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Message par Patlotch Mer 24 Oct - 12:42


« Si nous voulons savoir ce qu’est l’homme, nous devrons savoir d’abord ce qu’est l’animal. »
Sextus Empiricus (M, VIII, 87)

les philosophes de la raison (des Lumières, Kant, Hegel...) tenaient le langage pour le propre de l'homme, ce qui selon eux le distinguait des (autres) animaux qui n'en disposaient pas
Kant a écrit:Posséder le Je dans sa représentation: ce pouvoir élève l’homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par là, il est une personne; et grâce à l’unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c’est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la, dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise ;

Anthropologie du point de vue pragmatique, 1797
les sciences, dont ils faisaient si grand cas, ont balayé depuis leurs certitudes. Nous essaierons dans ce sujet de cerner la différence entre langage animal et langage humain, et d'aborder la communication entre animaux et humains. Lecture d'un livre déjà signalé, La conversation comme art de vivre, d'Ali Benmakhlouf, 2016

chapitre La conversation au-delà de la parole, extrait p. 64-70
Que de romanciers n'ont-ils pas célébré les noces mystiques entre un personnage et le paysage, les faisant communier dans une conversation qui s'établit par des moyens autres que la parole. Havy Ibn Yagzân, le héros du conte du même nom, du philosophe cordouan du XIIe siècle Ibn Tufayl, s'entretient avec la nature et les animaux durant la majeure partie du conte avant de rencontrer un être humain, venu sur cette île où Havy était jusque-là seul de son espèce, mais certainement non dépourvu de conversation et même d'une « espèce de parole ».

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Cette expérience de pensée, dirions-nous aujourd'hui, qui consiste à imaginer un homme, seul de son espèce, et entouré des autres espèces, est un enseignement à plusieurs entrées. Voyons ce que nous dit Montaigne à ce sujet. Dans sa volonté de terrasser l'orgueil de l'homme, Montaigne retire à celui-ci le privilège exclusif de la parole. Il reprend en les amplifiant les exemples qu'avait donnés Plutarque dans son livre sur les animaux et souligne combien ces derniers ont une espèce de parole. Il imagine ce qu'Ibn Tufayl avait réalisé dans son conte : « Je crois qu'un enfant qu'on aurait nourri en pleine solitude, éloigné de tout commerce (qui serait un essai mal aisé à faire), aurait quelque espèce de parole pour exprimer ses conceptions. »

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Il se trouve qu'Ibn Tufayl avait imaginé un tel enfant et mis en scène cet « essai mal aisé à faire ». Il s'agit d'un enfant secouru par une gazelle qui venait de perdre son faon et qui, ayant entendu un cri, adopta l'enfant et en fit son proche pour ne pas dire le substitut de sa progéniture récemment disparue. Non seulement l'homme n'a pas l'exclusivité de la parole, mais c'est par comparaison avec les autres animaux qu'on peut venir à lui en attribuer une : « et n'est pas croyable, poursuit Montaigne, que nature nous ait refusé ce moyen qu'elle a donné à plusieurs autres animaux, car qu'est-ce autre chose que parler, cette faculté que nous leur voyons de se plaindre, de se réjouir, de s'entre-appeler au secours, se convier à l'amour, comme ils font par l'usage de leurs voix ? Comment ne parleraient-elles entre elles ? Elles parlent bien à nous et nous à elles ». Imaginer, comme le fait Ibn Tufayl, un enfant seul avec les autres espèces naturelles permet de nourrir cette hypothèse selon laquelle c'est d'abord par imitation des autres bêtes que la parole nous advint, à nous autres humains : « L'enfant ne cessa de vivre avec les gazelles, reproduisant ainsi leurs cris avec sa voix à s'y méprendre. Il reproduisait de même avec une autre exactitude tous les chants d'oiseaux ou les cris d'autres animaux qu'il entendait. » De cette façon, il développa une entre-connaissance avec les animaux, notamment pour les raisons vitales d'appel au secours. La parole qui devient la sienne se fait par imitation de celle des autres espèces. Les présupposés théologiques et anthropocentriques d'un homme fait à l'image de Dieu sont ici mis à mal : c'est bien plutôt les autres espèces naturelles que l'homme imite en parlant.

L'imitation se fait dans les deux sens. Nous conversons avec les animaux et le témoignage de cela est que nous leur apprenons bien des choses : « Les merles, les corbeaux, les pies, les perroquets, nous leur apprenons à parler ; et cette facilité que nous reconnaissons à nous fournir leur voix et haleine si souple et si maniable, pour la former et l'étreindre à certains nombres de lettres et syllabes, témoigne qu'ils ont un discours au dedans, qui les rend disciplinables et volontaires à apprendre. » (Montaigne, Essais, II, 12). Dans son célèbre conte Un cœur simple, Flaubert nous décrit de côté « volontaire à apprendre » chez Loulou, le perroquet : « Il reproduisait le tic-tac du tournebroche, l'appel aigu d'un vendeur de poisson, la scie du menuisier qui logeait en face ; et aux coups de la sonnette, imitait Mme Aubin, - Félicité ! La porte ! la porte ! »

Mais ce dressage à lui seul ne suffit pas pour parler de conversation. Il y a véritablement ce fait singulier que les bêtes « parlent à nous et nous à elles », selon le mot de Montaigne. Dans ce même conte, Flaubert, évoquant Félicité et le perroquet, écrit : « Ils avaient des dialogues, lui, débitant à satiété les trois phrases de son répertoire, et elle, y répondant par des mots sans plus de suite, mais où son cœur s'épanchait. » Félicité et le perroquet, Havy Ibn Yaqzân et la biche-maman, autant d'exemples de conversations qui se font au-delà ou en-deçà de la parole et qui ouvrent le commerce de ce type de relation à des formes inédites. Quand une autre forme humaine aborda l'île où se trouvait Havy, la conversation ne put s'engager pour Havy que sur la base des cris d'animaux qu'il connaissait et c'est par eux qu'il témoigna au nouvel arrivé, Assal, son intention bienveillante : « Il chercha donc à le rassurer par des inflexions de voix qu'il avait apprise de certains animaux, lui passant la main sur la tête et sur les flans, le caressant, lui manifestant de la bonne humeur et de la gaîté, si bien que, revenu de sa frayeur, Assal comprit qu'il ne lui voulait aucun mal. »

Le conte de Lewis Carroll Les aventures d'Alice au pays des merveilles est riche de la voix des animaux (humains compris) sous toutes les modulations et selon l'état de la conversation. La voix d'Alice, lors de ses premières métamorphoses, rendait un son rauque et singulier, la Souris raconte son histoire d'une voix basse et tremblotante, la Chenille interpelle Alice d'un ton de mépris, la Reine s'égosille, « beugle », « hurle », « rugit » sans cesse la même sentence : « Qu'on lui tranche la tête ! » Il y a encore les interruptions, les supplications, le ton maussade du Loir toujours à demi endormi, les murmures d'Alice face à une Duchesse dont la voix expire en voyant la Reine, le gloussement du Griffon, le ton indigné d'une Alice désarçonnée par les homonymies de la Tortue fantasque, tortue dont la voix est toujours entrecoupée de sanglots, sans oublier la petite voix perchée et stridente du Lapin qui est l'une des premières à se faire entendre dans le conte. Cette énumération donne une idée du caractère sonore et conversationnel de ce conte.


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Alice, la Fausse-Tortue, et le Griffon par John Tenniel


il nous faudrait encore parler du langage sans paroles de la musique, où dire qu'il n'y a pas de conversation entre parties instrumentales serait bien hasardeux...


ou du langage de la peinture, considéré par les psychanalystes comme "pré-langage", naturellement, puisqu'ils ne sauraient l'analyser. Mais nous n'en avons cure...

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Dernière édition par Patlotch le Dim 28 Oct - 21:00, édité 1 fois

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Message par Patlotch Sam 27 Oct - 19:02

se poser la question d'un langage animal par la littérature ou la philosophie, comme ci-dessus, n'a aucun caractère scientifique. C'est pourquoi ma lectorate se reportera aux approches et philosophiques et scientifiques en cherchant à langage animal

un consensus semble s'établir sur le fait qu'il y aurait langage humain et seulement communication animale


Langage humain et communication animale :
Quelles similitudes, quelles différences ?
qu'y apprend-on ?

- contrairement aux connaissances antérieures, que « certains animaux sont capables d'une communication symbolique, c'est-à-dire d'avoir des concepts* abstraits [...] ils sont capables d'abstraction*... » (12:45), y compris en milieu sauvage, hors présence d'humains ("communication référentielle") (14:00)

* précisons qu'ici le sens de concept n'a pas celui de la philosophie ou de la théorie, et abstraction pas celui d'abstraction théorique, confusion/extension faite ici, je n'y reviens pas

- que « les ornithologues parlent de notes, assemblées en syllabes... », j'ai utilisé cette caractéristique dans MICROCOSME, roman initiatique, où le personnage AliBlabla, linguiste, l'étudie chez le merle et la chèvre

- qu'il y a « capacité d'apprentissage, de contrôle et d'innovation vocales, non figées génétiquement »

- que le rire n'est pas le propre de l'homme (Rabelais, Gargantua) : « les bonobos, quand ils jouent ensemble, se chatouillent et rient... » (25:55)

- la question reste suspendue de savoir si les animaux peuvent « avoir des pensées, des idées conceptuelles... » (33:20)

dans notre contexte :

- d'une part cette différence entre communication et langage me satisfait peu, par exemple pour parler de la souffrance animale ou des échanges entre humains et animaux, qui ne sont évidemment pas que communication dépourvue d'affects (émotions) de part et d'autre, comme on en a vu des exemples précédemment et comme quiconque peut le vérifier avec un animal domestique, ou même sauvage s'il en rencontre, puisque telle est la situation qui nous intéresse, comme rapport, voire relation, pour ainsi dire inter-sociale avec les animaux qui forment sociétés dans la nature, et qui ont donc eux aussi, des "rapports sociétaux", sinon des "rapports sociaux, essence de l'homme" selon Marx (Thèses sur Feuerbach). Voir le sujet sociétal ou social ?

- d'autre part, si j'ose dire, ici l'on s'en fout ! Langages ou pas, largement affaire de définition et différences d'une espèce à l'autre, ce qui nous intéresse, c'est la continuité du vivant, du végétal à l'animal, et de l'animal à l'humain, autrement dit l'unicité de la nature avant la séparation de l'humanité avec elle, jusqu'à la rupture mortelle qu'initie structurellement le capitalisme par sa double exploitation de la nature et des humains (LE CAPITAL EXPLOITE LA NATURE, DONC LES PROLÉTERRES)

pour ces raisons, je rejette aussi bien l'idéologie de "pas de différences", qui traîne ici ou là (antispécisme comme un nouvel antiracisme, véganisme...), que celle anthropocentriste d'un fossé infranchissable (l'humain serait entièrement être social, sans détermination "naturelles" morphologiques, génétiques, biologiques) que l'on trouve dans une certaine conception du genre promouvant son abolition, comprise comme celle de toutes différences, y compris non hiérarchiques, entre hommes et femmes (Incendo 2012 : L’insurrection généralisée qui détruira les hommes et les femmes)

une chose est certaine, ni les plantes ni les animaux ne feront la révolution, mais les humains non plus sans tenir compte des animaux et des plantes, dont ils auront toujours besoin, la réciproque n'étant pas vraie

les animaux, les plantes, la "nature", s'adaptent à l'activité, plutôt destructrice, de l'humanité. D'une certaine façon ils résistent. L'auto-destruction de l'humanité, c'est-à-dire en vérité sa destruction par le capital, ne générera pas nécessairement la leur, et contrairement aux prédictions catastrophistes la disparition de toute vie. Qu'il n'y ait alors plus personne pour en parler, qu'est-ce que ça peut bien (me) faire ? Autant se poser la question des origines : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Après nous, le déluge. Moi, franchement, ça m'est complètement égal que l'humanité disparaisse

ceci dit histoire de causer. Langage t'engage...

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Message par Patlotch Lun 29 Oct - 7:41

d'hier, ajout en bas

j'ai changé le titre du sujet, conscient que la grammaire aurait imposé LANGAGES et INTELLIGENCES ANIMAUX, et je reste le cœur et la bouche ouverte à vos critiques. La raison en est que, chez les humains comme chez les animaux qui ne le sont pas, le tout de l'intelligence ne tient pas au langage, et si je l'ai mis au pluriel, c'est que les divers langages sont spécifiques à diverses espèces : il n'y a pas un langage humain et un langage animal, la question de savoir s'il s'agit de langage ou de communication étant esquissée ci-dessus

ci-dessous concernant les corbeaux, surprenante capacité à créer des outils exigeant une forme de pensée conceptuelle pratique (praxis ?)

« Ils ont conscience de ce qu’ils font et de pourquoi ils le font. »

Les corbeaux épatent encore plus les chercheurs
en créant des outils à partir de plusieurs objets

Benjamin Cabiron Daily Geek Show 28 octobre 2018

Une équipe internationale composée de scientifiques de l’institut Max Planck et chercheurs de l’Université d’Oxford a révélé que les corbeaux de Nouvelle-Calédonie sont capables de créer des objets utiles en combinant des éléments sans utilité, si isolés. Cette capacité cognitive était pour le moment observée uniquement chez l’Humain et les Grands Singes.

UNE CAPACITÉ RARISSIME

Cette étude, publiée dans le très sérieux Scientific Reports, fait état d’une découverte majeure. La combinaison de plusieurs pièces, dans le but de créer un outil utile, démontre un exploit mental incroyable pour ces oiseaux. Le stade correspondant à l’assemblage de composants dans un but fonctionnel est considéré par les scientifiques comme une étape clef dans l’évolution du cerveau humain par exemple. Chez un enfant humain, il faut plusieurs années avant qu’il puisse créer un outil, probablement parce qu’il faut imaginer un rendu et donc avoir accumulé une expérience de conception et de vécu. Une planification technique de cette ampleur nous fait considérer que les corbeaux ont une modélisation mentale aboutie et, pour sa mise en oeuvre, des fonctions exécutives tout aussi stupéfiantes.

« La découverte est remarquable parce que les corbeaux n’ont pas reçu d’aide ou de formation pour faire ces associations, ils l’ont compris par eux-mêmes. », d’après l’ornithologue Auguste Von Bayern

Nous savions déjà que les corbeaux étaient capables d’utiliser des outils, que ce soit à l’état sauvage ou en captivité. Cependant, les voir assembler et combiner plusieurs éléments constitue une découverte exceptionnelle.

Alex Kacelnik, de l’université d’Oxford, raconte : « Les résultats corroborent le fait que ces corbeaux possèdent des capacités flexibles leur permettant de résoudre rapidement de nouveaux problèmes, mais ne montrent pas comment ils le font, par quel moyen. Il est possible qu’ils utilisent une forme de simulation du problème, comme si différentes actions potentielles étaient exécutées au sein de leur cerveau, jusqu’à trouver la solution la plus viable, qu’ils s’empressent de mettre en oeuvre. Des processus comme cet exemple ont été implantés dans des intelligences artificielles, dans un but de mieux comprendre les animaux et ainsi construire des robots pouvant faire face à des problèmes nouveaux tout en s’adaptant. »


LANGAGES et INTELLIGENCES ANIMALES 1-4
crédit : pixabay

DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

Les chercheurs ont mené cette étude sur huit corbeaux de Calédonie (Corvus moneduloides) : ils ont présenté aux 8 corbeaux un casse-tête transparent qu’ils n’avaient jamais rencontré au cours de leur vie. Afin d’obtenir un morceau de nourriture caché à l’intérieur, ils devaient résoudre une énigme. La boite disposait d’un léger espace ouvert sur le côté, et des bâtons suffisamment longs étaient à disposition. Les oiseaux, après une courte réflexion, ont très vite compris qu’il fallait insérer un bâton dans cette espace pour pousser la nourriture vers l’ouverture de la boite, et ainsi obtenir leur récompense.. Ils avaient compris le fonctionnement de la boite.

Dans un deuxième temps, les chercheurs leur ont présenté la même boite, toujours avec une friandise à l’intérieur, mais cette fois-ci, ils n’avaient pas de bâton à disposition. Des objets étaient proposés aux corbeaux, tous trop courts : des seringues en plastique démontées, des pistons séparés, des petits réservoirs… Et c’est à cet instant que leur ingéniosité apparaît à la lumière du jour : quatre des huit corbeaux ont découvert comment résoudre cette problématique en moins de cinq minutes. Répondant aux noms de Tumulte, Tabou, Mango et Jungle, ces quatre petits malins ont inséré un piston dans un réservoir, et le résultat de cet assemblage forme un outil plus long, qui permet d’atteindre la nourriture dans la boite. A noter qu’il ne leur faut qu’un court laps de temps à savoir 4 à 6 minutes après mise en situation avec les nouveaux objets.

Mango, l’un des quatre ayant réussi, s’avère être un génie lunatique. En effet, il a refusé de participer à d’autres essais de suivi pour vérifier ses capacités, vraisemblablement par manque de motivation. Les trois autres ont réussi à reproduire leur génie d’adaptation. Cependant, Mango, dans des expériences ultérieures et plus complexes, a réussi à créer des outils constitué de trois ou quatre pièces, et à les utiliser pour atteindre de la nourriture encore plus difficile d’accès.

Le processus cognitif des corbeaux est encore à l’étude. Cependant, nous pouvons déjà considérer qu’il est délibéré de la part des individus. Ils ont conscience de ce qu’ils font et de pourquoi ils le font. Pendant leur tentative d’accès à la nourriture, leur outil s’est souvent désarticulé, et ils ont tout de même refait l’assemblage, conscients que c’était nécessaire pour mener à bien leur mission.

Les chercheurs du monde entier ont déjà démontré que les corbeaux sont capables de reproduire des objets de mémoire, d’imiter des sons humains, de communiquer par signes… Leur intelligence incroyable intrigue les scientifiques de par leur faculté de réflexion face à une problématique qui semble bien supérieure à la moyenne…

bon, d'accord, les corbeaux n'ont pas encore de chercheurs capables d'étudier l'intelligence (et la bêtise) des hommes. Sans doute sont-il trop bêtes. Mais le corbeau n'a pas l'air moins rusé que le renard (qui lui tint à peu près ce langage), et La Fontaine peut aller se faire cuire un œuf

sur l'intelligence des corbeaux

ajout

dans le guide du marxisme que prétendait être le Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS, en 1.1. L’apparition de la société humaine, on trouvait cette affirmation :
L’homme commence à se distinguer foncièrement de l’animal au moment où il se met à fabriquer des instruments, aussi simples soient-ils. On sait que les singes se servent souvent d’un bâton ou d’une pierre pour abattre les fruits de l’arbre ou se défendre quand ils sont attaqués. Mais jamais aucun animal n’a confectionné même l’outil le plus primitif.
hé bien c'est fini, il a fallu, il va falloir trouver autre chose

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Message par Patlotch Lun 24 Déc - 9:05


au secours, Patlotch revient en chamane !

comme le linguiste en herbe AliBlaBla dans mon MICROCOSME roman initiatique du printemps dernier, qui parlait avec les chèvres et les oiseaux du Parc des Beaumont à Montreuil, de véritables scientifiques s'y sont collés, avec des singes...

Science décalée : apprenez à parler le singe
Marie-Céline Ray Futura Sciences 23/12/2018

Après des années d'études sur les différents types d'appels émis par des singes, des chercheurs  sont en mesure de décrire les bases de la linguistique des primates. Peut-être bientôt un nouveau dictionnaire à rajouter dans les bibliothèques.

Parlez-vous le langage singe ? Pour vous aider à dire vos premiers mots, des linguistes et des primatologues ont réuni leurs efforts pour poser les bases de la « linguistique des primates », permettant ainsi de mieux comprendre ce qu'ils se racontent entre eux. Au CNRS, à l'institut Jean- Nicod, c'est l'équipe de Philippe Schlenker qui travaille sur ces sujets.

Les chercheurs ont utilisé des méthodes de la linguistique théorique pour comprendre ce que disaient les singes. Comme l'explique Philippe Schenker, « En utilisant cette approche, nous pouvons comparer une espèce de singe à l'autre et voir, par exemple, que certains de leurs appels ont été conservés plus de trois millions d'années. »

Les chercheurs ont étudié les appels émis par  différentes espèces de primates : chez le singe Titi, qui fait l'objet dune publication récente dans la revue Natural Language & Linguistic Theory, ou chez des cercopithèques comme le mone de Campbell. Les chercheurs ont analysé la structure de leur langage et le placement des sons, pour comprendre le sens de ces « phrases ». Certes, le langage de ces primates apparaît bien plus simple que celui de l'Homme. Mais les animaux étudiés montrent tout de même des compétences linguistiques étonnantes.

Les singes décrivent dans leur langage la nature et le lieu d’une menace
Chez le mone de Campbell, un suffixe (« -oo ») a été décrit, preuve de l'existence d'une sémantique basique. Ce singe africain est capable de combiner différents mots de base (« hok », « krak », « boom ») tout en utilisant le suffixe « -oo ». Par exemple, « hok » veut dire qu'il y a une menace aérienne sérieuse comme un aigle ; en ajoutant le suffixe « -oo », la menace « hok-oo » devient plus générale (il y a quelque chose en haut). De même, « krak » indique la présence d'une grave menace au sol (un léopard) alors qu'avec le suffixe « krak-oo » voudra dire qu'une menace vient du sol. [cf Krak Boo Hue de Dutronc]

La façon dont les mots sont combinés décrit la nature de la menace et le niveau de danger qu'elle représente. C'est aussi ce qui est observé chez d'autres primates. Ainsi, les singes Titi utilisent deux types d'appels, symbolisés par les lettres A et B. L'ordre des sons indique quel est le type de prédateur et où il se trouve :

- une répétition de A (AAAA...) veut dire qu'il y a un rapace dans la canopée,
- une succession de A puis une succession de B signifient que le rapace est au sol (AAA...BBBB...),
- une succession de B que le chat est dans la canopée (BBBBB...).

Bon interro maintenant : comment direz-vous qu'il y a un grave danger dans le ciel ?

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Message par Invité Lun 22 Avr - 17:18


Que nous apprennent les intelligences animales ?
conférence de Pascal Picq, décembre 2018

Le rapport entre l'Homme et l'Animal pourrait être sous-estimé. Il est en fait fondamentalement essentiel à l'émergence de nos civilisations, à notre appréhension du monde et même à notre santé ! Les animaux sont dans nos mythes, mais ils sont aussi sources d'innovations, de révolutions, de questionnement... Ils sont à la fois outils, ressources, objets de projection et d'émotion. ils nous forcent à regarder notre environnement avec des yeux différents, à remettre en cause nos certitudes.

L'homme est-il un animal comme les autres ? Que nous apprennent les intelligences animales ? Quel impact les animaux ont-ils sur notre santé ? Soumis à la pression de l'homme, la biodiversité est plus que jamais en péril. Pourtant, sans l'animal, point de civilisation humaine...

Pour répondre à ces questions, Acteurs de l'économie-La Tribune inaugure, en partenariat avec Boehringer Ingelheim, le cycle de conférence "Homo Animalis". Episode 2 - Que nous apprennent les intelligences animales ?

L’intelligence artificielle et les chimpanzés du futur
décembre 2018, conférence 2 heures

auteur de

LANGAGES et INTELLIGENCES ANIMALES 9782738145611
L’humanité est-elle prête à vivre avec d’autres intelligences ?

Dans ce livre, Pascal Picq analyse la coévolution de l’espèce humaine et de ses proches – les australopithèques d’hier comme les chimpanzés d’aujourd’hui – avec les innovations techniques et culturelles actuelles.

Retraçant les fondements des intelligences animales, humaines et artificielles dans une approche évolutionniste, il nous explique comment elles ont émergé, en quoi elles diffèrent fondamentalement et pourquoi certaines d’entre elles sont plus performantes que d’autres.

Une nouvelle phase de l’évolution se dessine en ce moment, dont il est urgent de prendre la mesure : il nous faut apprendre, et vite, à vivre en bonne intelligence avec toutes ces intelligences.

En attendant les promesses du transhumanisme, une décennie de tous les possibles s’ouvre à nous. Les technologies ne suffiront pas si l’humanité ne s’inscrit pas dans une véritable vision évolutionniste qui associe les intelligences humaines, animales et artificielles.


Pascal Picq est paléoanthropologue, maître de conférences au Collège de France. Il est l’auteur d’Au commencement était l’homme, de Lucy et l’obscurantisme, de De Darwin à Lévi-Strauss et, plus récemment, de Qui va prendre le pouvoir ?, qui sont de très grands succès.
extrait du livre
Dans Qui va prendre le pouvoir ? Les grands singes, les hommes politiques ou les robots, je donnais déjà cet avertissement : si nous ne sommes pas capables de comprendre les intelligences des grands singes, alors nous allons être en mauvaise posture avec les intelligences artificielles.

Depuis cet essai, paru un an après que la machine AlphaGo de DeepMind eut battu le champion du monde du jeu de go Lee Sedol, nos sociétés semblent sortir de leur torpeur et s’inquiètent de l’emprise possible des robots et de l’intelligence artificielle (IA) sur notre devenir. Allons-nous être dépassés sur ce qui faisait jusque-là notre supériorité, non sans arrogance et ignorance, sur les ani- maux et les machines : l’intelligence ?

Depuis la disparition des derniers Néandertaliens et celleannoncée des grands singes, l’humanité s’est emmurée dans une arrogance qui lui a laissé croire qu’elle était seule détentrice de toutes les intelligences. Ce qu’on appelle le « réveil de l’IA » vient donc ébranler cette certitude fondée sur trop d’ignorance. Mais pourquoi ne sommes-nous donc pas capables de comprendre d’autres intelligences que la nôtre, qu’elles soient animales ou artificielles, et de les comprendre dans toute leur diversité ? Car il convient d’admettre qu’il n’y a pas une intelligence animale ou une intelligence artificielle. Les unes et les autres témoignent d’une grande variété, ce qui écarte d’emblée la question, lancinante et idiote, mais sans cesse réitérée, d’une IA susceptible de supplanter l’intelligence humaine.

Ce nouvel essai retrace les fondements des intelligences animales, humaines et artificielles dans une approche évolutionniste. Expliquer comment elles ont émergé, en quoi elles diffèrent fondamentalement et en quoi les unes se montrent plus performantes ou pas que les autres selon les problèmes et les situations à résoudre, tel est notre objectif dans les pages qui suivent. Dans son acception la plus fondamentale, l’intelligence est en effet la résolution de problèmes, et c’est sur ce point, précisément, que diffèrent ces intelligences : celles des animaux et des hommes doivent résoudre des problèmes ou des situations inattendues, tandis que les intelligences artificielles partent de problèmes ou de questionnements préalables.

La méconnaissance actuelle de l’évolution des intelligences, de leur nature et de leur histoire crée incertitudes et inquiétudes. Comme nous allons le voir dans ce livre, les rapports entre toutes ces intelligences reçoivent des réponses beaucoup plus pertinentes et sensées quand ils sont placés sous le regard de l’évolution. On découvre ainsi que les machines font des choses qui nous semblent compliquées, comme les échecs et le jeu de go, plus facilement que des actes simples (pour nous) comme marcher et sauter – c’est le paradoxe de Moravec –, ou qu’elles accomplissent plus aisément des tâches ou des actions inventées récemment par les hommes que celles apparues au cours de notre évolution – et c’est l’ingénierie inverse.

Une nouvelle phase de l’évolution de la lignée humaine se dessine actuellement, dont il est urgent de prendre la mesure. Il nous faut apprendre, et vite, à vivre en bonne intelligence avec toutes ces intelligences. Pourquoi ? Imaginons que les intelligences animales et artificielles se rencontrent, alors ce serait une tout autre évolution…

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