VII. 8 STRINGS GUITAR f#beadgbe, CELLO POSITION & PIN, Resonance Box

Patlotch a écrit:

LE SON QUI VIENT

5 avril 2021

RETOUR AUX SOURCES... DU SON
un projet de commande en lutherie

tout bien considéré, le son perdu dont je suis à la recherche est acoustique, au sens non de "relatif au son", mais de non-électrique, comme on dit des guitares éponymes. Voilà qui ne saurait plaire à des guitaristes de jazz, puisque leur norme est électrique, ou électro-acoustique, le terme n'étant pas utilisé à l'époque où sont nées les guitares à caisse avec micro magnétique, dans les années 1930

Charlie Christian, Gibson ES 150

à cela plusieurs raisons

la première est que je désespère de faire fabriquer une 8 cordes à table flottante par Christophe Leduc, dont les délais sont de 3 ans à compter de la commande, et bien que se disant intéressé, il n'a pas commencé de réfléchir au projet depuis nos premiers échanges il y a un an

la seconde est plus fondamentale, puisque j'apprécie de plus en plus de jouer sur un instrument qui résonne par lui-même, sans amplification, avec des sensations physiques que ne donne aucune guitare électrique ni aucun son d'ampli distant de cet instrument et de l'instrumentiste. C'est devenu un besoin, une exigence

j'ai donc repris contact avec Stéphane Pappalardo, avec qui j'avais discuté d'une 8 cordes il y a 2 ans, avant d'acquérir une solid-body en raison d'un sustain supérieur à toute guitare "acoustique". Mais, et cela m'échappait alors, la nature de ce sustain n'est pas la même, car dans une acoustique, c'est tout l'instrument qui vibre et continue à produire, de façon acoustique audible et ressentie corporellement, le son et ses harmoniques. En définitive, ce sustain n'est pas moins long sur une bonne classique, à preuve toutes les musiques pour guitare en contrepoint, il est différent, et surtout plus riche en matière sonore, ce dont on ne peut juger qu'en direct, et pas sur Youtube...

l'idée est de partir du modèle SPC, dérivé du modèle S1, avec pan coupé et micros intégrés. J'ai essayé cette dernière à L'atelier. Du point de vue sonore, avec sa table en cèdre, elle a toutes les qualités annoncées - projection, équilibre, sustain, rondeur, chaleur -, mais le problème du modèle essayé est pour moi la jouabilité, en raison d'une action (hauteur des cordes sur le manche) très haute, du type guitares classiques dans le monde d'avant, je pense un héritage masochiste des cordes en boyau, de faible tension. Autant oublier mes techniques "jazz" avec jeu rapide en chords melodys et la vélocité obtenue avec une action deux fois moindre (2mm au lieu de 4mm sous les cordes graves), et je ne peux m'y résoudre après des décennies

qu'à cela ne tienne, dit le luthier, qui travaille pour des Brésiliens recherchant un plus grand confort de jeu donc une action plus basse. C'est affaire, dès la conception, d'angle du manche par rapport au plan de la table, le renversement, et naturellement d'un choix de cordes en nylon de fort tirant (je n'aime pas le son brillant des "carbone") pour limiter l'amplitude de vibration et donc les buzz sur les frettes (qu'adorent les flamenquistes, avec une action basse), ce qui convient aussi à mon jeu à la pulpe qui n'est pas compatible avec des cordes de faible tension, car elles s'enfoncent dans le doigt le temps de les tendre et relâcher, ce qui multiplie les accrochages avec les cordes adjacentes

il faut dire que j'ai toujours eu, même sur des électriques, un jeu puissant donnant plus de volume que n'en demandent les micros magnétiques, et cela tient au fait que j'ai beaucoup joué, ou travaillé, chez moi, sans ampli, ce qui est une erreur puisqu'on l'utilise sur scène et que cela nécessite une expérience spécifique pour maîtriser le son sur toute la chaîne de production, les réglages, éventuellement les pédales d'effet, bref tout le matos intermédiaire qui, en définitive, me gonfle

bref, en bon prolétaire de son son, tsoin-tsoin, le guitareux n'avait à perdre que ses chaînes

pour le reste, il s'agit maintenant de finaliser avec le luthier d'autres choix, tel que l'écart entre cordes, de l'ordre de 10mm à la 12e case, et, précaution pour le cas où je jouerais avec plus fort que moi (en volume, j'entends...), celui de l'amplification, ma préférence allant à l'autre option qu'il propose, une sortie directe avec micro passif sans préampli intégré, 4 pastilles piézos sous le chevalet (K&K Pure Classic), grande fidélité, pas de bruits parasites, pas de larsen dû aux autres instruments

cerise pour le gâté, Stéphane Pappalordo étudie à ma demande la possibilité de mettre une pique comme sur la guitare Brahms de Paul Galbraith

m'impressionne que Galbraith ne repose pas même l'avant-bras,
bon souvenir de ma courte non-carrière de contrebassiste

l'absence apparente de repère corporel renvoie à une guitare fixe, tenue par la pique et les jambes,
passée les premières difficultés, la précision n'est en fait qu'une question d'habitude

la sensation est étonnante d'une main dansant au-dessus des cordes

je me passerai d'un manche multiscale en éventail tel que sur ma ESP LTD M-1008 Multi-Scale, comme de la double octave des 24 cases montant au mi sur la chanterelle (sur une classique, ces notes suraiguës ne chantent plus). J'ai simplement demandé de pousser les si et mi (19e case) aux do et sol avec une case supplémentaire sur la rosace. Je joue beaucoup en tonalités de Do, Fa, Sol, et monter au toniques et quartes ou quintes est précieux

on verra si j'opte pour une boîte de résonnance, auquel cas je pourrais la fabriquer moi-même. Il est certain qu'en matière d'amplification acoustique, je serais alors servi, et je pense aussi mon auditoire, que je n'envisage pas à perte de vue, ni d'ouïe. Quant aux mamies sourdes de mon futur Ehpad, je leur ferai sans fil à l'épate

mieux qu'un compromis à la place d'un rêve, puisque les délais sont de l'ordre de 8 mois et le prix environ de moitié

17 mai 2021

après plusieurs longs échanges téléphoniques avec Stéphane Pappalardo, le projet est finalisé, le devis moins élevé qu'attendu, proche du prix du modèle SPC de base à 6 cordes, en raison d'un micro K & K direct sans préampli intégré, moins cher

nous avons arrêté des spécifications particulières à ma demande, un renversement du manche pour une action (hauteur des cordes) plus basse (type guitare de bossa entre classique et flamenco), une écart entre cordes plus large au-dessus de la rosace pour ma technique sans ongles, une montée aux Sol et Do aigus avec une case supplémentaire sur deux cordes, des mécaniques hyper-précises pour l'accordage

cerise sur le gâteau, vraisemblablement une pique type Guitare Brahms et un caisson de résonance comme Paul Galbraith

tout-à-fait passionnant d'échanger avec un luthier d'exception particulièrement à l'écoute et dans l'humilité des artisans qui n'ont rien à prouver

premières expérimentations de
LA TENUE VERTICALE D'UNE GUITARE CLASSIQUE à 8 CORDES

Patlotch a écrit:depuis octobre, la fabrication de ma guitare était arrêtée en raison d'une grave maladie de Stéphane Pappalardo. C'est son père, Antoine, 76 ans, qui a remis sur le métier pour la terminer, y compris la réalisation du caisson de résonnance. En attendant de la recevoir, je me suis procuré une guitare classique à 8 cordes, la moins chère, 369 €, Thomann Classica Fusion 8 String

le challenge était de pouvoir la tenir en position de violoncelle en l'absence de pique, càd avec un angle du manche près de la verticale, et la tête passant derrière celle du guitariste (cf la position de John Galbraith). J'ai imaginé divers bricolages pour y parvenir

- la tenue verticale et l'inclinaison du plan de la touche ne posaient pas de problème, obtenues avec un simple lacet passé autour de la caisse, et une écharpe nouée à ce lacet, faisant une boucle réglage à passer autour du cou. La caisse est tenue par les éclisses serrées entre les genoux (photo en haut du message)

- dans cette position, et sans tenue vers le bas par une pique ancrée au sol (peu importe qu'il y ait ou non résonateur), il faut encore poser l'avant bras sur le haut de caisse/éclisse supérieure pour empêcher la guitare de tourner, exactement comme dans la position classique recommandée. Or dans ce cas, le bénéfice de la liberté du bras droit, sans aucun appui entre l'épaule et la main, est perdue, alors - Galbraith le souligne -, que c'est un des principaux avantages de la tenue violoncelle

je l'ai d'abord bloquée avec un tabouret, puis avec un morceau de ficelle attaché à une ceinture, et crocheté dans la rosace. La guitare est alors pratiquement fixe, et l'on peut pencher plus ou moins le manche, càd l'éloigner de la tête, au besoin pour regarder la main gauche en première position

remarques après quelques jours d'expérimentations :

- le changement est très conséquent du jeu sur une guitare 8 Cordes SolidBody à une guitare classique, le manche est plus large, l'action (hauteur des cordes) plus haute, la tension des cordes graves (diapason de 650 mm) bien moindre, et le jeu sans ongles sensiblement différent sur cordes nylon de la classique et cordes métalliques de la SolidBody. Les barrés sont plus difficiles, mais largement facilités par la tenue verticale, le poids du bras gauche depuis l'épaule pouvant aisément être mis en jeu en lieu et place d'un appui trop serré avec le pouce : celui a encore une rôle de guide le long du manche, mais la main gauche n'a plus aucune fonction de tenue de l'instrument, contrairement à la position classique traditionnelle

par contre, avec le corps de la guitare, l'épaisseur de la caisse, la tenue est plus aisée pour l'accès au manche, plus en avant. L'impression est un peu la même que passer d'une basse électrique à une contrebasse, de "faire corps" avec l'instrument, et c'est très agréable

dans cette position, ma tendance est d'investir davantage les premières cases de la guitare (près de la tête) et les cordes à vide, mon point faible jusque-là, comme tous guitariste de jazz. C'est ici rendu nécessaire si l'on veut, nonobstant un diapason assez court, tirer parti de la plus grande longueur de vibration pour une note donnée, et ceci particulièrement sur les cordes graves, pour bénéficier de toute la tessiture, jusqu'au F# grave (sur cette grosse corde, le Mi grave de la 6 cordes se trouve à la 10e case, ce qui donne encore de bonnes basses à des accords doigtés dans cette zone)

PS : mon témoignage dans un fil du forum de Guitar Classique Delcamp, où j'ai fait une brève apparition : Re: tenir la guitare comme un violoncelle

des discussions, en anglais, sur la tenue quasi verticale de la guitare :

- Trending Vertical?
- Holding the guitar near-vertical
- Holding the guitar like a cello now?

j'insiste sur plusieurs points :

- la tenue verticale n'est pas en soi liée au nombre de cordes ou à la tessiture de la guitare Brahms
- elle est en parfaite cohérence avec les techniques des 2 mais que j'ai développées en relation avec les problématiques de l'improvisation (vs l'interprétation préparée d'une musique écrite). La liberté de la main droite, sans appui, amplifie les avantages d'un jeu à 5 doigts et le concept de double mouvement des cordes braves aux cordes aigus : - des doigts à l'intérieur d'un set de 2 à 6 cordes, - de la main d'un set à l'autre en montant ou descendant, qui autorise un même angle d'attaque des doigts par rapport au plan des cordes

sans ongles, la question de l'angle d'attaque des doigts par rapport à l'axe des cordes et du manche se pose assez peu, pour peu qu'on aie forgé les callosités ad hoc. Selon qu'on attaque au-dessus de la rosace, près du manche, ou près du chevalet, cet angle peut pratiquement être inchangé si l'on adopte le mouvement de bras droit qui convient, depuis l'épaule, comme un.e violoncelliste avec son archet

Patlotch a écrit:Antoine Pappalardo m'a envoyé des photos de ma guitare 8 cordes, avec pique. Micro intégré direct. Reste à teinter et vernir le caisson de résonance, de forme conique

je n'ai aucune spécification sur les résonateurs utilisés par John Galbraith, mais d'après les photos, ce sont des caissons fermés avec des ouvertures de différentes formes, rondes ou en f. Je suppose que le principe est de reproduire une caisse d'instrument à corde, et donc que la table est d'épaisseur fine, quelques millimètres

le parti pris d'amplification acoustique de Antoine Papallardo est différent, davantage comparable à une enceinte à pavillon pour haut-parleur, généralement de haut rendement. Le caisson est réalisé en sapin d'environ 15 mm d'épaisseur, le caisson de forme conique, avec un trou à l'arrière (côté instrumentiste) et ouvert à l'avant. Ne l'ayant pas encore essayé, je n'ai aucune idée de l'effet

quant à la position, on voit parfois Galbraith utiliser 2 reposes pieds de guitare classique, posés de chaque côté du caisson. Celui qu'a réalisé Antoine P. est étroit et je pense autorise à mettre les pieds à plat au sol, de chaque côté. L'autre option, qu'il a réalisé pour un autre guitariste, est un caisson plus large sur lequel on pose les pieds. Le tout est de bien régler la hauteur de la pique (qui rentre dans le corps de la guitare avec une vis de blocage), et son orientation, qui détermine celle du manche donc l'angle d'attaque de la main droite. À cette fin, le luthier a percé 3 trous dans le chevalet repose-pique, permettant de choisir sa position. Il me faudra expérimenter tout ça en faisant des essai pour obtenir la meilleure position pour les deux mains, ou éventuellement pouvoir en changer rapidement durant le jeu

j'aurai donc un double challenge, la position verticale avec pique, nouvelle pour moi, et le jeu sans aucun ongles sur cordes nylon, alors que j'utilisais jusque-là les cordes métal de la solidbody

remarques sur
LA POSITION DE L'AVANT-BRAS DROIT
et de la main droite dans le jeu sans ongles

Patlotch a écrit:on trouve peu de considérations sur les avantages techniques d'une telle position, hormis le fait que, selon ses utilisateurs, l'avant-bras n'ayant plus à (re)tenir l'instrument, la main est libre de mouvements plus variés, et d'une autre position. Dès que l'on adopte cette position, on prend conscience de ce phénomène, avec les difficultés nouvelles de contrôle et de précision, voire la fatigue musculaire, comparable à celle de violoncellistes, ce qui nécessite une musculation jusqu'à l'épaule (on retrouve ce problème à la main gauche)

la tenue verticale, avec ou sans pique, permet de ne pas poser l'avant-bras sur la table pour retenir l'instrument, comme dans la position classique traditionnelle

la main est ainsi libérée et le dos de la main se tenir parallèle au plan des cordes et de la table, permettant aux doigts un angle plus ouvert, proche de la verticale. J'ignore ce qu'il en est pour le jeu avec des ongles, mais sans ongles, la différence est sensible

en effet, la jeu "avec la pulpe" suppose, pour acquérir une certaine vélocité, la formation de callosités dont la qualité peut être variable en dureté, ce qui modifie considérablement l'attaque, selon que la corde s'enfonce plus ou moins dans la chair avant d'être relâchée pour produire le son. Pour un jeu aussi véloce qu'avec les ongles, la surface de contact doit être minimisée au maximum, en se portant le plus haut bout possible de chaque doigt, à la limite de l'ongle s'il n'était pas coupé. Cet angle favorise aussi le jeu en pincé par un retrait plus facile ne touchant pas la corde adjacente

comme déjà dit, cet angle peut rester constant quelles que soient les cordes attaquées, en raison de la possibilité pour l'avant-bras "en l'air" de fournir un mouvement de translation au-dessus des cordes. Mes considérations sur le double mouvement, jeu des doigts à l'intérieur d'un set de cordes et passage d'un set à l'autre, sont encore plus fondées que dans le cas d'un appui de l'avant-bras sur la table

au début de cette mutation dans la tenue de l'instrument, je suppose que les efforts doivent porter sur le contrôle de la position des doigts dans l'attaque, la qualité du son. Mes premières tentatives me font constater un son plus clair, et, si la précision n'est pas perdue faute de contrôle, une plus grande amplitude d'attaque selon le son, et le volume désiré. C'est un sentiment de grande liberté qui donne presque l'impression de jouer d'un autre instrument (que le même en position traditionnelle)

concernant le son, autre différence, si le manche est réellement proche de la tête (du guitariste), le son monte de la rosace, conduit par la touche jusqu'aux oreilles (le son, c'est la mise en vibration des molécules d'air). On s'entend beaucoup

Paul Galbraith a écrit:I’d already previously played six-string guitar for years in a vertical position, which allowed for a wider range of technical options than those normally available in the standard guitar posture, using a footstool or equivalent. Things like a ready, open stretch available at any given moment to the left hand, and access to what Kreisler called “the lungs of the string player — the free wrist” in the right hand. So when the eight-string was finally ready, I dived straight in, feeling that I was still basically dealing with those same technical challenges that I had already been facing since I changed posture, only now extended to a wider set of coordinates.

J’avais déjà joué de la guitare à six cordes pendant des années en position verticale, ce qui permettait un plus large éventail d’options techniques que celles normalement disponibles dans la posture de guitare standard, en utilisant un repose-pieds ou équivalent. Des choses comme une extension ouverte prête et disponible à tout moment à la main gauche, et l’accès à ce que Kreisler appelait « les poumons du joueur de cordes - le poignet libre » dans la main droite. Alors, quand la huit cordes était enfin prête, j’ai plongé directement, sentant que je faisais toujours face à ces mêmes défis techniques auxquels j’avais déjà été confronté depuis que j’avais changé de posture, seulement maintenant étendu à un ensemble plus large de coordonnées.

Luiz_Br a écrit:Galbraith, par exemple, utilise une approche pianistique. Il utilise beaucoup un mouvement de l’avant-bras de haut en bas, avec un poignet lâche, comme un pianiste (Paul a en fait étudié le piano pendant plusieurs années). Prêtez attention quand il joue des accords plaqués de 4 notes (notes simultanées). Vous remarquerez que son poignet bouge principalement en mouvement passif pendant qu’il active l’avant-bras.

Quand j’ai commencé à jouer comme ça, le jeu de main gauche était immédiatement plus facile. Le coude semble haut, mais il est dans une position facile avec bras, poignet et main alignés. La main tombe littéralement sur la touche et la gravité fonctionne vraiment en faveur de la main gauche, ce qui n’est pas exactement ce qui se passe dans la posture traditionnelle. Vous pouvez également accéder à des positions plus élevées sans tordre l’avant-bras et la colonne vertébrale. Ma main gauche était plus détendue et je pouvais mieux jouer par rapport à la position traditionnelle dès le premier essai.
S’habituer à utiliser la main droite sans toucher la guitare nulle part avec le bras droit était le défi initial. Il m’a fallu environ 3 mois pour m’y habituer.

Everton n’utilise pas de pique, il utilise cette posture avec n’importe quelle guitare avec un support à l’arrière de la guitare. Actuellement, il utilise une Murata avec des ventouses, mais il utilisait déjà une Ergoplay et d’autres.

Il a certainement été influencé par Galbraith, ils ont joué ensemble pendant plus de 10 ans. Mais, par exemple, il utilise une guitare dans une position beaucoup plus diagonale pour obtenir plus d’angle de la main droite par rapport à Galbraith, qui utilise une attaque très frontale. Everton a déclaré qu’il ne pouvait pas gérer un bon résultat sonore avec un angle d’attaque totalement frontal.

Patlotch a écrit:pour ma part, je suis en train d'expérimenter la position verticale sans pique. Je constate effectivement l'intérêt, selon le cas, de pencher plus ou moins le manche, càd de l'écarter la tête, y compris jusqu'à un angle de 45° ou moins*. Cela peut dépendre du set de cordes attaqué particulièrement en accords et selon que l'on attaque au-dessus de la rosace, sur la touche ou près du chevalet. Je pense qu'il peut être intéressant de disposer de plusieurs positions, y compris en soulevant la pique de son support pour poser la guitare sur la cuisse droite. J'y reviendrai

* précision 17 février : dans la position du manche, 3 angles entrent en jeu dans un espace à 3 dimensions :
1) relativement à la verticale, guitariste vue de face, c'est l'angle que l'on prend généralement en considération dans la position de la guitare
2) relativement à la verticale, vue de profil, ce que l'on comprend mieux dans la tenue du violoncelle
3) l'inclinaison du plan de la touche du manche, plus ou moins face au regard du guitariste, et qui détermine l'angle des doigts des deux mains par rapport aux cordes, selon  la position respective des coudes, plus ou moins relevés comme des ailes d'oiseau. Je pense que cette inclinaison doit pouvoir varier durant le jeu de façon à faciliter certains doigtés de main gauche ou attaques de main droite. La pique devrait faciliter ces variations de positionnement pendant le jeu plutôt qu'être considérée comme un moyen de garder la guitare dans une position unique par rapport au corps

en sus du réglage de ces trois angles intervient la hauteur de la tête de guitare, ou inversement celle du chevalet, la première devant rendre le plus aisé et le moins fatiguant possible le jeu de main gauche en première position (près du sillet de tête), la seconde la possibilité pour la main droite d'attaquer librement les cordes depuis le dessus de touche jusqu'à la proximité du chevalet. Là aussi il peut être nécessaire de pouvoir orienter différemment le plan de touche pour faciliter la production du son surtout dans les multicordes et accords. Ces choix dépendent entièrement de la morphologie de chacun.e, de son utilisation des ongles ou non et de la forme de leur taille, de la qualité des callosités dans le jeu sans ongles

Patlotch a écrit:je suis allé cherché ma guitare chez Antoine Pappalardo, à Bazainville, le 18 février. Voici quelques photos

 

 

les cordes sont des Savarez :
mi aigu : Alliance rouge en fluorocarbone
sol et si : Alliance bleu idem.
ré, la et mi : Cantiga bleu multifilament
si grave : 5209 R
pour le fa# grave : mi 646 R, spécial diapason 65 cm, ou Fa 5212R, celui-ci étant plus homogène en timbre avec les autres cordes

le fluorocarbone a d'abord été présenté comme fil de pêche pour remplacer le nylon, par la société Kureha d'Osaka en 1972

les cordes en fluorocarbone s’approchent plus du ressenti de la corde en boyau, mais dont je n'ai aucune expérience. Elles sont plus brillantes et puissantes que celles en nylon. En tension forte et vu leur diamètre moindre que les cordes en nylon, on se rapproche, sur les aigus, du toucher des cordes métal. Leur densité est très supérieure à celle du nylon (1.8 g/cm3 pour 1.15) et avec ce poids supérieur pour un diamètre moindre, on obtient plus d'harmoniques, davantage de nuances, un timbre plus proche des cordes filées (graves à partir de Ré)

j'ai depuis passé mon temps à m'accoutumer à cette guitare d'exception, - ce n'est pas un vain mot -, à régler de façon optimum la longueur de la pique "violoncelle" et à chercher la meilleure position sur le résonateur, que j'ai repeint à la laque noire

pour l'occasion, je me suis remis à travailler des morceaux, surtout des thèmes de Charlie Parker*, dont je considère les mélodies comme la quintessence du bebop, et qui posent à la guitare, plus encore à la guitare acoustique, de sacrés problèmes de phrasé, surtout pour moi qui joue à la pulpe des doigts. Comme on le voit dans les discussions sur les forums, ce sont des problèmes de choix de doigtés parmi des dizaines possibles, et de l'usage des liaisons - pull off, hammer on, glissés... en général avec le médiator

* Blues for Alice, Yardbird Suite, My Little Suede Shoes, Ornithology, Perhaps...

sinon, je n'ai pas cessé de jouer le blues, en do, comme d'hab', de façon improvisée sur la base de cette grille harmonique, avec des variantes au fil de l'eau :

C7 / F7 F#°7 / C7 / Gm7 C7
F7 / F#°7 / E+7 / A7b9b13
Dm7 Dmb57 / G7 / C7 Bb7 / Ab7 G7

chose promise chose due, ce sera prochainement un enregistrement vidéo, plus ou moins spontané ou travaillé, on verra...

Patlotch a écrit:le luthier Stéphane Pappalardo, 52 ans, est décédé le 28 juin dernier. Depuis septembre 2021, il ne pouvait plus travailler sur ma guitare, son dernier instrument. C'est son père, Antoine, 78 ans, qui l'a terminée et réalisé le caisson de résonnance

j'enregistrerai début août ma première vidéo sur cette lutherie d'exception, Blues Improvisation #1, qui lui sera dédiée

Antoine et Stéphane Pappalardo

Patlotch a écrit:

les travaux de mon studio-auditorium avancent... Je pense pouvoir enregistrer autour du 15 août

Patlotch a écrit:derniers préparatifs de l'enregistrement. Dans cette série, le décor est assez complexe en termes d'éclairage. Nous avons trouvé un compromis pour la prise de vue sans que je ne sois trop gêné par la lumière. Contexte de jeu pour moi déstabilisant à ce stade

Patlotch a écrit:nous préparons la mise en scène. Décor et lumières. Et moi l'idée d'une ensemble d'improvisations plus ou moins longues, et cortes, sur le blues