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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

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Message par Patlotch Ven 22 Fév - 16:49

les chapitres écrits des 6 x 7 de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière 59. des nouvelles du front (dndf...) 60. la rue est à tout le monde 61. le Parc et la Parque, creuser "creuser" 62. la terre, qui la travaille lui appartient. 63. de l'autre côté des choses et des mots

64. outre matière, un concept ignoré de la philosophie, des sciences, et des arts 65. outre-repos, mots pour mémoire 66. Poétique en outre


avant-dire

avant que ma lectorate ne me le suggère, - j'ai lu dans ses pensées intimes -, je lui épargne une lettre ânonime, et révèle par avance le titre de la deuxième partie de L'OUTRE-RÉEL III, qui lui a été soufflé par le fait qu'Afrodite et son fils Ronin habitent à Vincennes, 70, Rue des Trois Territoires, les deux autres étant Montreuil et Fontenay, deux "sous-bois"

le roman se déroule, depuis son tome 2 MICROCOSME, roman initiatique, dans ce triangle des berludes et des illusions perdues dans ce tout-monde en réduction que j'ai tant sillonné que je le connaîtrai un jour comme mes poches crevées

et voici un scoop : Ronin, qui n'avait pas aimé la scène d'amour platonique dans la version longue des Sept Samouraîs de Kurosawa Akira (chapitre 37, dimanche à hors lit), est tombé amoureux de Calice, au pays des merveilles, en traversant la rue pour trouver un emploi dans le roman, et le miroir des susdites illusions, miroir sans tain comme chez Aragon dans La mise à mort « le narrateur  se regarde non pas dans un, mais dans plusieurs sortes de miroirs : le miroir vénitien, le miroir Brot, un miroir à trois faces, un miroir sans tain (d’où l’on peut voir l’autre qui ne sait pas qu’on le voit, comme dans les films d’espionnage) et enfin un miroir tournant qui donne un vertige de reflets à l’infini. »

ce sera donc pour moi l'occasion d'un double double hommage à Lewis Caroll et Boby Lapointe, qui en sus de leurs génies traversant les mots et les choses, étaient tous deux de grands connaisseurs et inventeurs de systèmes de logique, au sens mathématique du terme

pour moi, comme déjà mon premier poème-roman LIVREDEL en 1989-1991, celui-ci repose dans la forme et la structure, cachées ou pas, d'un système logique que je me suis forgé dans l'esprit de ce que j'ai nommé plus tard, en matière de métathéorie communiste, ma DIALECTIQUE COMPLEXE : le "contenu" et "la forme" s'y croisent en "formes-contenus" dans laquelle la systématicité des combinaisons autour de 7 et 12 élimine, par la loi des grands nombres en calcul des probabiiltés, la singularité du hasard pour faire émerger la conjoncture du général

je sens pointer un problème à questions, ou une question à problèmes : comment vont réagir celles et ceux qui se voient comme hors-sujet d'un roman, parfois quasi instantanément intégrés au chapitre en cours quelques minutes après avoir pondu drôleries ou âneries sur les réseaux soucieux de leur diffusion, tel ami cité sous son nom ou tel théoricien épinglé sous le sien d'homme public, tels positivement @BrownStanislas @ornikkar @ComplotsFaciles ou tels négativement comme Alain Corne de @carbureblog et @alessiu122 de "Détruisons l'économie". Ne faisant que les copier-coller à mon tableau d'affinités électives ou de chasse au gibier d'impotence, je n'y vois que publicité sincère et non mensongère, et cela ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con

pourquoi LA ZAD, et pourquoi une Zone À Défendre ?

le tome 2, MICROCOSME, roman initiatique, comporte déjà plusieurs épisodes zadistes imaginaires ou de fiction sur fond de ZAD réelles

- au chapitre 1, rêve ça loupe ! Trois hommes et un bon coup dont les trois héros, Friedrich Lorduron, le Professeur Lémérite de Salaire Avide et le Baron perché d'Aigrufin sont des caricatures de Frédéric Lordon, Bernard Friot et François Ruffin, et leurs exploits se déroulent tantôt à la ZAD de Notre-Dame des Landes alors en effervescence, tantôt à la Faculté de Tolbiac détournée en Toulbac ou AliBlabla est étudiant de Lorduron

- au chapitre 3, le vieux qui ramassait des vers de terre, altofiction, où le vieux, à l'origine caricature de moi-même Patlotch, crée une ZAD en solitaire près du bassin au Parc Montreau de Montreuil, fabriquant un fortin inspiré de Robinson Crusoé, attaqué par les CRS hommes-grenouilles et défendu par de redoutables rapaces, les Blancs Becs un espèce de Totos volants..., creuse pour s'enfuir un tunnel après avoir étudié ceux du Ghetto juif de Varsovie, des Palestiniens à Gaza et de La Grande Évasion avec Steve Mac Queen, et finit par sortir sous un sapin au milieu d'un rond-point, où le retrouve Célanie la Chabine et cheminote rouge, avant qu'ils ne squattent le Château d'eau de la Rue du Bel Air, où ils recueillent AliBlabla blessé par le tir d'un voisin excédé, et raciste

- les chapitres restant, 4. le vieux blanc et la cheminote noire, ménage à trois, 5. AliBlaBla et l'écart hante vos leurres, 6. le loup dans la chèvrerie, l'auteur en quête d'un personnage et enfin 7. le Manifeste du Parti romanesque, se déroulent à la "ZAD du Parc des Beaumonts" en diverses circonstances dont le squat d'un Blockhaus en ruine de la Seconde guerre mondiale, pure fiction (pas la guerre, hein !)

quant à mes raisons d'introduire une Zone À Défendre, en cette fin du Mouvement des Gilets jaunes et du Grand Débat national de macron, elles sont transparente aussi bien dans le rapport à la réalité qu'en tant que prétexte à diverses considérations microcosmiques, mélancomiques ou théoriques. Je ne pense pas que la campagne des élections européennes me permettrait de bien creusoé le tunnel d'où surgira, si c'est écrit, la Jeune Taupe de Shakespeare, Marx, et Patlotch réunis


notes

1. source La mise à mort, roman, ou les ambiguïtés de Louis Aragon 19 janvier 2016. Je ne suis pas un aragonien expert, mais je signale à l'auteur de cet article qu'Aragon détestait qu'on le nommât Louis, peut-être, à vérifier, parce que c'était le prénom de son père Louis Andrieux dont il n'était qu'un bâtard, « Procureur de la République dirigeant la répression de l'insurrection d'avril 1871 qui secoue Lyon à la suite de la Commune de Paris. puis comme Préfet de  police grand maître en infiltration des groupes anarchistes. »
de même Charles Mingus détestait qu'on l'appelât Charlie...


Dernière édition par Patlotch le Mar 19 Mar - 12:54, édité 10 fois

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Sam 23 Fév - 16:16


chapitre 43

CALICE ET RONIN TRAVERSENT LA RUE
samedi 23 février

Ronin allait sur ses 12 ans, le 29 février. Il sera grand. Il aura un portable, offert par Afrodite sa maman, et un emploi à mi-temps que je lui aurai réservé dans le roman. Mais il lui aura fallu pour cela traverser la Rue des Trois Territoires, et de l'autre côté du trottoir rencontrer Calice, car elle était là seule, en pleurs parce qu'elle avait perdu sa sœur et commençait à s’ennuyer de rester là à ne rien faire ; une ou deux fois elle avait jeté les yeux sur le garçon d'en face, mais la première fois Calice vit Ronin, elle le trouva franchement laid. Il lui déplut, enfin. Elle n'aima pas comment il était habillé... (1)

c'est seulement la deuxième fois, 42 jours plus tard, que Ronin parut beau et Calice merveille, parce qu'il avait traversé la rue et le temps d'une partie manquée. Il faut laisser le temps au temps, en vérité je vous le dis, celui qui saura attendre aura la plus belle des visitations. « Il y a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous le ciel... un temps pour pleurer et un temps pour rire... un temps pour se taire et un temps pour parler, un temps pour aimer et un temps pour détester... » (2)

notre pianiste Trésor national de Jazz (Patlotch 2014), Martial Solal qui vient de donner son dernier concert à Gaveau, répondait en 2001 à la question Quels sont les sentiments, les images, que vous cherchez à faire passer ?

Martial Solal a écrit:Mon rêve serait de faire physiquement pleurer toute une salle, et tout de suite après, la faire rire aux larmes. Les grands comiques comme Chaplin ou Bourvil sont des gens qui savaient vous faire rire et pleurer. Les très grands font passer toute la gamme des sentiments.

un roman devrait comme la vie offrir à ressentir toute la palette des émotions et même en susciter de nouvelles, mais comment y parvenir ? Il faudrait être plusieurs, ou distribuer les voix à plusieurs, de sorte que du caractère propre de chacune et tous surgissent des sentiments et pensées qu'on ne saurait à priori trouver chez un seul

toujours Ronin se levait de bonne heure, et bien qu'il n'eût pas classe le samedi, ce matin aussi. Quand il vit apparaître, rouge, le soleil levant, son sang de samouraï ne fit qu'un tour, rouge. Il avala son café, Olé !, où trempait sa biscotte de Proust qui lui rappela sa première rencontre avec la voisine, une petite brune aux yeux vairons, un bleu à droite à gauche un vert qu'il avait préféré. Il eût alors aimé la consoler, mais elle s'était dérobée, avait traversé la rue en courant et disparu là-bas, plus loin. Il voulait la revoir. Il sortit dans l'espoir qu'elle aussi aurait vu se lever le jour. C'était quand même le début d'une nouvelle partie, on ne pouvait pas rater ça !

s'il trouvait Calice à temps, Ronin pourrait lui proposer d'aller ensemble à la fête brésilienne à l’hippodrome de Vincennes. Il y aurait une danse de capoeira, de la batucada, des danseuses traditionnelles, des ateliers maquillages, des pâtisseries et un carnaval lusophones, dix courses de trotteurs et demain le Grand Prix de Paris, un marathon pour les chevaux sur 4,1 km

il avait donc guetté Calice en jouant, ou plutôt faisant comme, dans la courette du 70, au vilbouquin, un jeu de son invention qui consistait ne jamais tourner la page sans l'avoir lue et relue depuis... jusqu'à... Gagnait qui ne s'en lassait jamais, et lui perdait toujours parce qu'il commençait à s’ennuyer de rester là à ne rien faire ; une ou deux fois il avait jeté les yeux sur un autre livre que lisait les camarades de grande classe prolétarienne ; mais quoi ! pas d’images, pas de dialogues ! (1)

le livre lui tomba des mains quand il l'a vit, sortant de chez elle avec un ballon rouge, qu'elle envoyer rebondir sur le mur de chez elle... « Tu joues toute seule ? Moi aussi, tu veux pas qu'on joue ensemble ? - Ah, c'est toi, ça fait 42 jours que je ne t'ai pas vu, tu avais traversé le mur, ou quoi ? - J'étais sur le côté ensoleillé de la rue... »

et il se met à fredonner On the Sunny Side of the Street, dans la version 1937 par Johnny Hodges avec Lionel Hampton feat. Buster Bailey, Johnny Hodges, Cozy Cole and John Kirby Lyrics, paroles qu'il adaptait librement : « J'avais pris l'habitude de marcher à l'ombre, et le blues pour remède, mais je n'aurais plus peur, car même sans un sou, je suis riche comme Crésus, avec toi pour soleil, de l'autre côté de la rue... »

il s'arrête avant le vocal du vibraphoniste sur le Stop Chorus du Rabbit, à 1:07, et exécute devant elle une imitation en Tape Dance de Bill Robinson, espérant convaincre Calice comme lui Shirley Temple



le temps passait si vite qu'il fut bientôt deux heures de l'après-midi, trop tard pour l'inviter à la fête brésilienne, mais il était bien là, avec elle, chez eux

vers 14:29, Afrodite appela son fils pour déjeuner « Est-ce que Calice elle peut venir ? - Si ses parents sont d'accord... - Lui, demande à tes vieux... - C'est mère-grand qui m'élève... - Jusqu'où ? - L'autre côté des nuages... - Tu m'emmènes ? - Je dis à Mamy que je suis chez toi. » Les mômes aujourd'hui c'est comme ça, qu'à leur tête... Mieux qu'avant ? Un peu... à la folie, pas du tweet ?

à 16:01, ils avaient terminé le repas, des AFroBurger sénagalais composés d’un steak de bœuf, de cheddar affiné, de banane plantain, d’oignons confits et d’une sauce Mafé; Afrodite et Ronin avaient donné une part du leur à Calice. « C'est extra, Y'aurait du chien sans l' fair' exprès, Et dedans comme un Mafé rot, Une langue de fille sur le palet... C'est extra... Des cheveux qui tomb'nt dans la soupe, Et cette chair que vient troubler, Pour ma peine ce sang noir, Qui ruisselle de mon morceau... C'est extra, C'est extra, C'est extra... » Rassurez-moi, quelqu'un aurait chanté ça ?

à 16:19, ils seraient de nouveau dans la rue, au soleil qui avait baissé mais tant pis, il se lèverait tous les jours sur les amours des moins de 12 ans...

ma lectorate attentive me demande :« Comment Afrodite peut-elle être chez elle, alors qu'elle a été arrêtée avec toute la bande sur la félonie de Florage, hier soir, à la fin du chapitre 42 ? » Bonne question, au moins y en qui lire ! Je vous explique. Florage n'en voulait pas vraiment aux femmes dans cette histoire, ni même à Ali, qu'elle se serait bien envoyée à l'amiable, mais surtout à Alfonce, Lauteur, et Levieux va savoir pourquoi, puisque nous ignorons encore, comme dit Aragon, leur « passé mutuel insoupçonné ». Elle avait soufflé à Sergent Major, le brigadier-chef, de la libérer « à cause de son fils, qui n'a pas 12 ans. »

quant à savoir ce qu'il advenait de Célanie, Levieux, Alfonce, Ali et Niki, il faudrait attendre la fin de leur garde-à-vue au petit matin


notes

1. mélange de l'incipit d'Alice au pays des merveilles, Lewis Caroll, 1865, traduction en français en 1869 par Henri Bué

Alice, assise auprès de sa sœur sur le gazon, commençait à s’ennuyer de rester là à ne rien faire ; une ou deux fois elle avait jeté les yeux sur le livre que lisait sa sœur ; mais quoi ! pas d’images, pas de dialogues ! « La belle avance, » pensait Alice, « qu’un livre sans images, sans causeries ! »

Elle s’était mise à réfléchir...
et de celui d'Aurélien, Aragon, 1944
La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu'il n'aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes. Une étoffe qu'il avait vue sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui portait un nom de princesse d'Orient sans avoir l'air de se considérer dans l'obligation d'avoir du goût. Ses cheveux étaient ternes ce jour-là, mal tenus. Les cheveux coupés, ça demande des soins constants. Aurélien n'aurait pas pu dire si elle était blonde ou brune. Il l'avait mal regardée. Il lui en demeurait une impression vague, générale, d'ennui et d'irritation. Il se demanda même pourquoi. C'était disproportionné. Plutôt petite, pâle, je crois… Qu'elle se fût appelée Jeanne ou Marie, il n'y aurait pas repensé, après coup. Mais Bérénice. Drôle de superstition. Voilà bien ce qui l'irritait.
2; Un temps pour tout, Ecclésiaste 3.1-15


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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Dim 24 Fév - 23:02


chapitre 44

TA PAGE NOCTURNE
court court un méchant bruit

« Ta page nocturne est atteinte à l'identité culturelle nationale en fin de partie », tel était le motif du placement en garde à vue de nos héros des trois territoires, dans la nuit de vendredi à samedi. Ils furent libérés 24 heures et chacun chacune rentra dans son chez soi, Célanie et Levieux Rue de la Fraternité à Montreuil, Alfonce Rue de FoSoBo à Fontenay, AliBlabla et Niki Kleur Bd de Ménilmontant en face du Père Lachaise, Afrodite, relâchée d'emblée pour garder Ronin, Rue des Trois Territoires à Vincennes

Florage, la Dame de Corps délatrice, avait regagné sa chambre trop petite pour deux à l'hôtel Trianon, Gare de Lyon, Bd Diderot, d'où elle m'avait envoyée sa lettre incendiaire

Florage a écrit:J'ai vieilli certes, mais à ce point ? 42 ans et je suis la plus âgée de tes héroïnes ! Étrange, non ? car le troisième âge n'est dans ton livre que masculin. T'as quelque chose contre les femmes de cinquante ans, comme Moix ? Et dois-je te rappeler ce que tu écrivais, à mon âge aujourd'hui !, à la six cent vingt-septième nuit de ton premier roman à propos des « vieilles » du Père-Lachaise : « Elles sont partout les vieilles. En bande, seules.. au cimetière comme au club... dans l'autobus aussi... les vieilles ça fait peur... les vieilles inconnues... sorcières !... font plus bander, alors... Mais sont partout. Comme la mort... Tombes cassées... fissures... pensées... concessions...»
tout était vrai, les vieilles ont mon âge aujourd'hui, celui d'Alfonce et de Levieux, et je n'en pense pas moins, sauf exception. Elle a encore raison en concluant : « Allez, tu trouveras bien une mémé-gâteau un peu moche mais douce, qui me rendra plus jeune et belle. Ma méchanceté, je l'aime bien. »

si l'on est souvent bête et méchant, c'est-à-dire méchant par bêtise, on l'est mieux par intelligence, ce que la paresse de l'époque nomme pervers narcissique, une catégorie psychologique aussi fumeuse que borderline, mais d'usage aussi répandu que bobo parmi tous ceux, légions, qui se contentent de fort peu

la nuit baissant ses froids rideaux sur le soleil d'hiver, les enfants s'étaient hier soir réfugiés chez Mamy Radore, la grand-mère de Calice qui l'élève depuis que sa maman au pays des mères veille. Son surnom, elle le devait certes au fait qu'elle aimait plutôt deux fois qu'une sa petite fille, mais surtout, pour tout le quartier, parce qu'elle surveillait derrière la vitre tout ce qui se passait dans sa rue : mirador dans le sens d'origine du mot catalan, espagnol et portugais signifiant « point de vue, d'observation »

physiquement Mamy Radore ressemble à Tartine, « grand-mère à la force herculéenne et à l'énergie sans limite dont le seul point faible est son cor au pied gauche. Assez maigre, portant un lorgnon, elle a un menton en galoche et un nez crochu ; ses dents sont rares - une en haut et une en bas sont parfois visibles. » Son point faible n'est pas un cor au pied gauche, ni au droit, c'est la goutte, non pas la maladie des articulations mais l'eau-de-vie de noyau de cerise que distillait son défunt mari, ce « brouilleur de cul », comme elle l'appelle encore affectueurement

Mary Radore avait aussi un greffier, et vous l'avez deviné, elle donnait la gougoutte à son chat. Il s'appelait Félice si bien qu'avec Calice, ensemble ça faisait Délice Café. On se souvient qu'au premier jour où Ronin l'avait rencontrée, Calice « était en pleurs parce qu'elle avait perdu sa sœur », mais c'était depuis bien longtemps, sa jumelle mort-née qui s'appelait Lalie, un nom Calice buvait jusqu'à la lie, diminutif de Laetitia, Elaeudanla Teïtéïa...

hier en fin d'après-midi, les deux enfants avaient eu droit, faits maison par Mamy Radore, à des petits choux à la crème Matcha au thé vert, servis avec ce thé dont rêvait Ronin, le futur samouraï sans maître

Levieux avait retrouvé son Coq ovin en cocotte, et comme à quelque chose malheur est bon, le volatile avait vécu utile 24 heures de plus et serait encore bien meilleur, dixit toutes les grands-mères cocottes du monde. Moi à vingt ans, et bien avant d'apprécier la bonne chère, j'en avais pondu l'un de mes proverbes façon Alphonse Allais :

De Si majeur en Sol mineur
Il composa dans tous les tons
Dix symphonies cinquant' lieder

À quelque chose Mahler est bon


car j'aimais déjà la musique, pas le bruit, qu'il courût ou qu'il en fît tout court, étalant comme culturelle sa confidure d'oreille sur les tréteaux de fêtes populeuses : « Faites du bruit ! » à comprendre je suppose « Fête du bruit ! », dernier avatar de la languide « Fête de la Musique » (1) sous-entendant (sic) son injonction d'en faire : d'enfer ? On a beau dire « Mieux vaut entendre ça qu'être sourd », il n'empêche que le bruit rend sourd (2) bien plus que les murmures, qui eux au moins ont des oreilles

un bruit qui court, c'est une rumeur. Celle-ci relève souvent de ce qu'on appelle, de nos jours nées, des "théories du complot", car il y a plusieurs théories d'un même complot, et j'ai la mienne comme j'ai de tout d'une idée (3). Et donc un rumeur courait telle un bruit, un cheval au galop et, au trop qu'il en faisait, facteur d'une propagation acoustique accélérée dans l'air de la banlieue à l'Ouest de l'Est, qu'on nomma le Facteur Cheval

quant à moi, j'avais justement 24 heures de retard dans la mise en œuvre du Coq au vin dans la recette à allant sienne communiquée au chapitre 42, que ma compagne avait acheté hier matin au Marché de Nogent-sur-Marne


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Normal

je les rattrapis en accélérant d'un chouïa (5) le timinge de la susdite recette : mariner jusqu'au soir - le coq dans la cocotte ne ferait pas la différence -, préparer pendant ce temps-là une espèce de fond de coq dans son jus, faire revenir d'on ne sait doux mes os cons cassés, ainsi que la peau sur mes os, faire bien colorer plusieurs minutes, puis couvrer avec de l’eau du robi-net, ajouter un bout qu'est garni et réduire de moi tiers état. L’idée c’est bien récupérer tous les sucres de cuisson et l'égout de la carcasse du coq dans une sorte de jus est un autre, que j'utilisera pour la suite du roman

tu le vois, chère Lectorate, ma théorie du roman outre-réaliste est excessivement radicale, telle un cadavre exquis de coq en stock et de bans dessinés de poisons pissant sur leurs chaussettes sans que leur maman ne les gronde. Sa pratique théorique se résume en cette dialectique à caser lubrique : si l'auteur n'a pas vécu ce qu'il écrit, c'est nul à chier, et si le lecteur, et la lectrice, ne l'ont pas digéré au point le fond de veau mirer, ils n'en auront rien saisi rien sur le vif. Alors leur vie ne vaut pas d'être grand véhiculte, et en un mot, qu'ils crèvent !

AH LÀ EST GRANDE !

avec tout ça, vous me direz, on sait toujours pas quelle rumeur court à grand bruit. Eh bien figurez-vous que moi non plus, et je ne vais tout de même pas en inventer une ; ce serait là, COMME PAR HASARD !!! voler la primeur de la rumeur à @ComplotsFaciles


PS : Dernier des Mots I Can utiliser le Point-Virgule ; au chapitre 3. de Petit(s) point(s) sur la ponctuation, pages 51 à 56, Julien Rault cite Boris Vian, Jean Anouilh, Gérard Genette (qui m'insupporte), Theodor Adorno, Pierre Michon, Marcel Proust, Michel Leiris (mon maître), Julie Gracq... ; Adorno qui n'a pas dit que des conneries sur le jazz : « Seul celui qui perçoit dans la forme musicale la différence de poids des phrasés forts et faibles pourra sentir avec justesse entre la virgule et le point-virgule.» Anagrammé avec 8 lettres sur 12, point-virgule donne éruption, intrigue, liturgie, originel, peignoir, pleuvoir, plongeur, pointure, poitrine, punitive, religion, rigolent, ripoliné, trilogie, vitriole, virulent.... Comment voudriez-vous que, suivant avec Michel Leiris, « ce que les mots me disent », ne m'engage pas ce tangage du langage ? (6)

notes :

1. contrairement à une conviction très franco-centriste, Jack Lang n'a pas inventé l'idée de la Fête de la musique. Elle a lieu le 21 juin dans une centaine de pays. Connue aussi sous le nom World Music Day, elle est d'abord imaginée en 1976 par le musicien américain Joel Cohen qui travaillait alors pour France Musique. Jack Lang, alors ministre de la culture et Maurice Fleuret, directeur de la musique et de la danse du ministère, donnent alors l'impulsion décisive à l'événement et la première fête nationale est célébrée en 1982. Source

2. le bruit rend sourd

L'exposition à un niveau de bruit constant de 85 dB provoque des troubles de l'audition. Tel est le niveau de bruit observé en cas de trafic routier intense. Les marteaux-piqueurs génèrent quant à eux un niveau sonore d'environ 100 dB et dans les concerts rock, les 100-120dB sont presque toujours atteints - comme lorsque vous mettez vos écouteurs pour écouter à fond la musique.
Bruit et surdité
3. voir complot dans mon DICTIONNAIRE DES IDÉES QU'ON SUIT. « COMPLOT : le faux complot est un moment d'une vraie AFFAIRE, théorie de la victime et en même temps théorie de l'accusateur. »

4. Facteur Cheval

5. un chouïa : chouilla, chouya, chouia, chouïa, chouilla : un peu, à peu près, peu, doucement, pas beaucoup... Origine de l'arabe maghrébin chouïa, "petit à petit", puis "un peu". Source : Albert Dauzat, L'argot de la guerre, 1918, Légionnaires et tous les contingents d'Afrique

6. Michel Leiris, Langage Tangage ou Ce que les mots me disent, 1995


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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Lun 25 Fév - 22:36


chapitre 45

JEUNES ET GRIS, VIEUX AIGRIS
seven nuances of grey

« "Le gris c'est plus moderne"... Ma maison gris foncé ! » Alfonce à FoSoBo fronçait le front : « Ya du sourcil à se faire, avec ces jeunes qui veulent la vie en gris ! » La copropriété devait être ravalée, et quelques occupants voulaient changer la couleur de la façade, pour « valoriser notre bien », le genre à acheter pour revendre, dans un quartier en pleine gentrification, où les vieux modestes disparaissaient, remplacés par des bobos pour qui Paris était trop cher, débarquant avec leurs quatre-quatre-diesel qu'ils n'arrivaient même pas à garer !

la dernière arrivée multipliait les initiatives calamiteuses, s'en prenait aux autres au nom de leurs intérêts, qu'ils étaient supposés ignorer. Elle avait pris des photos de travaux extérieurs chez un voisin pour porter plainte à la mairie contre travail au noir, une contre-vérité manifeste, et quand bien même... protesté contre mes chats qui se baladaient sur son mur, et ainsi de suite. Hier, la factrice, une rouquine adorable : « Elle a déposé une réclamation contre moi, au prétexte que je lui apporte pas ses recommandés ! La première plainte en 25 ans de boulot ! » En sept mois, elle s'était faite une réputation dans FoSoBo

fagotée en épouvantail, moche en pou, méchante en teigne, bête en pied, elle s'appelait Lisbeth, et plutôt qu'un calembour facile, Alfonce l'appelait Liznogoude, parce qu'avant même d'être copropriétaire, elle voulait devenir syndic à la place du syndic, sans voir qu'elle serait alors juge et partie et qu'il y aurait conflit d'intérêts au moindre désaccord

Liznogoude avait manœuvré pour devenir Présidente de la copro, comme si on avait besoin d'un président pour sept occupants, qu'elle comptait bien manipuler pour décider à leur place. Le gris foncé, « plus moderne et moins salissant », c'était son idée. Ainsi était-elle passée voir Alfonce un soir, lui présentant, à la lumière artificielle du couloir, un nuancier de couleurs en éventail ouvert sur les gris : « C'est pour choisir la nuance de gris, comme décidé... - On n'a rien décidé du tout... Mais si, j'ai envoyé un mail...» Elle avait eu une réponse positive sur sept ! Alfonce la traita d'aliboronde et lui claqua la porte au nez ; quelques minutes plus tard, son grand con joint : « Excusez-vous, vous êtes vieux, moi jeune, alors si on s'explique... - Tu peux m'étaler, ça te rendras pas moins con ! », et rebelote porte au nez, que le béjaune cogne à grands coups

"le gris plus moderne" ! N'importe quel peintre, en bâtiment ou sur toile, paysagiste urbaniste ou "ruraliste", architecte d'extérieur ou d'intérieur, sait qu'aucune couleur ne vaut pas par elle-même mais avec d'autres et selon la lumière changeante, et ne saurait donc être plus ou moins "moderne". C'était à ressortir la prescription arbracamentête de Rimbaud : « Il faut être absolument moderne ! » (1)

quand le ministère de l'Équipement, et donc du bâtiment, s'était installé dans la Grande Arche à la Défense, en 1989, les bureaux avaient été équipés d'une mobilier métallique gris, parce que cela faisait "plus moderne" que le vieux mobilier en bois revendu aux enchère pour rien, gris souris pour occupants sans sourires et faits comme des rats dans une caserne ou une prison pour travail intensif. Bon, cela valait toujours mieux que les "Bureaux paysagers" (sic) ou les "Open Space" (ouvert sur quoi ?)...


Le pied en moins, la rime en plus
Patlotch, 1989

Ah la la la la quell' méli-mélo, dit...
Boby Lapointe

Le vers zau bout a perdu son désir
La rime s'étant retirée d'un coup
On nous a dit d'inerver le plaisir
Et l'on nous l'a hiberné beaucoup

Tout effet Tout est fait Tout à fait
Mais tout a-t-il été dit de l'eau

On pêche maintenant sans le ver
Le poisson sec naked' l'hameçon
On a raison donnée aux dits vers
Faux poètes et contrefaçons

Tout a été fait en effet
Tout a-t-il été dit de l'eau

On nous bâtit prisons de verre
Mais où sont maisons de maçons
Vous ne verrez rien à travers
Et ne taisons point maudissons


Tout est effet tout à fait
Il en est tout dit dans l'eau

Baudelaire c'est beau de l'air
Et Rimbaud c'est rin beau
Ah Verlaine à l'envers
Apollinaire sur le dos

En effet tout est fait
Tout n'est pas dit de l'eau

On peut faire court
Ou dire long
Avec blancs autours
Dedans allons

ça fait de l'effet
Si c'est dit dans l'eau

Si le sens n'est
Ni la chanson
Où le sourd naît
Ne dansons

Tout a l'effet
De ronds dans l'eau

C'est l'été
Temps n'est fait
Il est beau
Tous à l'eau

Poète la vie
Te prête l'envie
L'effet reflète tes défauts

Poète nul
Se jette nu
A l'eau

Avec sa rime
Il reste sec
C'est rigolo

alors qu'il était convenu il y quelques temps encore de bon ton (sic) de stigmatiser "la grisaille des HLM de banlieue", attribuée aux élus pécéfiens ayant depuis les années trente importé "la grisaille des immeubles immeubles soviétiques", par un retournement de situation historico-hystérique, voilà le gris devenu emblème de modernité, ou plutôt de post-modernité, comme un signe que notre société capitaliste occidentale s'effondrerait comme celle du socialisme réel dont elle prenait de plus en plus le chemin ce que Debord en 1998, avant la chute du Mur de Berlin, dans Commentaires sur la Société du Spectacle nommait respectivement spectaculaire concentré, diffus, puis spectaculaire intégré

et nos héros, pendant ce temps là ? Célanie la Chabine rouge avait repris ce matin à 8 heures son boulot de technicienne d'entretien du matériel ferroviaire au Centre de maintenance SNCF de Clichy Dès son passage du tourniquet de pointage, son chef Gabriel, le Martiniquais : « Alors, on reprend nos conversations sur canapé antillais ? - Je suis pas contre, mais pas envie de choper la chtouille de ta Gillette jaune. Si tu veux mon cul, faudra me présenter un certificat médical de moins de 24 heures, sinon, ta bite en feu, tu la mettras où tu voudras, mais pas chez moi. - T'es remontée, didon, toujours les grands mots... - Aux grands maux l'écran remédie, écran total entre toi et moi ! », puis elle entra aux vestiaires des femmes pour se changer

Niki aussi avait attrapé une saloperie de MST, dégât collatéral du "plus vieux métier du monde", que veulent ignorer des clients plus préoccupés de leur santé, et encore pas toujours. C'était le lock-out sexuel pour Ali qui du coup (2), ou plutôt ne pouvant tirer le sein, se remit à fantasmer sur Afrodite et leurs exploits de l'autre jour aux Trois Territoires. Il prit prétexte d'aller chercher des "fumer-tue" et sitôt dans l'escalier appela la plus belle Africaine. « Que me vaut ton appel, Bel Ali ? Le printemps t'aurait-il chauffé dedans-dehors ? - Tu ne penses qu'à ça ! - Toi jamais, c'est connu... -  C'est-à-dire... - Cad rien. Tu viens à quelle heure ? - Mais... Niki... - Tu veux niquer ou pas ? - Ça dépend... - Non. Je t'attends à 15h56. - Je... » Elle avait raccroché. Ali oublia les clopes et remonta en calculant pour y aller. Niki : « Tu m'en donnes une, mon chou... - Yavait plus de Chamelles... - Retourne pour des Dromadaires, le Boss des cigarettes ! »

je repensai à la sentence théorique du Savant de Marseille : « Tous les hommes s'approprient toutes les femmes. » À observer la sienne, d'épouse, s'exprimer sur cette théorie du genre à "communiser", autrement dit pour eux abolir toute différence entre hommes et femmes, qui aurait douté un instant qu'il se l'était appropriée, et la voir hésiter, lorgnant sur son théoricien de mari, en Hélène de cet malheureux communiste faisant un beau virage avec ses gros sabots troqués "genre et classe", en devenait gênant

car qui n'est pas gêné devant le triste spectacle de couples de cette espèce, chez lesquels transparaissent des rapports hiérarchiques, qu'ils se touchassent ou plus ? Voir le Pape de la Communisation retourner contre "tous les hommes" ce qu'il vivait honteusement lui-même, n''était-ce pas un comble pour lui qui affirmait « J'ai du mal avec le "perso"... » C'est le moins qu'on puisse dire : « Du mâle avec le cul dont tu fais théorie, tu veux dire, Herr S ?! » Lamentable généralisation à toute la planète d'une "expérience" amoureuse et sexuelle digne du potache khâgneux qu'il était demeuré, marié à vingt ans, frustré depuis quarante

pour le coup, et le tirer de ma substantifique moelle, cher Savant de Marseille, tu devrais lire mon roman, y parfaire ton édukâtion, - mieux vaut tard que jamais, tant que tu peux encore, un peu et sans passion. Concernant ton pitoyable « Patlotch préfère la Col­lec­tion Arle­quin à la Série Noire », t'es pas à une "ineptie" près, toi qui ne manques pas de les relever chez les autres, et quant au "Sexe sans excès", tout le monde a bien compris que le minimum d'échanges sexuels est ton idéal puritain communisateur de LA femme avenir de l'Homme nouveau ... sans nuances mais gris !

grise encore, la mine de Lauteur, 67 ans, hors d'âge aigri, aigriculteur de sa maigreur d'esprit, épris de gris-gris littéreux poussiéraires, comme la bien nommée « littérature grise » par les documentalo-archivistes des documents produits par diverses instances publiques, commerciales ou industrielles, soumis aux règles de la propriété intellectuelle, et non contrôlés par l'édition commerciale

dans la littérature et allants tours, c'est pas pareil, le gris est une couleur, vraiment

Deux cents peaux de renard gris ou rouge, La Pérouse, Voyage de -, t. 3, 1797

Toute théorie est grise, mais vert florissant est l'arbre de la vie. Goethe [excellent contre tout théorisme !]

Les cheveux gris sont des archives du passé. Edgar Allan Poe, Manuscrit trouvé dans une bouteille, 1833

J'ose espérer qu'elle jugera l'essai comme ma tête grise l'a jugé; car, en avançant dans la vie, on prend de l'équité de cet avenir dont on approche, Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. 2, 1848

Rejetez le noir, et ce mélange de blanc et de noir qu'on nomme le gris. Rien n'est noir, rien n'est gris. Ce qui semble gris est un composé de nuances claires qu'un œil exercé devine. Paul Gauguin [excellent pour mon ravalement de façade et Liznogoude...]

Le ciel gris de nos mornes pensées, Jean Moréas, Les Syrtes, 1884

Le péché qui est la tiédeur, le gris, le manque de fièvre, le péché, c'est-à-dire tout ce qui contrarie l'amour, Barrès, Un homme libre, 1889

Par parti pris, je travaille pour les pensionnaires, je me fais plat et gris. Ensuite avec Nana, je rentrerai dans le féroce, Zola, Correspondance, 1902

Que vous n'aimiez pas, c'est un malheur, un malheur calme et gris, oui, Annie, un malheur ordinaire, Colette, Claudine s'en va, 1903

Ce brouillard gris et froid, Alain-Fournier, Correspondance, 1905

La servante apporta ce vin gris de Lorraine, où se rejoignent le goût de la framboise et celui du raisin frais, Léon Daudet, Vers le roi, 1920

Sa pelisse en ventre-de-gris, Colette, Sido, 1929

Verdier avait tué de bonne heure un loup gris, Henri Pourrat, Gaspard des montagnes, 1930

Je veux voir nos corps gris se prendre et se casser aux plis des rideaux de ma chambre... L. de Vilmorin, La Fin des Villavide, 1937

Peu importe que le chat soit gris ou noir pourvu qu'il attrape les souris. Deng Xiaoping

La vie est grise, avec tous ces gens consternés ressemblant à des parapluies en train de sécher
. Frédéric Dard, Réflexions jubilatoires sur l’existence

Les dimanches ratés tournent en robe grise au rythme languissant des valses de l'ennui. Francis Blanche

La nuit, tous les ivrognes sont gris. Professeur Choron

pour finir ce panorama en gris, au pluriel, prolonger et rectifier l'affirmation de Gauguin : « Rejetez ce mélange de blanc et de noir qu'on nomme le gris. Rien n'est noir, rien n'est gris. Ce qui semble gris est un composé de nuances claires qu'un œil exercé devine. », il a raison concernant le rejet des gris obtenus en mélangeant noir et blanc. Sont bien plus beaux ceux obtenus par mélange de couleurs complémentaires, cad en fait des trois primaires bleu, jaune, et rouge. Il a tort en parlant des gris comme "nuances claires", certaines pouvant être sombres. mais il y a plus, un gris sans nuance de couleur, autrement dit strict mélange de noir et blanc, apparaît coloré dans une environnement de couleur, et coloré par sa complémentaire : un gris moyen sur fond rouge, ou entourant un rouge, deviendra teint de vert ; de bleu, orangé : de jaune, violet, etc. On doit de l'avoir établi expérimentalement et scientifiquement à Joseph Albers[/url], professeur au Bauhaus de Müniche entre 1923 et 1933, considéré comme un des initiateurs de l'art optique, ou Op art, et son Interaction des couleurs, comme un classique de l'enseignement des arts visuels.

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Albers-1280%20(abstrait%20art%20optique)(allemagne)

quant aux nuances de gris, elles n'ont pas de valeur absolue, un même gris sur fond noir paraîtra plus clair que sur fond blanc, comme dans n'importe quel contraste de valeurs

bien plus de 7 ou 50 nuances de gris, pour les cinéphiles et les culophiles


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 2713f32f15_50100887_3831-couleur-120

alors, est-il vrai que la nuit tous les chats sont gris ? « Ça dépend, dit Levieux - De quoi ? demande Alfonce - Vous n'allez pas recommencer ! leur dis-je, -  T'es qui, toi je me mêle ? - Une nuance de gris...»

et je montère me pieuter. Bonnuite à toussétoutes !


notes

1.

Dans un article de 1988 (« "Il faut être absolument moderne", un slogan en moins pour la modernité », Modernité Modernité, Folio Essais), Henri Meschonnic tente de montrer que, chez Rimbaud, toujours, « la valeur du mot 'moderne' est péjorative » et que ses « il faut » indiquent de façon constante une obligation s'imposant au sujet, une contrainte extérieure. En vertu de quoi il attribue à la formule un sens de « dérision » et y diagnostique « un constat de défaite » : « l'acceptation amère du monde moderne ».

Dans le contexte d'optimisme volontariste de cette fin de texte, l'"absolument moderne" (comme plus loin les "splendides villes") me paraît plutôt représenter pour Rimbaud une façon moins exclusivement poétique, plus incarnée dans un réel concret, de dire ce qu'il appelle ailleurs abstraitement "l'inconnu" ou "le nouveau". Rimbaud ne dit rien d'autre ici que lorsqu'il expliquait à Demeny, dans sa lettre du 15 mai 1871, que le poète selon son cœur "serait vraiment un multiplicateur de progrès", serait celui qui "définirait la quantité d'inconnu s'éveillant en son temps dans l'âme universelle", celui par qui "l'énormité" (ce qui est hors norme, voire considéré comme a-normal) deviendrait "norme" et serait "absorbée par tous".

On ne peut plus clairement exposer une conception révolutionnaire de la notion de progrès. C'est sans doute pour guider le lecteur dans ce sens que Rimbaud a ajouté ici l'adverbe "absolument" : pour qu'on comprenne qu'il ne s'agit pas d'être en admiration béate devant le monde moderne tel qu'il est mais plutôt de se tenir aux aguets, ouvert à tout ce qui pourrait survenir de radicalement neuf et mériter le nom de progrès.

Adieu (Une saison en enfer, 1873-1875), Claude Jeancolas, décembre 2008
2. du coup :  tiré par les cheveux le diable par la queue. Du coup, merci à l'auteur de : « En fait, il faudrait arrêter de dire "du coup" », Causeur 25 janvier 2019. Source : DICTIONNAIRE DES IDÉES QU'ON SUIT


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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Mar 26 Fév - 22:29


chapitre 46

HISTOIRE(E) D'OUTRE(S) RÉEL(S)

ma lectorate la plus attentive, car il est chez elle une gradation d'attention, n'aura pas manqué de relever la polysémie, donc l'ambivalence de OUTRE-RÉEL, double par outre et par réel. Examinons ce qu'en dit Ortolang, Outils et Ressources pour un Traitement Optimisé de la Langue. Extraits
I. − Préposition
A. − En plus de.
Il avait là pour domestiques, outre le portier, cette femme de chambre Nicolette qui avait succédé à la Magnon, et ce Basque essoufflé et poussif dont il a été parlé plus haut. Hugo, Les Misérables, t.1, 1862

B. − En outre de + subst. En plus de.
En outre de l'office divin, ils prêchent, ils défrichent les âmes dans le Nouveau-Monde. Huysmans, Oblat, t.1, 1903,

II. − Adverbe
A. 1. Adv. de lieu, vieilli ou littéraire Passer outre. Poursuivre au-delà, plus loin.
Nous poursuivîmes notre chemin. Le pont était désert, à cela près qu'un mendiant et une mendiante s'y rencontrèrent (...) Nous passâmes outre, sans plus faire de rencontre. Anatole France, Contes du Tournebroche, 1908

2. Au fig. Plus loin, au-delà.
Mariette, simple comme la simplification, devinait l'invisible. Elle évoluait à l'aise dans ce climat enfantin. Elle ne cherchait pas outre. Cocteau, Les Enfants terribles, 1929

Aller, passer outre.
Je crois que ses idées ne sont pas applicables pour le moment; c'est pourquoi je propose de passer outre. George Sand, Les Compagnons du Tour de France, 1840

− Vieilli. Plus outre. De plus.
J'étais la seule maison de paysan qui vous fût ouverte comme à un frère (...). Plus outre, j'étais, absolument parlant, la seule maison de paysan qui vous fût ouverte. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, 1910

B. − [Dans une loc. adv.]
− Littér. Outre-mesure. Au-delà de ce qui convient, excessivement.
Je viens donc vous demander la faveur de la lire [une chronique], au comité d'administration. C'est l'affaire de dix minutes. Et il jugera si cette fois la chose en vaut la peine, et en tout cas, ne s'ennuiera pas outre mesure pendant les huit ou dix minutes... Villiers de L'Ile-Adam, Correspondance, 1887

En outre. De plus, en plus (de cela); de surcroît.
Ces animaux, par la composition de leur système nerveux, possèdent donc deux facultés distinctes; savoir : celle du mouvement musculaire, et en outre, celle de pouvoir éprouver des sensations. Lamarck, Philosophie zoologique, t.2, 1809

− Vieilli. D'outre en outre.
En entrant, j'avais frappé au hasard un coup terrible, devant moi, sur quelque chose de noir que j'avais traversé d'outre en outre
premier exemple qui vient à l'esprit, lues ou pas, les Mémoires d'outre-tombe, de Chateaubriand, écrites de 1809 à 1841, entre 42 ans à 73 ans. Le dernier en date pour moi, Voyage en outre-gauche. Mai 68. Paroles de francs-tireurs des années 68, de Lola Miesseroff en 2018 :
C'est une autre vision de cette période que l’auteure donne à connaître et à comprendre, celle d’une mouvance hétérogène, « l’archipel outre-gauche », qui va des anarchistes indépendants à l’ultragauche en passant par les situationnistes.
alors de quoi L'OUTRE-RÉEL est-il le nom ? L'occasion m'a été donné de l'expliquer, et cela ressort des situations vécues par mes personnages au fil des chapitres, mais je veux préciser ici que les sens visités dans l'encart d'Ortolang sont, hormis des expressions désuètes ou littéraires, tous possibles et désirés en même temps (insupportable macronisme jusqu'à l'inopportun), ou alternativement, comme c'est le cas dans ce roman

il conviendrait d'y ajouter le sens du nom commun de la chose : une outre, à l'origine « Peau de bouc cousue en forme de sac et qui sert à conserver ou à transporter des liquides, notamment dans certains pays de la Méditerranée et du Proche-Orient. », que rend célèbre l'expression Outre pleine de vent de Montesquieu dans Les lettres persanes

Dans la lettre 142, le système de Law est décrié de façon allégorique. L'économiste John Law est figuré par le fils d'Eole, dieu du vent, et son invention des billets (sans valeur car la planche a billet avait été activée à outrance par le régent Philippe d'Orléans) est représentée par les outres pleines de vent
on apprend encore d'Ortolang que le mot peut désigner le contenu même de l'outre, passant pour ainsi dire du signifiant au signifié : « Avant de brider leurs mules pour gagner le large, [ils] achevèrent leur outre à moitié bue. » Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1841 ; et que l'Outre enflée était un jeu très en faveur chez les paysans antiques, en Grèce en particulier : « Nous allâmes voir les taureaux, puis les jeux sur l'aire, les luttes d'homme, les trois sauts, l'étrangle-chat, le jeu de l'outre » Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, 1869

enfin dans l'expression manger ou boire comme une outre, énormément, le sens figuré rejoint physiquement le sens de la chose, le gros mangeur ou le grand buveur devenant outre : « Bois, mange, arrondis-toi comme une futaille, emplis-toi comme une outre. » Dumas père, Le Vampire, 1865

forts de ce qui précède retenons qu'outre, et donc OUTRE-RÉEL, peut signifier, ensemble ou séparément : en plus de réel, plus que réel, passer outre le réel, réel outre-mesure, réel de surcroît, rempli ou gonflé comme le réel, avide comme le réel, et c'est bien, moi du moins dedans et face au réel, les impressions que me donnent le réel

où l'on voit que ça devient bien compliqué, d'être en outre et à la fois confronté au réel, et d'outre en outre au roman de l'OUTRE-RÉEL, comme auteur ou lecteur.e, ce qui devrait rendre modeste quant à toute théorie de la représentation du réel, et plus encore méfiant quand elle devient par trop conceptuelle, ou pour tout dire philosophique et idéaliste, car on l'aura compris, ces considérations philosophiques pré- et post-liminaires ne proposent pas une philosophie de l'outre-réel comme tant d'autres une "théorie" de tout et n'importe quoi, mais une pratique artistique, poétique, etc. en outre et en même temps

je ne m'étendrais pas, souvent abordé, sur mon rapport au réalisme en art, mon rejet de toute poétique révolutionnaire bien compris (le rejet, par la poétique), a fortiori de tout réalisme socialiste, et de tous ses avatars en gauchisme esthétique depuis 1968. Je saisis l'occasion pour saluer Les Lettres Françaises @les_lettres_fr @Louise_Lame @artistmasson en référence à une échange sur les "rouges" du peintre Édouard Pignon, et de son fabuleux essais de 1966


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1966, édition originelle
Édouard Pignon a écrit:Je notais sur mes carnets uniquement le dessin, rarement un peu de couleur. Je griffonnais. Les grands coqs de combat, aux pattes armées d’ergots d’acier qui sont de petites épées ficelées avec une lanière de cuir, paraissaient d’énormes guerriers au niveau de ma tête. Quand ils s’approchaient du grillage, ils devenaient à mes yeux, gigantesques. Les coqs se battaient sans cesse et mouraient.

Si je dessinais un bec, ou une tache exprimant le bec, eh bien ! le bec avait déjà disparu depuis longtemps, il s’était déplacé cent fois. J’essayais de noter l’aile, mais l’aile battait vite, elle était mille mouvements, elle était toujours ailleurs. Alors je notais, j’arrivais à noter cinq ou six mouvements dans un seul dessin : ce qui m’a fait comprendre que le mouvement, en peinture aussi, était continuité plutôt que décomposition, et il fallait en rassembler les stades en une seule expression, et non en figer une phase après l’autre.
ou encore ceci :
Eh bien justement. La peinture ne veut rien dire, elle ne veut rien démontrer, elle veut seulement être. Et on ne cesse de la tuer en la faisant parler. Tu sais, comme les chiens: "Il ne lui manque que la parole". On lui a mis la parole. On l’a barbouillée de littérature, ou de philosophie, de tout ce qu’on voudra. Résultat : si on lui prend les mots qu’on met autour, elle perd son sang, elle devient exsangue et c’est la catastrophe : il ne reste rien.
c'est devant un des Grands nus rouges, au Centre Pompidou en 1990, que mon amie Sylviane Maillet, Coriane la Comtesse de Livredel, dit ceci : « La peinture on ne peut que la regarder. »

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Edouard-pignon-picasso-fauvisme-ecole-de-paris-peinture-art-moderne.708

et j'entends déjà les adeptes de Lauteur, tous ces ânes arriérés bêtes ballots bédoles bornés bouchés brèles buses cloches cons connards cornichons couennes couillons crétins croûtes cruches culs débiles dégénérés demeurés emmanchés enflés faibles d'esprit fourneaux ganaches gourdes idiots ignorants imbéciles impuissants incapables inaptes ineptes inintelligents manches melons minus moules niais noix panouilles poires ramollis sinoques sots stupides... bref toutes les outres outrecuidançant la le branle du chef, la courante des précieuses ridicules, la gavotte gavante, le menu menuet pièce de résistance, tous-ensembleu-tous ensembleu dans une chorégraphie idéologique bien loin de Marx :
Monsieur le Capital et Madame la Terre mènent leur danse macabre...
La trinité économique Capital-Profit ou mieux Capital - Intérêt, Terre - Rente, Travail - Salaire [...] achève la mystification de la production capitaliste, complète l'objectivation des rapports sociaux et marque l'interdépendance des conditions matérielles de la production et de leur rôle historico-social. Elle est la formule de ce monde ensorcelé et renversé, dans lequel Monsieur le Capital et Madame la Terre font les revenants et apparaissent tantôt avec leurs caractères sociaux, tantôt comme de simples objets.
Le Capital - Livre III, Le procès d'ensemble de la production capitaliste, XLVIII : La formule tripartite, 1965
la mystification n'est pas ici d'abord économique, elle est dans la réduction et la simplification du rapport intrinsèque et insécable à la réalité, de la représentation, - affects, percepts, concepts -, que seule une poétique d'ensemble, outre toute philosophie et toute théorie, peut oser et proposer, comme tente de le faire L'OUTRE-RÉEL, cycle romanesque et poétique, microcosmique et musical, mélancomique et théorique

et les personnages, ces z'héros ? Et le roman "proprement dit" ? Bof... un roman qui n'est pas un peu sale, qui ne pue pas du bon bec de Paris ou d'ailleurs d'ailleurs, et qui ne gueule pas comme Flaubert... mais à quoi bon l'écrire, et à quoi bon le lire ?

À l'épreuve du gueuloir
Les brouillons sont la trace de la lente gestation des phrases, jusqu’à leur équilibre sonore et leur plus grande intensité stylistique. Cet équilibre, c’est la voix, la musique de la phrase, qui le prouvent. Flaubert est penché sur ces pages, comme le décrit Maupassant : "Son regard ombragé de grands cils sombres courait sur les lignes, fouillant les mots, chavirant les phrases, consultant la physionomie des lettres assemblées, épiant l’effet comme un chasseur à l’affût"

Mais il est aussi cette voix qui sort de la page, qui essaie la juste sonorité, en passant toutes les phrases à l’épreuve du "gueuloir", pour vérifier la justesse de la prose : "Les phrases mal écrites ne résistent pas [à l’épreuve de la lecture à voix haute] ; elles oppressent la poitrine, gênent les battements de cœur, et se trouvent ainsi en dehors des conditions de la vie."

Les milliers de feuillets des brouillons, tramés de ratures, devraient également être "écoutés", comme bruissants de la prose sonore qui s’y essaie, avec, au loin, Flaubert : "Je vois assez régulièrement se lever l’aurore (comme présentement), car je pousse ma besogne fort avant dans la nuit, les fenêtres ouvertes, en manches de chemise et gueulant, dans le silence du cabinet, comme un énergumène !", Lettre à Madame Brenne, 8 juillet 1876
« Devenir des zéros d'un non-roman ? Très peu pour nous ! » Ainsi parlait tard à tous c'tas de lectrices et dit fientes et lecteurifiés l'un de mes personnages dont la sécurité m'oblige à taire le nom, mais sachez qu'il ou elle exprimait l'avis de la majorité silencieuse, dûment consultée par sondage exclusif et privé. Il n'était pas question pour elles et eux devenir les moins que rien qu'ils étaient déjà. Au besoin referaient-il grève avec le mot d'ordre du chapitre 11. Patlotch démission !

car ils ne l'entendaient pas de cette oreille au pied du mur des cons esbaudis de tant de virtuonsicté et d'érude diction. Le chapitre ne se terminerait pas sans qu'ils y mettent leur grain de sel de guirlande, tenez-vous le pour docte !

en effet, quel est dans ce roman, ou tout autre, le statut du personnage, cette sorte de statue dont l'auteur tombe amoureux tel l'écrivait Desnos : « Prométhée moi l'amour ! » dans Corps et biens en 1930, appel au secours du poète prolongé de l'admirable de lapine contrepet dont j'ai fait ma devise : « Les lois de nos désirs sont des dés sans loisirs » : d'aider sans loisir ?

Alfonce s'en foutait comme de l'en-cas rentes, il n'était pas rentier, ne faisait pas d'argent en dormant sur ses deux oreilles, il était sourd comme un mur du son le soir au fond des bois sur Fontenay, Vincennes et Montreuil. Il n'avait pas de territoire et le sien donc pas de frontières, de limites, de papiers à montrer aux douaniers et douanières pour une raison simple à défaut d'être bonne : il ne sortait pas de chez lui

Levieux était excité comme une puce sur le dos d'un chien de rue. Demain serait un grand jour, une grande première : il poserait comme mannequin du troisième âge et du premier sexe pour une styliste japonaise de haute couture, spécialisée dans le vêtement transgenre. Il devait « porter jean noir ou normal - il mettrait un Levi's 501 d'Ali, trois tailles au-dessus de la sienne -, un pull noir simple col haut ou col rond (pour la photo de chemise transparent de L’UNE) des snikers blancs ou noirs. » Telles étaient les consignes de la modéliste qui déciderait de sa carrière d"épouvantail

il n'avait jamais posé qu'une fois, comme "modèle vivant" dans un atelier de peinture animé par son amie Fadia Haddad, Couleur H de Livredel


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 00
Fadia Haddad, Masques
Fadia Haddad a écrit:Ces masques ne cachent rien, ce sont des formes qui nous habitent, ils ne dissimulent pas, ils nous révèlent // Certains sourient, se moquent, s'interrogent, s'étonnent ou aiment.

Je cherche la beauté profonde, le mystère et la poésie dans la peinture. Mais pas l'esthétisme. Les Masques me plaisent parce qu'ils sont simples et profonds, et j'ajouterai mystérieux aussi. Je cherche un état poétique, suggéré et non pas représenté...

Aller dans la profondeur et l'essence de l'inconnu implique des sacrifices énormes. La peinture est un facteur d'épanouissement terriblement douloureux. Mais c'est un bon travail sur soi. Le va-et-vient entre la peinture et la vie génère une spirale : un échange perpétuel de clefs, de coups de pouce pour ouvrir de nouvelles portes. Cela donne de la souplesse à l'esprit. On souffre beaucoup, mais on ne s'ennuie jamais. Et puis, quand l'œuvre est terminée, il y a la jouissance violente (...)

L'enjeu n'est pas de représenter le masque pour le représenter. Je n'en ai rien à faire. Je veux arriver à traduire à travers ce thème un état qui soit poétique, défini, et en même temps qu'on puisse interpréter de mille et une manières. Pénétrer le masque et en sortir quelque chose de dense et de poétique à la fois. Je travaille jusqu'à arriver  à cet état. Tout en ayant l'apparence de la légèreté ce qui ajoute à la difficulté de la chose.
source, Patlotch 2010 LIVREDEL VII & IX : des feintes fins des faims

Célanie elle n'était pas à la fête. Elle était rentrée vidée, en colère contre elle-même, de sa journée au Centre de maintenance SNCF de Clichy. Non, ce n'était pas Gabriel, son chef, qui l'avait mise en cet état, il lui avait foutu la paix, mais Maurice, du chapitre 38, train-train commun lundi ça va ? le nouveau de son équipe de technicien d'entretien du matériel ferroviaire, le « grand baraqué, haut, large, et fort en cuisse. Fort en gueule aussi... bacchantes à la française, cheveux grisonneux en queue de cheval attachée par un élastique bleu-blanc-rouille. »

le Maurice avait tenté un nouveau truc : « Je vais te dérider avec mes vannes, poil-de-carotte... », allusion à sa tignasse rousse de Cabine. Elle l'avait très mal prit, et sans rien dire, surpris d'un coup de poing en plein thorax, étouffé, déséquilibré. il était tombé dans la fosse de réparation des wagons, et s'était salement esquinté une jambe. On avait appelé l'équipe de soins... Diagnostic :  "double fracture ouverte tibia péroné". Pas de témoin, sa parole contre la sienne... Convoquée chez Gabriel, il l'avait mise à pied une semaine pour « agression outre-mesure d'un collègue inexpérimenté. », mesure illégale qui nécessitait une procédure disciplinaire, mais en attendant, elle ne pouvait que s'y sous-maître

Leveux, outre-mère, lui donna un calmant, lui prépara sur son conseil une tisane de verveine queue de rat de la Guadeloupe « utilisée pour mieux gérer son stress » , avec un ti punch CRS : Citron, Rhum, Sucre, la mit au lit, puis traversa le palier pour rentrer chez lui, où il repassa le Levi's d'Ali et son tee-shirt noir afin d'être fringant demain, un outre jour, le sien


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Message par Patlotch Mer 27 Fév - 21:14


chapitre 47

LEVIEUX, LA VIEILLE, ET LES ENFANTS

mercredi 27 février 2019

à l'allumage de ma machine ce matin, une alerte facebouke : « Anita Litvakovna vous a invité à aimer sa page », et en haut de cette page avec moult symboles de cœurs et drapeaux noirs :

coutoentrelesdents a écrit:25 février, 17:00 ·
coucou! un gros bisous à vous qui likez et suivez la page! ça nous fait chaud au d'avoir de vos retours sur les stickers, l'infokiosk, la musique, ou que vous participiez avec nous à diffuser des contenus émancipateurs! Si vous voulez nous aider hésitez pas à invitez vos ami.e.s à aimer et partager la page et ce qu'elle diffuse!Un grand merci d'avance!
elle n'est pas de mes "amis", mais 4 sur 22, à peine acceptés qu'ils m'aient sollicité ou l'inverse, sans le moindre échange par ailleurs, m'ont demandé de "liker" leur "page" ? Ainsi des Éditions Syllepse, de Palim.Psao-Critique de la valeur, Agitations.totos., teux devant le savoir vu nos précédents échanges, ou le vérifier avant de demander que les aime quelqu'un qui affiche des positions manifestement incompatibles. Voilà le nouveau militantisme communicationnel à distance, le même type de propagande que les grands médias et les partis politiques, faire du chiffre, du nombre et du nombril au soleil virtuel et à l'ombre de leurs jeunes écrans enfleurs. Je les ai virés aussitôt de ma liste, avec deux mots d'explications :

si quelque chose me plaît je le dis moi-même, et si je ne le dis pas, c'est pas forcément par inintérêt sans quoi je n'aurais pas demandé ou accepté cette "ami"tié faceboukienne. Comme disait Lacan : « Aimer c'est offrir quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas », en l'occurrence un désir d'être aimé, pas toujours réciproque. Le reste c'est forcer la main, ou plutôt le cœur. Et que retire-t-on d'un "amour" que l'on sollicite, sinon toujours moins que de celui qui s'exprime spontanément, justement parce qu'il vient d'un désir véritable, de cœur ou de cul, l'un ou l'autre ou les deux ?

résultat, j'ai diminué d'un quart mes "amis" et gagné une proportion croissante de femmes, dont la plupart ne sont pas là pour me propagander, ce dont je les en remercie. En toutes choses dans la vie, je me contrefous du nombre de mes prétendus "amis" et ne fonctionne jamais au chiffre que ce soit en matière de sentiments ou d'argent. Concernant mes relations avec tout autre, mon principe de réciprocité repose sur les affinités électives, c'est d'ailleurs écrit dessus : Patlotch => Potlatch ! Alors que ce sont des partisans de "l'immédiateté sociale entre individus", fondement de leurs rapports nouveaux dans la société communiste ou communauté humaine, et qu'elle est censée motiver ces radicaux-là, le moins qu'on puisse constater, c'est que leurs mœurs se rapprochent davantage d'échanges d'intérêts, même s'il ne sont pas d'argent. Ils se vendent et s'achètent entre eux sur le marché des idées, quand ce n'est pas des sentiments et du cul...

on se souvient de l'épisode de lundi matin dans le chapitre 45, entre Niki, qui avait chopé une MST, d'où lock out sexuel pour Ali, celui-ci fantasmant Afrodite et prétextant d'aller chercher des "fumer-tue" pour appeler la plus belle Africaine, conversation qui s'était soldée ainsi : « Tu viens à quelle heure ? - Mais... Niki... - Tu veux niquer ou pas ? - Ça dépend... - Non. Je t'attends à 15h56. - Je... » Elle avait raccroché. Ali oublia les clopes et remonta en calculant pour y aller. Niki : « Tu m'en donnes une, mon chou... - Yavait plus de Chamelles... - Retourne pour des Dromadaires, le Boss des cigarettes ! »

Niki avait flairé l'affaire et, quand Ali revint avec les Dromadaires, lui proposa un petit plaisir sans risque pour lui. Il s'y livra presque contraint - ou que dire ? -, et fut si bien vidé qu'il en perdit l'envie d'aller voir Afrodite. Lâchement, il envoya un essèmesse : « Désolé, un empêchement, je dois réviser mon partiel de linguistique animale contextuée en milieu rurbain... -  Un conseil de révision, Bel Ali, ne rate pas l'arrivée du printemps, et ne vis pas partiellement. - Je viendrai une autre fois... - Des promesses, espèce de procrastinateur, prends garde à la queue, qui est plus longue que la tienne, devant ma porte. - Je ne suis pas jaloux... - Et moi pas sans limites, encore qu'il faille les trouver. Bon partiel, mais ne fais plus les choses à moitié, Bye. » Elle avait raccroché, et lui n'avait pas de partiel à réviser...

un bruit court, la rumeur disant que dans mon roman, les femmes sont cruelles. Ah bon ?

Alfonce en se levant à l'aurore avait pu vérifié une vérité météorologique locale, du genre de celle que savent d'expérience les paysans. Il ferait beau et clair, il le savait depuis hier soir de sa chambre sous pente. Comment ? On entendait les trains de la ligne E du RER bien nommée Éole, Est Ouest Liaison Express qui reliaient le Vla-de-Marne sud à Paris Saint-Lazare en passant par Val-de-Fontenay, ainsi que le trafic routier sur A86 le périphérique d'Île-de-France, qui longeait la voie ferrée.


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Carte_grand_paris_bis

Pourquoi ? À cause du vent, d'où Éole, mais pas un vent venu de loin, non, un vent local produit par conditions atmosphériques particulière en l'absence de vents du sud à au nord-ouest, portant des nuages de pluie. En effet, jamais ici ne souffle un vent d'Est, c'est la dépression entre air chaud sur Paris et air refroidi par le Bois de Vincennes ou la Marne qui crée ce courant d'aspiration propice à un ciel propre, et contenant la pollution parisienne, qui plonge la cuvette des 11e, 12e, et 20e arrondissements dans une brume qui ne se lève que plus tard. Et ce vent local porte les bruits dans l'air qu'il nettoie, particulièrement sur les hauteurs de FoSoBo, sur le plateau de Fontenay. Alfonce tenait cette explication d'un voisin italien de son âge, qui était née dans cette rue autrefois de Ritals

la séance de pose de Levieux était tenante dans un appartement rue Touedic dans le 10e, un quartier de boutiques de modes, détaillants ou grossistes. La modéliste lui fit passer des pantalons noirs à profil de poulette, étroits en bas, amples en haut, avec ou sans plis ; en haut tee-shirt gris ou noir, dessus une chemise transparente en soie ou un veston, et pour finir une combinaison smoking, le tout en tissus de fabrications japonaises spéciales, légers, souples et doux sur le corps

ainsi déguisé, il se trouvait parfaitement ridicule, comme il aurait pensé de quiconque, homme ou femme, puisque ces vêtements se voulaient unisexes. La styliste avait fait des "shootings" en lui demandant d'être "décontracté" et "naturel", ce qui ne lui demandait rien d'autre que d'être comme d'habitude, les vêtements n'étant pas supposés le changer, sauf peut-être les uniformes, mais il n'avait pas essayé depuis le service militaire. L'uniforme "camarade dans la tête", cela même il l'avait envoyer valdingué avec les théories habillant leurs idéologies, alors les fringues.... Poses près d'une fenêtre, entrant dans le salon et saluant ces dames, seul ou en compagnie d'une femme accoutrée dans le même genre, entre deux âge mais plus près du troisième en épouvantail de luxe

au bout d'une heure-trente-huit minutes, elle lui paya les 100 € qu'elle avait proposés, lui fit signer et une facture pour les impôts au Japon et une contrat l'autorisant à toutes utilisations médiatiques des clichés. Il n'avait pas à s'inquiéter d'être reconnu ainsi fagoté, et retrouva avec plaisir le Levi's d'Ali et sa chemise trouée

en rentrant, il reçut un appel d'Afrodite, elle devait s'absenter pour la soirée et n'avait personne pour garder Ronin, est-ce qu'il voulait bien passer... Pas de problème, avec plaisir, longtemps que je n'ai pas vu des enfants... Il y fut à 19 heures quand elle partait. Ronin était jouait au scrarablais avec sa voisine Calice, une charmante blonde aux yeux vairons : « Ma Mamy Radore elle vous invite à manger la soupe, qu'elle dit. - Volontiers, j'ai rien dans le ventre depuis ce matin. - Alors on y va, on finira la partie demain, toute façon c'est moi qui gagne. Ronin il connaît pas les mots du dictionnaire, il confond toutes les langues...»

il me faut maintenant faire une révélation capitale et attirer l'attention de ma lectorate sur un point essentiel lorsqu'on lit un roman, le plus réaliste serait-il : l'auteur n'écrit pas tout ce qu'il sait, et il ne sait pas tout. Il reste des pans entiers de la vie et des pensées de ses personnages qu'il ignore ou cache, et ceci dans le plus détaillé des romans, chez Balzac, Tolstoï, Zola, Proust... Tout ça pour dire que si je connais dans ses moindres détails la soirée passée entre Levieux, la vieille, et les enfants, je n'en dévoilerai rien

ainsi ma lectorate sera-t-elle appelée à réfléchir sur le rapport entre le roman, ou n'importe quel écrit, et la vraie vie, le réel. C'est bien le moins qu'ambitionnant d'écrire l'outre-réel, je dise aussi que je n'écris pas tout, que je le connaisse ou non. En tant que premier romancier de l'outre-réel au monde, je suis aussi le premier faire dans son roman cet aveu : « Là, excusez-moi, je ne sais pas ce qui s'est passé, ce qu'ils ont pensé. Ou bien  : j'en connais une partie mais ne l'écrirai pas, et ne dirai pas non plus pourquoi »

avez-vous déjà lu un romancier s'excuser de ce qu'il ne pouvait ou ne voulait pas écrire ?


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les chapitres de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne, court court un méchant bruit 45. jeunes et gris, vieux aigris seven nuances of grey 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants


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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Jeu 28 Fév - 19:58


chapitre 48

UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE DE FOSOBO À MOSOBO

jeudi 28 février

FoSoBo est l'abréviation de Fontenay-sous-Bois que j'utilise pour situer les poèmes que j'écris de ce lieu où je réside depuis 2002. Dans ce roman, je le réduis au quartier où j'habite, sur le "plateau", à la limite nord de la commune et en lisière du quartier des Grands Pêchers et d'un foyer malien, à Montreuil-sous-Bois : MoSoBo ?

pas mal, MoSoBo, ça sonne un rien africain pour cette ville dont on dit qu'elle est la deuxième malienne derrière Bamako, capitale du Mali, où j'avais, à 14 ans, un correspondant, fils de gendarme, qui m'envoyait des dattes fraîches comme je n'en n'avais jamais vues ni mangées, et moi des 45 tours de Johnny Halliday, que je ne supportais ni dans un sens ni dans l'autre

à vrai dire, c'était le deux- ou plutôt troisième "Noir" que je rencontrais. Les premiers, c'était à 4 ans, un petit garçon et sa sœur, dans un parc à Vichy, où ils jouaient près de moi dans un bac à sable. Mes grands-parents, en habits du dimanche, m'y avaient conduit un jour de grandes courses à 12 km de Saint-Germain-des-Fossés, pour un événement exceptionnel dans leur vie, changer la cuisinière à charbon pour une à fioul, ou gazole, qu'on appelle par antonomase (1) diesel pour les véhicules, du nom du moteur encensé en France, puis honni


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D0d_3a4WwAAlGsj

Maurice, le collègue de Célanie, est originaire de Lapalisse
et quand j'étais môme, je croyais que le Roi avait fui à Varennes... sur-Allier

je n'ai compris que bien plus tard combien cette première confrontation avec la peau noire, sans masque blanc, avait déterminé le rapport privilégié que j'entretiendrai toute ma vie d'adulte avec les personnes "de couleurs", leur place dans le monde, leurs luttes pour l'émancipation du joug colonialiste ou raciste, leurs cultures et leurs "arts" ; le second choc étant la découverte du jazz en 1965, parce que j'apprenais la clarinette, l'instrument du Jazz Nouvelle-Orléans et particulièrement de Sidney Bechet parallèlement au saxophone soprano. C'était si fort que j'en fis ce qu'on appelle en psychologie-psychanalyse de "grands rêves" (2), dont un où, enfant noir évadé d'une camp d'esclaves en Afrique, je traversais l'Atlantique à la nage (voir J'AI FAIT UN RÊVE). Ce rêve n'était pas celui de Martin Luther King, qui ne s'est pas, encore ?, réalisé

c'est ainsi que je me réjouis grandement en 2002 quand mon fils, scolarisé en maternelle près des Larris à Fontenay, fit son meilleur ami d'un Sénégalais habitant la cité,


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Larris-au-coeur

et qu'il le soit depuis resté, comme d'autres ayant évolué, de "déficitaires" en "racailles" de trafics ou de lycées pros en petits boulots. C'était selon moi un meilleur choix que de fuir ces écoles où 90% portent un nom pas de "chez nous", parce que les chances étaient meilleures d'en sortir prêts pour l'intégration sociale et sociétale, contre celui d'écoles privées de bonne cote pour la sélection raciale et sociale, un choix que n'hésitaient pourtant pas à faire tant de parents antiracistes d'extrême-gauche aux revenus comparables, supérieurs ou inférieurs aux nôtres. De tels choix sont plus significatifs des rapports effectifs qu'on entretient au monde capitaliste que des engagements militants pratiqués aux heures de loisirs

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Racisme-npa-antiracisme-affiche

c'était une école de la vraie vie, de la survie en milieu hostile aussi

Lauteur appréciait de moins en moins qu'un parfait inconnu intervienne en voix off sur scène comme un mauvais auteur de théâtre, et que ses personnages ne puissent plus en placer une. Alfonse lui-même, dont c'était pourtant le rôle d'être son nègre blanc, n'en pouvait plus de ce "roman" qui, prétendant à l'« outre-réalisme », devenait un fatras de thèses abstraites sur la somme et le reste. Alors il le signifia haut et fort :

Tchekhov a écrit:Je crois que les romanciers n’ont pas à résoudre des questions comme Dieu, le pessimisme, etc. L’affaire du romancier, c’est seulement de montrer comment et dans quelles circonstances des gens ont parlé de Dieu ou du pessimisme, ou y ont pensé. Un artiste ne doit pas être le juge de ses personnages ni de ce qu’ils disent, mais seulement le témoin impartial. [...] Aux jurés d’apprécier, c’est-à-dire aux lecteurs. Mon affaire, c’est d’avoir du talent, c’est de savoir distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, de savoir éclairer les personnages et parler leur langue.
Lettre à Souvorine, 30 mai 1888.

Platonov, acte II : « Nous n’avons pas besoin d’idées ! Les idées en tout genre avec leurs tours de passe-passe, qu’en avons-nous à faire ?

Nous autres ? Nous décrivons la vie telle qu’elle est et, au-delà, rien du tout. Fouettez-nous, nous ne pourrons faire plus. Nous n’avons ni buts immédiats ni buts lointains. Notre âme est comme un désert. Nous n’avons pas de politique, nous ne croyons pas à la révolution, nous sommes sans Dieu, nous ne craignons pas les fantômes, et, quant à moi personnellement, je n’ai peur de rien, même pas de la mort ou de la cécité. Celui qui ne désire rien, n’espère rien et ne craint rien ne peut être un artiste.
Lettre à Souvorine, 25 novembre 1892.
car Alfonce, à qui Florage l'avait conseillé il y a 12 ans, s'était enfin mis à lire Tchekhov : « Ce type me ressemble. Il pense comme moi ! »
Tchekhov a écrit:Je voudrais être un artiste libre et rien de plus... Je hais le mensonge... Il n'y a pas que chez les marchands et dans les maisons d'arrêt que le pharisaïsme, l'esprit obtus et l'arbitraire règnent en maîtres. Je les retrouve dans la science, dans la littérature, chez les jeunes. Pour la même raison, je n'éprouve pas d'attrait spécial pour les gendarmes, pas plus que pour les bouchers, les savants, les écrivains ou les jeunes. Enseignes et étiquettes sont, à mon sens, des préjugés. Mon saint des saints, c'est le corps humain, la santé, l'esprit, le talent, l'inspiration, l'amour et la liberté la plus absolue, la liberté face à la force et au mensonge, quelle que soit la façon dont ceux-ci se manifestent. Voici le programme auquel je me tiendrais si j'étais un grand artiste.
Lettre à A. Plechtcheïev, 4 octobre 1888
« Ah ça, moi non plus, je n'éprouve pas d'attrait particulier pour les savants, les écrivains comme tels, ni même pour les poètes et leurs coteries de spécialistes, ni pour les théoriciens de la révolution et leur conception abstraite du communisme ! Je veux bien en être, et reconnu comme tel, mais pas pour le statut d'élite culturelle ou sociale que ça leur confère, les plus mauvais étant les plus portés à en être fiers et jaloux ! Et je veux bien ne rester qu'un petit artiste pourvu que je me tienne à ce programme. »

des considérations sur le roman et l'importance de Tchekhov pour le théâtre, les autres personnages s'en foutaient, sinon "royalement", comme de leur premières culottes, notamant Afrodite, la correctrice : « Ça me fait une belle jambe, mais j'en ai deux déjà pas mal, et si c'est pour traduite Tchekhov en créole de Marie-Galante, c'est pas moi. Je saisis l'occasion pour vous signifier ma démission du poste, non, pardon, du rôle de traductrice non payée et disponible 24h/24, que je n'ai jamais assuré, contre toute affirmation de je-ne-sais-qui-et-presque-rien. »

Célanie ruminait sa mise à pied en se réjouissant du plâtre de Maurice - non, pas l'Île, son collègue nationalo-macho-raciste. Ali avait une autre chatte à fouetter, mais Niki n'était pas maso. Le vieux  préparait la salade pour ses escargots, des Bourgognes, est-il besoin de le préciser, car, disait-il « ce sont des animaux sauvages qui entendent le rester, et donc ne se laissent pas nourrir avec de la merde dans des élevages de concentration comme les Petits Gris, possible mais long et le salaire n'en vaut pas la peine, raison pour laquelle 11 escargots sur 12 dits "de Bourgogne" sont importés des Pays de l'Est. Les miens vivent en liberté dans ma cuisine, et n'ont jamais cherché à s'en fuir ! »

ainsi, en cette journée particulière de FoSoBo à MoSoBo, chacune chacune, sa vie n'étant pas un roman, ou non réduite à celui-ci, vaquait-elle ou il en île solitaire pour ne pas dire déserte, à ses occupations près de chez lui chez nous


notes

1. antonomase

Une antonomase (du grec ἀντονομάζειν antonomazein « appeler d'un nom différent », de anti- « à la place de », et onomazein « nommer », de onoma « nom ») est une figure de style, soit un trope, dans lequel un nom propre ou bien une périphrase énonçant sa qualité essentielle, est utilisé comme nom commun, ou inversement, quand un nom commun est employé pour signifier un nom propre.
Certaines antonomases courantes finissent par se lexicaliser et figurent dans les dictionnaires usuels (« une poubelle », « une silhouette », « un don Juan », « un harpagon », « un bordeaux », « un roquefort », « le macadam », « un gavroche », « un tartuffe », etc.). (Wikipédia)
2. un grand rêve est un rêve plus marquant que nos rêves habituels, un rêve aux images fortes, au long récit bien que la durée puisse en être courte, et qui bouleverse tant qu'il peut, si on y est disponible, engager un tournant majeur de la vie personnelle. Il n'est justement pas seulement personnel parce qu'il est des rêves qui concernent tout le monde. C'est pourquoi l'on ne peut s'empêcher de les raconter...

bounce

les 6 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne, court court un méchant bruit 45. jeunes et gris, vieux aigris, seven nuances of grey 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo


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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Ven 1 Mar - 21:50


chapitre 49

CALICE et CERISE MARCHENT SUR LES FLOTS,
ENTRE LES FLOUS ET LES FOUS

vendredi 1er mars

du côté de la jeune fille en pleur, il pleuvait un monde de larmes (1)

Calice comprit bientôt qu’elle était dans une mare formée des larmes qu’elle avait pleurées. « Je voudrais bien n’avoir pas tant pleuré, » se dit-elle, mais à ces mots son pied glissa, et flac ! La voilà dans l’eau salée jusqu’au menton. Elle se crut d’abord tombée dans la mer. « Dans ce cas je retournerai chez nous en chemin de fer, » dit-elle tout en nageant de côté et d’autre pour tâcher de sortir de là. « Je vais en être punie sans doute, en me noyant dans mes propres larmes. C’est cela qui sera drôle ! Du reste, tout est drôle aujourd’hui. » (2)


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elle eut l'idée d'appeler Ronin à son secours. Il aurait eu 12 ans aujourd'hui, si l'on était 29 février, mais reçu néanmoins en cadeau un téléphone portable, car sa mère Afrodite n'était pas cruelle au point de le faire attendre ses 48 ans en 2056 (3). Il décrocha aussitôt, comprit que la situation était grave voire désespérée : « Tiens bon ! Je passe ma combinaison de grenouille et j'arrive... - Tu es mon sauveur ! »

au même instant elle entendit patauger dans la mare à quelques pas de là, et elle nagea de ce côté pour voir ce que c’était. Elle découvrit que c’était tout simplement une souris qui, comme elle, avait glissé dans la mare.


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« Si j’adressais la parole à cette souris ? Tout est si extraordinaire ici qu’il se pourrait bien qu’elle sût parler : dans tous les cas, il n’y a pas de mal à essayer. » Elle commença donc : « Ô Souris, savez-vous comment on pourrait sortir de cette mare ? Je suis bien fatiguée de nager, Ô Souris ! » La Souris la regarda d’un air inquisiteur. Calice crut même la voir cligner un de ses petits yeux, mais elle ne dit mot. « Peut-être ne comprend-elle pas cette langue, c’est sans doute une souris étrangère nouvellement débarquée. »

mais ainsi parla la souris : « Ne vous inquiétez pas, jeune fille en pleurs, je suis internationaliste et je lis dans les pensées en toutes langues. - Vous devez donc bien savoir nager... - Oui, cela nous est précieux, à nous autres migrants et migrantes, pour ne point nous noyer par enthousiasme granguignolesque dans les frissons sacrés de l'extase théorique et les eaux glacées du calcul égotiste. - Que faites-vous ici ? - Je cherche le manuscrit englouti de "L'engélisme, maquis des anges", abandonné à la critique rongeuse des souris par son auteur, le Savant de Marseille, qui n'a jamais compris le but principal, voir clair en soi-même. - Il n'a peut-être pas essayé... - Il n'a  fait qu'essuyer le fond de sa pensée magique...  »

c'est alors que Ronin est arrivé


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« Oh, mon Zorro ! Je disais bien que tout est drôle aujourd’hui. Tu arrives trop tard, je suis sauvée, grâce à cette souris internationaliste... - Tu te moques toujours de moi, t'es comme ta mère avec les hommes... - Qu'est-ce t'en sais ? - Je regarde par le trou de la serrure, pardi... - La curiosité est un vilain défaut ! - Tu peux bien dire, toi qui va te fourrer de l'autre côté des miroirs ! »

Calice heureuse, Ronin songeur, et la souris rongeuse sortirent de la mare et s'allèrent sécher chez Mamy Radore dont le greffier, Félice, aimait particulièrement les souris, comme la plupart des chats sauf ceux d'Alfonce, qui préféraient les croquettes de la réalité quotidienne. Mais Calice stoppa ses ardeurs et l'enferma dans le placard à balais, et l'on entend encore ses griffes sur la porte

Mamy Radore servit sans cérémonie le thé vert du Japon que Ronin adorait, la souris l'apprécia grandement : « C'est excellent ! - Non, c'est pas un thé de Ceylan... - T'inquiètes pas la souris, Mamy est aussi sourde que le Professeur Tournesol. - Le tournesol, on fait avec les feuilles un thé contre la fièvre, les maladies pulmonaires et les piqûres d’insectes ou de serpents. Le thé des pétales soulage les maux de gorge et l’inflation. - Vous voulez dire l'inflammation, Madame, dit la souris - Vous avez déjà vu que la vie chère provoque pas de l'infâmation ? » Les trois nouveaux amis n'insistèrent pas, valait mieux entendre Mamy qu'être sourd...

la collation finie, Mamy Radore les mit dehors : « Il fait soleil, maintenant, vous devriez profiter de les thés indiens... - C'est à l'automne, Mamy, pas au printemps... - De vos jours, ya plus de saisons comme de mon temps ! - C'était mieux avant, Madame ? - J'ai pas dit ça, sauf que j'étions jeune, c'est tout... - Si vieillesse pouvait... - C'est ça, le rat, dites que je suis vieille ! - C'est pas un rat, Mamy, mais une souris... - Parce que toi, ma p'tite, tu va p'têt ben m'apprendre la différence !? - Ne vous fâchez pas pour si peu, les rats d'ici, immigrés de toutes générations, sont nos frères à nous autres migrantes souris. - Vous êtes chrétienne ? - Foin de bondieuserie ! Je suis moi baptisée dans les eaux glacées du calcul égoïste des hommes, nos prédacteurs ! - Vous voulez dire prédateurs, rétorqua la vieille, - Un point à Zorro, fatboule au centre ! Bon allez, on sort ! » Ronin avait tranché, ils sortirent bras-dessous-pattes-dessus

pendant ce temps-là, Levieux qui prenait les nouvelles sur son iFonce tout neuf, lu que l'Acte XVI des Gilets jaunes consisterait en une opération escargot d’envergure prévue par les forains sur les routes de l’Eure. « Cette désignation est une insulte à mes Bourgognes, qui sont aussi des animaux sauvages, et c'est pas parce qu'ils se pressent pas qu'ils vont moins vite que les forains dans les bouchons ! »

du temps où il y avait encore des saisons, Prévert écrivit une fable qui aurait plu à Mamy Radore


À l’enterrement d’une feuille morte
Deux escargots s’en vont

[...]
Ils s’en vont dans le noir
Un très beau soir d’automne
Hélas quand ils arrivent
C’est déjà le printemps.

Alfonce était content de lui, la leçon de la lectorate avait porté ses fruits. Il ne voulait pas non plus tomber dans l'excès inverse, un académisme conservateur, refaire du roman selon Tchekhov, pour qui les romanciers n’ont pas à résoudre des questions comme Dieu... un artiste pas juger de ce que disent ses personnages, mais témoin impartial, aux seuls lecteurs d'apprécier... « Mon affaire n'est pas qu'un classique et désuet "réalisme", avoir du talent et savoir discerner l'important et ce qui ne l’est pas, éclairer les personnages et parler leur langue, c'est "l'outre-réalisme", qui intègre toute la réalité dans le roman. Et par-dessus tout, ce qu'en pensent les lecteurs, je m'en fous ! Voilà bien, n'en déplaise à Tchekhov, une limite à "la liberté la plus absolue" de l'artiste ! »

un de la lectorate y mit son grain de sable

Stanislas Brown a écrit:loutre réelle
#ironème
à quoi Alfonse repiqua ironèmiquement : « ne pas confondre loutre réelle avec l'hermine de Croisset,  la martreuse de charme, le vison du futur, l'abelette je te plumerai, ni le putois ni moi...»

pendant le même temps que ce temps-là, beau de l'air et rin beau dehors avé les zenfants, Ali était chez Afrodite qui l'envoyait en l'air dans le salon, à la houssarde sans la housse, hard en la mousse, ardente et rousse, non ça c'est la Chabine, Célanie. Dans le repos d'après le guerrier retrouva sa langue de linguiste comparatif entre êtres animaux et humains : « Alors comme ça, ton fils parle avec une souris ? - Ronin le prétend... - C'est tout-à-fait possible, je l'ai bien fait avec la pie qui chante. (4) - Je suis mal armée en langue d'oiseau pour te répondre, mais je pense que cette gamine se voit dans un miroir aux alouettes... - Ne le prends pas pour un reproche, mais tu n'as d'imagination que pour le cul. - Ma vie est ailleurs, mais faute de mal, je me fais le mâle... »

Célanie, mise à pied mais remise sur pied, ne perdit pas son temps à la recherche du temps perdu à travailler, ni manger des madeleines ou biscottes de Proust pour le retrouver. Elle mit à profit, pour ainsi dire, celui gagné à ne rien faire, et s'étendit là-bas, sous le soleil exactement, à faire un rêve érotique, les yeux ouverts sur l'outre-réel, exactement juste en dessous. Avec qui ? Va savoir, elle en avant tant et tant connus, dessus ou dessous, hommes ou femmes à jouir et c'est tout. De Gabriel son chef elle était lassée, Maurice bien monté aussi mais un goujat raciste, jamais !, Alfonce et Levieux ne l'attiraient pas, Ali ne serait pour elle jamais qu'un enfant... « Les mecs du roman sont vraiment pas terribles, faudra que je demande à Afrodite de m'introduire dans la queue de ses copains. »

il n'y a guère que Niki Kleur pour être sage, en stand by et gérant la chaude pisse des gars collatéraux de son métier pluvieux du monde. Alors elle écrit des poèmes à taguer sur les murs de la nuit parisienne

LE SEXE D'ILYA

c'est le sexe d'un ange
ce qui, convenons-en,
de la diablesse change
le non-sens

le poète esquive
et le dé tombe à l'eau

(quelqu'un lui a soufflé qu'Ilya s'en branle)

FoSoBo 3 janvier 2017 17:35
LE ROMAN D'ILYA, allégorie de la réalité, 84 sonkus, le troisième jour, 34.

Alfonce n'aimait pas la littérature, ni le roman ni la poésie, dite érotique. Du point de vue sexuel, ni Les fleurs du mal ni les poèmes érotiques de Verlaine ou d'autres ne lui faisaient rien. Seule l'excitait mais totalement Body and Soul, la forme sensuelle d'un poème, qu'il pouvait tout aussi bien trouver dans Sagesse du même, en pleine période mystico-religieuse, et qu'on lui avait infligé au programme des concours d'écoles d'ingénieur en 1972, une classe de scienteux, double provoc' dans l'après 68 et la supposée "révolution sexuelle". C'est pourtant grâce au français qu'il avait été major de sa promo... au concours blanc. Au vrai, il s'était étalé, ne pensant que boîtes de jazz et amours avec une artiste qui deviendrait sa première épousse

Cerise, une "amie" de facebook, était de son avis : « Ha oui post 68 c'est vraiment osé de proposer ce genre de sujet en effet »

Alfonce l'avait avertie en vaut deux : « T'inquiètes pas, ya un roman de René Fallet, le pote à Brassens, auteur de "La soupe aux choux", dont le titre est "Comment fais-tu l'amour, Cerise ?" Ce n'est donc pas une question...», mais elle était partie ailleurs


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Cerise

Cerise a écrit:Jai eu l'idée d'une histoire dystopique sur les gilets jaunes hier
Alfonce a écrit:tu vois, "dystopique", j'ai dû le voir et le retenir 7 minutes, c'est le gente de vôcâble que je dois regarder dans le dictionnaire, et de toutes façons, je vérifie tous les mots. J'utilise Ortlolang. "Dystopique", difficile à caser comme dans mon Dictionnaire des idées à suivre mais j'en ferai quelque chose : "disent taupique, la vieille qui creuse" ?
[...]
Cerise a écrit:Mon cher Rimbaud me suit
Alfonce a écrit:Rimbaud te suit en abîme ici ? Celle-là, je la case à la moindre occase...
Cerise et Alfonce avaient encore conversé, chose rare et précieuse, à propos de Sagesse et, disait-il, de « "marxistes" tout aussi mystiques »...
Cerise a écrit:Cest vrai qu'on en voit encore des marxistes avec un gros côté mystique, beaucoup de mon âge d'ailleurs..
Alfonce a écrit:mais pas que de ton âge ! Du mien aussi... Toute la bande à communisation est dans l'idéalisme philosophique critiqué par Marx, du moins je pense l'avoir maintenant sérieusement établi, d'où qu'ils ne peuvent plus que m'éviter et surtout les problèmes théoriques que je (leur) pose, comme hier encore Alain Corne/CarbureBlog/lutte des classes/guerre civile/communisation, qui n'a trouvé que me bloquer sur facebook, comme il l'avait fait dès son inscription sur Twitter. Regarde son dernier exploit dans MÉSAVENTURIERS DE LA CLASSE PERDUE et THÉORICHIENS de garde DE L'EX-COMMUNISATION. [...] Ces gens-là sont malades d'eux-mêmes, je t'assure.
Cerise a écrit:Oulalalalala... Les héritiers de l'ultra-gauche... c'est assez scandaleux comme attitude... "Patloch, ce Vychinski de la communisation", au moins ils ont de l'humour
Alfonce avait écrit « malades d'eux-mêmes », mais en vérité, déjà en 2012 dans Pour en finir avec mon communisme-théorique, comme on parle en philo d'humanisme-théorique, ils les considéraient comme fous de leur langage
Alfonce a écrit:Théorie Communiste « folie de langage » ?

Théorie Communiste relève de la philosophie spéculative davantage que Marx, qui distinguait entre critique du capital et praxis politique, et ne les mêlait pas dans un discours théorique unifiant, alors qu'il définissait pourtant une perspective programmatique au communisme, avec des transitions politiques, qui se prêtait plus au mélange des genres... De ce point de vue, il se fait comme un basculement d'une théorie (en tant que discours de représentation) qui se voudrait la plus radicalement matérialiste, en idéalisme, si l'on devait s'en tenir à ces deux catégories philosophiques. En théorie, le diable n'est pas un détail.

« Il y a chez Heidegger une sorte de folie (de langage) [...] qui est peut-être le plus intéressant.» Gilles Deleuze à Henri Meschonnic, qui lui a envoyé "Le langage Heidegger", 22 juin 1990.

Dans le numéro de la revue Europe consacré à Henri Meschonnic en 2012, Serge Martin écrit que Deleuze « avance avec de nombreuses modalisations hypothétiques l'idée d'une "folie de langage" de Heidegger, ouvrant comme à une histoire de cette folie en philosophie.» Je ne suis pas loin de penser que, pour des raisons tenant au rapport de la forme (le style d'écriture) au fond (le corpus conceptuel), Théorie Communiste se structure comme le langage [Lacan...] d'une « folie de théorie », et relèverait de cette folie philosophique de langage. Il est toutefois remarquable que les textes de Roland Simon se distribuent entre un mode d'écriture des plus spéculatifs (abstraits - le genre, avec fort peu de matière "théoricienne") et un autre plus beaucoup clair (textes de SIC, Revue internationale pour la communisation), par la nécessité d'être plus lisibles (euphémisme pour plus "militants"). Remarquable aussi que le texte La conjoncture tienne des deux. C'est dans la redescente vers le concret que ça dérape de façon significative, et d'autant qu'elle est de seconde main, [chez les adeptes dont la plupart ne comprennent pas ce qu'ils lisent, un peu comme les islamistes le Coran...]

en se relisant, Alfonce se disait « J'ai encore fait trop de théorie, ma lectorate extime va m'engueuler...», et puis il avait envie d'aller dormir, mais il n'avait pas sommeil, alors ça l'énervait. « Faudrait je prenne un bon coup de CRS "Citronche, Rhume, Sucer", mais Célanie est à Chavaux, et j'ai pas de Chaval, et tous les oiseaux sont des cons ! »

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Chaval-dessin-gag-343n

notes

1. voir chapitre 43, Calice et Ronin traversent la rue

2. dans le présent chapitre 49, les situations et propos de Calice sont empruntés à la première traduction par Henri Bué, en 1869, d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, ainsi que les illustrations de Sir John Tenniel.

3. en fait, il y a une erreur, car si Ronin a 12 ans en 2019, il est né en 2007 qui n'est pas année bissextile

4. voir MICROCOSME, chapitre 5, AliBlaBla et l'écart hante vos leurres, épisode 51. lundi 28 mai 2018

« Dans les rapports de l’homme au monde des oiseaux, des rencontres ont été faites avec des siffleurs de danse dans les veillées ou dans les bals. Cette pratique ne se limite pas à la danse. Elle apparaît comme un ensemble extrêmement riche qui met en jeu des compétences diverses et complexes. Au point de vue musicologique, le sifflé joue un rôle primordial... D’un point de vue anthropologique, il existe un véritable chemin initiatique vers l’apprentissage du langage aviaire qui n’est en réalité qu’une métaphore du langage amoureux. » Projet Bestias

Ç'allait comme un lundi. La cheminote était au piquet, dans l'équipe volante de maintenance au sol, en grève au dépôt de Saint-Lazare. AliBlabla, resté seul avec le merle, tenta d'entrer en conversation avec lui pour s'initier au langage des oiseaux. Tandis que le merle chantait, il tailla dans une branche de sureau, avec l'opinel du vieux, un mirliton. Aux premiers sons qu'il en tira, le merle s'envola, une pie se posa, s'imposa, dont il avait vaguement reproduit la mitraillette jacassante. Tant pis, « Faute de merle, copie la pie. »

La pie se prêta à l'exercice et manifesta vite une capacité à imiter la voix d'Ali plus convaincante que l'inverse. C'est néanmoins ainsi qu'ensemble ils inventèrent une langue nouvelle, le créole pie *. AliBlaBla en induisit l'extension du concept glissant de créolisation au tout-monde des oiseaux et des hommes, piaffant de partager sa découverte avec Célanie dès son retour.

* le créole-pie, littéralement tarte créole comme l'explique ci-dessous Célanie, est un plat de Louisiane à base d'œufs, maïs, oignons, crème fraîche et beurre, avec variantes à la tomate, aux épinards, à l'andouille, avec praline, raisins noirs et diverses épices. Plat salé, sucré ou les deux, qui se sert aussi en dessert



« Mon Doudou, mwen konnen creole pie, une tourte au pâté de Louisiane, sou koté Bâton rouge. - What a stupie dictée ! 'Pie' c'est la tarte, in english. - Ou toujou gen bon, mwen gason. » De dépit, Célanie se tapit par la piste à papi, et le merle en groupie sans répit là pépia. La pie, qui s'en moquait, un papier de bonbon dans le bec, joua la fille de l'air d'un vol à la tire d'aile. [...]

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les 7 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

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Message par Patlotch Sam 2 Mar - 21:34


chapitre 50

FLORAGE HAUT DÉSESPOIR,
HORS D'ÂGE et FLOT DE RAGE
samedi 2 mars

Florage ne s'appelait pas Florage. Alfonce lui avait forgé ce prénom en hommage à Flora Tristan, et comme en écho à Tristan Vacances, un autre personnage, ou encore à Tristan et Yseult, les deux amants du Père Lachaise. Car chez lui tout résonne avec ou sans raison

Tristan Vacances avait d'abord été une des marionnettes dans un théâtre où celles-ci se rebellaient contre leur tireur de fils, un type dans mon genre en coups lisses, avec le mot d'ordre : « Ni maître ni croix d'attelle ! »,  fils qu'elles avaient réussi à couper, s'émancipant de leurs nuits en boites de chaussures et devenant créatures humaines

Florage en était aussi, ainsi qu'AliBlabla, et Niki Kleur dont j'ai perdu le nom d'alors - peut-être que ma lectorate s'en souvient -, dans une pièce théorico-farfelue mêlant considérations sur genre & sexe et aventures amoureuses et sexuelles de ces pantins de bois. Tristan Vacances jouait alors un type infatué de son savoir encyclopédofil à l'épate, copié-collé depuis Wikipédant, puis de fils en anguille était devenu le documentaliste attitré de mon enfoirum, en même temps qu'un interviewer censé me pousser dans mes derniers retranchements, un Alien Duhaumiel

sept jours était passés depuis que Florage avait réussi son coup dans fin de partie, sans qu'elle ait attendu le septième jour pour se reposer car, à Torah raison, elle n'était pas Dieu de la Genèse : « Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant. » Pourquoi se serait-elle reposée d'une œuvre qui n'était pas la sienne ?

Alfonce devait relire et relier tous les fils cassés du passé, et suivre les pas d'Aragon décrivant le schéma figé du roman-feuilleton « contruit en trois points à savoir : a) Présentation de multiples et typifiés personnages ; b) Confrontation desdits un à un, en dévoilant les parties communes d’un passé mutuel d’abord insoupçonné ; c) Dénouement (rapide) quand ce petit jeu est fini. Et tirez-en les conséquences désirables. »

mais comment Alfonce aurait-il pu finir ce qu'il avait annoncé  comme interminable, et considérer comme petit son Grand Jeu ? (1) Ses cartes se limitaient à sept à l'origine, dans le chapitre 27, cartes, et maîtresses : « AliBlabla, Levieux, Célanie, Lauteur, Niki Kleur, Alfonce, Florage, Afrodite. Quelle carte pour quel personnage ? Sept : Niki. Huit : Lauteur. Neuf : Alfonce. Dix : Afrodite. Valet : AliBlabla. Dame : Florage. Roi : Levieux. As : Célanie. »

son jeu de cartes avait considérablement grossi, avec Afrodite et Ronin, Calice et Mamy Radore, Cerise ; sans parler des personnages secondaires arrivés au fil des chapitres, Sergent Major le brigadier-chef, le Keuf Poète du comico de MoSoBo, Nikita de Bololo de Too Loose la Vile Rouse, Gabriel le chef antillais de Célanie et Maurice son beauf collègue de travail ; sans oublier, au premier plan, Pif le chien de Levieux et ses escargots ces fiers Bourguignons, et maintenant la souris, à laquelle il faudrait trouver un nom...


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 450px-Alice_par_John_Tenniel_29

« Je me nomme Alice, s’il plaît à Votre Majesté, »
dit Alice fort poliment. Mais elle ajouta en elle-même : «
Ces gens-là ne sont, après tout, qu’un paquet de cartes.
Pourquoi en aurais-je peur ? »

il était donc temps maintenant de « dévoiler les parties communes d’un passé mutuel d’abord insoupçonné » de Florage, Lauteur, Alfonce, Levieux, et de moi-même qui l'avais rencontrée à Nimistaire il y a 12 ans, femme de trente ans dont le chien, un Yorkshire Terrier, s'appelait Tchekhov, en raison disait-elle de son intelligence, et qui était ma muse dans IX AS TIME GOES BY, Livre de l'absence, série poétique de 2007 à 2010. Et c'était vrai qu'elle m'avait conseillé de lire Tchekhov parce qu'elle trouvait que j'en avais le sens d'une absolue liberté, et pas seulement artistique, ce en quoi nous le verrons elle avait à la fois raison et tort, que nous nous portâmes, porte d'âmes fermée à leur commun destin

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 DameChien2
La Dame au petit chien, Anton Tchekhov 1899
« Cette nouvelle conte une histoire d'amour entre deux personnes mariées. »

alors que de cette "Florage", je n'ai plus aucune nouvelle depuis sept années, si je suis convaincu d'une chose, c'est qu'elle me lit encore, et l'on peut considérer qu'entre autres raisons et déraisons d'écrire ce roman, c'est pour elle que je l'écris, parce que depuis le début de notre rencontre, je l'ai considérée comme la meilleur lectrice possible, la meilleure héritière possible, et parce qu'elle avait alors émis le vœu que je reprenne et poursuive avec elle LIVREDEL, poème-roman suspendu le 1er avril 1991, et dont les femmes "de ma vie" étaient alors Catherine pur fantasme à peine embrassée, Corya qui avait un corps, et Coryane qui, amoureuse de mon âme, n'en avait pas

dès lors et de facto, la Florage de ce roman n'a de rapport que trop loin tain de son miroir avec son modèle perdu de vue et de vie, la vraie réalité se reflétant à l'envers dans cet outre-réel de mon invention. De même ma vraie muse , elle réelle, n'a-t-elle jamais écrit les lettres signée Florage de la Liseuse. Le comble du masochisme n'est-il que je m'impose, seul et face à moi-même, de boire jusqu'à ma lie le poison du calice qu'elle ne m'a jamais envoyé ?


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Sophonisbe buvant au calice du poison envoyé par Masinissa
Simon Vouet, 1623, huile sur toile, 126 x 157 cm

par conséquent, pour suivre encore la recette qu'Aragon avait donnée à Breton, dans sa lettre du 8 Novembre 1918, du roman-feuilleton figé, et en l'absence de tout possible « dénouement rapide » ou pas, s'imposait à Alfonce d'en tirer « les conséquences désirables. » Mais désirables par qui ? Lui-même ou moi ? Lauteur ou Lelecteur ? La vraie ou la fausse Florage ? Ma lectorate innombrée dans l'ombre des PS sous d'autres intimidités que personne ne lirait jamais, écrites qu'elles ne sont pas ?

s'imposait en toute logique, formelle et dialectique, comme aurait dit Henri Lefebvre, qu'Alfonce libérât Florage de tout ancrage à leur commun passé même récent, et il était pour ça le plus mal placé depuis le camouflet qu'elle lui avait joué à l'insu de son plein gré, en fin de partie. Le mieux était encore qu'il la fermât et qu'il laissât parler Florage

« Alfonce, tu es bardé de certitudes à mon sujet comme à celui de ta "muse", qui t'aurait inspiré mon détestable personnage, par mes supposées lettres de liseuse et mauvaise coucheuse, confirmé comme infréquentable bien qu'à l'envi baisable sur le trottoir de la gare de Lyon, avant ou après ta sainte choucroute : semi-mondaine des faubourgs de Marseille, vulgaire petite-bourgeoise enfarinée au propre, au sale comme au figuré d'une tartine de fond de tain dans le miroir de ta complaisance, et j'en passe.

Une chose qu'avec toi je partage toutefois volentière, c'est que si ne ne suis pas moi comme ça, rien n'exclut que ta muse le fût et le demeure. Tu en fais aujourd'hui grand cas quand manifestement elle n'en a rien à faire, et te voilà par elle bien baisé. Pas exclus qu'elle soit pis que le portrait que tu as tiré de ma personne, mais pour tirer un coup avec moi comme avec elle, ce sera comme on dit tintin ! »


lisant ces mots doux, Alfonce ici gît laid jaune : « Me voilà habillé pour lit vert et lit vide et livide. Que répondre à cette fourie gragnosse harensorte maritonne mérue prouffiasse putasse rondebière rôlure... et j'en passe sur le corps du délire et des litres de gros rouge qu'elle se trogne dans sa chambre trop grande pour une seule personne, garée des bites au débit de son décompte en banqueroute ! »

en même temps, en temps que nègre d'un improbable romancier, Alfonce donnait raison à Tchekhov affirmant « Mon affaire, c’est d’avoir du talent, et de savoir éclairer les personnages et parler leur langue. » Les éclairer, pas difficile, mais parler leur lanque, en supposant qu'on sache laquelle, n'est pas qui veut Audiard ou San Antonio, dont lui avait suffi quelques pages pour que lui tombât des mains Berurier et les autres,

comme il avait moyennement apprécié le Gros dégueulasse de Reiser, « homme sale, corpulent, mal rasé, répugnant, habillé d'un seul slip kangourou crasseux et surdimensionné, avec une tache jaune devant, une tache marron derrière, les testicules qui dépassent et fumant perpétuellement une cigarette. », tout ce qui plaisait tant aux gauchos franchouillards abonnés à Hara Kiri puis bientôt à Charlie Hebdo comme le summum de la provocation visant radicalement juste, bla bla blabla... ceci dit sauf exception, on a tous nos hauts et nos bas, et seul le premier goutte si on lui jette la paire


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Reiser-gros-dc3a9gueulasse-les-gens-heureux-me-font-chier

si l'Aragon de la chute, en 1927, du Traité du Style, peut encore servir à quelque chose, « j’ai bien l’honneur chez moi, dans ce livre, à cette place, de dire que très sciemment je conchie l'armée française en sa totalité » idéologique, celle prêchant l'alliance de la prétendue vulgarité du peuple d'en-bas et de la supposée subtile critique des gauchistes de tous poils, surtout de ceux qui n'en ont pas mais nagent en eaux troubles, de conserve avec le gratin mondain de la Jet Set

et maintenant qu'allions-je écrire, maintenant qu'Alfonce était mort étalon étalé sous le talon d'une Dame de Corps et d'enfer ? Florage assumait son rôle outre-cruel à la perfection. Alors que rajouter à ce chapitre, quelle pitrerie de chatte en chaleur sous la chape de plomb d'un réel implacable, accablant, à câbles d'usées ficelles jusqu'à l'accord des "on", qui sont d'un con miné conte à miner minable et que la queue du chat balance


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Chatpitre

me voilà fou à lier, à me relier relire et dans mon drame en chat bardé Chabard

CROISÉE DES FAIRE

Qui voudrait rendre larme à ces arts sans césure ?

Une clarté obscure a brûlé ton œil fier
Habitué du noir sûr d'y voir la lumière
La peur l'effroi le doute habitent ta paupière
Le soleil a tourné et demain trompe hier
 
Un réverbère éteint la lune illuminée
Un chat noir traverse l'ombre parcheminée
Et ce bruit d'où vient-il ? Que fais-tu là miné ?
Est-ce le temps ? Est-ce le vent ? Qui a sonné ?
 
Pas à pas un par un en avant en arrière
Se danse le tango désuni des années
On achève bien mal les chevaux de retour
 
Pied à pied face à face éperdus nez à nez
Lames rouillées en fers croisés jouant leur tour  
Au net et à la barbe de vieilles manières


RER A, 3 février 2005, 20h06
sonnet 23/~450

LIVREDEL VIII 5 SORTIE DES CLASSES


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 BlusDjangoGlobe
la main du diable, l'autre côté du monde,
et qui tire les ficelles : un détail de l'histoire ?
Blue et Django, chatte et chat
poèmes langue aux chats
photos Chabard/Patlotch, 2014

RETOUR D'ALEXANDRIE

la rue était fermée à la circulation
par tous les bouts en train en trame de leur drame
et j'avais pris à pied passant leurre de rame
la route non tracée contre affabulation

sans le carbure à tort d'automutilation
d'aller à la dérive au chemin de mes dames
chercher la solution loin de mes états d'âme
entre la voie copule et la turlutation

laissant ma chanson neuve entre outres turpitudes
avoir l'air d'en avoir marre des habitudes
et pourtant revenant comme en Alexandrie

sans suivre le voyant en son abîme ici
sans avoir bu l'amer d'éternité bobard
et pour payer Patlotch au prix de mon Chabard


FoSoBo, 2 mars 2019, 16:37
sonnet 448


pour écrire l'entrée PREUVE de mon DICTIONNAIRE DES IDÉES QU'ON SUIT... et de citations, annexe au cycle de L'OUTRE-RÉEL, et la "définissant" comme irréfutable ou n'en étant pas une, je me dis que je n'ai pas de la justesse de cette définition la preuve irréfutable. Par contre j'ai concernant mon œuvre la conviction partagée avec l'anonyme qui a écrit : « Une œuvre d'art doit satisfaire toutes les muses. C'est ce que j'appelle la preuve par neuf. » Chacune des neufs Muses de la mythologie grecque représente et protège une forme d'art. Hésiode raconte qu'un jour, les Muses l'approchèrent sur le mont Hélicon et lui offrirent le don de la poésie. Les voici :
Clio : la muse de l'histoire
Euterpe : la muse de la musique, joueuse de flûte
Thalia : la comédie
Melpomène : la tragédie
Terpsichore : la poésie lyrique et la danse
Erato : le chant nuptial
Polymnie : la pantomime et la rhétorique
Uranie : l'astronomie et l'astrologie
Calliope : la poésie épique
avoir la conviction qu'une œuvre d'art doit satisfaire les neufs muses n'établit pas la preuve que la mienne les satisferaient toutes. Je pense que certaines sont difficiles à combler ici, ou seulement en un sens métaphorique, comme la danse, et tout ce qui dépend du mouvement. Certaines me paraîtraient désuètes, déplacées chez moi : le chant nuptial. L'astronomie faisant partie des sciences, je prends, mais l'astrologie sort de mon matérialisme. Pour le reste, je veux tout : histoire, musique, tragédie, comédie, poésie lyrique, pantomime et rhétorique, poésie épique... soit les muses aux doux noms de Clio, Euterpe, Thalia, Melpomène, Terpsichore, Polymnie, Uranie et Calliope. Dieux merci, elles n'ont pas toutes encore donné leur nom à une bagnole. Clio et Picasso, ça suffit !

notes

1. le Grand Jeu

Le Grand Jeu est le nom, proposé par Roger Vailland, d'une revue littéraire et, par extension, du groupe dont elle est l'expression de 1927 à 1932, suite, en compagnie de René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte et Robert Meyrat des « Phrères simplistes » dont le but était retrouver « la simplicité de l'enfance et ses possibilités de connaissance intuitive et spontanée » par des pratiques de recherches extrasensorielles. Fondé sur la révolte et la pataphysique, ce groupe aux allures de société initiatique va tenter l'exploration du monde onirique par le recours aux textes mystiques et par l'usage de drogues. Plus jeeunes que les Surréalistes, ils s'affranchiront de leurs idées, limitées à leurs yeux au domaine du subconscient, notamment avec l'écriture automatique, qui ne donnent pas accès à « une métaphysique expérimentale ».
Avant-propos du  premier numéro en juin 1928 : « Le Grand Jeu est irrémédiable ; il ne se joue qu'une fois. Nous voulons le jouer à tous les instants de notre vie. », Roger Gilbert-Lecomte.
source Wikipédia

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les 8 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots 50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Dim 3 Mar - 19:03


chapitre 51

L'INSIPIDE AINSI TITRE AU CHAT PITRE
dimanche 3 mars

Alfonce écrit, il n'a jamais appris. Il commence par le début, une phrase qu'on appelle incipit. Il n'a pas appris à lire non plus, avant d'écrire, beaucoup moins qu'Aragon, ce privilégié de la culture bourgeoise, qui publie en 1969 « Je n'ai jamais appris à écrire ou les Incipit. » Il y écrit ce que pense Alfonce de penser : « Je crois encore qu'on pense à partir de ce qu'on écrit et pas le contraire. » Car c'est ainsi que pense Alfonce, depuis qu'il écrit, avant il ne se souvient pas. Comme souvent, ce qu'invente Aragon pour son propre compte relève davantage de la fiction que du mythe. Pour Alfonce aussi, écrire sa vie, c'est la relire pour la ré-inventer à sa convenance. Sa vraie vie est autre, celle écrite est outre

la critique littéraire, jamais en retard d'une généralité sans preuve irréfutable, fabrique aussi des mythes sur ce qu'est ou pas un roman, qui devient ce qu'il doit être ou pas, produisant ainsi à chaque époque son académisme

comme on vous dit, dans une boutique de fringues où vous demandez un vêtement à votre idée : « Mais, monsieur, ça ne se fait plus, ou ça n'existe pas, et ce qui se porte aujourd'hui,  c'est ça... »

Thomas Bernhard a écrit:Les historiens d'art sont les véritables assassins de l'art, si nous écoutons un historien d'art, nous participons à la destruction de l'art, lorsqu'un historien d'art entre en scène, l'art est détruit, voilà la vérité.
Maîtres anciens, 1985
Jules Renard a écrit:La littérature est un métier où il faut sans cesse recommencer la preuve qu'on a du talent pour des gens qui n'en ont aucun.
Alfonce avait sa collection d'incipit des grands romans, dont il ne se souvenait plus aujourd'hui tous les auteurs ni les livres
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure.», « La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.», « Nous vivons dans un âge essentiellement tragique; aussi refusons-nous de le prendre au tragique.», « L'homme était grand et si maigre qu'il semblait toujours de profil.», « La petite ville de Verrières peut passer pour l'une des plus jolies de Franche-Comté.», « Je suis jeune et riche et cultivé; et je suis malheureusement névrosé et seul.», « Oui, cela pourrait commencer ainsi, ici, comme ça, d'une manière un peu lourde et lente, dans cet endroit neutre qui est à tous et à personne, où les gens se croisent presque sans se voir, où la vie de l'immeuble se répercute, lointaine et régulière.», « C'était une journée d'avril froide et claire.», « On signalait une dépression au-dessus de l'Atlantique; elle se déplaçait d'ouest en Est en direction d'un anticyclone situé au-dessus de la Russie, et ne manifestait encore aucune tendance à l'éviter par le nord.», « Les dés roulèrent sur le drap vert du plateau, atteignirent ensemble le rebord et rebondirent.», « Il était environ neuf heures du matin; c'était à la fin de novembre, par un temps de dégel.», « Nous étions à l'Etude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre.», «Il était tard lorsque K. arriva.», « Ainsi, après bien des années, je me retrouvais chez moi.», « Aujourd'hui, maman est morte.», « Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau qui pêchait au milieu du Gulf Stream.», « Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé.», « Une légende veut qu'à la fin de sa vie, Lester Young ne parlait plus qu'avec les morts.», «Je suis, ou j'étais, ou peut-être suis encore, un ange.», « C'est peut-être vrai que je suis un lâche, ainsi que l'ont dit sous l'Odéon les bonnets rouges et les talons noirs !», « Au cours d'une nuit, vers la fin des années cinquante, une agression est commise dans le parc municipal de Vienne.», « A croire que la terre s'est arrêtée de tourner.», « Au commencement était le sexe.» etc.
LIVREDEL VIII, 13 MES DÉ-BUTS, janvier à juin 2006
il suffisait de parcourir cette recension pour que s'effondre l'idée formulée par l'auteuse de Houellebecq Sérotonine, l’incipit... : « Comme souvent l'incipit annonce les thèmes principaux de l'œuvre. »
Michel Houellebecq a écrit:C'est un petit comprimé blanc, ovale, sécable... Mais on ne sait pas encore quels sont les effets de cette substance. Le nom est à la fois amusant et révélateur, il a sans doute un effet addictif, il doit capter et capturer celui qui le consomme... Vers cinq heures du matin, parfois six je me réveille... mettre en route la cafetière électrique, boire une première gorgée de café, allumer une cigarette, puis deux, puis trois, et enfin prendre le Captorix, avec un verre d'eau minérale... La nicotine est une drogue parfaite, une drogue simple et dure, qui n'apporte aucune joie, qui se définit entièrement par le manque... un besoin qui est à son comble, c'est le moment le plus douloureux de la journée.
dans une forte majorité de romans, l'incipit situe ou engage l'action, pose le héros principal par quelque description, action, simple geste. Le faucon de Malte (The maltese falcon), Dasshiell Hammett :
Sam Spade avait la mâchoire inférieure lourde et osseuse. Son menton saillait, en V, sous le V mobile de la bouche. Ses narines se relevaient en un autre V plus petit. Seuls, ses yeux gris jaune coupaient le visage d’une ligne horizontale. Le motif en V reparaissait avec les sourcils épais partant de deux rides jumelles à la racine du nez aquilin, et les cheveux châtain très pâle, en pointe sur le front dégarni, découvrant les tempes. L’ensemble du visage faisait penser au masque sardonique d’un Satan blond.
ce matin était pour Alfonce un matin facile, et depuis qu'il n'avait pas à se lever pour aller travailler, il se levait plus tôt, et sans réveil. Mais en 2006, il avait encore 7 ans avant la retraite, et, comme on le vérifie à la fin des DÉ-BUTS...

LES MATINS DIFFICILES

Sonnet d'un réveil

Les matins difficiles
où la pensée oscille
entre y aller ou pas
font les petits trépas

Des rêves d'impossibles
chagrins en rien sensibles
à un travail ou pas
pour payer tes repas

Si tu crois aux miracles
ne te lève pas Toi
et ne marche pas Vois

De quels odieux oracles
où remonte la bile
se soulève la foi

FoSoBo, 21 juin 2006, 11h05


comme Florent-Claude Labrouste, le personnage de Sérotonine, Alfonce préparait un café, mais sans cafetière électrique, fumait une cigarette, mais une seule, et ne prenait aucun cachet. De sa vie il ne s'était jamais drogué, avait en tout et pour tout fumé deux ou trois joints dans les années post-68 où le geste était obligé, car signe de liberté et de rébellion individuelle et collective, mais pour lui, n'en ressortaient que le caractère quasi-religieux, les ricanements idiots, la fausse libération procurée aux habitués

il n'avait jamais eu besoin de drogues, l'énergie pour vivre et créer lui venant comme ça, ainsi que les idées semblant les plus trempées dans cette potion magique pour astérisques et périls du vil gus péquin amputé de lui-même

et n'allez pas me dire que Houellebecq se serait sacrifié pour vivre comme un con de cadre moyen ou supérieur à l'ère de l'extinction des domaines de la lutte. Selon les témoignages direct qu'en avait Alfonce du temps où le futur grand écrivain était encore contractuel à la direction informatique du ministère de l’Agriculture, en somme un peu comme lui ingénieur raté devenu "non-titulaire suicidé dans l'État", Houellebecq était déjà comme ça


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D0uO1cHXcAEDYy1
Extension du domaine de la lutte, 1994, raconte l'histoire d'un cadre moyen célibataire qui oscille entre une déprime sur fond d'inhumanité de la société française et un souci de détachement voulu et de passivité — peut-être par réaction —, accompagné d'un certain humour désabusé.
Balzac aurait-il eu à vivre comme le Père Goriot, Flaubert comme Bouvard et Pécuchet, pour les faire vivre et parler comme en vrai ? Bon, admettons, Stendhal en Julien Sorel, Proust en Albertine, Aragon en Aurélien... Admettons encore pour moi en Alfonce, mais pourquoi moins en Florage ou Afrodite, Ronin ou Levieux, Niki ou Calice, Ali ou la Souris ? Vous n'en aurez jamais la preuve irréfutable !

pour Alfonce, la conception qu'avait Houellebecq du roman n'était rien moins qu'une extinction des autres domaines de la lutte. Autrement dit Sérotonine = zéro tonique. Il lisait Houellebecq avec un décalage régulier de quelques années, le temps que retombe le soufflet médiatique de son dernier roman, et qu'il soit disponible à la bibliothèque municipale. « Payez pour lire ça, mais vous n'y songez pas, vendeurs de vos cultes aux incultes ! » Il n'eût pas nié y découvrir les mœurs et pensées quotidiennes de catégories sociales de Français parfois proches de la sienne, mais avec lesquelles il avait rompu depuis longtemps, y compris ses amis de trente ans, et là récemment les partisans de prétendues théories prétendant que le prolétariat duquel ils n'étaient pas ferait, pour tous et toutes, une fois pour toutes, la révolution

car Alfonce vivait, selon ses moyens certes, comme il l'entendait, et non « normalement » comme ces révolutionnaires prétendant qu'on ne pouvait faire autrement, que vouloir changer d'habitude était pécher par « immédiatisme », ou persuadé comme le militant du parti lambda qu'il lui fallait vivre comme un con pour se pénétrer du caractère des masses populaires. Jésus-Christ n'était pas né que Sénèque écrivait, dans La vie heureuse : « La preuve du pire, c'est la foule. », ce dont le mouvement agonisant des Gilets jaunes avait depuis le début administré la preuve irréfutable. Alfonse pour son enterrement s'en réjouissait : Ici gît laid jaune !

si « mépris de classe » Alfonce ressentait, c'était bien pour cette improbable "classe moyenne" quand elle n'avait pour idéal que vivre comme la classe capitaliste. Autrement dit, si la Petite Bourgeoisie de Marx est morte depuis longtemps, son esprit est bien là, fort étendu à larges couches sociales y compris les plus populaires. Et ceux qu'Alfonce méprisait le plus étaient les "révolutionnaires", de salon ou de barricades, qui fustigeaient un "mépris de classe" qu'ils voyaient souvent dans la moindre déclaration de ceux d'en-haut qui bien souvent ne faisaient que constater dans quel état ils avaient mis le prolétariat. Autrement dit, encore une condamnation morale et dessous, ce retour du refoulé psycho-social de ces déclassés de la petite bourgeoisie d'hier à laquelle 9 fois sur 12 appartenaient leurs ancêtres

j'avais ce matin repris ma conversation facebookée avec Cerise

je suis content, les récents sujets de mon roman dépassent les 200 lecteurs (et lectrices) par chapitre
Cerise a écrit:200 lecteurs c'est vraiment pas mal du tout
200 lecteurs, c'est un gros tirage pour de la poésie, du moins d'un inconnu dans ce milieu, sans compter que la plupart finissent chez les proches, l'édition, les bibliothèques...
Cerise a écrit:Cest ça la plupart du temps le lectorat est difficile a acquérir
il était rare qu'Alfonce se déclare content, rarissime que ce soit de lui-même ou de ce qu'il avait fait, dont il était généralement insatisfait dès que fini, et s'en désintéressant, un peu comme Miles Davis de ses précédents disques, qu'il disait ne jamais ré-écouter. Ce n'est que quinze à vingt ans après qu'il avait jugé bon, va savoir pourquoi et pour qui, de sauvegarder sur des sites internet ses poèmes, compositions, peintures, collages et transferts... d'autant que les originaux s'étaient perdus ou noyés dans ses eaux sans calcul égotiste, livrés à la critique des souris songeuses. Son théorème absolu de non publication et de rejet de tout intermédiaire marchand avait un corollaire, il ne pouvait compter que sur lui-même pour faire connaître ses œuvrages

d'un façon quasi générale, ce qui ne se vendait pas, soit beaucoup, soit très cher, n'était pas reconnu pour avoir une valeur, puisque dans notre société, tout se mesure à sa valeur d'échange, que ce soit en argent, en acheteurs, en reconnaissance sociale ou culturelle, en succès "artistique" ou sexuel, bref, avoir la plus grosse, la plus longue, celle du plus fort en capital, en muscle, ou en gueule, tant il est évident que mesurer ou se mesurer est d'abord affaire d'homme, d'entre mecs, et que la femme ne lui est en rien comparable

31 De la démesure

« Cet être des temps modernes, qui mesure, pèse et calcule exactement, est la forme la plus pure de leur intellectualisme, suscitant là aussi, par-delà l'égalité abstraite, le développement des éléments spécifiques le plus égoïste qui soit : et en effet, avec son intuition, la langue entend par un homme « qui calcule » tout simplement quelqu'un qui calcule égoïstement. »
Georg Simmel, Philosophie de l'argent, 1900, Quadrige 2007, p.566

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 9782130499404-475x500-1
La valeur conférée aux choses de par leur échangeabilité - ou encore la métamorphose par laquelle leur valeur devient économique - se révèle certes toujours plus pure et plus forte avec la croissance intensive et extensive de l'économie - phénomène que Marx traduit comme la disparition de la valeur d'usage au profit de la valeur d'échange à l'intérieur de la société productrice de marchandises -, mais pareille évolution ne semble jamais pouvoir s'achever. Seul l'argent, selon son pur concept, parvient à ce point ultime : forme pure de l'échangeabilité, il incarne dans les choses l'élément ou la fonction qui les métamorphose en réalités économiques et qui, sans constituer leur totalité à elles, constitue sa totalité à lui.

« La poésie c'est l'exaltation de ce qui n'est pas mesurable » Annie Lebrun, Appel d'air, 1988

Maboul n'a peur de rien, disions-nous, et moins encore du ridicule, car plus que l'échec, il redoute la réussite. Sans quoi il aurait pris des mesures pour y parvenir. On trouve dans tous les domaines des gens, des plus idiots aux plus intelligents, pour lesquels ne s'améliore que ce qui se mesure. De toutes choses ils prennent la mesure, afin de pouvoir en toutes choses prendre des mesures. Pour que leurs réussites puissent se comparer, il leur faut en tout et pour tout être mesurables. Se mesurer jusqu'à la démesure. Une mâle grandeur s'éprend d'un féminité sur mesure, avec programme intégré d'allongement du pénis, costard trois-pièces dans la tête, et cuisine aménagée pour Madame. La vie est tailleur, my Taylor is rich. Isidore y voit un mélange harmonieux entre croyance en la science, religion de la valeur, et fantasme sexuel. C'est pourquoi, n'ayant pas peur du ridicule, il n'a pas envie de se mesurer. Incommensurablement, Isidore est ailleurs, Maboul s'est taillé.
MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton, février 2012 - L'OUTRE-RÉEL I - texte intégral
si je dis la lectorate, c'est par double provoc : pourquoi le masculin, et pourquoi l'écriture inclusive ?
Cerise a écrit:'Lectorate' c'est bien ça doit faire jaser
je ne sais pas si ça fait jaser, mais bravo, ça doit faire jazzer !


Alfonce pensait aussi que l'affadissement radical de la pensée révolutionnaire était rendu visible par l'écrasante proportion de "révolutionnaires", du moins en espoirs et convictions, dont les idées s'avéraient à l'insu de leur plein gré des plus conservatrices, et ceci dans pratiquement tous les domaines hors des champs étroits de ce qui leur était obsessions : qu'est-ce qu'être révolutionnaire (le suis-je), un vrai prolétaire (le suis-je), la vraie révolution (la ferais-je ?), l'abolition du capitalisme, du genre... et de l'individu individualiste dont ils se révélaient le plus souvent, bien qu'organisés collectivement en militants théoriques ou politiques fiers et jaloux de leur identité sectaire, des modèles aussi consternants que celui de l'auto-entrepreneur macroniste, lui aussi amateur de réseaux soucieux de leurs intérêts individuels bien compris : chacun sa gueule dans le miroir des autres qui lui ressemblent et qu'il va rassembler en con vergeant qui ne bande qu'en bande

que ce roman soit plus conforme à ce qu'Alfonce entendît par critique révolutionnante tous les domaines de la vie, et pas étroitement ceux supposés être l'objet de l'attention des révolutionnaires en idées, un oxymore dont Marx avait pourtant fait litière pour chat avec que les souris marxistes ne songent à le ranger, en rongeant ses écrits contre l'idéalisme de toute philosophie conceptueuse et pas seulement celle d'Hegel, c'était pour lui de l'ordre d'une évidence

il était également convaincu, bien que sans preuve irréfutable, que quiconque le lisant apprendrait là, y compris sur le plan théorique, bien plus que dans ses considérations théoriciennes ; assuré que la lectorate la plus avide d'apprendre quelque chose sinon neuf, par elle ignorée, gagnerait un temps précieux sur les années qu'il avait passées lui, Alfonce, à l'apprendre, le digérer, mâcher et malaxer en tous sens pour finir par en régurgiter la substantifique moelle de cinquante années depuis 1968, quand il avait 17 ans et qu'on n'est pas sérieux, à 17 ans

pour en arriver là, il lui avait fallu traverser le miroir aux athlètes de la théorie spécialisée en révolution, se convaincre définitivement qu'ils étaient allergiques à toute forme d'exposition qui ne soit du genre de la leur, en pavés théoriques et citations ayant force de dogme, coupées du raisonnement qui les faisait aboutir à des formules concentrées, dont la récitation de phrases courtes de Marx était le modèle gauchiste par excellence

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D0vOQPKX4AAvNuU

qu'il ait trouvé enfin la forme-contenu de ses rêves n'était pas garantie, et l'on voit bien que depuis le début du roman, il tournait comme un papillon de nuit autour de la lampe d'Aladin pour en faire surgir le génie, ou comme le mineur avec sa lampe, car va savoir si ma mine n'est pas grisouteuse, ou si la taupe aveugle n'y creuse pas en vain ?

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D0vOGK6X4AAIICF

peu lui chalait donc, bien au contraire, que sa lectorate se nettoie, c'est donc mon frère, des "camarades" les moins intéressés par sa prose et sa poésie, dès lors qu'elle attirait enfin l'attention d'autres, en plus fort nombre et à l'esprit curieux, ouvert et pas moins avides qu’il vienne, qu’il vienne, le temps dont on s’éprenne, un temps dont on s'apprenne à vivre libres ensemble, en la plus haute tour

il avait encore écrit quelque chose sombre, en ses DÉ-BUTS, dans le RER A en allant au boulot, le 31 janvier 2006, 8h35 : Plongée en milieu fossile

Ma plongée en apnée dans le bassin aux fossiles fut une rare réussite. Pour une fois, je fus touché par la grâce, sans l'avoir sollicitée. La vie vous réserve parfois de ces moments exceptionnels, quand elle soulève ses jupes dans le vent. Ce qu'on y voit est pis que vos craintes les plus sombres. Mais le plus noir est le plus éclairant. La bêtise du monde ne s'abolit pas. Il n'y a aucune raison d'espérer. On ne peut que faire semblant d'y croire. Le pire est probable. La vérité est assassine et le reste mortel. Je veux savoir. La joie est noire, et mon bonheur est nègre ce matin comme la voix qui danse pour les voyageurs.

la souris qui sortait de son trou : « Comment fais-tu pour être en mélancolie gai ? - Mais c'est écrit dessus, roman mélancomique. - Alfonce enfin, ce n'est pas une explication. - Eh bien tant pis, c'est donc qu'il n'en existe pas. - Ou que tu ne l'as pas encore découverte... - Une souris verte qui rongerait son frein ? - L'herbe est plus verte ailleurs, ça c'est sûr on en meurt... - On est mis à demeure et l'on en crève ici. - Il nous faut bien mourir quelque part en ce monde... - Et pourquoi pas ici ? ça coûte bien moins cher ! - Ailleurs nous fait rêver, ici nous fait crever ! - Eh bien pars, va, cours, vole et nous venge en rongeuse ! - Ne plus revoir Calice ? - Si, de l'autre côté.. - De la rue ? Du miroir ? De la vie ? Autre part ? - Va savoir, essayer, n'y as-tu point songé ? - Je n'ai fait que ça mais, jusque-là, ç'a raté... - Assez dératisé, hâtons, qu'en dit raton ? - S'il ce nettoie, c'est donc mon frêle... - Ou bien quelqu'un des chiens ? - C'est pas Pif, aucun nez, ce n'est donc point son flair. - Ce qui fait mal au nez est malhonnête au net. - C'est de toi ? - Ça dépend. - Et de quoi ? - Du tympan. - De quelle oreille entend ? - Et de quel œil avise. - J'en ferai ma devise ! »

ils devisaient ainsi, alexandrant la prose en attendant la chose, et qu'elle advienne ou pas

c'est alors que le chat, l'écossais court du poil avec son air en short, s'avisa que le rat - il n'y connaissait rien -, était là au poil ras, et là ravi narguant bis côté biscottos et biscotte de Proust la mémoire rongée de remordre la bête immonde dans le fait qu'on la ponde, ou du vendre ou de vendre sa peau avant de l'avoir tuée


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Aniv64Django

« Django, frère chat cher, ne vois-tu rien venir ? »
Et le chat répondait :
« Le mur à l'air pas droit, dans un air qui merdoie »


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Img-1

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
Et la sœur Anne répondait :
« Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie. »

LAISSEZ TOMBER, L'ARTISTE
ou LE CHAPITRE AU CHAPITEAU

la poésie c'est sûr a versant trapéziste
quand trop pèse l'artiste et qu'il manque un filet
pour l'empêcher de choir et de finir si laid
qu'on hésite à le croire et qu'il soit un artiste

si par trop un poète en herbe prend un risque
alors son vers merdoie où que son pied il est
pris de vertige et glisse, et du fil exilé
le maladroit poète est tombé sur la piste

quand tout son cher public alors lui rit au nez
alors le spectacle s'est terminé en hic
et sa réputation ira ternir le cirque

c'est là que la lectrice attend moralité :
c'est celle du gilet, laisser Chouard à son RIC,
et celle de Levieux : retourne à ton lombric !

FoSoBo, 3 mars 2019, 16:54
sonnet 449

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Chat-botte

il est certain qu'objectivement, la poésie en vers est un art de toujours retomber sur ses pieds, comme un chat on le dit sur ses pattes. Y fus-je par mon patronyme et ma pas trop norme prédestiné ?
Va savoir ce qu'un Chabard botte,
en touche de Nevers ou de ça saboter,
homme de paille ou feu d'enfer,
d'en faire et contre tout de la poésie sienne,
terre d'un sien poème et de sa vie au monde ?


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Botte-de-nevers-1024x555
« Je vous préviens, cher Myrmidon,
Qu’à la fin de l’envoi, je touche ! »

Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, Acte I
Une botte secrète qualifie une combinaison de mouvements d'escrime conclue par une estocade fatale. La plus fameuse, la botte de Nevers, qui laisse à la victime une étoile sanglante entre les deux yeux, est née en 1858 de l'imagination de l'écrivain Paul Féval dans son roman Le Bossu. Elle nécessite des compétences acrobatiques et un maximum de promptitude et de dextérité. Ce qui fait dire à Jean Joseph-Renaud dans son Traité d'escrime moderne, publié en 1928 : "Malgré la vraisemblance extraordinaire que Paul Féval sut donner à la botte de Nevers, le lecteur qui a fréquenté une salle d'armes se refuse à croire que pareille estocade ait jamais pu être utilisée - et il a raison".
La poésie est un art qui me botte, en la mienne je prends mon pied, et d'en faire une escrime est-ce crime ? Alors prédestiné qu'importe, dès lors que point ignifugé, ni réfugié dans l'insipide, en pitre de lui même à la fin du chapitre ?

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les 9 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots 50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Lun 4 Mar - 14:15


chapitre 52

UN CONTE EST SORTI DU TONNEAU
exorcisme de style
D'ALEXANDRIE EN ABÎME ICI


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 LukeOram_Diogenes_and_Alexander-1-1200x968
Diogène le Cynique et Alexandre le Grand
Gaetano Gandolfi 1792
huile sur toile 52.4 x 65cm
lundi 4 mars

1
- On m'appelle Alexandre et je suis l'Empereur,
Formule un vœu, le vieux, que je le réalise.
- T'ôter de mon soleil, que ses rayons me visent !
- Sur toute terre au monde, on me dit grand seigneur !
2
- Ça me fait belle iambe où ne vois qu'un saigneur...
- Continue donc ainsi, si tu ne t'en avises
Un mot de moi demain tu feras tes valises.
Un outrage à mon rang c'est un orage aux tiens.
3
- Je suis seul, pauvre et nu, et je m'en porte bien.
Ce n'est pas la richesse en bourse mais du cœur
Qui est source à mes yeux de bien et de valeur.
Je traverse la rue, je te trouve un travail,
4
Qu'enfin tu saches vivre et non point en racaille
Avec tout l'or du monde extorqué à tes gueux.
Alors que tu festoies, tu n'es qu'un gros dégueux,
Eux font la queue pour rien et dorment sur la paille !
5
- Il fait des vers d'enfer, mais fier de sa trouvaille,
À poil et sans façon il m'offre sa leçon.
Qu'on lui donne un croûton, de la boue pour boisson !
Ça lui fera les pieds en attendant la trique !
6
- Ils peuvent me cogner, et empocher ton fric,
Tes comiques troupiers, je n'irai pas expier
Des péchés non commis, par défaut de papiers
À présenter tout neufs aux greffiers de tes keufs.
7
- Tu le prends comme ça ? Qu'on l'emmène par bluff
Au comico du coin, qu'il dessoûle son vin
Et qu'on le garde en vue, il me gave. Échevin !
Qu'on le passe à géhenne, à gégène et au pal !
8
- Tu palpites de haine et ton visage pâle
A trahi ton émoi, mais moi rien à cirer,
Des pompes à ton cul tu laisses à désirer,
Qu'on te frotte la bite à bière et mort subite !

En septembre 2010, Brice Hortefeux, alors ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy, venait de poser avec un jeune militant UMP d'origine maghrébine : « Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes. » Le ministre explique qu'il venait de se livrer à une intense séance photographique avec "la communauté auvergnate", puis qu'un jeune homme lui demande une dernière photo. M. Hortefeux souligne qu'il voulait alors dire qu'il n'y avait pas de problème pour prendre une photo, mais que ça devenait problématique si c'était pour en prendre plusieurs, car il était sur le point de s'en aller : « J'ai prononcé cette phrase en parlant des Auvergnats parce que je venais de les quitter à l'instant. »
9
- Il est fou ce manant, il sait plus où l'habite !
Quand yen n'a qu'un ça va, c'est quand yen a beaucoup
Qu'il y a un problème, et qu'on paye le coût
De leur intégration, des migrants la migraine
10
Me monte sous le front, d'émigrés j'ai la haine
Et la moutarde au nez ! - Qui se sent morveux veut
Qu'on l'accouche d'un vœu, t'es un peu trop baveux
pour être honnête au net, tu devrais te soigner
11
Ou mieux te faire refaire et le pif à grogner
Et ton groin de cochon et le bec et la truffe
Et pendant que tu y es, les oneilles, la touffe,
Et ton menton qui pend et ta goule qui ment
12
Et ton cou qu'est trop court et le tout carrément,
C'est pas cher chez ta mère à Neuilly où ton père
Est banquier, où t'as ton cabinet et pépère
Au zob sec tu peux conchier le Crouille en secret
13
Pendant que dépendant un laquais très discret
Te feras une pipe en affaires pendantes.
Tu les auras au frais et sans frais bien bandantes
Et ta maman aussi sera contente et puis
14
Beau roux, Sarko et le bêlant Guéant géant
Égoiste au Casino, ton petit coin bonnard
Non ? Tu n'y songeais pas, dans ta mare au Canard
Déchaîné outre tes avanies, ça fait rire
15
Avaries safaris, et tes vannes bien pire
En Afrique du Nord, et, du nœud, t'as pensé
Aux Rebeux comme à des Arbicos, insensés
Sans comprendre et censés tout apprendre, Toubab,
16
De toi, tes Blancs manteaux, de ton pote Nanab,
Beurette en sus à vous sucer le jonc en bandes,
Vos tournantes haut de gamme, ses yeux verts en amandes,
Prise en décapotable et sans capote au bout
17
À chauffer un peu trop, fais attention ça bout !
Tes gros sabots de bourge et ta crotte en salaire
De la peur à suer le burnous, la maîtrise au sale air
Bien qu'au bout le burn-out, sympathique apathie :
18
« A pâti d'un mal-être au dépens de l'usine,
S'est compromis d'erreurs, mérite la sanction,
Faute aggravée n'est pas à pardonner, fiction !
Faut souffrir au boulot et mourir heureux comme
19
Oh hisse on fait un beau voyage et en surhomme,
Héros de l'entreprise et médaillé défunt,
Des fins récompensé à la fin c'est pas feint,
C'est par faim qu'on carbure au turbin et qu'on crève
20
Avec les honneurs mais la carcasse sans rêve
Et les couilles sans or à la clef du caveau.
Au cave haut la défaite et la fête au cerveau
Par les vers avalés de terre et sans faire grève,
21
Un jour qu'il fait soleil, camarade, et sans trêve,
On trouve que c'est con, passer pour un patron ! »

22
Je vois pas le rapport avec notre Empereur
Alexandre le grand, Diogène et son tonneau,
Si nique le taulier cynique, en le panneau
Tomber c'est pas finaud et tout ça pour des ronds !
23
La France est pas la Perse, et le Grec pas Macron,
Mais quel fatras à quoi rime ta macédoine ?
Onfray pas de Sinope, Jupiter Pharaon,
Quel cinoche cinoque et si moche la toile,
24
Sur ton écran à cran ça ne tourne point rond.
On dirait un rond-point vu d'un œil qui se voile,
Où tombe ta nuit blanche, où noir est ton ronron
D'un cauchemar anar sans amarre d'étoile
25
Au loin pour te guider, et personne environ
Pour te suivre là-bas, t'es perdu pour la cause,
Tu n'as ni horizon, lumière ni giron,
Pas de sein à téter, pas de saints pas de glose,
26
Pas de révolution en vue, de théorie
Magique, ésotérique et pure
Et durablement dure, et Carbure aux abris,
Ça va sécher c'est sûr, car ça sent la saumure,
27
Et saumâtre est la mer où se noie le bébé,
Mais Pépé dans la soute a trouvé une piste,
Non c'est pas une fuite en avant bouche bée,
C'est une citation d'avant l'immédiatisme,
28
Quand c'était mieux tous seuls et n''être encore lus
Par cet hurluberlu qui vous voit en cubisme,
En Ubu, en imbu, en nain buvant berlue
Sa prose obsessionnelle jusqu'à l'obnubilisme.
29
Mais dis donc tu vois pas qu'il est passé minuit ?
C'est inouï qui fait combien pour les syllabes ?
Alexandre est perdu, Diogène est en cavale...
Je ferais mieux d'aller voir au pieu si ça nuit.

[...]

30
Le conte est bon mais pas la météo. Levieux
qui s'était couché tôt avait mal à la tête :
« Souffle le vent et je m'essouffle à la tempête,
Lundi matin, jour de chagrin, restons au pieu. »

31
Alfonce découvrait ces vers d'un soir pluvieux,
Se demandant : « Qui a pondu ce conte étrange ?
L'ai-je rêvé ? L'ai-je inventé ? Qui me mélange ?
Et maintenant que ponds-je ? Où ira mon couplet ? »

32
Il n'avait diantre aucune idée pour la suite accoupler
Au versant satyrique et qu'on lirait comblé,
Pensant : « De tout ce fric fauché comme les blés,
Qu'une faucille et un marteau jettent le sort complet !
33
Il me faut encore mes forces rassembler,
Ou périr par le glaive au cœur d'Alexandrie,
Grève au poème et trope en Abyssinie,
Ou le suivre à la Thrace dans les déserts de l'amour ?  
34
Briser la césure là où elle est usée
Et bousculer la rime à l'ordre désuet,
Recommencer toujours toujours recommencer,
Foin des bouts embrassés, suivis, plats ou croisés,
35
Du passé faisons table naze et les doigts dans le nez
Allongeons nos pas par trop sages, allons vers le verset,
Affranchissons-nous d'idées au débit limité d'un débile imité,
Abolissons enfin Alexandre en ses gènes ! D'un mot, soyons Diogène ! »

36
Pourtant nous le savons, de Marseille ou d'ailleurs,
Depuis des lustres, l'eût-ce tu cru, c'est lustré,
On en a fait un luxe et l'on s'y est luxé,
Trope en trop ça trop pèze en mauvaise fort thune, d'ailleurs


LE PIED EN MOINS LA RIME EN PLUS
« Ah la la la la quell' méli-mélo, dit...»

Le vers zau bout a perdu son désir
La rime s'étant retirée d'un coup
On nous a dit d'innerver le plaisir
Et l'on nous l'a hiberné beaucoup

Tout effet Tout est fait Tout à fait
Mais tout a-t-il été dit de l'eau

[...]

37
Si encor j'avions pas lu et connu Dufrêne,
Je pourrions croire sans hésiter, leurre, inventer
La poudre et le canon de pêcher belle en des eaux ignorées
De tous et d'outre lettrisme, et créer la preuve par du neuf muses dépasser


l'ensemble fut dédié à mon ex-collègue de travail décédé en 1982 à 52 ans, le poète et peintre affichiste François Dufrêne, compagnon des Lettristes et de Guy Debord à Avignon, avant Potlatch et l'Internationale situationniste, au début des années 50. Un collègue au demeurant encarté à la CGT, qui travaillait à la 'Direction des Routes' de l'État sans avoir son permis de conduire, et ne vous écoutait jamais que pour en faire des jeux de mots... Il travaillait à sa Cantate des mots camés dans son bureau à côté du mien...
38
Qui m'aura empêché d'être aussi radical
et de rompre d'avec toute cette antiquaille et la verroterie d'avant
naguère, et de faire la guerre au radotage d'un autre âge ?
Personne que le lien supposé à des théories folles de duplication en leur duplicité. Complicité !

39
Et c'est d'ici qu'il faut s'ôter,
il faut ici sauter ce tas, Hic Salta !
hic sale temps en laïque cité, ne plus citer ni réciter,
ici qu'il faut, sans sucer ton passé, ton temps re-susciter

40
mais il ne faut jamais se dire il faut
comme pour aller voir ce que ça fait
car on ne voit jamais quand on y va pour voir
il faut le faire, pas seulement le dire

41
le tenir pour acquis, bien mal ne profite jamais à qui ne le fait pas. Marchons d'un pas léger, franchissons le mont blanc d'une page aussi vide qu'un gouffre vu du bord de l'abîme ici. Suivons Desnos : « Les lois de nos désirs sont des dés sans loisirs. » Retrouvons les désirs démodées de la rime muette...

L'INVENTION DE LA RIME MUETTE

(Histoire secrète de la poésie)

Un faune étique et muet promenait son chat dans les gorges profondes de l'Abîme, quand tomber nous le vîmes. Le chat. Quelqu'un de haut jura : « Ah brutes que ces gorges ! » Le faune acquiesça d'un silence. L'écho nous le bas en perdîmes en haut de l'insondable gouffre, alors que le chat retombait sur nos pieds. Vous le comprîtes, nous en restâmes coïtes. C'est alors, encore une fois, que de haut le faune opina.

Donnons ma langue au chat : « C'est dans les gorges de l'Abîme que mon faune haut maître, à l'âme sublime, et moi chat retombé sur vos pieds, découvrîmes la rime muette »

LIVREDEL X 4. CRISE EN VERS, 13 décembre 2011
42
Ta page diurne dit l'urne trompe l'ennui d'y voir le tour de la plus haute joie

Nos n'aimons plus les trains de vide et les espoirs des poires à soif, à soi, à foi grasse et refaite, défaites en des fêtes et nuits dormir debout. Tabou ! Tas boue ! Bourgeois !

Nous irons où j'irai, seul et sans vous là-bas, moins loin, ici plus près de nous

Nous y voilà en somme, où nous avons sauvés sauté sur place, et c'était bien la peine, d'en faire tout un poème, à Diogène : adieu gêne ? à dieux gènes ironème ?


Arrow

Alfonce ainsi tournait en rond, comme un lion dans sa cage de vers, faisant le point comme on fait le rond-point, gilet jauni, gilet sali, j'irais au lit plutôt, ce soir sera outre-matin, j'irai en rêve faire la grève de l'écrit, de mes cris sourd aigri, de mes grigris et gris (1), lancinante répétition du même, tel le Quichotte sur sa Rossinante récitant et récidivant, sang chaud penché, les foutraques sutras sur les sous-traces de son bide : « Ah, Dada ! Sur son bidet et quand il trope il fait d'épais cancans, des french cacas, des francs massés sous les euros et ras maçons à la ramasse, et ça ira, Ah, ça ira ! Où ça ? Là-bas, toujours plus près sans horizon, prendre son pied à pied, son verre aussi, à pied, mont de piété à faire pitié d'y déposer encore, UNE FOIS ENCORE... »
Édouard Glissant a écrit:Ils sont le sel de la Diversité. Ils ont dépassé les limites et les frontières, ils mélangent les langages, ils déménagent les langues, ils transbahutent, ils tombent dans la folie du monde, on les refoule et les exclut de la puissance du Territoire mais, ils sont la terre elle-même, ils vont au-devant de nous, ils voient, loin devant, ce point fixe qu’il faudra dépasser UNE FOIS ENCORE.

Tout-Monde, 1993,

notes

1. chapitre 45. jeunes et gris, vieux aigris, seven nuances of grey

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Mar 5 Mar - 13:33


chapitre 53

OUTRE-RÉEL : UN MOT POUR LE DIRE ?

un mot, on peut lui faire dire n'importe quoi, et particulièrement une chose et son contraire. Alors l'outre-réel, c'est quoi ?

prenez événement (voir Dictionnaire des idées qu'on suit, Evénement/ Event : ce qui change en passant de l'aigu au grave...)

aujourd'hui, un événement réellement virtuel peut annoncer l'annonce d'un événement virtuellement réel, et parfois le décrire : « Un événement est organisé dans tout le pays dimanche prochain. La description de cet événement annonce une "petite surprise à Benjamin Griveaux". Un événement intéressant vendredi matin rassemblant moins de 200 personnes a été créé sur Facebook. » Magie du réseau soucieux, l'événement dit "créé" est futur, et tant pis s'il s'avère un non-événement. Voilà qui ne gênerait pas nos "communisateurs", qui « annoncent » la révolution comme l'évènement des événements

le mot événement a prix le sens de l'anglais event : « l'event, en art contemporain, désigne une œuvre qui se caractérise par le fait que c'est le spectateur qui la constitue. » Ainsi, ne compte plus la chose, mais son spectacle. Exemple : les Gilets jaunes, revendiquant leur "chez nous" français, créent-ils, crétins des Alpes, des événements... au sens anglo-saxon
Temps Critiques glose sur le "mouvement des Gilets jaunes", qui a pour ses auteurs « Un caractère d’événement. L'événement, au sens fort, c'est ce qui marque une rupture avec ce qui est attendu, [...] Un événement, c’est aussi ce qui marque une rupture entre l’avant et l’après. » Un "événement" est donc quelque chose qui se passe ; il est "fort" quand il n'est pas ordinaire, la belle affaire... mais non content de cette trouvaille qui crée l'événement... de leur article, ils le remplissent d'un sens conforme à leurs présupposés datant de décennies : l'événement "Gilets jaunes" prouve la venue, plus loin, plus tard , de la "Révolution à titre humain" : ce qui n'est pas là comme preuve de ce qui viendra...

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D037lcsX0AACXZy

un mot, pourtant, ce n'est pas bonbon fourré ou un caramel mou qu'on craque sous la dent ou laisse fondre dans la bouche pour en sous-tirer les goûts profonds que cacherait l'enrobage, et autour le papier, la paquet, la publicité... C'est pourtant ainsi que nombre de mots sont souvent gonflés d'un sens conceptuel, ça fait philosophique et profond, puis retournés en tous sens pour savoir ce qu'ils veulent dire car ils le cachent, alors qu'on les a soi-même choisi pour les poser, les imposer à la réalité. Un mot c'est un rapport entre lui comme forme, signifiant, soit son phonologique prononcé à voix haute ou silencieuse, intérieure, soit lettres ou idéogramme, symboles de représentation par l'écriture..., et l'objet qu'il représente, signifié, la chose ou le sens. Et ça, c'est encore une séparation, alors que jamais dans la vie forme et contenu ne sont séparés

prenez encore la plupart des mots-problèmes au cœur des théories communistes : révolution, prolétariat, classes... il y a belle lurette qu'on ne les interroge plus, cf Du passé faisons table naze

à l'outre-réel on peut attribuer plusieurs sens, je l'ai dit avec outre dans 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s). Outre-réel est un mot qui a été fort peu utilisé. Isabelle Pariente-Butterlin le fait en 2012 dans son livre L'infini :

le jour est un mur épais, outre quoi il faut passer. Outre-mer, outre-possible, outre-réel, je cherche en vain dans le dictionnaire des mots qui en parleront. La syntaxe libre rendrait possible les élans : qu'y mettrons-nous de nos rêves ultra-réels ?
on le trouve aussi dans ce poème publié par la revue Le capital des mots n°12 de décembre 2008, signé Aude :
épris
épris sans se prendre
aux lisières platoniques
l'outre-réel s'émancipe des sens

les flammes sourdent
sous l'épiderme translucide
impuissant à circonscrire l'offrande

allongés
au bord du souffle
les vertiges s'enhardissent
pétrifiés

un seul écho cogne
sans bruit
mais moi, je n'ai aucune envie de mettre dans le mot de mon outre-réel seulement mes « rêves ultra-réels », bien persuadés que ceux si sont liés d'une façon ou d'une autre à ma vie, le vie, le réel. Et si j'en fais poésie, c'est-à-dire entre autres des poèmes, c'est toujours dans un sens parfaitement matérialiste, car il n'est pas question pour moi que « l'outre-réel s'émancipe des sens », au contraire, sauf à se mutiler comme les prétendues théories du réel que je considère comme des idéologies, des religions fondées sur ce qui manque au réel pour satisfaire les fantasmes de leurs auteurs


un cinéma de l'outre-réel se rapproche de ma conception mise en œuvre ici, celui de Kazuhiro Soda dans Inland Sea, La mer intérieure : « à travers ma caméra, je parviens à créer une relation avec les gens »
au début de la projection, j'ai eu un peu d'appréhension pour ce documentaire que l'auteur appelle "film d'observation". Au fil des images (ni voix off, ni musique) vous êtes emporté par les "personnages" de ce vieux pêcheur, de la "commère" du village, de la "marchande de poisson" à la criée, à la boutique où la pêche est préparée de faon traditionnelle, et pendant sa tournée de livraison à travers le village, rencontrant autant de figures d'un Japon "au crépuscule"
rien ne fut préparé, tout y est improvisé, sans synopsis, caméra à l'épaule, au fil des rencontres, aucune n'ayant été sollicitée par le réalisateur et cameraman, accompagné de son épouse qui posait les questions. Soda explique que s'il filme ainsi c'est « contre la télévision » où, après avoir travaillé sept ans, il a craqué, et les "règles" qu'il s'est données en sont l'exact contraire

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D000LBSWoAIeRjF

en dehors de ce qui est spécifique au tournage d'un film, et cela même peut être adapté à l'écriture, tout est comparable à ce que je fais :
1. pas de recherches préalables : au besoin pendant
2. pas de réunion sur les sujets : avec qui ?
3. pas de scénario, synopsis : improvisation en temps réel
4. j'écris moi-même, sans nègre, assistant, documentaliste ou correcteur, loin d'être le cas des best-selleurs et de leurs équipes comparables aujourd'hui à celles pour tourner un film à gros public
5. prises de vues aussi longues que possible
6. (fouiller les petits espaces)
7. je ne pose pas un thème ou un but avant de l'écrire, et ce malgré le titre du chapitre posé au départ. Ça va où ça va...
8. (là, du fait de mon choix d'intégrer au domaine tous les champs et registres d'intervention, je sors de la règle)
9. longues prises, oui, dans la limite du chapitre, mais avec reprise ultérieure de scènes suspendues
10. je paye moi-même la "production", donc ne dépend d'aucun échange marchand...

en outre, ce qui fait de ce roman un roman, et non un documentaire sur le réel, c'est que je m'y intéresse plus au versant poétique de l'outre qu'à celui descriptif du réel, de la même façon qu'un peintre ne fait pas une photographie comme preuve d'une objectivité, à la manière de celles qui abondent sur internet, montages ou pas, établissant la preuve irréfutable de ce qu'on veut établir comme indiscutable. Aristote : « Or le prodigieux est agréable ; j'en donne pour preuve que tous, lorsqu'ils font un récit, en rajoutent toujours, pour produire du plaisir. » Poétique, -384-322 av. J.-C

alors bien sûr, Alfonce en rajoute, il ne se contente pas de faire du mentir-vrai avec des personnages "plus vrais que nature". Essayez de lui dire que les contes et fables pour enfants, qui sont autant pour adultes, que les animaux qui parlent, et les humains avec, depuis l'antiquité et plus haut les mythes ou dans les animismes d'avant les religions, dites-lui que c'est une fausse représentation de la vie, et qu'il a fallu la raison des Lumières et la vérité des sciences pour qu'enfin l'on voit clair, renvoyant ces inventions humaines au rang de croyances et les vidant de leur raison d'être et de leur puissance à changer la vie. Même le communisme comme idéal, qu'il n'était pas pour Marx, relève de ces mythes


Arrow

« Non mais t'as vu ça, l'Alexangre, i' dit qu'i' ya trop d'Auvergnats en France ! - C'est pas sangre mais sandre, le vieux... - Cendre ? - Bon, laisse tomber, tout' façon c'est pas lui, mais Heurtefaux, pis t'a quoi contre les Arabes ? - J'ai pas dit ça... - Ouais, parce qu'avec Pompidou, Giscard, Chirac, Hollande, ça va être dur de parler de racisme d'État anti-auvergnat ! - Avec toi, t'as toujours raison, et puis merde, si qu'en reste n'un, d'Auvergnat, ce serait moi... - Et qu'un d'Arabe, tu choisirais qui ? - Bouteflika, une Président virtuel, rien de tel pour une État transparent ! - C'est pas l'avis des Algériens ! - Donne-leur un Macron, ils verront leur cas ! - C'est pas l'avis des gilets jaunes - Donne-leur Asselineau, paraît que c'est leur préférence... - C'est pas un Auvergnat ? - Va savoir, né à Paris... - Moi aussi ! - C'est pas pareil, AliBlabla c'est un nom d'Arabe,... - Bah, c'est surtout persan... - Comme les tapis, tous des marchands ! - Et des voleurs, sur les tapis... »

ç'eût pu durer, mais non, ça cessa là c'est sûr, disait Saussure en se retournant dans sa tombe, car on l'avait couché sur le ventre, et quand il se marrait, ça lui faisait mal au signifiant signifié


Arrow

les 11 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots 50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ?

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Mer 6 Mar - 18:17


chapitre 54

LA FEMME À LA JONQUILLE
mercredi 6 mars

« Il cultivait dans des verres d'eau ces oignons cendrés dont naissent les belles jonquilles.
Un jour la fleur qui s'ouvrit fut, comme une flèche indicatrice, un revolver braqué. »

Livres Choisis, Philippe Soupault, Rose des vents, Louis Aragon, Littérature, nº 8, Octobre 1919


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60 ans plus tard
LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Aragon-et-Soupault-par-Louis-Monier
1980

une fille dans la pelouse
- si belle je veux l'épouser
qu'elle en rende une autre jalouse -
dérobe à mes yeux médusés
une fraîche et jaune jonquille

je m'approche de la jeune fille...
c'est une femme en blouse, usée


en attendant plus tard, le temps c'est maintenant, la femme est au présent à l'homme qui prétend


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 52323645_10157104959489357_4426663418635747328_n.jpg?_nc_cat=108&_nc_ht=scontent-cdt1-1

l'anar, preuve par LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 23905639_1545507342204789_783253561078663384_n.jpg?_nc_cat=106&_nc_ht=scontent-cdt1-1 ajouta, cultivé : « c'était sans doute vrai pour Aragon concernant Elsa Triolet »
et l'outre-conne a bien rigolé, « ha ha », c'est tout l'Aragon de Lola
qui ne retient que Jean Ferrat : « La femme est l'avenir de l'homme. »


Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
Face à notre génération
Je déclare avec Aragon
La femme est l'avenir de l'homme


car le poète, qui osa, stal', en 68 : « les jeunes gauchistes feront les vieux cons », n'a jamais écrit ça mais, en 1963 dans Le Fou d'Elsa, « L'avenir de l'homme, c'est la femme, elle a la couleur de son âme ». Vous me direz quelle différence ? Aucune, mais comprend-on ce qu'a voulu dire Aragon ? Il s'en explique dans un épitexte au livre : « Je suis l'ennemi de ce règne de l'homme qui n'est pas encore terminé. Pour moi "la femme est l'avenir de l'homme" au sens où Marx disait que l'homme est l'avenir de l'homme.» Renvoyés à leurs lectures, notre couple de révolutionnaires a disparu sous le mur de Lola, l'"Outre-Gauche" qui n'a pas d'oreilles


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D09PZraWkAABd_E

Aragon donnait une consigne dont Jean Ristat fit un livre

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 CVT_Aragon--Commencez-par-me-lire_1337
1997

et donc, lire Le Fou d'Elsa, où pour gauchiste pressé cliquer sur Wikipédia, c'est apprendre que
L'œuvre prend place dans sa biographie d'intellectuel engagé pour couvrir sa lecture de la période de décolonisation, marquée à la fin des années 1950 par la guerre d'Algérie, qui a suivi la Libération.

Le Fou d'Elsa reflète un immense engagement intellectuel de Louis Aragon pour s'approprier la culture et l'histoire du monde arabe et musulman et pour comprendre sa relation au monde chrétien et au monde moderne. Les poèmes y sont sertis dans une narration biographique et une analyse sociologique et historique relatant l'Andalousie dominée par les musulmans.

Le Fou d'Elsa comprend aussi une dimension théâtrale. Il met en scène, dans le contexte dramatique de la chute de Grenade, en 1490-1492, coïncidant avec la découverte de l'Amérique, la société andalouse, mêlant musulmans et juifs pétris de rationalisme. La chute de Grenade est un moment charnière de l'histoire moderne, celui de la montée politique de la chrétienté, portée par l'Inquisition, et le début de la dépression séculaire dans laquelle s'engageait le monde arabe et musulman, achevée par sa colonisation.
ultra-con de l'outre-connerie, étale en anti-stal' ta confite culture, ne braquons pas le revolver, revenons à nos jonquilles et aux femmes en fleurs

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 JonquilleMars2015
sur la terrasse, Patlotch, 2015

il revisite ses sonnets de 2016, ceux de 2014 et 2015 sont détruits, ceux jusqu'en 2012

FAMILLE : JE VOUS AI ?

Né du hasard et d'une famille
parmi pommes de terre et jonquilles,
si j'avions su j'aurions point venu,
mais le mal ainsi fait j'en fus nu.

Comme un malheur ne vient jamais seul
les lapines sortaient en linceul,
guerre froide, en soldats inconnus
juifs ou pas en étaient prévenus.

Le temps passe on survit en béquilles
et les yeux au bain des camomilles,
on boit la tasse des confusions,

on visite le monde en gougueule,
on dit bonjour, fais pas cette gueule !
Il faudrait se bercer d'illusions

FoSoBo, 23 mars 2016, 21:13, sonnet 214

- 1951, myxomatose chez les lapins français
- le 5 avril 1951, quatre jours avant ma naissance, Julius et Ethel Rosenberg, couple de new-yorkais communistes arrêtés pour espionnage au profit de l’URSS, sont jugés coupables. Ils seront exécutés sur la chaise électrique le 19 juin 1953 dans la prison de Sing Sing
- on faisait, avec la camomille du jardin, des infusions et des bains pour les yeux irrités


les jonquilles étaient revenues avec Afrodite au chapitre 34, la plus belle africaine

Elle avait parfois accompagné Ronin dans ses escapades, ou conduit plus loin à La Forêt Notre-Dame ou celle de Fontainebleau, où ils avaient fait du camping sauvage, et lui s'était senti le Roi de cette jungle fantasmée. Elle y préférait le printemps, quand sortaient les perce-neige, pervenches, violettes, jonquilles, primevères ou coucous, renoncules ou boutons d'or, anémones blanches...
non ce n'était pas elle, LA FEMME À LA JONQUILLE, hier au bord du périph', en manteau pas en blouse, cueillant une jonquille, la pelouse en tapis. Ni jeune ni usée. Ça bouchonnait et il la regardait, elle le vit, son œil brille et le sien, lui sourit, les voitures avançaient... Que faire ?

c'est souvent comme ça, un regard puis s'en va, quand le métro repart, tu restes sur le quai, au taquet de ta quête... le goût de l"absolu et encore Aragon, Aurélien recopié parangon, parent gong ?

Il y a une passion si dévorante qu’elle ne peut se décrire. Elle mange qui la contemple. Tous ceux qui s’en sont pris à elle s’y sont pris. On ne peut l’essayer, et se reprendre. On frémit de la nommer : c’est le goût de l’absolu...

Qui a le goût de l’absolu renonce par là même à tout bonheur...

Ce symptôme est une incapacité totale pour le sujet d’être heureux. Celui qui a le goût de l’absolu peut le savoir ou l’ignorer, être porté par lui à la tête des peuples, au front des armées, ou en être paralysé dans la vie ordinaire, et réduit à un négativisme de quartier ; celui qui a le goût de l’absolu peut être un innocent, un fou, un ambitieux ou un pédant, mais il ne peut pas être heureux. De ce qui ferait son bonheur, il exige toujours davantage. Il détruit par une rage tournée sur elle-même ce qui serait son contentement. Il est dépourvu de la plus légère aptitude au bonheur. J’ajouterai qu’il se complaît dans ce qui le consume. Qu’il confond sa disgrâce avec je ne sais quelle idée de la dignité, de la grandeur, de la morale, suivant le tour de son esprit, son éducation, les mœurs de son milieu. Que le goût de l’absolu en un mot ne va pas sans le vertige de l’absolu. Qu’il s’accompagne d’une certaine exaltation, à quoi on le reconnaîtra d’abord, et qui s’exerçant toujours au point vif, au centre de la destruction, risque de faire prendre à des yeux non prévenus le goût de l’absolu pour le goût du malheur. C’est qu’ils coïncident, mais le goût du malheur n’est ici qu’une conséquence. Il n’est que le goût d’un certain malheur. Tandis que l’absolu, même dans les petites choses, garde son caractère d’absolu.
le goût de l'absolu, le goût du roman, le goût de l’infini, le goût du saccage... le goût de sa cage ?

s'en marrer maintenant mais avant s'y mirer, ce plaisir masochiste, Narcisse ? Tu crois pas si bien dire, car « jonquille désigne en français vernaculaire plusieurs plantes, généralement du genre Narcissus. »


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Écho et Narcisse
John William Waterhouse, 1903
Huile sur Toile 109 x 189 cm

tout fait boucle dans l'outre-réel, intra-réel c'est extra, tiens c'est bizarre, Léo Ferré anar a chanté Aragon stalinien ! Va donc y ferrer quelque chose, Ferrat bien bon pour le populo et à conchier par les gauchistes, car, comme dit ici Le Savant de Marseille « le monde était beau comme dans un poème d'Aragon. » Quels vers d'Aragon faut-il avoir lus pour soutenir qu'il trouvait beau le monde, ne point comprendre alors qu'on porte la même maladie que le stalinien Aragon, qui n'a jamais pu renier sa foi communiste. La période a changé, la foi reste la même : « Si c'est pas cette fois, ce sera la suivante. », écrit le même qui n'a d'Aragon lu que deux vers de Hourra l'Oural

on a chez les gauchistes, comme le goût de l'absolu dans la référence à "Aragon stalinien", qu'il fut c'est vrai et plutôt deux fois qu'une, puisqu'avec Elsa, première amante puis belle sœur de Maïakovsky, il savait mieux que personne et bien avant les Procès de Moscou. C'est qu'au fond il ne fallait pas « désespérer Billancourt », rétorquait Sartre, alors compagnon du PCF, à des critiques de gauche, voulant signifier qu’il ne faut pas forcément dire la vérité aux ouvriers, de peur de les démoraliser. Un jésuite a chassé l'autre, et la "théorie communiste" ne dira jamais ce qu'il en est de la perspective, même lointaine, de la révolution par le prolétariat universel, messie domine ici, mais si ce n'était qu'une foi en lui ? Elle y perdrait sa raison d'être, et le théoricien avec, en abîme ici... Quant à la poésie

Elle a le goût de l'absolu
quand tout est relatif
Aragon ne l'a pas résolu
en optant pour se taire

TROUER LA PEAU, RER A, 24 mars 2005, 8h35
LIVREDEL VIII 6. SÉRIE BÉE

une âme dira triste que « la jonquille est la fleur emblématique de la fête des grands-mères, qui a lieu en France le premier dimanche de mars. Dans le langage des fleurs, la signification de la jonquille est la langueur d'amour, de désir. Elle exprime une attente. »

comment Calice en eut-elle vent ? Toujours est-il qu'elle n'en avait pas offert à Mamy Radore, qui ne lui fit pas remarquer, mais qu'elle alla, en compagnie, de la souris mi-grise migrée, et Ronin de bon gré, en cueillir quelques-unes au Parc des Beaumonts, où elles abondaient près de la mare où se miraient aussi quelques ajoncs, et que depuis février exceptionnellement chaud, avaient percé jacinthes, primevères et violettes. Les enfants étaient en vacances...


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Lac Daumesnil, dans le bois de Vincennes

ainsi toute sa vie s'était-il promené par les mots, il les suivaient comme des filles, pourquoi pas les jonquilles ? Le mot n'est-il pas aussi beau que la chose, ayant éclose... ?

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D0-Mp-AX4AUD2A2

Serait-il le premier à l'écrire ?
Charles Nodier : C'était de petits nuages humides où l'oranger, la jonquille, le vert pâle, luttaient suivant les accidents d'un rayon ou le caprice de l'air contre l'azur, le pourpre et le violet. Trilby ou le Lutin d'Argail, 1822

Céline : Y en a pour toutes les couleurs ! Une bataille d'échantillons !... Des jonquilles !... Des verts par là... Des violets... C'est l'échauffourée ! Mort à crédit, 1936

Simone de Beauvoir : Je respirai l'odeur de l'herbe fraîchement tondue, je marchai dans le parc de Bagatelle, éblouie par la profusion des pâquerettes et des jonquilles, et des arbres fruitiers en fleurs. Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958

Didier Hallépée : Chez les Chasseurs, la tradition veut que l’on ne dise jamais jaune mais jonquille et que l’on ne dise pas rouge mais bleu cerise . Le jaune est réservé à l’une des couleurs de la médaille militaire, le rouge est réservé à la légion d’honneur et à la troisième couleur du drapeau. Quant au sang, il est vert (le sang versé pour la France). Nombres en folie : les divagations du mathématicien fou, 2013
il n'avait pas fini de jouer. Tout un monde est dans la jonquille : qu'ouille, nouille, jonque, Julien, Lionel, l'ouïe, jolie, Julie, loque, nique, niôle, nulle, noël, Léon, Joel, jeun, joie, joué, juin, lien, lieu, loin, loué, lune, noix, noué, œil, quel, quoi, ouïe, unie, oui ! Et maintenant, que vais-je en faire ? Un poème à la noix !

JOLIE JULIE

la fille à la jonquille
nique tranquille Julien, Lionel,
et Léon pour Noël

Joël est joué

la lune au loin
à jeun est ouïe

bientôt la quille

tout un monde de désir sexué, disions-je, si l'on en croit l'étymologie de jonquille : « de l’espagnol junquillo, lui-même dérivé de l’espagnol junco, "jonc", issu du latin "juncus". »

en effet, l'expression « À la mords-moi le nœud », est une référence à une gâterie d’ordre sexuel, le nœud étant le sexe masculin. Rien à voir avec « À la mords-moi le jonc », le jonc est l’or « En effet, une petite morsure dans une pièce en plomb suffisait pour faire sauter le placage. » ? Ça dépend


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Sexe-pour-l-argent-5549170

le sexe et l'argent sont liés depuis que le second existe. Freud écrit que l’analyste doit « traiter devant le patient des questions d’argent avec autant de franchise naturelle qu’il en exige lui-même de son patient en ce qui touche la sexualité. »  Vrai qu'il s'agit plutôt de sexe anal, de retenir ses fèces comme le fric, mais de nos jours tous les goûts sont dans la nature, même le goût de l'absolu qui, par ce côté-là, ne manqua pas à Aragon. Le tout, en pratique l'hiver, effeuiller la jonquille sans se peler le jonc. C'était d'avant Elsa, comme ce fut après, tiré de Feux de joie, 1920, Éclairage à perte de vue :
Je tiens ce nuage or et mauve au bout d'un jonc
L'ombrelle ou l'oiselle ou la fleur
La chevelure
Descend des cendres du soleil se décolore
Entre mes doigts
Le jour est gorge-de-pigeon
Vite un miroir Participé-je à ce mirage
Si le parasol change en paradis le sol
Jouons
À l'ange
À la mésange
Au passereau
Mais elles qui vaincraient les grêles et l'orage
Mes ailes oublieront les bras et les travaux
Plus léger que l'argent de l'air où je me love
Je file au ras des rêts et m'évade du rêve

ont-je fais le tour du don jonc d'Aragon ? du Don Juan hors des gonds, des égos, des égouts de leurs absolus ? Du coté de mes gongs, déjoué les seconds rôles qu'ont malgré eux cons, les figurants du vif saisi par leur mort théorique ?

certes non, jonglons encore, et rappelons-le d'abord à qui croirait l'inverse, le jeu de mots tombés du cirque : « jongler vient de l'ancien français jogler, se jouer de, du latin joculari, dire des plaisanteries, avec l'influence de l'ancien français jangler, plaisanter, du francique jangalôn, bavarder. »


DÉGÂT DES GATTES
sonnet 54, à ma grand-mère

Jonglerie dérisoire
mot à maux goutte à goutte
verbose en perfusion
poison d'entre doux doutes

Diantre deux os squelette
en solde cherchant chair
sans canon ni trompette
morose à bouche noire

Fichtre queue de sagesse
en tir bouché mutique
en avant, ma muse, hic !

Noyée dans un vers beau
de garce patronnesse
prenant pied à confesse

RER A, 5 septembre 2005, 18h16
LIVREDEL VIII 10.T'AIRE D'ACCUEIL

Mutique (zoologie, botanique) - Cette expression s'applique à tout organe qui n'est terminé ni par une arête ni par une pointe. Elle est opposée à celles de aristé, mucroné; acuminé. On l'emploie surtout en botanique.


Alfonce savait, en se relisant, qu'il avait fait de meilleurs poèmes, en diverses occasions

la première était conjointement, en 1991-1991, ses amours malheureuses et son deuil du PCF mais surtout d'ex-camarades et amis qui désormais lui tournaient le dos, en pleine Chute du mur de Berlin et du "Socialisme réel, Bilan globalement positif" dont il s'était sans regret réjoui, de la page tournée plus qu'en imaginant ce qui allait venir, et qui vint, qui est là désormais. Mélange donc, où la petite joie compensait fort mal les déboires personnels autant que politiques

la suivante était au cœur de la première décennie de ce siècle, courant de 2003 à 2012, pour des raisons semblables entre amours désolées, espoirs et déceptions, cette fois théoriques

pas de bonne poésie sans mélancolie. Peut-être au fond était-il aujourd'hui trop heureux étant  le moins peureux de ce qui vient ? Parce que ça ne le concernera pas ? le consternera plus ? C'était bien assez de vivre au présent, accablé par la bêtise de qui furent les siens, mais des premiers aux derniers des cons, pendant 45 ans ! Aucun mort, seulement des placards, mais plus longtemps que ne l'écrit Jean-Pierre Chabrol dans La Folie des miens

À travers l'histoire de deux ennemis intimes, le dessinateur Hanjure et le militant Dunkerque, membre du Comité central du Parti communiste, puis exclu, Jean-Pierre Chabrol raconte comme personne ne l'a jamais fait le drame d'une génération. Celle qui a connu le maquis, l'ivresse sans lendemain de la Libération et la plongée dans la période stalinienne. Car Dunkerque et même Hanjure furent des staliniens.

Dans ce grand torrent romanesque qui n'appartient qu'à lui, Jean-Pierre Chabrol nous entraîne des maquis des Cévennes aux coulisses de la rédaction de L'Humanité, à la villa de banlieue de Maurice Thorez. L'histoire se fait chronique pour montrer, dans leur vérité quotidienne, des hommes de chair et de sang.
Célanie, la cheminote rouge : « Alors, comme ça, Alfonce, tu t'en fous, du communisme ? - Mais pas du tout, t'as rien compris ! C'est pas parce que je pense que la fin du capitalisme ne pourra pas venir d'une révolution prolétarienne, et même que toute l'histoire des sociétés ne se réduit pas à la lutte des classes comme Marx dans le Manifeste, que je me fous du communisme. T'en veux un qui s'en fout et le clame ? le voilà, dans toute sa splendeur de Savant de Marseille. »
Roland Simon a écrit:Le communisme, on s'en fout, ce qui compte c'est la lutte des classes. Et ça, tu es dedans. Très tôt, dans le replis après 68, plein de copains, la perspective communiste disparaissant, ont dételé. Je me suis aperçu que, finalement, le communisme je m'en fous. Tous ces gens qui étaient orphelins du communisme, ça va finalement théoriquement avec mes critiques de toutes les normes, du normativisme, ce qui compte c'est la lutte de classes et, dans cette société, tu es dedans.
entretien avec Lola Miesserof, Voyage en outre-gauche, paroles de francs tireurs des années 68, 2018
« "franc" tireur ? Roland Simon ! Plutôt le type qui n'aura cessé, douze ans durant, de me tirer dans le dos, comme à d'autres avant, qui n'avait pas "dételé" et ne se foutaient pas comme lui du communisme, qu'ils croient au devenir révolutionnaire de la lutte des classes, ou pas, comme moi. Alors maintenant le Pape de "Théorie Communiste", sic de nom modeste, cherche sa "lutte des classes" au moindre soubresaut social, tiens revoilà les Gilets jaunes... »
Roland Simon a écrit:Nous avons affaire tout simplement à un mouvement de classe, à la lutte de classe. Est-ce que nous avons demandé en 1995, en 2003, en 2005 (banlieues), 2006 (CPE), 2010 (Retraites), 2016 (loi travail), etc. comment ces mouvements allaient “abolir la propriété privée” “pratiquer l’emparement et ouvrir la voie à la communisation…” ? Il est important de critiquer ce type de discours hyperboliques (et je l’ai fait) qui pouvaient également exister dans les mouvements précédents. Mais, maintenant il faudrait enfin (perso je suis resté longtemps dans l’expectative), tout simplement, voir la lutte de classe dans ce qu’il se passe. La lutte de classe est quelque chose de très simple, c’est d’abord et avant tout une réaction et une lutte contre l’injustice et les inégalités sans présupposer la révolution et le communisme.
« Le tour est joué, de passe passe de ce qui se passe en vérité, qui ne va pas du tout dans le sens d'un prolétariat révolutionnaire. En tant que classe ouvrière, c'est le grand absent de ces trois mois d'une lutte très faible en nombre, moins de 1% de la population a manifesté, sur-médiatisée et dramatisée à dessein par les violences policières du pouvoir : le grand absent de cette lutte entre classes est la classe ouvrière des usines, pas de grèves, et ceux d'en-bas du bas, les chômeurs, migrants, non Blancs des quartiers populaires...

Célanie : Pas besoin t'énerver, je suis d'accord, chez nous, à l'atelier de maintenance de Clichy, il n'y avait de gilet jaune que le mieux payé, notre chef citoyen "de gauche" Gabriel et mien "frère de couleur"... Mais dis-moi un truc, ton type, là, il dit bien qu'il critique "toutes les normes" et que "la lutte de classe est quelque chose de très simple, c’est d’abord et avant tout une réaction et une lutte contre l’injustice et les inégalités sans présupposer la révolution et le communisme." ? »

- Si, mais qu'est-ce que ça vaut, concernant sa théorie, puisque son noyau dur non questionné, c'est la révolution communiste par le prolétariat ? Il a la lucidité de ne pas la voir venir mais pas celle de dire que c'est le prolétariat qui se fout de son concept théorique et de sa révolution de papier. Sa théorie s'effondre, mais pour ne pas admettre que c'est dans la foi son idéologie, il ruse en attendant la suite... »


Lauteur : « Et c'est reparti, le nègre, mets-moi l'eau à la bouche, "jonquille, symbole du désir", mais à peine ai-je le jonc en quille, que ça retombe en "qu'ouille" ouille ouille ! Et la Blackette qui la ramène, qui veut plus se faire sauter par son chef sur son canapé antillais. Au total reste quoi ? une fille aux jonquilles plutôt bandante, et moi la queue entre les jambes ! Tu parles d'un roman... »

Affonce s'en foutait de l'avis de Lauteur, mais dépité, il sortit prendre l'air sur sa terrasse, et se réjouit qu'explosent, mauves et verts, les premiers bourjoncs du lilas de ses 60 ans, et justement l'ami @BrownStanislas lui remettait d'un SMS en tête un sonnet...


LE SONNEUR DES LILAS

(à Jacques Brel pour Les Bonbons et Serge Gainsbourg pour Le poinçonneur...)

Je t'ai apporté des lilas  
car les bonbons ça sent moins bon  
et des lilas j'en trouve là  
c'est à ma portée les lilas

je suis venu en ton lit là
où te trouver nue en un bond
sauter du coq à l'âne holà
mâter un trouble en matelas

pour ne point pécher à la li  
gne où l'on prêche à la lie assez
aligator sans merci sai

si là de si triste alalie  
quand ton parfum doux embrassé  
mis à la porte mes lilas

FoSoBo, 23 avril, 20h41
LIVREDEL VIII TRANS' IT 7. CHANTIRE : CHANTIER DU CHANT DE TIR ENTIER


il avait son bouquet, des jonquilles, des marguerites et des lilas, la joie, les jolies filles en fleurs, des théories en pleurs, des oiseux de couleurs et des loisirs tout neufs, et sans dés et sans lois des désirs pour les veufs, et même mis à nu les célibataires de la mariée

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Image-1-Duchamp_LargeGlass

La Mariée mise à nu par ses célibataires, même Marcel Duchamp (Dada)
exécutée en 1915, brisée, puis réparée en 1923,
elle est également intitulée Le Grand Verre — d’où la casse —,
et se trouve aujourd’hui au Philadelphia Museum of Art.

« Quelle mariée ? aucune dans le roman... - Si si : les épouses décédées des veufs, les futures des célibataires, la femme du théoricien abolie par son mec, ma voisine Liznogoude qui voulait faire du neuf avec du gris, ma compagne et soleil devant qui rentre du boulot plus tard pour fuir mes frivolités... - Ah bon, elle ne lit pas ton roman ? - Non, sans quoi je pourrais pas l'écrire pareil, regarde Aragon, que sa femme dérangeait quand il était sur les "Yeux d'Elsa", tu comprends mieux pourquoi il a pondu "Le Fou d'Elsa", il se sentait aussi redevable en vers elle qu'envers le PCF : "Mon parti m'a rendu mes yeux et ma mémoire". »

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D0_eQHAXcAAddDH

LA FEMME SANS JONQUILLE

elle ne disait rien et le laissait écrire
« est-ce ainsi que les femmes vivent, d'écrivains ? »
elle disait aussi qu'au Japon c'est le pire
et qu'elle était mieux là, rien de divin

mais qu'on travaillait moins, que je la faisais rire,
que je cuisinais bien, mais buvais trop de vin,
que si c'était pas gras, elle pourrait maigrir
car avec son régime gâteaux au levain

c'était comme un pudding la preuve qu'on le mange
avec le repentir des rondeurs qui dérangent
un homme ou un cochon, à poil ou habillé,c'est encor tous le même et vite émoustillé.
T'as beau chanter ton beau sonnet avec ta flamme,
mais seule la femme est l'avenir de la femme

FoSoBo, 6 mars 2019, 18:07
sonnet 450


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D0_ekeMW0AAk6ps

les 12 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots 50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille


Dernière édition par Patlotch le Lun 11 Mar - 1:55, édité 1 fois

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Jeu 7 Mar - 21:52


chapitre 55

LA VIE ORDINAIRE EST UNE AVENTURE
vivre et écrire, un ruban de Mœbius


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Image-8732
Ruban de Mœbius aux Fourmis rouges
Max Escher, 1963
jeudi 7 mars

« Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. », On connaît cette expression de L'Avare de Molière, empruntée à Socrate. Peut-on en dire autant de l'écriture : « Il faut écrire pour vivre et non pas vivre pour écrire. » ? Ça dépend de la place qu'on donne dans sa vie à ses écrits, mais bien aussi de celle de sa vie dans ses écrits. D'où la métaphore de ruban de Mœbius, que chacun peut fabriquer simplement


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Moebius

qui écrit est comme une des fourmis, commençant d'un côté du ruban et se retrouvant de l'autre, ainsi à l'infini. On voit que parcourir le ruban pour vivre ou pour écrire ne font qu'un et deux en même temps. On dira qu'il en va ainsi pour d'autres activités humaines, telles que travailler, créer en général

écrire un roman a quelque chose de particulier, car entraîne qui s'y consacre avec une certaine intensité à faire des recherches, repérages, expérimentations de ce qu'il va intégrer dans l'action de ses personnages, des lieux proches ou lointains et des activités diverses, où il serait allé ou non, qu'elle aurait accomplies ou non, s'il ou elle n'en avait pas fait un récit : découverte de pays, de paysages, d'êtres vivants, de peuples, de métiers, parcours initiatique produisant ou suscitant des rencontres alors vécues pour leur double sens, le vivre et l'écrire à la fois

cela ne va pas sans un certain cynisme puisque les personnes rencontrées n'ont pas toujours envie que'on fasse d'elles des personnages, qu'on partage un moment avec elles pour voir, distanciant chacun de ses gestes et paroles, faisant l'amour comme une expérience de physique, etc.

l'écrivain-vaine est ainsi porté ou non, par sa vie ou son roman, à des aventures et expériences plus ou moins extraordinaires, et peut être aussi bien un grand aventurier, Bougainville, Stevenson, Loti, Ségalen, London, Cendras, Kessel, Hemingway... qu'un sédentaire, Diogène en son tonneau, Rousseau à la maturité, Chateaubriand son Combourg, Thomas Bernhard détestant les voyages, ou à l'extrême le poète Tomas Tranströmer, prix Nobel en 2011

Alfonce était de la seconde catégorie, comme le rappelle au chapitre 30, grand déballage et voyage intérieur : je suis encore L'homme sans ambitions, décrit dans mes Phrases sans suite en 2005 :

La pratique de l'homme sans ambitions relevait par conséquent d'un art de la fuite, d'une forme de marronnage existentiel. Pour autant cette fuite ne se traduisait pas comme chez d’autres par des envies de voyages. Il n’aimait pas les voyages et n’aurait pu s’en offrir que du genre tourisme, sous une forme ou une autre. Il n’existe d’ailleurs rien d’autre que le tourisme, le sexe, le terrorisme, le banditisme, les affaires ou la guerre, pour justifier de se déplacer loin de son territoire d'attache, que le monde entier visite, si ce n'est pas une île déserte. Lui n'avait voyagé que pour l’amour d'une femme ou d'une autre, quand il s'était avéré qu'elles ne viendraient pas à lui. Constatant le regard sur le monde que portaient les voyageurs, il se disait qu’il était inutile de se déplacer pour apprendre si peu de la vie, sur les autres et sur soi. La plupart ne voient ici ou là que ce qu’ils veulent y voir. Il n'avait pas eu à bouger pour en faire le tour.
contraint par ce penchant psychologique à la sédentarité, Alfonce ne pouvait faire roman qu'en partant de là, limiter les lieux de ses récits à ceux qu'il connaissait et les aventures de ses personnages à ce qui était supposé pouvoir s'y passer. D'où le Microcosme, et L'étroit territoire

plutôt que le côté positif de son caractère sédentaire, on n'avait pas manqué de lui reprocher d'être "casanier", et jamais relevé qu'il pût s'agir d'un choix délibéré, de vie et pour la création, dans la conception qu'il en avait adéquate à ce qu'il était, aimait, et à l'inverse hostile à ce qu'il redoutait ou fuyait, la violence et les risques physiques, la foule, les loisirs obligés, et toute forme de consommation non indispensable

mais, comme de tout ce qu'il faisait ou pas Alfonce se sentait tenu de se justifier, il fallait encore que ce soit au nom de quelque vertu, et là encore, elle était toute trouvée : « Je n'ai nulle ambition à devenir quelqu'un de célèbre, et j'appelle vie ordinaire celle de n'importe qui n'en ayant pas de quoi faire la Une des journaux. La liste est longue, vous la connaissez, c'est celle des vedettes du Spectacle au sens large de l'économie, de la politique, de la guerre, de la "culture", des spectacles au sens de ce qu'il faut avoir vu où être vu, et même des faits divers qui porte le péquin à devenir le héros du jour, en bien s'il a commis une bonne ou belle action, en mal s'il a tué, violé, volé, triché, corrompu, etc. »

et c'est là qu'arrive, tel Zorro, "le héros". Le dernier exemple en date, excellent on va voir pourquoi, est Christophe Dettinger, ancien boxeur professionnel dit « le Gitan de Massy », qui, lors de la manifestation des Gilets jaunes du 5 janvier 2019 à Paris sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, a été filmé boxant, avec des gants, un gendarme mobile muni d'un casque et d'un bouclier, et donnant des coups de pieds à un autre gendarme à terre, le tout pour venger une femme qui, sans lui, serait sortie bien mal de ce que les susdits cognes venaient de lui infliger, qui ne fut pas filmé


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la figure de héros qu'il est devenu bien malgré lui, pour ce qui s'en suivit d'un geste qu'il n'a pas manqué de regretter sincèrement, a été relayée par la presse française et dans le monde entier : "Christophe Dettinger, le «boxeur de gendarmes» érigé en héros par certains Gilets jaunes", "Monsieur Christophe Dettinger mon héros !... Alors que Benalla est toujours en liberté, lui est en prison...", "Christophe Dettinger, un héros populaire ou un voyou...", "Christophe Dettinger, héros d'une fresque honorant les gilets jaunes sur un mur de Paris...", "Christophe Dettinger est un héros de la résistance nationale au fascisme macronien", etc.

mais ce n'est pas à cette couverture médiatique que je veux m'arrêter, davantage à deux versions d'authentiques philosophes aux idéologies opposées, d'abord Le Moine Bleu, ~ ultragauche marxiste-humaniste-théorique : Pour Christophe, 2 février


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Le culte de la charogne et des martyrs, très peu pour nous. La célébration des héros vivants, en revanche, nous convient parfaitement. Qu'est-ce qu'un héros, en vérité, sinon un homme poussé à son point explosif de puissance, donc de beauté, d'intelligence et de bonté morale, ce qui revient au même. L'homme est poussé à l'héroïsme par les circonstances, insistons-y : il ne porte point en lui cet héroïsme essentiel ou génétique qui le séparerait dès le départ des autres hommes. Tous les hommes sont, pour au moins une poignée de secondes dans leur existence, des héros. Quitte à ce que le rideau retombe ensuite sur cette explosion utopique de matière que représente l'héroïsme, c'est-à-dire l'homme à son meilleur, l'homme révolté par l'injuste. Nous ne savons pas comment Christophe Dettinger se défendra demain, devant ses juges bourgeois, qui auront à cœur de l'expédier rouiller quelque temps derrière les barreaux, pour prix de ce morceau d'utopie admiré voilà peu par la France entière sur un pont de Paris, lors que Christophe Dettinger chargeait, en toute désinvolture, la canaille militaire occupée à gazer des pauvres sans défense (pensait-elle, alors, la canaille en question : elle y aura récolté quelques joyeux marrons). Les juges et procureurs, obsédés par ce devoir de répression qui les définit, sont décidément bien stupides. Ils penseront, demain, seulement juger un homme qui choisit de faire des choses, quand ce n'est rien de moins que le point d'explosion objectif de la matière qui se trouve en question. Un problème physique, en somme. Car tout est physique et matériel si (comme on le disait, à une certaine époque) tout est aussi politique. La pluie est un phénomène physique, Christophe Dettinger également. D'où, chez ce dernier, cette désinvolture dont nous parlions, ce détachement dans l'action propre aux héros traditionnels, et qui les fait apprécier des philosophes matérialistes. Hercule n'est-il pas, après tout, le héros préféré de Diogène ?
ensuite Thibault Isabel, qui se consacre à « l'étude comparée des civilisations antiques et modernes, dans une optique héritant de Burckhardt et Nietzsche, exhumant le patrimoine de pensée païen...», auteur d'un "Proudhon, l'anarchie sans le désordre", bref, dans la mouvance de la Nouvelle droite contemporaine, responsable de Krisis, la revue fondée par Alain de Benoist... “Christophe Dettinger, héros du peuple?”, L'Inactuelle 8 janvier
Christophe Dettinger, l’ex-boxeur professionnel, est en passe de devenir une icône parmi les gilets jaunes. Il ne s’agit certes pas de faire l’apologie de la violence. [...]

Le samedi 5 janvier, Dettinger n’en a pas moins incarné la figure de David contre Goliath. Il s’est avancé, seul devant ses camarades, face à une rangée de gendarmes mobiles arborant leurs gilets de défense et leurs boucliers impénétrables. Et David a fait reculer Goliath ! La scène ne dure que quelques secondes ; mais elle restera dans les mémoires pendant de longues années, y compris chez ceux qui voient le mouvement des gilets jaunes d’un œil réprobateur. Ce genre de moments laissent une empreinte indélébile.

Le héros, si l’on en croit la mythologie grecque, n’est pas toujours un ange de vertu. Mais il nous inspire, en bien comme en mal.

Ce mouvement n’en est pas moins un prodigieux souffle d’air pour la démocratie. Les citoyens qui se rassemblent sur les ronds-points redécouvrent le sens perdu du débat démocratique. Ils redécouvrent ce que signifie vivre ensemble dans un monde libre. Ne gâchons pas cette liberté. Ne nous abritons pas derrière une chape de plomb autoritaire. Dans chaque camp, faisons preuve de calme, de retenue, devant les provocations. Et, malgré tout, soyons nous aussi des héros.
Alfonce les décevra, il n'est pas, ne sera pas un héros, ni même un héros ordinaire. Ceci pour les mêmes raisons qu'il ne sera pas un écrivain poète et théoricien célèbre, ni ses livres publiés pour devenir des best-sellers

Alfonce veut rester, sinon anonyme, l'inconnu qu'il est, aux revenus modestes et à l'immense ambition de faire, dire et écrire ce qu'il entend, en homme aussi libre et indépendant de quoi et qui que ce soit que le permet ce monde, et c'est déjà beaucoup, que fort peu s'autorisent. C'est pour lui la seule et unique manière de percevoir les choses d'un point de vue qui ne domine pas, qu'il soit économique, politique, culturel ou intellectuel, et bien évidemment par la force physique. Voilà son idéal, pour aujourd'hui, pour demain, et pour toussétoutes

qu'on ne si méprenne pas, quand on dispose d'une palette de talents variés et reconnus par qui est capable d'en juger dans le petit cercle de qui connaît, depuis trente ans, les œuvrages d'Alfonce, ce n'est pas si facile de résister soit à la tentation soit aux sollicitations, qui d'exposer sa peinture, qui de publier ses livres de jazz, poésie ou théorie... Confrontés à pareille circonstances, très peu hésitent, croyez-le, et lui pour s'y tenir s'est forgé une forte éthique de la vie et de l'art. Sa liberté tient essentiellement au fait qu'il n'a rien à vendre, ni à prouver, parce qu'au bout du compte, il s'en fout. Presque. Il ne veut pas voir ça, vivre ça, assumer ça, convaincu qu'il y perdrait son âme, sa puissance créatrice, et sa liberté

la liberté, du moins individuelle et qui n'empiète pas sur celle d'autrui, définition classique mais pas nécessairement individualiste, la liberté ne se choisit pas dans une catalogue de prêt-à-porter ni en boutique de haute-couture. Elle commence justement à partir du moment où chacun, chacune, se la construit comme création de soi dans son rapport aux autres, sans suivre aucune morale que la sienne, aucune religion, idéologie ou dogme d'aucune sorte

c'est à ce prix-là aussi que les humains s'émanciperont de toutes exploitations et dominations d'eux-mêmes et du vivant leur condition d'être. Il s'émanciperont dans le même mouvement de la peur de la mort. Ici je passe la parole au Moine Bleu, dans ses vœux : La pulsion de mort vous souhaite une bonne année 2019

Le Moine Bleu a écrit:Vienne la paix, devant l'océan. Vienne le sentiment océanique à retrouver et cultiver, avec ses angoisses adéquates, à regarder fixement ; vienne l'amour très simple et triste qu'on ne devrait cesser de lui vouer, à ce sentiment-là. Puissiez-vous enfin, cette nouvelle année, cesser de vouloir vous réaliser, de prétendre vouloir prendre forme de vie. Gloire aux sublimes puissances empêchées par principe, aux bonheurs utopiques entrevus, l'espace d'un instant déchirant, comme belle chose impossible. Viennent le silence et le calme lucides : la fin de l'activité imposée, par quelque tyran que ce soit. La pulsion de mort est vérité, elle est subversive, elle est notre amie qui danse et tourne autour de nous, en cercles concentriques. Elle est délicate, elle nous prévient, elle nous aura avertis, elle nous aura laissé le temps de nous préparer. Elle aura été correcte, y a pas à dire. Il n'y a rien d'autre à réfléchir que cette occasion concédée, dans le froid de l'hiver et les langueurs d'été.


seule la vie simple nous libérera de désirs fabriqués par le capitalisme et la société humaine même dans ses rapports de séparation entre les êtres, entre les humains et les animaux, entre la vie et la nature devenue extérieure, "environnement" à faire durer

quel besoin d'être ou d'avoir un héros pour être libre ?


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mais pas plus que la liberté, la vie simple ne suppose un modèle, moins encore unique, un mode de vie identique pour tous et toutes, et je ne renvoie pas ici à l'immense fabrication de besoins et désirs par le capitalisme,

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établissant la norme du chacun pour soi, des marchandises pour tous, et comme écrit en 1847 dans Le manifeste communiste

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Marx & Engels a écrit:Par liberté, dans les conditions actuelles de la production bourgeoise, on entend la liberté de commerce, la liberté d'acheter et de vendre.

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Vous avouez donc que, lorsque vous parlez de l'individu, vous n'entendez parler que du bourgeois, du propriétaire. Et cet individu-là, certes, doit être supprimé.


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La révolution communiste est la rupture la plus radicale avec le régime traditionnel de propriété; rien d'étonnant si, dans le cours de son développement, elle rompt de la façon la plus radicale avec les idées traditionnelles.

A la place de l'ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous.

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mais verrions-nous pour autant nos clowns et clones d'avant-garde activiste ou théoriste, vivre, ou tenter de le faire, autrement que de la façon la plus traditionnelle qui soit, et ceci dans nombre de leurs domaines d'activités et dans leurs rapports aux autres, intimes, privés ou publics ?
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cela se saurait, et quand j'en entend dire en substance « Nous sommes forcément un peu schizophrènes, nous voulons tout changer mais ne pouvons vivre que normalement... », je réponds

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que ce ne sont qu'arguties de lâches donneurs de leçons... pour plus tard. Je t'en foutrais, de la vie "normale" !

peintures, tressages, transferts de Patlotch, issus des séries
'Lénine-Matisse AR' 1989-1992
'voilé-dévoilé' 1992
'peinture à l'œil' 1993
'nus divers', été 93
'la République dans un miroir' janvier 1993


« Mais enfin, Alfonce, tu rêves ! T'imagines que tout un chacun.e est doué de telles potentialités à mettre en œuvre au prix d'un effort à prendre sur soi, son temps de travail et de loisirs, dans les conditions actuelles ? Bref, que tous les individus sont des "Mozart assassinés" par le capital ? »

Qui avait posé cette question, qu'est-ce que ça peut bien vous faire ? Alfonce ne se démonta pas : « Je ne dis pas ça, mais que tout ce que les individus peuvent prendre de liberté contre cette contraintes, justement ils doivent le faire,


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penser et créer par eux-mêmes autant qu'ils peuvent,

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pour eux-mêmes et les autres, en tant qu'autres que chacun porte en soi,

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avec qui il peut entretenir, comme disait Glissant, une "poétique de la relation"...»

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photos extraites de


Ronin, depuis qu'il avait, avec Calice, entrevu la possibilité de traverser le miroir pour aller, avec elle, de l'autre côté de la vie, ne voulait plus aller à l'École Louise Michel de Montreuil. Un de ses copains, miroslav, qu'on appelait Miro, était inscrit à Mana, une école du troisième type, à Fontenay-sous-Bois

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Laisser les enfants entièrement libres de ce qu'ils vont apprendre, tel est le principe pédagogique des écoles du troisième type, associé à une gouvernance de l'institution en auto-gestion. L'école Mana (Maison des Apprentissages Naturels) creuse ce sillon depuis maintenant trois ans.

Pour l’heure, l’école ne compte qu’une classe unique de cinq élèves âgés de 4 à 9 ans mais elle peut accueillir des enfants de 3 à 11 ans...

La fondatrice a commencé par une formation d'institutrice dans des écoles classiques, mais en pratiquant la pédagogie Freinet, s’appuyant sur l’expression libre des enfants et les pédagogies actives)... le concept d’école du troisième type conçoit « une école sans horaires, sans leçons, sans cahiers, sans programme, sans évaluation, ouverte en permanence aux parents, à d’autres adultes pendant et hors du temps scolaire, y compris pendant les vacances»

L’enseignante rejoint alors la Maison des enfants à la Cartoucherie du bois de Vincennes, un projet créé dès la fin des années 1970 par les comédiens du Théâtre du Soleil pour garder leurs enfants...

Ecole hors contrat : 400 euros par mois...
Afrodite sa mère : « Tu voulais être grand à partir de 12 ans, tu les as et cette école ne prends que des élèves de 11 ans maximum. En plus, c'est une école pour les riches, et je n'ai pas 400 euros par mois à dépenser pour tes études, même pas pour la nourriture et les reste, tu comprends ? - Ben oui, obligé, mais je veux plus suivre des cours où j'apprends pas ce que je veux faire... - Mais samouraï, ça n'existe plus ! - C'est une sorte nouvelle de combattant que je veux inventer, avec l'esprit zen et la liberté... - Là-bas, ils forment des acteurs, des clowns payés  pour amuser les gens qui ne savent pas s'amuser tous seuls... - Moi je veux pas amuser les autres, je veux m'amuser avec Calice à changer le monde... - Calice elle va pas à cette école... - Bon, puisque tu veux rien que je veux, je le ferai tout seul avec elle ! »

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il sortit et retrouva Calice qui attendait la réponse. Elle le réconforta : « C'est pas grave, de l'autre côté de la vie, pas besoin d'aller à l'école, et regarde la souris internationaliste, c'est une autodictate... - Tu veux dire qu'elle décide toute seule ? - Voilà, elle nous aidera...»

Levieux poursuivait la fière aventure bourguignonne de ses escargots sur le carreau de la cuisine, où la bave avait former comme une marre propice à l'apprentissage du "patin à bave" de son invention, sans patins, pieds nus, guidé par l'instinct naturel que caque être humain a perdu en se coupant des rapports avec le monde vivant


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« Non, ce n'est pas un sport, je déteste les sportifs, les stades, les niveaux, les compétitions et les podiums ! C'est une activité choisie, libre et gratuite, pas plus récupérable par le capitalisme que la poésie ou les arts... - C'est pas de toi, mais de Marx... - Marx ne connaissaient rien aux escargots, et ils était trop pressé de changer le monde, on a vu le résultat ! - C'est pas sa faute...

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- Change pas de conversation, L'important, c'est la lutte de bave, pas le bavardage théorique ! » AliBlabla, comme honteux de son nom et de suivre des études à l'université, se tut

Célanie avait été réintégrée à son boulot de technicienne de maintenance du matériel ferroviaire, se tirant d'avoir envoyé Maurice à l'hosto avec un blâme, et le retour à un hebdo-planning d'avant son contrat sexuel de travail avec Gabriel, qui lui faisait la gueule, pas comptant non plus. Ce n'est pas là que la Chabine mènerait l'aventure de sa vie. Cette semaine elle était de nuit, et mis sa journée à profit pour demander à Afrodite de l'aider à trouver un bon baiseur, pas chiant ni fauché, juste beau et pas trop intelligent : « La baise aussi est une création aventureuse de la vie ordinaire.» L'Africaine en voyait deux ou trois, elle lui présenterait  

Niki Kleur était guérie de sa chaude pisse et, entre deux passes qu'elle choisissait prudente quant à l'hygiène et lucrative quant au profil des clients, poursuivait intensément ses découpages dans les journaux et la fabrications de pochoirs pour les tags nocturnes. Elle était maintenant passée à des images, laissant la poésies de textes à la critique fangeuse du qu'en dit raton; Elle avait commencé par un hommage à Brigitte Bardot, dont elle avait aimé les fesses dans Le Mépris de Godard


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« Tu les trouves jolies mes fesses ?
Et mes seins, tu les aimes ?
Qu’est-ce que tu préfères : mes seins ou la pointe de mes seins ? »


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'la vie est un collage'
ou 'mes quotidiennes humanités'
Patlotch, 1988-89

Lauteur, en guise d'aventure, matait les scènes qu'Alfonce écrivait en se branlant derrière son ordinaire virtuel : « Une scène culte, c'est une scène de cul, mais le nègre, sûr qu'il m'a pas pondu un roman culte ! »

Alfonce pensa être arrivé à bout d'un chapitre qui s'avérait difficile après celui de la veille, LA FEMME À LA JONQUILLE, qu'il jugeait en tous points exceptionnel et qui avait battu son record de 1200 impressions sur Twitter pour les premiers paragraphes sur Aragon et Elsa. Pour une fois, ses lecteurs et lectrices ne s'y étaient pas trompé.e.s, bien qu'on n'y put admirer les fesses d'Elsa ni le jong de son homme d'avenir de la femme, une autre ?

il prit alors conscience qu'il n'avait rien mangé depuis sa biscotte de Proust ce matin, de retour d'une prise de sang pour vérifier que son foie ne rechignait pas au traitement chimique qu'il lui imposait depuis le début de l'année. Il n'avait ps les résultats, mais les présumant bons, il décida de fêter ça en ouvrant une bouteille de Côtes-d'Auvergne Boudes Les Fesses roses 2015. « Voilà un pinard qui ne se boude pas ! », qu'il dégusta avec un reste de Fourme d'Ambert, le pays de sa grand-mère maternelle et de Gaspard des Montagnes, le brigand au grand cœur, Robin des Bois du coin


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un pays de bois noirs, de mouches, de vipères et d'écrevisses qu'il pêchait enfant dans la Dore, près de sa source, en vacances dans une ferme où un lointain cousin vacher dormait encore dans l'étable et la bouse. Il se souvient aussi qu'un jour sa petite sœur, qui pouvait avoir quatre ans, se serait noyée dans l'abreuvoir à vaches en pierres, si son grand frère ne l'avait pas tirée de là

rien à voir avec l'Auvergne de Pierre Jourde, de la classe supérieure, qui de retour dans son village natal en 2005, « avait failli être lynché pour avoir dans Pays perdu  ressuscité un adultère et jeté en pâture des anecdotes dont les jeunes n'avaient jamais entendu parler » (Les mots de trop pour le hameau de Lussaud)


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selon qu'on y est né dans telle famille, riche, miséreuse ou entre les deux, on ne perd pas tous le même pays de notre enfance

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les 13 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure

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Message par Patlotch Ven 8 Mar - 18:06


chapitre 56

JOURNÉE DE FOLLES EN L'ÉTROIT TERRITOIRE


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vendredi 8 mars

Les Folles : parcours marionnettique et musical à Fontenay

Ce parcours marionnettique et musical réunit trois œuvres qui abordent le thème de la résistance incarnée par des femmes pendant la dernière dictature militaire argentine.
« Les Folles » désignent avant tout les mères qui ont résisté à cette dictature responsable de 30 000 « disparitions ». Dans un contexte politique proche de l’Inquisition, émerge alors une conscience collective, folle et viscérale, née d’un appel du ventre féminin pour retrouver les familles disparues et défendre les droits humains.
pour Alfonce, le 8 mars avait d'abord été le jour d'anniversaire de sa grand-mère maternelle, puis celui de ses premiers émois amoureux, qu'il avait rencontrée à 16 ans, elle en avait 19. Il l'avait délaissée quatre ans plus tard, remplacée par une étudiante en arts plastiques et peintre, qui deviendrait sa compagne pour une une douzaine d'années de partages des arts, entre peinture, sculpture et jazz, la vie d'artiste, quoi. Presque
LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Desviedartiste

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D1Hm_IlU4AEmlPZ LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 DesAnniv

... mêlés de militantisme au PCF des années du Programme Commun... Elle ne se disait en rien féministe, elle était simplement persuadée comme lui que une = un, point barre, le vivait et l'exigeait comme ça sans en faire de discours

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d'après Velazquez, 1657
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dessins de Patlotch 1980-199?

les folles, d'emblée ça peut être deux "choses", des femmes, ou des hommes homosexuels, sûrement pas des mères en lutte pour exiger d'une dictature justice au nom de leurs proches "disparus"

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Les Grands-mères de la Place de Mai
portent une banderole avec des portraits de disparus, à Buenos Aires, le 24 mars 2015.
Juan Mabromata/AFP

ainsi en était-ils des "hystériques" avant Freud, qui n'aura pas fait qu'on en finisse. Dans la presse ces jours derniers :
- ... toutes celles à qui l'on a conseillé de ne jamais se mettre en colère, pleurer ou sauter de joie sous peine de passer pour "hystérique" auront comme un air de déjà-vu.

- Et pourtant, nous devons, nous le “beau sexe”, être consensuelles, diplomates, tempérantes. Et cela se voit particulièrement dans la sphère politique comme dans celle de l’entreprise, où la femme qui s’emporterait serait colérique, outrancière, voire hystérique. Traduisez : une emmerdeuse.

- 72 % des jeunes, hommes et femmes, ont déjà entendu des propos dévalorisants comme « Elle est hystérique » ou « Elle est pire qu’un homme » à propos d’une femme exerçant un poste à responsabilité.

Rachel Carson (1907-1964) a toujours cru qu’elle serait auteure. Enfant, elle écrit et publie déjà ses histoires dans une magazine jeunesse. Elle devient finalement biologiste et, en 1936, elle est la deuxième femme engagée par le Bureau des pêches des États-Unis. Au cours de sa carrière, elle rédige plusieurs livres de vulgarisation scientifique sur le milieu marin. Dans les années 50, elle travaille sur la bioaccumulation des pesticides dans la chaine alimentaire et publie un livre qui accuse l’industrie de désinformer la population. L’industrie tente de discréditer ses recherches, et la qualifie d’«hystérique». Néanmoins, sa publication mène à l’interdiction du DDT aux États-Unis en 1972.


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la grande question que se posait la lectorate du roman depuis l'aube, c'était de savoir si les femmes et filles du roman, Célanie la Chabine rouge, Florage la Dame de Corps, Afrodite la plus belle Africaine, Niki Kleur l'estorque girl, Calice aux yeux vairons, Mamy Radore sa grand-mère, Lisenogoude la voisine d'Alfonce... fêteraient le 8 mars, Journée internationale des femmes, et comment, ou encore si s'y associeraient les hommes, Levieux aux escargots, Alfonce le nègre blanc de Lauteur, AliBlabla le linguiste comparatiste, Gabriel le chef de Célanie, Maurice son collègue maco-facho, Ronin l'aspirant Samouraï sans maître amoureux de Calice...

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photos Patlotch extraites de un quartier poétique, 2014 : le peuple en vacance et la vie en rose, quartier août 14, la vie en rose, poème photosophique en 12 épisodes et 42 images

le côté autofiction du roman étalant les souvenirs et l'œuvre narcissiques d'Alfonce, tout le monde s'en foutait à raison

hors donc nos héroïnes, Célanie de nuit, Niki en pause hebdo sans passes, Afrodite libérée de Ronin confié à Mamy Radore et Calice, Florage o ne sait où à fomenter quoi... s'auto-organiseraient en non-mixité pour monter à l'assaut des hommes de l'étroit territoire ? Alfonce ne pouvait répondre : « Vous le saurez demain, en lisant le chapitre 57...» Le 8 mars, journée des femmes, ça dure une journée, faut pas exagérer, le féminisme ça va bien un moment, sans parler des dérives communautaristes identitaires et racialistes !


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telle était la question qui mettait les accrocs au feuilleton au supplice de l'attente de ce qui ne vient pas, mais le nègre Alfonce connaissait sur le bout des doigts la recette d'un feuilleton à succès, mise au point au 19e siècle et qui avait depuis fait ses preuves en passant des journaux,

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aux romans-photos,

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puis aux séries quotidiennes de la télévision


cette règle, accrocher le-a lecteur-trice, il l'avait rappelée au chapitre 36 les loges du feuilleton
Le roman-feuilleton est emblématique de l'entrée de la littérature dans le capitalisme puisqu’il met en œuvre une articulation inédite des fonctions esthétique et économique de la littérature, qui fait ainsi son entrée dans l'« ère médiatique »...

Le roman-feuilleton est immédiatement conçu par les auteurs en fonction de la publication journalière et où la continuation de l'œuvre est immédiatement dépendante de son succès auprès du public. L'objectif de rentabilité immédiat pousse les auteurs à multiplier les « effets » pour harponner efficacement le lecteur et le pousser ainsi à poursuivre la lecture lors de la livraison suivante, ce qui explique la dévalorisation durable des procédés narratifs hérités du feuilleton.

Ainsi, le roman-feuilleton suscite très tôt de vives réactions de la part des élites intellectuelles, qui s'inquiètent des effets néfastes d'une démocratisation de la littérature et multiplient les stratégies de dévalorisation symbolique. [...]

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Alfonce n'était pas féministe : « Les hommes "féministes" Ah ah ah, c'est bien bon pour les ceusses qu'ont quelque chose à se faire pardonner, dans le genre du Savant de Marseille : " Tous les hommes s'approprient et dominent toutes les femmes", et du coups,comme ces "communisateurs" estiment qu'on ne peut que mener "une vie normale d'homme du capitalisme"... ça se presse pas au portillon. D'ailleurs ils ont mis 40 ans avant de s'intéresser au "genre", et tout ça pour le raccrocher "structurellement à l'exploitation de la classe prolétaire" ! »

mais il participerait activement à cette journée des femmes en pratiquant une forme exclusive d'écrit dur inclusif,

LES PINES DU DESTIN

un sonnet en verset renversé satanique
dédié à Ronsard, Malherbe et quelques autres


« La nombrelle liseuse à l'avant-gorge dure
ce que dure l'éros, l'espèce d'un mutin
plaisir de là chair cher appâtée du but, hein !

Mignonne allons voir s'il est rosse ou bien ordure,
ce galant romancier qui vient de la verdure,
si son poil à l'épate et si son jeu de mots l'est.

À l'art d'être grand-père on l'a vu de mollesse
ébouler d'aboulie son abolie culture.
Il a beau faire artiste il n'est pas assez leste
et céleste il est laid voilà tout son destin.»


Par un commun trépas comme entré pas en lutte
Alfonce en fait des vers à ses pieds suspendu.
Il coure le fourrer du bois qu'on fait des chutes
au malheur de la fille au tombeau descendue


FoSoBo, 8 mars 2019, 13:21, sonnet 451


à Alfonce il fallait observer et top servir la femme et l'homme réunis par une même cause toujours. Il utiliserait pour ce faire le seul instrument de mesure adéquat à la chose, un spéculum vaginal de Cusco en acier inoxydable offert pour ses quarante ans par Doc Adam Pascual, réputé chercheur en imagerie médicale ultrasonore de ses amis d'alors, afin d'aller, du sexe des anges à la spéculation théorique sur le genre, au fond du problème 


avec tout ça, il est déjà 15-heures-zéro-une, et les filles ne sont toujours pas encore entrées en scène... « Qu'est-ce qu'elles foutent, les meufs ? c'est leur fête, pas la mienne, cornenbouc ! »

c'est qu'elle avaient, "les meufs", décidé de le fêter incognita, ce jour qui n'était leur qu'une fois pas an. S'inspirant de manifestantes féministes blanches anti-racialisatrices, un 8 mars précédent à poil devant Le Louvre et scandant « liberté, laïcité, égalité » sous le regard étonné des badauds, elle avaient eu l'idée de détourner cette action et ce mot d'ordre qui montait dans le féminisme français depuis que les femmes non blanches s'étaient mises à lutter pour elles-mêmes contre leurs oppressions racistes et patriarchistes croisées


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Sept femmes ont défilé nues devant le Louvre le 8 mars 2014
pour dénoncer «l'oppression» dans le monde arabo-musulman

elles s'étaient rendues devant la Maison du monde Français, nues sous un voile à soulever pour révéler la vérité sous l'apparence trompeuse des choses du genre, en chantant le slogan : « Nous sommes les cas nues, nous voilà Vénues ! » Afrodite était la mieux placée pour représenter Mélainis, l'Aphrodite noire, surnom de Vénus à Corinthe

pourquoi Aphrodite noire ? Parce que car de son aspect ténébreux et dangereux, les Grecs avait tiré un symbole de la punition et de la mort, l'inverse de la déesse blanche apportant aux hommes la vie, l'amour, et l'aide. L'épiclèse "noire" accolée au nom de la déesse n'avait donc rien à voir avec la couleur de peau, mais peu importe, car avec elle et ses copines, les mecs n'avaient plus qu'à se bien tenir, ce que les chapitres précédents avaient outre montré, Afrodite et Ali, Célanie et Gabriel, Niki et ses clients, Florage avec Alfonce et moi, et même Calice avec Ronin

une heure plus tard Alfonce n'avait pas encore mangé. Il s'inquiétait pour elles : « Ça va encore finir en GAV, et à poil, les les flics vont ses gêner... » Alors en attendant, il s'habilla, sortit et marcha jusqu'au Kebab Istanbul, carrefour Verdun, et commanda « comme d'habitude, une assiette Kefta  complète, sauce blanche et harissa - D'accord Tonton, allez vous asseoir, on vous apporte ça. » À la télé, une chaîne turque passait un reportage sur la journée des femmes, qu'il ne comprit pas


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la vie en rose, 4. mon quartier sous la pluie, en 12 tableaux, août 2014

il terminait la phrase sur son carnet Moleskine à page blanche quand on lui apporta son plateau...

à la Maison du monde français, les filles avaient rameuté une petite foule qui les matait va savoir si c'était pour leurs seins, leurs fesses, ou leur slogan... Au bout d'une heure, Niki  :« On se pèle le jonc,. - Elle est bien bonne, celle-là, » répondit Afrodite, puis elles se défilèrent derrière le bâtiment arborant drapeaux français et européen, se rhabillèrent, et se dispersèrent, sauf Célanie, qui revint sur place

en chaleur depuis qu'elle avait largué Gabriel, la Chabine avait repéré un jeune gendarme à la tournure de bon coup idéal. « Tu seras mon féal ! » s'était-elle dit, lui avait souri, lui répondu, elle clin d'œil et signes des mains : « Rendez-vous après ton service, sur le quai Invalides direction Nord. » Il leva le pouce et fit "6" des doigts

elle le trouva avec peine, il était en civil, on eût pu le prendre pour un mec normal, pourquoi pas un gauchiste, ils ont tous la même coupe, les jeunes d'aujourd'hui, comme s'ils étaient au service militaire, à chacun ses goûts mais quand même... « Chez toi, ou chez moi ? - Chez, toi, j'ai pas rangé. - Moi j'ai pas de culotte... - Je te prêterai ma protection policière... Ça ne se refuse pas ! - J'habite au Fort de Rosny, la résidence de la Gendarmerie nationale. - C'est la première fois que... - Un gendarme, ou dans un fort ? - Les deux. - Jamais deux sans trois. Changement à Miromesnil, ligne 9, Mairie de Montreuil, bus 121. Une heure. »

« Pourquoi t'es flic ? J'en avais marre de la galère, enfler les petits boulots, le chômage, la drogue, le deal, mes parents... Alors j'ai passé un concours. - Tu regrettes pas ? - Des fois, faire ce que t'as pas envie mais subi depuis gamin à la cité... - Ils disent quoi, tes anciens copains ? - Je les ai tous perdus, sauf un, qui me colle, un faux-cul, une balance, tellement pourri que j'ai renoncé à en faire un indic... - Tu t'appelles comment ? - Éliance. - Pas mal, élan d'alliance, en toutes lettres comme moi : Célanie - Inlacée ? - Câlinée. - Caliéné ? - Enlacie. - Céanlie ? - En Alice. - Cénailé ? - Céliane. - Lacé nie l'art c'est nique. - Âne flic ! »

arrivés à Mairie de Montreuil, ils sortirent du métro pour prendre le bus 121. Par la suite on ne sut plus ce qui se passa, aussi l'on, aussi long que ce fut, s'en passa. Plus loin c'était l'amour, avec ses anagrammes en kilos sur le cœur : rumoa, armou, moura. Trop loin. En attendant c'était la vie d'Éliance et Célanie

Alfonce au défi fit comme s'il avait su, susurrant à ses dits : « cédons aux céladons sans cédille à s'épier. » L'intrigue en fut aussi sec suspendue, et le nègre se dit : « Que de ça vont penser les camarades femmes ? Offrons à leurs fois liées les oublis du foyer...»



achevée la journée des femmes, MoSoBo l'inclusive vaincue, Montreuil retrouverait des couleurs excluantes

Miss Montreuil : le visage des 11 prétendantes au titre

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Auprès de ma blonde, il fait bon, fait bon, fait bon...

les 14 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. ma Reine là-bas 58. des nouvelles du front (dndf)


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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Sam 9 Mar - 23:33


chapitre 57

MA REINE DE LÀ-BAS
soleil levant, soleil levé, soleil couché
HASARD NÉCESSITÉ SURPRISE


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samedi 9 mars

ma plus belle Négresse était là revenue, Joyce, du latin Gaudia : allégresse !

Personnalité/Caractère : Les Joyce se remarquent par leur extrême générosité. Attentionnées, elles prennent toujours le temps d'être à l'écoute de leur entourage. Leur caractère calme leur donne une apparence flegmatique, emprunt de sérénité. Gracieuse de nature, les Joyce ne sont en aucun cas dénuées de charme, et savent briller en société par leur physique agréable et leur nonchalance. Pacifistes, aimant les rapports détendus, les Joyce sont souvent des idéalistes convaincues.
c'était tout elle, il était bien placé pour le savoir, sept ans avec elle depuis qu'il l'avait reçue à Nimistaire, venue d'Outre-Atlantique, avec sa fille à renvoyer quand elle aurait passé, persuadée d'être porteuse du Sida. Elle avait travaillé pour un Général, refusant le salut au drapeau, un jour l'avait appelé : « - Tu sais, j'ai rien ! - Oh toi, tu as trouvé un homme ...» C'était bien ça, elle avait enfin fait des analyses : rien ! Sa vie reprenait, elle viendrait travailler avec lui, leur couple en amitié ni à dire ni à médire, puis elle était repartie là-bas. C'était loin mais présent, sa fille aujourd'hui a l'âge d'elle alors. Il a gardé en lui cette éternelle amie

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elle viendrait ce soir, ils dîneraient ensemble, en trio des trois continents, soleil levant, soleil levé, soleil couché

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Ruth

du hasard il avait une idée bien à lui : Breton, le subjectif advenu objectif (1)
L’expression caractérise les coïncidences troublantes qui intéressèrent André Breton, et tout le mouvement surréaliste, dans les années 1930. Il ne s’agit donc pas du hasard des scientifiques ni de celui de la logique et de la philosophie, pure contingence dont on ne peut rien retirer, sinon la dimension tragique de l’existence. Breton refusa toujours fermement les explications de la « raison bornée » et les « voies logiques ordinaires », qui videraient ces coïncidences d’un sens possible.

Mais « objectif » insiste cependant sur leur caractère constatable. Il ne s’agit pas d’être happé par le délire d’interprétation ou la folie. Cela explique le rôle joué par des photographies insérées dans ces trois livres, sorte de preuves à l’appui de son récit.

L’adjectif a eu aussi une source politique et philosophique, comme le montre la première occurrence du terme. Dans la seconde partie des Vases communicants, André Breton allègue alors une « parole d’Engels : « la causalité ne peut être comprise qu’en liaison avec la catégorie du hasard objectif, forme de manifestation de la nécessité ». Mais cette référence à Engels était certainement apocryphe. Elle inscrivait en tout cas la démarche de l’auteur dans le sillon révolutionnaire que le surréalisme a revendiqué.

Enfin, la caractérisation la plus complète sera donnée dans L'Amour fou : le hasard [objectif] « serait la forme de manifestation de la nécessité extérieure qui se fraie un chemin dans l’inconscient humain (pour tenter hardiment d’interpréter et de concilier sur ce point Engels et Freud). »

Tous ces phénomènes doivent alors assimiler Engels et la psychanalyse, alors assez mal connue, en ce qu’ils mettent en jeu le désir, conscient ou non, comme le montre le thème central de la rencontre amoureuse.
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Le hasard objectif, Breton, 1959
Plaque de liège, ficelle et amande dans une boîte vitrée
34,6 x 24,6 x 5,4 cm

la vie est fête de surprises, à conditions de les saisir. Rien ne l'avait obligé, un jour comme les autres, à questionner la jeune fille qui attendait dans le couloir que la chef "relations humaines" daignât la recevoir, en retard. Il avait assumé la corvée selon la règle de Flora Tristan, nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères, avec en exergue, tiré de son journal : « Grâce à Dieu, depuis longtemps, j’ai rejeté loin de moi l’esprit de nationalité, sentiment étroit,mesquin, qui ne peut engendrer que le mal. »

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 2738401430v

SONKU

bornés haut et morts nés
qu'un hiver vous rhabille
et que les cons vous pillent
vous en voilà ornés

tandis que sonne honnête
et sans sornette Ornette
en mon demi-sonnet


FoSoBo, 9 mars 2019, 06h37, sonku = sonnet + haïku


Lonely Woman
très belle mélodie pour femme solitaire

HASARD NÉCESSITÉ SURPRISE

et de nouveau la théorie
s'insinuait dans le poème

à la vie retrouvée
mûre contre les murs
et née pour s'y lover
contre les sourds et sûrs
et comme aimer l'on aime




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LE TEMPS RETROUVÉ

il irait chercher Joyce à Val-de-Fontenay,
il y a avait sept ans qu'il ne l'avait pas vue,
elle n'a pas changé, tout recommencerait
comme avant, c'était mieux, pourvu sans imprévu

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 7620f9b80cdc32625e2ecc89c5701fd2

elle aussi entrerait comme en Alexandrie
traversant le miroir de mémoire amoindrie
lui avec sa biscotte elle son rhum là-bas

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DÉFILÉ DES MOTS DÉS

Il faisait feu de toute flèche
et feu de tout échec,
sa vie était défi,

Un défilé sans mode,
une philosophie
à porte dérobée,
sans prévision un chèque

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Il avait choisi la plus belle
et qui lui ressemblait,
elles allaient en ribambelle
une seule était appelée

C'était la sienne avec des si,
il mettrait pari en bouteille,
en lice au pays des merveilles


sonnet 452

quinze heures et douze minutes plus tard, Alfonce jugeait que la soirée avait tenu toutes ses promesses mais que rien de ce qui s'y était produit n'intéressait la lectorate du roman. Les personnages n'y avaient pas pris part et personne ne savait comment ils avait occupé cette journée, qui resterait dans toutes les mémoires comme celle de l'Acte XVII des Gilets jaunes, « un mouvement [qui] ne s’essouffle pas [car] il y avait une volonté de ne pas être nombreux... », selon sa leadeuse Priscillia Ludosky. La preuve du soufflé est qu'il ne s'essouffle que tant qu'il est gonflé. Amen. Ah là est grand

notes

1.  Le hasard objectif est une notion explorée par André Breton dans trois ouvrages autobiographiques qui forment ainsi une sorte de triptyque : Nadja en 1928, Les Vases communicants en 1932, et L'Amour fou en 1938.


Arrow

les 15 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire 57. Ma Reine de Là-bas


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Message par Patlotch Dim 10 Mar - 19:56


chapitre 58

POÉTIQUE DE LA SERPILLIÈRE
dimanche 10 mars

- moi, Lauteur, je te demande de ne plus me mettre entre guillemets, réservés aux propos de mes personnages, et d'arrêter de raconter ta vie au lieu de la leur. C'est pour ça que je ne te paye pas

Alfonce, en lui-même : « En tant que nègre émancipé, j'écris ce que je veux. J'ai du roman une conception outre-réelle élargie. Abolie la séparation entre la vie et la littérature. Tout ce qui se passe, voilà le roman, et peu importe que ce soit ou non écrit. Imaginez, je meurs demain, et vous croyez peut-être que Célanie, Levieux, AliBlabla, Afrodite et les autres vont cesser d'exister ? Prenez Madame Bovary, tout le monde sait qu'elle vit encore, alors que Flaubert est mort en 1880, la preuve irréfutable en est qu'il y a des photos de sa tombe, et aucune de celle de son héroïne. »

Patlotch, LIVREDEL VII & IX : des feintes fins des faims, 4 avril 2010


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je vois bien plutôt que le roman peine à retrouver un second souffle, le soufflet retombe, le Grand Ébat se dilue dans le flou artistique et mon nègre n'en tire pas la conclusion qui s'implose : une simple pause. Je vais reprendre ça en main sans quoi ma lectorate va fondre comme neige au printemps

à MoSoBo, tiré des brumes matinales par les gémissements de ses escargots, Levieux, à genoux sur les carreaux de la cuisine, passait la serpillère, un de « ces hideux torchons qui servent à récurer les dalles, qu'on appelle, je crois, des serpillières », comme l'écrivait Gide avec un patent mépris, pas certain du nom d'un objet pourtant indispensable à la propreté du foyer des Gide

mais de nos jours, c'est pis, tout fout le camp, il n'y a même plus de serpillière dans les romans, comme s'il n'y en avait plus dans la vie : « Le bruit liquide et tendre des serpillières mouillées que l'Adélaïde tordait sur son baquet d'eau sale. » Marcel Aymé, La jument verte, 1933

À l'origine, la serpillière était une toile grosse et claire servant aux marchands à emballer leurs marchandises. De coût moindre que la toile classique, elle servait aussi de tablier, de pare-soleil, de tapis de selle ou même de linceul. La serpillière usée servait alors de torchon. Ce n'est qu'au cours du xixe siècle que cette toile semble dévolue au nettoyage du sol, bien qu'on lui préfère parfois, pour des raisons d'économie, les couvertures usées. À la fin du xixe siècle, des règlements en préconisent l'usage en lieu et place du balai dans les hôpitaux et les casernes pour des raisons de meilleure hygiène.

Flaubert, Madame Bovary : « [Léon] aperçut de loin, sur la route, le cabriolet de son patron, et à côté un homme en serpillière qui tenait le cheval. »
et si l'on veut une preuve de l'importance capitale de la serpillière, il n'est que de constater la grande variété du vocabulaire régional
le torchon ou la loque des francophones de Belgique ;
le torchon de plancher des Lorrains ;
la bâche des Champenois ;
la since des Charentais et des poitevins ;
la gueille en bordeluche ;
le duel ou la wazing (prononcer ouassingue) des Dunkerquois ;
le patin en Vallée d'Aoste ;
la toile à pavés des Normands ;
la loque à loqueter en rouchi valenciennois ;
la panosse de Suisse romande, de Savoie et de certains Jurassiens et Lyonnais ;
la vadrouille ou la moppe (de l'anglais mop) des Québécois et des Acadiens ;
le faubert ou la vadrouille dans la marine ;
la pièce des Provençaux ;
la peille des Sétois et de tout pays occitan ;
la frégone ou fregona des habitants du Sud-Ouest ;
la charpillère en Verduno-Chalonnais ;

et globalement, la wassingue dans le Nord de la France. Le mot wassingue est une réécriture francisée du mot washing prononcé avec une phonétique française.
depuis combien de temps l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a-t-elle été que l'histoire de qui passe ou pas la serpillière ? Ou qui, de la vie à la mort, trépasse dans la serpillère ?
Diderot a écrit:Voilà le grand résultat de la vie dans tous les états. Au dernier moment, tous sont également riches, et Samuel Bernard qui, à force de vols, de pillages, de banqueroutes, laisse vingt-sept millions en or, et Rameau qui ne laissera rien, Rameau à qui la charité fournira la serpillère dont on l’enveloppera. Le mort n’entend pas sonner les cloches. C’est en vain que cent prêtres s’égosillent pour lui, qu’il est précédé et suivi d’une longue file de torches ardentes, son âme ne marche pas à côté du maître des cérémonies. Pourrir sous du marbre ou pourrir sous de la terre, c’est toujours pourrir. Avoir autour de son cercueil les Enfants rouges et les Enfants bleus, ou n’avoir personne, qu’est-ce que cela fait ?
vous n'avez pas lu jusqu'ici sans remarquer que le mot s'écrit hier serpillière, aujourd'hui serpillère, et ce depuis la réforme de l'orthographe en 1990, et non, Diderot n'a pas écrit "serpillère", comme en atteste l'édition Charles Asselineau de 1862

vous voilà impatients de savoir si cet Asselineau-là aurait un rapport avec le François de l'UPR ? Eh bien oui, comme en atteste en novembre 2007 cette Question d’actualité posée par le groupe “Paris Libre” à M. le Maire de Paris relative à la création d’un Centre Baudelaire à l’Hôtel de Lauzun

M. François Asselineau. - Monsieur le Maire, l'année 2007 marque le 150e anniversaire de la publication du chef d'œuvre de Baudelaire Les Fleurs du Mal et du retentissant procès qui en découla. Cette année a été marquée par de nombreuses commémorations à travers le monde mais rien de marquant n'a été fait à Paris, la ville qui tient pourtant une si grande place dans l'œuvre poétique de Baudelaire.

M. Christophe Girard, adjoint. - Elu du 4e arrondissement, vous comprendrez, M. Asselineau, que je connaisse bien cet hôtel particulier, en particulier la petite chambre occupée par Baudelaire que j'ai pu visiter à plusieurs reprises, en particulier avec l'écrivain Marc Lambron. [...] J'en profite pour saluer François Asselineau qui est lui-même le descendant de Charles Asselineau, un proche et ami de Baudelaire.

M. le Maire de Paris. - Merci. Je pense que Baudelaire mérite beaucoup. Je ne serais pas hostile à des initiatives pour faire vivre non seulement les Fleurs du mal mais la pertinence contemporaine de la beauté de l'oeuvre de Baudelaire.

Monsieur Asselineau, vous avez la parole.

M. François Asselineau. - Simplement pour remercier M. Girard des propos d'ouverture qu'il a tenus et je me tiens à sa disposition pour voir comment on pourrait avancer sur ce projet. Merci.

M. le Maire de Paris. - Travaillez-y ensemble et faites-moi des propositions assez vite sur Baudelaire parce que ce sont deux problèmes de logement. L'hôtel de Lauzun, je connais ; pour le rendre accessible aux personnes handicapées, etc., c'est très difficile. Mais cela n'empêche pas de prendre des initiatives dédiées à Baudelaire assez vite. Si on est un peu en retard sur l?année 2007, tant pis, on le fera début 2008. Baudelaire, c'est intemporel.
Ô combien les poètes morts méritent-ils d'honneurs des bourgeois vivants ! Mais tu comprendras, chère lectorate, que ce qui précède sera décisif pour établir la preuve de l'importance historique de la serpi-llière ou -llère, d'hier à nos jours, dans l'histoire de la littérature et de la poésie

en effet, la seule question qui se pose à nous maintenant est de savoir si le mot serpillère est présent ou non dans l'œuvre de Charles Baudelaire et le cas échéant, question adventice, dans quelle orthographe. Nos recherches ultérieures devront plus largement établir que les écrivains et poètes se séparent en deux camps antagoniques, qui a et qui n'a pas écrit le mot serpillière/serpillère

il est dans les romans des moments comme celui-ci ou le suspense est intenable, et serions-nous à un tournant de l'intrigue ? Allons donc au plus court, c'est non, pas de serpillère chez Baudelaire. Elle entre en art par la plus grande porte, celle de la peinture


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Picasso-synthetic-guitar-1926
Guitare
Picasso, 1926
cordes, papier journal, serpillière
et clous sur toile peinte à l'huile


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 20170620_152707
La serpillère
Antoni Tapies, 1971
gravure originale, signée au crayon par l'artiste
Numérotée / 75 copies
Sur papier Mandeure, format 63 x 90 cm
"Très bon état. Cet objet est proposé par un expert du marché de l'art.
Son authenticité est garantie."

et c'est ainsi que l'art conféra à la serpillère une valeur marchande incomparable avec sa valeur d'antan, ou sa valeur usée par les travaux des jours. Celle-ci était garantie en "très bon état", ce dont je vous laisse juge

Alfonce, la critique est aisée, mais l'art est difficile, et tu es bien placé pour le savoir. Alors, où sont les serpillères dans ton œuvre ? « Demande à Gougol, toute la connaissance y est répertoriée : Patlotch serpillère. On y trouve deux occurrence. » La première est dans Tambours sur tempêtes en 2010, Aux petits soldats de l'administration du désastre et de la soumission durable, de l'écologisme d'Etat et du capitalisme vert, douze attendus :

Qu'une saine colère
        mette à la porte
               l'ombre d'une chimère

Quand passe sur hier
        la serpillière de l'hiver
               un propre vers printemps

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et en janvier dernier, au chapitre 16, l'amour :
L'appartement au rez-de-chaussée donnait sur une cour minuscule enfoncée au pied des immeubles qui bouchaient la vue sur les quatre côtés. Il la traversa puis l'autre immeuble... « Qui êtes-vous ? Que faites vous là ? » La concierge, un balai d'une main, une serpillière dans l'autre, haute comme deux pommes, le toisait en contre-plongée. « Ben, j'étais chez... » mais il se retint, ça ne la regardait pas. « Chez qui ?! - Chez quelqu'un. » Elle n'insista pas, « La prochaine fois, essuyez vos pieds ! - Et vous dites "bonjour Monsieur, au-revoir Monsieur, bonne journée Monsieur". À la prochaine, Madame ! »

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La concierge de la Rue Gracieuse, Paris 5e

la rue, gracieuse comme une concierge ?

l'enjeu poétique de la serpillère n'a pas échappé à l'auteur de Poétique du texte macroniste, Nettoyage du style et nettoyage du sens chez Mathieu Larnaudie lundimatin#151, 25 juin 2018

Par souci d’honnêteté, il faut souligner les limites de la poétique de la serpillère. Nous en avons suffisamment vanté les mérites. Cette poétique, avec la pensée, efface toute littérature. Pour écrire, en effet, pour penser, il eût fallu moins de malhonnêteté. Le défaut de la poétique de la serpillère, c’est qu’elle est salissante pour celui qui l’emploie. Mathieu Larnaudie est un propagandiste aux mains sales. Dans le nettoyage consciencieux offert par la serpillère Larnaudie on apprend ainsi que Denon n’a pas fait exprès de faire de la politique, embarqué par Bonaparte dans la conquête du monde, comme Macron n’a pas fait exprès de faire l’ENA, comme les énarques ne font pas exprès de tout détruire en s’enrichissant.
il faut aller chercher dans Les bonnes, de Genet, la seule et vraie poétique de la serpillère, celle que hante la domination sociale, culturelle, sociologique et sexuelle :
Jean Genet a écrit:C'est facile d'être bonne, et souriante, et douce. Quand on est belle et riche ! Mais être bonne quand on est une bonne ! On se contente de parader quand on fait le ménage ou la vaisselle. On brandit un plumeau comme un éventail. On a des gestes élégants avec la serpillière. Ou bien, on va comme toi, la nuit s'offrir le luxe d'un défilé historique dans les appartements de Madame.
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« Ah bon ? Et combien de vraies bonnes au théâtre pour y jouir de la pièce de Genet ? - Votre me génez, ma lectorate, ce n'est pas une question à poser dans un roman. - Ah bon ? Parce que les "vraies bonnes", elles lisent ton roman ? - J'en connais qui sont bonnes lectrices... - Mouais, quand ça t'arrange, un bon mot et pfft... plus personne ! »

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Picasso, collages Patlotch, 1989

car l'on si trouve des domestiques chez Balzac, Zola, Proust et les autres, elles ont rarement la serpillère à main. Je n'en ai pas trouvé chez Aragon, mais cette remarque à propos de la Guitare à la serpillère de Picasso :
Aragon a écrit:Vers le même temps, il arriva que Picasso fit une chose très grave. Il prit une chemise sale et il la fixa sur une toile avec un fil et une aiguille. Et comme avec lui tout tourne en guitare, ce fut une guitare par exemple. Il fit un collage avec des clous qui sortaient du tableau. Il eut une crise, il y a deux ans, une véritable crise de collage : je l’ai entendu alors se plaindre, parce que tous les gens venaient le voir et qui le voyaient animer de vieux bouts de tulle et carton, des ficelles et de la tôle ondulées, des chiffons ramassées dans les poubelles, croyaient bien faire en lui apportant des coupons d’étoffes magnifiques pour faire des tableaux. Il n’en voulait pas, il voulait les vrais déchets de la vie humaine, quelque chose de pauvre, sali, méprisé.
c'est dans La Peinture au défi, préface à une compilation de textes sur Les collages, écrite pour le catalogue d'une exposition en 1965. Aragon est le premier à avoir analysé, d'une manière systématique, le phénomène du collage moderne dans les arts plastiques, procédé qu'il reprend dans ses romans. Il y distingue quatre formes principales du collage : le collage cubiste (Georges Braque, Pablo Picasso), le collage dadaïste (Marcel Duchamp, Francis Picabia), le collage surréaliste (ou poétique) (Max Ernst) et le collage au service de la propagande

si la serpillère a disparu dans les romans , - ceux de Houellebecq n'en ont pas mais il est lui c'est vrai « la serpillère nihiliste en chef », écrit une mauvaise langue - elle fait toujours partie des instruments idéaux du ménage, où elle a atteint son idéel en devenant « révolutionnaire »

L'Italo-Américaine Joy Mangano a fait fortune dans les années 1990 en concevant la "Miracle Mop", une serpillère révolutionnaire que l'on peut essorer sans avoir à se courber ni à se mouiller les mains. A l'époque divorcée, elle élève seule ses trois enfants et a du mal à joindre les deux bouts. Sûre de son coup, elle décide de mettre toutes ses économies dans la création de son invention.

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Elle en conçoit d'abord une centaine, qu'elle vend sur les marchés. Le bouche-à-oreille prend doucement. Mais la consécration arrive le jour où elle décide de se rendre sur le plateau d'une émission de téléshopping de la chaîne QV (Quality, Value, Convenience) pour vanter les mérites de son produit en direct. Résultat : 18 000 serpillères se vendent en vingt minutes.
"Quand le ménage devient tendance" : après le "it bag", la "it serpillère" ?
. Allons bon, après, Cif qui nous sacrait reine du balai à chiottes, voilà qu’une marque de produits d’entretien veut nous pousser à astiquer au prétexte que ce serait à la mode. A côté de cette accroche, "Moulinex libère la femme" paraîtrait presque féministe. Après le "it bag" à quand le "it plumeau" ou la "it serpillère" ?
alfonce fulminait : « Ma mère aussi était "tendance", tendance mère au foyer avec trois gosses, tendance à passer la serpillère tous les jours pour que ses petits puissent se vautrer par terre et même léger le carrelage si l'envie leur en prenait. » Aujourd'hui, le progrès technologique a libéré les mamans, même bébé est inviter à prendre sa part des tâches ménagères...


ou mieux, le chat... domestique

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MA MÈRE SERPILLAIT...

je roupillais, pillant les rêves du logis
et depuis je déroge aux règles du ménage
adroit, donnant ma langue au chat du patinage
à quatre pattes, ma rusée raison logi-

que, fine dialectique hélas tic élargie
au matou qui m'a tout l'air d'être au surmenage
assigné, sans contrat à signer, pas son âge,
et le droit du travail animal ici gît.

Voyez la serpillière à la serpe d'hier
aboli sortilège et d'un sort si léger
la femme dort depuis avec un somnifère.

Pillons et serpillons, c'est révolutionnaire
et du passé faisons table sans repasser
les plats : l'homme avenir de la femme est piégé.

sonnet 453


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à l'appart' du Père Lachaise, Ali repassait son Levi's 501, dûment appareillé d'une braguette à fermeture Éclair qui, aux yeux, et pas seulement, de Niki remplaçait avantageusement les boutons métalliques d'origine (voir chapitre 27, cartes, et maîtresses), et que dans leurs échanges à glissière elle appréciait depuis à sa juste valeur d'usage
Le premier à avoir inventé  l’ancêtre  de  cet  objet est Elias Howe, l’inventeur de la machine à coudre. Dans sa quête pour trouver un moyen de garder les vêtements fermés automatiquement, il inventa, en 1851, une série de crochets, mais sans glissoire.


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Après  plusieurs  années   de modifications, un autre inventeur, Whitcomb Judson fut déclaré « père de la fermeture à glissière », avec ce qu’il appelait alors le « Clasp Locker ».


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Cependant, ce n’est pas encore l’invention de la fermeture à glissière telle qu’on la connaît aujourd’hui. La fermeture moderne n’est arrivée qu’en 1913, grâce à un ingénieur électrique : Gideon Sundback, qui ajouta 6 à 7 mailles de plus par pouce et qui mis les deux rangées de mailles face à face. Ce prototype s’appelait « Separable Fastener ». Il créa aussi une machine pour fabriquer les fermetures éclair, qui produisait quelques centaines de pieds de fermeture chaque jour.
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Le nom Zipper provient de la compagnie B.F. Goodrich, qui a renommé le « Separable Fastener » après l’avoir appliqué sur une paire de bottes. Quant à fermeture éclair, même si le terme est courant, il désigne en fait une marque déposée de la compagnie Éclair Prestil. Le vrai terme est donc fermeture à glissière.

Une invention pas banale : la fermeture éclair !

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Rassemblement des ouvrières des fermetures Éclair, en janvier 1982,
devant l'usine de Petit-Quevilly en Seine-Maritime

Les grandes grèves de mai 68.

Contrairement à 1936 où par crainte des interpellations et dégradations venant de l’extérieur, l’ Employeur avait fermé l’usine, en mai 1968 les événements se déroulent autrement. Après Renault Cléon en début de semaine, les occupations d’entreprise se sont généralisées.

Aux « Fermeture Éclair » le vendredi 17 mai après-midi au cours d’un débrayage, le syndicat CGT propose la fermeture des portes et l’occupation de l’usine. Sur les 1200 personnes à l’effectif, 500 votes  décident d’occuper les lieux. Toutes celles et ceux qui étaient restés au travail se sont fait interpeller durement et parfois insulter lors de leur sortie du travail en cette fin de semaine. Jusqu’au constat de Grenelle l’usine reste bloquée.

Avec Grenelle, les salaires des OS (dont de nombreuses femmes) augmentent considérablement. Pour les autres salariés c’est + 10% en moyenne.  Une première ici où tout était hiérarchisé ; s’y ajoute une prime de vacances de cent francs, égale pour tous.

Toutefois, en négatif,  la grève a amené des tensions entre personnels  grévistes et non-grévistes. Ces tensions sont si fortes que l’employeur en profite pour diviser les Salariés et il encourage la création du syndicat Force Ouvrière, à partir des non-grévistes.

Le Président Directeur Général était anglais. La direction générale du groupe après avoir analysé les événements de 1968, au prétexte que ce PDG n’aurait rien vu arriver, décide de le remplacer en 1969 par un  français, présent sur le site afin d’améliorer la communication.


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Entrée de l'usine en mai-juin 1968

En 1976, le groupe Fermeture Éclair prend le contrôle des usines Prestil de Choisy-le-Roi en région parisienne et de Bernay dans l’Eure. Restructuration, changement de nom, pour Éclair-Prestil.

La coordination difficile entre les Directions des 3 sites ne permet pas de rationaliser les productions, de stopper la perte de gros clients. Sera produit ce que la concurrence refuse de réaliser à cause d’un faible taux de rentabilité. Le chômage partiel est régulièrement reconduit chaque année avec des pertes de salaires de plus en plus importante selon les catégories professionnelles. A la place du chômage, l’obligation de prendre des congés individuels devient de plus en plus fréquente. Toutefois, les actions répétées du personnel à l’instigation de la CGT permettent quelquefois des compensations de salaires complémentaires aux indemnités de chômage partiel.

En 1976 la division Marston (Fabrication d’énormes réservoirs caoutchouc pour l’Armée) installée sur le site de Petit-Quevilly est vendue à Kléber Colombes et transférée à Elbeuf. Éclair Prestil est cédé à Optilong (groupe allemand qui fabrique aussi des fermetures à glissière de marque Opti).

Pour compenser en partie la baisse du chiffre d’affaire des fermetures, la décision est prise  par la direction, à partir de l’atelier « moulage  sous pression », de fabriquer des montures de lunettes Sunair. Cette activité de diversification ne se développera pas à Petit-Quevilly et sombrera définitivement après la décision de la transférer à Haïti.

Les difficultés financières d’Éclair Prestil deviennent alors très importantes et ne cessent de s’aggraver, jusqu’à la cessation de paiement. Le jeudi 7 janvier 1982, lors du Comité central d’entreprise l’administrateur annonce 950 licenciements sur les 3 usines : 500 à Petit- Quevilly, 300 à Bernay et 150 à Choisy.

Le personnel réagit vivement et, répondant à l’appel des organisations syndicales, il décide d’occuper le site de Bernay et de Petit-Quevilly lors de l’assemblée générale du 7 janvier 1982. L'occupation de l’usine dure 11 jours. Sur la base d’un document élaboré par le syndicat CGT avec le personnel « analyse et propositions de la CGT », des négociations s’engagent avec le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI). Des actions sont également organisées par les syndicats en direction des principaux actionnaires, des partis politiques et des pouvoirs publics pour exiger un plan de sauvegarde des emplois. Se succèdent alors des réunions des Comités d’Entreprise et du Comité Central d’Entreprise sur les trois sites de Choisy le Roi, Bernay et Petit Quevilly appuyées par des actions du personnel, des arrêts de travail, des manifestations ; mais rien n’y fait : l’administrateur provisoire annonce sa volonté de supprimer 1200 emplois sur un effectif de 2300 salariés.


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Avec l’aide l’Union Locale CGT de Quevilly-Couronne, de l’Union Départementale de Seine-Maritime et de l’U.S.T.M.-CGT, l’occupation se fait dans la bonne humeur, pendant dix jours dans des conditions climatiques très rudes où chacune et chacun se dépasse. Les municipalités de gauche de Petit-Quevilly et Grand-Quevilly apportent leur soutien aux travailleurs en lutte.

Plus organisés qu’en 1968, il y a 536 occupants. A chaque évolution de la situation les délégués informent en direct les grévistes et l’ensemble du personnel. Après 11 jours d’occupation, un protocole d’accord de fin de conflit est signé à la préfecture le 18 janvier 1982. Voici les acquis :

- Compensation des pertes de salaires à hauteur de 50% pour le personnel gréviste.
- Trois personnes de Petit-Quevilly et deux de Bernay et Choisy-le-Roi seront affectées, en gardant leur salaire, aux études et au contexte nécessaire pour le redressement d'Éclair-Prestil.
- Aucune sanction ne sera prise par la direction contre les grévistes du fait de l’occupation de l’usine.
- 2 heures d’information maximum par semaine seront payées à l’ensemble du personnel pour le tenir informé de l’avancement des études et des négociations.
- Pour faciliter la concertation entre la direction et les organisations syndicales, les pouvoirs publics désigneront un correspondant qui sera à la disposition des deux parties.
- Toutes informations utiles seront, dès que possible, données par le PDG aux organisations syndicales sur le niveau d’activité prévisible.
Conformément aux décisions arrêtées au CIASI le 13 janvier, la situation de l’entreprise sera maintenue jusqu’à l’élaboration du plan définitif de redressement en particulier, il n’y aura durant cette période ni envoi de lettres de licenciement, ni déplacements de machines, ou de tout matériel nécessaire à la marche de l’entreprise.

[...]


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Une de la Vie Ouvrière, revue nationale de la CGT,
le 1er février 1982. Toute la CGT soutient les salariés d'Eclair-Prestil.

source : Institut d'histoire sociale CGT de Seine-Maritime
« Quel rapport entre la Fermeture Éclair et la serpillère révolutionnaire ? - Grâce au balai à serpillère en microfibre, tu feras le ménage en un éclair ! - Pourquoi moi ? - La serpillère est l'avenir de l'homme ! - C'est d'Aragon ? - Il ne l'a pas écrit, mais l'a pensé très fort par amour pour Elsa. »

Les pages lacérées, dans Le Roman inachevé, 1956

[...]

L'appartement au-dessus de la
Cité
Universitaire

Comme on y déjeunait gaîment à regarder la guerre au loin

La mort est venue en retard pour mettre ce bonheur en miettes
On avait laissé tout en l'air le ménage n'était pas fait
C'est le canon qui se chargea de la cuisine et du buffet
Et sous la toiture éventrée il n'est resté que les assiettes

[...]

On dit ce que l'on veut en vers l'amour la mort
mais pas la honte

Célanie était restée depuis La journée des femmes, Journée des folles en l'étroit territoires, avec Éliance, son gendarme. Dans son appartement au Fort de Rosny, il nettoyait un fusil d'assaut récupéré à La Serpillère. S'agissant d'un vol à La Verpillère en Isère, sûrement une coquille cocasse glissée dans le titre par quelque correcteur faisant la grève du zèle. « Pourquoi tu me regardes comme ça, je ne suis pas entré à la Brigade de gendarmerie pour passer la serpillère... - Ah bon, c'est réservé aux femmes-gendarmes ? - Arrête, ça glisse, le budget de la Défense plonge depuis des années, avec des milliers de suppression de postes, et on est tous obligés de balayer et de passer la serpillère, car pas question d'une femme de ménage, et pendant que le gendarme balaie, il n'enquête plus. - OK, j'ai rien dit, et t'as les doigts pleins de graisse... - Je te vois revenir... - Je ne suis pas lassé de ton fusil d'assaut. - À l'assaut du septième ciel ! », et ils recommencèrent ce pour quoi ils s'étaient réunis à Rosny

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De l'autre côté du miroir (1), Calice écoutait Humpty Dumpty « Moi, quand j'emploie un mot, il signifie ce que je veux, ni plus ni moins... - La question est de savoir si on peut faire que les mots signifient autant de choses différentes. - La question est "Qui est le Maître ?" un point c'est tout !... - C'est faire signifier beaucoup de choses à un seul mot. - Quand je fais beaucoup travailler un mot comme cette fois-ci, je lui paye toujours des heure supplémentaires. - Ho !... - Vous semblez très habile pour expliquer les mots, monsieur, pourriez-vous m'expliquer le sens d'un poème qui s'appelle ?Jabberwocky - Voyons, écoutons-le. Je suis capable d'expliquer tous les poèmes qui ont été inventés... et une bonne partie de ceux qui ne l'ont pas encore été. »

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Cela parut encourageant aussi Alice récité-t-elle les premiers vers :

« C'est les crirheurs ; les tirblaiz vistes
Gryraient, viriaient dans le lodet ;
Tout pireux étaient les serpistes
Et les govers dchessois beuchlaient. »

- C'est assez pour commencer, il y a beaucoup de mots là-dedans... - C'est très bien... - 'Cuirheur' signifie quatre heures de l'après-midi, le moment où on commence à cuire les choses pour les manger...  'Viste' signifie leste et visqueux... Un 'serpiste', c'est un oiseau mince avec ses plumes qui collent partout... quelque chose comme une serpillère vivante... »


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Slithy Toves and Borogoves [serpistes]
Illustration by John Tenniel for Lewis Carroll

« J'ai découvert ton truc, nègre de mes deux territoires de chaque côté du roman noir. Tu prends un mot, et tu l'essores comme une serpillère ! » Lauteur avait compris, le dernier, ce que toute ma lectorate savait depuis le début... De chacun selon ses possibilités, à chacun sa lecture. Quant à l'écriture, il s'agissait de résoudre à chaque mot ce problème : comment le mettre en relation avec chacun des personnages de sorte que cela paraisse non seulement logique, mais nécessaire ? Il se posait en fait comme tout problème de philosophie avec un mot-concept, et cela relevait de la logique. Voilà pourquoi s'y étaient collés Lewis Carroll ou Boby Lapointe (voir avant-dire de cette deuxième partie)
Ronin, qui n'avait pas aimé la scène d'amour platonique dans la version longue des Sept Samouraïs de Kurosawa Akira, est tombé amoureux de Calice, au pays des merveilles, en traversant la rue pour trouver un emploi dans le roman, et le miroir des susdites illusions, miroir sans tain comme chez Aragon dans La mise à mort « le narrateur  se regarde non pas dans un, mais dans plusieurs sortes de miroirs : le miroir vénitien, le miroir Brot, un miroir à trois faces, un miroir sans tain (d’où l’on peut voir l’autre qui ne sait pas qu’on le voit, comme dans les films d’espionnage) et enfin un miroir tournant qui donne un vertige de reflets à l’infini. »

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ce sera donc pour moi l'occasion d'un double double hommage à Lewis Caroll et Boby Lapointe, qui en sus de leurs génies traversant les mots et les choses, étaient tous deux de grands connaisseurs et inventeurs de systèmes de logique, au sens mathématique du terme

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la question que se posait ce soir Alfonce, depuis douze heures qu'il était à sa tâche de nègre sans relâche, était la même qu'un mathématicien face à une équation, un penseur essorant mot-concept, ou encore son amie Couleur H. appliquée à « résoudre une toile », « Ai-je bien résolu le chapitre d'aujourd'hui ? », pour traverser son miroir

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Cette monographie présente l'artiste peintre libanaise, qui travaille autour des totems, des oiseaux et des masques, avec comme inspiration les arts premiers et les arts figuratifs.

« Je cherche la beauté profonde, le mystère et la poésie dans la peinture... pas l'esthétisme... un état poétique, suggéré et non pas représenté... Aller dans la profondeur et l'essence de l'inconnu implique des sacrifices énormes. La peinture est un facteur d'épanouissement terriblement douloureux. Mais c'est un bon travail sur soi. Le va-et-vient entre la peinture et la vie génère une spirale : un échange perpétuel de clefs, de coups de pouce pour ouvrir de nouvelles portes. Cela donne de la souplesse à l'esprit. On souffre beaucoup, mais on ne s'ennuie jamais. Et puis, quand l'œuvre est terminée, il y a la jouissance violente.

L'enjeu n'est pas de représenter le masque pour le représenter. Je n'en ai rien à faire. Je veux arriver à traduire à travers ce thème un état qui soit poétique, défini, et en même temps qu'on puisse interpréter de mille et une manières. Pénétrer le masque et en sortir quelque chose de dense et de poétique à la fois. Je travaille jusqu'à arriver à cet état. Tout en ayant l'apparence de la légèreté ce qui ajoute à la difficulté de la chose »


LIVREDEL VII & IX : des feintes fins des faims, Patlotch 4 avril 2010
autrement dit, Alfonce pouvait-il aller se coucher ?

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Tournant inévitable. Fadia Haddad, 1995
pigments et colle acrylique
sur papier entoilé, 162 x 130 cm
oiseaux et masques

notes

1. De l'autre côté du miroir, Through the Looking-Glass, and What Alice Found There est un roman écrit par Lewis Carroll en 1871, qui fait suite aux Aventures d'Alice au pays des merveilles. En France, ce roman a été publié pour la première fois en 1931 sous le titre La Traversée du miroir. Le titre sera changé en De l'autre côté du miroir lors de la réédition de 1938. Source Wikipédia


Rolling Eyes

les 15 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière


Dernière édition par Patlotch le Lun 11 Mar - 3:07, édité 1 fois

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Message par Patlotch Lun 11 Mar - 19:01


chapitre 59

DES NOUVELLES DU FRONT
et de la politique en France


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Tour-eiffel-bleu-blanc-rouge-paris
lundi 11 mars

la France est un pays dont les Lumières tricolores, bleu blanc rouge, n'ont pas fini d'éclairer, de l'infrarouge à l'ultraviolet en passant par le jaune, le noir marron et l'outremer, et du local de l'Étroit Territoire au global du Tout-Monde, la vie quotidienne, ordinaire et abracadabrantesque, du Vulgus Pecus à la Vulvaire Incognita

l'intelligentsia française, car intelligence ya, est innombrable et vertueuse, tumultueuse et incomparable, mais il en certaine qui lest plus que d'autres. Le cycle de l'Outre-Réel aurait failli à l'objectivité du simple réalisme si, d'emblée, il n'en avait pas présenté l'élite parmi la fine fleur, et le gratin des hauts fine oies

j'ai nommé les héros de MICROCOSME, roman initiatique - L'OUTRE-RÉEL II, chapitre 1 rêve ça loupe ! Trois hommes et un bon coup : le Professeur Friedrich Lorduron de sa chaire à Toulbac, son confrère Lémérite Friant de Salaire Avide, et le Baron perché d'Aigruffin



comme souvent en semblable conjoncture, tels les Trois Mousquetaires nos trois hommes étaient quatre, et la preuve irréfutable (2= en était la photo où apparaissait le d'Artagnan de la bande des quatre, Éric Chouant, que tous ses fans raidis appelaient familièrement Ric Crack

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ce héros de la Jaunisse en gilets avaient croisé le fer, bien le moins pour un mousquetaire, avec une autre hélite de chez nous, Roufol Hantovent
Éric Chouant a retweeté Roufol Hantovent et Roufol Hantovent a retweeté Éric Chouant

On n'est pas du tout d'accord, mais... Personne n'a + travaillé la question du #RIC qu'@Etienne_Chouard, et il est seul à faire l'unanimité chez les #GiletsJaunes. Alors, salutaire initiative de @SudRadio ! Gageons que la "vraie démocratie" supportera la contradiction
le Baron perché d'Aigruffin était incontestablement le plus jeune des quatre, la preuve irréfutable en étant qu'il était né le dernier. Cette qualité, catartéristrique de la jeunesse, lui donnait la plus haute des responsabilités, éclairer d ses Lumières tricolores bleu blanc rouge, les dégénérations montant à l'assaut du siège et de la chaire, à corps et à Ric en suant sang et eau : « Ce qui m’a répugné, c’est de suer sang et eau pour l’aumône d’un salaire, c’est de créer des richesses dont j’aurais été frustré. » Marius Jacob, Pourquoi j’ai cambriolé, 1905

« T'inquiète pas, Petit ! », l'encouragea Lémérite Friant de Salaire Avide, à quoi d'Aigruffin répondit : « Je me souviens d’une discussion avec toi, en 2015 dans FAQire, qui demandais pourquoi les syndicats ne se saisissaient pas de ton salaire universel : « Mais comment les gars de Goodyear pourraient distribuer, alors que leur usine est menacée de fermeture, un tel ? » Pas de réponse strictement syndicale, et bien évidemment politique. Et là, ça renvoie à un désarroi, au nôtre, de ne pas avoir de forces organisées, avec une masse critique suffisante, au moins pour débattre, pour aller vers quelque chose ensemble. Et bien maintenant, grâce à Ric Crack boum hue, on a un piège tabou, le GJ ne craint pas le Castagner, le fric en tombe à nos g'noux... »

Lémérite Friant étant né le premier avait l'indéniable qualité d'être le plus âgé de la bande des quatre. Sa vieillesse savait ce que la jeunesse du Baron d'Aigruffin pouvait : « Avec les gilets jaunes et leur leader surdroué, nous avons les forces organisées à la ramasse critique suffisante. »

Le Professeur Friedrich Lorduron, qui les écoutait concentrémentement, sortit de son silence : « Comme disait Alan de Bonne Noix à Braillinfo en 2015, « il n’y a de perspective révolutionnaire que lorsqu’une reconstruction idéologique radicale rencontre un mouvement social réel. » Nous y voilà, comme il l'a bien montré au même torchon le 11 décembre : « Quoi qu’il se passe, les Gilets jaunes ont déjà gagné »

Le Baron était perché très haut dans le cœur des Mange-Pas-Cher, et il avait aussi sa Politique de la serpillère

- Mon discours sur les femmes de ménage à l'Assemblée a enregistré, sur Facebook, plus de sept millions de vues. Et atteint plus de douze millions de personnes. Qui l'eut cru ?
Ça me paraît une excellente nouvelle, qui prend pour moi un sens politique.
D'abord parce que, pour susciter l'intérêt du public, je ne me voyais revêtir tantôt une blouse d'infirmière, tantôt une tenue de paysan, tantôt un casque de pompier, etc, avec les sanctions à la clé. Là, je n'ai procédé à aucune mise en scène : une parole simple, la plus simple des paroles même, sur un thème ordinaire, et qui nous vaut 300 000 partages.
Ensuite, ce propos n'a bénéficié d'aucun buzz médiatique. Comme déjà observé, la question sociale, les femmes de ménages, les victimes de la Dépakine, les suicides d'agriculteurs, etc, les médias s'en fichent. Ils les omettent.
Enfin, ce modeste succès (faut pas se la péter) témoigne d'une attente, d'une attente populaire : qu'on fasse entendre la voix des gens plutôt que de l'argent. Et sans doute qu'on le fasse avec un style nouveau, pour porter une politique originale.
C'est du moins dans cette direction qu'on va continuer de bosser, en se sentant encouragé, accompagné : rendre visible l'ordinaire.
source
« Ben moi, l'ordinaire, pas besoin qu'on me le montre, je le vis donc je le vois. En vérité, le Baron perché ne veut que se montrer le montrant aux médias, car si Facebook n'est pas un "média", d'Aigruffin est l'homme invisible ! - Le nègre nous avait jusque-là épargné la politique, et je me tue à le répéter depuis le début, la lectorate ce qu'elle veut, c'est un Fesse Book ! » À qui répondait Lauteur répondait-il ? Bien mal à qui que ce soit, qui ne sera pas dénoncé en place publique sur Touiteur : pour y être brune et vive ? (Alfonce vous donne un indice...)

« Oui, mais quand même, elle a raison, la gauche, la droite, le milieu, le bleu, le blanc, le rouge et le noir, le jaune et l'outremer, je m'en bas les coquilles et m'en essore la serpillère... - Hé ho, Levieux, l'Outremer, c'est mon chez nous chez moi, alors Coll Papy, ou starwartonPif ! - Kècekitafé, chien ? - Change pas de conversion ça ! - T'en perds ton latin, la Chabine... - Cépadulatin, pis tétrokon, moi aussi je m'en bas le haut vulve, des couleurs politiques... - Ah, tu vois, quand tu veux... - Sauf le bleu Outre-Mer et le Noir Marron ! - T'es Ma Daltonienne ? - Et toi Rantanplanifié ? Ç'eût, mais ne dura lex, cède laisse...



« Mais, la gauche et la droite...- Quoi ? - Tu dis que c'est... - La politique ! - Et alors ? - C'est l'État - T'es anarchiste ?! - C'est pas un scoop violant... - Une utopie ! - Concrète. - Comment ? - Contre l'État. - Comment ? - Par tous les moyens utiles et nécessaires - C'est surdroué ? - Sans fautes, impossible. - Et la démocratie ? - Érection, piège abscons ! - Mais les députés... - D'Aigruffin faisons table rase ! - Il est aimé du peuple - Quand j'entends le mot peuple à ma place, je me casse. - T'es contre tout... - Ce qui est pour. - Où ça ira ? - En attendant ça va. - T'es qui, d'abord ? - On m'épelle ânonime. - Épelle le jonc ? - la femme à la jonquille, je dis pas non... » (3)

Alfonce pouvait donc dire, ou maintenant avouer, qu'il avait fait de la politique pendant 20 ans, de 68 à la chute du "bilan globalement positif" selon Georges Marchais. Pour solde de tout compte, puisqu'il ne votait plus depuis 30 ans. pour lui, penser et se comporter en communiste conséquent était incompatible avec la démocratie politique, celle-ci devenue "démocrature", ou toute autre améliorée, "participative", "directe" ou "radicale"

« Mais alors, ton communisme, c'est la dictature du prolétariat ! - Non, pas davantage que la "démocratie prolétarienne" de l'État ou de l'autogestion. - Et tu vois ça comment ? - Pas très bien ni trop près d'arriver, pour autant que ce soit possible. - Alors à quoi ça sert ? - 21 se projeter outre la réalité actuelle. Rêver, quoi... - Si tu veux, mais rêver en outre-réaliste, les pieds sur terre, pas dans le ciel idéel des concepts révolutionnaires. - Et tu fais quoi, pour hâter l'arrivée de ce paradis sur terre ? 6 J'écris ce que j'en pense, à toutes fins utiles. - Bouteille à l'outre-mer... - Bien trouvé, je n'y aurais pas songé, mais je le passerai en contrebande dans le roman de Lauteur, dont je ne suis que le modeste nègre blanc. »

« Ça va comme un lundi de printemps,»
se dit AliBlabla, « et si j'allais au Père Lachaise voir si nos tags pochés sur le monument à Éloïse et Abélard sont toujours là...»


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Abelard and his Pupil Heloise
Edmund Blair Leighton, 1882

sortant de chez Niki, il voit un attroupement devant la grande porte du cimetière, fermée. « Tiens, à l'heure du déjeuner ? Bizarre... » Il traverse le Boulevard de Ménilmontant, et se retrouve dans un attroupement de touristes étrangers, allemands, chinois, saoudiens, canadiens... qui piétinent en espérant une ouverture, malgré l'affichette indiquant : « Lundi 11 mars, grève des gardiens...» Il s'agit d'une protestation des Agents municipaux contre les enterrements le dimanche...

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Ali retraverse le boulevard, s'enfile dans la Rue de la Roquette jusqu'à la Place Voltaire, prend à gauche le boulevard éponyme  puis la rue de Charonne au métro du même nom, célèbre par la tragédie de la Manifestation anticolonialiste interdite 8 février 1962

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Les CRS chargent la foule anti-OAS sur le boulevard Charonne
Depuis plusieurs mois, les clandestins de l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète) multiplient les attentats contre les officiels français accusés de négocier l'abandon de l'Algérie avec le FLN. Le 7 février 1962, une charge de plastic est déposée sur un rebord de fenêtre au domicile du ministre des Affaires culturelles, André Malraux, 19 bis, avenue Victor Hugo, à Boulogne-sur-Seine.

Delphine Renard, 7 février 1962 Des éclats de verre blessent cruellement une fillette de quatre ans, Delphine Renard. L'émotion est immense et les syndicats et partis de gauche appellent les citoyens à se rassembler place de la Bastille, à Paris, dès le lendemain soir, jeudi 8 février 1962.

Le ministre de l'Intérieur Roger Frey interdit la manifestation dans la crainte de débordements. Le préfet de police Maurice Papon, qui s'est déjà illustré dans la répression du 17 octobre 1961, déploie d'importants effectifs de police sur la place de la Bastille pour en interdire l'accès.

En début de soirée, les manifestants, qui se sont néanmoins agglutinées aux alentours, commencent à affronter les policiers. Ces derniers chargent la foule... Sur le boulevard Voltaire, des manifestants croient échapper aux coups de matraque en descendant dans le métro Charonne. Mais c'est pour s'apercevoir que les grilles ont été fermées dès le début de l'après-midi.

À 20 heures, tandis que la foule commence de se disperser, des policiers s'acharnent sur la cohue qui se presse dans l'escalier du métro. Des manifestants, assommés, sont même jetés par-dessus la rambarde sur les manifestants collés aux grilles...

Enfin, les grilles cèdent sous la pression de la foule. À l'heure du bilan, on comptera huit morts, victimes d'étouffement ou d'infarctus, ainsi qu'une centaine de blessés parmi les manifestants et un peu plus de deux cents parmi les forces de l'ordre.

Quarante jours plus tard seront signés les Accords d'Évian, mettant fin à la guerre d'Algérie mais non aux dissensions et aux ressentiments nés de celle-ci, tant parmi les Algériens que parmi les Français.


Ali descend la Rue de Charonne comme Alfonce 20 ans plus tôt en résident du quartier, entre deux collages, en quête de la belle inconnue de sa vie. Quand il arrive à l'angle de la Rue Faidherbe, qui redescend vers le Boulevard Diderot, en face de l'Armée du Salut ou Palais de la femme,


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il tourne à droite Rue Richard Lenoir pour rentrer chez Niki par la Roquette, et tombe sur Le Palais des deux roues, Entretien et réparations

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« À quoi tient le Salut ! Si ses roues pètent d'un abus d'usage au Palais de la femme, le mâle n'a qu'à traverser la rue pour se refaire une santé. »

une chose que l'on ne pouvait pas nier, c'est que le Baron perché d'Aigruffin était un grand cinéaste. Preuve irréfutable, il parvenait à faire des films sur les autres dont il était le héros principal. Après un premier succès avec Merci Patron, il avait récidivé avec "J'veux du soleil", documentaire consacré au mouvement des Gilets Jaunes


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l'idée d'associer le soleil, sa puissante lumière et sa chaude couleur, au jaune des gilets était il faut le crier fort une franchouse nouvelleté d'une orginale audacialité, et qui plus chère d'une farpaite équadation à la révoluchion chitoyenne, pour laquelle le Picard avait tout des congelés

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le Professeur Friedrich Lorduron, d'une santé politique fragile, s'était fait discret tout l'hiver, craignant d'attraper la jaunisse française. Il était d'ailleurs rentré du ski mnésique, pâle et fébrile Il était rentré du ski mnésique, pâle et fébrile, tandis que Lémérite Friand avait la rougeode

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de plus, sa spécialité était le haut niveau d'appréhension théorique

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de ceux qui n'avaient pas compris combien leurs actions étaient importantes, les estudieux en coolère...occupant Toulbac à sable épharie,

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leur absence de paupières était à l'origine du slogan : « On veut pas d'soleil ! » Le Professeur Lorduran en avait tiré une hip hop thèse intrépitre : « La convergence des luttes est aux gens ce que les cons sont aux verges vierges, un puits sans fond entre la culture urbaine et la jachère périphérique. »

il avait écrit sur ce thème, pour Le Mondain Pneumatique, un mensuel à l'halimite, un in-quarto gonflatus, qui n'avait de précédent que la Pétition des femmes anglaises contre les cafés en 1674, oubliées quatre siècles dans l'attente de leur biscotte de Proust : Friedrich Lorduron ! Et le précédent de ce précédent était rien moins que l'œuvre de Shakespeare, en une seule feuille imprimée sur les deux faces pour un total de huit pages, y compris les couvertures avant et arrière.


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En 1674, les femmes de Londres présentent une pétition demandant la fermeture des maisons de café et la consommation de ce qu'elles appelaient « une liqueur affaiblie. » Mais les hommes de Londres publient leur réponse à cette scandaleuse brochure in-quarto, revendiquant leurs performances viriles et les vertus de cette liqueur victime d'un dénigrement immérité jetant sur eux l'opprobre.

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à Toulbac, les estudiantes et ex-studieux en narplastique pliaient et dépliaient l'in-quarto de Lorduron, en croyant que cela signifiait faire un-carton. Mais comme l'écrivait Régis Debray : « L'indésirable c'était comme faire un carton à un stand de foire. »

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je n'insisterai pas sur les idées politiques de la Chabine Célanie, ex-cégétiste à Saint-Lazare. On (re)lira la cheminote rouge et le merle noir, MICROCOSME, roman initiatique, chapitre 2, épisodes 13 à 24, et l'on se souviendra de ses déboires successifs avec le Comico de Montreuil, son Chef Gabriel gilet jaune "de gauche", et Maurice, son collègue technicien de maintenance facho et vaguement raciste

Afrodite était plutôt dans une veine antiraciste et la déveine politique allant avec. Quant à Niki, elle s'en foutait, n'en parlait jamais, et se barrait dès que la conversation virait à ces histoires. Ali lui, avaient bien des idées, et des idées sur les idées, mais ce n'était pas son sujet. En tant que thésard dirigé par Friedrich Lorduron, il avait pu constaté, on s'en souvient, que son sujet de thèse sur les langages comparés des animaux et des humains ne l'intéressait pas, et c'était bien comme ça

Alfonce était épuisé, et d'autant plus qu'ayant tourné le dos à toute vie politique militante depuis 30 ans, consacrer une journée à critiquer la politique était un effort dont il se demandait bien la raison et l'intérêt pour la lectorate. C'est pourquoi il enviait Levieux, Célanie, AliBlabla de s'en taper les coquilles comme Levieux de se caresser sur celles de ses bourgognes aligâtés ! Pour lui, la plus heureuse était Niki. Quand on n'est pas con à vingt ans, c'est plus difficile de le devenir à 60


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les luttes décroassent
Patlotch en deçà au-delà de son temps
9 novembre 2014

notes

1. Tout-Monde est un concept forgé Édouard Glissant

1997 marque dans la pensée de Glissant l'apparition d'un nouveau concept, celui du Tout-monde, qui fait l'objet à la fois d'un roman et d'un essai - savamment mêlés, comme on pouvait s'y attendre. Ce nouveau néologisme n'est pas une fantaisie, loin de là, puisqu'à lui seul, il opère la synthèse de tout l'infléchissement de cette pensée depuis le tournant des années quatre-vingt dix, où l'écrivain s'attache à penser l'interpénétration des cultures et des imaginaires. Le Tout-monde désigne ce faisant la coprésence nouvelle des êtres et des choses, l'état de mondialité dans lequel règne la Relation.

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Traité du Tout-monde :
« J'appelle Tout-monde notre univers tel qu'il change et perdure en échangeant et, en même temps, la "vision" que nous en avons. La totalité-monde dans sa diversité physique et dans les représentations qu'elle nous inspire : que nous ne saurions plus chanter, dire ni travailler à souffrance à partir de notre seul lieu, sans plonger à l'imaginaire de cette totalité. Les poètes l'ont de tout temps pressenti. Mais ils furent maudits, ceux d'Occident, de n'avoir pas en leur temps consenti à l'exclusive du lieu, quand c'était la seule forme requise. Maudits aussi, parce qu'ils sentaient bien que leur rêve du monde en préfigurait ou accompagnait la Conquête. La conjonction des histoires des peuples propose aux poètes d'aujourd'hui une façon nouvelle. La mondialité, si elle se vérifie dans les oppressions et les exploitations des faibles par les puissants, se devine aussi et se vit par les poétiques, loin de toute généralisation. »
abracadabrantesque : forgé par Rimbaud sur abracadabra dans Le cœur supplicié en 1871 :
« Ô flots abracadabrantesques
Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé.
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l'ont dépravé ! »

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Jacques Chirac en décembre 2000

2. preuve irréfutable, voir DICTIONNAIRE DES IDÉES QU'ON SUIT, PREUVE : irréfutable ou n'en est pas une

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les 17 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière 59. des nouvelles du front (dndf...)


Dernière édition par Patlotch le Jeu 14 Mar - 15:07, édité 1 fois

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Message par Patlotch Mar 12 Mar - 6:25


chapitre 60

LA RUE EST À TOUT LE MONDE


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mardi 12 mars

il est des choses à ne pas dire. En un sens. N'entendant pas par là « Toute vérité n'est pas bonne à dire », qui se dispute à l'infini. À ne pas dire avant d'avoir ouvert un dictionnaire. Le plus simple ou le plus complet possible. Celui qu'on porte en soi présente l'avantage de donner des choses une impression d'expérience à défaut d'une définition précise

RUE. Si je n'ouvre pas le dictionnaire, qui m'indiquerait le sens générique et ses dérivés, je dirais qu'une rue est une voie dans une ville. Un voie de circulation bordée d'habitations, de commerces... La rue, c'est dehors, on n'y habite que si l'on est sans domicile, littéralement « à la rue. » Rien de plus commun, « ça court les rues. »

la rue est dans la ville un lieu de vie, de vies. Toutes sortes, la preuve : « La rue est à tout le monde », expression aussi commune que la rue même dont elle dit un attribut qui en est comme un résumé. Sans dictionnaire, on peut ouvrir les romans...

Marcel Proust a écrit:Elle avait maintenant des robes plus légères, ou du moins plus claires, et descendait la rue où déjà, comme si c’était le printemps, devant les étroites boutiques intercalées entre les vastes façades des vieux hôtels aristocratiques, à l’auvent de la marchande de beurre, de fruits, de légumes, des stores étaient tendus contre le soleil. Je me disais que la femme que je voyais de loin marcher, ouvrir son ombrelle, traverser la rue, était, de l’avis des connaisseurs, la plus grande artiste actuelle dans l’art d’accomplir ces mouvements et d’en faire quelque chose de délicieux. [...] J’étais moins triste que d’habitude parce que la mélancolie de son expression, l’espèce de claustration que la violence de la couleur mettait autour d’elle et le reste du monde, lui donnaient quelque chose de malheureux et de solitaire qui me rassurait. Cette robe me semblait la matérialisation autour d’elle des rayons écarlates d’un cœur que je ne lui connaissais pas et que j’aurais peut-être pu consoler ; réfugiée dans la lumière mystique de l’étoffe aux flots adoucis elle me faisait penser à quelque sainte des premiers âges chrétiens. Alors j’avais honte d’affliger par ma vue cette martyre. « Mais après tout la rue est à tout le monde. »

« La rue est à tout le monde », reprenais-je en donnant à ces mots un sens différent et en admirant qu'en effet dans la rue populeuse souvent mouillée de pluie, et qui devenait précieuse comme est parfois la rue dans les vieilles cités de l'Italie, la Duchesse de Guermantes mêlât à la vie publique des moments de sa vie secrète, se montrant ainsi à chacun, coudoyée de tous, avec la splendide gratuité des grands chefs-d'œuvre.
irremplaçable Marcel ! car tout y est, n'est-il pas, bien mieux que dans un dictionnaire, les phrases du second paragraphe explicitant celle au-dessus. Et pourtant, on n'imagine mal Proust dans « la rue populeuse », il devait ce jour là y être incognito, et son héros n'a-t-il pas « honte d'affliger par [sa vue] cette martyre » à qui « la mélancolie de son expression, l’espèce de claustration que la violence de la couleur mettait autour d’elle et le reste du monde, lui donnaient quelque chose de malheureux et de solitaire », elle qui mêle « à la vie publique des moments de sa vie secrète se montrant ainsi à chacun, coudoyée de tous, avec la splendide gratuité des grands chefs-d'œuvre. »

on voit ici qu'une rue n'est pas une route, qui est bien une voie de circulation, mais pour relier deux points, deux villes... Une route, c'est fait pour aller quelque part, transporter quelque chose. Peronne n'est « à la route », sauf le « routier », ou Kerouac, « Sur la route »

Lors de la publication de son premier roman The Town and the City, Kerouac a visiblement été déçu par la qualité de la couverture choisie par l'éditeur Arthur Brace. En conséquence, il n'y avait qu'un pas pour qu'il ne soumette sa propre couverture illustrée en adéquation avec sa sensibilité lorsqu'est venu le temps de publier son second livre auprès d'un autre éditeur.

C'est ainsi que le poète, adepte de la prose spontanée et qui avait notamment rédigé son « tapuscrit » d'un seul tenant sur un rouleau de machine à écrire, a livré son œuvre littéraire et graphique assortie de la note qui apparaît sur le haut du croquis :

Cher Monsieur Wynn

Je vous soumets ceci comme l'idée que je me fais d'une attrayante et expressive couverture commerciale pour le livre. La couverture de 'The Town and the City' était aussi terne que le titre et la photo de dernière de couverture.


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La photo de moi par Wilbur Pippin est parfaite pour la Route...

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Cela ressemblerait à la figure ci-dessous.

J.K

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En dépit de cet effort pour faciliter la tâche à la maison d'édition, le livre s'est vu refusé, et il a fallu attendre jusqu'en 1957 pour qu'il soit finalement publié. Les couvertures se sont succédé au fil des éditions, mais jamais le dessin créé par Jack Kerouac lui-même n'a été utilisé.
première édition septembre 1957, et première édition britannique en 1958


pour rue et route, la langue anglaise dispose de Street et Road, mais il semble que certains éditeurs ou graphistes aient considéré que la rue est faite pour se déplacer et la route pour y vivre, ce qui est somme toute très kérouakien, et plus américain qu'anglais ou français. Ils ont dû confondre avec 'The Town and the City'

la rue n'est donc pas la route et ça n'aurait pas grand sens de dire que « la route est à tout le monde. » Sauf pour les Gilets Jaunes ?


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 1-7

et maintenant, ouvrons les dictionnaires "de citations"
- Swift : Celui qui observe en marchant dans les rues, verra, je crois, les visages les plus gais dans les voitures de deuil.

- Balzac : Un événement politique, un procès en cour d'assises, une chanson des rues, les farces d'un acteur, tout sert à entretenir ce jeu d'esprit qui consiste surtout à prendre les idées et les mots comme des volants, et à se les renvoyer sur des raquettes. Le Père Goriot, 1835

- Flaubert : Dans ce vieux Rouen où je me suis embêté sur tous les pavés, où j'ai bâillé de tristesse à tous les coins de rue. Correspondance, 1845

- Baudelaire : La rue assourdissante autour de moi hurlait. Les Fleurs du Mal, 1860

- Flaubert : Les pavés des rues brillaient sous le soleil quand ils rentrèrent dans la ville. L'Éducation sentimentale, 1869

- Zola : Il lui montra trois femmes, sous la rue couverte, entre le pavillon de la marée et le pavillon de la volaille. Le ventre Paris, 1873
. Au bout de la rue de la Cossonnerie, les maisons du boulevard Sébastopol étaient toutes noires. Id.
. À terre, les marchandes des rues se partageaient des mannes de harengs et de petites limandes, achetées en commun. Id.
. Alors, je le souffletterai en pleine rue. Nana, 1880

- Hugo : [Le peuple] ouvrait la porte, et la rue entrait dans l'assemblée. Quatre-vingt-treize, 1874
. La rue est le cordon ombilical qui relie l’individu à la société.

- Alphonse Daudet : Pas même un toit pour dormir, pas même de nom. La rue. Le Nabab, 1877

- Verlaine : Son désespoir après le départ de la grue, Le duel avec Gontran, c'est vieux comme la rue. Jadis et naguère, 1884

- Alphonse Allais : L’Angleterre, c’est un pays extraordinaire. Tandis qu'en France nous donnons à nos rues des noms de victoires : Wagram, Austerlitz..., là-bas on leur colle des noms de défaites : Trafalgar Square, Waterloo Place.

- Barrès : [Renaudin] voyait les parlementaires intriguer et la rue s'agiter. L'appel au soldat, 1900

- Zola : Séduite, puis poussée à la rue, puis ramassée par les ivrognes, la pente descendait vite à la boue. Travail, 1901

- Martin du Gard : Sa figure de gamin des rues, balafrée par le voyage et fripée par le chagrin. Les Thibault, 1922

- Céline : Que fait-on dans la rue, le plus souvent ? On rêve. C'est un des lieux les plus méditatifs de notre époque, c'est notre sanctuaire moderne, la Rue. Semmelweis, 1924

- Garcia Lorca : Le théâtre c'est la poésie qui sort du livre pour descendre dans la rue.

- Cocteau : Léo : Non, Michel; nous, nous sommes des gens de la rue, des gens de la boue. Les Parents terribles, film 1938

- Groucho Marx : En regardant les gens marcher dans la rue, on apprend à distinguer les hommes des femmes : les têtes qui se tournent vers toutes les vitrines des magasins sont celles des femmes. Il existe d’autres moyens de vérification.

- Paul Claudel :  Une rue, c'est ce qui va quelque part. Ça marche de chaque côté de nous comme une procession. Conversations dans le Loir-et-Cher [il confond la rue avec la route...]

- Georges Simenon : Un personnage de roman, c'est n'importe qui dans la rue, mais qui va jusqu'au bout de lui-même.

- Jacques Sternberg : Qu’il est décevant de suivre une femme dans la rue, fasciné par sa démarche, de l’aborder et de constater que son visage est tellement moins expressif que son cul.

- Lucien Goldmann : Les structures ne descendent pas dans la rue.

- Proverbe chinois : Ne parlez pas dans la rue : il y a des oreilles sous les pavés.


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un sort à part pour Aragon, du Paysan de Paris en 1926, où les Passages le mènent d'une rue à une autre dont il ignore le nom,

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en précurseur de la dérive des situationnistes (voir chapitre 18, la dérive), aux Adieux et autres poèmes en 1982, où il évoque le Verlaine saturnien de Chanson d'automne :

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne

Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.


Aragon, Les oiseaux déguisés

Automne automne long automne
Comme le cri du vitrier
De rue en rue et je chantonne
Un air dont lentement s'étonne
Celui qui ne sait plus prier


et Verlaine encore, Kaléidoscope, à Germain Nouveau

Dans une rue, au cœur d'une ville de rêve
Ce sera comme quand on a déjà vécu :
Un instant à la fois très vague et très aigu...
Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !
[...]
Dans cette rue, au cœur de la ville magique
Où des orgues moudront des gigues dans les soirs,
Où les cafés auront des chats sur les dressoirs
Et que traverseront des bandes de musique.
[...]
Des rires sanglotés dans le fracas des roues,
Des invocations à la mort de venir,

Des mots anciens comme un bouquet de fleurs fanées !
Les bruits aigres des bals publics arriveront,
Et des veuves avec du cuivre après leur front,
Paysannes, fendront la foule des traînées

Qui flânent là, causant avec d'affreux moutards
Et des vieux sans sourcils que la dartre enfarine,
Cependant qu'à deux pas, dans des senteurs d'urine,
Quelque fête publique enverra des pétards.
[...]


en 1968 tout « descend dans la rue », les étudiants, les ouvriers, l'art, les structures ?

La question des « structures » était alors au cœur des débats intellectuels et psychanalytiques. Une inscription à la Sorbonne : « Les structures ne descendent pas dans la rue » fut d’ailleurs, en février 1969, à l’origine d’une vive polémique entre Lacan et le philosophe Lucien Goldmann, pour qui « ce ne sont jamais les structures qui font l’histoire, mais les hommes, bien que l’action de ces derniers ait toujours un caractère structuré et significatif ». Ce à quoi répond Lacan : « Je ne considère pas qu’il soit d’aucune façon légitime d’avoir écrit que les structures ne descendent pas dans la rue, parce que, s’il y a quelque chose que démontrent les événements de Mai, c’est précisément la descente dans la rue des structures. Le fait qu’on l’écrive à la place même où s’est opérée cette descente dans la rue ne prouve rien d’autre que, simplement, ce qui est très souvent, et même le plus souvent, interne à ce qu’on appelle l’acte, c’est qu’il méconnaît lui-même. »
Lacan et Mai 68
je disions qu'en 68, l'art serait descendu dans la rue, ce dont je m'amusais dans DICTIONNAIRE DES IDÉES QU'ON SUIT
Patlotch a écrit:ART : il descend dans la rue. Se dit aussi de la poésie, en 68 et depuis, surtout quand ils n'y descendent pas

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comme il a bien fallu qu'il y descende de quelque part et fait par quelqu'un, on se dit que c'est par des artistes, tels ceux des Écoles de Beaux-Arts en 68, avec un minimum de métier : sérigraphies manuelles, pochoirs... à ne pas confondre avec le "vulgaire" graffiti, encore qu'il en fut de forts beaux
en tous cas, la preuve que l'art descend dans la rue n'est pas dans le fait de l'écrire sur les murs. C'est un peu quand on dit « Il faut...», parce que justement on ne le fait pas, voire pour ne pas le faire ou le reporter, comme Alfonce payer ses impôts

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j'ai toujours pensé que l'expression, surtout écrite sur les murs, était adéquate au gauchisme comme au gauchisme esthétique, une mise en scène d'une outrance plus que d'un outre réaliste, et qu'on cesse de nous prendre pour des cons quand on l'est assez soi-même, jeune ou vieux, pour l'écrire ou le justifier, d'autant que "l'impossible" là visé ça ne se "demande" pas mais se réalise, se réelise outre le réel présent, et sans besoin de phrases

la rue, comme toute chose rappelle Reverdy, n'est poétique qu'à travers l'œil poète, qui n'a pas besoin d'un poète officiel, et dûment publié, récité, ânonné, bégayé, bredouillé, brouillé, cafouillé, merdoyé... pour le rappeler à qui passe avec pas ailleurs ce regard là, irréductible à tout autre et qui ne fait pas seulement de la rue une voie pour aller d'un point à un autre, le plus vite possible, comme en autoroute, assemblage linguistique bizarre comme si était automatique la route et non le véhicule. Autre chose certes que l'écrire, c'est-à-dire le transcrire de l'impression et des affects à l'écriture, comme Proust, Verlaine, Aragon et les autres. Baudelaire, À une passante :

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
[...]

Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !

LIVREDEL IX. AS TIME GOES BY, Livre de l'absence, VOL QUAND ?

COMMENT ÇA VA ?

à Bobby Lapointe, Revanche

Commun lundi l'un dit...
L'individu divise

La semaine qu'il vise
Au vain de ses non-dits

Lundi vide et sans vie
Mardi vide et sans vie
Mercredi et jeudi
Vendredi samedi

Dimanche on sort le chien
On s'ennuie à loisir
Bienheureux Parisien
Avide de plaisirs

À raconter lundi
En attendant dimanche
Une autre page blanche
À tourner allourdie

De l'épreuve du temps
Qui passe sur le corps
Effaçant les vingts ans
Et leur désir d'encores

D'encres à l'ancre mûre
Des écrits sur les murs
Où se taisent les cris
Qui attisaient l'esprit

Quand on prenait la rue
Dans les bras d'une crue
Qu'on croyait sans limites
Et qu'aujourd'hui imite

Sur le trottoir marchand
Le souvenir relique
Acheté en marchant
Assurance tous risques

Touriste à temps complet
En vie qui se complaît
À repasser les plats
Sans piment froids et plats

Sortis des macro-ondes
Alimentant le monde
Pour mieux tromper sa faim
En attendant la fin

Des haricots coco
Du riz blanc et des rouges
Rivé au statu-quo
Tirant sur tout qui bouge

Avec des mots qui tuent
Auxquels on s'habitue
Tout passera pardi...
Ça va comme un lundi !

FoSoBo, 23 juin 2008, 13h39


si tu veux avoir ce regard "de poète" sur la rue, les rues, de l'Étroit Territoire, du nom de la Rue des Trois Territoires qui traverse Montreuil, Fontenay et Vincennes "sous-Bois", il faut y aller à pied, nombre de ces rues sont à sens unique, beaucoup des impasses ou non accessibles en voitures, parfois non goudronnées. On les appelle ici des Villas, qui riment avec les lilas qui vont bientôt y fleurir, blancs, roses, mauves plus ou moins foncés. Y aller à pied depuis chez toi, car on y trouve rarement une place pour se garer. C'est de plus assez pentu et biscornu par là, des escaliers, pavés branlants, chemins de cailloux...


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y aller à pied depuis FoSoBo, c'est ce qu'Alfonce s'apprêtait à faire, sa biscotte de Proust enfilée et refilé le défilé de ses souvenirs de jadis et naguère

Arrow

les 18 chapitres écrits de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière 59. des nouvelles du front (dndf...) 60. la rue est à tout le monde


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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Mer 13 Mar - 20:04


chapitre 61

LE PARC ET LA PARQUE DES CARRIÈRES
creuser "creuser"

mercredi 13 mars

Couplet d'Alfonce

Je suis entré dans ma carrière
À grand peine et je n'en sors plus.
J'en ai balayé la poussière
aux fossiles dont le tort tue. (bis)
La vérité sort de mon livre
Mais toi qui partage ce recueil,
Je te donnerais un conseil,
Ne t'avise jamais de me suivre.

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Alarme ! Si toi rien, garde aux écrivaillons !
Duchamp, Villon et Villon ont preuve en mes sillons.


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Le Crabe, encrier à couvercle pivotant
Raymond Duchamp-Villon, avant 1905

Alfonce, descendant à pied du haut de l'Étroit Territoire, fit un détour par le Parc de Carrières, et les enfants le regardaient comme un fantôme revenu du monde d'après

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 GossesCarriere

un monde qu'ils avaient eux-mêmes appelé de leurs vœux créant un art nouveau

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mais c'est en s'enfonçant plus avant qu'Alfonce tomba dans le puits sans fond de la périfurie urbaine

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le Parc des Carrières à Fontenay-sous-Bois
La transformation des anciennes carrières de gypse de Fontenay-sous-Bois en Eco-parc constitue un des maillons de la coulée verte de la ville, comprenant le parc des Beaumonts, le parc de l’Hôtel de ville et le talus des Grands Chemins.

Il se situe sur des carrières de gypse, roche utilisée pour fabriquer du plâtre. À Fontenay-sous-Bois, le gypse a été exploité pendant plusieurs siècles et les premières traces des carrières remontent à 1235. Largement exploité sous Louis XV, le site a connu son apogée vers 1900 avec des galeries sur trois niveaux. En 1928, les carrières ont été fermées en raison de la fragilité du terrain.


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L’exploitation du gypse sur la butte de Belleville au 19e siècle.

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La carrière de gypse de Fontenay avec la passerelle d’accès à l’usine.

Compte tenu des périls afférents au site, la transformation des carrières a exigé de longues années de travail, d'études complexes, de travaux de remblaiement, de sécurisation et de végétalisation. Au cœur de la ville, un espace arboré de 22.700 m2 avec une vue imprenable sur Paris. Par temps clair, il est possible d’apercevoir le Mont Valérien, les reliefs du Plessis-Robinson et de Villejuif, les confins de la forêt de Sénart... Plus proche s’étend le bois de Vincennes, et les toits des immeubles de Fontenay. En dépit de sa situation urbaine, le site jouit d’une grande tranquillité grâce à l’absence d’axes de circulation automobile aux abords directs.

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Blocs de gypse dans l’Eco-Parc des Carrières

Les surfaces de prairie constituent une grande partie du parc. Elles regroupent de nombreuses variétés de graminées et accueillent diverses espèces de papillons, d'insectes, et d'oiseaux, grâce à la diversité d'arbres et arbustes qui fournissent nourriture et sites de nidification. Autres motifs identitaires du site, la culture de la vigne et des arbres fruitiers, souvenir du passé agricole de Fontenay-sous-Bois, et les rangs de murs en pierre sèche mettant en valeur les minerais de gypse. La promenade des crêtes valorise les points de vue panoramique sur Paris et ses environs.
Alfonce poursuivait son travail de sape du roman de Lauteur à grands coups d'écriture exclusive-inclusive. Ainsi, de même que le lectorat était devenu la lectorate, Le Parc devait-il devenir La Parque
Les Parques sont, dans la religion ou la mythologie romaines, les divinités maîtresses de la destinée humaine, de la naissance à la mort, généralement représentées en fileuses mesurant la vie des hommes et tranchant le destin, symbole de l'évolution de l'univers, du changement nécessaire qui commande aux rythmes de la vie et qui impose l'existence et la fatalité de la mort.

Au départ, les Romains ne connaissaient qu'une Parque, Parca Maurtia, qui symbolisait la destinée, ainsi qu'une déesse appelée Neuna Fata, associée à la naissance et qui « se transformera » au fil du temps en la Parque Nona. C'est sous l'influence des Moires grecques, qui président respectivement à la naissance, au déroulement de la vie puis à la mort, que les Romains adopteront l'idée de trois Parques (Parcae).

Les trois Parques romaines sont équivalentes aux trois Moires grecques (Clotho, Lachésis et Atropos), aux trois Nornes scandinaves (Urd, Verdandi et Skuld au pied de l'arbre de vie, Yggdrasil), aux trois Déesses-Mères pré-islamiques (Al-Lat, Al-Uzza et Manat), aux trois Brigit de la mythologie irlandaise (trois sœurs: Brigitte la guérisseuse, Brigit la forgeronne et Brigit la poétesse), aux TreMaïe de Baux-De-Provence ainsi qu'aux trois Maries (Marie-Madeleine, Marie Salomé et Marie Jacobé) au pied de l'arbre-croix dans les évangiles synoptiques.

Mythologie
Les Parques sont trois sœurs, Nona, Decima et Morta. Leurs origines sont très floues, selon les versions, elles sont les filles, soit de Jupiter (Zeus) et de Junon (Héra), soit de Jupiter (Zeus) et de Thémis, soit de Nox (Nyx, la nuit) et de l'Érèbe, soit, selon quelques poètes, de Nécessité (Ananké) et du Destin. L'obscurité de leur naissance indique qu'elles ont exercé leurs fatales fonctions dès l'origine des êtres et des choses ; elles sont aussi vieilles que la Nuit, la Terre et le Ciel. Elles se nomment Nona, Decima et Morta, et habitent un séjour voisin de celui des Horae (Heures), leurs possibles sœurs, dans les régions olympiques, d'où elles veillent non seulement sur le sort des mortels, mais encore sur le mouvement des sphères célestes et l'harmonie du monde. Elles ont un palais où les destinées des hommes sont gravées sur du fer et sur de l'airain, de sorte que rien ne peut les effacer. Immuables dans leurs desseins, elles tiennent ce fil mystérieux, symbole du cours de la vie, et rien ne peut les fléchir ni les empêcher d'en couper la trame. Elles calmèrent toutefois la douleur de Cérès (Déméter), affligée par la perte de sa fille, et aidèrent Jupiter (Zeus) dans son combat contre les géants.
sources
voilà dans quel monde, entre avant et après, était tombé Alfonce par le puits sans fond de la périfurie urbaine, mais prends patience, lectorate empressé, car tu verras que ce monde est le même qu'avaient découvert Calice et Ronin de l'autre côté du miroir, et c'est pourquoi Alfonce avait transformé leur Couplet des enfants, ce grand inconnu de la Marseillaise.
Ce septième couplet n'est pas de la main de Rouget de Lisle, et le sociologue Edgar Morin avait considéré que « Le 7e couplet introduit les générations futures dans la continuité républicaine et tyrannicide ».

Il est attribué à Louis Dubois ou à l'abbé Pessonneaux, prêtre lyonnais en 1785, passé professeur à Vienne puis occupant sous la Révolution la chaire de rhétorique à Lyon. Pour participer au tourbillon de 1792, il rend hommage aux airs triomphants des volontaires en rédigeant ce septième couplet.

Bien lui en prend car c'est sa composition, et le succès de celle-ci, qui décident bientôt de sa survie. Ces rimes dédiées à la jeunesse convainquent le tribunal révolutionnaire, devant lequel il a été déféré pendant la Terreur, de l'acquitter.  

Un "couplet des enfants" chanté par Gainsbourg
S'il a sauvé la mise à son auteur, le "couplet des enfants" n'est jamais vraiment sorti de l'obscurité depuis. Cependant, il s'est frayé un chemin jusqu'aux oreilles du grand public il y a presque 40 ans. En effet, grand amoureux de La Marseillaise, dont il achètera un manuscrit en 1981 pour 135.000 francs, Serge Gainsbourg enregistre sa polémique mouture reggae de La Marseillaise en 1979. Les derniers mots qu'il jette, désinvolte, sur la bande sont les suivants: "Nous entrerons dans la carrière / Quand nos aînés n'y seront plus / Nous y trouverons leur poussière / Et la trace de leurs vertus".



Alfonce avait acquis une grande expérience de la vie souterraine grâce à Levieux, le jour où il s'était enfui de la ZAD du Parc Montreaux en creusant une galerie depuis son fortin près du bassin en face du quartier des Murs-à-Pêches

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partie de pêche 23 septembre 2014
photo-montages de Patlotch

toute le science expérimentale en était magistralement exposée en le chapitre 3 de MICROCOSME, roman initiatique, le vieux qui ramassait des vers de terre
épisode 32. mercredi 9 mai 2018
« Bien creusé, vieille taupe ! »
Karl Marx, Le 18 brumaire de Louis Bonaparte,
d'après Hamlet de Shakespeare

La menace par le gouvernement d'une expulsion était à prendre au sérieux. Le vieux savait que la trêve ne serait que de courte durée et qu'il devait en tirer parti pour parfaire la défense de Prater Noster, mais aussi prévoir une solution d'urgence pour le cas probable d'une destruction de son lieu de vie libérée.

Il se documenta sur les tunnels secrets dans le Ghetto de Varsovie, à Berlin-Est, à Gaza. Il en étudia les détails techniques dans La grande évasion, avec Steve McQueen. Privilégiant l'expérience des luttes in situ, il observa les vers de terre creuser leurs galeries, et plus encore les taupes car elles créaient de véritables réseaux pour échapper à leurs poursuivants, aux redoutables déconstructrices du concept même de tunnel.


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Il lui fallait aussi prévoir les sorties en des lieux où il serait certain de ne pas être attendu par les services secrets qu'un traître à la cause aurait pu informés. Les issues du parc seraient vraisemblablement surveillées. Les tunnels devaient donc être assez longs pour déboucher en dehors de ce périmètre de tous les dangers. Il n'avait aucune envie de se retrouver au bagne des îles Kerguelen.

Le Square Gardebled, près de la gare de Rosny-sous-Bois, lui parut tout indiqué, car de là il pourrait prendre un train, comme Fernandel dans La vache et le prisonnier. De même le parking du Centre commercial de Rosny2, tout proche de la gare Bois Perrier. Jamais deux sans trois, le cimetière communal de Montreuil, près du Parc des Beaumonts avec sa richesse ornithologique, lui donnait espoir de reprendre son projet.

Il dessina le plan de ses galeries, prévit le soutènement des tunnels et l'étayage de leurs parois, puis se mit à l'ouvrage sans tarder. L'avenir se ramasse à la pelle ! Il se voyait déjà tout en bas de la friche, en Robinson Creusoé.

épisode 34. vendredi 11 mai

« Là où est le danger, là est ce qui sauve. » Friedrich Hölderlin

La matinée fut paisible. Le vieux la consacra à effacer les traces qui auraient pu l'identifier, les empreintes de ses chaussures de trappeur, celles de ses doigts sur la végétation. Il brûla ses papiers d'identité nationale. Vers midi, il reçut la visite d'un pigeon voyageur arborant un badge CIA (Courrier International Aérien). Il ouvrit le pli avec fébrilité. C'était une réponse à sa recherche d'une compagnie pour désennuyer sa solitude zadaire.

« Cher vieux et ses vers, comment te cimèr de votre offre ? Ready pour la vraie ive. Je débecte le travail salarien mais je gode l'activité libre et consciente, comme caractère générique de l'homme et de la femme. J'ai trente ans mais je les fais. J'aime pas les hommes. Motivée je suis et aussi sec dispo. Ci-joint une tof en noir et blanc, pour me choisir parmi trop d'alléchiantes propositions. Si ça le fait on se rencarde au reureu Rosny2, c'est là que j'ai ma volante équipe ici et maintenance. »

Elle signait Célanie, la cheminote rouge, et joignait son numéro de portable. « Parmi trop d'alléchiantes... » Tu parles d'un choix, elle est l'unique, et que lui dire maintenant qu'il allait partir ? Elle arrive un peu tard, mais comment refuser ? D'après sa photo, elle est accorte et dans ses cordes, mais n'aime pas les hommes. Une lesbienne créole ! Lui revint son rêve d'être enlevé par Métis, la femme de Zeus, prémonitoire si on veut... Mais elle anticipait une solution qui collait avec son propre plan d'évasion, dont la réussite serait plus sûre avec cette complice extérieure. Il décida de tenter le diable sans la queue, de lui expliquer la situation et d'auto-organiser avec elle les détails de leur rendez-vous à sa sortie.

[...]

Dès l'offensive gendarmesque, il la préviendrait, qu'elle se tienne prête. La connexion étant impossible dans le tunnel, ils communiqueraient en morse avec une ficelle de la grosseur d'un câble. La traversée serait longue et périlleuse, mais comme disait Robinson Crusoé « La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent. »

épisode 36. dimanche 13 mai

« Il cracha et ravala ses paroles avec une lampée de rhum. »
Robert Lautner, La promesse de l'Ouest

Quand le vieux s'engagea dans le tunnel, laissant derrière lui le spectacle national, il progressa d'abord rapidement, mais des infiltrations d'eau commençaient à produire d'inquiétants éboulements. Maugréant et jurant, il parvint néanmoins au carrefour où il retrouva son sac à dos et sa nourriture. Il marqua une pause pour reprendre des forces, avala un sandwich aux herbes et fleurs de nos parcs, qu'il fit passer d'une lampée de rhum.

Alors qu'il s'enfilait dans la galerie conduisant à Rosny2, la terre de plus en plus humide obstruant le boyau, il ne put bientôt plus avancer. Dans le faisceau de sa lampe frontale de mineur, il voyait grouiller les vers de terre, qu'il maudit comme étant la cause de ses malheurs, eux qui avaient nourri son rêve : « La dialectique peut-elle casser des lombrics ? »

Il décida d'alerter Célanie, et lui transmis un câble : « Tunnel effondré, moi aussi. Je sors rond-point Rue Babeuf - Rue des Blancs Vilains, sous le sapin. Viens ! » Elle lui répondit « les émotions, ça creuse ». C'était bien le moment de faire des calembours... Il entreprit avec son Opinel de percer un puits au-dessus de lui, comme une taupe.

La terre lui tombait dessus et la boue l'aveuglait, mais la glaise s'accumulant sous ses pieds lui procurait un appui dans l'ascension, élévation au ciel de circonstance. Il finit par déboucher à l'air libre et se hissa sur la terre ferme dans la nuit sombre. Il chercha sa complice sous le sapin, comme un enfant perdu son cadeau de Noël. Mais il n'y avait personne. Il brouillassait. Il avait froid, il avait faim. Une vague de désespoir le submergea. Il perdit connaissance.

Dans "Vendredi ou la vie sauvage", quand Robinson reprend connaissance et se trouve seul, il mange un ananas sauvage à la fin du chapitre. Mais la vie du vieux n'était pas un roman, et la nana sauvage l'avait laissé tomber.
Alfonce connaissait ces lignes par cœur, mélange de transmission orale directe et de lecture sur le net, mais, dans le puits sans fonds de la périfurie, les conditions de survie n'étaient pas les mêmes, et lui n'avait prévu aucun équipement spécial. Ce n'est pas son carnet Moleskine, son stylo et son style haut qui allaient le tirer d'enfer

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au même instant il entendit tapager à quelques pas de là, et s'approcha de ce côté pour voir ce que c’était. il découvrit que c’était tout simplement une taupe qui, comme lui, creusait dans la terre. Bien qu'il n'y eût point d'eau, il se mirent à converser comme Calice avec la Souris au chapitre 49. Calice et Cerise marchent sur les flots entre les fous et les flous

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comme Marx l'avait pressenti, en lisant Hamlet dans le texte en attendant de le jouer avec ses filles à table, la taupe est internationaliste par essence, et donc polygrotte ça va de soi, de la Caverne de Platon aux grottes de Fontenay en passant par celle de Diogène le Fossoyeur à Rome

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Normal

c'est, chère lectorate, qu'il ne faut pas ici confondre ce Diogène le Fossor avec notre Diogène le Chien, ou le Cynique en son tonneau du chapitre d'Alexandrie, un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici. Celui-ci est un authentique fossoyeur de catacombes
un vieillard nommé Diogène, grand et fort comme un homme accoutumé à porter de lourds fardeaux ; à cause de cela, légèrement voûté. Ses cheveux blancs encadraient un front large et imposant ; ses traits, fortement accentués, avaient une expression de mélancolie douce et grave. On eût dit que, habitué depuis longtemps à vivre parmi les morts, il n'était heureux que dans leur compagnie.

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Fossor

Sa famille appartenait à l'honorable confrérie des fossores, ou fossoyeurs des cimetières chrétiens ; Diogène en était le chef et le directeur. Quelques antiquaires modernes, d'accord avec un écrivain anonyme contemporain de saint Jérôme, croient que le fossor, de même que le lector ou lecteur, était un des ordres mineurs de la primitive église. Malgré le peu de fondement de cette opinion, il est très probable que l'on confiait les devoirs de cette charge à des personnes choisies et reconnues par l'autorité ecclésiastique. Le système uniforme adopté pour l'excavation et l'arrangement des tombes dans les nombreux cimetières, autour de Rome, était si complet depuis son origine, qu'il n'a laissé aucune trace de progrès ou de changement pendant le cours des siècles. Il nous est donc permis de conclure que ces étonnants et vénérables travaux étaient exécutés, d'après une impulsion unique, par quelque société instituée à cet effet. Ce n'était point une entreprise qui spéculait sur l'ensevelissement des morts, mais une pieuse confrérie établie dans ce but spécial.
« Quand je pense que les salariens de la branche mortuaire française sont appelés à enterrer nos morts le dimanche par l'ordre majeur des spéculatores, j'en perds mon latin ! - Je dirais même plus,  que dire aujourd'hui de la branche des lectores ! - Mais tu remarqueras, cher ânonime, que tout "écrivain anonyme" ne te vaut pas, Ô toi qui veille sur toutes vérités ensevelies No More par les théoristes communisactivistes ! »

Alfonce au fond du puits qui n'en avait pas se dit que la Shaekespearomanie de Marx était à creuser

Beaucoup a été écrit de l'utilisation de Marx de la «vieille taupe» de Hamlet comme une métaphore de la révolution dans le XVIIIe brumaire de Louis Bonaparte, mais aussi remarquable est lutilisation répétée par Marx d'un passage de Timon d'Athènes qui, dit-il, montre comment « Shakespeare représente excellemment la nature réelle de l'argent ».

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La vie de Timon d’ Athènes, Acte IV, scène 3 :
« De l’or ! De l’or jaune, étincelant; précieux ! Non, dieux du ciel, je ne suis pas un soupirant frivole... Ce peu d’or suffirait à rendre blanc le noir, beau le laid, juste l’injuste, noble l’infâme, jeune le vieux, vaillant le lâche... Cet or écartera de vos autels vos prêtres et vos serviteurs ; il arrachera l’oreiller de dessous la tête des mourants ; cet esclave jaune garantira et rompra les serments, bénira les maudits, fera adorer la lèpre livide, donnera aux voleurs place, titre, hommage et louange sur le banc des sénateurs ; c’est lui qui pousse à se rema­rier la veuve éplorée. Celle qui ferait lever la gorge à un hôpital de plaies hideuses, l’or l’embaume, la parfume, en fait de nouveau un jour d avril. Allons, métal maudit, putain commune à toute l’huma­nité, toi qui mets la discorde parmi la foule des nations...»

Et plus loin :

« Ô toi, doux régicide, cher agent de divorce entre le fils et le père, brillant profanateur du lit le plus pur d’Hymen, vaillant Mars, séduc­teur toujours jeune, frais, délicat et aimé, toi dont la splendeur fait fondre la neige sacrée qui couvre le giron de Diane, toi dieu visible, et qui soudes ensemble les incompatibles* et les fais se baiser, toi qui parles par toutes les bouches et dans tous les sens, pierre de touche des cours, traite en rebelle l’humanité, ton esclave, et par ta vertu jette-la en des querelles qui la détruisent* afin que les bêtes aient l’empire du monde. »

* souligné par Marx


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Alfonce se dit qu'il fallait creuser "creuser" mais, disait son père, il ne pouvait rien faire sans ouvrir un livre. N'en ayant pas sous la main, ouvrit son grand livre intérieur, la mémoire des autres, la Jeune Taupe, sa nouvelle amie :
- Quinet : Celui dont l'épée au fourreau, toujours blême et glacée, a creusé maint tombeau. Napoléon, 1836

- Balzac : Yeux noirs creusés par les austérités, et entourés d'un cercle brun. Le Curé de village, 1839

- Sainte-Beuve : - M. de Tocqueville qui n'avait guère jamais lu un livre qu'en creusant et en méditant, n'avait pas assez lu au hasard et en butinant. Causeries du lundi, 1851-62

- Hugo : Les assassins, creuseurs de fosses à la hâte. Dieu, 1855-1885

- Zola : [Il] se mit à creuser le schiste avec le crochet de la lampe, Germinal, 1885

- Proust : Les œuvres, comme dans les puits artésiens, montent d'autant plus haut que la souffrance a plus creusé le cœur.  Le temps retrouvé, 1927, posthume

- Pourrat : Un homme (...) travaillait à creuser des sabots. Gaspard des montagnes, 1922

- Gide : Le pays se creuse et s'accidente légèrement. Retour du Tchad, 1928

- Aymé : Ce pauvre papa (...) il ne s'était pas creusé, Le Nain, 1934

- Green : Une taupe qui creuse patiemment son petit tunnel. Journal, 1934

- Char : Enfonce-toi dans l'inconnu qui creuse. Oblige-toi à tournoyer.

- Montherlant : Je me creuse le cerveau pour sortir sans la blesser de la situation ridicule où elle m'a mis. Les jeunes filles, 1936

- Beauvoir : L'estomac creusé par la marche, j'entrais dans une pâtisserie, je mangeais une brioche. Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958

- Proverbe mongol : Pour bâtir haut, il faut creuser profond.

- Proverbe peul : Il faut creuser les puits aujourd’hui pour étancher les soifs de demain.

- Proverbe allemand : Qui creuse une fosse pour les autres y tombe.
avec les citations de Montherlant et Beauvoir, moi, nègre du nègre Alfonce retenu à creuser ailleurs, je ressentis un petit creux, et m'en fus sustenter d'une biscotte de Proust trempée dans le cacao laid au lait chaud, olé show devant !

pendant ce temps-là, Alfonce noir de terre et la Jeune Taupe devisaient en creusant, ou, si l'on préfère, creusaient en devisant, tant pour eux était abolie toute "séparation entre la théorie et la pratique"


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« - Ché pas toi, Alfonso, mais moi sans lunettes, je n'ai jamais pu lire - L'âge ne fait donc rien à l'affaire, dans votre race, quand on est miraud on est miro... - T'as tout compris, mais les taupes ne forment pas vraiment une "race", si par là tu entends une espèce unique, surtout quand on n'est pas de chez de chez vous, en Europe... »

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La Taupe un nom vernaculaire ambigu en français, pouvant désigner plusieurs espèces différentes de petits mammifères fouisseurs vivant dans des galeries souterraines, dites taupinières.  
La Taupe ou Taupe d'Europe (Talpa europaea), sans oreilles apparentes et plus ou moins aveugle, est un petit mammifère fouisseur de la famille des Talpidés (Talpidae), qui vit sous terre dans les sols humides et meubles, en se signalant par des monticules de terre, les taupinières.

La plupart de ces taupes n'ont par ailleurs pas de nom vernaculaire spécifique, mais sont appelées spontanément « taupe » du fait de leurs morphologie et comportement. Elles sont proches des desmans, une des trois sous-familles des Talpidae.

La sous-famille des Talpinae regroupe des espèces sur le continent eurasiatique mais aussi nord américain. Une espèce américaine à nez étoilé, appelée Condylura cristata, est désignée par de nombreux noms français commençant par condylure ou taupe.

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Des « taupes » existent aussi en Australie et en Afrique. Les espèces de taupes marsupiales australiennes
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ont une anatomie naturellement très différente de celles des taupes eurasiatiques et des taupes dorées africaines.

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On distingue le groupe taxonomique de ces espèces aisément. Le mouvement des membres pour écarter la terre ne se fait pas dans le même plan pour les taupes marsupiales et pour les Talpinae. Les ressemblances entre les taupes marsupiales et les taupes dorées sont plus nombreuses. Les taupes dorées africaines mâles disposent d'un cloaque contrairement à la plupart des mammifères.
« - Toi, tu es une taupe proche des déments ? - C'est ça, facile, prends-moi pour une vieille folle ! - J'ai pas dit vieille... - Regarde le Desman de ce côté des Pyrénées, où tout est pour toi vérité...»

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 1024px-Galemys_pyrenaicus_MHNT.INS.29._faceLA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Desman5
LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Startsev-ruslan-untitled-94LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Limage

« Qu'est-ce qu'il a ? - Leur appendice nasal sur-développé compense leur très mauvaise vue : il leur sert de pelle, de nez et de radar, car ils passent la majeure partie de leur temps à chercher des insectes, des larves et des œufs de poissons en remuant le fond de l'eau. On l'appelle aussi "Rat à trompette". Il n'en reste que deux espèces, menacées de disparition, celle-ci dans les Pyrénées et une en Russie, dans les bassins de la Volga, de l'Oural et du Don. - Mais ce nom de "Desmans", quel rapport avec la démence - Même pas un homonyme, il vient du suédois, où "dément" se dit Galen et "démence" Demens - À la limite on entend des Mans, des hommes... - Eux nagent très mal, et c'est prouvé, ils sont fous ! Ceratins d'ailleurs portent une trumpe...»

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Trump_malade_mental_0812-650x263

ce n'est pas leur conversation qui allait sortir Alfonce de ce puits sans fond de la connaissance outre réaliste du réel.  La JEUNE TAUPE avait une habitude acquise de survivre et creuser sous terre par des générations issues de l'immigration entre le dessous et le dessus des choses de la vie, et ceci sans dévoiler aucune idéologie sous l'apparence trompeuse de la surface. Même de Marx au demeurant, elle n'en avait rien à creuser

« Mais je ne veux pas en sortir ! - Laisse-les dire, Alfonso, fonçons ! - Foncer foncés vaut mieux que ne rien éclaircir lentement, mon amie. »


AUJOURD'HUI
Jean Cocteau, Clair-Obscur, 1954

Aujourd'hui, c'est demain et hier qui s'épousent
Demain c'est hier jeune et hier demain vieux
Implacable travail des trois Parques, jalouses
D'un secret emmêlant les dates et les lieux.

Leur tâche à notre sort les laisse indifférentes
Car on n'en peut rien voir sur l'envers du tissu.
Elles travaillent vite et nous paraissent lentes
Et ce que nous cachons s'y brode à notre insu.


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Jean Cocteau, Clair obscur 1926–1926

Arrow

les 19 chapitres écrits des 6 x 7 de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière 59. des nouvelles du front (dndf...) 60. la rue est à tout le monde 61. le Parc et la Parque, creuser "creuser"

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Jeu 14 Mar - 14:38


chapitre 62

LA TERRE
qui la travaille lui appartient

jeudi 14 mars
« Ce qui les ébahit par-dessus tout, c'est que la terre, comme élément, n'existe pas.»
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, III Science

sitôt appris le tsunami en Indonésie le 3 janvier 2005, il avait écrit un poème dans la nuit. La nuit...

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EN VERS ET CONTRE BOUES

En mer et contre vents
Contre-temps fâcheux pour des gens si sympas
Encore des corps dans le décor
Des corps beaux de leur vies
En corbeilles de mort
Faim damnée de fois grasses
Fin d’année lasse
Président parle-nous

Vague à l’âme débordée sur le feu
et qui nous monte aux yeux comme une larme
De fond monétaire FMI affamé de tous corps faméliques
L’œil dedans pour dent médiocratique
A nous soustraire son addition sans armes
Que la petite monnaie humanitaire
Quand l’humain nie la terre :
Colère
Mais que pèse l’écrit sous le poids de la mort ?


Pourtant il eut suffit qu’avant...
Et si nous avions su que nous savions qu’aurions-nous...
Mais c’est qu’avant était avant
Et le présent toujours trop tard
Aux yeux des cœurs de bourse
Sans avenir que de nous trépassés

Et la prochaine fois ça recommencera
nous aurons su puisque nous savons
Avec le temps, va, tout s’en va,
la vague on l’oubliera...
DÉCONNE PAS, poète ! le cœur, ça bat,
ça vaut la peine d’aller chercher plus loin,
pas laisser faire vendre son âme aux chiens

En vers et contre boues
Entrée des gestes mous à s’envoyer en l’air
paroles et tout l’enfer pour des sous
Enterrer ou attendre la mer l’éternité
rend fou le soleil hâlé allez
Envers personne, avoue, en face...
personne ?... à vous :

Le séisme du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien est un tremblement de terre qui s'est produit au large de l'île indonésienne de Sumatra avec une magnitude ~9,2, la troisième plus puissante jamais enregistrée dans le monde. Il a soulevé jusqu'à 6 mètres de hauteur une bande de plancher océanique longue de 1 600 kilomètres.

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 280px-Carte-Pays-Tsunami

Dans les minutes et les heures qui suivent le début du séisme, un tsunami, dépassant à certains endroits 30 mètres de hauteur, frappe l'Indonésie, les côtes du Sri Lanka et du sud de l'Inde, ainsi que l'ouest de la Thaïlande. Le bilan en vies humaines est estimé à, au moins, 250.000 personnes disparues, dont près de 170.000 en Indonésie, 31.000 au Sri Lanka, 16.400 en Inde et 5.400 en Thaïlande, selon les estimations officielles. C'est l'un des dix séismes les plus meurtriers et le plus grave tsunami de l'histoire. Il a fait des victimes sur l'ensemble du pourtour de l'océan Indien.

Les ressortissant de 60 pays du monde entier y ont péri ou disparu...
LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Tsunami7
Meulaboh in Sumatra.
U.S. Navy photo by Photographer's Mate 3rd Class Jennifer Rivera.

Qui travaille la terre lui appartient, il en avait fait, en 2012, le titre d'une série de poèmes. Morte née

VERS DE TERRE

un chant d'elle morte
éteint ma bougie

je n'ai plus de feu
à couper le souffle

ni rimer mes bouts
casés des lombrics

ci-gît la beauté

FoSoBo 18 décembre 2016 16:18
sonku 110

c'était le renversement de la devise
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inspiré par la sagesse aborigène
LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 3150440638_1_2_7kMDMR9W

la terre que creusaient au coude à coude Alfonce et la Jeune Taupe ne leur appartenait pas pour autant. Les carrières de gypse avaient été la propriété de l'entreprise Rapp & Reitenbach de 1895 à la fermeture en 1928, héritant des premières exploitations dont les traces écrites remontent à 1740 (voir chapitre précédent)

cette activité, qui consistait en l’extraction du gypse des couches stratigraphiques, traversa le 19e siècle. En 1893 et 1900 le conseil municipal de Fontenay-sous-Bois s’était opposé à une extension des galeries (source et photos)

toute la zone de Paris-Est depuis Montmartre avait eu son heure de gypsique hip hourra !


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Montmartre_1796
Dessin d'une carrière à ciel ouvert vers Montmartre en 1796,
Anonyme, Musée du Louvre

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Montmartre_1820
Des carrières de gypse à Montmartre en 1820 (ciel ouvert et galeries souterraines).
On remarquera l'urbanisation qui se développe sur la butte.

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Photo_carriere_gypse
Visiteurs dans une carrière de gypse à Bagnolet
LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Gravure_bouche_cavage_montmartre LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Gravure_bouche_cavage_montmartre
Carrières de Montmartre en 1835
et Carrières d'Amérique (à l'Est des Buttes-Chaumont) vers 1860

quelques artistes sont passés par là...
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Le Four à plâtre
Théodore Géricault, 1822


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Plâtrière de Monsieur Bancel à Saint-Brice, tableau par Charles Frère, 1883.
Chargement des sacs de plâtre sur des charrettes attelées chacune de deux chevaux.
Au fond à gauche, deux wagonnets tirés par un cheval guidé par un homme
.


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Four à plâtre à Montmartre, Charles Vernet, 1831

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on n'était plus qu'à quelques encablures de chez Alfonse à FoSoBo, et d'ailleurs il y a quelques années encore, la maison en face de chez lui menaçait de s'effondrer de l'intérieur

la transformation des carrières de Fontenay en "Eco-Parc" n'était pas une première, puisque celui des Buttes-Chaumont avec la même origine, et pour ainsi dire la même fonction "écolo" avant la lettre


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Plâtrières situées à l'emplacement de l'actuel parc des Buttes-Chaumont en 1852/1853.
Photographie de Henri Le Secq, Bibliothèque des Arts Décoratifs.

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Transformation des carrières en parc.
Photographie de Charles Marville, vers 1865

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Butte-témoin au sein du parc.

mais pour l'heure le souci d'Alfonce n'était ni l'écologie ni la maison du voisin, mais la terre même dans laquelle il creusait, creusait, creusait... depuis bientôt deux jours, s'il en croyait la nuit autour de lui, depuis que la batterie de son portable était déhargée. La Taupe, qui n'y voyait rien le jour, était bien moins handicapée, comme ne le sont pas davantage les aveugles, dits par périphrase "non-voyants". Sa présence ne le rassurait pas, il était devenu un homme-taupe, avec les inconvénients et sans les avantages
Ces cinquante soldats qui se suivaient... dans une crevasse de terre..., avaient l'air de lutter pour que le champ ne se refermât point sur eux... Ils étaient comme des pétrisseurs de boue,... hommes devenus taupes ou vers de terre dans une tombe où, vivants, ils rampaient.

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C'est le premier roman publié sur la Première Guerre mondiale. Jeune journaliste mobilisé et blessé grièvement, René Benjamin compose son ouvrage depuis son lit d'hôpital de Tours. Le roman, drôle, plein de bonhomie, cache certaines réalités du front aux lecteurs, et a en 1915 un succès considérable. Marie-Aude Bonniel, Le Figaro, 08 septembre 2014
« Pour vous, les hommes le "Pays des taupes", c'est la mort, comme pour Mérimée : « J'ai des spasmes d'estomac qui me font croire de temps en temps que je vais partir pour le royaume des taupes », mais pour nous, mon cher Alfonso, la terre c'est la vie même, la mère de toute vie... "sur terre", comme vous dites. »

Alfonce se gratta la tête, qu'il avait pleine de terre, collée aux cheveux par le ruissellement des eaux de pluie : « La "Terre-Mère", source de la vie, ça fait combien de temps qu'elle dure, cette histoire-là ? N'est-ce qu'un mythe ? » Mais il ne pouvait chasser de sa mémoire ces phrases du Capital :

Karl Marx a écrit:Le travail n'est donc pas l'unique source des valeurs d'usage qu'il produit, de la richesse matérielle. Il en est le père, et la terre, la mère, comme dit Wlliam Petty.

Chaque progrès de l'agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l'art de dépouiller le travailleur, mais encore dans l'art de dépouiller le sol... La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu'en épuisant simultanément les deux sources d'où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur.
Marx ne se demande pas ce qu'est "le vivant", comme son prétendu continuateur contemporain le Savant de Marseille : « À la rigueur, "le capital" on peut avoir quelques idées, mais le "vivant" c'est quoi ? » L'auteur du Capital n'aurait eu du capital qu'une faible idée critique s'il n'en avait pas eu une puissante du vivant et de la vie humaine produite par la terre-mère. Bref pour lui, le vivant, c'est ce qu'épuise le capital par les deux bouts : la terre et le travailleur.

Marx n'héritait pas moins de la mythologie de la «Terre-Mère» expression utilisée pour désigner certaines Déesses mères qui personnifient la terre fertile (Gaïa grecque, Pārvatī hindoue chez les Indiens, Amalur basque, Ekh Gazar du Tengrisme turco-mongol, etc.,


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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Mari_euskal_jainkosaLA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Tengri

"mythologies" aujourd'hui réveillées par les luttes dites indigènes ou décoloniales pour sauver, justement contre le capital, la terre-mère
La Déclaration universelle des droits de la Terre-Mère a été formulée à la Conférence mondiale des peuples contre le changement climatique en 2012. Ses promoteurs demandent qu'elle soit adoptée par l’Assemblée générale des nations unies. Elle se base sur les dangers et les causes du changement climatique, la nécessité de respecter les équilibres des écosystèmes et la création de droits qui en résulte. Elle a été établie à l'initiative des peuples amérindiens et se réfère à la Pachamama dans leur cosmologie.

Article 1.1 : La Terre Mère est un être vivant.

- Les dégradations de la Terre-Mère mettent en danger les écosystèmes, les cycles écologiques et la pérennité d’espèces. L’exploitation abusive de la Terre-Mère et les pollutions, inhérentes au système capitaliste, entraînent des changements climatiques qui menacent la vie.
- La Terre-Mère est une communauté indivisible et autorégulée de tous les êtres qui la composent...
- La recherche du bien-être humain ne doit pas nuire au bien-être de la Terre-Mère, actuel ou futur... Les pratiques respectueuses de la Terre-Mère, issues de cultures, traditions et coutumes qui reconnaissent ces droits, doivent être encouragées.
le Savant professeur d'histoire aurait-il davantage une sensibilité d'historien ? Lucien Febvre, La Sensibilité et l'histoire, 1941 :
Culte des puissances élémentaires traduisant la lassitude des bêtes forcées que nous sommes − des bêtes écrasées, usées, laminées par le bruit forcené, par le dynamisme forcené de milliers de machines qui nous obsèdent. Résurrection compensatrice d'une sorte de culte de la Terre Mère sur le sein de qui il est si bon, le soir, d'allonger filialement ses membres endoloris.
peut-on attendre de cet émérite joueur de pétanque matérialiste la sensibilité poétique d'un vrai savant comme Bachelard ? La poétique de l'espace, 1957 :

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D1nVPO_WoAIDePu

[Un patient] voyait les étoiles naître et briller dans la terre. Elles sortaient du sein de la terre; la terre n'était pas en cette obsession une simple image du ciel étoilé. Elle était la grande mère productrice du monde, productrice de la nuit et des étoiles. Dans le rêve de son patient, Neumann montre la force de l'archétype de la terre-mère

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Terre

mais il est vrai que pour ces purs matérialistes du concept, les mythes sont trop près de la religion opium du peuple cachant le prolétariat révolutionnaire, et ces luttes indigènes relèves d'un Grand récit décolonial qu'il s'agit de vider de son sens pour promouvoir la vraie théorie révolutionnaire, franchir le pas d'une théorie communiste hors-sol, comme ces fruits et légumes inodores et insipides qu'on fait pousser hors de terre, plus près du ciel et de toi mon dieu, leur idéal qui se profile à l'horizon

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Culture-hors-sol-tomates

chère lectorate, tu n'en constates pas moins qu'Alfonce demeure lui aussi un sacré cérébral, car ce n'est pas en dissertant en sous-sol qu'il reviendrait sur le plancher des vaches

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 1007424-Art%C3%A9riographie_c%C3%A9r%C3%A9brale

c'est alors qu'il se fit comme un jour, une clarté tombait d'en-haut du puits sans fonds, mais pas sans déboucher à la lumière

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elle se fit plus forte et les deux amis entendirent bientôt des voies, d'abord incompréhensibles, puis clairement faites de mots : « Je t'avais bien dit, Ronin, qu'on pouvait aller de l'autre côté du miroir en entrant par un trou dans la terre... - Mais enfin, Calice, aurais-je soutiendu le contraire ? Et tu vois que je suis équipé... »

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Alfonce avait reconnu les voix des enfants de la Rue des Trois Territoires. La jonction fut bientôt établie et faites les présentations entre eux et la Jeune Taupe, ainsi que celle de la Souris qui les accompagnait. Ils avaient maintenant parmi eux deux internationalistes, une issue d'innombrables générations immigrées "chez nous" depuis on ne sait quand, et une nouvelle migrante venues d'ailleurs on ne sait où, tout ça sous le regard de Lauteur, qui, ne voyant rien à lire de bien bandant dans la BD, s'impatientait

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excédé, il décida d'utiliser les grands moyens, la dératisation radicale des rats, taupes et autres immigrées et migrants

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c'était sans compter que les taupes, comme les chauves-souris et les dauphins, fonctionnent au radar

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Montage photo : Claus Rebler/Topito

et sont capables de détecter des ultra-sons imperceptibles par l'oreille humaine, et qu'en pluche notre amie était une taupe rouge

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oui, notre amie la Jeune Taupe était l'outre-réelle ennemie jurée des valets du capital antipoétique

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Lauteur en eut sous la nouvelle le front plissé et le poil hérissé. Son nez au net et malhonnête frissonnait à penser aux épines acérées du hérisson lui lacérant sans se presser la peau des fesses, qui coûte un bras, et de fil en anguille tout pouvait y passer, et Lauteur trépasser. Que deviendrait alors le roman dont il n'avait pas écrit une ligne ?

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le hérisson, lui, s'en tapait de Lauteur se tapant la Souris sous le regard de la Jeune Taupe (ici, le documentaliste, Tristan Vacances, n'a pas trouvé l'image idoine...)

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mais comme disait Candide Voltaire - qui s'y connaissait en terre et tout le tremblement,

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car le tremblement de terre de Lisbonne avait inspiré un poème adressé aux, « philosophes trompés qui criez tout est bien. »

Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes        
Direz-vous c'est l'effet des éternelles lois        
Qui d'un dieu libre et bon nécessitent le choix        
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes        
Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes.

« revenons à nos moutons »

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et c'est ainsi que le nègre du nègre Alfonce, ayant bouclé une boucle de deux siècles et demi, du tsunami en Indonésie en 2005 au tremblement de terre de Lisbonne en 1755, considéra sa journée faite et satisfaite sa lectorate, s'alla ouvrir une bouteille de Fogo, aromatique et charnu

Arrow

les 20 chapitres écrits des 6 x 7 de cette deuxième partie
43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière 59. des nouvelles du front (dndf...) 60. la rue est à tout le monde 61. le Parc et la Parque, creuser "creuser" 62. la terre, qui la travaille lui appartient

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Ven 15 Mar - 19:33


chapitre 63

DE L'AUTRE CÔTÉ
ou le dessous des cartes, des choses et des mots

vendredi 15 mars

tandis que moi, Alfonce, j'avais, chez moi à FoSoBo, repris ma vie normale de nègre rivé à son clavier, ma souris ordinaire sous la main et devant moi l'écran de mes angoisses blanches sur Noires, les deux enfants et leur amie la Souris mi-grise migrée était restés dans le puits sans fonds car il était, affirmait la fillette, « comme de l'autre côté du miroir ».

il est vrai qu'à y bien réfléchir, et sans miroir, les deux côtés symétriques de la vie réelle et de l'outre-réel sont un peu comme la surface de la terre qui en sépare le dessous et les dessus, comme on le dit des cartes : « Plutôt que me demander sans fin ce qu'il me reste en main de mes cartes maîtresses (1), je serais mieux inspiré de suivre les fabuleuses intuitions de la jeune fille. »

« On se moque bien de vous, dit Calice, mais c'est de votre faute, car vous n’êtes qu’un paquet de cartes, et vous êtes joués ! » là-dessus tout le paquet sauta en l’air et retomba en tourbillonnant sur elle ;


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Calice poussa un petit cri, moitié de peur, moitié de colère, et essaya de les repousser ; elle se trouva étendue par terre, la tête sur les genoux de Ronin, qui nettoyait doucement de sa figure la boue et le sable qui étaient tombés des parois du puits. Le garçon la laissa reprendre ses forces et entreprit de visiter les lieux

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Alfonce poursuivait sa méditation matutinale. « C'était toujours moi le premier aux rendez-vous matutinaux que je donnais à mes personnages. » (2)

les 48 heures qu'il avait passé dans le puits sans fond l'avait tourneboulé : « Il y a un monde là-dessous, à la fois différent et le même, comme l'envers des choses, une sorte d'antimatière, et je pourrais y puiser une nouvelle représentation matérialiste des choses. En somme ce monde est à celui que nous connaissons à la surface ce que l'outre-réel est au réel, et pas moins partie de la réalité. C'est de cela que je dois rendre compte, et pour commencer c'est affaire de langage, de mots... »

l'idée lui vient de reprendre le langage nouveau qu'il avait imaginé au printemps 2005 pour son VOYAGE AU BOUT DE LA POUASIE. Les titres en donnaient la mesure de leur outre-langage : DIABLOGUE. NOUTROS TROTOS SCLAVIÉS. RETROU A LA DORMAL. LOUROPT. JOCTRACHE. SURGE. ACCUMULATION PRIMITIVE. LA PINE DE MAQUEREAU


ACCUMULATION PRIMITIVE 1
(brouillon)

Si qu'on pourée tout blier le monde ou foire sang
blancs ni noirs désirs
si qu'on pourvusse qu'il n’y a qu'à


niaquer la gesticulture
gueulenfornir du crucui
monger du macdame
désaltèrer le mondainitaire
enforcer la portouse allègre

jacadansser la jargonflette
brismicher à lacon
congerber à deux leuzes
beignir les philosofts
scribailler de l’hypokhrâmpe
naigrir en multiprude
dieuvenir énarkyste
étudifier la mimotique
groupir le cérébrospineux
enrugistrer des litâniaises
gaifiler au pas malin tendu
boulakiesser des sonourges
papayer ses nimpôrtes
tutouiller les genportants
paprouter en vieux public
lansser des cendres avant de menter
rester de boue
ne parer pondre
paîtrir des porgnes
netoyer sa gougueule

convoiler nos républaïcains
tapiler en borlampiste
désoutanner la beyroupette
se dégoûser en europarien
voler en hollandaise
encooler le mou vent social
chiasser la prime time
converver du saint déni
élurer le clergypasêtre
veauter gôchurniste
s’enguiser en lisse
s’enloser en douce
s'ennuyer en outre
s’âltourner vautour
biaiser en plateunuque
gésir en mâlheuriche
tramper son home en monageuse
ensaigner à drômaguerre
tringler à chirakuse
aller à jacta best
tranchons, j’ose, pine aux as !
Alors Éros, ce grand Terros de la rénovulption défunâtive, alors Éros orée tard d’ivresse

on en or et finish de narrer en nos troubles
on réciterais de la vraiche pouasie
on pécherions des bars beaux sans oseille
on compteriez fleurette aux bords de tous les reins
on diraient qu'on n'auraient rien compris mais qu'on auraient tout pris


en attendant

je prends mes délirs pour les rattiser

(...)

FoSoBo, 12 avril 2005, 22h30

mais la poésie, l'art vivant, c'est comme le jazz une imprévisation, car il ne suffit pas de (se) dire « Je l'ai déjà fait, je l'ai enregistré, je suis bon...» Non, ça c'est le passé, et il est mort mon vieux, on ne peut naître d'avoir été, il faut remettre sur le métier, aller plus loin ou, à défaut, de pas revenir en arrière, comme ceux qui imaginent la révolution sur les modèles dont l'histoire a fait table rase (3). Ils ont fini par opposer une telle résistance idéologique, de moins en moins digne d'une théorie, à toute critique du capitalisme même ne répondant pas à leur norme de la révolution prolétarienne, qu'ils en sont devenus réactionnaires (3)

eh bien je ne pourrais faire de même, du revival dans le domaine de la création poétique, sans mériter à mes propres yeux la même sanction ! Tout ça, poésie, arts ou théories, c'est bien bon pour les musées, les collectionneurs, les rentiers de la mémoire morte, les consommateurs de madeleines sans Proust !

dans la grotte sous l'Eco-Parc des carrières de Fontenay-sous-Bois, Ronin, l'aspirant samouraï sans maître de notre temps de grand chabardement, poursuivait son exploration, et plus il avançait plus il découvrait les merveilles du monde du dessous, et du monde d'avant sa destruction accéléré par l'humanité avide de pognon et vide d'elle-même par son trop-plein de boursouflure outre-mesure


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« Calice, viens voir ! - T'es où ? - Ici ! - J'arrive... - Oh, comme tu es petit, mon Ronou ! - C'est vrai, mais dieu que c'est beau...», et comme en écho, Alfonce à FoSoBo : « Asseoir la beauté sur mes genoux, d'accord, la trouver amère face à l'injustice, d'accord, mais quelle idée de l'injurier, et plus encore de s'enfuir en Abysinie, en abîme ici ? De là Rimbaud ne fut plus poète, mais traître à la poésie ! » (4)

alors si je vous dis qu'Alfonce, remonté et plein de fougue créatrice, éteignit son ordinateur, se leva et moulu du café en grains d'Éthiopie,


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Cafe-moka-ethiopie

coula par un filtre à structure Aromamax pour un goût intense, l'eau frémissante mais non bouillante, goutte à goutte dans sa tasse rouge à anse à gauche, et pris son second petit déj' de la journée, trempant une biscotte de Proust dans le mélange fin et fruité où flottait un nuage de lait cru, qui m'eût cru ?

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Alfonce cependant se dit qu'il ne pouvait quitter ce monde et ses maux sans tirer de ses mots toute la moelle, et encore hériter des maîtres anciens

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RÉALITÉ

réalité altière atelier
alitée altère alerte
laitée relaie relate

réale étale étire
tarie arête itère
élite ailée relie

aère liée râle
être réel lait
tari rite aire

lire rail tire
air ère art
lie lit île

mais

« La pierre au jeu des ricochets
Je passe le temps en chantant
Je chante pour passer le temps

Quelque part ça commence
à n’être plus du jeu »
(5)

sors tout l'enjeu du jeu ! crève au pied de la lettre !
sabots crottés, ça beau creusé
ça botte sa beauté sur ses genoux
d'invite à remonter sa robe au fonds du puits perdu  


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 1718889

réalité d'hier
atelier à te lier

allitéré t'as ri
attelé déterré
en élite alitée

à lire étale
l'être râle

*

réalitière
élithier

taritée
a raté

partire
art über lu
berlue

Calice et Ronin s'était enfoncés dans les profondeurs souterraines, lui sa lampe au front de mineur, il n'avait que douze ans, elle en douceur dardant ses yeux vairons sur les épontes de la mine, et là, soudain, ils discernèrent sur les murs des peintures

une main...

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Grotte Chauvet

deux mains...


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imitation contemporaine

trois mains...

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Grotte Del Castillo

cent mains !


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Grotte de Lascaux

Les mains dans la Préhistoire, positives et négatives

pour Alfonce, la main qui dessine la main, l'être humain qui se dessine, la main d'avant la mort laissant sa trace comme vivante, dans une boucle récursive, qu'avait redoublée Max Escher, en 1848, Douglas Hofstadter parlant dans Gödel, Escher, Bach d'une «boucle étrange, strange loop. », où Alfonce retrouvait la bande infinie du chapitre 55, la vie ordinaire est une aventure, vivre et écrire, un ruban de Mœbius

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 EscherHands

la capacité à construire des structures récursives n'est pas propre aux systèmes de communication humaine, elle existe aussi chez les babouins : Lecture et orthographe : le ba-BA des babouins
Olivier Hertel a écrit:Ces singes sont capables de mémoriser des dizaines de mots et nous éclairent sur les origines de nos propres aptitudes.

Qu'est-ce qui nous permet de savoir qu'en français "table" est un mot et que "tubtl" n'en est pas un? Est-ce le fait d'avoir appris à lire et à écrire ? Non, répondent des chercheurs qui ont travaillé avec des babouins. Ces singes apprennent eux aussi à distinguer les vrais mots des combinaisons farfelues. Ils ne lisent pas au sens strict mais identifient les groupes de lettres qui sont récurrentes dans une langue et qui permettent de reconnaître les mots. Cette aptitude serait donc bien antérieure au développement du langage parlé.

Les babouins font des phrases..
Arnaud Rey, spécialiste du langage, voulait tester certaines thèses du grand linguiste Noam Chomsky, le premier à avoir développé une étude quasi mathématique du langage. L'une de ces thèses considère que l'homme se distingue du singe par la récursivité – la capacité à emboîter entre elles de manière infinie des structures linguistiques (sujet, verbe et complément). Ainsi, à partir des deux propositions suivantes : "l'antilope courait comme un escargot ?" et "le lion a mangé", l'homme peut former une nouvelle phrase compréhensible : "l'antilope que le lion a mangée courait comme un escargot". Et chez le singe ? "Nous avons appris aux babouins à considérer six paires de symboles – en l'occurrence des lettres grecques – comme des mini-phrases, reprend Joël Fagot. Ils devaient comprendre que dans chaque paire, l'ordre des symboles est essentiel, puisque le premier représente en quelque sorte le sujet et le deuxième le verbe. Ensuite, nous leur avons appris à emboîter deux mini-phrases comme nous le ferions pour que cela soit compréhensible dans notre langage. Nous avons constaté que les babouins assemblaient les phrases comme nous", explique Arnaud Rey. Adieu la thèse de Chomsky  !...

… et ils maîtrisent l’orthographe !

La récursivité n'est pas le seul attribut "strictement" humain que les babouins nous ont piqué. Les tout derniers travaux de l'équipe marseillaise portent sur… l'orthographe! Le psycholinguiste Jonathan Grainger s'est lui aussi converti à la méthode Fagot. Sa question était simple : qu'est-ce qui, chez l'homme, permet de distinguer un mot (par exemple "table") d'un non-mot (par exemple "tbult")? Une question iconoclaste, tant la distinction nous paraît évidente. Mais pour les psycholinguistes, elle a une importance capitale, car la plupart considèrent que la connaissance du son d'un mot est un préalable à l'apprentissage de sa représentation graphique, l'écrit arrivant toujours en dernier dans le développement.


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"D'où l'expérience que nous avons menée chez le singe, raconte le chercheur. Peut-il comprendre que telle forme visuelle est un mot et pas un non-mot ?" Jonathan Grainger et Joël Fagot ont donc appris aux singes à reconnaître des mots présentés parmi 8.000 non-mots. Premiers résultats : certains babouins retiennent jusqu'à 307 mots, le moins performant en mémorisant tout de même 81.

Plus étonnant, les singes rangent des mots qu'ils voient pour la première fois dans la bonne catégorie. Stupéfiant! Intuitivement, on pouvait s'attendre à ce que ces sigles inconnus soient systématiquement considérés comme des non-mots. L'explication réside probablement dans la fréquence de certains assemblages de lettres composant les mots d'une langue. Par exemple, le mot " table " est composé de quatre bigrammes : " ta " " ab " " bl " " le ". Ces bigrammes sont plus fréquents dans les mots que dans les non-mots. Lors de leur apprentissage, les singes perçoivent donc peut-être, comme l'homme, cette subtilité de l'orthographe.

Mais ce qui a surpris plus encore les chercheurs, c'est que dans cet exercice, les singes étaient aussi forts que les hommes lorsque l'on faisait varier la similarité entre mots et non-mots. Par exemple, entre " toble ", plus proche de " table " que " tbult ", les singes font statistiquement autant d'erreurs que les hommes en considérant " toble " comme un mot. Plus ces non-mots sont similaires à de vrais mots, plus les erreurs sont fréquentes chez le singe comme chez l'homme !

Les babouins, et probablement les grands singes, ont donc des capacités cognitives bien supérieures à ce que nous imaginions jusqu'à présent. Seront-ils un jour capables de réaliser le vieux fantasme du singe qui parle? "Cela reste de la science-fiction, répond à demi-mot Arnaud Rey. Mais il faut avouer que l'on y pense" .

En étudiant le tractus vocal du singe, Louis-Jean Boë, chercheur en sciences de la parole au Gipsa-Lab (Grenoble Image Parole Signal et Automatisme, université de Grenoble), a montré qu'il a les moyens de vocaliser. Reste à savoir si le cerveau suivra !
AliBlabla, linguiste comparatif des langages animaux et humains, le savait-il ? Si oui, pourquoi n'en avait-il pas parlé dans le roman, c'est bien pour ça qu'il n'est pas payé ! Ou alors c'est son maître de thèse, le Professeur Friedrich Lorduron, qui lui a demandé de le garder pour lui. Va savoir...

(à suivre)

notes

1. voir chapitre 27. cartes, et maîtresses

2. Francis Ambrière, Les grandes vacances, 1946

3. voir mésaventuriers de la classe perdue, théologiens du prolétariat et théorichiens de garde de l'ex-communisation

4. « Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. − Et je l'ai trouvée amère. − Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié ! »

Arthur Rimbaud, Prologue d'Une saison en enfer (avril-août 1873)

5. compilation de deux poèmes d'Aragon dans le Le Roman Inachevé, Tu n'en reviendras pas et Je chante pour passer le temps


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les 20 chapitres écrits des 6 x 7 de cette deuxième partie

43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière 59. des nouvelles du front (dndf...) 60. la rue est à tout le monde 61. le Parc et la Parque, creuser "creuser" 62. la terre, qui la travaille lui appartient. 63. de l'autre côté des choses et des mots

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Sam 16 Mar - 21:09


chapitre 64

L'OUTRE-MATIÈRE
un concept ignoré de la philosophie, des sciences, et des arts
samedi 16 mars

le concept d'outre-matière est nécessaire à une approche du réel incluant l'outre-réel. C'est un concept nouveau jusque-là ignoré de la philosophie, des sciences, et des arts. Pourtant la lectorate a saisi combien il est devenu indispensable pour penser le monde au-delà des apparences, et d'un matérialisme philosophique vulgaire ne considérant la matière qu'en tant que substance physique, constituant le monde sensible réduit aux corps

mais attention, nous ne sortons pas du matérialisme pour entrer dans un conceptualisme idéaliste, car comme l'a écrit Emmanuel Kant, « Des concepts sans matière sont vides. » En effet, l'outre-matière ne s'oppose pas à la matière et nous pouvons d'emblée en poser cette définition comparatiste simple : l'outre-matière est à la matière ce que l'outre-réel est au réel

prenons l'exemple de la lumière. Les physiciens du 20e siècle ont longtemps étudié, après Einstein, l'interaction matière-rayonnement, rapportée à la dualité onde-corpuscule

En physique, la dualité onde-corpuscule est un principe selon lequel tous les objets physiques peuvent présenter parfois des propriétés d'ondes et parfois des propriétés de corpuscules. Ce concept fait partie des fondements de la mécanique quantique. Le cas d'école est celui de la lumière, qui présente deux aspects complémentaires selon les conditions d'expérience : elle apparaît soit ondulatoire, d’où le concept de longueur d’onde, soit corpusculaire, d'où le concept de photons.

Cette dualité démontre en réalité l'incomplétude de chacune des conceptions classiques de « corpuscules » ou d'« ondes » pour décrire le comportement des objets quantiques. L'idée de la dualité prend ses racines dans un débat remontant aussi loin que le xviie siècle, quand s'affrontaient les théories concurrentes de Christian Huygens, qui considérait que la lumière était composée d'ondes, et celle de Isaac Newton, qui considérait la lumière comme un flot de corpuscules. À la suite des travaux d'Albert Einstein, de Louis de Broglie et de bien d'autres, les théories scientifiques modernes accordent à tous les objets une double nature d'onde et de corpuscule, bien que ce phénomène ne soit perceptible qu'à l'échelle de l'atome.
la "matière" ici opposée au rayonnement, le corpuscule à l'onde, relevait déjà avant ces travaux de la matière des philosophes : la lumière n'a jamais été pour eux un esprit comme celle du Saint-Esprit des Chrétiens, et d'Aristote à Kant ils opposaient la matière à la forme de nos connaissances plus qu'à l'esprit, faisant de leur activité de pensée un matérialisme jusque dans l'idéalisme de certains, dont bien sûr Hegel est au bout le plus lumineux avant Marx, dont les "marxistes" du "matérialisme dialectique" éteindront les lumières

de même, pour les peintres, la peinture comme matière a toujours été dépendante de la lumière, et les couleurs n'existent pas sans la lumière : « La nuit tous les chats sont gris. », ce qui justifie cette pensée de Pierre Dac : « Si la matière grise était plus rose, le monde aurait moins les idées noires. »

l'outre-matière s'éloigne de la matière selon la philosophie et la science, pour réaliser « un compromis entre la matière et l'esprit », comme l'écrit Bergson dans son Essai sur les données immédiates de la conscience ; en même temps qu'elle se rapproche de la matière des poètes et peintres

Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant que la matière.
Baudelaire, Fusées
Toute forme créée, même par l'homme, est immortelle. Car la forme est indépendante de la matière, et ce ne sont pas les molécules qui constituent la forme.
Baudelaire, Journaux Intimes

Matérialisme, il y a dans cette matière-là assez d'infini pour supplanter toutes les religions.
André du Boucher

Le vrai matérialiste, plus il descend dans la matière, plus il exalte la spiritualité.
Georges Braque, Pensées sur l'art

Il faut à la parole même une matière.
Yves Bonnefoy, Du mouvement et de l'immobilité de Douve

Le poète est en face du langage comme le peintre est en face de l’objet. Le langage devient sa matière première.
Georges Charbonnier

La vie est le roman de la matière.
Emil Cioran, Précis de décomposition

Le pont entre la matière et l'esprit : le Verbe.
Gitta Mallaz, Dialogue avec l'ange

Toute la création est fiction et illusion. La matière est une illusion pour la pensée ; la pensée est une illusion pour l'intuition ; l'intuition est une illusion pour l'idée pure ; l'idée pure est une illusion pour l'être. Dieu est le mensonge suprême.
Fernando Pessoa, Traité de la négation

Mais, si dépourvues de matière qu'elles paraissent, les pensées aussi ont besoin d'un point d'appui, faute de quoi elles se mettent à tourner sur elles-mêmes dans une ronde folle.
Stefan Zweig, Le Joueur d’échec

La vérité de la vie est dans l'impulsivité de la matière. L'esprit de l'homme est malade au milieu des concepts.
Antonin Artaud, Le bilboquet

La force de vie sacrée, invisible et puissante, contient la mémoire du passé et la vision du futur. Elle permet à la création de se manifester dans la matière ici et maintenant.
Proverbe africain
lisant ces lignes, mes lecteurs (et lectrices) à bonnets et bonnettes de Twitter ne savaient pas trop si c'était de l'art ou du cochon, hésitant à qualifier leur auteur de génie ou de charlatan

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 B-b-filles-bonnets-patrons-printemps-t-chapeauxLA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Bonnet-ane-capirote
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dans le premier cas, en effet, pourquoi l'humanité avait-elle attendu des millénaires pour définir et penser un concept aussi évident que celui d'outre-matière ? Dans le second, qu'apportait-il de plus, si ce n'est la même chose formulée outrement ? Quant à ceux (et celles) qui avaient sur la question un avis arrêté dans un sens ou l'autre, il y a belle lurette qu'il ne me lisaient plus

à toussétoutes, je conseille la lecture, urgente, du dernier livre de l'excellent Denis Gozdanovitch


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on y trouve en exergue cette citation, encore d'un poète, dont le tennisman dilletante s'est en quelque sorte proposé de prolonger le « travail incomplet »
Gérard de Nerval a écrit:il est bon, je crois, de se délivrer de ce qui charge et qui embarrasse l’esprit. Et puis, n’y a-t-il pas quelque chose de raisonnable à tirer même des folies, ne fût-ce que pour se préserver de croire nouveau ce qui est très ancien ?

Ces réflexions m’ont conduit à développer surtout le côté amusant et peut-être instructif que pouvait présenter la vie et le caractère de mes excentriques. — Analyser les bigarrures de l’âme humaine, c’est de la physiologie morale ; — cela vaut bien un travail de naturaliste, de paléographe, ou d’archéologue ; je ne regretterais, puisque je l’ai entrepris, que de le laisser incomplet.
Les Illuminés. Les Faux Saulniers, 1868, p. 1-2

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car, ma chère lectorate, bien que ni  bête ni benête ni benoîte, tu ne connais pas ta chance d'avoir, sinon entre les mains du moins sous les yeux, le livre d'un qui tient des deux, le génie et le fou, et qui t'expose son cas singulier mais vu de l'intérieur, outre-réel de sa réalité prise dans le vertige de son extravagante relation au monde


dans ce livre de Denis Grozdanovitch, on comprendra mieux que le choix d'Alfonce, de vivre retiré à FoSoBo, ne signifiait nullement un retrait du monde et des réalités sociales, ou un caractère asocial puisqu'il l'avait bien au contraire porté spontanément à la rencontre des autres, mais à un point qu'ils acceptaient si rarement qu'il en avait fini par en abandonner la vaine quête. P. 146
Grozdanovitch a écrit:J'ai découvert récemment, à la lecture d'un livre remarquable écrit pas François Lachaud intitulé Le vieil homme qui vendait du thé. Excentricité et retrait du monde dans le Japon du XVIIIe siècle, que les lettrés japonais de cette époque [...] avaient établi et porté à son apogée une tradition d'excentricité exemplaire, laquelle permettait de rejoindre avec le plus d'efficacité le rythme éternel du Tao ou de ce qu'ils nommaient le cours des choses.
A l’image très négative de la « retraite » dans le monde moderne, souvent imposée à l’individu, en le marquant du stigmate de l’inutilité, François Lachaud oppose le retrait « volontaire » du monde, assimilé à une « excentricité », une position « hors du cercle » social conventionnel. Cette recherche de la solitude, liée à une démarche de méditation et de réflexion, est un cheminement vers la sagesse, vers un bien-être intérieur, fait de vacuité, d’humilité envers soi même et de compassion envers autrui.
car c'est bien sûr du cours des choses qu'il s'agissait avant tout de rendre compte, par une position relevant, plus que d'excentricité, à proprement parler d'excentration, la même que ma lectorate la plus fidèle aura déjà relevée dans mes écrits, et dont parle aussi Grozdanovitch à la page suivante : le Waldgänger et son "recours aux forêt" de Ernst Jünger dans Traité du rebelle, le Baron perché d'Italo Calvino, ou Diogène le Chien en son tonneau

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nous y reviendrons, mais pour l'heure reprenons le cours des choses romanesques, et revenons à nos personnages, tout sauf des moutons, dont je sens bien que tout.e le monde attend des nouvelles fraîches

ça allait pour euxéelles comme un samedi, jour de marchés, de marches climatiques et d'actes jaunes, les premiers étant de l'ordinaire de qui a de quoi payer pour manger, les deuxièmes du nouveau désordre dans le capitalisme vert ou fossile, et mon dernier le dernier pour le camionneur Drouet : « Après cette journée, en tout cas pour moi, ça sera fini les manifestations. Marcher, on a prouvé que ça fonctionnait pas. »

Calice et Ronin était revenus faire une pause de ce côté-ci du miroir, ayant retiré de leur incursion dans le monde d'en-dessous la folle envie d'approfondir leur exploration des peintures rupestres, mieux équipés et pourvus tant de moyens d'outre-investigation que de réserves alimentatrices « il faut manger pour vivre »


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la plus grande surprise venait de Célanie, la cheminote chabine, qui avait obtenu une mutation boostée par son chef Gabriel sautant sur l'occasion de se débarrasser de celle qu'il ne pouvait plus sauter ; un poste plus proche de l'Étroit Territoire, comme cheffe d'équipe à la propreté des trains du RER A sur le site de Torcy

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les femmes nous surprendraient toujours... Ainsi, Afrodite, nul ne savait jusque-là de quoi elle vivait, et comment elle pouvait à la fois payer son loyer Rue des Trois Territoires, nourrir elle et Ronin son fils. Il faut dire que tous, de Lauteur à son nègre Alfonce en passant par moi-même, avions menti sur ce point-là, et je m'étonne que personne n'en ait fait la remarque - il faudrait quand même faire preuve d'un peu plus d'exigence dans votre lecture ! Eh bien, Afrodite était réellement correctrice et payée pour ça par la prestigieuse collection Livres d'arts des éditions Hazan, fondée par Fernand Hazan, le père du demi-sulfureux Éric son successeur avant son rachat par le groupe Hachette et fondateur de La Fabrique... de bouquins d'une vanité radicale dans l'air du temps, prisée du côté de l'outrecuidance et de lundimatin

elle travaillait actuellement à la correction d'un livre très attendu à paraître en mai : Préhistoire. L'envers du temps

La préhistoire s’est installée dans les représentations occidentales à partir de la fin du  xviiie  siècle. Dès lors, géologie, biologie, anthropologie se sont inscrites sur l’horizon d’un temps démesurément étiré, à partir de réalités fragmentaires qui résistent à une élucidation stable. La signification de ce passé indéchiffrable est repliée sur soi, environnée d’un silence définitif. L’imaginaire qui en découle déborde largement la définition scientifique de la préhistoire, rattachée au seul développement des cultures humaines, des premiers outils à l’invention de l’écriture. Au-delà, nous y greffons des angoisses et des désirs dont le noyau actif est le gouffre du temps.

Pourquoi l’envers du temps  ? Parce que l’idée de préhistoire retourne comme un gant notre expérience du temps. Sous la lumière noire des incessantes mutations de la vie et d’une possible fin des mondes humains, les repères chronologiques se brouillent, mettant sens dessus dessous le passé, le présent et le futur. Le temps compté, celui d’une vision historique totalisante, pèse brusquement moins lourd que l’immémorial.  

Les irréductibles zones d’ombre du discours scientifique sur la préhistoire laissent le champ libre à la création poétique, conceptuelle et plastique. Parmi beaucoup d’autres, Friedrich, Cézanne, Giacometti, Smithson, autant que Rousseau, Darwin, Marx ou Proust en sont pour nous les témoins.

Largement illustré, l’essai de Rémi Labrusse se fait l’écho d’un vertige qui nous habite aujourd’hui plus que jamais.
car bien évidemment nous étions, Alfonce et moi, entre nègres et en dernière instance, tireurs des ficelles et câbles de l'écrit, culs et chemises pour considérer que chacun.e ne pense qu'à partir de qui lave ses chaussettes, et de ce dont il vit, c'est-à-dire combien il est payé, par qui, à quoi faire et pourquoi, le reste étant littérature y compris chez les plus radicaux de marabouts de ficelle de cheval de course à pied de cocochon de ferme ta boîte à lettres d'amour à trois petits chiens de garde à vous (1)

et puisque nous en sommes à demander des comptes à tous nos personnages sur leurs revenus, voilà pour les autres :
- Levieux est rentier à vie, privilégié d'une grasse retraite de fossoyeur au Père Lachaise, dont il acquis la compétence pour creuser des tunnels et observer les vers de terre
- AliBlabla est estudiant, boursier mais pas à la Bourse, thésard et taiseux sauf avec les êtres animaux dans le cadre de son étude comparative de leur langage avec celui des humains
- Niki Kleur est estorque girl, étant donné qu'elle ne touche pas un radis par la racine de ses pochoirs poétiques
- May Radore, la grand-mère de Calice, est fleuriste à la retraite, spécialisée dans les fleurs des champs par les grèves


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quant à Florage la Dame de Corps de garde, c'est un secret qu'elle garde, jalousement n'est pas un vain mot, entre elle et elle. Ici nous retenons, du chapitre 42, fin de partie, la révolution n'est pas un dîner de gars là, la critique d'Aragon au roman-feuilleton figé : « Confrontation un à un des multiples et typifiés personnages, en dévoilant les parties communes d’un passé mutuel d’abord insoupçonné... »

car il faut bien réserver quelques surprises si l'on veut que ce roman demeure un roman. Mais revenons aux Vertiges de la singularité avec les dandys et excentriques, de Denis Grozdanovitch. Après Nerval en exergue, il cite (en italique plus bas) Le Cauchemar climatisé d'Henry Miller publié en 1945. « Faubourgs industriels, folies hollywoodiennes, Sud qui perd son charme, contaminé par l'esprit technocratique du Nord... Restent quelques phares, des artistes, dont Miller trace quelques portraits enthousiastes. »


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Ce n'est pas un monde où j'ai envie de vivre. C'est un monde fait pour des monomaniaques obsédés par l'idée de progrès... mais d'un faux progrès qui pue. C'est un monde encombré d'objets inutiles que, pour mieux les exploiter et les dégrader, on a enseigné aux hommes et femmes à considérer comme utiles. (...) Le rêveur aux songeries non utilitaires n'a pas sa place dans ce monde. En est banni tout ce qui n'est pas fait pour être acheté et vendu, que ce soit dans le domaine des objets, des idées, des principes, des espoirs ou des rêves. Dans ce monde, le poète est un anathème, le penseur, un imbécile, l’artiste, un fugitif, le visionnaire, un criminel.

Notre monde est un monde d'objets. Il est fait de conforts, de luxes ou sinon du désir de les posséder. Ce que nous redoutons le plus, en face de la débâcle qui nous menace, c'est de devoir renoncer à nos gris-gris, à nos appareils et à tous les petits conforts qui nous ont rendu la vie si inconfortable

Le spectacle le plus pitoyable, c'est celui de toutes ses voitures garées devant les usines et les aciéries. L'automobile représente à mes yeux le symbole même du faux-semblant et de l'illusion. [Vers elle] les masses ouvrières [d'Europe, d'Asie, d'Afrique] tournent des regards envieux, [d'un autre côté l'ouvrier américain] se donne corps et âme au travail le plus abêtissant que puisse accomplir un homme, [le travail à la chaîne]. Ils ne savent pas que (en américain) les meilleures conditions possibles cela signifie les plus gros bénéfices pour le patron, la plus totale servitude pour le travailleur, la pire tromperie pour le public en général.

Pour vivre au ban de la société, travailler pour le plaisir de travailler, pour vieillir avec grâce en conservant toutes ses facultés, ses enthousiasmes, son amour-propre, il faut posséder d'autres valeurs que celles auxquelles souscrit la foule. Il faut être un artiste pour faire une brèche dans le mur. Un artiste est avant tout quelqu'un qui a foi en lui-même. Il ne réagit pas aux stimulants classiques : ce n'est ni un esclave ni un parasite. Il vit pour s'exprimer et, ce faisant, il enrichit le monde.

À certains individus le fait d'être coupés du monde donne un développement qui dépasse la normale : ils rayonnent de puissance et de magnétisme ; leur conversation est éblouissante et stimulante. Ils mènent une vie bien remplie, paisible, en harmonie avec le milieu qui est le leur, une vie libre des ambitions et des rivalités mesquines de l'homme qui vit dans le siècle. Le plus souvent ils ne se sont pas retirés du monde sans lutte, car la plupart d'entre eux possèdent des talents et des dons que ne soupçonne par l'intrus curieux. Ils sont plus doués par nature, ils voient plus loin, ils sont plus dynamiques, plus inventifs et sans aucun doute ont-ils plus d'entrain. Quand ils choisissent de se retirer du monde, ce n'est pas par défaitisme, mais parce que leur amour même de la vie leur confère une sagesse qui s'exprime par le renoncement.

[Ces individus] méprisent ouvertement les sentiers battus, sont passionnément attachées à leur métier, impossibles à séduire ni à acheter, travaillent de longues heures, souvent sans en tirer gloire ni récompense, mais sont poussés par un motif bien simple : la joie d'en faire à leur tête.
quel texte anarchiste ou même "marxiste" atteint à cette puissante critique du capitalisme, explicitement nommé comme exploiteur et destructeur de la vie, en termes précurseurs de l'écologie radicale ou de la défunte Encyclopédie des nuisances ?

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et quel prétendu "anarchiste" ou "communisateur" est-il aujourd'hui capable d'utiliser une si large palette tenant compte, aussi, de l'apport de l'art, de la poésie, et de ceux qui les font, les vivent et les offrent à vivre au quotidien ? Aucun de ma connaissance aujourd'hui, piètres héritiers de maîtres anciens autrement audacieux dont ils font pourtant leurs icônes !

quand ce n'est pas pour nous promettre un devenir révolutionnaire entièrement déterminé par leur prolétariat, le même qui constitue aujourd'hui encore les foules aux « regards envieux » des belles voitures, tout en protestant, en Gilets jaunes, contre le coût d'un carburant dont la fabrication même détruit la planète !

ils nous parlent de « détruire ce monde », mais il ont fait de moi, Patlotch, sinon du « poète un anathème, du penseur, un imbécile, de l’artiste, un fugitif, due visionnaire un criminel », mais un « chamane en connexion directe avec le "réel", le "vivant" et la "nature" », dans les termes du Savant de Marseille ! Il faut imaginer un paradis pour la bêtise et des gardiens dignes des meilleurs geôlier du monde (1)


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toute pensée, d'où qu'elle vienne et aussi "révolutionnaire" qu'elle se présente, et quelles que soient ses bonnes intentions voire ses arguments sérieux, car ne pas en avoir contre ce monde devient rare, mais encore faut-il qu'ils produisent de la pertinence en lutte et non de l'ex-communion en ligne comme aux bons vieux temps du stalinisme ou des dictatures actuelles ; une telle pensée doit être qualifiée pour ce qu'elle est : étroite en bottes de non-lieu, étique en toc et tics, réactionnaire, en un mot dont ils aiment tant à caractériser les autres depuis leurs normes moisies : contre-révolutionnaire !


« J'ai décidé d'arrêter de lire du Patlotch, qui devient de plus en plus narcissique et chamanesque, de moins en moins romanesque et poétique, que de toute façon je ne lisais pas... - Mais c'est que t'as rien lu encore, parce que ça va pulser, danser et condenser la dialectique matérialiste outre-réelle, théoriste marseillais franco de vieux port, petit père du peuple prolétariat de ton culte à deux trous de balles dans le pied ! »

en n'attendant pas la fin... du chapitre, elle est là, Alfonce avait mis à cuire ses Paupiettes de veau à l'allant sienne. C'est comme ça. Bonnouite à toussétoute, fête d'abord Ève


notes

1. mésaventuriers de la classe perdue, théologiens du prolétariat et théorichiens de garde de l'ex-communisation


les 22 chapitres écrits des 6 x 7 de cette deuxième partie

43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière 59. des nouvelles du front (dndf...) 60. la rue est à tout le monde 61. le Parc et la Parque, creuser "creuser" 62. la terre, qui la travaille lui appartient. 63. de l'autre côté des choses et des mots

64. l'outre matière, un concept ignoré de la philosophie, des sciences, et des arts

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Dim 17 Mar - 16:42


chapitre 65

OUTRE-REPOS
mots pour mémoire


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dimanche 17 mars

depuis neuf semaines, il n'avait pas pris un repos. « C'est aujourd'hui dimanche, grasse journée que rien n'agresse, jour à faire de la graisse, aller nègre allégresse. Ni confesse ni messe. Rien ne presse. »»

sitôt levé, il se recoucha, avec un livre (1)


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 818341

et recopia mots à la lettre a les plus courtes, les meilleures

abrupt - âpre et brut
abruti - abrité
absolu - sol aboli
amour - armure
apparaître - à part être
armée - merde amère
avenir - navire


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 2012-06-04-Pasiphae

j'avais en 1990 repris l'exercice en hommage à ce maître des mots, c'était quatre mois avant sa mort et son incinération au Père Lachaise, où séchant le boulot je m'étais rendu

LEIRIS MÉRITE HÉRITE

AFFAIRES : flaire affres (voir DÉLIT)
CARAVANE : car ça va en âne (sauf Ellington)
DÉLIT : Dali (rien à voir)
FUTUR : bouture à l’affût (voir GRÈVE, TANGO)
GRÈVE : grand rêve (voir MER)
MER : l’amer évaporé (voir la mer, la voir)
MÉTAPHORE : mets ta fleur (en mer à flot, mets ton phare)
PASSION : passe si on… n’y pense pas (voir FUTUR… Catherine)
SMIC : de qui s’moque (voir CARAVANE)
SOUCI : sans si sou, soûl si sans (voir SMIC)
TANGO : tangue ose, the angel go (voir Catherine)
URBAIN : dur bain (voir demain, au turbin)

LIVREDEL, poème-roman III. LIVRE SANS NOM J-300

poursuivant sa lecture du Glossaire de b à n, il retint encore douze "définitions", parmi lesquelles un signe = signalait de purs anagrammes

baiser = braise
calcul - cale-cul
désir - désert irisé
échelle - lèche-le-ciel
folie - la foi en de faux liens
grâce - garce grêle
heures - leur sueur
ingénu - le génie nu
je - mon jeu
liberté - bélier de vérité
matière - notre litière maternelle
national - passionnément anal

l'année suivant, j'avais poussé l'hommage en introduisant un jour sur deux, dans LIVREDEL V. LIVRE DE L'AUTRE des textes sous initiale L. tirés de LANGAGE TANGAGE ou Ce que les mots me disent, de Michel Leiris, paru en 1985 aux éditions Gallimard. Alfonce les relisait et retint, au fil des chapitres :

miroir - roi de la rime
moderne - le dernier mot, le dernier cri
paradis - pure idée

- si l'horizon est bouché, pourquoi se refuser comme un luxe inhumain le plein exercice de ce qui peut toucher quelques-uns même s'il est entendu que cela ne changera rien au sort de la masse des autres et de modifier le cours de votre propre vie

- curieusement donc, chercher du côté du non-sens ce dont j'ai besoin pour rendre plus sensible le sens, pratique point tellement éloignée, à bien y réfléchir, de ce procédé classique la rime, qui joue la musique mais le plus souvent ne rime à rien sémantiquement parlant

- j'écris, par-delà mon propos direct, en escomptant que donner passionnément forme fera, sur le moment, pièce à l'angoisse qui me tient moins à la tête que pour ainsi dire au ventre


colère - elle secoue l'air
bonheur - une molle blondeur

- mais au désir de couper mes phrases, les syncoper, les morceler, autre tactique pour esquiver le ronron et façon en zig-zag que, snobisme encore ? il ne me déplaît pas de comparer à celle dont les chanteurs et chanteuses de jazz lancés dans la volubilité cascadante du scat-singing semblent, avec leurs tranches de mots bousculés et truffés de syllabes intercalées, s'acharner

- prendre garde aux mots, si prompts à vous leurrer comme à leurrer autrui et politiquement supports courants de mythes favorisant la tyrannie sans voile ou masquée tant bien que mal, n’implique pas qu’on répugne à se laisser entraîner dans leur sarabande, là où catégoriquement dissociée de l’action la parole règne en pleine légitimité

- n’aimant ni qu’on se paye de mots, ni qu’on parle pour ne rien dire (deux manières de faire tourner le machin à vide) , il va de soi que je juge sévèrement le bavardage


pleurs – pelures de l’œil
science – sur l’essentiel, hélas ! elle est silence

- car, n’aimant pas plus la tour d’ivoire que la place publique, je répugne autant qu’à la littérature dite « engagée », qui se noie presque infailliblement dans une prosaïque utilitaire, à celle qui à l’autre extrême (traiter le langage sous l’unique angle de la création) se dissout facilement dans l’incompréhensible

amitié : admet-elle jamais l’à moitié ?

- hasard non dominé (non aboli), c’est à ce prix rebelle à toute évaluation que mon écriture a parfois atteint le ton ni tontaine tonton ni platement photomaton que je voudrais qu’elle est toujours : pénétrant comme certaines musiques, mais musical seulement par métaphore puisqu’il échappe par nature aux notations précises de rythme et de mélodie et se fait entendre sur le plan de l’intellect plutôt que sur celui de l’ouïe

- « preuve par le son », comme il existe une preuve par 9… j’espère d’autant plus d’évidence que la construction logique y est étroitement unie à une construction en quelque sorte musicale, convergence qui me semble prouver irréfutablement la justesse de ce que j’énonce


hasard – vaste bazar

- le dévorant et décervelant dénoueur et désosseur de mots DESNOS, anti-penseur de la conjoncture faussement interrogative : « mots, êtes-vous des mythes ou semblables aux myrtes des morts », et de l’impeccable adage : « les lois de nos désirs sont des dés sans loisirs »

ce dernier dont j'ai fait ma devise

Alfonce continuant le Glossaire moissonna douze mots


pénis - que son pêne glisse
penser - serpenter
prier = périr
question - qu'est-on
rue - tu erres...
ruse - rase les murs
sacré - le décrasser
signe - il singe
société - satiété
soleil - seul œil
solitaire - lit solaire...
trou - outre d'aire

c'est ici qu'il fallait sauter, singe à la ligne sûre, sans signe ni censure insigne

LEIRIS MÉRITE HÉRITE 2
sonku
outre taire le silence
tue. Seul air du temps
missile domine ici
du sol au plafond
verre sans fond
miroir sans tain
cœur endurci

notes

1. Mots sans mémoire

Ce recueil, publié en 1969, rassemble des textes écrits entre 1925 et 1961, parmi lesquels figure le célèbre Glossaire, j'y serre mes gloses. Ce livre révèle la nature du travail poétique de Michel Leiris, attaché à définir le langage comme révélation de soi-même et des autres : « Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations naturelles... En disséquant les mots que nous aimons, nous découvrons leurs vertus les plus cachées et leurs ramifications secrètes qui se propagent à travers tout le langage. »
En 1939, Michel Leiris publie un ouvrage au titre énigmatique, Glossaire j’y sers mes gloses. Il rassemble en forme de dictionnaire une suite de définitions-reformulations de mots élus pour leur apparente insignifiance, exercice ni léger ni sérieux, à mi-chemin entre l’instantané poétique et le calembour surréaliste. Citons-en quelques-unes au hasard: « névrose: rose vaine du cerveau », ou encore le suggestif « démocratie – la demi-crotte des assis ».

On le voit, Leiris joue sur l’étroite limite qui sépare le sens du non-sens en tirant des mots usuels leurs fantômes homophoniques, comme s’il s’agissait d’en extraire le suc mystérieux qui nous les ferait lire autrement. Près de cinquante ans plus tard, l’écrivain livre un nouveau recueil de ses trouvailles, Langage tangage ou Ce que les mots me disent. Il contient cette fois une longue postface où Leiris tente de s’expliquer son goût immodéré – et un peu honteux – pour ce genre d’exercice apparemment sans queue ni tête, qu’on dirait exilé aux marges reculées de la vraie littérature. Un penchant précoce pour la poésie et ses ambitions démesurées (« changer le monde en bousculant le langage ») s’est chez lui vite transmué, au contact de l’expérience, en une pratique d’écriture plus désillusionnée, se contentant de jouer avec les mots qu’elle dissèque.

« Les Républicains » détournés par Michel Leiris, Le Temps, 5 juin 2015

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Lun 18 Mar - 21:04


chapitre 66

POÉTIQUE EN OUTRE


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Latest?cb=20190104054518&path-prefix=fr
lundi 18 mars

d'aucuns et certaines se sont plaints d'un écart de l'outre-réel à la poétique promise qu'ils attendaient du roman de la totalité réelle-outre-réelle. Voyons ce point aux sources de ce qu'est et reste pour nous la poétique. Aristote pense la création artistique et la production artisanale comme des productions poétiques (poiesis) et non pratiques (praxis). Cela signifie qu'elles n'ont pas leur fin en elles-mêmes à la différence de la praxis, qui a sa fin en elle-même (telle l'action morale).

Aristote se sépare de Platon pour qui l'œuvre d'art n'est qu'une imitation d'imitation, la copie d'une copie, une imitation de second ordre, copie de la copie de l'Idée. Pour lui, par nature, les hommes non seulement aiment imiter : c'est à travers l'imitation même que les hommes commencent leur apprentissage. Selon Aristote, il y a deux raisons à cela. D'abord ils en retirent du plaisir car l'objet, tel que le représente le poète ou l'artiste, est plus beau qu'en réalité. Aristote prend ainsi pour exemple une peinture représentant des cadavres mais qui plaisent, car grâce au « fini dans l'exécution », la peinture est plaisante à voir. « [Des] objets réels que nous ne pouvons pas regarder sans peine, nous en contemplons avec plaisir l'image la plus fidèle ; c'est le cas des bêtes sauvages les plus repoussantes et des cadavres. »

en outre, par le travail des poètes, les individus accèdent à une certaine forme de connaissance. Le poète permet de faire connaître la forme ou l'essence des choses car en voyant un objet représenté par un artiste, nous nous disons « tiens, c'est exactement ainsi qu'est la chose ». (1)

dans sa préface à la Poétique, Philippe Beck précise ce qui nous concerne au plus haut point ce "roman"

Suivant Aristote, le possible n'est pas le réel, bien qu'il puisse comprendre le réel. Le possible peut être lié au persuasif ou au non-persuasif. Car ce qui importe, c'est moins le référent disponible dans le passé que le vraisemblable lié au nécessaire qui, en quelque sorte, produit l'avenir. De sorte que l'impossible, s'il n'est pas le possible référentiel ou disponible, peut être lié au vraisemblable et au persuasif. Aristote va jusqu'à dire que l'impossible a sa place dans l'art.

La surprise est l'élément poétique fondamental, et la source du plaisir qui est l'effet mim(ét)ique. La surprise est principiellement liée à l'enchaînement des faits contre toute attente, étant produite par la vraisemblance de l'enchaînement causal.

L'« épisode » risque ainsi de se dérouler pour lui-même. C'est déjà le risque de la digression, qui est une forme d'ironie.

La Poétique est un ré-investissement de la « logique du faux » qui est en marge de l'analytique *. La difficulté est de dire si la Poétique est une base pour un nouveau concept de « logique ».


* Aristote distingue la dialectique de l'analytique. L'analytique a pour objet la démonstration, c'est-à-dire la déduction qui part de prémisses vraies. La dialectique a pour objet les raisonnements qui portent sur des opinions probables.
où l'on retrouve tout à la fois l'amoralisme de Baudelaire dans les Fleurs du mal ou de Flaubert dans Madame Bovary, l'affirmation de Gauguin « Le laid peut devenir beau, le joli jamais », et l'esthétique de la violence ou de la mort chez Picasso (Tauromachie, , Guernica), Soutine (Bœuf écorché repris de Rembrandt), Édouard Pignon (Combats de Coqs), ou Paul Rebeyrolles :

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Homme tirant sur ses liens et Homme saignant du nez
Évasions manquées, 1980

en outre l'on décèle déjà chez Aristote le Mentir-Vrai, qui sera théorisé par Aragon comme le propre du roman dans son caractère réaliste même

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« Chef d'équipe ! Dans quel traquenard me suis-je fourrée, moi qui déteste autant diriger que recevoir des ordres ? - Mais enfin, Célanie, tu peux aussi, de ce fait, le faire mieux que tout autre, et préserver tes équipiers du pire sous la coupe d'un petit chef sans scrupules... - Un chef n'existe que pour faire bosser ceux qu'il a sous ses ordres, et gentil ou méchant, sa fonction  ne vise que ce but... - Plains-toi, c'était ça ou refuser cette mutation, et à ton niveau de compétences, tu ne pouvais échapper longtemps à un rôle d'encadrement...»

la Chabine se tut, Afrodite avait raison. Elle était passée la voir chez elle, Rue des Trois Territoires, pour lui confier son aventure amoureuse avec Éliance, le gendarme (voir 58. Poétique de la serpillière). Afrodite : « Tu n'as pas autant d'états d'âme pour baiser un gardien de l'ordre établi... - L'âme ne fait rien aux affaires de cul, Éliance est un bon coup... - C'est ça que tu appelles être amoureuse ? - J'ai de l'amour une conception matérialiste, et sans plaisir du corps, autant se faire nonne... - Pour te faire violer par les moines ?



« - C'est pas pire que dans les partis politiques. - Ou à l'armée , et dans la police ! - Je l'ai choisie et je ne suis pas gendarme. Je mérite d'être rasée pour haute-trahison, et encouragement de l'ennemi de classe, si c'est ce que tu penses, dis-le ! Toi, tu choisis tes amants sur leur profil professionnel ? - Bon, t'as gagné, et puis si tu es heureuse comme ça, c'est pas mes oignons... - Bah, tu sais ce que dit le poète : « Qui a le goût de l'absolu renonce par là même à tout bonheur. » (2)

elles en restèrent là

pendant ce temps-là, Levieux dans sa cuisine ne se demandait pas si ses escargots étaient vraisemblables et plus beaux qu'en réalité. Ils les aimaient comme ça, vivant et bavant, bien traités pour l'éternité, ou bien cuits et bien cuisinés. Le reste était littérature, pas son rayon


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Escargot2

Florage était désespérée. Si son amour, déjà hors d'atteinte dans le roman, où il ne voulait être qu'un personnage parmi les autres, arrêtait d'écrire pour se remettre à la guitare (3), elle n'aurait plus aucune chance de le retrouver, du moins avant longtemps

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 D18ZWmtXcAMDtIe

au jeu des citations, nous vérifions encore ce qu'est cette poétique, et ce qu'elle n'est pas
Aristote :
- Ce n'est pas la fonction du poète de dire ce qui s'est produit, mais bien de dire les événements tels qu'ils auraient dû se produire, et les événements possibles suivant la vraisemblance ou suivant la nécessité.
- La poésie est quelque chose de plus philosophique et de plus grande importance que l'histoire.
- Or le prodigieux est agréable; j'en donne pour preuve que tous, lorsqu'ils font un récit, en rajoutent toujours, pour produire du plaisir.

Hugo :
- Le poète ne doit avoir qu’un modèle, la nature, qu’un guide, la vérité.
- La poésie, c'est tout ce qu'il y a d'intime dans tout.
- La poésie d'un peuple est l'élément de son progrès.

Baudelaire : Je ne comprends pas pourquoi l'homme se sert de moyens artificiels pour arriver à la béatitude poétique, puisque l'enthousiasme et la volonté suffisent pour l'élever à une existence supra-naturelle.

Rimbaud : Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences.

Apollinaire : Les grands poètes et les grands artistes ont pour fonction sociale de renouveler sans cesse l’apparence que revêt la nature aux yeux des hommes.

Aragon :
- C'est à la poésie que tend l'homme. Il n'y a de connaissance que du particulier. Il n'y a de poésie que du concret.
- La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l'embue.

Cocteau :
- La poésie cesse à l'idée. Toute idée la tue.
- Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement.

Prévert : La poésie, c'est un des plus vrais, un des plus utiles surnoms de la vie.

Saint-John Perse : Poète est celui-là qui rompt avec l’accoutumance.

Césaire :
- La vérité scientifique a pour signe la cohérence et l'efficacité. La vérité poétique a pour signe la beauté.
- La connaissance poétique est celle où l'homme éclabousse l'objet de toutes ses richesses mobilisées.

Senghor : Seul le rythme provoque le court-circuit poétique et transforme le cuivre en or, la parole en verbe.

Octavio Paz : La création poétique est d’abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots. Le poète les soustrait à leurs connexions et à leurs emplois habituels. Les hommes se servent des mots ; le poète les sert.

Jean Rouaud : L'art poétique, la mécanique romanesque obéissent à d'autres règles que celles du savoir. L'abandon, la mesure.

Yves Bonnefoy : Le lecteur de la poésie n'analyse pas, il fait le serment de l'auteur, son proche, de demeurer dans l'intense.

Andrée Chédid :
- Vivre en poésie, ce n'est pas renoncer ; c'est se garder à la lisière de l'apparent et du réel, sachant qu'on ne pourra jamais réconcilier, ni circonscrire.
- Si la poésie n'a pas bouleversé notre vie, c'est qu'elle ne nous est rien. Apaisante ou traumatisante, elle doit marquer de son signe ; autrement, nous n'en avons connu que l'imposture.


Michel Leiris : Toute poésie vraie est inséparable de la révolution.
avec ce Leiris là, j'entends aussitôt rameuter les gauchistes, qui n'auront pas lu celui d'hier : « n’aimant pas plus la tour d’ivoire que la place publique, je répugne autant qu’à la littérature dite « engagée », qui se noie presque infailliblement dans une prosaïque utilitaire, à celle qui à l’autre extrême (traiter le langage sous l’unique angle de la création) se dissout facilement dans l’incompréhensible. »

tous les vrais poètes et les vrais artistes ont pu dire la même chose. Dans une interview en 1967 sur le rôle de l'écrivain, Aragon refuse l'étiquette d'écrivain engagé. Il écrit ce qu'il pense, c'est tout. Pour lui, le roman comme la littérature sont des événements et doivent être considérés comme tels

c'est à partir de 68, avec ce pont-aux-ânes du gauchisme esthétique : la poésie et l'art descendus dans la rue, que l'on retrouve chez les prétendus anti-staliniens la même idéologie de l'art que celle du réalisme socialiste à la soviétique, contre lequel, c'est assez peu connu encore, Aragon se battra toute sa vie, n'en déplaise à qui n'a lu que deux vers et demi de Hourra l'Oural. Même réduction à un art engagé chez Carles et Comolli de Free-Jazz Black Power en 1971...

et aujourd'hui dans la prétention poétique ou artistique des graffitis les plus mauvais que l'on aient jamais pu voir sur les murs de Paris, tolbiaceux, blackbloceux et giletsjauneux réunis, même vision de la poésie dans les choix de gauchistes et outre-gauchistes "cultivés", dûment couverts par Libertalia au sommet de l'"art" "nouveau" "révolutionnaire", d'une laideur, d'une raideur, d'une mollesse de dessin et d'une indigence colorée consternantes


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 9782377290062_1_75LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Libertalia-voyageenoutregauche-couv_web_rvb

c'est je pense un indice d'une période tout sauf révolutionnaire que le gauchisme considère comme révolutionnaire ce qu'il produit lui-même, casser ou brûler des symboles du "capitalisme" (guillemets pour ce qu'il en comprend), et de la "poésie" digne des premiers de la casse

il y a lieu de s'inquiéter pour l'art et la poésie le jour, certes improbables, où de tels clowns et clones d'avant-arrière-gardes auraient le moindre pouvoir, contre lequel ils sont, mais jamais en retard de prendre, leur fin justifiant leurs moyens


LE MONDE PARLE SANS FOI NI LOI

Le monde parle sans foi ni loi
Cent fois j'entends la même histoire
est-ce la mienne ou son écho
en moi que je paye de mots
pour qu'il me dise tout
le mal que j'en pense

Pas un mot ne pense pour moi

Ils sortent en foule inconsciente
se défouler des dictionnaires
Manifester la rage d'exister  
sans identité
sans papiers

Mais chacun en catimini frotte sa solitude
à la porte indiscrète
de mon club de rencontres gratuites
en quête d'un démenti à ses origines

Alors tels des abeilles aux oreilles des humbles
ils font leur miel dans ma bouche

Avant de s'accoupler dans le lit de l'univers fleuve
et s'engloser de signifiances neuves

Tout mot renaît d'un autre
en vampire d'un sens endormi
dans le cimetière sociétal
où la lune est livide à l'ennui du ciel
en panne d'étoiles

Plus tard ils médiront ensemble une prière

Qu'un papillon batte de l'aile
à l'autre face du silence
là où la terre a jeté l'ancre
sur la tache aveugle des hommes
à plumes droit dans le derrière
autruches à livres d'or
dans la banque aux gens d'art
gendarmes de la langue
faisant des mots la circulation interdite
et dressant des procès verbeux
au langage insigne
du monde

Ailleurs, 17 décembre 2011
CRISE EN VERS


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 27205227
Il y a de ce côté-là une troupe de soldats. Ils viennent de débarquer du nord par le train. La barricade devrait les arrêter, au cas où l'envie leur prendrait de donner l'assaut à la grande poste. Cette rue grouillait elle aussi de toute une faune de pillards déchaînés qui se jetaient sur tout ce qu'ils trouvaient. Au début, tout à leurs allées et venues d'est en ouest avec le produit de leurs larcins, ils firent à peine attention à l'amoncellement d'objets divers rassemblés par les insurgés. Comme des fourmis rencontrant un obstacle sur leur route, ils infléchissaient légèrement leur parcours et passaient de part et d'autre sans lui accorder un regard. Mais, quand la barricade commença à prendre une certaine ampleur, ils finirent par s'y intéresser. Maintenant que d'autres les ramassaient, tous ces objets qu'ils avaient abandonnés un peu plus tôt et laissé traîner çà et là excitaient tout à coup leur cupidité.
Liam O'Flaherty, Insurrection, 1950, Joëlle Losfeld 1996, trad. Isabelle Chapman, p.71
LA RÉVOLUTION DANS LA RÉVOLUTION

Quand je deviendrons prolétaire
rien ne m'appartiendront ni mes vers
bons à jeter loin des combats
comme l'essence de feux là-bas

Refluera ma bouteille à la mer
le sang noir marée sur les flots
Produiront mes vers solitaires
tout l'effet d'une épée dans l'eau

Là-bas j'engendrerions le haut
dépossédé n'auriant plus qu'à
chanter déveine et mes arts taire

Laissange à d'autres le tracas
d'échanger pieux crabes à terre
contents leurs droits leurs pieds leur lot

Ailleurs, 4 décembre 2011, sonnet 160
CRISE EN VERS

notes

1. d'après Poétique (Aristote)

2. Aragon dans Aurélien, "Le goût de l'absolu"

3. voir PENSER OUTRE PASSER OU TRÉPASSER


Arrow

les 19 chapitres écrits des 6 x 7 de cette deuxième partie

43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière 59. des nouvelles du front (dndf...) 60. la rue est à tout le monde 61. le Parc et la Parque, creuser "creuser" 62. la terre, qui la travaille lui appartient. 63. de l'autre côté des choses et des mots

64. outre matière, un concept ignoré de la philosophie, des sciences, et des arts 65. outre-repos, mots pour mémoire 66. Poétique en outre

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Empty Re: LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2

Message par Patlotch Mar 19 Mar - 16:00


chapitre 67

OUTRE OUI OU NON


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Bartleby-image-1
lundi 18 mars

mille fois répétée, et devenue slogan publicitaire sur tee-shirts, sacs... on trouve la célèbre phrase de Bartleby de Melville (1) dans la bouche de nombreux qui, bien évidemment, préfèrent toujours trancher et répondre par OUI ou NON. Il se trouve que c'est en la détournant que j'ai trouvé mon pseudonyme pour facebook : J-Préféré Nepas



Denis Grozdanovitch, dans le livre cité chapitre 64 y consacre quelques pages sous le titre La préférence négative, en décrypte ce qui « ne laisse pas de nous interroger, nous autres lecteurs, depuis près d'un siècle et demi, est le fait que cette réponse n'est ni un refus ni une acceptation mais se maintient obstinément dans l'irrésolution... l'équivoque, [...] l'indétermination, l'absence de décision [...] ébranlant la mentalité de nombreux lecteurs occidentaux [ qui rejettent le principe de non-contradiction, les "dissoï logoï" de la pensée grecque antique, ne pouvant tolérer que les choses ne soient pas clairement déterminés, [...] de laisser des zones obscures, brumeuses ou indiscernables au sein de notre pensée vouée au culte des « lumières »»

il le met en relation avec le fait que « les premiers explorateurs furent stupéfaits de découvrir que certaines peuplades, sur cette planète, ne possédaient pas de formule pour dire oui ou non et que les notions d'acceptation ou de refus n'existaient pas nettement chez elles », et souligne que « le génie particulier de Melville - fatalement appelé à demeurer dans l'ombre de son vivant, au cœur d'une Amérique engoncée dans sa distinction forcenée du "Black en White" - est d'avoir réussi à subvertir la rationalité intransigeante par des démonstrations métaphoriques de grand style. »

« équivoque », « non-rationalité », « métaphores », ni Žižek ni Grozdanovitch ne le rappellent, sont justement des ingrédients indispensables à la poésie, la notion d'équivoque et d'ambiguïté étant fondamentale dans la démarche des surréalistes, et mise par Aragon au cœur de sa poétique, disant « aimer les phrases qui se lisent de deux façons », ambivalence qui sera au centre de son œuvre à partir du Roman inachevé en 1956, avec les jeux de miroirs déjà évoqués de La mise à mort en 1965, les masques etc.

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Arton2118-ada49

et jusqu'à affirmer : « L'ambivalence me semble au contraire au fondement même de la poésie. » Précisons pour les ricaneurs et les autres qu'il ne s'agit pas ici de l'ambivalence d'Aragon entre son œuvre et son engagement politique

toujours-est-il que ma position à moi dans ce roman est d'affirmer en même temps certains points de vue dépourvus de toute ambiguïté et ailleurs la nécessité de cette ambiguïté sans laquelle il n'y a pas pour moi de poésie possible, c'est-à-dire pas de vie possible, et je trouve que la phrase « Je préférerais ne pas... », posée comme une affirmation plus qu'un doute, en est le parfait condensé

il n'est donc pas étonnant que j'aies pu être, à certains moments de mes engagements, confrontés à des "camarades" me posant la question : « T'es dans quel camp, toi ? », et soupçonné par d'autres d'être dans le camp "ennemi". C'est d'ailleurs le même genre de "camarades" qui font grand cas de "la poésie dans la rue" (si elle y est, quel besoin de le crier ?), et s'extasient devant la beauté de leurs flammes

Michelle, kiosquière sur les Champs-Elysées : « Ils brûlent pour s’amuser ! Quand ils ont brûlé en bas, je les ai vus. Il y en a un qui a mis les bras en l’air. Il était content, ça brûlait, il y a du feu... le feu de joie. »


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"Ces gens sans foi ni loi, comment ils peuvent détruire la vie des autres ?"
LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 17218143

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Feu_de_joie

PROGRAMME
1920

Au rendez-vous des assassins
Le sang et la peinture fraîche
Odeur du froid
On tue au dessert
Les bougies n'agiront pas assez
Nous aurons évidemment besoin de nos petits outils

Le chef se masque
Velours des abstractions
Monsieur va sans doute au bal de l'Opéra
Tous les crimes se passent à La Muette
Et cœtera

Ils ne voient que l'argent à gagner Opossum
Ma bande réunit les plus grands noms de France
Bouquets de fleurs Abus de confiance
J'entraîne Paris dans mon déshonneur Course
Coup de Bourse

La perspective réjouit le cœur des complices
Machine infernale au sein d'un coquelicot
Ils ne s'enrichiront plus longtemps
C'est à leur tour

Étoile en journal des carreaux cassés
Je connais les points faibles des vilebrequins
mes camarades

On arrive à ses fins par la délation sans yeux
Le poison Bière mousseuse
Ou la trahison.

Celui-ci Pâture du cheval de bois
Je le livre à la police
Les autres se frottent les mains
Vous ne perdez rien pour attendre
Il y aura des sinistres sur mer cette nuit
Des attentats Des préoccupations
Sur les descentes de lit la mort coule en lacs rouges

Encore deux amis avant d'arriver à mon frère
Il me regarde en souriant et je lui montre aussi les dents
Lequel étranglera l'autre
La main dans la main

Tirerons-nous au sort le nom de la victime
L'agression nœud coulant
Celui qui parlait trépasse
Le meurtrier se relève et dit
Suicide
Fin du monde
Enroulement des drapeaux coquillages
Le flot ne rend pas ses vaisseaux
Secrets de goudron Torches
Fruit percé de trous Sifflet de plomb

Je rends le massacre inutile et renie le passé vert et blanc pour le plaisir
Je mets au concours l'anarchie dans toutes les librairies et gares.


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illustration de Picasso pour Feu de Joie, 1919

aujourd'hui, l'ami Henry reçoit sa nouvelle guitare. Il va animer les soirées d'Étroit Territoire, Zone Autonome de Délires de la bande à Alfonce, avec Levieux, Célanie, AliBlabla, Niki, Afrodite, Calice et Ronin

Alfonce ne suivait jamais pour créer du neuf que son envie, persuadé avec Jacques Brel, que « Le talent, ça n'existe pas. Le talent, c'est d'avoir envie de faire quelque chose », et que l'"inspiration" en découle à condition d'y consacrer le travail et le temps nécessaires, avec auto-discipline



toute l'énergie d'Alfonce ne pouvait s'investir que dans des activités dont il avait le désir, et maintenant, il ressentait un certain épuisement de l'énergie déversée depuis deux mois dans l'écriture du roman

l'idée de reprendre la guitare lui était venue d'un coup, et se présentait idéalement comme un ré-investissement de son ardeur dans une persévérance qui, de fait, ne lui demandait pas d'efforts, parce que le travail devenait un besoin, ce qui rejoignait l'idée que Marx se faisait du travail débarrassé de l'exploitation et de l'aliénation

En somme, dans la société communiste, telle que Marx l’entrevoit, tout homme sera riche par son travail et par le résultat de son travail et tout homme sera pauvre dans l’exercice de son travail par le fait même d’éprouver en toute son activité vitale l’absence ou le manque d’une richesse qui lui est essentielle.

Tout homme sera riche par son travail : c’est l’affirmation majeure de Marx et c’est aussi l’affirmation retenue par les commentateurs. [...]

Mais en même temps, tout homme sera pauvre dans son travail, dans son activité vitale ou dans l’épreuve de sa vie, puisque toute la vie est une activité, que toute activité s’exprime dans une notion renouvelée de travail et que son travail est sous la recherche et l’attente d’autrui comme richesse essentielle : c’est ici une affirmation mineure de Marx et le plus souvent ignorée des commentateurs.


Marx a écrit:Manuscrits de 1844
L’homme riche est en même temps l’homme qui, pour vivre, a besoin d’une totalité de manifestations humaines, l’homme chez qui sa propre réalisation est une nécessité intérieure, un besoin. Non seulement la richesse, mais aussi la pauvreté reçoit une signification humaine, donc sociale. La pauvreté est le lien passif qui fait que l’homme éprouve le besoin de la plus grande des richesses : autrui. La prépondérance de l’être objectif en moi, le jaillissement sensible de mon activité essentielle, c’est la passion : elle devient alors elle-même l’activité de mon être.

Grundrisse de 1857-1858
Le travail est un feu vivant qui façonne la matière. Il est ce qu’il y a de périssable et de temporel en elle, c’est le façonnage de l’objet par le temps vivant.

L’homme riche est l’homme qui pour vivre a besoin d’une totalité de manifestations humaines.

Il n’est nullement contradictoire que le travail ait d’une part pour objet la pauvreté absolue et d’autre part pour sujet et activité la possibilité générale de la richesse. En fait cette contradiction dans les termes découle de la nature même du salariat.

Travail et pauvreté chez Marx, Arnaud Berthoud, Cahiers d'économie Politique 2010/2 (n° 59), pages 141 à 162
pour Alfonce, les visions "anti-travail" ou s'imaginant la révolution communiste comme "abolition du travail" relevaient de fantasmes tant qu'elles n'ajoutaient pas "travail salarié" ou "travail comme marchandise, valeur d'échange entre l'exploiteur et l'exploité", et tout le reste était littérature, si l'on retient que ni la vie ni la poésie n'en ressortent comme champ littéraire, dans le sens du dernier vers de Verlaine dans son Art poétique, et non d'Aragon affirmant en 1967 que « Le roman comme la littérature sont des événements et doivent être considérés comme tels. »

pour le dire franchement, abolir le travail comme activité humaine de création, cela relevait pour Alfonce d'un non-événement passé, présent, ou avenir

quant à son travail d'écriture, Alfonce était évidemment content de retenir l'attention quotidienne de quelque 150 ou 200 lecteurs (et lectrices), car cela pouvait être pris comme un encouragement à poursuivre, mais le concernant tout relatif. En effet, il avait écrit LIVREDEL avec la même énergie sans le publier pendant 15 ans, en n'ayant qu'un seule lectrice, et ne voyait pas vraiment la différence

Stendahl s'était en 1938 enfermé 7 semaines durant, pour dicter à une scribe les quelques 500 pages de La Chartreuse de Parme, et ne s souhaitait qu'un « heureux petit nombre de lecteurs ». Il n'avait reçu que peu d'échos et d'éloges dans la presse, mais un long article élogieux de Balzac en 1840. Peut-être présomptueux il l'époque, il écrivait « Je serai lu en 1880 » et « Je serai compris en 1935 », mais sa prédiction se révélera exacte

Alfonce avait écrit sans scribe et publié sans éditeur à une rythme quotidien comparable, mais lui considérait qu'il devait être lu maintenant, qu'après il serait trop tard et que de telles idées seraient alors répandues sans besoin de lui ni de ses écrits. Il savait aussi que la forme informe de son roman qui n'en était pas un ne lui donnait aucune "chance" d'être publié, et s'en satisfaisait fort bien pour les raisons déjà évoquées

Henry Lassaigne serait donc le personnage qui interpréterait le rôle d'Alfonce guitariste, mais encore faudrait-il le faire parler, relever ses propos à défaut d'enregistrer encore sa musique, et de le transcrire dans le roman avant la fin de la seconde partie, tout en commençant à ré-apprendre des trucs de guitariste qu'il n'avait pas joués depuis une douzaine d'années. Il avait remarqué qu'avec le temps, il ne perdait pas en oreille ni en musicalité mais que la technique était à reprendre, et il lui faudrait l'adapter à ce qu'il entendait jouer désormais, des blues ou thèmes de sa composition dans une version soliste

comme toute pratique artistique, la peinture ou l'écriture, jouer correctement d'un instrument de musique nécessitait d'y consacrer régulièrement quelques heures par jour, et d'ici à la fin de partie du roman, il lui faudrait répartir son temps entre l'écriture et la guitare, ce qui ne manquerait pas, soit de raccourcir les chapitres soit d'en changer la facture. Il opta pour l'abandon des images et citations, dont la recherche et la mise en forme mangeaient le temps de l'écriture, et pour un texte résolument romanesque entièrement dédié à faire vivre ses personnages intensément les quelques deux semaines qui leur restaient


notes

1. si l'on veut vraiment entrer dans la nouvelle de Melville expurgée de ses surinterprétations philosophiques, psychologiques et politiques  quand le texte célèbre en France dans les années 70 et depuis, par Blanchot, Deleuze, Derrida, Badiou, Rancière et encore Toni Negri, Giorgio Agamben ou Slavoj Žižek... je conseille ce texte qui revient au texte et n'en reste pas à la formule et une signification bien souvent sorti du contexte : Bartleby. « I would prefer not to » ou la disparition des possibles, Marie Blaise, Université Paul‑Valéry, Montpellier 3, Laboratoire Crises. Je retiens particulièrement ce passage :


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 9781438288918-us
Une histoire de Wall Street.
Recommençons tout autrement. Comme le rappelle le sous‑titre de la nouvelle, l’affaire se passe à Wall Street, au milieu du XIXe siècle. Cela fait alors plus d’une cinquante d’années que, selon le récit national américain, vingt‑quatre négociants se sont entendus, sous un platane (Buttonwood…) de la « rue du mur », créant ainsi, la bourse de New‑York en 1792. Au début de la seconde moitié du XIXe siècle, New‑York, la ville natale de Melville, celle où il revient après ses voyages et où il mourra, est en passe de devenir la place financière majeure du monde occidental mais elle ne l’est pas encore. Allan, le frère aîné de Melville avec qui Herman et sa femme ont partagé un appartement, était un homme de loi de Wall Street et, comme le narrateur de Bartleby, il a occupé quelque temps le poste de conseiller à la cour de la Chancellerie, jusqu’à ce que la Constitution de 1846 abolisse le titre. Dans la ville, la grande richesse de commerce et d’industrie côtoie la pauvreté terrible des immigrants, irlandais essentiellement au début des années cinquante. Les émeutes et les guerres entre les gangs sont communes. Les grèves se répètent. Pendant les années quarante, le mouvement ouvrier, sans jamais atteindre la réussite qu’il put avoir dans l’Europe en 1848, ne cesse de se développer, en même temps que le capitalisme de marché dont Wall Street va devenir le cœur. Le droit à la propriété est le sujet de toutes les polémiques. Walt Whitman écrit en 1850 que « New York is the most radical city in America » C’est dans ce contexte que le narrateur de la nouvelle décrit ses « occupations premières - le notariat, la chasse aux titres et l’établissement de toute sorte de pièces abstruses ». Le récit se situe dans un passé assez proche du présent de la narration. Les allusions au contexte historique et géographique sont très abondantes. Il est évident que, loin de se présenter comme un conte délié de toute référence historique, le texte s’ancre dans un présent spécifique, qui en légitime le sous‑titre, curieusement négligé, parfois même par les interprétations les plus politiques de la nouvelle. À quelques exceptions près cependant, comme la lecture très précise de Barbara Fowley qui replace « Bartleby » dans le New York du XIXe siècle.
voilà le problème, quand les philosophes se mêlent d'« analyser » (analiser ?) la littérature...

Patlotch
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Message par Patlotch Jeu 21 Mar - 9:00


chapitre 68

OUTRE ÂGE DU PRINTEMPS
mercredi 20 mars

une catastrophe était dans l'air, qui ne faisait pas encore la Une des journaux. Le genre de calamité qui bouleverse le cours de l'histoire, et dont personne n'a relevé qu'ils arrivent comme par hasard un 20 mars depuis des siècles : que font les historiens ?


- 845 : première apparition des Vikings aux portes de Paris
- 1342 : instauration en France de la gabelle, impôt sur le sel
- 1503 : Instruction de Saragosse visant à la sédentarisation et à l'évangélisation des Amérindiens
- 1602 : fondation de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales par fusion de huit compagnies commerciales néerlandaises
- 1727 : mort d'Isaac Newton, philosophe, mathématicien, physicien et astronome anglais
- 1739 : Nâdir Shâh, le Napoléon iranien, prend la ville de Delhi qu'il fait piller et ordonne le massacre de 30 000 de ses habitants
- 1815 : Napoléon, retour de l'île d'Elbe, entre triomphalement dans Paris
- 1897 : la France signe avec l'Éthiopie un traité fixant la frontière de la Somalie
- 1907 : les troupes de Lyautey occupent Oujda au Maroc
- 1940 : formation d'un gouvernement chinois pro-japonais à Nankin, dirigé par Wang Jingwei, de l’aile gauche du Kuomintang
- 1951 : en Argentine, le régime militaire de Juan Perón exproprie le quotidien La Prensa
- 1965 : France Gall gagne l'Eurovision pour le Luxembourg avec Poupée de cire poupée de son
- 1976 : au Cambodge, les khmers rouges, seuls habilités à présenter des candidats, raflent la totalité des 250 sièges au parlement
- 1977 : Jacques Chirac devient le premier maire de Paris. Jusqu'alors un préfet dirigeait la capitale
- 1995 : attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo
- 2001 : la plus grande plate-forme pétrolière du monde, endommagée par une série d'explosions meurtrières, sombre dans l'Atlantique sud, à cent vingt kilomètres des côtes brésiliennes avec à son bord un million et demi de litres de pétrole brut et de gazole
- 2003 : les États-Unis et le Royaume-Uni engagent contre l'Irak l'intervention militaire baptisée « opération liberté irakienne »


dans toute l'histoire mondiale, de mémoire de Wikipédia, n'eut lieu un 20 mars qu'un seul événement heureux, la naissance en 43 av. J.-C. du poète Ovide, auteur de l'Art d'aimer et des Métamorphoses

À l'automne de l'an 8 ap. J.-C., sur un simple édit d'Auguste, Ovide est assigné à résidence en Scythie mineure, sur les bords de la mer Noire, sans débat judiciaire pour ne pas ébruiter l'affaire. Ni banni ni déporté, mais relégué, il reste citoyen romain, conserve sa fortune et ses esclaves, mais soumis à l'obligation du silence. Son exil est révoqué en décembre 2017 par la municipalité de Rome, qui le réhabilite officiellement : en 2017 !
autant dire qu'en l'Étroit territoire, on le pressentait, on le savait, quelque chose se tramait quelque part contre nous en ce jour de d'équinoxe de printemps, preuve irréfutable qui fairait mentir l'expression : « Ya plus d'saisons, ma bonne dame ! »

et qui savait que depuis 2013, le 20 mars était décrété par l'ONU Journée mondiale du bonheur ?

depuis ce matin, les signes s'accumulaient. Mamy Radore avait à l'aube, à l'heure où blanchissait la banlieue, retrouvé Félice son chat mort. De sa plus belle plume de corbeau elle avait, sous le pseudonyme de Birgitt Tarbote rédigé une lettre aux Préfets du neuf-trois et du neuf-quatre

Cette ville qu’ils appellent "ville de sa tante" est la seule de toute l’outre-terre française qui continue à se conduire aussi sauvagement avec les animaux issus de la nature. Les autochtones ont gardé leurs gênes de sauvages... Vous autorisez les balles de défense avec perforcement d'yeux en offrande à votre Jupiter. Tout ça a des réminiscences de colonialisme et devrait être interdit. J’ai honte de cette ville, de la sauvagerie qui y règne encore, des risques que prennent les êtres humains qui tentent au péril de leurs vies de sauver des chiens, des chats, des rats pris pour cible par une police dégénérée imprégné des coutumes ancestrales et des traditions barbares de l'État qui sont leurs souches.
cela s'était poursuivi à FoSoBo, sur la terrasse même d'Alfonce, où une pie avait volé dans les plumes de sa chatte et lui avait piqué sa ficelle dorée avec laquelle elle adorait jouer depuis toute petite. Puis il y a avait eu les hurlements en faveur de Sade poussés par sa voisine Lisenogoude, adepte de la vie en gris, couleur de grille dit Leiris. Il n'était pas encore 7 heures et tout indiquait l'arrivée timilente du printemps !

dans sa cuisine, Levieux à quatre pattes passait la serpillière sur la bave de ses bourgognes, d'une étrange couleur jaune comme il n'en avait jamais vue. Il soupçonna Lauteur de les avoir empoisonnés. AliBlabla étudiait le rat, autrement dit la langue des rats, et commençait à discerner les différences entre issus de l'immigration depuis des générations et nouveaux migrants à mi-gré. Il nota un comportement étrange de la Souris, l'amie de Calice et Ronin : depuis ce matin, elle tournait en rond après sa queue, mais en sens inverse des jours précédents. Était-ce un effet de l'équinoxe de printemps, et du phénomène astronomique sous le soleil exactement à l'instant où il passe à travers le plan équatorial de la Terre, changeant ainsi d'hémisphère céleste ?

« L'hémisphère, c'est leste, se dit Ali, mais ça dépend, peut-être que le cerveau de la souris songeuse ayant dératissé Hegel est plus rapide que celui du rat belet, celui qui fait le beau ? »

la catastrophe était arrivée avec le printemps, grâce à la deter'mination des Blacks Blocs vener anarchistes à pousser plus loin le désordre marginal des Gilets jaunes : l'État aurait désormais recours à l'armée, en l'espèce aux soldats mobilisés dans l'opération Sentinelle contre le "terrorisme islamiste"

« Comment, "ce n'est pas une catastrophe" ? et "ça n'a pas sa place dans un roman" ? » Vous voyez midi, et toutes les heures, à votre porte. Et puis merde occupez-vous de vos oignons, si ce roman ne vous plaît pas, vous n'avez qu'à en lire un autre ! »

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Message par Invité Jeu 21 Mar - 19:00


chapitre 69

OUTRE TEMPS, OUTRE MŒURS
69, chapitre érotique
jeudi 21 mars

la ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE était le lieu singulier et en même temps général de ce que qui se passait là comme étant ailleurs, et ailleurs comme étant ici, et cela englobait le passé, le présent et l'avenir. Littéralement un microcosme, un abrégé de l'univers, l'univers même en réduction perdu dans l'infini du temps et de l'espace car cela englobait au-delà du globe

la ZAD était outre-temps et ses personnages des outres, non point « gonflées par le vent » comme dans Les Lettres persanes, mais pleines de tout ce qu'étaient leurs semblables par le Tout-Monde. Ils étaient pour ainsi dire hors-d'âge, comme ces alcools composés de diverses eaux-de-vie plus ou moins vieillies, assemblage par excellence, avec le privilège, chez les plus âgés, Levieux, Alfonce, Henry de les contenir tous, car comme disait Hugo : « L'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges. »

la ZAD était Zone À Dé-lire ce qui était lié par la sauce romanesque, et délier ce qui serait lu par la lectorate, ce lector qui n'est pas la femme du lectorat

la place des femmes dans le roman est outre, et la lectorate n'est pas la femme du lector plus qu'Andromaque, femme d'Hector, fils de Priam, roi de Troie, modèle de vertus domestiques et familiales. Les femmes de l'outre-réel sont, outre réelles, en outre irréelles au sens commun. Elles mentent vrai et c'est en quoi elles sont des personnages de roman. Elles sont plurielles et au pluriel car la femme du roman n'existe pas

les femmes du roman pratiquent un amour libre qui s'invente sans théorie, de même que le roman comme poème n'est pas la mise en œuvre d'une poétique, au sens où, disait encore Hugo : « Ne vaudrait-il pas toujours mieux faire des poétiques d'après une poésie, que de la poésie d'après une poétique ? » Si le roman est entre autre et outre poétique, c'est d'être outre une poétique

je vois que certains lecteurs ne suivent pas, preuve irréfutable que la femme est l'avenir de la lectorate. De même que l'outre-réel contient le réel et le dépasse, le sens du roman contient et dépasse le non-sens. L'érotique est en outre, de surcroît, pour qui le sent à la lisière du dit et du non-dit. Établissons un parallèle :

de même que Marina Tsvetaeva écrit en 1932 dans Le poète et le temps : « Le thème de la Révolution / est une com­mande du temps. / Le thème de la glo­ri­fi­ca­tion de la Révolution /est une com­mande du Parti. », les lecteurs, pour suivre, doivent considérer que le thème de l'érotisme dépend de leur sensibilité, et ne pas l'attendre d'une glorification par le parti du sexe en excès. Et donc personne ne peut leur apprendre à lire davantage que nous n'avons appris à écrire ou, au demeurant, à faire l'amour

ainsi se présente l'érotisme comme étant là ou pas, il y a du désir ou il n'y en a pas, il y en a pour les un où il n'y en a pas pour d'autres


22 LE CORPS D'ILYA

Ilya n'a pas d'essence
hors de sa consistance

Ilya est le corps même
elle est à tout présence
elle est toute existence

Comment ne pas, Ilya, la désirer ?
Comment la posséder sans en être saisi ?

23 BEAUTÉ D'ILYA

Mais enfin, Ilya n'est pas belle
ou tout aussi bien laide

Rien de joli joli dans sa nature
ce qui fait son attrait
n'est pas d'une créature
telle une femme désirée

Il n'y a aucun charme en Ilya, que d'être là

34 LE SEXE D'ILYA

c'est le sexe d'un ange
ce qui, convenons-en,
de la diablesse change
le non-sens

le poète esquive
et le dé tombe à l'eau

(quelqu'un lui a soufflé qu'Ilya s'en branle)

LE ROMAN D'ILYA, allégorie de la réalité, 2017

les mœurs libérées de Célanie, Afrodite et Niki Kleur n'empêchent pas leur dépendance des relations avec les hommes qu'elles soient amoureuses, sexuelles, ou les deux. Elles s'autorisent à faire ce que d'autres s'interdisent, et qui y trouverait à redire. « - Niki Estorque Girl comme modèle de libération... - Aucune n'est un modèle mais une façon de n'en faire qu'à sa tête, à ses risques et périls, et si les trois y trouvent leurs plaisirs, qui le leur reprocherait ? - Elles se prostituent pour le fric ou un avantage, Célanie au boulot, Afrodite en manipulatrice de ses amants, Niki dans la prostitution sur Internet ! - Et alors, qui prétend que les prostituées ne prennent pas aussi du plaisir ? »

cette éthique était partagée par les personnages, et c'est en ceci qu'ils étaient hors du commun, outre-commun, tout en étant comme tout le monde. Ce qu'il faisaient en outre, chacun.e eût pu le faire tout aussi bien, l'interdit n'étant qu'intériorisation de la loi ou des bonnes mœurs, inhibition, servitude volontaire. Et l'on pouvait leur expliquer sur tous les tons que cela relevait d'individualisme et non d'activités changeant le monde, ils n'en avaient rien à cirer. Certains êtres sont libres parce qu'ils vont outre les limites que d'autres se donnent ou que la société leur impose

au fil de leur expérience de la vie, mes personnages ont appris on l'a vu à n'en faire qu'à leur tête et ceci aussi bien, d'un côté contre la puissance publique de la société que l'opinion publique ou privée qu'on pouvait avoir de leurs paroles et de leurs actes, que de l'autre côté, le même en dernière instance d'un pouvoir cherchant à s'imposer par tous les moyens, contre les fantasmes révolutionnaires promus en activités théoriques ou pratiques inconnues de 99% de la population et rejetées par 99% du 1% restant. Changer leur vie ne serait jamais pour mes personnages que leur affaire. J'y veillerai personnellement

et s'il est un domaine pour commencer à changer sa vie sans attendre d'abolir les rapports de domination exercés, acceptés ou combattus par d'autres, c'est par excellence le sexe dans une relation intime de réciprocité partagée, à l'exclusion de toute considération de genre, un pouvoir qui est l'apanage des femmes au-delà ce qu'en pensent la plupart

c'est ce pouvoir qu'en toute conscience exercent les femmes du roman, loin des flonflons féministes sur le patriarcat, du "toutes les femmes dominées par tous les hommes" du Savant de Marseille communisateur outre sa femme, et des considérations d'Andréa Dworkin pour qui tout acte sexuel entre un homme et une femme ne saurait être qu'un viol d'icelle par icelui : la femme du roman est le présent de l'homme à libérer, et libre à lui de le vouloir ou pas

« Ce prétendu dé-lire n'est qu'un vaste oxymore verbeux, un blabla théorique sur le sexe à cent lieues de toute pratique sexuelle, d'un moralisme à faire fuir le lecteur honnête que je suis d'abord, moi Lauteur exclu de son roman même par quelque nègre infoutu de nous écrire une bonne scène de cul. »

à l'heure où Lauteur récriminait, Célanie s'envoyait son gendarme dans la position du Contorsionniste, Niki un client fidèle dans celle d'Andromaque, la femme d'Hector, et Afrodite un amant à bonne queue mais qui puait du bec dans celle de l'Amazone. On a dit pas d'images, et le roman, même en tant qu'érotique, n'est pas un cours d'éducation sexuelle, telle que à l'heure où je l'écris, Calice passait de l'autre côté de la culotte de Ronin, samouraï sans maître mais pas sans maîtresse

le sexe est aussi le haut-lieu de la morale, d'abord religieuse. Des chercheurs ayant analysé plus de 400 sociétés sur 10.000 ans ont établi quel'idée d'un dieu moralisateur n'est pas nécessaire à l'émergence de civilisations, c'est plutôt l'inverse. Mais la morale est passée dans l'éthique du capitalisme, comme trop souvent dans celle de ses adversaires communistes ou anarchistes, qui en sont aujourd'hui si pétris qu'ils en font sans le savoir, avec fort peu d'éthique au demeurant

il en résulte que mes personnages, outre un rejet du puritanisme d'où qu'il vienne, ont fait leur et prolongé le mot d'ordre de Brecht dans L'Opéra de quat' sous : « D'abord la bouffe et le sexe, ensuite la morale ! ». Ils sont passés outre morale

résumons-moi : outre temps, outres mœurs, outre âge, outre érotique, outre sens, outre morale. En outre poétique, tenez-vous le pour dit !

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Message par Patlotch Ven 22 Mar - 18:33


chapitre 70

OUTRE MESURE, OUTRE HABITUDE
vendredi 22 mars

Henry Lassaigne n'était pas encore entré dans le roman. Il consacrait son temps à sa nouvelle guitare fabriquée au Québec, dont il admirait la table en cèdre massif de 800 ans d'âge, au fil droit et serré, au vernis rappelant les polis français du 19e siècle, laissant le bois respirer et vibrer librement, et le vieillissement faire son œuvre, la sonorité s’améliorant avec le temps


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 20171110_140308

mais la sonorité d'un instrument, Henry le savait, venait autant du musicien, et c'est pourquoi, plutôt que s'enfermer comme autrefois dans des exercices de pure technique, il s'attachait à faire sonner sa guitare et à en tirer toute la variété et la profondeur de sons qu'il pouvait. Pour l'heure, son problème n'était pas tant la technique comme telle que ses doigts qui n'avaient pas encore la corne suffisante pour qu'il pût obtenir les vibrations souhaitées. Il était comme un débutant qui découvre qu'il faut souffrir pour jouer bien. Il y faudrait des semaines de travail quotidien, si bien qu'il ne pourrait donner au roman sa musique, celle qu'il avait en tête

là, par exemple, en ce 22 mars qui pour d'autres évoque le mouvement des étudiants de Nanterre en 69, il avait en tête la mélodie d'un thème qu'il avait composé en 1984


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 22vlalprintemps

pour Henry, ce qui faisait la grandeur d'un musicien, c'était sa  singularité, le fait qu'on puisse d'emblée le reconnaître au bout de quelques notes, et c'est ce qui l'avait fasciné chez les géants du jazz, Louis Armstrong, Django Reinhardt, Lester Young ou Charlie Parker, Miles Davis ou John Coltrane, et même des pianistes comme Thelonious Monk ou Keith Jarrett

c'était à cent lieues de la recherche d'un son pur évoquant le divin, tel qu'on le recherchait aux temps du classicisme, l'interprète devant s'effacer derrière la partition, comme si cette pauvre transposition pouvait contenir ce que le compositeur y avait mis, à l'image d'un concept philosophique auquel on voudrait faire dire tout ce qu'il recouvrait dans la réalité

et pour cela, il n'était point besoin de disposer de l'instrument le plus coûteux. Des gamins dans toutes les rues du monde tiraient d'instruments de fortune pour infortunés, boîtes de conserve, bidons, guitares bas de gammes, des sons inouïs et d'une beauté à percer le cœur. Il l'avait entendu à Cuba comme dans les villages de Bulgarie, les ruelles de Budapest, mais il est vrai rarement en France, ou bien chez les Gitans, qui sont peut-être les derniers à apprendre la musique par transmission orale, et non au conservatoire, drôle de nom, en passant...

voilà le genre de son que cherchait Henry

de même, et bien que sa guitare disposât d'un micro de qualité et lui d'un vieil ampli à lampe supposé respecter le son acoustique d'origine, il ne l'avait pas branchée. La meilleure chaîne de reproduction sonore n'en produirait jamais qu'une déformation. Dans les salles dotées d'une bonne acoustique, les musiciens classiques ont joué des siècles sans amplification, et encore Segovia à Pleyel devant 2000 personnes. Un instrument doit s'écouter à son niveau sonore réel

et puis, surtout, Henry ne jouerait jamais devant des foules, ni même sur aucune scène, dans un café bruyant où l'écoute est perturbée par les bruits de toutes sortes. Non, il jouerait pour les siens, ses amis et ceux du roman, dans la cuisine de Levieux ou dans la chambre d'Afrodite, ou assis sur un banc dans un parc de l'Étroit territoire. Ou alors à l'occasion d'une fête, pour faire danser et chanter, mais c'est une autre histoire

l'autre histoire, c'est qu'en fait de bouffe avant la morale (Brecht, voir chapitre 69), il y avait des semaines que la traditionnelle réunion culinaire du jeudi, dans la cuisine de Levieux, ne s'était pas tenue. Il ne cuisinait d'ailleurs plus que pour ses escargots, qui s'engraissaient et bavaient de plaisir. Il fallait remédier à cet abandon d'une bonne habitude

observez les oiseaux, dans leur vie riche et pleine d'imprévus, la bonne habitude est ancrage, balise, repère. Elle structure la vie, rythme le temps. Ainsi de faire le ménage pour vivre sain et propre, à moins qu'à l'instar de Bégaudeau, le révolutionnaire « prolo » du XIe arrondissement dans son « habitus non bourgeois », l'on commence par « Ici, la règle est le sale ». La bonne habitude n'est pas nécessairement la même pour tout le monde, mais il en est de toujours mauvaise, comme battre sa femme ou même son chien. Ah oui, Levieux nourrissait aussi Pif avec soin, de la viande, des légumes verts, du riz et de l'huile de soja, jamais de chocolat

une mauvaise habitude n'est pas forcément de faire le mal, elle peut être de répéter toujours la même chose, et l'habitude devient alors nocive, génère l'ennui et la vie morne, nous enferme, nous possède, nous sclérose. C'est aussi pourquoi Alfonce arrêterait d'écrire après le 84e chapitre. Là, il avait pris prétexte d'un bug d'éditeur informatique pour passer la main à Florage, qui le faisait sans broncher, ce qui devait cacher quelque chose

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Message par Invité Sam 23 Mar - 14:41


chapitre 71

UNE LETTRE DE PATLOTCH
et UNE PÉTITION DES PERSONNAGES
samedi 23 mars
Patlotch a écrit:chère Lectorate,

rien ne va plus. Le forum d'édition a subi une attaque informatique par l'introduction d'un cheval dans l'Étroit territoire. Profitant d'une défaillance dans le maintien de l'ordre romanesque, la dénommée Florage a pris le contrôle du roman dont elle dirige désormais l'intrigue à sa guise avec la complicité de Lauteur, dans la sombre intention de faire sombrer le reste dans la littérature

en tant que responsable de la publication, j'ai fait appel à l'armée de réserve des soutiers, qui œuvre jour et nuit au rétablissement de la situation virtuelle, qui est donc grave, mais non désespérée

dans ces circonstances exceptionnelles indépendantes de ma volonté et de celles des personnages, Alfonce poursuivra son travail de nègre, qui sera publié en différé dans des conditions qui seront ultérieurement portée à votre connaissance

veuillez recevoir, chère Lectorate, l'expression de mes sentiments les meilleurs
NOS VIES NE SONT PAS UN ROMAN !
FLORAGE COMPROMISSION, PATLOTCH DÉMISSION !
NI DIEU, NI MAÎTRE, NI PREMIÈRE DAME !

Nous, personnages bien réels du cycle romanesque de l'outre-réel, apprenons avec consternation qu'une certaine Florage, dite La Liseuse écrit ici à l'autocrate de ces lieux : « je suis devenue du roman la carte maîtresse, Première Dame de corps et d'esprit », et que le susdit ruse sous ses masques, arguant comptant qu'il s'agirait d'« une attaque informatique par l'introduction d'un cheval dans l'Étroit territoire [...] fait appel à l'armée de réserve des soutiers...»

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 490297
Gille : ancien personnage de la comédie burlesque, représentant le type du niais.
« Les masques abondaient sur le boulevard.
Il avait beau pleuvoir par intervalles, Paillasse, Pantalon et Gille s'obstinaient. »

Hugo, Les Misérables, 1862

Ainsi donc, non content de livrer nos vies privées en pâture à des gilles et tristes, notre outre-liberté ne serait qu'un leurre et nous n'aurions d'existence qu'écrite. Tous et toutes qui nous connaissez pour nous croiser chaque jour dans notre quartier de noblesse et fesses sans confesse, et parfois partager nos aventures épiques et colèrgammes, savez bien qu'il n'en est rien.

Nous nous réservons par conséquent de continuer comme si de rien n'était, ni même lectorate qui soit, et si par hasard se trouvait parmi vous quelqu'un y trouvant à redire, vous n'avez qu'à lui répondre que nous avons bien l'honneur chez nous, dans l'Étroit territoire, à cette place, de dire que très sciemment nous conchions cette histoire dans sa totalité.

signé : Célanie, Levieux, AiBlabla, le Merle (moqueur) Noir, Lauteur, Alfonce, Afrodite, Calice et Merveille, Ronin samouraï sans maître, Sergent-Major, KeufèPoète, Gendarme Éliance, les Escargots, Pif le chien, les vers de terre de la fenêtre-fermaculture, les zoiseaux du quartier, les pies et pis, etc

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Message par Invité Dim 24 Mar - 19:52


chapitre 72

THÉORIE DU COMPLOT ROMANESQUE
dimanche 24 mars
Patlotch a écrit:avec Florage, j'ai perdu une bataille et quelques lecteurs, mais je n'ai pas perdu la guerre. Face à une adversaire de son calibre, le B.A.BA de toute stratégie, c'est de lire dans son jeu, ce qui suppose une qualité indispensable à tout analyste et chef de guerre, l'empathie : quels sont ses objectifs immédiats et à terme, ses forces et faiblesses, ses moyens, ses tactiques et ruses, ses erreurs probables ?

1) elle veut coucher avec moi, et il n'en est pas question
2) elle a voulu se gagner les autres femmes du roman et c'est raté, vu la pétition sans frontière de genre y compris animal
3) elle pense avoir la haute main sur le forum, mais elle est obligée de me publier, parce que d'un clic, je peux effacer ses commentaires, voire la bannir

je verrai par conséquent le moment venu à user d'un des 36 stratagèmes, adapté à la conjoncture. Hors de question d'utiliser les mêmes que l'année dernière (1), 7. 無中生有 « Créer quelque chose ex nihilo », 12. 順手牽羊 « Emmener la chèvre en passant », 27. 假癡不癲 « Jouer l'idiot sans être fou », 30. 反客為主 « Changer la position de l'invité et de l'hôte », 31. 美人計 « Le piège de la belle », 35. 連環計 « Les stratagèmes entrelacés »

non, il me faut produire chez la lectorate consternance et stupéfraction, créer la surprise en fin de partie en révélant la raison d'être du roman par mon ultime confrontation avec Florage, et pour ça « dévoiler les parties communes de notre passé mutuel insoupçonné », cette recette du roman-feuilleton figé décrite à Breton en 1918 par Aragon (2)

4. 以逸待勞 « Attendre en se reposant que l'ennemi s'épuise »
9. 隔岸觀火 « Regarder le feu depuis l'autre rive »
19. 釜底抽薪 « Retirer le feu sous le chaudron »
28. 上屋抽梯 « Monter sur le toit et retirer l'échelle »
34. 苦肉計 « Faire souffrir la chair »


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 U100688984_1

mon nègre Alfonce n'était pas dupe. Il avait bien compris depuis le début que ce roman n'était qu'un écran de fumiste devant mon autofliction, pour régler mes comptes sous pseudonymes avec celle qui avait été, derrière Florage, ma muse, tout ça parce qu'elle trouvait que je me vendais mal et prétendait pallier ce défaut. Vrai que mes "personnages" n'étaient que mes faire-valoir et leur pétition d'hier disait leur désaccord : non, le quartier ne deviendrait pas la proie des charognards du net, sans quoi je risquais fort le sort du Parisien Pierre Jourde, chassé par les habitants de son village natal en Auvergne, car, comme bien dit, L'écrivain rossé par ses personnages a scellé « le divorce définitif entre lui et les habitants de cette terre où parler, c'est trahir. » (3)

mon double Henry Lassaigne avait cette après-midi une séance de pose pour l'atelier de peinture de mon amie Couleur H. Il irait avec sa guitare, un des plus beaux motif de "nature morte", mais l'une des plus grandes difficultés est de dessiner les mains. Les positions qu'appellent le jeu de guitare sont propices à le faire, mais pénibles à tenir immobiles pour le modèle. Bien que certains peintres n'hésitent pas à contourner le problème en dessinant d'après photographies, il est assez aisé de discerner ceux qui savent dessiner des autres. Les anciens eux prenaient leur temps. Ainsi existe-t-il une étude sur le dessin préparatoire à "L'oiseleur accordant sa guitare", un tableau de Jean-Baptiste Greuze en 1757


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après la séance, Henry rentra fourbu, vidé, horrifié par son visage démultiplié en autant de faciès et de physionomies que de portraiteuses, car il n'y avait là que des femmes. Elles ne s'étaient pas intéressées à ses mains; il avait pris des crampes pour rien; et froid dans ce grand atelier exposé au nord ouest, excellent pour la lumière, mais jamais de soleil. Bref, il ne pouvait plus se voir en peinture, et pas mieux en littérature. En voiture, ça allait, France Culture avec, en attendant la fermeture d'un chapitre sans structure livré en nourriture sans leste, et le reste est romanclature

notes

1. voir MICROCOSME, roman initiatique, chapitre 6. le loup dans la chèvrerie

2. voir chapitre 42. fin de partie, la révolution n'est pas un dîner de gars là

3. voir chapitre 55. la vie ordinaire est une aventure

rien à voir avec l'Auvergne de Pierre Jourde, de la classe supérieure, qui de retour dans son village natal en 2005, « avait failli être lynché pour avoir dans Pays perdu ressuscité un adultère et jeté en pâture des anecdotes dont les jeunes n'avaient jamais entendu parler » (Les mots de trop pour le hameau de Lussaud)
selon qu'on y est né dans telle famille, riche, miséreuse ou entre les deux, on ne perd pas tous le même pays de notre enfance


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Message par Invité Lun 25 Mar - 21:02


chapitre 73

OUTRE ÂGES, OUTRE OCCIDENT, OUTRE MALICE
dimanche 24 mars
Patlotch a écrit:pendant ses cours à Louise Michel, Ronin s'ennuyait. Dès qu'il en sortait, il se plongeait dans l'histoire de Takeo et s'identifiait à lui comme à Calice Yukio, une jeune rōnin, samouraï.e sans maître ni maîtresse, comme son image inversée dans le miroir du genre

Cet été là, Takeo est encore un tout jeune adolescent, presqu’un enfant. Depuis plusieurs années, dans un petit village dans une île perdue du Japon médiéval, il suit l’enseignement de maître Kazé afin de devenir samouraï.

Mais… entre ses cours qui semblent ne jamais vouloir finir Takeo s’ennuie. Et puis, un jour pas comme les autres, le destin frappe à sa porte, Yukio aussi jolie et mystérieuse qu’excellente sabreuse débarque sur l’île. Mais elle ne veut que passer, son but est de rejoindre le sommet de la montagne. Seulement le destin a décidé autrement, une créature monstrueuse, une Tsuhiganô qui peut détruire le royaume vient semer la désolation et la mort.

il les considérait comme ses ancêtres et maîtres anciens, et rêvait d'éviter comme eux des pièges aussi nombreux que brutaux comme d'affronter l’essence même du mystère qui traversait les âges et les miroirs du temps. Calice ne se voyait pas en guerrière : « Tu n'es qu'un enfant, Ronin, et tu ne vis pas avec ton temps. Demain est un outre jour ! - Demain peut-être, mais nous sommes aujourd'hui et le passé nous rattrape. Regarde ces soleils levants qu'on découvre seulement, et qui sont pourtant morts. N'est-ce pas la preuve irréfutable que le temps s'accélère ? - Libre à toi, moi, je ne suis pas pressée de mourir, et de l'autre côté, je serai immortelle... » Ronin se tut et se replongea dans la BD

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de l'autre côté de la pyramide des âges, dans le troisième sous le soleil levant exactement, Levieux, Alfonce et Henry prenaient le petit déjeuner sur la terrasse-jargon, café Olé, biscottes de Proust, et 36 stratagèmes à l'étude, suivant à leur insu mes conseils de la veille. Ils tombèrent d'accord pour utiliser le 28. 上屋抽梯 « Monter sur le toit et retirer l'échelle »

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Attire l'ennemi dans un piège, puis isole-le.

Placer l'armée adverse dans une situation apparemment favorable, la pousser à avancer, la couper de toute coordination ou renfort, et la mener dans une impasse. L'échelle fait référence aux moyens par lesquels l'adversaire est guidé jusqu'au centre du traquenard. Il peut s'agir de feindre l'épuisement si le commandant ennemi est arrogant, de l'appât du gain s'il est avide, ou de défaites répétées s'il est hésitant.

c'est ainsi que du premier au dernier âge, la population labo-rieuse en l'Étroit territoire reflétait le basculement du monde vers l'Asie, outre âges outre frontières de races et genre. Tout ce qui s'y passait était événement mondial, non qu'il influençât le monde loin, mais parce que s'y produisait comme partout ce qui n'était qu'un basculement historique de la domination en tous domaines : démographique, culturel, technologique...

et naturellement dans la puissance des luttes qui s'y menaient, en comparaison desquelles nos Gilets jaunes faisaient pâle figure, sans parler que sous leurs gilets, ils n'avaient que leur désunion à montrer, hormis sur cette question même : « nous sommes chez nous, en France ou en Europe »

autrement dit, le vieux continent, qui depuis plusieurs siècles avait retiré l'échelle pour asseoir sa domination sur les autres, se voyait renvoyé l'ascenseur à une vitesse démultipliée de celle de la montée en puissance de la Vieille Europe avec l'avènement du mode de production capitaliste

ce qui est bien, dans un roman comme celui-ci, qui n'en est pas un, c'est qu'on peut y parler de tout, dans tous les registres et sur tous les tons. C'est évidemment le meilleur moyen de perdre des lecteurs, ou, si l'on préfère, de les mettre à l'épreuve. De la même façon que j'ai il y a trente ans écrit LIVRE-DEL...

Le but était de dépasser, en l'assumant jusqu'à faire disparaître l'écriture individuelle, le statut d'écrivain, qui reconstruit le monde -son monde- dans son miroir, devenant alors une sorte de metteur en scène d'écrits qui semblent s'imposer à lui. Le titre, qui peut se lire LIVRE-DEL (delate) traduit cette contradiction jusqu'à l'auto-destruction.

... pour DILuer l'écriture dans les coupures de presse, et donc le livre même dans la vie du monde selon ce qu'on peut en apprendre chaque jour, je détruis ici les fonctions séparées de l'auteur, des personnages et des lecteurs/lectrices, l'idéal étant bien sûr qu'à la fin de cette partie, quand j'arrêterai d'écrire, le nombre de déçu.e.s soit réduit au minimum. C'est bien parti, grâce à Florage, en quelques jours, j'en ai perdu la moitié

il est constant, chez moi depuis tout petit, de détruire ce que j'ai patiemment construit, comme ces gamins qui font des châteaux de sables sur la plage et qui seront rasés (dilués ?) à la marée montante. On observe que si tel n'est pas le cas, ils le détruisent eux-mêmes avec une certaine rage, à grands coups de pieds, de pelles, et de sots : hic sale tas de sable, c'est ici qu'il faut sauter, s'ôter


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nous sommes bien peu de choses
et mon amer l'arrose le dit lundi matin

« C'est bien vrai que ta lectorate elle en n'a rien à foutre, de tes états-d'âme, elle a les esgourdes ensablées, mais moi non, alors laisse-moi te dire : c'est pas Florage, c'est toi qui détruit MON roman ! »

outre malice, nul n'est pris qui croyait prendre, et de toute illusion il me faudra défendre



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Message par Invité Mar 26 Mar - 20:23


chapitre 74

OUTRANCE OUTRE FRANCE
mardi 26 mars
Patlotch a écrit:
Le dimanche 26 mars 1871 eurent lieu les élections de la Commune de Paris : comptant une minorité d'ouvriers, organe autant exécutif que législatif, le conseil général de la Commune regroupe toutes les tendances révolutionnaires. Il est le gouvernement élu de Paris du 28 mars au 28 mai 1871.

Les élus appartiennent à deux groupes sociaux, celui des ouvriers-artisans (12 artisans, 6 petits commerçants, 6 cordonniers, 6 ouvriers métallurgistes, 2 relieurs, 2 typographes, 2 chapeliers, 1 teinturier, 1 menuisier, 1 bronzier) et celui de la petite bourgeoisie intellectuelle (12 journalistes, 3 avocats, 3 médecins, 2 peintres, 1 pharmacien, 1 architecte, 1 ingénieur, 1 vétérinaire). source


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Les_hommes_de_la_Commune
abolir le genre n'est pas à l'ordre du jour, mâle et barbu

Thiers bénéficie de l'appui du chancelier allemand Bismarck car, pour mettre fin au plus tôt aux hostilités entre la France et l'Allemagne, une des conditions étant le désarmement de Paris. Alors que la convention d'armistice n'autorise que 40 000 soldats français en région parisienne, Bismarck libère rapidement près de 60.000 prisonniers de guerre qui peuvent s'adjoindre aux 12.000 soldats dont dispose Thiers. Le 1er avril, celui-ci déclare à l'Assemblée nationale qu'il met sur pied « une des plus belles armées que la France ait possédée ». Les Versaillais seront 130.000 au début de la Semaine sanglante. Ces soldats de métier (la durée du service est de 7 ans) sont surtout issus de milieux paysans. Les conseils de révision écartent la plupart des jeunes ouvriers pour « déficience physique », en raison des conditions de travail que l'industrie de l'époque impose malgré la loi de 1841 limitant le travail des enfants. Les troupes sont commandées par le vaincu de Sedan, le maréchal de Mac Mahon. Par les banlieues nord et est qu'ils contrôlent, les Allemands laissent passer les troupes versaillaises qui veulent contourner Paris. De plus, par convention avec le gouvernement Thiers, ils occupent le Chemin de fer du Nord, établissent un barrage de troupes de la Marne à Montreuil et massent 80 canons et 5.000 soldats près de la porte et du fort de Vincennes tenus par la Commune, bloquant ainsi la sortie de la capitale par l'Est.

utiliser l'armée contre le peuple est depuis les révolutions du 19e siècle un grand classique de la bourgeoisie française, au besoin en s'alliant avec les États étrangers en digne héritière de l'aristocratie durant la Révolution française. Emmanuel Macron en est l'ultime rejeton français et en même temps européen

Le fort de Vincennes fut l’un des derniers monuments à arborer le drapeau de la Commune. Le 29 mai 1871, alors que les combats ont cessé dans Paris, les officiers de la Garde nationale qui occupent la garnison se rendent. La nuit suivante, neuf d’entre eux sont fusillés dans le fossé sud du château. Au lendemain de la manifestation du 15 mai 1848, Armand Barbès, François Raspail et Auguste Blanqui avaent été enfermés au château de Vincennes. C'est de l’ancienne cellule de Mirabeau, que Barbès écrit à George Sand.

En 1871, plus de 400 communards furent emprisonnés à Vincennes. Sans les graffitis qu’ils ont laissés sur les murs de leurs cellules, leurs noms ne nous seraient peut-être jamais parvenus. « Dages 1871, Augustine Joséphine », a gravé une prisonnière...

Pendant le Siège de Paris, le château de Vincennes servit de centre d’entraînement pour les 5.000 recrues mobilisées par le gouvernement de la Défense nationale, entre juillet 1870 et janvier 1871, pour contenir l’avancée des Prussiens. L’une des conséquences de la Commune fut l’occupation du château de Vincennes par les gardes nationaux le 21 mars 1871. Les 2.400 hommes de la garnison, désobéissant aux ordres du général Ribourt, ouvrirent les portes et fraternisèrent avec les communards. Les 130e, 180e et 204e régiments de la Garde nationale, commandés par le général Lullier, s’emparèrent alors du château.
Les gardes nationaux rentrèrent à Paris, en laissant une centaine d’hommes sur place. Le 28 mai, alors que les dernières barricades sont tombées à Belleville, le drapeau rouge flotte toujours sur le donjon de Vincennes. Le 29, les Prussiens évacuent la ville et sont aussitôt remplacés par les troupes versaillaises. Le général Vinoy enjoint la garnison de capituler sous peine de subir « toutes les rigueurs des lois de la guerre ». A 14 h 30, les dix-neuf officiers et les 344 hommes de la Garde nationale, commandés par le chef de légion Faltot, ancien compagnon de Garibaldi, se rendent.
Ils sont immédiatement conduits dans des casemates, pour y être interrogés par des commissaires de police, avant d’être conduits à la prison de Mazas, à Paris.

la prison Mazas était alors en face de la Gare de Lyon, sur l'emplacement notamment de la Brasserie Relais d'Alsace où Alfonce avait rencontré Florage au chapitre 40, la Dame de Corps

mais pourquoi raconter tout ça ? Les habitants en l'Étroit territoire pourraient-ils en avoir la mémoire ? En 1871, nombreux sont les Montreuillois, Vincennois et Fontenaysiens qui se battent aux côtés des Communards. Les noms des rues leur rendent hommage : Louise Michel, Eugène Varlin, Camélinat, Eugène Pottier... À Fontenay, la rue Louis-Xavier de Ricard rappelle que ce poète fut un communard, édité dans Le Parnasse contemporain avec Banville, Hérédia, Mallarmé, Charles Cros…


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d'un côté, vue comme "locale", c'est-à-dire comme celle des "gens-d'ici", cette histoire en Étroit territoire ne manquait pas de m'émouvoir ; d'un autre, l'ayant connu à travers la mythologie des divers courants anarchistes et communistes qui s'en disputaient le titre de meilleurs héritiers prolétariens de France et d'outre Navarre, je ne pouvais manquer d'en voir les paradoxes, une direction comptant une minorité d'ouvriers, dont la majorité étaient en fait des artisans et non des ouvriers de grandes usines fondant les thèses révolutionnaires de Marx

il n'y a guère qu'au PCF que j'avais rencontré des camarades ouvriers, dans les cellules des quartiers de banlieue ou du 11e arrondissement de Paris, et certains, à leurs dires, descendaient de Communards, va savoir... "Ouvrier", le genre de race sociale, la « race des travailleurs » de Marx, que je ne risquais pas de croiser chez les plus prolétaristes des militants outre-gauchistes et autres guignols curés gardant le temple d'un prolétariat de papier. Dernier exemple diagnostiqué par Google, le texte du Courant Communiste International, digne des fantasmes éthyliques du Capitaine Haddock, Mille Sabords : Le capitalisme menace la planète et la survie de l’humanité. Seule la lutte mondiale du prolétariat peut mettre fin à cette menace.. Je n'ai pas compris comment, vu que le prolétariat, selon leur définition d'exploité au cœur du système, n'a jamais manifesté au mieux que sa volonté d'en diriger l'État ou de l'autogestionner, et au pire, du point de vue de la révolution, d'en tirer le meilleur salaire


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Haddock

de tous mes personnages, seule Mamy Radore, la grand-mère de Calice Merveille, était issue de générations ayant habité le quartier, mais depuis quand ? Impossible de le savoir puisque les registres paroissiaux d'avant la Révolution française, seule trace concernant ceux d'en-bas, avaient été détruits. C'est en effet la veille de sa dissolution, le 20 septembre 1792, que l'Assemblée Législative avait défini un nouveau mode de « constater l'état civil des citoyens », la tenue des registres retirée aux curés et remise aux maires. Auraient pu être Communards ses tri- ou quadri-aïeux, et si vous voulez en savoir plus, il faut lui demander

Calice s'en chargea : « Alors, Mamie, tes ancêtres ils ont fait la Commune de Paris ? - Mais, ma petite merveille du monde, j'en sais rien, j'ai jamais connu mes parents, qui m'ont abandonnée bébée dans une consigne à la Gare Sale Hasard, et je me suis retrouvée à l'Assistance publique... - T'as traversé le miroir dans l'autre sens, pour sortir de la consigne, sale hasard fait bien les choses, sans quoi je serais pas là... - On peut voir les choses comme ça... »



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Message par Invité Mer 27 Mar - 17:14


chapitre 75

OUTRE ROUTE ET DÉROUTE
mercredi 27 mars

Patlotch a écrit:
VERS ÉPUISÉS

du puits vers le passage
pas sage du témoin
t'es moins mais néanmoins
d'un éternel brassage

en fraternel langage
d'un rituel commun
en attendant demain
de mains et de visages

de visées devisées
de près improvisés
vers loin d'une promesse

au réel improbable
et en outre improuvable
même télévisé

sonnet 454

ainsi me vidé-je de toute énergie à produire du chapitre, rien ne résiste jamais à ma fureur d'auto-destruction de ce que je fais, peut-être, de mieux. C'est ainsi que je m'en irai, en Henry écouter des vieux blues, travailler ma guitare ; en Alfonce cultiver mon jardin et promener ma silhouette à FoSobo, Levieux à MoSoBo, Mamy Radore à Vincennes ; avec Ali écouter les oiseaux et les chats du quartier ; en Calice et Ronin revivre mon enfance ; en Célanie, Afrodite et Niki projeter mes fantasmes

en Florage, quoi ? M'assurer qu'elle est là, amie-ennemie fidèle et Ô combien plus stimulante que tout personnage positif : outre-morale et outre théories, outre mon âge outre le sien et ses seins saints, tsouin-tsouin




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Message par Invité Jeu 28 Mar - 4:35


chapitre 76

OUTRE ENFANCE, OUTRE MÈRE
jeudi 28 mars
Patlotch a écrit:quand je me remémore mon enfance, je n'ai aucun souvenir heureux en famille, hormis avec mes grands-parents paternels. Si bien que je pourrais écrire comme Jacques Camatte : « enfant de sept ans j'ai essayé de comprendre pourquoi les adultes sont-ils si méchants ? Ou : à quoi ça sert la vie ? » (1)

comme Picasso, je voudrais « retrouver le geste de l'enfance », la gratuité du geste créatif, l'instantanéité de l'invention, une spontanéité qui n'a rien à faire du ressemblant, du bien fait, du bien fini. Tous les caractères critiquables de ce "roman" tiennent à cette quête de l'imprévisation vers un inachevable, et c'est pour moi le meilleur. Mon énergie s'épuise quand je sens que je ne peux plus rien créer, inventer, et qu'il me devient nécessaire de penser pour le faire, c'est-à-dire de tuer cette spontanéité, et c'est ce qui m'arrive en cette fin de partie que j'ai hâte d'achever, synonymes : abattre, anéantir, clôturer, dessouder, estoquer, exécuter, expédier, flinguer, liquider,... tuer !

le réalisme n'a rien à faire du ressemblant, car le réel même est indissociablement outre-réel. Le thème de la mère et l'enfant, les enfants, traverse toute l'œuvre et toutes les périodes de Picasso de 1901 à 1965. Picasso était le nom de sa mère


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Claude, Françoise et Paloma. 1954.

c'était le rôle de Calice et Ronin d'introduire cette dimension en traversant les miroirs et mirages d'une représentation immédiate de la réalité, du temps et de l'espace. Ronin est élevé par sa mère, n'a pas connu son père. Les parents de Calice ont disparu, elle grandit avec sa grand-mère Mamy Radore, elle-même enfant abandonnée à la consigne de gare sale hasard (2)

la figure du père s'est tellement installée chez moi comme celle de l'autorité voire de la violence, morale, psychique ou physique, qu'elle a dû ressortir toute ma vie face à des hommes ou des entités, mais aussi des femmes, représentant l'autorité à titre pédagogique (instituteurs, curés, professeurs), hiérarchique (chef militaires, professionnels petits ou grands, idem dans les partis et groupes). Si bien que je voyais comme plus âgés des personnes de mon âge voire pouvant être mes enfants. J'appelais jeunes-vieux ces sinistres individus ayant perdu toute fraîcheur, sclérosés, mutilés, coincés, engoncés dans l'esprit de sérieux...

les plus drôles dans le rôle sont sans conteste les militants et théoriciens "révolutionnaires", véritables oxymores-vivants, et d'autant plus ridicules qu'ils ne s'en rendent pas compte. L'esprit d'avant-garde, de guide spirituel, politique ou théorique est je pense foncièrement un esprit paternel, qu'il soit paternaliste ou autoritaire

ces gens-là sont définitivement incapable de promouvoir la liberté, puisqu'elle leur est intrinsèquement inatteignable pour eux-mêmes, si ce n'est en empêchant celle des autres, une conception tout-à-fait dominante dans la société capitaliste de l'individualisme personnel ou collectif. C'est pourquoi ils fuient comme la peste ceux qui en sont animés et se regroupent en sectes, d'abord pour se défendre, servitude volontaire sous la haute tutelle d'un gourou, penseur suprême mort, vivant ou fantasmatique, un dieu, un prophète...


notes

1. voir abolir la domestication

2. c'est une allusion au roman de Ryū Murakami (ne pas confonde avec Haruki Murakami, 1Q84...


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Hashi et Kiku, deux bébés abandonnés dans une consigne de gare, passent leur petite enfance dans un orphelinat. La recherche de leur identité les entraînera dans les bas-fonds de Tōkyō, où Hashi se prostitue avant de devenir un chanteur de rock adulé tandis que Kiku, champion de saut à la perche, se retrouve en prison pour parricide.

C'est la déliquescence mentale de deux jeunes enfants qui, à partir de leur traumatisme initial, l'abandon dans les casiers d'une gare, vont peu à peu tous les deux sombrer dans la folie et la destruction de ce qui leur est extérieur. Le livre regorge de personnages secondaires tous plus perdus les uns que les autres, que ce soient leurs parents adoptifs, Anémone la petite amie de Kiku, Mister D, le manager de Hashi.

Ce roman transpire le Tōkyō louche et terriblement attirant qui reste une terre de mystères, bien loin des clichés propres et aseptisés de la capitale nippone. Le sexe, la violence, la maladie mentale et physique, la haine, la cruauté : tous les sentiments bas et veules de l'homme sont réunis dans cette grande œuvre pour symboliser l'humanité si poignante des deux héros abandonnés qui ne peuvent plus communiquer que par la violence et le rejet de leur propre identité.


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Message par Invité Ven 29 Mar - 17:52

chapitre 77

OUTRE PAROLE, AVEC DES SI...
vendredi 29 mars
Patlotch a écrit:Aurore est l'amie de Calice. Elle a comme elle onze ans, et un secret, « Tu sais, mamie, Aurore elle voit derrière les yeux des gens, elle lit dans leurs pensées comme la Souris, mais elle peut pas parler, alors elle tape ce qu'elle pense sur une tablette. Elle habite dans un immeuble en forme de frigidaire géant, rue de la Maison Rouge à Fontenay... Mamy Radore : - Si c'est un secret, pourquoi tu me le racontes ? - Ben parce que j'ai pas de secret pour toi... - Sauf quand tu pars en expédition avec Ronin dans les grottes du Parc des carrières... - Mais ça compte pas, c'est l'autre côté de la vie... » (1)


Aurore est autiste, mais elle pense beaucoup, et elle n'écrit pas tout sur sa tablette. Aujourd'hui, elle est terriblement inquiète, mais en même temps excitée : « Calice a disparu, elle est partie avec Ronin son amoureux de l'autre côté du monde, par le puits sans fonds du Parc des Carrières. Je les comprends, Fontenay, c'est nul, je vais aller les retrouver. » (2)

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les enfants sont indéniablement l'avenir, il faut quitter ce monde (3), traverser tous les miroirs et abandonner nos illusions de le transformer en restant là devant la télé à déplorer les catastrophes

mais si les gosses sont l'avenir, les vieux sont-ils pour autant le passé ? Nous sommes certes tous appelés à devenir le passé mort d'un avenir de générations futures vivantes... « mais en attendant de crever, je demande à en être ! » Ainsi répondirent en cœur Levieux, Alfonce, Mamy Radore et moi-même. Lauteur voulu dire quelque chose, mais ils l'empoigneirent... Et alors... Le ficelèrent... Et alors... Ils le mirent sous les si... mais Zorro n'est pas arrivé... « Manquerait plus que lui dans le roman..., commenta Alfonce, et tous les historiens savent que Zorro n'a rien de réaliste ! » J'ajoute rien non plus d'outre-réaliste, et même Ronin, fan des Sept Samouraïs, considère ce télé-film comme un navet, il n'a jamais pu aller au bout d'un épisode

Le véritable Zorro
Le vrai Zorro est le fondateur de trafiquants d'épices à la Nouvelle Espagne au XVIIème siècle, dont l'organisation fût crée par un des précurseurs de l’indépendance du Mexique, William Lamport ou Guillén Lombardo, dont le successeur fût Diego De La Vega. William Lamport, irlandais de naissance, est né en 1615. Après des études en Angleterre, il s’enfuit en Espagne à cause de son affinité avec le catholicisme et ses critiques contre la couronne anglaise. Mais après quelques années, il doit également fuir l’Espagne suite à une affaire amoureuse avec la femme d’un marquis, et part pour le Mexique, afin d’y travailler comme espion au service de l’Espagne.

Homme cultivé et bien éduqué, arrivé au Mexique, il est indigné par la façon dont les indigènes sont traités, et va défendre leur cause et l’indépendance. Dénoncé, il est capturé et envoyé en prison d’où il s’échappe après 10 ans de captivité. Il part alors vivre avec les indigènes qui l’appellent “Guillén de Lampart“, dérivé de Lamport et de Lombardo.

Lombardo vit presque dix ans dans l’anonymat, et fonde une organisation appelée « Los hermanos de la Hoja », dédiée au trafic de tabac dans la région de Veracruz et de vin en Basse et Haute Californie. Avec l’argent du trafic et le soutien du peuple mexicain, Guillén Lombardo compte payer la révolte pour l’indépendance du Mexique. Cette organisation crée un code secret, ses membres s’habillant tout en noir, et portant un masque pour cacher leur identité. En plus du trafic, les membres de l’organisation volent les aristocrates. Lors de ces attaques, ils marquent leurs victimes avec la lettre “Z”, symbole du mot “Ziza”, qui provient de l’hébreu et qui veut dire « splendeur ». L’organisation protégeait les orphelins, les veuves, les jeunes filles et les pauvres.

En 1652, Lombardo est surpris avec Doña Antonia Turcio, la femme du vice-roi Lope Díez de Aux de Armendáriz. Il fuit, mais peu de temps après il est arrêté. L’Inquisition le condamne à être brûlé vif pour hérésie, et Lombardo meurt dans un Acte de foi le 19 novembre 1659.

L’organisation ne disparaît pas et continue de trafiquer des produits jusqu’à l’indépendance. Le dernier “Zorro” serait Diego De La Vega y Gaxiola qui adhère cette organisation en 1815. source

comme quoi les choses accomplies par un ensemble d'individus doivent toujours se ramener aux exploits d'un héros. Aujourd'hui, pour Mélenchon c'est Éric Drouet. Pour deux philosophes, tant un marxiste qu'un autre nietzschéen, ce fut le boxeur de flic Christophe Dettinger : bientôt un film ? Avec Ruffin dans le rôle de Zorro ?

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 124099-full
(avec mes excuses, j'a pas trouvé de cheval noir)

Niki Kleur, Célanie et Afrodite, ensemble au hammam, ça pouvait être une réunion en non-mixité interdites aux hommes ou pas. Avec elles on ne savait jamais, ce qui rendait hardue la tâche du romancier et de ses nègres. Une fois passée la porte, on ne savait pas ce qui s'y passait

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Les Demoiselles d'Avignon de retour dans la rue d'Avinyo, à Barcelone © Flickr/Carol

Les Demoiselles d'Avignon tiennent leur appellation de la rue d'Avinyo, à Barcelone, près de laquelle Picasso vivait enfant et où de nombreuses filles de joie vendaient leurs atouts. Hommage à ces prostituées, le tableau était initialement titré ‘El Burdel de Aviñón’. « Pas assez vendeur » a estimé le marchand de Picasso, André Salmon. Qui, en le renommant, en a fait une contrefaçon tricolore « made in Avignon ».

Où sont les hommes ?
Selon les dires de Picasso, confirmés par une expertise de ses esquisses préparatoires, ce n’était pas cinq mais bien sept personnages qui initialement devaient figurer sur la toile. A l’origine, un marin et un étudiant en médecine tenant un crâne dans ses mains complétaient en effet ce tableau. Le matelot était censé représenter les clients des ’Demoiselles’. Quant au jeune docteur, incarnant les officiers publics opérant des visites médicales dans les maisons closes, il portait le symbole de la mort. Et pour cause : à l’époque, la prostitution s’accompagnait souvent de graves maladies vénériennes. En témoignent les deux femmes à droite du tableau, dont le visage déformé se trouve dévoré par une syphilis osseuse.

Mais pourquoi l’artiste a-t-il donc effacé ce duo masculin ? Aucune explication formelle n’a été donnée. Néanmoins, au regard du travail général du peintre, on s’aperçoit que l’homme est rarement le sujet central de ses œuvres. La plupart représentent exclusivement des femmes. De plus, la présence de ces deux éphèbes aurait brisé l’harmonie à la fois sensuelle et violente de ses corps callipyges et dénudés. Enfin, l’air majestueux et déterminé de ces ‘Demoiselles’ regardant fixement le spectateur dans les yeux, presque provocantes, s’en serait peut-être trouvé atténué avec deux mâles à leurs côtés. Et ça Pablo Picasso, grand amoureux des femmes au sang chaud, n’aurait sûrement pas aimé. source

les trois jeunes femmes du roman avaient, de joie, on s'en souvient, des mœurs sexuelles débridées, et elles, m'avaient prié de me faire plus discret sur leur vie privée, souhaitant qu'elle ne s'étale plus sur les réseaux soucieux de les respecter

notes

1. inspiré par Les fabuleuses aventures d’Aurore de Douglas Kennedy et Joann Sfar

2. voir chapitre 63. de l'autre côté

3. voir Ce monde qu'il faut quitter, Jacques Camatte, Invariance, août 1974 : « Il faut quitter ce monde. Il faut abandonner ce monde où domine le capital devenu spectacle des êtres et des choses. »


Dernière édition par Florage le Sam 30 Mar - 21:37, édité 1 fois

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Message par Invité Sam 30 Mar - 21:14

chapitre 78

CORPS OUTRE CAGE
samedi 30 mars
Patlotch a écrit:nous, Fontenaysiens de tous les jours, de tous les âges, et de tous les quartiers, ne pouvons approuver les propos de l'écrivain américain Douglas Kennedy hier à la Maison du citoyen et de la vie associative :
Douglas Kennedy a écrit:Je cherchais une ville de banlieue typique pour une famille de la classe moyenne. Le XV e arrondissement, après un divorce, c’est trop cher. Vincennes, trop classique. La Seine-Saint-Denis, non, pour des raisons évidentes, s’amuse à tacler l’auteur. Alors, j’ai exploré avec le RER A et je suis arrivé ici. C’était idéal !

Je me suis promené et je suis tombé sur la rue de la Maison-Rouge. Une rue calme avec un grand immeuble blanc.  J’aime beaucoup Fontenay, c’est excentré mais pas loin de Paris. Surtout, il y a un esprit de village et beaucoup de mixité. Parfait pour parler d’une France très actuelle.

L’ode à Fontenay-sous-Bois de Douglas Kennedy, Le Parisien, 29 mars 2019,

il a choisi d'habiter dans ce qu'on appelle "Le Village", « un quartier, au paysage urbain et à l'ambiance huppée, abritant 2521 habitants qui ont une moyenne d'âge de 34 ans, ont des revenus confortables, vivent majoritairement en famille, et sont principalement propriétaires de leur logement. » . Il est effectivement d'une « banlieue typique pour une famille de la classe moyenne », plus représentative de la gentrification accélérée que de la « mixité » sociale, raciale ou religieuse de toute la ville, et particulièrement des cités populaires des Larris ou La Redoute, cette tour de 85 mètres construite en 1970 dans le grand style des HLM d'alors

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 DouceFranceNB
photo Patlotch 2014, un quartier poétique

à deux pas d'ici près du Bois de Vincennes, certaines maisons n'ont rien à envier aux villas bourgeoises de Vincennes. C'est d'autant plus « calme » que ceux d'en-bas, dans tous les sens du terme, n'y viennent pas...

pour un Ode poétique à la ville de Fontenay et particulièrement aux Trois territoires du romanesque, lire l'écrivain auvergnat de souche, souvent pris par les Juifs ashkénazes pour un des leurs

vrai que je suis naze et en outre des leurres

c'était à Montreuil un samedi comme les autres. Levieux promenait son Pif complètement rétabli. Il faisait grand soleil, les ressasses étaient bondées de la nouvelle faune du bas-Montreuil, à la peau claire, tandis que la population colorée faisait ses courses au marché et rue de Paris. Grand soleil mais pas l'ombre d'une grenade sur laquelle le chien pourrait pisser et s'éclater le derrière comme au premier jour du roman (1)

le temps des Gilets jaunes était révolu à Chavaux, comme sur la plupart des ronds-points depuis que les irrésistibles gaulois tricolores réunissaient leurs faibles troupes dans les grandes villes, avec l'espoir d'échos médiatiques dépassant leur influence réelle sur une vie politique qu'ils n'allaient pas vraiment changer, comme le montrerait les élections européennes. Quoi qu'il en soit, aucun des personnages du roman ne votait : « Des élections dans un roman ? Et puis quoi, encore ! », et si l'Étroit territoire avait un passé de Gaulois Parisii, il était plus oublié encore que la Commune


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Ob_bb57da_47083364-10212922298947840-13025561852

Éliance, le gendarme amoureux de Célanie, était de service d'ordre rue de Rivoli où l’interpellation violente d’un Gilet jaune avait été filmée sous  les cris d’indignation de manifestants : « Arrêtez ! », « Ce n’est pas possible, au lieu de nous protéger », « C’est honteux » et « Régime fasciste ». La personne interpellée était blessée et saignait de la tête. Une journaliste, qui a filmé la scène, relate qu’un policier lui a déclaré : « Recule ou je vais te défoncer » et quand elle a précisé qu’elle représentait la presse, il lui aurait répondu : « Je m’en bas les c... » (2)

plus tard, Éliance avait coincé son collègue contre un mur et lui avait fracassé lesdites c... à coups de genoux : « Puisque tu te les bats, un peu plus ou un peu moins... » Les mouvements sociaux sont parfois l'occasion de dégâts collatéraux inespérés


notes

1 . voir LE GRAND ÉBAT, chapitre 1. la bavure

2. source Sputnik France  20:23 : Acte 20 des Gilets jaunes: une violente interpellation rue de Rivoli à Paris (vidéos)



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Message par Invité Dim 31 Mar - 13:31

chapitre 79

UN JOUR D'OUTRE MALHEUR, DOUTE DE L'HEURE, et du COQ
dimanche 30 mars
Patlotch a écrit:« Je hais les dimanches », c'est-à-dire comme veille du « lundi comment ça va ? » Pas de bonheur les veilles du malheur de bosser

COMMENT ÇA VA ?

À Boby Lapointe, Revanche

Commun lundi l'un dit...
L'individu divise

La semaine qu'il vise
Au vain de ses non-dits

Lundi vide et sans vie
Mardi vide et sans vie
Mercredi et jeudi
Vendredi samedi

Dimanche on sort le chien
On s'ennuie à loisir
Bienheureux Parisien
Avide de plaisirs

À raconter lundi
En attendant dimanche
Une autre page blanche
À tourner allourdie

De l'épreuve du temps
Qui passe sur le corps
Effaçant les vingts ans
Et leur désir d'encores

D'encres à l'ancre mûre
Des écrits sur les murs
Où se taisent les cris
Qui attisaient l'esprit

Quand on prenait la rue
Dans les bras d'une crue
Qu'on croyait sans limites
Et qu'aujourd'hui imite

Sur le trottoir marchand
Le souvenir relique
Acheté en marchant
Assurance tous risques

Touriste à temps complet
En vie qui se complaît
À repasser les plats
Sans piment froids et plats

Sortis des macro-ondes
Alimentant le monde
Pour mieux tromper sa faim
En attendant la fin

Des haricots coco
Du riz blanc et des rouges
Rivé au statu-quo
Tirant sur tout qui bouge

Avec des mots qui tuent
Auxquels on s'habitue
Tout passera pardi...
Ça va comme un lundi !

FoSoBo, 23 juin 2008, 13h39
VOL QUAND ?



la première chose que fit Alfonce après s'être levé à 5 heures et 2 minutes, mettre sa pendule à 6h02, ce qui déclencha le coq lui aussi en retard, ou désireux d'une grasse matinée dominicale, de Dies Dominicus, jour du Saigneur, Ô ma douleur outre doute heure

Levieux était sorti avec son chien acheter son croissant, à lui, le chien ne mangeant pas de ce pain-là comme celui du clochard de Boby Lapointe. Il s'était levé au pif, comme d'hab', guidé par le soleil, la lune, et l'ombre d'un doute sous le front, en se disant « Changement d'heure, changement de malheur ! », car en effet c'était la fin de la trêve hivernale, et la reprise des expulsions pour des milliers de familles

en linguiste comparatif des langages humains et animaux, AliBlabla avait une thèse sur le Coq français. La reprise du coq gaulois comme symbole de la France remonte au Moyen Âge, d'une moquerie anglaise reprenant aux Romains l'origine latine Gallus désignant aussi bien le coq que le Gaulois. Ironie de l'histoire s'agissant d'une fierté héritée d'un impérialisme... Pour les Anglais, moins admiratifs des Gaulois que César, le Français est comme le coq vaniteux, sot et querelleur ; ses entreprises sont maladroites et vouées à l'échec, son royaume est une basse-cour. Si l'Allemagne impériale met en scène le coq de la France ridiculisé par l'aigle de l'Empire, ce choix de l'aigle comme emblème du courage est tout sauf judicieux, mais c'est une autre histoire. Remarquons simplement que le cri de l'aigle américain, la pygargue à tête blanche, est tout aussi gracieux


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en astrologie chinoise le coq est le signe qui aime parader, se montrer en société car il plutôt fier de nature. Si les onomatopées transcrivant en toutes langues le "chant" du coq (car la poule ne chante pas, elle "caquète") se ressemblent, Ali trouvait l'espagnol Quiquiriquí plus juste que le français Kokorico. En effet, le coq, en tant que mâle, n'a rien du mâle alpha, il a le Kiki riquiqui

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doté d’une forte ardeur sexuelle, chaque fois qu’il s’est adonné à la copulation, le coq pousse un cri triomphant et joyeux. Le coq est polygame et fougueux, mais jaloux, les recettes médicinales à base de testicules de coq abondent, qui redonneraient à l’homme sa vigueur perdue et le feraient triompher de la cocurrence. Devenu vieux, le coq reste plus distrait, néglige ses poules, perd la mémoire. Plus grave, le coq âgé se met à pondre des œufs, plus petits et plus ronds que ceux de la poule (1)

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mais revenons à la thèse comparatiste d'AliBlabla, qui la refondait dans l'observation croisée des Gilets jaunes, des leaders politiques et chefs de partis, ou encore du trio typiquement français formé par les professeurs Friedrich Lorduron de Toulbac et Lémérite Friant de Salaire Avide, et le jeune et pétillant Baron perché d'Aigruffin (2), chef insoumis au chef des Insoumis : « Merluche-toi-que j'm'y-miettes ! »

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comme disait Sénèque « Le coq est roi sur son fumier », à quoi ajoutaient d'un commun accord Flaubert et Racine, « Des rangs de casques faisaient, avec leurs crêtes, comme un bataillon de serpents rouges sifflant sur nos têtes. » Alors Ali trancha : « Pour se tenir sur la ligne de crête ils font tous leur Chicken »

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 254200-svetik_1024x768

quoi qu'il en soit, rappelons le proverbe libanais : « Que le coq chante ou non, le jour se lève. »

« Ce n'est pas parce que le jour se lève qu'on y est obligé », ainsi parlait tard à tout c'tas Célanie, au lit d'Éliance son gendarme au repos bien gagné du guerrier radié pour « coups immotivés portant atteinte à l'intégralité d'un valeureux collègue. »  Des gars collatéraux vient le dégât central : « Dégage ! Tu déshonores l'uniforme ! » « - Mais maintenant, que vais-je faire ? - Passe une annonce : "Ancien gendarme au chômage, je recherche un emploi dans le secteur de la surveillance et/ou le contact avec la population" - Tu as raison, gardons le contact sans uniforme ! Fuck The Police ! » Et les deux tourtereaux reprirent leurs exercices dominicaux, car, contrairement à l'idée reçue, les voix du seigneur on s'en bat les couilles même le dimanche


notes

1. source : Le coq des bestiaires

2. cf MICROCOSME, roman initiatique, chapitre 1. Rêve ça loupe ! Trois hommes et un bon coup


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Message par Invité Lun 1 Avr - 8:02

chapitre 80

OUTRE LE VRAI ET LE FAUX
lundi 1er avril
Patlotch a écrit:incluant le réel et le mentir-vrai, l'outre-réel est au-delà du vrai et du faux. D'ailleurs, au Brésil et au Portugal, le 1er avril n'est pas la journée des blagues, mais  Dia da mentira, la journée du mensonge : quelle importance, un jour pour mentir sur 365 de Fake News ?

les vraies nouvelles, à l'appréciation de chacun.e, sont bonnes ou mauvaises
1795 (12 germinal an III) : journée de protestations sans violence du peuple parisien contre la cherté des denrées. La Convention thermidorienne en profite pour déporter sans jugement d'anciens Montagnards
1810 : Napoléon Ier épouse Marie-Louise d'Autriche
1923 : service militaire réduit de 3 ans à 18 mois
1919 : à New York, l'inventeur américain Louis Marx "invente" le yo-yo. Plus de 100 millions vendus de 1919 à 1929. Vrai poisson d'avril puisqu'on en a trouvé en Grèce datant de plus de deux mille ans
1939 : fin de la guerre d'Espagne et début du régime franquiste qui durera jusqu'en 1975
1975 : Patlotch, premier mariage
1975 : naissance de Cécile Duflot
1976 : Steve Wozniak et Steve Jobs fondent Apple
1983 : entrée en vigueur de la retraite à 60 ans en France
1988 : Livredel, poème-roman du 1er avril 1988 au 1er avril 1991

1989 : Patlotch élu CGT démissionne
1990 : au Zimbabwe, Robert Mugabe réélu président. Au Royaume-Uni, la poll tax
Patlotch a écrit:Chapitre 4, (six cent trente-quatrième nuit)
Chaque premier avril m'est il est vrai l'occasion de grandes décisions. Sérieuses. Comme de commencer ma vie professionnelle. Comme là de commencer un nouveau chapitre. Comme de me taire au nom des muets de Nimistaire. Comme de tuer la Comtesse. Comme de dire à Catherine - couche avec moi je serai ton ami. Enfin, son ami, on verrait... Car changer de chapitre, ça commence par changer de femme.
1995 : Patlotch, second mariage
1999 : au Canada, création du territoire du Nunavut, 25 000 habitants, majoritairement des Inuits
2001 : le mariage homosexuel est autorisé aux Pays-Bas, une première dans le monde
2017 : Bob Dylan prix Nobel de littérature

et n'oubliez pas chaque 1er avril de célébrer Veneralia, fête en l'honneur de Vénus, une sorte de journée des femmes à la romaine

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Birth-of-venus-sandro-botticelli
Venus, Boticelli, 1485
Les Veneralia sont célébrées le 1 Avril, en l'honneur de Vénus Verticordia ( "qui ouvre les cœurs") et de la Fortune Virile.

Les femmes, mariées ou non, se rendent au temple de Vénus et enlèvent le collier d'or de la statue de la divinité. Après avoir soumis la statue à un lavage sacré et replacé le collier, elles décorent la statue avec des roses.

Ensuite elles vont aux thermes pour hommes, en se cachant avec des panneaux en myrte (sub myrto), pour commémorer la légende selon laquelle Vénus, nue surprise dans son bain par des satyres, fut couverte par de la myrte. Là, elles offrent de l'encens à la Fortune Virile, pour obtenir du Dieu le pouvoir de cacher aux hommes leurs défauts physiques.

Enfin, elles boivent un mélange de pavot moulu et de lait sucré avec du miel, le même breuvage bu par Vénus lors de son mariage avec Vulcain.

trêve de plaisanterie, car se pose une question cruciale : un lundi 1er avril, comment ça va ?, et n'allez pas mentir comme un Brésilien, on ne vous croirait pas. Mais il faut pourtant prendre au sérieux ce point de vue
LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 1-de-abril-dia-da-mentira
Il y a tant de gens si faux qui devraient recevoir
nos félicitations le jour du mensonge

en effet, il existe une continuité sans rupture entre la blague et le mensonge : attrape, blague, bluff, bobard, conte, exagération, fable, facétie, fake news, farce, gag, galéjade, histoire drôle, joke, malice, mensonge, plaisanterie, sornette, vanne... tant et si bien qu'on ne sait pas toujours quand ça bascule de l'un à l'autre, et entre quoi et quoi : le vrai et le faux, quand l'un est un moment de l'autre ? Le bon et le mauvais comme on dit une mauvaise blague, telle la fin de la guerre civile et le début du franquisme en 1939, la fin de la trêve hivernale et l'expulsion possible de locataires en ce 1er avril 2019 ?

le mentir-vrai d'Aragon ne caractérise pas seulement le roman, le conte et la fable reposent sur des mensonges invraisemblables plus ou moins amusants, et les meilleures blagues du 1er avril sont les plus vraisemblables, si bien que peut passer pour une farce ce qui n'est que la triste réalité. Par exemple, ce matin, il faut se lever une heure plus tôt pour aller bosser : ça va pire qu'un lundi !

mais quand vous lisez un roman, vous partez du principe que tout y est vrai, non ? « Ben oui, parce que si l'on ne peut pas se fier à l'auteur... - À Lauteur ! Pfff... quelle naïveté ! » Dans ce roman outre-réel, tout est faux et souvent invraisemblable, sauf les mensonges de Florage, parce que c'est son rôle de mentir. Imaginez un roman dont tous les personnages ne diraient que la vérité, vous le liriez ? Alors quand je vous dis que Forage est une menteuse, quelle raison avez-vous de me croire ? « Mais tu n'es pas un personnage ! » Si si, mes oreilles sifflent et j'entends souvent : « Ce Patlotch, quel personnage ! » Et c'est vrai que je suis un homme du 1er avril, bien que je ne sois né que le 7, parce que j'avais une idée de ce monde qui ne me donnais pas envie de sortir, et depuis je n'ai pas changé d'avis, j'irais bien me faire refaire, mais pas chez ma mère, ah ça non !

moi, ça m'aurai rien fait d'être mort-né, car la vie est une impasse : l'impasse de la mort. Tenez, justement, c'est le jour de ma naissance qu'est sorti - avec un titre belge, c'est pas un blague :


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Ratonpass


et si j'écris : « Florage, c'est moi », ce sera bien plus vrai que Madame Bovary, c'est Flaubert, car il ne l'a jamais écrit
Flaubert a écrit:Bovary, en ce sens, aura été un tour de force inouï et dont moi seul jamais aurai conscience : sujet, personnage, effet, etc., tout est hors de moi. Cela devra me faire faire un grand pas par la suite. Je suis, en écrivant ce livre, comme un homme qui jouerait du piano avec des balles de plomb sur chaque phalange.
Lettre à Louise Colet, 26 juillet 1852
Ce qui fait que je vais si lentement, c’est que rien dans ce livre n’est tiré de moi ; jamais ma personnalité ne m’aura été plus inutile. Je pourrai peut-être par la suite faire des choses plus fortes (et je l’espère bien), mais il me paraît difficile que j’en compose de plus habiles. Tout est de tête.
Lettre à Louise Colet, 6 avril 1853
Ainsi, dans Blanche ou l'oubli, Aragon tourne en dérision l'affirmation de Flaubert « Madame, Bovary, c'est moi », « le pont-aux-ânes des cons, l'explication de l'inexplicable, la référence du siècle,  le soporifique des professeurs » Aragon se fout de ses lecteurs puisque dans ce roman de 1967, le précédent La mise à mort de 1967 et Théâtre-Roman en 1974, les personnages masculins et la traversée des miroirs ne sont que masques de l'auteur

donc voilà, ce n'est pas un scoop : Florage, Célanie, Afrodite, Calice... Levieux, AliBlabla, Alfonce, Ronin... c'est moi ! et débrouillez-vous avec ça

mais revenons à nos poissons. « Les «fake news» ont-elles tué le poisson d’avril ? » s'interroge le quotidien québecquois Le Devoir, qui a renoncé comme nombre de journaux à publier cette année un poisson en Une : « On sait qu’aujourd’hui, même de grosses blagues sont prises pour être vraies, et on ne veut pas participer à la désinformation, même en faisant une farce. »

bref, jamais n'a été plus vrai le détournement de Hegel par Debord : « Le vrai est un moment du faux. »

tout le monde sait que le plus grand pourvoyeur de poissons d'avril est la religion, preuve par La pêche miraculeuse. La Bible, Jean 21.1-25. Extrait :

1. Jésus se montra encore aux disciples sur les rives du lac de Tibériade.
3 Simon Pierre leur dit : «Je vais pêcher.» Ils lui dirent : « Nous allons aussi avec toi. » Ils sortirent et montèrent dans une barque, mais cette nuit-là ils ne prirent rien.
4 Le matin venu, Jésus se trouva sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était lui.
5 Il leur dit: « Les enfants, n'avez-vous rien à manger ? » Ils lui répondirent: « Non. »
6 Il leur dit: « Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez.» Ils le jetèrent donc et ils ne parvinrent plus à le retirer, tant il y avait de poissons.
7 Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: « C'est le Seigneur ! »...
8 Les autres disciples vinrent avec la barque en tirant le filet plein de poissons. [...]

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Tapisserie de l'atelier Van Aelst, 1519, d'après un carton de Raphael


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Message par Invité Mar 2 Avr - 16:28

chapitre 81

BAVE HORS D'ÂGE OUTRE BAVARDAGE
mardi 2 avril
Patlotch a écrit:Levieux, voyant arriver la fin de partie, envisageait sereinement de prendre des vacances hors littérature : « Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s'il le faut... » Il opta pour partir, loin, où les oiseux sont libres. Mais il lui fallait prendre quelques dispositions

le temps s'y prêtant, il pleuvait, il rassembla ses escargots dans sa musette et sortit. En compagnie de Pif, il monta jusqu'au Parc des Beaumonts par la Rue des Quatre Ruelles, entra par le portillon toujours ouvert - le parc n'était jamais fermé -, et s'enfila par les sentiers jusqu'à la mare au canards, où stagnait un peu d'eau croupie. Il déposa les escargots dans un buisson de ronces et d'orties, leur plat préféré, protégés des feuilles piquantes par leur bave


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Escargots-feuille

Levieux resta un moment sur place, le cœur gros de la séparation, se consolant que ses Bourgognes retournent à la vie sauvage, car ils supportent mal la captivité et le regroupement, renoncent à se reproduire, et meurent prématurément. Il n'avait jamais pu les confier à personne plus de quelques heures sans les retrouver en larmes, mais ce qu'il voulait prendre pour de l'attachement ne tenait qu'aux grands soins culinaires qu'il avait su leur porter

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Soupe-d-orties-sauvages-et-escargots-petits-gris
soupe d'escargots aux orties sauvages

bien qu'ils n'osassent pas se l'avouer, tous les personnages étaient tristes à l'idée de quitter le roman, sauf peut-être Calice, Ronin et Aurore, qui avaient traversé le miroir entre réel et outre-réel. Entrés par le puits sans fond du Parc des Carrières à Fontenay, ils vivaient l'aventure du siècle dans les dessous du monde, pouvant comme on l'a vu (1) de là rejoindre, à travers l'espace et le temps, les plus belles grottes du monde et les âges préhistoriques où les premiers humains laissaient leurs traces que l'on considère aujourd'hui comme les débuts de l'art et de la représentation

à chacun sa carrière en somme, car Lauteur non plus n'était pas attristé, au contraire : « Tous ces nègres se défilent maintenant qu'ils ont ruiné ma réputation de romancier, sous l'injonction de Bram Van Velde, "Il faut vouloir ne pas faire carrière" (2). Était-ce une raison pour briser la mienne ? »

Nous entreront dans la carrière
quand les aliénés chieront plus
en se vautrant dans la poussière
leurs crottes de nez parvenus


AliBlabla projetait de faire à Niki un enfant dans le dos « parce que c'est plus facile à porter... - Non, regarde les Africaines, et demande à Frodite ! - C'est pas Frodite... - Oui mais "à Afrodite", ça fait un vilain hiatus... - C'est vrai, vivement qu'on sorte du roman ! »


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 RoseTelQuel22
Patlotch, un quartier poétique, 2014

il est vrai que, vivant à temps complet dans les romans et la poésie, certains personnages finissent pas acquérir au plus haut degré les qualités de la rhétorique littéraire. Il n'est en rien paradoxal qu'une étrangère comme Niki Kleur, étrangère dont le français n'est pas la langue maternelle, y soit plus sensible qu'AliBlabla, linguiste de métier

le style du discours du scientifique ou du philosophe est à peu près sourd au signifiant, aux sons de la langue à commencer par celle qu'il parle, et l'on comprend mieux qu'il ne sache vraiment pas tout ce qu'il dit, et vraiment pas comment il le dit, ce dont le sens est pourtant plein. C'est aussi pourquoi le langage de la poésie, en vers ou en prose peu importe, est plus riche de l'interpénétration consciente des sons et des sens, tels que l'ont montré les recherches de Saussure sur les anagrammes, celle des mots sous les mots (3)

il en résulte que pour lire des écrits relevant de la poétique, y compris dans tout bon roman, il vaut mieux le faire en le vocalisant, à voix haute ou intérieure. Le même Saussure disait que « donner plus d'importance au mot écrit que parlé, c'est comme si l'on croyait que, pour connaître quelqu'un, il vaut mieux regarder sa photographie que son visage. Le rôle caractéristique de la langue vis-à-vis de la pensée est de servir d'intermédiaire entre la pensée et le son. »

de même que pour la lecture, ma conviction est qu'écrire sans penser le son, c'est mal pense mal ce qu'on écrit, et c'est ce qui fera toujours de l'écriture poétique la supériorité sur la langue philosophique, sauf bien sûr chez ceux qui ont pratiqué les deux, des anciens comme Aristote à Édouard Glissant dans Tout-Monde en passant Nietzsche dans Zarathoustra (4)

plus on est cérébral et couché par écrit, moins on l'entend, et moins que le commun des mortels qui vit normalement en parlant avec d'autres. Le théoricien conceptuel est un chamane des mots, un chameau des concepts, un âne au forceps !

Afrodite et Célanie bavassaient sans trêve ni théorie, entre femmes, outre noires : « Si Éliance veut t'épouser depuis qu'il est au chômage, c'est pour vivre à tes crochets ! - Pas de mariage blanc ! J'ai l'honneur de ne pas lui demander sa main, ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin... »



Alfonce, quant à lui,songeait qu'il avait pris du retard dans la mise en route de son jardin sur la terrasse. En attendant, sa voisine, Lisenogoude, lui avait envoyé une lettre recommandée le mettant en demeure d'empêcher ses chats de venir chez elle : « Vos chats viennent régulièrement sur notre terrasse faire leurs besoins... Je tiens à vous dire que je comprends que vous avez envie d'avoir des animaux, mais pas nous... et pire quand il fait chaud nous ne pouvons pas avoir la porte ouverte, car les chats s'introduisent même dans la maison... une fois un chat s'est caché sous notre lit, et moi j'ai très peur, donc pour moi c'est devenu un cauchemar... »

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 12176-w360

elle proposait d'« installer à vos frais des piques les plus efficaces et mieux notées. » Vérification faite, c'était des pics anti-pigeons... Lise Now Gourde !

ainsi chacun imaginait-il sa nouvelle carrière avec sérénité selon nécessité outre littérature, ce reste dont vivent les personnages de fiction pour le plaisir de vrais gens qui s'ennuient hors des livres, quand la chair est triste et qu'ils ne les ont pas lus, à la clarté déserte de leur lampe, une vie de papier que la blancheur défend


notes

1. voir chapitre 61, le Parc et la Parque des Carrières, creuser "creuser",  chapitre 62, la terre, qui la travaille lui appartient, et chapitre 63, de l'autre côté, ou le dessous des cartes, des choses et des mots (3)

2. voir Patlotch 2006, Vouloir détruire sa "carrière"

3. voir Le caractère anagrammatique de la recherche : les mots sous les mots, dans L’anagramme au sens saussurien, de Michel Arrivé, 2009

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 916585286

4. voir Les limites du langage philosophique, René Daumal, 1935. Extraits de 3. L’image poétique :

René Daumal a écrit:Quelques penseurs, comprenant que la formule didactique risquait d’être prise pour une fin en soi et pouvait supprimer ainsi la vraie recherche, ont pu prévenir cette erreur en faisant de l’enveloppe de leur pensée une chose finie mais non finale ; une fin, non pas absolument en soi, mais une fin au sens où la scholastique parle de « fins intermédiaires » ; autrement dit ils ont fait des œuvres d’art ; puisque nous avons limité notre étude à l’expression verbale, ils sont devenus des littérateurs ; et les plus grands d’entre eux des poètes.

Le propre du poème - non pas du « poème philosophique », mais du poème digne de ce nom, création d’une pensée vivante - est d’être un objet fait de mots, capable de suggérer à la fois des images physiques ou des attitudes corporelles, des sentiments et des idées. Il est ainsi un vase propre à recevoir une pensée réelle, une pensée douée de forme et viable. Celui qui, lisant un poème, n’y voit que l’exposé d’une idée, celui qui se contente de le sentir, ou celui qui n’en reçoit qu’un tableau imagé, n’aura rempli de sa pensée qu’une partie du vase ; il aura le sentiment plus ou moins net de l’incomplétude du reste, et sera incité à chercher le sens total.
[...]
Tous les sages (j'emploie ce mot, à défaut d'un autre moins pâli, pour éviter les périphrases) ont employé ce moyen - la forme poétique - pour donner une efficacité durable à l'expression de leur pensée ; [...] chacun peut relire les vieux philosophes grecs, et chez tous, chez Platon aussi, chez Aristote même souvent, on trouvera de ces vases à pensée, capable d'un homme des pieds à la tête, et qui moulent des actes vitaux et définis.


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Message par Invité Mer 3 Avr - 6:09

chapitre 82

OUTRE TEMPS
les ressorts du sort


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Logo-2-300x168
mercredi 3 avril
Patlotch a écrit:depuis qu'il ne travaillait plus, Henry ne voyait aucun inconvénient à se lever tôt. La notion d'insomnie n'existant plus pour lui, il n'avait de rythme que celui du sommeil qui lui venait. Il pouvait rester deux jours éveillé, puis dormir douze heures d'affilée, faire des siestes au milieu de la journée, se coucher comme se lever à trois heures du matin. Il avait aboli le réveil-matin

il ne supportait pas le découpage mécanique du temps et de sa vie. Il aurait aimé inventer un système variable de division de la journée, quelque chose dns l'esprit des horloges japonaises d'avant l'introduction des conceptions européennes (1)


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Fig1-systeme-horaire
Tableau comparatif des deux systèmes horaires en usage dans le Japon ancien.
Le cercle extérieur indique l'heure équinoxiale,
le cercle intérieur l'heure civile ou heure courante.

il faut dire qu'Henry avait toujours été fâché avec le temps, ou plutôt le temps de travail, et le comble avait été, durant le dernier tiers de sa carrière, la pointeuse

MISÈRE DU TEMPS SOCIAL

C'est l'ami du travail,
l'ennemi de nos pas,
qu'il compte où que l'on aille,
de naissance à trépas

Mort à ce temps social !
à ses cadrans pour crans,
pseudos du capital,
à sa cadence en rangs

Alignés réguliers,
égrenés singuliers,
et sans fête commune

Que le viol de ses règles
en volant dans le vent
qu'elle souffle devant

FoSoBo, 17 octobre 2007, 21h22

LE TEMPS LIBRE

à James BALDWIN « Time is not money. Time is time. You made the money. We made the rhyme »

Leur temps c'est
l'argent c'est
le temps de l'argent
cadencé

Boulots boulets Cerveaux rouillés Dévots Poulets  
Patrons roués Prolos roulés
Du métro à l'enfer, RER du veau d'or

... avant pendant après avant pendant après avant...

Point d'en dehors  
Seule horloge, l'argent

Leur temps libre c'est
Notre temps d'esclaves du temps c'est
Leur temps de maîtres du temps c'est
Le contremaître de nos loisirs cadencés
Conte à rebours, contre le temps compte la montre  
Argent du temps contre temps de l'argent

... pendant après avant pendant après avant pendant...

Aimer deux jours, aimer deux heures,  double vie trouble amour
Trouble jeu double je, rêve peau de chagrin

La marchande de sable a passé
Son tamis de mensonges
Sur la mer rouge de mes songes
Qu'elle a rangés dans son œil poison mort

... après avant pendant après avant pendant après...

Ronge tes vers, poète d'instants éternels nourrissant ta passion d'une impuissance à vivre

Libre du temps, on a tout le temps
Le temps libre, ça n'existe pas !

L'éternité, temps mis à mort,
La mer sans horizon soleil toujours touchant

Le temps libre, c'est le temps aboli
Par mon soleil, le vent

FoSoBo, 12 janvier 2010, 20h50

TRAVAILLER POÈME


au début, il s'y était mal pris, contre le temps. Dans l'idée d'inventer le fil à décompter le temps, il avait démonté un réveil qui marchait, dont il avait fait deux qui ne marchaient pas. Il aimait les ressorts du sort, mais ce n'est que plus tard, lisant Breton dans L'amour fou, qu'il avait compris : « Le désir, seul ressort du monde, le désir, seule rigueur que l'homme ait à connaître. »

maintenant, il était pour lui évident qu'il fallait trouver le ressort pour échapper au temps, fuir le temps, comme Verlaine après sa brouille avec Rimbaud, en 1873 : « Ce fut comme mû par un ressort qu'après la dernière semaine de mai il s'échappa parmi cent périls... » Mais lui tirer dessus un coup de revolver, c'était vraiment gâcher le ressort de gâchette, d'autant que le jeune poète en ressort avec un simple bandage

mieux vaut bander sa vie comme un arc ; bander pour vivre, c'est ainsi que fut inventé le premier ressort par les hommes, pour chasser. La Fontaine, Le loup et le chasseur : « De son arc toutefois il bande les ressorts. » Flaubert, Salammbô : « Il banda son arc de toutes ses forces, en l'appuyant par le bas contre l'orteil de son pied gauche; il visa, et la flèche partit. »


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 1280px-Caboclo_by_Jean-Baptiste_Debret_1834
Caboclo, Jean-Baptiste Debret, 1834.
Démonstration de tir à l'arc devant des étrangers pour provoquer leur admiration.
Les Caboclos sont au Brésil les métis descendant d'Européens blancs et d'Amérindiens. Ils forment de nos jours la population la plus importante du bassin amazonien.
.


notes

1. par le missionnaire jésuite  François Xavier en 1551, qui offrit la première horloge européenne au gouverneur de Yamaguchi, à Suwa, de la part du vice-roi des Indes, en vue d'obtenir la permission pour les Jésuites d'enseigner le christianisme. C'était probablement une petite pendule à sonnerie, genre lanterne, fonctionnant par poids, avec échappement à verge, telles qu'elles étaient alors en usage en Europe. Source : Anciennes pendules Japonaises

Horloge japonaise

Les pratiques japonaises de mesure du temps exigeaient l'utilisation d'heures inégales : six unités de temps la journée, du lever du soleil au coucher, et six unités de nuit, du coucher du soleil au lever. Ainsi, les horloges japonaises variaient avec les saisons ; les journées étant plus longues en été et plus courtes en hiver. Les horloges mécaniques européennes indiquaient, en revanche, des heures égales qui ne variaient pas avec les saisons.

Le système de temps traditionnel japonais

L'horloge classique a six heures numérotées de 9 à 4, qui s'enchaîne en marche arrière du midi jusqu'à minuit ; les numéros 1 à 3 n'étaient pas employés au Japon pour des raisons religieuses, ces nombres étaient employés par les moines bouddhistes pour appeler à la prière. L'horloge marchait en arrière parce que les premiers horlogers japonais avaient l'habitude de brûler de l'encens en compte à rebours. L'aube et le crépuscule étaient donc tous deux indiqués comme sixième heure dans le système japonais.

À chaque heure était assignée un signe du zodiaque japonais. Commençant à l'aube, les six heures de jour étaient : Hare (lever), Dragon, Serpent, Cheval (midi), Singe. Les six heures de la nuit étaient : Coq, Chien, Porc, Rat, Buffle, Tigre.

Le problème de variations de la longueur des heures
Les horloges japonaises ont utilisé divers mécanismes pour montrer le changement des heures. La manière la plus pratique était avec une horloge pilier, où le temps n'est pas indiqué sur le cadran, mais sur un indicateur attaché à un poids qui descend dans un conduit. Ces indicateurs pouvaient être ajustés aux saisons pour montrer la durée des heures de jour et de nuit. Quand l'horloge était endommagée, les indicateurs pouvaient être retirés. Cette installation avait l'avantage d'être indépendant de l'horloge elle-même.

L'utilisation des cadrans faisait partie de la technologie européenne reçue au Japon, et îls ont dû être adaptés pour afficher les heures japonaises. Certains avaient des cadrans multiples qui pouvaient être changés avec les saisons. Pour faire une horloge sonnante, les horlogers avaient l'habitude d'un système à deux équilibres, un lent et un rapide. L'échappement approprié était changé automatiquement pendant que l'heure tournait. L'Horloge Millénaire, conçue en 1853 par Hisashige Tanaka, utilisait ce mécanisme.


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Pendules-japonaises-fig10

En 1873, le gouvernement japonais a adopté les pratiques de l'horlogerie occidentale, avec les heures, qui ne varient pas avec les saisons, et le calendrier grégorien.

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Message par Invité Jeu 4 Avr - 14:07

chapitre 83

OUTRE TEMPS 2
le temps ne fait rien à l'affaire
jeudi 4 avril
Patlotch a écrit:un roman qui dépendrait de la météo, non mais quelle idée ! Si dans un roman, on ne peut pas faire comme s'il faisait toujours beau quelque part, et choisir cet endroit, c'est à désespérer de la liberté de création littéraire. J'ai donc prévu que demain, dernier jour, tous les personnages fêteraient la fin de partie, un pique-nique au Parc des Beaumonts, qu'il pleuve ou qu'il vente. Une partie de campagne


j'avais bien envisagé de forcer ma chance, mais par le temps qui court on ne sait jamais comment ça se termine
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dans la vraie vie, on ne peut à sa guise faire la pluie et le beau temps, mais dans un roman, tout est vrai forcément, il ne viendra à personne l'idée de vérifier quel temps il a fait ce jour-là. Et puis imaginez que je termine l'histoire sous la pluie, qu'en penserait-on, genre « Il pleure dans mon cœur / Comme il pleut sur la ville ». Prenez Manet, Le déjeuner sur l'herbe, mettez-le sous la pluie, ça vous fera de la peinture à l'eau. Il y a certes de belles exceptions, comme ce tableau de Maurice Denis, Pluie en Bretagne, de 1889

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ou ce Van Gogh juste avant sa mort en 1890, Paysage d'Auvers sous la pluie

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HiroshigeUtagawa, Le pont Ōhashi à Atake sous une averse soudaine, 1857

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Gustave Caillebotte, Rue de Paris, temps de pluie, 1877


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ou encore votre serviteur en photographe, Paris-pluie août 14 en 7 tableaux

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LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 ParisPluie1

ou en poète, 1990

C'EST AUJOURD'HUI DIMANCHE

C'est toujours dit dis : manche de parapluie
Sur ta table bleue dis : il pleut


Il pleut
Il pleut il pleut
Il pleut il pleut il pleut il
Pleut pleut pleut
Il pleut peu
Très peu
Puis

Il ne pleut plus

Dans le trouble bla-bla blues
De mon puits
Dans le trou de ma manche dis : il a plu mais
Il ne pleut plus

Il fait bon
S'amuser


mais d'une façon générale, les artistes font le beau temps plus souvent que la pluie

c'est pas tout, ça, parce qu'aujourd'hui, il faut préparer le pique-nique, et tout le monde doit s'y mettre. D'abord les marchés du jeudi à Montreuil, Nogent et Bastille, chacun sa liste : AliBlabla et Niki salades et légumes, May Radore viandes et poissons, Alfonce fromages et vins sur les conseils de Levieux qui prépare ses fourneaux, Afrodite pour le dessert que fera Célanie


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 IMG_0483_2

Mme Bovary mère partit un mercredi, qui était jour de marché à Yonville.

La place, dès le matin, était encombrée par une file de charrettes qui, toutes à cul et les brancards en l’air, s’étendaient le long des maisons depuis l’église, jusqu’à l’auberge. De l’autre côté, il y avait des baraques de toile où l’on vendait des cotonnades, des couvertures et des bas de laine, avec des licous pour les chevaux et des paquets de rubans bleus, qui par le bout s’envolaient au vent. De la grosse quincaillerie s’étalait par terre, entre les pyramides d’œufs et les bannettes de fromages, d’où sortaient des pailles gluantes ; près des machines à blé, des poules qui gloussaient dans des cages plates passaient leurs cous par les barreaux. La foule, s’encombrant au même endroit sans en vouloir bouger, menaçait quelquefois de rompre la devanture de la pharmacie. Les mercredis, elle ne désemplissait pas et l’on s’y poussait, moins pour acheter des médicaments que pour prendre des consultations, tant était fameuse la réputation du sieur Homais dans les villages circonvoisins. Son robuste aplomb avait fasciné les campagnards. Ils le regardaient comme un plus grand médecin que tous les médecins.

Emma était accoudée à sa fenêtre (elle s’y mettait souvent : la fenêtre, en province, remplace les théâtres et la promenade), et elle s’amusait à considérer la cohue des rustres...

Gustave Flaubert, Madame Bovary

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Tout-paris-016

il y aurait donc au menu :
- Terrine de bar et saumon aux asperges, à la coriandre et aux baies roses
avec salade de roquette et mesclun, crevettes, et sauce yaourt grec, échalote et mikan (mandarine japonaise)


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Terrine-de-bar-et-saumon-aux-asperges

- Lapin à la moutarde à l'ancienne au cognac,
avec poêlée de légumes au beurre (pommes de terres, haricots verts, champignons, ail...)


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Lapin-a-la-moutarde

- Sept fromages auvergnats : Saint-Nectaire, Cantal et Salers, Fourmes d'Ambert, Bleu de Thiézac, Gaperon, Fouchtra de chèvre

LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 552694FROMAGE

- Tarte à la banane de Guadeloupe et noix de coco au Rhum du Père Labat
avec glace miel et cannelle à la fleur d'oranger


LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Tarte-a-la-banane-et-a-la-noix-de-coco
LA ZAD EN L'ÉTROIT TERRITOIRE - L'OUTRE-RÉEL IV.2 Glace-miel-coco

(six cent trente-sixième nuit)

J'ai donc ce soir au menu :

Du pain. Du vin. Et du Monk.
Du pain de campagne. Du vin d'Aragon. Et du Monk.

Du pain de campagne de la ville.
Du vin d'Aragon non pas d'Aragon.
Et du Monk.

Du pain de campagne de la ville de Paris.
Du vin d'Aragon non pas d'Aragon Louis
Il ne fait pas de vin d'Aragon lui.
Et du Monk

Résumons. J'ai au menu ce soir du faux pain de paysan de Paris
d'Aragon du vrai vin non pas d'Aragon
et du Monk réel qui ne tourne pas rond.

Résumons.
Monk qui n'avait pas un rond, ne faisait pas de pain.
Aragon qui en avait, n'était pas vain.
Je suis rond.
Je n'ai pu rin à ragonter.
Je Monk me toucher.
Dong.

(je suis le paysan de moi-même)


LIVREDEL II. LIVRE DE CATHERINE
Chapitre 4, 1990



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Message par Invité Ven 5 Avr - 6:32


chapitre 84

FIN DE PARTIE OUTRE CHAPITRES

vendredi 5 avril
Patlotch a écrit:les 42 chapitres de cette deuxième partie, 6 semaines de 7 jours

43. Calice et Ronin traversent la rue 44. ta page diurne 45. jeunes et gris, vieux aigris 46. histoire(s) d'outre(s) réel(s) 47. Levieux, la vieille, et les enfants 48. une journée particulière de FoSoBo à MoSoBo 49. Calice et Cerise marchent sur les flots

50. Florage haut désespoir, hors d'âge et flot de rage 51. L'insipide ainsi titre au chat pitre 52. un conte est sorti du tonneau, d'Abyssinie en abîme ici 53. outre-réel : un mot pour le dire ? 54. la femme à la jonquille 55. la vie ordinaire est une aventure 56. journée de folles en l'étroit territoire

57. Ma Reine de Là-bas 58. Poétique de la serpillière 59. des nouvelles du front (dndf...) 60. la rue est à tout le monde 61. le Parc et la Parque, creuser "creuser" 62. la terre, qui la travaille lui appartient. 63. de l'autre côté des choses et des mots 64. outre matière, un concept ignoré de la philosophie, des sciences, et des arts

65. outre-repos, mots pour mémoire 66. Poétique en outre 67. outre oui ou non 68. outre âge du printemps 69. outre temps outre mœurs 69 chapitre érotique, 70. outre mesure, outre habitude

71. une lettre à Patlotch et une pétition des personnages 72. théorie du complot romanesque 73. outre âges, outre accident, outre malices 74. outrance outre France 75. outre route et déroute 76. outre enfance, outre mère 77. outre parole, avec des si...

78. corps outre cage 79. un jour d'outre malheur, doute de l'heure, et du coq 80. outre le vrai et le faux 81. bave hors d'âge outre bavardage 82. outre temps, les ressorts du sort 83. outre temps 2, le temps ne fait rien à l'affaire 84. fin de partie outre chapitres

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