considérations sur la valeur des choses
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qu'est-ce qu'une chose ?
en dehors des choses, il n'y a rien
vous ne me croyez pas ? Hé bien, croyez-en Aristote, pour qui « la définition fait connaître ce qu’est la chose », lisez celle qu'en donne CNRTL, et dites-moi ce qui existe et ne serait pas une chose : « Ce qui est, ce qui existe; réalité de toute espèce, envisagée indépendamment de la durée. [...] Les choses de la nature, de la religion, de l'amour. [...] Les choses de Dieu. Les choses du cœur, de l'esprit, de l'intelligence, du sexe, de la terre; les choses d'ici-bas, d'en haut. Les choses humaines. Les choses corporelles, célestes, divines, éternelles, naturelles, mortelles, pratiques, profanes, matérielles, terrestres, temporelles, sacrées, spirituelles, surnaturelles, etc. »
il ne m'engage à rien d'être matérialiste au sens du parti pris des choses en un sens plus large encore que ce poète qui, dans ce livre, n'inclue pas les choses humaines, mais plus précisément les objets qui ne le sont pas, parce que tout de même, "nous ne sommes pas des choses", "je ne suis pas ta chose"
mais notez bien que tout est relatif, car comme dit Héraclite
“Le rien existe aussi bien que le quelque chose.”
en attendant
Mignonne allons voir si la chose,
qui ce matin avait des causes...
qui ce matin avait des causes...
considérations sur la valeur des choses
je voudrais engager une réflexion sur la valeur, entre celle qu'il s'agit d'abolir*, sous sa forme de valeur d'échange et de valeur d'usage, et les valeurs qui resteraient, à mon sens indispensables à la vie, ce que je nommais il y a quelques années les valeurs communistes. Je m'interroge pour savoir si, après tout, elles ne seraient pas l'objet d'échanges, mais alors sur quelle base : s'agirait-il encore de les mesurer, et à quoi, sur quels critères ?
* voir Bruno Astarian, L'abolition de la valeur (texte intégral, 2014)
2017
* voir Bruno Astarian, L'abolition de la valeur (texte intégral, 2014)
2017
Pour Marx, l’abolition de la valeur consiste en la suppression de l’échange et son remplacement par une économie planifiée où les hommes travaillent avec enthousiasme à la satisfaction de leurs besoins (le premier d’entre eux étant le travail lui-même). Et sa théorie de la valeur est tout imprégnée de ce point de vue. L’objet de L’Abolition de la valeur est de revisiter la théorie marxienne de la valeur en tenant compte des conditions actuelles du mode de production capitaliste – sans remettre en cause la trajectoire d’ensemble du Capital. La différence essentielle avec l’époque de Marx est qu’il est devenu impossible d’envisager le communisme comme une économie d’« hommes libres » gérant leur travail par une planification commune.
Notre époque permet de mettre au concret la théorie de la valeur en s’appuyant sur les caractéristiques pratiques, et non pas abstraites, du travail producteur de marchandises. Cela a des conséquences décisives sur la façon d’envisager l’abolition de la valeur et l’au-delà du capital et du travail. Car il faut maintenant commencer à réfléchir à ce que pourrait être une société sans travail – ce qui ne veut pas dire sans production, mais sans usines, sans chronomètres, sans souffrance.
“Tout ce qui a son prix est de peu de valeur.”
Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1891
Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1891
Re: considérations sur la valeur des choses
Figure désormais incontournable d’Occupy Wall Street, l’anthropologue David Graeber est devenu, au sein du monde anglo-saxon, le représentant d’une nouvelle forme de pensée critique d’inspiration libertaire. Dans son livre consacré à l’histoire de la dette, l’intellectuel américain s’attaque à l’idée d’Homo œconomicus, en cherchant à reconstruire la façon dont la langue du marché a progressivement envahi toutes les dimensions de la vie humaine.
2013
Voici un livre capital, best-seller au États-unis et en Grande-Bretagne, en cours de traduction dans plus de dix pays, commis par l'un des intellectuels les plus influents selon le New York Times, initiateur d'Occupy Wall Street à New York.
Un livre qui remet en perspective l'histoire de la dette depuis 5000 ans et développe une approche totalement nouvelle. Il démontre magistralement que le système de crédit précède la naissance de la monnaie et que la dette a donc toujours structuré nos systèmes économiques et nos rapports sociaux.
Il montre également que le vocabulaire des écrits juridiques et religieux de l Antiquité (des mots comme "culpabilité", "pardon" et "rédemption") est issu en grande partie de ces affrontements antiques sur la dette, et qu'il fonde jusqu'à nos conceptions les plus fondamentales du bien et du mal. Sans en avoir conscience nous livrons toujours ces combats.
Un essai passionnant et essentiel qui nous permet de mieux comprendre l'histoire de notre passé, celui de la crise des crédits en cous ainsi que l'avenir de notre économie.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la logique de l’échange marchand [ii] est parvenue à s’introduire jusque dans la pensée de ses adversaires les plus résolus, à commencer par l’anthropologie du don. Faire un don revient bel et bien à créer une dette qui obligera celui qui a reçu à rendre. Pour David Graeber, cette logique de l’échange réciproque ne permet pas d’expliquer à elle seule l’ensemble de la vie sociale. L’un des principes moraux qui échappe à la logique de l’échange est ce qu’il appelle le communisme, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec la dictature du prolétariat ou la nationalisation des moyens de production. Il s’agit plutôt des comportements humains qui obéissent au principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Dans ce cadre, nous agissons d’une manière désintéressée, sans nous demander si nous y trouvons forcément notre compte. L’anthropologue soutient que tout le monde agit en communiste une bonne partie de son temps, même s’il reconnaît qu’une société organisée exclusivement sur ce principe ne pourra jamais exister.
Une alternative à la logique de l’échange
Au nom de l’efficacité, les entreprises capitalistes fonctionnent d’ailleurs elles-mêmes partiellement sur ce principe. Quand une canalisation s’est rompue et que celui qui la répare réclame une clé anglaise, son collègue ne lui demandera pas « Qu’est-ce que j’aurai en échange ? » mais s’exécutera, même s’ils travaillent pour Burger King ou Goldman Sachs. C’est également ce qui se passe au lendemain de grands désastres, qu’il s’agisse d’une inondation, d’une panne d’électricité géante ou d’un effondrement de l’économie. Dans ces circonstances extraordinaires, l’entraide prévaut sur les hiérarchies et les marchés, les étrangers deviennent soudain frères et sœurs et la société humaine semble renaître. Un grand nombre de nos comportements sont d’ailleurs déterminés par ce communisme au quotidien, qui constitue le fondement de toute sociabilité humaine. Quand nous échangeons dans une conversation, quand nous demandons une cigarette, quand nous aidons quelqu’un en train de se noyer ou un enfant qui tombe sur les rails du métro, nous ne nous posons pas la question de savoir si cela est dans notre intérêt. C’est ce que David Graeber appelle le « communisme fondamental » : si le besoin est jugé assez important ou le coût assez raisonnable, chacun suppose qu’entre des gens qui ne se considèrent pas comme des ennemis, le principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » l’emportera.
Le partage et la solidarité, socle d’une éthique communiste
La notion de partage joue un rôle essentiel dans le communisme. Tout fumeur sait à quel point il est difficile de refuser une demande de cigarette dès lors qu’on a été identifié comme appartenant à la communauté des fumeurs. En cela, nous ne sommes pas très éloignés des peuples Nuers de la haute vallée du Nil pour qui, traditionnellement, il est impossible de rejeter une demande de n’importe quel article de consommation courante lorsqu’elle vient de quelqu’un qui a été accepté comme membre du clan. Le communisme échappe fondamentalement à la logique de l’échange parce qu’il ne fonctionne pas sur le mode de la réciprocité. La seule chose qui est égale, c’est la certitude que l’autre en ferait autant pour vous, sans forcément l’attendre. Dans un cadre où personne ne cherche à savoir s’il a reçu autant qu’il a donné, l’idée même de compter paraîtrait blessante. L’anthropologue américain veut voir dans cette forme de convivialité partagée une base communiste à partir de laquelle se construirait tout le reste : « L’obligation de partager les denrées alimentaires et tout produit que l’on juge de première nécessité devient souvent le fondement de la morale quotidienne dans une société dont les membres se perçoivent comme égaux. »
le partage sauvera le monde
Mais, loin de se limiter à une question de morale, le partage peut constituer une réelle source de plaisir. « Les plaisirs solitaires existeront toujours, mais pour la plupart des humains, les activités les plus plaisantes consistent presque invariablement à partager quelque chose — de la musique, un repas, de l’alcool, de la drogue, des ragots, du théâtre, un lit. À la racine même de ce que nous tenons pour agréable, il y a un certain communisme des sens ». Cette invitation au plaisir partagé se rapproche finalement de l’hédonisme d’un Michel Onfray ou de la vision d’un Paul Ariès, qui défend l’idée d’un socialisme réhabilitant les sentiments, la sensualité ou le sens de la fête [iii].
Pour David Graeber, le communisme peut constituer la base de la sociabilité, mais cette base ne pourra jamais suffire à elle seule. La solidarité commence avec les personnes qui nous sont les plus proches et les plus chères, mais on ne se sent jamais solidaire de la même manière avec tout le monde. Les valeurs de partage et de solidarité qui caractérisent le communisme peuvent bien sûr s’étendre à un groupe plus large, mais elles resteront toujours limitées à ceux qui sont à l’intérieur de la communauté. Les adhérents d’un parti politique ou d’un syndicat, par exemple, savent qu’ils bénéficient de droits auxquels les non-adhérents ne peuvent prétendre. Cette nette distinction, entre les membres du groupe et ceux qui y sont extérieurs, est sans doute le prix à payer pour prétendre au partage, à la solidarité et ainsi échapper à la stricte logique du calcul et de l’échange marchand.
La théorie de l’Homo œconomicus postule que tout individu est un être rationnel motivé par la recherche de son seul intérêt personnel. Cette vision constitue le socle du libéralisme économique.
[ii] La logique de l’échange repose sur la réciprocité entre deux parties dont chacune donne autant qu’elle reçoit.
[iii] Paul Ariès, Le socialisme gourmand, Les Empêcheurs de tourner en rond, 2012.
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