PATLOTCH


Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

PATLOTCH
Derniers sujets
» VII. 8 STRINGS GUITAR f#beadgbe, CELLO POSITION & PIN, Resonance Box
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyJeu 15 Sep - 13:22 par Troguble

» BIEN CREUSÉ, VIEUX TOP ! Histoires d'une mare
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptySam 20 Aoû - 14:29 par Troguble

» IRONÈMES, poésie minimaliste, depuis 2018
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyMar 19 Oct - 13:03 par Troguble

» MATIÈRES À PENSER
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyLun 11 Oct - 13:30 par Troguble

» CRITIQUE DE L'UTOPIE, DES UTOPIES, communistes ou non
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 10 Oct - 12:38 par Troguble

» I 2. TECHNIQUES et MUSIQUES pour guitares 6, 7 et 8 cordes, IMPRO etc.
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 10 Oct - 7:52 par Troguble

» ET MAINTENANT, LA POLITIQUE RESTRUCTURÉE EN MARCHE
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 10 Oct - 7:08 par Troguble

» PETITES HISTWEETOIRES IMPRÉVISÉES
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 10 Oct - 6:29 par Troguble

» HOMONÈMES, du même au pas pareil
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptySam 9 Oct - 11:41 par Troguble

» LA PAROLE EST À LA DÉFONCE
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyMer 6 Oct - 19:14 par Troguble

» KARL MARX : BONNES FEUILLES... BONNES LECTURES ?
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyMar 5 Oct - 12:24 par Troguble

» IV. COMBINATOIRE et PERMUTATIONS (tous instruments)
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyMar 5 Oct - 11:22 par Troguble

» CLOWNS et CLONES des ARRIÈRE- et AVANT-GARDES
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 3 Oct - 16:10 par Troguble

» VI. À LA RECHERCHE DU SON PERDU, ingrédients
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 3 Oct - 9:48 par Troguble

» CAMATTE ET MOI
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 3 Oct - 8:00 par Troguble

» III. LA BASSE et LES BASSES À LA GUITARE 8 CORDES
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 3 Oct - 7:18 par Troguble

» L'ACHRONIQUE À CÔTÉ
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 3 Oct - 6:54 par Troguble

» LA CRISE QUI VIENT
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyDim 3 Oct - 6:08 par Troguble

» MUSIQUE et RAPPORTS SOCIAUX
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyMer 29 Sep - 13:05 par Troguble

» PETITE PHILOSOPHIE PAR LA GUITARE à l'usage de toutes générations, classes, races, sexes...
destructions et catastrophes industrielles, pollutions... EmptyLun 27 Sep - 11:06 par Troguble

Avril 2024
LunMarMerJeuVenSamDim
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
2930     

Calendrier Calendrier

Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

destructions et catastrophes industrielles, pollutions...

Aller en bas

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... Empty destructions et catastrophes industrielles, pollutions...

Message par Patlotch Dim 11 Nov - 12:11

reçu de Adé, avec son commentaire dessous, des premières loges :


En 2017, une étude concluait que les femmes interrogées dans la zone de l’Etang de Berre avaient trois fois plus de cancers que la moyenne nationale.

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... 9e74116_us3cHZLZplamvOpW3BAZuUd9
Les cheminées du site de Kem One, à Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône).
Des habitants de la zone industrielle de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) ont porté plainte contre X vendredi 9 novembre auprès du tribunal d’Aix-en-Provence pour « mise en danger de la vie d’autrui » en raison de la pollution qu’ils subissent, a annoncé leur avocate Julie Andreu. En tout, 134 habitants, six associations et un syndicat, la CFDT des Métaux Fos, ont déposé une plainte.

« Après la publication de nombreuses études qui ont révélé une augmentation des maladies des habitants de la région, une angoisse légitime et compréhensible a poussé un nombre important de personnes à se joindre à cette plainte », écrivent les plaignants dans un communiqué.

Lire aussi : La pollution industrielle imprègne les habitants de Fos-sur-Mer

A de nombreuses reprises, estiment ces habitants d’une des plus grandes zones industrielle d’Europe, l’Etat a été sollicité et « n’a pas mis en œuvre les outils indispensables à une véritable évaluation des risques ». « Las de l’immobilisme des pouvoirs publics, les associations se sont regroupées pour que la justice se saisisse de ce problème de santé majeur », concluent-ils.

Trois fois plus de cancers
Plusieurs entreprises sont directement visées par la plainte pour ne pas respecter les normes ou les recommandations préfectorales en matière d’émissions de polluants, comme Esso ou Kem One.

L’Union pour les Entreprises (UPE) des Bouches-du-Rhône a dénoncé cette action en justice : « les industriels ne sont pas des assassins ! », a écrit l’UPE dans un communiqué, demandant à la justice de rejeter la plainte. « Les industriels de l’Etang de Berre investissent régulièrement depuis de longues années en faveur d’une réduction de la pollution de l’air », a défendu l’organisation interprofessionnelle.

Lire aussi : A Fos-sur-Mer, la pollution industrielle contamine aussi les aliments

En mars 2018, pour la première fois, l’Etat, par le biais de l’Agence régionale de santé (ARS) avait reconnu que l’état de santé des habitants de la zone de Fos était « fragilisé » par la pollution. Un an plus tôt, une étude indépendante baptisée « Fos-Epseal » concluait que les femmes interrogées dans la zone avaient trois fois plus de cancers que la moyenne nationale, ou encore que 63 % de l’échantillon interrogé déclarait une maladie chronique, contre 36 % en France.
Adé a écrit:[...] là où j'habite (même pas 20km de tout ça), jamais les syndicats ni aucun collectif lié au "monde ouvrier" n'a bronché; par contre dès que l'usine Kem one (anciennement Atochem) a été menacée, les cgtistes sont montés au créneau "Kem One vivra !"

Il a fallut des mécènes + les toubibs (M. Besin et Mme. Maffei-Besin) pour aller voir les résultats. Les médecins en question (la dame est notre médecin de famille...) ont reçu de nombreuses menaces, et je ne m'avance pas trop en désignant les mêmes cgtistes comme étant à l'origine d'une partie, au moins, de ces menaces et intimidations.

Insupportable implication réciproque / réalité de la communauté matérielle du capital [concept formé par Jacques Camatte]

Patlotch
Admin

Messages : 586
Date d'inscription : 01/10/2018
Age : 73
Localisation : FoSoBo

https://patlotch.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... Empty Re: destructions et catastrophes industrielles, pollutions...

Message par Invité Mer 27 Mar - 10:22


La demande mondiale en énergie a augmenté de 2,3 % l’an dernier, soit le rythme le plus rapide de la décennie, une performance singulière tirée par une économie mondiale « robuste » et des besoins accrus « en chauffage et climatisation » dans certaines régions a précisé l’Agence International de l’Energie.

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... Energie_1553671933-768x496
Le gaz naturel s’est imposé comme un combustible de choix et représentant 45 % de l’augmentation de la consommation d’énergie. La croissance de la demande de gaz a été particulièrement forte aux États-Unis et en Chine.

La demande de tous les combustibles a augmenté. Les combustibles fossiles représentant près de 70 % de la croissance pour la deuxième année consécutive. La production solaire et éolienne a progressé à un rythme à deux chiffres, le solaire seul augmentant de 31 %. Cela n’a toutefois pas été assez rapide pour répondre à la hausse de la demande d’électricité dans le monde, qui a également entraîné une augmentation de la consommation de charbon.

En conséquence, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont augmenté de 1,7 % pour atteindre 33 gigatonnes (Gt) en 2018. La consommation de charbon pour la seule production d’électricité a dépassé 10 Gt, ce qui représente un tiers de l’augmentation totale. La plupart d’entre eux provenaient de nouvelles centrales à charbon dans les pays en développement d’Asie. La majeure partie de la capacité de production d’électricité au charbon se trouve aujourd’hui en Asie, avec des centrales de 12 ans en moyenne, soit des décennies de moins qu’une durée de vie moyenne d’environ 50 ans.


destructions et catastrophes industrielles, pollutions... Arti_26847_2-730x318


Ces conclusions font partie de la dernière évaluation de l’Agence internationale de l’énergie sur la consommation énergétique mondiale et les émissions de CO2 liées à l’énergie pour 2018. Le « Global Energy & CO2 Status Report » fournit une vue d’ensemble des marchés de l’énergie, y compris les dernières données disponibles sur le pétrole, le gaz naturel, le charbon, l’énergie éolienne, solaire, nucléaire, l’électricité et l’efficacité énergétique.

L’électricité continue de se positionner comme le « combustible » de l’avenir, la demande mondiale d’électricité augmentant de 4 % en 2018 pour atteindre plus de 23 000 TWh. Cette croissance rapide pousse l’électricité à atteindre 20% de la consommation finale totale d’énergie. L’augmentation de la production d’électricité a été responsable de la moitié de la croissance de la demande d’énergie primaire.

Les énergies renouvelables ont largement contribué à cette expansion de la production d’électricité, représentant près de la moitié de la croissance de la demande d’électricité. La Chine reste le leader des énergies renouvelables, tant pour l’éolien que pour le solaire, suivie par l’Europe et les États-Unis.


destructions et catastrophes industrielles, pollutions... Arti_26847_1-730x318


« Nous avons assisté à une augmentation extraordinaire de la demande mondiale d’énergie en 2018, dont le rythme de croissance a été le plus rapide de cette décennie, a déclaré le Dr Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE. L’année dernière peut également être considérée comme une autre année dorée pour le gaz, qui a représenté près de la moitié de la croissance de la demande mondiale d’énergie. Mais malgré la forte croissance des énergies renouvelables, les émissions mondiales continuent d’augmenter, ce qui prouve une fois de plus qu’il est urgent d’agir sur tous les fronts : développer toutes les solutions énergétiques propres, réduire les émissions, améliorer l’efficacité énergétique et stimuler les investissements et l’innovation, notamment en matière de capture, d’utilisation et de stockage du carbone. »

Près d’un cinquième de l’augmentation de la demande mondiale d’énergie provient d’une hausse de la demande de chauffage et de climatisation, les températures moyennes hivernales et estivales dans certaines régions ayant approché ou dépassé les records historiques. Les vagues de froid ont stimulé la demande de chauffage et, surtout, les températures estivales plus chaudes ont fait grimper la demande de climatisation.

Ensemble, la Chine, les États-Unis et l’Inde ont représenté près de 70 % de l’augmentation de la demande d’énergie dans le monde. Les États-Unis ont connu la plus forte augmentation de la demande de pétrole et de gaz au monde. Sa consommation de gaz a bondi de 10 % par rapport à l’année précédente, l’augmentation la plus rapide depuis le début des records de l’AIE en 1971. L’augmentation annuelle de la demande américaine l’an dernier était équivalente à la consommation actuelle de gaz du Royaume-Uni.

La demande mondiale de gaz a augmenté à son rythme le plus rapide depuis 2010, avec une croissance annuelle de 4,6 %, la deuxième année consécutive de forte croissance, tirée par une demande accrue et la substitution du charbon. La croissance de la demande a été tirée par les États-Unis. La demande de gaz en Chine a augmenté de près de 18 %.

La demande mondiale de pétrole a augmenté de 1,3 %, les États-Unis étant à nouveau en tête de la hausse mondiale pour la première fois en 20 ans grâce à une forte expansion de la pétrochimie, à une production industrielle en hausse et aux services de camionnage.

La consommation mondiale de charbon a augmenté de 0,7 %, avec des hausses observées uniquement en Asie, en particulier en Chine, en Inde et dans quelques pays d’Asie du Sud et du Sud-Est.

Le nucléaire a également progressé de 3,3 % en 2018, la production mondiale atteignant les niveaux d’avant Fukushima, principalement grâce à de nouveaux ajouts en Chine et au redémarrage de quatre réacteurs au Japon. Au niveau mondial, les centrales nucléaires ont répondu à 9 % de l’augmentation de la demande d’électricité.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... Empty Re: destructions et catastrophes industrielles, pollutions...

Message par Invité Mar 23 Avr - 22:02


Pékin a banni début 2018 l'importation de plastiques et de plusieurs autres catégories de déchets, qu'elle recyclait jusqu'alors.

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... 19154231
Des déchets plastiques dans une usine abandonnée à Jenjarom en Malaisie, le 8 mars 2019.
MOHD RASFAN / AFP
Pour ne plus être la première destination mondiale du recyclage, Pékin a banni début 2018 l'importation de plastiques et de plusieurs autres catégories de déchets qu'elle recyclait jusqu'alors. Les importations chinoises de plastique sont ainsi passées de 600 000 tonnes par mois en 2016 à 30 000 tonnes par mois en 2018. Depuis, le circuit du recyclage mondial est en crise.

"Ça a été comme un tremblement de terre", explique à l'AFP Arnaud Brunet, directeur du Bureau international du recyclage (BIR) basé à Bruxelles. "La Chine était le premier marché des déchets recyclables". Et sa fermeture a "créé un choc sur toute la planète".

Déchets redirigés vers l'Asie du Sud-Est
En l'occurrence, les déchets plastiques des pays développés ont commencé à être redirigés massivement vers plusieurs pays d'Asie du Sud-Est, où des industriels chinois du recyclage ont transféré leurs activités. La Malaisie particulièrement, qui compte une importante minorité chinoise, est devenue une destination de choix pour les industriels cherchant à déménager leur activité de Chine. Résultat, les importations de plastique du pays ont triplé depuis 2016, pour atteindre 870 000 tonnes l'an dernier, selon des données officielles.

Dans la petite ville de Jenjarom, près de Kuala Lumpur, les usines de retraitement de plastique ont poussé comme des champignons, et se sont mises à émettre des fumées toxiques. Après de nombreuses plaintes d'habitants, les autorités ont finalement agi. Des usines ont fermé et les permis d'importation de plastique ont été gelés temporairement. En septembre, 33 usines avaient fermé à Jenjarom.

Si la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam, premiers pays visés par les industriels, ont pris des mesures pour limiter les importations de plastique, les flux ont été redirigés vers d'autres pays moins régulés, comme l'Indonésie et la Turquie, selon un nouveau rapport de Greenpeace et de l'ONG Alliance globale pour les alternatives à l'incinération (GAIA).

Casse-tête
Pour les pays occidentaux, qui se reposaient sur la Chine, chercher de nouvelles destinations capables de retraiter leur trop-plein de déchets est aussi un casse-tête. Alors que les industriels du recyclage estiment souvent que les coûts sont trop élevés pour retraiter les déchets dans leur pays d'origine, certains ont eu recours aux décharges ou aux incinérateurs faute de mieux. "Au bout d'un an, nous en sentons toujours les effets mais nous n'avons pas encore avancé vers une solution", déplore Garth Lamb, président de l'association australienne de l'industrie du recyclage et du traitement des déchets.

Mais alors que 9% seulement du plastique produit est recyclé, la seule solution à long terme est de fabriquer et de consommer moins de plastique, plaide Greenpeace. "Les circuits de recyclage n'arrivent pas rattraper la production de plastique", souligne Kate Lin, chargée des campagnes de l'organisation.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... Empty Re: destructions et catastrophes industrielles, pollutions...

Message par Invité Ven 11 Oct - 14:37

Florage a écrit:- TU N'AS RIEN VU À HIROSHIMA LUBRIZOL
- LUTTE ÉCOLOGIQUE CONTRE LE CAPITAL : le prolétariat peut-il "franchir le pas" ?

11 octobre
LUTTE ÉCOLOGIQUE CONTRE LE CAPITAL :
le prolétariat peut-il "franchir le pas" ?
s'il veut "remettre en cause son existence de classe"
cela passe par la contradiction écologique du capital, qui est aussi la sienne

je n'ai pas saisi ce qu'il en au juste de l'affirmation d'un ex-salarié, plus bas : « Il faut savoir qu’il n’y a pas de syndicat à Lubrizol, juste des délégués du personnel non syndiqués. » Certains articles qui leur donnent la parole distinguent mal entre porte-paroles des syndicats extérieurs à Lubrizol et celle de délégués syndicaux élus du personnel

toujours est-il qu'ils ont été discrets, et pris dans une contradiction qui n'est pas prête de s'éteindre, le cul entre deux chaises certes, mais quand même bien assis sur l'une : prendre le parti du patron, celui de leur emploi, ou remettre en cause la production de leur usine pour sa dangerosité et sa finalité même, produire pour son profit des armes de destruction massive, qui passe par leur exploitation. On ne peut que compatir à leur situation coincée, mais que cela ne nous empêche pas de voir les choses en face. Deux nouveaux articles, je souligne en gras...


"Lubrizol, c’est une famille"
Thomas Vichard Europe1  10 octobre 2019

Corinne Adam, salariée de l’usine Lubrizol à Rouen depuis 23 ans et représentante du personnel, était l’invitée de Matthieu Belliard à 7h40. Elle a témoigné de son engagement pour son entreprise : "une famille", selon elle.
Après plusieurs semaines de discrétion, les salariés de l'usine Lubrizol de Rouen prennent la parole. Corinne Adam est comptable dans l'entreprise depuis 23 ans. Elle a montré toute sa solidarité Lubrizol et ses collègues après le drame qu'ils ont vécu le 26 septembre dernier.

"Il y a une grosse solidarité entre les salariés. Nous sommes des 'Lubrizoliens'", ça témoigne de l’attachement que l’on se porte dans cette entreprise. Lubrizol, c’est une famille. C’est aussi pour cela peut-être qu’il y a eu si peu de communication externe. On essaie de faire tout ce qu'on peut pour essayer de faire tourner les autres usines, celle du Havre et les autres en Europe", explique la représentante du personnel à propos de la discrétion dont ont fait preuve les salariés de l’entreprise depuis l’incendie.

Beaucoup de commentaires malveillants
Surtout, ce qui est compliqué pour ces salariés, c’est le regard porté sur eux depuis le drame. "C’est très difficile à vivre. On ne comprend pas ce qu’il se passe, un sentiment d'injustice. Avec tous les moyens mis en oeuvre sur le site : les formations de sécurité, les contrôles qu'on a régulièrement... Face à ce sinistre et les commentaires qui sont fait, ça touche tout le monde : dans les cours d’école, les conjoints, les amis, la famille. C’est dur de comprendre quand on n’est pas dedans. C'est difficile de parler parce que c'est quelque chose de particulier à vivre."

Depuis l’incendie, les salariés continuent de travailler, "mais de façon particulière", selon Corinne Adam : "Nous avons des opérateurs qui viennent tous les jours. Pas pour produire, mais pour mettre en sécurité le site, en faisant des prélèvements et des contrôles."


Quinze jours après la catastrophe de Lubrizol, franceinfo éclaire la question des sites Seveso. A Rouen, après l'incendie, les salariés de l'usine chimique vivent mal les critiques et craignent pour leurs emplois.

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... 20211687
L'usine Lubrizol, à Rouen, le 8 octobre 2019. (Lou Benoist, AFP)
L'histoire a marqué les esprits chez Lubrizol : quelques jours après l'incendie sur le site de Rouen, un salarié a été malmené sur un parking de supermarché raconte Cédric Barreau, délégué CFDT : "Il avait son badge Lubrizol dans la voiture. Quand il s'est garé, quelqu'un est venu l'agresser verbalement en voyant le badge. Il en a parlé avec l'ensemble des collègues, leur a dit : cachez vos badges, ne montrez pas que vous êtes chez Lubrizol."

Deux semaines après l'incendie qui a frappé l'usine Lubrizol à Rouen, les enquêteurs tentent toujours de comprendre pourquoi et comment l'entreprise a pris feu. Les salariés, eux, encaissent. Et s'inquiètent pour leurs emplois.

« C'est injuste, ce n'est pas comme si on avait provoqué l'incendie. Au quotidien, les gens font tout pour que ça n'arrive pas. »
Cédric Barreau, délégué CFDT

Une injustice, et même une triple peine estime Reginald. Il était sur le site la nuit de l'incendie. "On se dit qu'on est en train de perdre notre travail. On se dit qu'on a envoyé des vapeurs toxiques sur notre propre ville. Et puis, en plus, il y a les réseaux sociaux, les médias... Je comprends que les gens soient en colère mais parfois, ça va loin. Ce n'est pas facile à vivre."

"On est loin d'être une entreprise voyou"
L'attaque la plus mal vécue par ces employés est celle de Ségolène Royal. L'ancienne candidate à l'éléction présidentielle a traité Lubrizol d'entreprise "voyou". Jean Philippe, opérateur de production, est ulcéré: "Je suis révolté. Elle s'est mal renseignée, on est loin d'être une entreprise voyou. Les patrons ne sont pas des voyous. On s'est souvent accrochés avec eux pour différentes choses mais la sécurité, c'est une culture d'entreprise. On revient sur nos repos pour les formations, pour agir en équipe... On est formés, c'est structuré, c'est bien fait. On ne mérite pas ça."

Depuis l'incendie, l'usine est à l'arrêt. A court terme, les employés sont rassurés car les salaires continuent d'être versés. Mais que va-t-il se passer après ? La production pourra-t-elle repartir ? C'est ce qui inquiète Morgane, 28 ans, opératrice de production : "Je suis un peu perdue. Je me demande ce que va devenir Lubrizol, ce que vont devenir les employés. On a des maisons, on a tous une vie, on a tous une famille... Et on attend une décision politique. Est-ce qu'on sera autorisé à reprendre la production et sous quelles conditions, c'est ça qu'on attend." A cinq mois des élections municipales, les salariés savent bien que la décision politique de rouvrir ou fermer définitivement l'usine sera difficile à prendre.

4 octobre 2019
TU N'AS RIEN VU À HIROSHIMA LUBRIZOL

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... Incendie-usine-lubrizol-rouen-1-fff937-0@1x
Patlotch a écrit:comme beaucoup, je ne suis qu'un observateur distant et dubitatif quant à la catastrophe de l'usine Lubrizol à Rouen. Je veux bien que l'écologie soit devenue, selon toutes apparences, "la contradiction principale" de l'époque, à condition de la comprendre comme contradiction du capitalisme, et passant par l'exploitation des salariés de cette entreprise au chiffre d'affaires d'un milliard d'euros (75 % à l'export) avec un millier de salariés en France dont 420 à Rouen. Or on ne les entend pas beaucoup, bridés qu'ils sont par leur statut ("clause de confidentialité"), le cul entre deux chaises percées, leur emploi et la merde qu'ils produisent. Cerise sur le gâteau, pas de syndicat, au moins n'ont-il rien à "trahir"... Voici deux témoignages, d'un actuel et d'un ex. salarié

et je ne dis rien, ici, de la gestion catastrophique de cette catastrophe par l'État, du même capital dont on les fabrique -> Dans l'affaire Lubrizol, le gouvernement fait tout son possible pour ne pas être cru, Slate.fr, 3 octobre 2019

Kevin travaille depuis plusieurs années au sein de Lubrizol. Il a accepté de livrer son sentiment sur cette catastrophe et sur les conditions de sécurité dans cette usine Seveso.
« Je connais l’usine quasiment par cœur. » Kevin* travaille depuis plusieurs années au sein de l’usine Seveso Lubrizol, dont l’entrepôt A5 a brûlé jeudi 26 septembre 2019, entre 2h40 et 14 heures. Depuis mardi 1er octobre, la population connaît les produits qui étaient stockés dans ce bâtiment. Plus de 5 200 tonnes de produits chimiques sont partis en fumée, créant un gigantesque panache noir de fumée se répandant jusqu’en Belgique.

L’entrepôt A5, « c’est l’endroit où tous les fûts sont entreposés »
Kevin, Rouennais, connaît très bien cet entrepôt en cause. « C’est l’endroit où tous les fûts sont entreposés. Ils sont destinés à être livrés aux clients. Je sais qu’il y a un système de sprinkler [extincteur automatique à eau, ndlr] dans l’A5. » Cet employé trouve « très surprenant » que ce soit cet entrepôt qui soit incendié [...]

Pour qu’il y ait un incendie, il faut un déclencheur, une étincelle, un point chaud, or il n’y avait pas d’activité à cet endroit et pas de travaux en cours. Seulement des engins de transport de palettes qui font des allers-retours.

« La sécurité renforcée » après les attentats de 2015
L’entrepôt A5 « est loin de la clôture, à 15-20 mètres ». Mais « en face de cet entrepôt, il y a le A4, beaucoup plus petit. Lui est situé à proximité de la clôture et entre les deux bâtiments, il y a avait des fûts entreposés ». Selon lui, sans qu’il n’ait aucun élément pour étayer ses dires, le feu aurait pu se déclencher au niveau de ce baraquement, avec un « effet domino » qui permette une propagation au parc de stockage des fûts.

À la suite des attentats du Bataclan en 2015, « la sécurité avait été renforcée ». « Il a été procédé à l’installation de barbelés concertina qui empêchent les intrusions. » De plus, « tout le site est équipé de caméras et nous sommes tous badgés. Les deux seuls entrées, au sud et à l’ouest sont surveillées par des postes de garde », certifie Kevin qui confie qu’avant les attentats, « on pouvait entrer comme on voulait ». Cela dit, « quelqu’un de mal intentionné, peut toujours rentrer ».

La question de l’intrusion est d’autant plus prégnante que nous avons recueilli le témoignage de Jérémy, qui, en revenant de soirée, avait pu pénétrer au sein de l’usine en feu, dès 4 heures du matin. Il était resté plus de trois heures, caché dans un camion-benne. Jérémy a depuis été auditionné lundi 30 septembre, par les enquêteurs de la police judiciaire. Jérémy, de son plein gré, a voulu collaborer avec la justice. Il n’a pas été inquiété dans cette enquête.

Selon Lubrizol, « la vidéosurveillance et des témoins oculaires indiquent que le feu a tout d’abord été observé et signalé à l’extérieur du site, ce qui suggère que l’origine du feu est extérieure à Lubrizol et que le feu s’est malheureusement propagé sur notre site ». La société a déposé plainte le 28 septembre, pour « destruction involontaire par explosion ou incendie par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ».

« Nous ne connaissions pas les produits, les mélanges »
Concernant les produits stockés, les employés ne savaient pas eux-même ce que contenaient les fûts. « Même nous, nous avions du mal à connaître les produits et les mélanges réalisés. C’était très secret. » Kevin n’est « pas étonné que Lubrizol ait eu du mal à connaître exactement les produits stockés » et ait mis du temps avant de communiquer cette liste aux autorités.

En attendant de savoir si l’usine, aujourd’hui à l’arrêt, rouvrira un jour ou non, Kevin continue d’être payé par la société Lubrizol, « mais je reste chez [lui], sans aucune consigne, ni nouvelle  : Je suis dans le flou. Je ne sais pas ce qui va se passer. »

Kevin ne s’inquiète pas pour son avenir personnel, « du travail j’en retrouverai s’il le faut », mais est persuadé qu’une hécatombe économique est à prévoir si l’usine fermait définitivement : « Pas loin de 1 000 emplois, directs et indirects, seraient menacés par une fermeture du site. » Lubrizol emploi directement 416 salariés sur le site rouennais.

* Le prénom a été modifié pour préserver son anonymat.


Cet ancien employé de Lubrizol, chimiste, a accepté de témoigner auprès de notre rédaction sous couvert d'anonymat. Connaissant la toxicité des produits partis en fumée, il est implacable : "La gestion de crise a été catastrophique, on n'a eu aucune consigne. Ils n'étaient pas prêts à évacuer une ville de 100.000 personnes, alors que pour moi, connaissant la nature des produits, ça aurait du être fait, ne serait-ce que par principe de précaution".
Notre témoin a travaillé chez Lubrizol pendant 3 ans, de 1993 à 1996, sur "toutes les activités de production y compris dans le bâtiment qui a pris feu, un grand entrepôt avec de l’enfûtage". Un poste qualifié, en horaires décalés sur un rythme 5x8, alternant 2 matins, 2 après-midis, 2 nuits et 4 jours de repos, pour un salaire équivalent à 3000€ net. Si son expérience remonte à 20 ans en arrière, il affirme bien connaître les risques liés aux produits partis en fumée, d’autant plus que "les process de production sont déposés et n’ont pas évolué". "J’ai travaillé sur plusieurs postes, nous confie-t-il. Sur des produits semi-finis, des produits finis, et un an dans le bâtiment qui a pris feu, où l’on faisait l’enfûtage et le stockage. Il y a une grande part d’automatisation, mais la présence humaine est indispensable pour le contrôle qualité, la gestion des risques chimiques, des risques incendie… Ce sont des produits dérivés de produits pétroliers qui arrivent directement dans des fûts via des tuyaux. C’est un ensemble de produit chimiques très concentrés, qui sont ensuite revendus à Total ou d’autres, qui ont des unités de production pour les reconditionner en bidons pour la vente au particulier par exemple. Mais comme Lubrizol ne fait que des produits très concentrés c’est plus dangereux, plus inflammable".

Propos recueillis par Flora Carpentier

"Dire qu’il n’y a pas de danger c’est mensonger"

"Dire qu’il n’y a pas de danger c’est mensonger, car tous les produits sont très toxiques. Il y a une grosse quantité d’agents CMR [qui ont des effets cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction chez les professionnels qui ont été exposés, NDLR], par exemple de l’H2S ou sulfure d’hydrogène, un gaz qui sent l’œuf pourri. Quand vous le sentez tout va bien, mais c’est quand vous ne le sentez plus que vous êtes mort. Ce que je veux dire c’est que c’est pas parce que ça sent que c’est dangereux. A l’époque, on "dégazait" la nuit, c’est-à-dire qu’on lâchait des gaz dangereux exprès la nuit quand les gens dorment, pour limiter les risques. Maintenant ils sont traités, mais à l’époque ils n’étaient pas tous traités avant d’être lâchés dans l’atmosphère. La plupart du temps on n’avait pas de protection adaptées pour travailler : juste un casque, des gants, des lunettes, mais ça nous coulait sur la peau, et on avait une prime de douche. Certains produits étaient si dangereux qu’on devait les charger avec une combinaison, on les manipulait 30 minutes puis on se douchait pendant 15 minutes et ainsi de suite toute la journée. Par exemple à l’époque on travaillait avec du phénol, c’est un produit si toxique que si on en déverse 25 cm² sur votre corps, en moins de 2 ans vous développez un cancer et en mourrez.

Tout ça a brûlé, s’est vaporisé, et on ne sait rien… quelle proportion de produits chimiques se sont mélangés ? Quelles sont ses suies et comment vont-elles interagir avec le milieu ? Et puis avec l’incendie il y a des gaz dérivés de la combustion des produits brûlés qui sont extrêmement toxiques. Et le mélange de ces produits quand les fûts éclatent, ça donne des réactions chimiques qui donnent d’autres composés. Or quand on fait des analyses on ne trouve que ce que l’on cherche. Par exemple si on cherche du plomb, on peut trouver du plomb, mais si on ne cherche pas de cyanure on n’en trouve pas, alors qu’il y a du cyanure et tout un pannel de produits chimiques… Et puis les premiers experts interrogés sont ceux de la société donc voilà… Finalement, AZF c’était plus simple en terme de gestion. Là, on ne sait pas ce que ça va donner."


"Ce type de feu, une fois que c’est lancé c’est incontrôlable"
"Quand j’ai vu l’incendie, ma première réaction c’est que j’ai eu peur que des anciens collègues soient morts. Et après quand j’ai vu l’ampleur de l’incendie je me suis dit qu’ils n’allaient pas l’éteindre facilement.

A l’époque les pompiers de Rouen étaient cantonnés au poste de garde et étaient à la disposition des opérateurs. Tous les opérateurs étaient formés au risque incendie. Par exemple une fois il y a eu un feu d’un container de pentasulfure de phosphore et un pompier s’apprêtait à prendre la lance à incendie. Les salariés lui ont fait un placage ventral parce que ça ne s’éteint pas avec ce type de matériel… les salariés étaient parfois plus formés que les pompiers.

Le feu avait été éteint en 5 minutes et même comme ça il avait détruit la moitié d’un bâtiment donc là quand j’ai vu que ça brûlait depuis 2 heures, je savais que la réaction était incontrôlable. Mais depuis des années on savait que c’était à haut risque. Il faut dire aussi que tout est très tassé sur ce site construit dans les années 50. Et à l’époque la ville n’était pas aussi près… Les infrastructures ont été touchées, donc l’usine ne repartira pas facilement, et d’ailleurs j’espère que ça ne repartira pas à cet endroit-là car pour moi c’est trop près de la ville.

Ce qui m’a étonné c’est que Lubrizol a toujours été à la pointe de la protection. Les pétroliers ont de l’argent et n’aiment pas faire trop de publicité de leurs produits parce que c’est polluant donc ils ont toujours investi dans la sécurité. Les bâtiments sont équipés de caméras thermiques, de sprinklers [système d’extinction automatique, NDLR], de manteaux de mousse, le personnel est formé… Mais les obligations de se mettre aux normes incendie coûtent très cher, donc si un dirigeant veut à tout prix ne pas être embêté il va faire le maximum, mais aujourd’hui je ne sais pas quelle est la politique de l’entreprise.

En tout cas je pense qu’ils ont été débordés, qu’ils n’ont pas su éteindre l’incendie rapidement, et ce type de feu une fois que c’est lancé c’est incontrôlable. Les boules de feu qu’on voit sur les vidéos, ce sont des fûts qui montent en pression et partent comme des pétards à 30-50m de hauteur puis explosent."



"C’est une vraie catastrophe écologique et sanitaire"
"C’est une véritable catastrophe écologique. Les bitumes sont partis en feu, la dalle béton s’est cassée… il va falloir du temps pour dépolluer les sols. On ne refroidit pas un foyer de cette importance là en quelques heures. Là si on creuse le sol, il faut s’imaginer que la terre s’est transformée en terre cuite.

Et iI faut du temps pour analyser l’air. On ne peut pas dire au lendemain de l’incendie qu’il n’y a pas de danger, parce qu’entre 2h et 8h du matin ce n’est pas possible de faire toutes les analyses. Pour ça il faut faire des prélèvements, il y a les particules lourdes mais aussi les fines qui se sont étalées sur plusieurs kilomètres et se retrouvent dans des nuages. L’état dit que tous les paysans vont être indemnisés de leur production, il faut voir que c’est très rare comme mesure. Mais les productions de lait sont stockées et ils ne savent pas quoi en faire."


"Ils n’étaient pas prêts à évacuer une ville de 100.000 personnes, mais pour moi ça aurait du être fait"
"La gestion de crise a été catastrophique. Quelques maires ont donné des consignes de précaution mais pour la Préfecture tout allait bien, on n’a eu aucune consigne. Ils n’étaient pas prêts à évacuer une ville de 100.000 personnes, alors que pour moi, connaissant la nature des produits, ça aurait du être fait, ne serait-ce que par principe de précaution.

Personnellement j’ai empêché mes enfants d’aller à l’école, j’ai calfeutré les fenêtres de chez moi, et pendant 18 mois on ne va ni boire l’eau du robinet, ni acheter des légumes et viandes locaux. On va privilégier des produits d’Espagne, qui sont certainement traités par des produits peu recommandables mais ce sera toujours moins dangereux que ce qu’il y a ici.

Le dimanche soir je suis passé à quelques dizaines de mètres du site et ça fumait encore, il y avait encore des vapeurs qui s’échappaient. Hier soir [mardi], il y avait encore des odeurs dans Rouen et même plus loin. Une personne que je connais habite à 150 mètres de Lubrizol et elle est encore prise de maux de tête et de vomissement, avec des irritations de gorge, parce qu’elle est restée à regarder l’incendie dans la nuit et elle a inhalé des produits sans s’en rendre compte. Elle a été voir son médecin pour avoir un certificat médical pour déposer plainte. Moi-même, même en prenant des précautions et en connaissance des risques j’ai eu une forte irritation de la gorge. C’est typiquement lié aux produits qu’on utilise là-bas, je me rappelle que ça m’arrivait d’avoir des vomissements."


"C’est l’équivalent d’une marée noire, mais sur terre"
"Quand les gens parlent de mini Tchernobyl, c’est pas si déconnant que ça parce que c’est une contamination par l’air et au sol, avec un nuage de 22 kilomètres de long sur 6 kilomètres de large, avec des particules lourdes et des particules fines, les particules lourdes étant les premières à retomber, notamment avec la pluie. C’est l’équivalent d’une marée noire, mais sur terre. Le toit en amiante a été pulvérisé, les gens ont respiré les particules… C’est une vraie catastrophe écologique et sanitaire, mais pour les gens on ne le verra que dans quelques années, c’est ça qui est très vicieux. C’est dans 10-20 ans qu’on verra des gens tomber malades… mais à ce moment-là on ne parlera plus de Lubrizol. Ca peut être aussi des femmes qui auront du mal à avoir des enfants, ou qui auront des bébés avec des malformations…

Ça me choque ce silence des autorités, je suis abasourdi, je vais me rapprocher de gens ou d’un avocat pour pouvoir porter plainte, me porter partie civile là-dessus. Mais ils chercheront toujours à se défausser… Quand je vois dans certains médias des représentants de l’Etat qui disent que de toute façon Rouen est une ville de Gilets Jaunes qui nous cassent les pieds juste pour une odeur, ça résume bien la situation. Pour eux c’est juste une odeur qui incommode… c’est scandaleux de dire ça ! Alors ces personnes-là je les invite à venir au niveau de la Seine boire un verre d’eau et on verra s’ils ont le même discours…"


"Quand vous êtes embauché chez Lubrizol vous signez des clauses de confidentialité"
Pour lui, le silence des salariés de Lubrizol n’est pas dû au hasard : "Quand vous êtes embauché chez Lubrizol vous signez des clauses de confidentialité. Ça limite beaucoup d’actions et ça empêche de s’exprimer, d’autant plus qu’il s’agit d’une entreprise américaine, avec une culture de la protection juridique excessive. Il faut savoir qu’il n’y a pas de syndicat à Lubrizol, juste des délégués du personnel non syndiqués."

Alors que nous l’interrogeons sur le recours à la sous-traitance pratiqué chez Lubrizol, il en décrit les effets néfastes pour la sécurité. "A l’époque, l’ensemble des activités étaient réalisées par un personnel embauché, mais quand je suis parti ils commençaient à sous-traiter les opérations de nettoyage en cas de fuite, débordements, incendie. Maintenant il y a de plus en plus de prestataires extérieurs."

"La sous-traitance, c’est uniquement une affaire d’argent, au détriment de la sécurité"

"Le problème des sous-traitants, c’est qu’ils ont des salariés sous-payés, qui ont un niveau d’études faibles, qui sont exploités à faire des tâches ingrates pour des très bas salaires… c’est du pur profit. Les dirigeants font des appels d’offres et prennent toujours le moins cher. Donc il n’y a pas la même préoccupation pour le travail. Il faut voir qu’à l’époque on était payé l’équivalent de 3000€ net. Pour un travail en 5x8, avec le risque et les produits qu’il y a là-bas, c’est un minimum… alors si vous êtes payé au SMIC et que vous n’estimez pas appartenir à la société, que vous êtes dévalorisé, vous vous détachez de ça, et ça devient dangereux. Sans parler des effectifs : avec la sous-traitance globalement 3 emplois en CDI seront remplacés par une seule personne, donc c’est forcément pas le même travail. C’est de l’exploitation pure, je trouve ça inadmissible... uniquement une affaire d’argent, au détriment de la sécurité."

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

destructions et catastrophes industrielles, pollutions... Empty Re: destructions et catastrophes industrielles, pollutions...

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum