulièrement au moins cinq heures non rémunérées hebdomadaires tourne autour de 27%, il est bien plus élevé dans le secteur de l’architecture et du bâtiment (59,3%) ainsi que dans l’éducation (52,9%) Le secteur de l’informatique et des télécommunications se classe sur la 3e marche du podium avec 52,7% de personnes effectuant ce nombre d’heures supp’ à l’œil.

Le secteur grimpe même à la deuxième place si l’on étudie la population de personnes effectuant plus de 10 heures supplémentaires par semaine. Dans l’IT / télécoms, il s’élève en effet à 21,50%, bien devant la santé (5.9%), le secteur commerce/média/marketing (9,7%) ou encore l’industrie (12,1%).

La région parisienne et le Sud dans le haut du classement
On observe également des disparités au sein des régions étudiées. “C’est en région parisienne que les salariés déclarent faire le plus d’heures de travail non rémunérées. Mais c’est dans le Sud est que les travailleurs font plus de 10 heures supplémentaires (14%)” note ADP.

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Les résultats varient également significativement selon l’âge des personnes sondées. 7% de la génération Z (16 à 24 ans) effectueraient plus de dix d’heures supp’ non rémunérées par semaine contre plus du double chez leurs aînés de la génération Y (16% des 25 -34 ans).

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Message par Invité Sam 13 Avr - 7:04


travailler et produire : sa mort ?
Patlotch a écrit:dans un ancien sujet, "le travail tue plus que les violences policières", je faisais ressortir que le mot "ouvrier" était dans l'actualité utilisé le plus souvent pour des accidents du travail, quotidiens, et souvent mortels (on peut le vérifier chaque jour : ouvrier, Google Actu). On parle beaucoup du burn out, dans les bureaux et aussi bien pour les cadres que les employés, mais la classe ouvrière dans le secteur de la production n'est pas en reste : « Les ouvriers sont les plus touchés [par le cancer au travail]. Principalement dans les entreprises de plus de 250 salariés (53 %), dans les secteurs de la métallurgie (39 %), du BTP (24 %) et de l’industrie chimique et du secteur du bois (9 %) »

En 20 ans, le nombre de cancers liés au travail a été multiplié par 3,6. La part des pathologies liées à l’amiante est la plus importante.
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Les ouvriers sont particulièrement exposés au risque de cancer professionnel.
Photo d’illustration Patlotch, Un quartier poétique
Les accidents du travail sont en baisse, mais les cancers d’origine professionnelle sont en hausse.

En France, 1 840 cancers en moyenne par an sont reconnus comme liés au travail, selon l’Assurance maladie. En 20 ans, ce chiffre a plus que triplé (il a été multiplié par 3,6).

Il reste cependant en dessous de la réalité. Le cancer met longtemps à se déclarer. Les malades - qui découvrent souvent leur pathologie des années après - ne font pas forcément le lien entre leur maladie et leur travail. La moyenne d’âge de reconnaissance d’un cancer comme maladie professionnelle est de 68 ans.

Selon l’Assurance maladie, il faudrait multiplier le nombre de cancers reconnus par cinq, pour refléter le nombre réel de cas dans la société française.

Au moment du diagnostic, les gens se soignent, et n’ont pas forcément envie d’entamer des démarches. Il y a aussi un effet psychologique de se dire que c’est votre travail qui vous conduit à la mort.

Pourtant, l’indemnisation est importante car elle protège aussi vos ayants droit, explique-t-on en substance à l’Assurance maladie.

17 000 euros par an
La reconnaissance comme maladie professionnelle ouvre en effet droit à une rente viagère, versée au malade, et en cas de décès à son conjoint et à ses enfants (jusqu’à leurs 21 ans). Le montant annuel moyen versé s’élève à 17 000 euros.

Dans les cancers professionnels, la part de l’amiante est prépondérante (80 % des cas reconnus sur la période 2013-2017).

La semaine passée, la Cour de cassation a ouvert la voie à l’indemnisation du préjudice d’anxiété pour tous les travailleurs exposés à l’amiante. Les maladies liées à l’amiante sont essentiellement des cancers du poumon (70 %).

Viennent ensuite ceux de la vessie, les cancers naso-sinusiens et les leucémies. Ces maladies sont en lien avec des expositions au benzène, aux poussières de bois et aux « produits noirs » (goudrons, bitumes, asphaltes).

Les ouvriers en première ligne
Les ouvriers sont les plus touchés. Principalement dans les entreprises de plus de 250 salariés (53 %), dans les secteurs de la métallurgie (39 %), du BTP (24 %) et de l’industrie chimique et du secteur du bois (9 %).


Ces données reflètent des expositions passées (l’amiante est aujourd’hui interdit en France). L’Assurance maladie mène un travail de prévention sur les risques actuels. Environ 2 millions de salariés seraient aujourd’hui exposés à des produits toxiques sur leur lieu de travail.

Des outils sont à disposition des entreprises pour évaluer leur niveau de risque. Et des aides financières sont proposées pour les sociétés de moins de 50 salariés. Avec un objectif : les inciter à substituer les produits cancérogènes, et à investir dans des dispositifs pour protéger leurs salariés. Entre 2015 et 2018, 4 200 entreprises ont bénéficié de ce dispositif pour un montant total de 26 millions par an.

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Message par Invité Dim 21 Avr - 7:02

Patlotch a écrit:ici, l'usine, c'est la métaphore du lieu de travail, de la productivité plus que de la production matérielle, d'usiner au sens de fabriquer. Exemple managérial : « Le chef de projet utilise la métaphore de l’usine et la pense pertinente. Il demande donc à ses développeurs de venir travailler le samedi. »
Sondage : 54% des Français opposés à l'idée de «travailler plus»
Le Figaro avec AFP 21/04/2019

Une majorité de Français interrogés sur la possibilité de «travailler plus» y sont opposés (54%), selon un sondage Ifop pour le JDD qui montre d'importantes disparités selon les professions, âges ou opinions politiques des répondants.
Interrogés sur l'intention du président de la République, à l'issue du grand débat national, d'évoquer le principe de «travailler plus» en France, 46% des personnes interrogées se disent plutôt (32%) ou tout à fait d'accord (14%), contre 54% qui sont plutôt (28%) ou tout à fait (26%) pas d'accord.

Tandis que 75% des personnes proches de LREM et même 84% des répondants proches des Républicains sont d'accord avec l'idée de travailler plus, 62% des sympathisants du PS, 65% de ceux de La France insoumise et 67% de ceux du Rassemblement national y sont opposés.

Disparités géographiques et professionelles
Les disparités sont importantes également selon l'âge des répondants. En dessous de 35 ans, 56% sont opposés à l'idée de travailler plus, une proportion sensiblement la même que dans la population de 35 ans et plus (53% contre). Mais les différences s'accentuent au sein de ce deuxième sous-groupe: parmi les 50-64 ans, l'opposition à l'idée de travailler plus grimpe à 65%, tandis qu'à l'inverse parmi les 65 ans et plus, 67% des personnes interrogées sont pour.

Alors que 55% des artisans et commerçants sont favorables au fait de travailler plus, le taux tombe à 29% chez les ouvriers. Les dirigeants d'entreprises approuvent l'idée à 61%, mais ils ne sont que 39% parmi les salariés du privé, 35% parmi ceux du public et 26% parmi les chômeurs.

Sondage réalisé en ligne du 17 au 19 avril, auprès d'un échantillon de 1.009 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

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Message par Invité Mer 22 Mai - 12:11

AU CŒUR DU TRAVAIL PRODUCTIF
DE LA CLASSE OUVRIÈRE INDUSTRIELLE
ceux qu'on ne voit et n'entend nulle part
Patlotch a écrit:comme l'écrivain en substance Panaït Istrati en 1929 dans Vers l'autre flamme, pointant ses pairs (dont Aragon) qui descendaient d'une voiture officielle pour s'asseoir à une table de banquet officiel, si l'on voulait connaître la condition de l'ouvrier soviétique, on commencerait pas aller bosser à ses côtés. C'est au demeurant ce que fit Simone Veil. La situation n'a pas changé, mais en France, pour connaître la condition ouvrière. Cet article ne nous en apprend pas davantage, y compris par son illustration, mais au moins sait-on que les ouvriers, ça existe (ceux-ci travaillent en Allemagne)

gage que par une plongée au cœur des usines, on en saurait plus sur le prolétariat de la grande industrie qu'en discutant avec les supposés prolétaires gilets jaunes des ronds-points. Un théoricien "communisateur" ne s'assied ni à un banquet stalinien officiel ni dans un fauteuil pour bobo communiste à la mairie de Paris, mais il fantasme autant que les intellos lignards d'antan sur le potentiel révolutionnaire d'un prolétariat qu'il définit par conséquant sur mesure de sa foi. Que la boucle soit bouclée et les que les bouches se ferment. Amen !


La Société du Grand Paris (SGP) nous a ouvert les portes de l’usine Herrenknecht, en Allemagne. C’est ici que sont construits la quasi-totalité des tunneliers du futur métro Grand Paris Express.

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Leur terrain de jeu, c’est à 30 à 50 m sous terre. C’est à ces profondeurs que les tunneliers, ces immense trains-usines, dévorent le sol tout en assemblant derrière eux le tunnel de votre futur métro. Si une trentaine de ces machines gigantesques (100 m de long, 10 m de diamètre) vont œuvrer dans le sous-sol francilien d’ici à 2030, il est plus rare de les observer à l’air libre. C’est ce que nous avons pu faire avec la Société du Grand Paris (SGP), au sein de l’usine Herrenknecht, en Allemagne.

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Tunnelier de la ligne 16 qui creusera à la fin de l’été entre Aulnay et Le Blanc-Mesnil. (LP/J.-G.B.)

C’est ici, à Schwanau, à quelques kilomètres de Strasbourg, que sont construits la quasi-totalité des tunneliers de la région. 22, en tout, sont pour l’instant en train de creuser, en cours de fabrication ou commandé auprès de cette usine. « Merci le Grand Paris ! », sourit Martin Herrenknecht, le patron de cette entreprise familiale, devenu leader européen des tunneliers, en à peine 40 ans. Dans le village où il est né, le « Doktor » Herrenknecht a fait pousser une usine de 24 ha. Sous d’immenses hangars, ou à l’air libre, ces tunneliers en acier de 1500 t sont assemblés minutieusement.

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Fabrication de la roue de coupe (la roue avant qui tourne pour creuser le sol) d’un futur tunnelier de la ligne 16. Il faut 4 mois pour souder tous les éléments. (LP/J.-G.B.)

Chaudronniers, soudeurs, mécaniciens, électriciens… 2000 employés travaillent ici, dont 165 Français. Chacun des tunneliers commandés est construit ici, en moins d’un an, entièrement, puis démonté pièce par pièce. Une centaine de camions, dont 30 convois exceptionnels, vont ensuite livrer ce matériel, jusque dans son puits de départ en France.

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Morceaux de tunneliers en cours d’assemblage. Il faut énormément de tuyaux pour maintenir de la pression à l’avant, et pour alimenter les vérins hydrauliques qui servent à pousser la machine. (LP/J.-G.B.)

Actuellement, quatre tunneliers sont en train de creuser sur la ligne 15 Sud, entre Pont de Sèvres et Noisy-Champs, et un pour la SNCF sur le RER E, entre Courbevoie et Paris. Quatre autres sont prévus sur la 15 Sud d’ici la fin d’année, cinq sur la ligne 16 entre Saint-Denis et Aulnay, trois sur la 14 Sud entre Orly et Paris… tout cela en action d’ici la fin d’année. D’autres sont prévus en 2020.

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Schwanau (Allemagne), ce lundi. Déplacement d’un élément d’acier nécessaire à la construction d’un tunnelier. (LP/J.-G.B.)

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Schwanau (Allemagne), ce lundi. Tunnelier attendu sur la ligne 15 Sud à Bry-Villiers-Champigny, en cours d’assemblage. (LP/Jean-Gabriel Bontinck.)

A Schwanau, l’usine est envahie par ces monstres d’acier du Grand Paris, qui vont coûter environ 20 millions d’euros chacun. Sur les trois dernières années, Herrenknecht a engrangé 300 millions d’euros de chiffre d’affaires avec le Grand Paris. Et ce n’est pas fini… Même si l’entreprise craint l’arrivée des tunneliers chinois. Pour la seconde partie de la ligne 16, entre Aulnay et Clichy-Montfermeil, l’entreprise en charge des travaux a, pour la première fois, commandé des tunneliers venus de Chine.

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Thierry Dallard (à droite), président de la Société du Grand Paris, devant l’un des tunneliers qui va creuser le métro ligne 16. Avec Martin Herrenknecht, le patron fondateur de l’entreprise qui construit ces engins. (LP/Jean-Gabriel Bontinck.)

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Message par Invité Lun 1 Juil - 12:03


CHAUD DEVANT, ET DERRIÈRE

Les forçats de la fonte et de l’alu en fusion à Ingrandes-sur-Vienne
La Nouvelle République 30/06/2019

À Ingrandes, les ouvriers fabriquent des carters et des culasses par près de 40 °C. Témoignages sur la fournaise des Fonderies du Poitou sur fond de canicule.

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Dans la fournaise des Fonderies du Poitou, les ouvriers « finissent trempés à la fin de la journée ».
© Photo NR
Pour ceux qui se plaignent de la canicule dans leurs bureaux, un petit tour dans les ateliers des fonderies fonte et alu d’Ingrandes suffira à leur remettre les idées en place et à relativiser leurs lamentations. Les ouvriers en bleu de travail, casqués et équipés de chaussures de sécurité, fabriquent carters et culasses avec des fours en fusion à 750 °C et 1.400 °C.

13 h, ce vendredi. C’est le changement d’équipes. Les ouvriers du matin sortent (*). Douchés mais le front toujours perlé de gouttes de sueur pour bon nombre. Ils n’ont qu’une hâte. S’engouffrer dans leur voiture et se mettre au “ frais ” chez eux. Loin de l’odeur âcre de sable et résine mélangés qui flotte dans l’air. Certains s’arrêtent pour parler pénibilité à l’usine en ces périodes caniculaires.

“ On respire les poussières, c’est étouffant ”
Jules et Loïc travaillent à l’atelier noyautage à la fonte : « Il fait au moins 40 °C dans les ateliers comme dehors. Déjà qu’en temps normal, c’est dur, mais là avec la chaleur, c’est pire. Nos bâtiments, c’est de la tôle, ce n’est pas isolé, ça chauffe dur. Mais on a des “ pauses chaleurs ” supplémentaires, des bouteilles d’eau à disposition… Ceux qui bossent à la fusion, près des fours, c’est encore plus chaud. C’est d’ailleurs étonnant qu’il n’y ait pas eu de malaises. Il y a du travail mais nous sommes moins nombreux depuis le plan de reprise. »

Bernard, 57 ans, travaille sur les fours en fusion : « C’est une question d’habitude. Je suis à l’entretien des fours où la température de coulée est à 1.400 °C. On le vide et on le nettoie au marteau-piqueur. »

Un autre ouvrier va pour embaucher. Il est de l’équipe de l’après-midi. Il tire la langue : « Je bosse au noyautage. C’est dur, à en crever, mais on a des pauses. »

Jérémy, 31 ans, et David, 43 ans, sont tapeurs-ébarbeurs. « Il fait chaud et c’est chaud. On le sent quand on respire, notamment les poussières, c’est étouffant. » A coup de marteau, ils tapent plusieurs heures sur les blocs moteurs sortis du four pour retirer les bavures. Ils tapent “ à la Cayenne ” en référence aux prisonniers qui cassaient des cailloux au bagne. « A la fin de la journée, les tapeurs finissent trempés avec parfois les articulations des mains bloquées », nous expliquait, dans l’édition du 17 novembre 2018, Tony Cleppe, ouvrier à la Fonte et délégué syndical CGT.

Un camarade de l’alu embauche et lance : « C’est l’un des pires étés. Les bonhommes souffrent mais les machines aussi. On est obligé d’attendre qu’elles refroidissent pour ensuite les remettre en route. »

Alex, 51 ans, est, lui, fondeur-cariste. Il transporte le métal en fusion du four au “ junker ”. « Je porte un masque car j’ai de l’asthme. On transpire quoi qu’on fasse. »

Même si les températures sont annoncées à la baisse la semaine prochaine, les fonderies seront toujours un four pour les fondeurs.
(*) Fonte : 5 h 30-13 h, 13 h-21 h, 21 h-5 h 30 et Alu : 5 h 30-13 h 45, 13 h 45-22 h, 22 h-5 h 30.

à chaud [sic]
“ On a prévu des pauses chaleurs ”
Jean-Luc Combaud est le responsable industriel du site des deux fonderies à Ingrandes passées sous pavillon Liberty House en mai dernier. Il témoigne des conditions de travail avec la canicule. « Il fait 35 à 40 °C dans les ateliers. Il fait plus chaud dans l’usine de l’alu (moules métalliques) que dans l’usine fonte (moules en sable qui rayonnent moins). La température était de 35 °C à 13 h côté fonte et 39 °C côté alu. Les conditions sont encore plus compliquées pour les équipes de l’après-midi avec les pics de chaleur. »

Du coup, la direction a pris des mesures : « Nous avons installé des “ pauses chaleurs ” pour permettre aux ouvriers de quitter leurs postes plus de fois par jour que d’habitude. Nous avons également autorisé la prise de douches pour ceux qui en expriment le besoin. On s’assure enfin d’avoir suffisamment de bouteilles d’eau pour se désaltérer. »

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Message par Invité Dim 28 Juil - 7:53

1. L'USINE EST DANS LA RUE
2. L'USINE EST SUR LA ROUTE
2. L'USINE EST SUR LA ROUTE
Routiers, dans les coulisses d’un métier
En voyage dans la cabine de routiers, La Croix vous plonge dans l’univers d’une profession en mutation. Du casse-tête de l’organisation logistique à la concurrence avec les chauffeurs de l’Est, de l’émission de Max Meynier aux restaurants labellisés des bords de route, cinq volets pour découvrir la réalité d’un métier.

TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Annick-Niquet-routiere-Volvo-SH-500_1_730_487
- La grande histoire des routiers, 22/07/2019  

L’histoire des routiers est aussi vieille que le monde. Et avec la mondialisation, la montée de l’e-commerce et la sophistication de la logistique, elle n’est pas près de s’arrêter.
- Sur la route, dans le camion de Pierre Audet, 23/07/2019
« La Croix » a passé une journée dans le camion d’un routier passionné par son métier. Reportage au cœur d’une profession obscure et malmenée.
- Routier, une profession qui n’attire plus, 23/07/2019
Les transporteurs routiers ne parviennent plus à recruter, et le secteur se retrouve en manque de chauffeurs.
- Trois générations de routiers dans la même famille, 23/07/2019
Chez les Triquet, on roule de père en fils. Ce dimanche-là, ils se racontent, comparent leurs expériences.
- Les Relais routiers, nouveaux relais de poste, 24/07/2019
Depuis quatre-vingts ans, ces restaurants labellisés de bord de route doivent assurer qualité, accueil et prix modérés. Leur histoire est associée à celle d’un journal, « Les Routiers ».
- Femmes routières, une journée avec « Toupinette », 25/07/2019
Annick Niquet, alias « Toupinette », qui convoie des conteneurs au volant de son Volvo à partir du Havre. Un lundi, début de la semaine…
- Florence Berthelot, ardente avocate des routiers, 26/07/2019
La déléguée générale de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) Florence Berthelot plaide pour une meilleure compréhension de ce métier.
- Le transport routier en pleine révolution, 26/07/2019
Le tout-numérique et la logistique ont bousculé les usages du secteur. Montré du doigt et conscient du défi environnemental, le transport routier s’engage dans la transition énergétique.


TRAVAILLER À L'USINE AUJOURD'HUI Constructeur-Tesla-imagine-poids-lourd-electrique-autonome-lignes-futuristes_0_730_486
27 juillet
1. L'USINE EST DANS LA RUE

"Ce n'est pas parce qu'on transpire plus qu'on gagne plus"
étouffant sous la canicule, les livreurs à vélo racontent leurs conditions de travail

Vincent Matalon France Télévisions 25/07/2019 | 16:13

Déjà précaires, les coursiers à vélo voient la pénibilité de leur travail grimper en flèche en même temps que le mercure.

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Un livreur travaillant pour Uber Eats à Toulon (Var), le 21 juillet 2019.
FRANCK BESSIERE / HANS LUCAS / AFP)
"En ce moment, je ne travaille que le soir. Le midi, ce n'est même pas la peine ! Je suis d'origine irlandaise : cinq minutes au soleil suffisent pour que je devienne rouge écrevisse." A l'autre bout du fil, Cyril Jeanpierre semble fatigué à la simple évocation de la température extérieure : 38 °C ce mercredi 24 juillet dans les rues de Dijon (Côte-d'Or), qu'il arpente en pédalant de 19 heures à 23 heures, avec un sac siglé Uber Eats sur le dos.

Comme ce coursier de 33 ans, de nombreux livreurs à vélo parcourent les routes des grandes villes de France pour répondre aux commandes de repas au domicile de particuliers, passées depuis les applications Deliveroo ou encore Uber Eats. Déjà précaire, leur travail est rendu harassant par la canicule, comme l'expliquent certains de ces auto-entrepreneurs à franceinfo.

"L'été, jusqu'à 60 heures pour gagner 300 euros"

"En attendant que la nuit tombe, j'essaie de me cacher du soleil au maximum", continue Cyril Jeanpierre. Le trentenaire raconte parfois "supplier l'algorithme" de lui attribuer une commande à livrer. "Pas tant pour l'argent que pour le plaisir de ressentir un courant d'air en roulant. Même chaud, le vent nous fait du bien", développe-t-il. Malheureusement, avec les fortes chaleurs et les départs en vacances, les demandes de repas chauds livrés à domicile ont tendance à se faire plus rares durant l'été.

"Il y a moins de commandes, et presque toujours autant de livreurs. En hiver, on peut gagner 500 euros en une semaine en travaillant 35 heures. Là, avec l'été, je dois travailler entre 50 et 60 heures pour gagner 300 euros"
, déplore encore Cyril Jeanpierre, qui a créé le Syndicat CGT des coursiers unis dijonnais (Sccud) pour tenter d'améliorer ses conditions de travail. Car durant la canicule, Uber Eats n'est pas d'une grande aide pour les forçats du bitume. "Ils insistent beaucoup sur le fait que nous ne travaillons pas 'pour' eux, mais 'avec' eux, ce qui leur évite d'avoir à s'occuper de nous", soupire le trentenaire.

Les clients et les restaurateurs sont souvent aimables et nous proposent de boire un verre lorsqu'ils nous voient en sueur. Heureusement qu'ils sont là, parce qu'Uber n'a pas pris d'initiatives.
Cyril Jeanpierre, coursier pour Uber Eats

Contacté, Uber indique avoir recommandé "aux coursiers qui décident (...) [d']effectuer des livraisons de rester bien hydratés et de faire des pauses régulièrement" via un message diffusé dans son application, et "avoir encouragé les restaurants à proposer des verres d'eau aux coursiers qui viennent chercher les commandes". Mais la marque insiste en effet sur "l'indépendance" des livreurs, qui peuvent choisir de travailler ou non, en fonction de leur disponibilité.

Boisson trop chaude = mauvaise note

Confrère de Cyril Jeanpierre et lui aussi syndiqué, Rémy aimerait bien travailler. "Mais les commandes sont trop peu nombreuses. Les collègues me disent qu'ils ne livrent qu'une à deux commandes par soir. Si on ajoute à ça la chaleur, je ne trouve pas utile de sortir", raconte le Dijonnais de 31 ans, qui ne s'est plus connecté à l'application Uber Eats depuis deux semaines et se contente de son RSA pour joindre les deux bouts.

On est motivés, mais nous ne sommes pas des robots ! Pédaler avec cette chaleur, ça me cause des maux de tête, c'est très compliqué.
Rémy, coursier pour Uber Eats

Rémy souhaiterait que la marque accorde une prime aux coursiers pour que ceux-ci puissent s'offrir de quoi se désaltérer durant la journée. Sa précédente expérience de travail par températures élevées n'a en tout cas pas été très heureuse. "J'ai travaillé quatre jours lors des premières grosses chaleurs, fin juin. Je conduis un vélo traditionnel, et pas électrique : forcément, la canicule nous ralentit et nous mettons plus de temps pour livrer. Cela énerve parfois les clients, qui nous mettent une mauvaise note", soupire-t-il. Un souvenir lui reste particulièrement en travers de la gorge. "Je devais faire deux livraisons de sandwichs au départ du même restaurant. La cliente qui arrivait en deuxième position s'est mise en colère parce que j'avais mis trop de temps à venir selon elle, et que sa boisson s'était réchauffée", se souvient le livreur.

La cliente m'a mal noté et m'a même jeté des petits graviers depuis son balcon ! Le lendemain, j'ai reçu un avertissement et mon compte a été bloqué jusqu'à 21 heures.
Rémy, coursier pour Uber Eats

Ludovic Rioux se considère mieux loti. Livreur pour Deliveroo à Lyon (Rhône) depuis octobre dernier, ce jeune homme de 22 ans peut se permettre de ne rouler à vélo que deux à trois soirs par semaine depuis le début de l'été grâce à d'autres revenus, provenant notamment de missions en intérim. "Je bosse parfois le midi, mais avec les 39 °C qu'on peut atteindre comme aujourd'hui, je ne l'ai même pas envisagé", balaie ce jeune diplômé en Histoire.

"Deliveroo nous propose parfois des primes liées aux conditions météo lors d'épisodes orageux, mais rien de tel pendant la canicule",
note le jeune homme, qui a rejoint le comité "précaires" de la CGT de Lyon. Arthur Hay, secrétaire du syndicat CGT des coursiers à vélo de la Gironde, abonde : "Les bonus au mérite existent essentiellement lors des moments de fortes tensions, comme un match de l'équipe de France. Ce n'est pas parce qu'on transpire plus qu'on gagne plus !".

"J'ai souffert pour livrer ma commande au bout d'une grande montée"
Coursier pour Deliveroo à Bordeaux depuis plus de deux ans, Marc note de son côté que "les clients sont légèrement plus généreux en pourboires" pendant la canicule, "même si ce n'est clairement pas la folie". Agé de 31 ans, il travaille sept jours sur sept, midi et soir, "afin de mettre un peu d'argent de côté" pour partir en vacances quelques jours.

Certains restos sont sympas et nous laissent entrer pour profiter de la clim' pendant qu'ils préparent la commande, mais la plupart nous demandent d'attendre dehors.
Marc, coursier pour Deliveroo

Le trentenaire déplore surtout le système de doubles commandes que met parfois en place l'application, et qui peut devenir problématique lors des épisodes caniculaires. "On se rend dans un resto pour une commande, et une deuxième se rajoute une fois sur place, sans que l'on connaisse l'adresse de destination avant d'avoir livré la première", explique Marc. "En l'occurrence, après une première livraison classique, l'application m'a appris que je devais enchaîner sur une autre située non seulement super loin de là où je me trouvais, mais au bout d'une très longue montée. Avec les températures, j'ai vraiment souffert pour aller au bout !", se souvient le coursier.

Contacté, Deliveroo indique avoir signalé sur son application des points d'eau mis à disposition des livreurs, et avoir invité les restaurateurs à leur proposer gratuitement des rafraîchissements. Contrairement aux périodes classiques, les coursiers peuvent également annuler à la dernière minute leur inscription sur un créneau horaire en raison des températures élevées sans que cela n'ait de conséquence sur leurs statistiques individuelles. Habituellement, ce type de comportement pénalise les livreurs en retardant leur accès au planning – et donc aux créneaux à forte activité.

L'entreprise a également annoncé à franceinfo avoir réduit "drastiquement les rayons de livraison" dans les villes concernées par la vigilance rouge à la canicule de Météo France, afin de limiter la longueur des courses. Une décision qui ne concerne pas Marc, la Gironde étant "seulement" placée en vigilance orange.

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Message par Invité Ven 20 Sep - 9:46


LE CONDITIONNEMENT OUVRIER
Patlotch a écrit:les livres sur la condition ouvrière se font rares. Celui-ci semble un bon ouvrage de sociologie plus que de théorie politique. Au demeurant, c'est la commentatrice qui parle de "classe ouvrière", pas a priori l'auteur, et elle en parle comme classe objective dans les rapports de production, c'est-à-dire comme classe "en soi", non comme classe "pour soi", classe de lutte appelée pour les marxistes à devenir sujet révolutionnaire

le terme de restructurations industrielles renvoie ici à celles des usines et de la production, sans apparemment les inscrire dans la restructuration économique mondiale du capitalisme, qui les explique foncièrement depuis près d'un demi-siècle. C'est sûrement dommage, parce que cela semble, à la lecture de cette recension, lui faire rater certains aspects des mutations dans la pensée des ouvriers comme dans leurs réactions face à ses conséquences salariales, managériales, et relativement à la question de l'immigration et du racisme, sans parler, déjà dit, des conséquences en termes contenus et d'objectifs de luttes, que tout cela confine dans la défense de l'emploi et le syndicalisme sous toutes ses formes

Reconsidérer la classe ouvrière
À propos de : Cédric Lomba, La restructuration permanente de la condition ouvrière.
De Cockerill à ArcelorMittal
, Le Croquant

Sylvie Monchatre, La vie des idées, le 18 septembre

Alors que la classe ouvrière semble en voie de désintégration, Cédric Lomba montre que la condition ouvrière, marquée par l’incertitude du lendemain, est bien vivante, tout en invitant à déconstruire les nombreux préjugés qui disqualifient ce groupe social.


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Quand on évoque les restructurations industrielles, on pense d'abord aux fermetures d'usines et aux drames sociaux qu'elles engendrent. On oublie toutefois que ces fermetures sont l'aboutissement d'un long processus de restructurations partielles auxquelles ont dû faire face les travailleurs depuis de longues années. Pour comprendre comment les travailleurs vivent dans ce contexte d’incertitudes répétées, Cédric Lomba a multiplié les observations et les entretiens, pendant près de vingt ans, auprès des ouvriers d’usines métallurgiques d’une multinationale (ArcelorMittal) de la région de Liège en Belgique. Il présente ainsi l’évolution des mécanismes gestionnaires qui justifient les restructurations, les ajustements collectifs entre ouvriers dans les usines, les transformations du syndicalisme de base, les effets des réorganisations sur la santé au travail, sur les trajectoires professionnelles et sociales des ouvriers et, de façon plus générale, sur leurs modes de vie.
Cédric Lomba est directeur de recherche au CNRS et membre du Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris. Ses travaux portent sur les mondes ouvriers de l’industrie, sur les rapports entre classes sociales et sur le militantisme au travail.
Alors que les classes populaires ont fait l’objet en France d’une répression sans précédent pour avoir investi les rues et les ronds-points afin de dénoncer les conditions d’existence qui leur sont faites, l’ouvrage de Cédric Lomba a quelque chose de salutaire. Il donne à voir une condition ouvrière structurellement marquée par l’incertitude, à partir de l’exemple d’une industrie sidérurgique belge en proie à des restructurations permanentes depuis bientôt cinquante ans. Cédric Lomba montre comment s’opère la déstabilisation de ces ouvriers au sein de bastions fortement syndiqués où ils ont dominé numériquement. Il ne cherche pas ici à documenter l’affaiblissement politique et symbolique du groupe ouvrier et la crise de reproduction qu’il traverse [1]. Il s’intéresse plutôt à la spécificité d’une condition ouvrière exposée à d’incessantes restructurations industrielles. Il déplace ainsi le regard sur l’expérience du travail et les conditions de vie sous la menace permanente, qu’elle soit manifeste ou latente, d’une disparition de l’activité. Il propose donc de reconstituer les « horizons d’attente » d’ouvriers pris tout à la fois dans le moyen-terme du déclin de l’activité et dans la courte durée des « plans d’action ».

Pour rendre compte de cette double temporalité des restructurations, Cedric Lomba privilégie une mise en perspective contextualisée, qui lui permet d’en rendre compte à partir des points de vue de ceux qui les conçoivent et de ceux qui les subissent. Son ouvrage rend compte d’une enquête au long cours, marquée par un attachement intime à un territoire dans lequel l’auteur a lui-même grandi. C’est, en effet, avec constance que Cédric Lomba travaille son terrain : depuis 1995 pour un mémoire de master, puis pour sa thèse, soutenue en 2001, jusqu’en 2010, où il décide de revisiter ce terrain pour actualiser ses données. Or au même moment, la mise en place brutale d’un plan de suppression de 1000 emplois lui ferme l’accès aux usines. Pour autant, les contacts de ce « gars du coin » [2] lui permettent d’enrichir son matériau d’entretiens et d’archives syndicales de la FGTB, d’anciens directeurs d’usine, d’élus, etc. et de faire des liens avec ses observations antérieures. Son terrain se prête d’autant plus à cette approche multi-située qu’il se caractérise par l’unité de temps, de lieu et d’action des sites de Cockerill. Cette entreprise, qui a vu le jour au XIXe siècle, est passée de 25000 salariés pour 20 usines en 1975 à moins de 1000 salariés pour 5 usines en 2015. Si elle a été soutenue par l’apport de capitaux publics dans les années 1980, elle a été rachetée par Usinor en 1999, devenu Arcelor en 2002 (fusion Usinor, Arbed et Aceralia), jusqu’à l’absorption par Mittal en 2006.

L’intérêt majeur de cet ouvrage très dense est d’associer sociologie du travail et sociologie des classes populaires. La sociologie du travail tend à mettre l’accent sur les cadres contraignants auxquels les salariés tendent à résister ou dans lesquels ils cherchent à se maintenir, au risque de majorer l’importance de la relation de subordination à l’employeur dans l’analyse. La sociologie des classes populaires, quant à elle, tend à appréhender le travail comme un espace de reproduction de la stratification sociale, dans lequel s’actualisent des dispositions acquises au cours de la socialisation antérieure, au risque cette fois de minorer l’importance des dynamiques organisationnelles. Or si le salariat contribue au maintien de l’ordre social, il le malmène également et les restructurations en constituent un théâtre d’observation particulièrement riche, tant du point de vue des cadres, présenté dans les chapitres 2 et 3, que de celui des collectifs ouvriers (chapitres 4 à Cool.

Sociologie du travail et rapports sociaux
Pour ce faire, l’auteur adopte une définition des restructurations qui met l’accent sur les baisses de coût de main-d’œuvre qu’elles induisent (chap. 1). Il les donne ainsi à voir comme des processus continus de réorganisations internes – qui détruisent plus d’emplois que les fermetures de site (p. 32), mais également comme des choix gestionnaires dont les effets sont nettement différenciés selon les catégories socioprofessionnelles. Les travaux de Nicole Gadrey [3] sur le caractère genré des restructurations productives avaient déjà montré comment les secteurs employant une main-d’œuvre féminine ou immigrée étaient le théâtre de restructurations généralisant la précarisation des conditions d’emploi, tandis que les secteurs employant une main-d’œuvre qualifiée à dominante masculine cherchaient à préserver, en les contractant, des marchés internes protégés, en développant un halo de précaires. C’est ce dernier phénomène que Cédric Lomba donne à voir avec Cockerill, en soulignant combien la frontière est poreuse entre ce halo de précaires et les salariés stables.

Ces restructurations apparaissent comme le fruit de mises en place, souvent tâtonnantes, de plans d’action considérés comme définitifs alors qu’ils ne sont qu’une étape d’une longue série (chap. 2). Entre 1978 et 2012, Cockerill Liège a ainsi connu 12 plans de restructuration (p. 62), soit un tous les trois ans en moyenne, avec des réductions d’effectifs allant de 1 à 10 (795 postes supprimés lors de la fermeture de deux hauts-fourneaux en 2011 à 7900 lors du Plan Gandois en 1983). Comme on pouvait s’y attendre, cette pensée par plan et benchmarking provient de l’intervention d’experts en management. L’ouvrage montre combien les restructurations sont des épreuves pour les cadres techniques locaux (chap. 3), car elles entraînent l’arrivée de cadres au capital international « parachutés » et les changements d’organigramme constituent de véritables moments de vérité. Mais les réorganisations mettent également en jeu le positionnement social des cadres par rapport aux ouvriers, comme le donne particulièrement à voir le cas de l’automatisation.

Cédric Lomba soulève ici, sans le développer, un point de discussion pour la sociologie du travail, au sein de laquelle l’automatisation a un statut particulier. Si elle a été étudiée comme le fruit d’une rationalisation de l’activité, les analyses de Pierre Naville [4] ont également permis de la considérer comme un levier d’allègement de la subordination au travail. L’auteur souligne pour sa part qu’au sein de l’entreprise, elle constitue un enjeu pour les périmètres d’expertise des cadres et des ouvriers. De fait, si les cadres s’avèrent soucieux d’excellence scientifique pour convaincre les dirigeants de leur capacité d’innovation en tenant les ouvriers à distance de leurs projets (p. 112), ils ne sont pas toujours en mesure de reprendre la main sur l’activité. C’est le cas au laminoir à chaud, où l’automatisation du contrôle, de l’entretien et du contrôle qualité a conduit à supprimer près des deux-tiers des effectifs ouvriers (p. 134) mais à embaucher quatre ingénieurs en marginalisant les savoir-faire ouvriers. À l’inverse, le fonctionnement des hauts-fourneaux n’a pas permis l’automatisation d’une activité contrôlée par le savoir-faire des ouvriers, mais les réorganisations ont renforcé les écarts entre deux filières ouvrières au détriment de la moins qualifiée, qui a été en grande partie externalisée (p. 137-138). L’auteur invite ainsi à ne pas réduire les effets des restructurations à des analyses en termes de déqualification/requalification pour souligner plus largement les recompositions des segments ouvriers au gré des transformations de la division du travail.

De fait, les restructurations renforcent les frontières socioprofessionnelles au sein du collectif ouvrier mais avec des effets contrastés (chap. 4). L’ordre des générations en sort relativement indemne, et ceci non seulement parce que les anciens sont numériquement dominants en raison de la chute des recrutements de jeunes. La complexité du travail renforcée par les exigences de polyvalence, le vieillissement d’installations dont l’entretien laisse à désirer, la réduction du temps de formation sur le tas font que les plus anciens contrôlent l’expertise requise, y compris sur les postes automatisés pour lesquels l’expérience sensorielle demeure centrale pour prévenir les incidents (p. 168). Mais les restructurations conduisent également à placer les délégués syndicaux en porte-à-faux par rapport à leur base (chap. 5). Cédric Lomba montre que si leur activité devient plus polyvalente dans la mesure où les réductions d’effectifs entraînent une diminution de la taille des délégations dans les usines, ils ne sont pas pour autant coupés du terrain. Comme l’a souligné la sociologie politique du syndicalisme [5], il apparaît ici que leur action de défense, individuelle et collective, des salariés au quotidien ne faiblit pas et tend à se diversifier. Leur périmètre d’intervention tend même à s’élargir dans la mesure où ils acceptent l’externalisation en contrepartie d’un contrôle du choix des entreprises prestataires et d’un suivi des sous-traitants et des intérimaires (p. 214). Mais les restructurations les amènent à « monnayer » les changements d’organisation en privilégiant immanquablement certaines fractions ouvrières sur d’autres. Le double désajustement qui en résulte se manifeste dans l’action de résistance aux restructurations (les syndicats peuvent négocier des changements refusés par les ouvriers) et dans la représentation d’un collectif ouvrier d’autant plus désuni que sont mis en concurrence non seulement les fractions ouvrières mais également les sites entre eux.

Les transformations culturelles des ouvriers
Un autre intérêt de l’ouvrage concerne la question de la transformation culturelle des ouvriers. Si les directions d’entreprise l’appellent de leurs vœux pour leur « faire accepter la nécessité des restructurations » (p. 107), Cédric Lomba invite à des constats nuancés (chap. 4). Les régulations autonomes des pratiques de travail ne sont guère affectées par les restructurations. Les changements d’objectifs, voire les volte-face de l’encadrement, sont perçus comme des « formes d’indécision permanente » qui ne justifient pas de modification des « conventions tacites » en vigueur au sein des équipes (p. 175-177). De fait, les ouvriers neutralisent les exigences des plans lorsque celles-ci sont porteuses de contradictions – telles que l’accroissement de la productivité exigé en même temps que l’espacement de la maintenance des installations et la réduction de la qualité des approvisionnements. À l’instar de ce que Donald Roy (Un sociologue à l’usine, La Découverte 2006) avait déjà souligné pour les « boulots pourris », Cédric Lomba montre que les ouvriers repèrent les objectifs irréalisables et renoncent à s’épuiser à les atteindre. Il montre également combien la normalisation de l’activité constitue une ressource pour la mise en place de stratégies de préservation de soi ainsi que pour la dénonciation des dangers induits par les réorganisations.

De fait, l’ouvrage donne à voir un groupe ouvrier particulièrement exposé à des risques professionnels qui sont en même temps déniés, tout en mettant en garde contre les interprétations hâtives en termes de « virilisme » (chap. 7). Les restructurations éclairent en effet ce phénomène sous un jour particulier. Les enjeux de baisse des coûts conduisent les directions à surveiller de près les taux d’accidents tout en invisibilisant les maux du travail – par l’externalisation des postes les plus exposés aux risques d’accident, la remise au travail des blessés ou encore la traque aux faux-accidents, etc. (p. 274-279). Mais par ailleurs, l’hybridation des collectifs, composés d’ouvriers de statuts et d’expériences différenciés, intérimaires ou « déplacés » majore les risques de l’activité et minore la tolérance envers la prise de risque – à l’instar de ce qu’avait souligné Nicolas Dodier [6] à propos des organisations automatisées. Cédric Lomba souligne pour sa part l’impact de ce rapport aux risques sur les parcours professionnels, comme le refus de promotion pour échapper à l’exposition à des substances nocives ou, au contraire, la minoration des maux pour préserver une réputation d’ouvrier fiable dans l’espoir d’accéder à de meilleurs postes (p. 294-298).

L’ouvrage éclaire également d’un jour nouveau le devenir des salariés restants dans les usines restructurées de la sidérurgie (chap. 6). On savait notamment que le recours aux préretraites produit un effet « cheminée » [7] qui les aspire vers le haut de la hiérarchie professionnelle en dynamisant leurs carrières. Mais Cédric Lomba souligne plus largement l’impact diversifié des plans de restructuration sur les parcours, notamment l’importance des discontinuités et des reclassements internes (très justement renommés ici « déplacements » p. 250), leur effet de raccourcissement de l’horizon professionnel et une polarisation entre des ouvriers très stables et très mobiles (p. 241). Il observe notamment le refus de prendre des responsabilités chez des ouvriers de plus de 40 ans, amenés non seulement à se stabiliser dans des fonctions techniques complexifiées par les réformes, mais également à anticiper leur possible départ en pré-retraite. L’incertitude est ainsi omniprésente chez des ouvriers à l’affût des indices de pérennisation de l’activité ou de fermeture de site (mutations des cadres, investissements réalisés, qualité de l’entretien des installations, etc.), mais qui vivent les décisions de fermeture comme un « coup de massue ».

Leur rapport au travail (chap. Cool n’en reste pas moins marqué par des représentations en termes de conflits de classe, que ce conflit soit dénié dans l’affichage d’une loyauté envers les dirigeants, rappelé avec vigueur pour dénoncer la détérioration des conditions de travail, ou encore mis à distance par ceux qui prennent des chemins de traverse ou s’orientent vers la sortie dans le cadre d’un processus de dés-identification du groupe ouvrier. Le fait est que ces ouvriers de l’entre-deux, généralement propriétaires de leurs logements, s’avèrent proches des classes moyennes par leur niveau de salaire ou par leurs stratégies résidentielles. Mais leurs positions sociales sont fragiles avec des modes de vie polarisés entre ascétisme et hédonisme [8]. De plus, les restructurations donnent à voir d’une lumière crue le caractère illégitime de l’ouvrier « moyennisé », en mesure de s’offrir des consommations qui ne sont a priori pas de son rang. Le mépris avec lequel la presse présente les sacrifices qui l’attendent lors de la fermeture de son usine (p. 350) n’a d’égal que l’empressement avec lequel elle s’emploie, par ailleurs, à présenter les frayeurs des habitants des beaux-quartiers investis par les Gilets jaunes [9].

À ce titre, cet ouvrage-somme, qui mobilise une large littérature sociologique française et anglo-saxonne, rappelle avec force la parenthèse historique qu’a représentée le salariat fordiste. Il donne à voir la précarité de la condition ouvrière, exposée à un double mouvement de déprolétarisation/reprolétarisation d’autant plus déstabilisant que le contrôle des incertitudes productives qui garantissent son maintien dans l’emploi est un enjeu de luttes tenaces. Si l’on peut regretter que le propos de l’auteur tende à se refermer sur son point de départ, on retiendra la richesse de son analyse qui ouvre de nombreuses pistes d’analyse. Outre la transformation des couples ouvriers et le déclin du modèle du male breadwinner qu’il évoque (p. 332), il souligne également le déplacement des conflits en dehors du travail qui s’opère. De fait, si les restructurations contribuent à étouffer les mobilisations liées à la pollution environnementale, à l’inverse, les fermetures d’établissement permettent des rencontres avec les associations de riverains et la lutte pour la reconnaissance des maladies professionnelles (p. 285). En cela, l’ouvrage de Cédric Lomba invite résolument à interroger le statut des corps au travail, et en particulier le coût physique et biographique [10] de l’emploi à tout prix dans le monde ouvrier.

Cédric Lomba, La restructuration permanente de la condition ouvrière. De Cockerill à ArcelorMittal. Vulaines sur Seine, Éditions Le Croquant, 2018, 386 p., 20 €.

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Message par Invité Sam 28 Sep - 2:51


OUVRIER D'HIER

Les métamorphoses de la classe ouvrière
France Culture,28/09/2019, 43 mn, à 12:45

Surtout connu pour «Retour sur la condition ouvrière», le livre classique qu'il a coécrit avec Stéphane Beaud, le sociologue Michel Pialoux est aussi l'auteur d'une œuvre majeure enfin réunie en un volume. Il est rejoint en seconde partie d'émission par le romancier québécois Kevin Lambert.

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Les chaînes de montage de l'usine PSA Peugeot Citroën de Sochaux, dans les années 1970.
Crédits : AFP - AFP
C'est un grand sociologue, un grand sociologue discret qui est cette semaine l'invité de La Suite dans les Idées. Le nom de Michel Pialoux est depuis vingt ans associé à celui de Stéphane Beaud avec lequel il a coécrit un livre désormais considéré comme un classique des sciences sociales / Retour sur la condition ouvrière. Mais Michel Pialoux a eu une vie de sociologue avant le Beaud et Pialoux : il a notamment tenu dans les années 80 une mythique Chronique Peugeot Dans Actes de la recherche en sciences sociales, la revue de Pierre Bourdieu, il a mené de nombreux entretiens dans le best seller dirigé par le même Bourdieu : La Misère du monde, et notamment un entretien à l'origine d'un film des frères Dardenne. Aujourd'hui, un ouvrage présenté par Paul Pasquali, également notre invité, paraît qui regroupe ses articles importants. Et en seconde partie il est rejoint par le jeune auteure québécois Kevin Lambert, qui publie Querelle en cette rentrée littéraire, un roman qui donne à voir et entendre, dans une scierie canadienne, une autre condition ouvrière.

INTERVENANTS
Michel Pialoux
Paul Pasquali
Kévin Lambert
écrivain

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