quelle place des sciences dans la communauté du vivant ?
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quelle place des sciences dans la communauté du vivant ?
cette question na va pas sans cette autre : quelle place des sciences dans la réflexion communiste, sa théorisation et les luttes ?
dans l'ancien forum, le sujet était SCIENCES et PERSPECTIVE COMMUNISTE, mais l'essentiel s'en rapportait à notre hypothèse de la possible constitution en classe d'un sujet révolutionnaire, que nous avons abandonnée comme trop calquée sur la vision ancienne d'une révolution faite par le seul prolétariat
le sujet s'ouvrait ainsi :
enfin, ma dernière intervention dans l'ancien forum, le 26 septembre
ce sujet va donc, comme d'autres nous poser de nouvelles questions, ou renouveler les anciennes. Les références à Camatte ne peuvent signifier un ralliement à ses thèses contre la science et les techniques, prônant le retour de l'homme à la nature avec pour perspective la fin de l'élevage et de l'agriculture, les petites communautés comme seules viables, etc. Voir aussi la position de Miguel Benasayag évoquée dans le sujet sur le transhumanisme, avec son livre La singularité du vivant
dans l'ancien forum, le sujet était SCIENCES et PERSPECTIVE COMMUNISTE, mais l'essentiel s'en rapportait à notre hypothèse de la possible constitution en classe d'un sujet révolutionnaire, que nous avons abandonnée comme trop calquée sur la vision ancienne d'une révolution faite par le seul prolétariat
le sujet s'ouvrait ainsi :
outre que la production sans productivité est une vue de l'esprit (j'y reviendrai) il n'y a aucune raison valable d'exclure ingénieurs et experts (disons plutôt scientifiques) d'un processus révolutionnaire. Il n'est même pas possible de les sortir du prolétariat dans le capitalisme en domination réelle, du moins concernant leurs activités hors encadrement. J'ajoutais le 3 mars :Patlotch a écrit:pourquoi un tel sujet ? Par insatisfaction de ce qu'on en dit. Par conviction qu'en rejetant à raison l'idée de progrès historique et le rationalisme étroit comme depuis Marx le matérialisme vulgaire ; par les catastrophes, pas seulement dans la pensée, qu'a générées l'idée de "socialisme scientifique" ; par le repli de la théorie communiste sur les sciences humaines (philosophie, sociologie, histoire...)... on a délaissé ce champ des rapports entre activités scientifiques (recherche, découvertes...) et théorisation communiste. On ne s'est pas remis de l'effondrement du marxisme comme pensée essentielle dans tous les domaines jusqu'aux années 60
comment ne pas évoquer ces merveilleuses doubles casquettes que furent Élysée Reclus, théoricien anarchiste éminent géographe et précurseur de l'écologie, ou Anton Pannekoek, astronome astrophysicien et théoricien du conseillisme ouvrier ?
nous avons fait observer l'absence de scientifiques dans les travaux 'marxistes', les groupes théoriques, et assez largement dans les luttes étudiantes. Tout se passe comme si la théorie communiste était dominée par la philosophie et les sciences humaines, un manque à gagner considérable. Quand vous lisez un Badiou, un Zizek, un Négri et tant d'autres vedettes de la pensée communiste en vogue, et jusqu'aux théoriciens de la communisation, il est frappant de voir qu'ils connaissent bien moins les sciences et techniques de notre temps que Marx et Engels celles du leur [ajout 9 octobre : pour ce qui concerne aujourd'hui le monde vivant, cf les rapports de Marx à Darwin]
il ne faut tout de même pas oublier que ce sont les découvertes scientifiques qui ont permis l'émergence du matérialisme et des conceptions non religieuses (non idéalistes) en philosophie, et que de grands philosophes ont été aussi, depuis l'Antiquité, des scientifiques. La liste est longue mais elle aboutit à Diderot avec L'Encyclopédie, un des auteurs préférés de Marx
ce n'est pas Marx mais Proudhon qui invente l'expression de "socialisme scientifique"
Qu'est-ce que la propriété ? 1840Proudhon a écrit:De même que le droit de la force et le droit de la ruse se restreignent devant la détermination de plus en plus large de la justice, et doivent finir par s'éteindre dans l'égalité ; de même la souveraineté de la volonté cède devant la souveraineté de la raison, et finira par s'anéantir dans un socialisme scientifique. [...] [Il est] une science de la société méthodiquement découverte et rigoureusement appliquée.
c'est Engels qui le reprend à son compte :Engels a écrit:Anti-Dühring, 1878
Ces deux grandes découvertes : la conception matérialiste de l'histoire et la révélation du mystère de la production capitaliste au moyen de la plus-value, nous les devons à Marx. C'est grâce à elle que le socialisme est devenu science, qu'il s'agit maintenant d'élaborer dans tous ses détails
Socialisme utopique et socialisme scientifique, 1880
faire du socialisme une science [...] sur un terrain réel. [...] donner à la classe qui a mission d'agir, classe aujourd'hui opprimée, la conscience des conditions et de la nature de sa propre action, voilà la tâche du socialisme scientifique, expression théorique du mouvement prolétarien.
je ne développe pas la suite, jusqu'à l'Affaire Lyssenko, ni l'affirmation qu'on trouve encore sous les plumes de fossiles selon laquelle « le marxisme est une science »
eh bien non, la théorie communiste n'est pas une science, mais ne saurait se développer sans. Il va sans dire que la responsabilité est réciproque, des théoriciens communistes et des scientifiques, mais on trouve fort peu de rencontres sur ce double terrain. À signaler quand même Lucien Sève et l'ouvrage de 2005 Émergence, complexité et dialectique : sur les systèmes dynamiques non linéaires, dont parle le sujet DIALECTIQUE COMPLEXE et MÉTHODOLOGIE : DÉPASSEMENTS À PRODUIRE :Chaos, émergence, auto-organisation, complexité - à travers ces concepts aujourd'hui en plein débat paraît se révéler à nous plus qu'une série d'aspects inédits du réel : une dimension fondamentale de ce réel tout entier. [...] pousser la réflexion sur le sens philosophique de ces paradoxes scientifiques, en convoquant à nouveau ce grand absent de la culture logique contemporaine : la dialectique, ici exposée et mise en oeuvre dans son ampleur, sous des formes foncièrement repensées et mises à jour.
notre avis est [que] la révolution communiste ne pourra se passer de la science, et donc des scientifiques, que ne sont pas la masse du prolétaires supposés constituer le sujet révolutionnaire par excellence. Vrai que les scientifiques sont de la Classe moyenne salariée jugée contre-révolutionnaire par essence par Bruno Astarian et Hic Salta /communisation
ajout 9 octobre : Astarian écrit en 2014 dans L'abolition de la valeur 9.3.2 – De la prise de possession des moyens de production à APSP [activité-pas-seulement-productive]Dans une situation insurrectionnelle pareillement, la remise en marche de l’appareil productif sans transformation radicale de l’activité nécessiterait, en dernière analyse, de faire appel aux capitalistes et à leurs ingénieurs et experts pour qu’ils mettent en place les multiples conditions techniques et logistiques du travail simple des ouvriers. Le programme prolétarien (ou plutôt le socialisme réel) a tenté de le faire, en doublant les managers et ingénieurs de commissaires politiques « au service du peuple ». Du point de vue productif, le résultat a été catastrophique. Et c’était pour prendre le contrôle d’un appareil productif beaucoup moins complexe et fragmenté que celui qui existe aujourd’hui.
Patlotch a écrit:le rapport entre communisme et sciences et techniques
pose la question de la constitution en classe révolutionnaire
nous devons bien avouer une difficulté théorique quant à l'étude de la perspective communiste, et des critères mêmes de la révolution quant à ce qu'elle devra détruire ou reprendre et transformer
entre les conceptions peu ou prou réformistes, c'est-à-dire n'envisageant pas l'abolition du capital, donc de la valeur, et celles des gauchistes maximalistes relevant du romantisme révolutionnaire, avec leurs apories dès qu'il s'agit d'envisager concrètement les choses, le communisme comme société, et qui parlent donc plus volontiers de destruction que de construction, nous refusons de choisir
nous avons insisté sur le fait que le seul prolétariat, quelle que soit sa définition, ne pourra pas assumer toutes les tâches d'une révolution réussie. Dès qu'on se penche sur des aspects particuliers, comme la transformation des lieux de productions matérielles ou énergétiques, on se rend compte que même détruire ne peut se faire sans précautions, et qu'on ne peut les prendre et mettre en œuvre des mutations radicales sans les connaissances scientifiques et techniques indispensables*. Au-delà de la production, tous les domaines de la vie sont concernés : les transports, l'alimentation, la santé...
* exemple du nucléaire, de son remplacement, des déchets... cf Tchernobyl, Fukushima, Bure...
il ne nous intéresse plus de polémiquer avec les thèses selon lesquelles "le prolétariat", ce messie ouvrier omniscient, va "absorber les couches moyennes et la paysannerie en achevant leur prolétarisation", cette pirouette communisatrice fondée sur leur "essence contre-révolutionnaire". Il sera toujours temps, ou pas, que leurs adeptes, éminament lettrés appartenant aux dites couches moyennes dont ils se considèrent schizophrénétiquement des exceptions, se rendent compte qu'en la matière ils ne démontrent que leur incapacité à aborder sérieusement ces questions, les bottant en touche avec des formules magiques répétées à l'envie comme réponse à tout, au prétexte qu'on ne peut pas anticiper et que le prolétariat révolutionnaire trouvera bien, in situ, la solution
nous ne cherchons pas, parmi les non-prolétaires, des individus faisant exception à leur statut de classe, mais à soulever un problème de masse qui bouleverse cette conception dépassée de la composition de classe révolutionnaire devant l'ampleur des problèmes qu'ouvrirait une révolution de civilisation. Il en résulte que nous ne développons aucun complexe d'appartenir, nous, auxdites couches moyennes, parce que nous savons d'où nous parlons sans en faire un problème ni l'évacuer : c'est en tant que tel que nous sommes concernés
enfin, ma dernière intervention dans l'ancien forum, le 26 septembre
Patlotch a écrit:conscience sans science n'est que ruine du communisme
dans les récents sujets ouverts (LE CONCEPT DE RÉVOLUTION en questions, PERMACULTURE : MODE ou 'RÉVOLUTION' ?...), nous avons encore interrogé la place de la science (et donc des techniques) dans l'évolution de l'humanité, de ses "rapports à la nature", et de la communauté humaine comme produite par le mouvement du communisme. Certaines considérations sur la science, y compris chez Jacques Camatte et sans parler de l'écologie réactionnaire ou des idéologies du retour au bon sauvage du communisme primitif, ne sont pas sans appeler un discernement, voire un clivage dans les rapports des sciences et techniques avec le communisme
notre position n'est ni scientiste, ni anti-sciences. Nous refusons de nier la, les, science(s) comme pouvant participer à l'amélioration tant des conditions de vie des êtres humains que de l'harmonisation de leurs activités dans le monde vivant
d'ores et déjà, sur le plan de la santé, comment pourrions-nous accepter une sorte d'eugénisme voulant améliorer l'espèce humaine en en rejetant une partie, les handicapés tant physiques que mentaux. Prenons garde au sur-homme de Nietzsche, à l'homme augmenté du transhumanisme autant qu'à l'homme nouveau du communisme, s'ils devaient aboutir à un monde scindé en deux classes plus une : les élus, les exploitables et les indésirables, des sous-hommes ? des hommes diminués ? des hommes anciens ? Somme toute, une nouvelle version du monde que nous rejetons, mais qui serait en marcheEtats-Unis : un paraplégique réussit à marcher grâce à un implant électrique
Jim.fr 26 septembre
ce sujet va donc, comme d'autres nous poser de nouvelles questions, ou renouveler les anciennes. Les références à Camatte ne peuvent signifier un ralliement à ses thèses contre la science et les techniques, prônant le retour de l'homme à la nature avec pour perspective la fin de l'élevage et de l'agriculture, les petites communautés comme seules viables, etc. Voir aussi la position de Miguel Benasayag évoquée dans le sujet sur le transhumanisme, avec son livre La singularité du vivant
Pour une vraie cohabitation du vivant avec la technique
Depuis les domaines du digital et de la biologie moléculaire, on nous annonce que les différences entre le vivant et la machine, entre l’intelligence artificielle et l’intelligence animale, entre la vie artificielle et la vie tout court, seraient sur le point de s’effacer : tous les mécanismes biologiques pourraient enfin être révélés, modélisés, dépassés. De nouveaux démiurges nous font miroiter des existences libérées de toute limite, même de la mort. Le temps serait venu de se passer du monde réel et du vivant lui-même, désormais réductible à ses composants, à une mécanique.
Derrière ces promesses de vie augmentée se cache en réalité toujours le même projet réactionnaire : celui de se débarrasser des corps pour accéder enfin à la "vraie" vie qui serait du côté des données et des algorithmes.
Or, en assénant que « tout est information », le monde digital non seulement ignore mais écrase les singularités propres au monde du vivant et de la culture. Dans ce vaste processus d’artefactualisation du monde et de la vie, la carte prend possession du territoire. Et c'est nos possibilités mêmes d’agir, de penser, de désirer et d’aimer qui mises à mal.
Contre cette menace, Miguel Benasayag invite à penser la singularité radicale du vivant, à envisager un mode d’hybridation entre la technique et les organismes qui ne soit pas une brutale assimilation. Cela passe par la production d’un nouvel imaginaire, d’un nouveau paradigme capable de nous aider à étudier rationnellement ce qui, dans la complexité propre au vivant et à la culture, n’est pas réductible au modèle informatique dominant.
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